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Profil épidémiologique des patients abandonnés et facteurs liés à  l'abandon à  la trithérapie antirétrovirale (TAR) des PVVIH enrôlés au programme de prise en charge de l'hôpital immaculée conception (HIC) des Cayes de janvier à  décembre 2019


par Géraldine MICHEL
Université Lumière -  médecine générale 2021
  

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Introduction

L'infection au Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) et sa conséquence, le Syndrome de l'Immunodéficience Acquise (SIDA), demeurent une priorité mondiale majeure, depuis 1983. Ils représentent l'un des défis redoutables pour le développement, le progrès et la stabilité du système de santé dans les pays à ressources intermédiaires. A l'ère où les stratégies diagnostiques et thérapeutiques tendent à dépasser les 95% de patients dépistés, traités et indétectables fixés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la continuité du traitement antirétroviral (TAR) demeure une priorité au cours du suivi des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans les programmes de prise en charge du VIH/SIDA(Unal G, 2019). En Haïti, La couverture de la TAR s'apparentant au 2ième 95% s'établit à 64% pour un nombre de patients actifs de l'ordre de 103 400 au 30 juin 2019 (PNLS/MSPP, 2019).En dépit d'une couverture programmatique améliorée et très réussie avec le traitement antirétroviral (TAR), un nombre significatif de patients abandonnent le continuum du traitement ARV surtout dans les pays à ressources limitées, à voire l'étude réalisée au Mali en 2013 où 51% de patients abandonnés à la TAR ont été épinglés (Kone, 2013). En Haïti, Selon une étude réalisée sur la relance communautaire de janvier à septembre 2018, les résultats de cette enquête nationale par réseaux de soins ont montré qu'il y a eu 14 082 PDV sous ARV dont 11 965 (85%) contactés. Parmi ces derniers, 3 818 (32%) ont été retrouvés (Tableau no.1). En dépit des travaux d'implémentation effectués depuis juin 2015, le phénomène d'abandon des PVVIH à la TAR est peu documenté. Ce manque de données peut-être expliqué en partie, par la difficulté de joindre les patients abandonnés du fait de certaines difficultés logistiques occasionnées ou encore du fait des problèmes d'adresse au détriment des relances. De plus, par la difficulté de réaliser des recherches sur des populations au départ absentes, puis quoiqu'ayant été contactées et retrouvées, les raisons de leurs rendez-vous manqués n'ont pas été renseignées à l'entretien ou n'ont pas été rapportées au système de données. Une étude a été menée au programme de prise en charge de l'Hôpital Immaculée Conception (HIC) des Cayes dans le but d'étudier le profil épidémiologique des patients abandonnés et d'analyser les facteurs liés à l'abandon à la TAR des PVVIH enrôlés dans ce centre de janvier à décembre 2019.

 

Méthodologie

Il s'agit d'une étude transversale, descriptive et analytique, rétrospective, unicentrique réalisée sur la cohorte de patients abandonnés au programme de prise en charge des PVVIH à l'Hôpital Immaculée Conception (HIC) des Cayes sur la période de janvier à décembre 2019 soit 12 mois. Nous avons inclus à l'étude tout PVVIH des deux sexes, enrôlé d'âge supérieur à 15 ans, ayant manqué son rendez-vous depuis 30 jours ou plus à compter de la date de prochain rendez-vous prévu au site et dont les médiateurs communautaires ont eu de ses nouvelles à partir de la relance (par appels téléphoniques ou visite domiciliaire) durant la période de l'étude.Nous avons exclus dans l'étude : tout PVVIH de moins de 15 ans, tout PVVIH du programme ETME, toute personne dépistée non encore enrôlée, tout PVVIH sous dispensation communautaire d'ARV (DAC), tout PVVIH transféré dans un autre centre,tout perdu de vue, sans nouvelle aucune,tout PDV ayant retourné en soins, tout patient décédé.

La collecte de données s'est déroulée de fin février à mars 2021 dont les données ont été colligées sur une fiche de recueil attribuée à chaque patient inclus, au départ, puis directement sur l'ordinateur. La démarche consistait à la sélection des patients abandonnés éligibles pour l'étude et la saisie convenablement des variables en utilisant étroitement les dossiers médicaux électroniques (DME/ i-santé) et la base de données MESI contenant toutes les informations concernant chaque patient. Après avoir consulté la liste des relances des patients PDV sur MESI, on a pris le code ST de chaque patient pour consulter son DME sur i-santé. A partir de la dernière fiche d'ordonnance, nous avons vérifié la date de dernière visite du patient au centre et la date de prochain rendez-vous notifié par le prestataire. Puis, à partir de la date de prochain rendez-vous prévu, nous avons vérifié si le patient ne s'est pas présenté au centre à cette date jusqu'à plus de 30 jours pour le catégoriser comme PDV sous ARV. Et s'il a donc été retrouvé par relance durant la période de l'étude, il a donc été considéré comme abandon. La vérification des variables manquantes ou indisponibles dans les dossiers consultés a permis de faire des recommandations à l'institution pour un remplissage complet du registre électronique selon les normes du MSPP.

Le logiciel Excel version 2010 a été utilisé pour le traitement et l'analyse descriptive des données suivants un modèle univarié. Puis, le logiciel SPPS : IBM SPSS version 21 a été utilisé pour déterminer par régression statistique les facteurs associés à l'abandon des patients enrôlés sous ARV suivant un modèle univarié. Cette régression a été effectuée en adoptant un seuil de significativité de 5%.

Résultats

Selon les rapports de relance, la base de données MESI www.mesi.ht comptait du 1er janvier au 31 décembre 2019 au programme de pris en charge des PVVIH à l'HIC, 789 patients à rechercher dont 536 contactés. Parmi ces patients contactés, 232 ont été retrouvés. Des 232 patients indexés comme abandon, ont été exclus de l'étude 21 faux abandons, 14 abandons pédiatriques, 9 abandons en période de transition. 188 patients ont été retenus pour l'étude, en final.

Profil épidémiologique des patients abandonnés

Les données sont retrouvées dans les tableaux (2,3,4,5,6). La majorité soit 57% des patients abandonnés étaient de sexe féminin. Le sexe ratio (H/F) était de 0.7.Les tranches d'âge de 25-34 ans et 35-44 ans étaient les plus représentées de notre étude à 28% chacune. L'âge moyen des patients abandonnés était de 42 ans avec des extrêmes de 16 à 76 ans. La majorité des patients abandonnés (42%) vivaient en concubinage. Les commerçants représentaient 45% des patients abandonnés de notre série. La majorité des patients (57%) résidaient dans la commune des Cayes. La majorité des patients abandonnés (49%) avait un IMC dans les limites de la normale soit entre 18.5 et 24.9. Plus de la moitié (52%) des patients environ avaient effectué une CV 6 mois avant leur abandon. Des 98 patients qui ont effectués une CV 6 mois avant leur abandon, 58% avaient une CV supprimée. Plus de la moitié (54%) des patients abandonnés étaient sous le régime: 3TC+TDF+EFV. La majorité des patients abandonnés (60%) avaient plus de 36 mois sous TAR. La durée de suivi sous TAR était en moyenne 53 mois avec un minimum de 0 mois et un maximum de 157 mois. La majorité des patients (78%) ont été retrouvés par visite domiciliaire. La majorité des patients abandonnés (43%) ont été retrouvés au cours de la deuxième visite à domicile. La majorité des patients ont été retrouvés d'abord au mois de mars (27%), puis au mois d'avril (24%) et enfin au mois de juin (15%) 2019.28% des patients abandonnés n'avaient pas de raisons d'abandon dans leur dossier. Les raisons d'abandon majeures des patients au traitement rapportées étaient : occupation (14%), problèmes de transport (13%), déménagement (10%).

Facteurs associés à l'abandon des PVVIH enrôlés

Les résultats de la régression logistique sont présentés dans le tableau 12. Après ajustement de certaines co-variables (Catégorie d'âge, Suppression Charge Virale, et Durée de suivi), les femmes sont 0.94 fois plus susceptibles de devenir des abandons que les hommes, toutefois ce résultat n'est pas statistiquement significatif. Après ajustement de certaines co-variables (Sexe, Suppression Charge Virale, et Catégorie d'âge), les patients qui ont une durée de suivi de moins de 6 mois sont 3.65 fois plus susceptibles de devenir des abandons comparées à ceux qui ont plus de 36 mois de suivi, et ce résultat est statistiquement significatif au seuil de 5 %. L'un des facteurs liés à l'abandon à la TAR des PVVIH enrôlés au programme de prise en charge des PVVIH à l'HIC des Cayes de janvier à décembre 2019 est la durée de suivi. Globalement, la tendance des odds ratio pour la variable durée de suivi montre que plus un patient a une longue durée de suivi, moins il est susceptible d'abandonner le traitement ARV. Les autres variables ne sont pas statistiquement significatifs.

Discussion

Notre étude est à comparer aussi avec l'étude réalisée sur le traçage des PDV à l'Hôpital du district de Manhiça en Mozambique où 691 (62%) PDV dans les 12 mois du diagnostic de l'infection à VIH ont été identifiés. Cependant, parmi les PDV, 557 (81%) ont été visités à leur domicile et 321 (58%) ont été retrouvés (Fuente-Soro L, 2020). Ces chiffres sont nettement supérieurs à ceux de notre étude peut-être par le fait que les relances dans notre étude n'ont pas été effectuées de manière régulière permettant de rechercher et de retrouver le plus de patients que possible (Véhicules de transport en panne, tablettes non fonctionnelles, problème d'électricité et de connexion internet). Des 232 patients abandonnés, 21 (9%) patients considérés comme des faux-abandon ont été exclus parce qu'ils ont été relancés à tort sans pour autant abandonner et ont montré leur carte de visite de l'Hôpital lors de leur visite à domicile. Une défaillance du système de données également retrouvée dans l'étude du district de Manhiça (Fuente-Soro L, 2020) pour des résultats nettement supérieurs : 16 (23%).

On a noté une prédominance féminine de 57% des patients abandonnés dans notre étude. Cela reflète la tendance nationale par le fait que la prévalence du VIH est plus élevée chez les femmes que les hommes telle que la montre l'EMMUS-VI (EMMUS-VI 2016-2017). Elle s'expliquerait aussi par le fait que les femmes se consacrent davantage à leur activité que les hommes. Cette prédominance fémininea été aussi retrouvée dans les études à l'Hôpital de Sikasso (Berthe, 2019), du District de Wakiso en Ouganda (Opio D, 2019) , du Centre Hospitalo-Universitaire du point G (Kone, 2013) qui ont rapportées respectivement des chiffres de 62%, de 61% et de 59%. Par contre, Kazungu dans son étude a montré que le sexe masculin était prédominant (56%) (Kazungu, 2014).

Les tranches d'âge des patients abandonnés les plus représentées dans notre étude étaient celles de 25-34 et 35-44 ans avec le même pourcentage (28%). Ceci peut-être dû par le fait que ce sont les patients de ces catégories qui n'ont pas beaucoup de temps, vacant le plus souvent à leur occupation. L'?âge moyen des patients abandonnés était de 42 ans avec des extrêmes de 16 et 76 ans. Ce résultat concorde avec celui trouvé par Kone dans l'étude du CHU du point G (Kone, 2013), 42 ans pour la même moyenne d'âge. Par contre, les extrêmes ont été différents : 28 et 55 ans.

La plupart des patients abandonnés (42%) vivaient en concubinage, suivis des célibataires (21%) dans notre étude. Ce résultat s'explique du fait que vivre en union libre ou seul est très fréquent chez nous. Alors que dans les études du District de Wakiso (Opio D, 2019) et du CHU du point G (Kone, 2013), la majorité des patients abandonnés étaient mariés dont les chiffres sont respectivement 50% et 68%.

Près de la moitié des patients abandonnés (45%) étaient des commerçants; le commerce, une activité consacrée, le plus souvent à plein temps. 6% des patients abandonnés n'avaient aucune donnée dans leur dossier sur leur activité. Cela expliquerait que ces dossiers étaient incomplets. Alors que Kazungu a montré que la majorité (80%) des enquêtés étaient des cultivateurs, seulement 10% étaient des commerçants (Kazungu, 2014). Cependant, dans les études de Kone et de Berthe, les ménagères étaient les plus représentées ; qui ont été respectivement 41% (Kone, 2013) et 46% (Berthe, 2019).

Aucune donnée n'a été retrouvée sur la croyance religieuse et sur le niveau d'éducation des patients abandonnés dans notre étude. Ce qui pourrait nous aider à décrire l'influence de ces paramètres sur l'abandon des patients à la TAR. Kazungu a montré dans son étude que la majorité des patients étaient analphabètes (Kazungu, 2014). Kone a, cependant, montré que les données sur le niveau d'instruction n'existaient pas pour la majorité des patients (77%). Cependant, 18% patients étaient scolarisés (Kone, 2013).Par contre, Berthe a montré que 65% étaient scolarisés (Berthe, 2019).

La majorité des patients abandonnés venaient des Cayes (57%). Ce qui démontre l'ampleur du problème et la nécessité de continuer avec une décentralisation de la prise en charge des PVVIH hors des Cayes de façon à ce que les patients restent toujours sous TAR. Toutefois, le soutien psychosocial est de rigueur afin que les patients puissent relater les problèmes qu'ils pourraient confronter dans le suivi de leur infection dans un site de desserte proche de leur zone de résidence. Ce phénomène a été aussi observé dans les études de Kone et de Berthe où la majorité des patients résidait dans la ville du site où a lieu l'étude : 81% (Kone, 2013) et 77% (Berthe, 2019).

En ce qui concerne la durée sous traitement, nous avons constaté que 60% des patients abandonnés avaient plus de 36 mois de traitement antirétroviral avant leur abandon. On peut penser que ces patients avaient une tendance à la rétention dans ce centre. La durée de suivi sous TAR était en moyenne 53 mois. Ces résultats sont plus satisfaisants par rapport à la durée moyenne de traitement ARV avant abandon qui était de 21(+/- 28) semaines retrouvée dans l'étude de la Clinique ThembaLethu (Maskew M, 2007) et de 18 mois dans l'étude du CHU du point G. Cependant, cette moyenne n'est pas transparente en raison du fait que ces patients pourraient avoir des périodes de pertes de suivi avant la période de l'étude. D'où une étude sur le suivi des patients sous ARV serait très importante.

78% des patients ont été retrouvés par visite domiciliairedans notre étude. Seulement 4% des patients abandonnés ont été retrouvés par appel téléphonique ; cela peut s'expliquer par le fait que l'accès à l'électricité dans le Sud est difficile et/ou limité d'une part ; et par l'ambiguïté des coordonnées des patients d'autre part, rendant les contacts par appel inefficaces. Berthe et Kone ont seulement retrouvés les patients par appel téléphonique: 68% (Kone, 2013) et 81% (Berthe, 2019).

Dans la plupart des études consultées, les facteurs associés n'ont pas été démontrés par des tests statistiques. A l'analyse multivariée de la régression logistique dans notre étude, l'un des facteurs associés à l'abandon au TAR était la durée de suivi < 6 mois (OR: 0.365, IC à 95%: 1.03-12.9,p: 0.04). Alors que Opio et al dans leur étude ont utilisé la régression des risques proportionnels cox pour déterminer le fait d'avoir un poids normal par rapport à une insuffisance pondérale (rapport de risque ajusté (aHR): 0.64, IC à 95%: 0.45-0.90, p: 0.01) comme l'un des facteurs associés à l'abandon au traitement dans leur étude (Opio D, 2019)

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle