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La strategie du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extremisme violent: cas de la region de Tillaberi


par Moussa Hassabal kerim ABDEL-HADI
ENA-Niger - Maîtrise  2022
Dans la categorie: Droit et Sciences Politiques > Sciences Politiques
   
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4.2 Limites et recommandations

Nous avons évoqué les stratégies de prévention et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, il est préférable aussi de faire ressortir les limites et proposer des recommandations à l'endroit des institutions et les populations concernées.

4.2.1 Limites

Les problèmes liés à la radicalisation et à l'extrémisme violent au Niger en général et dans la région de Tillabéri en particulier sont liés à une fragilité structurelle profonde à laquelle le pays est confronté.

La faible présence de l'État - ou « son absence totale » - dans certaines zones induit une mauvaise répartition des investissements publics et surtout aux problèmes liés à l'inégalité quant à l'accès aux services sociaux de base. Ajoutons aussi la persistance des conflits inter et intracommunautaire, l'injustice, la vulnérabilité des jeunes, le mal gouvernance et d'autres problèmes qui alimentent la tension entre les populations.

Les groupes extrémistes et autres groupes criminels profitent de ce vide pour exploiter la frustration et la détresse des populations qui constituent leurs cibles principales en matière de recrutement, d'endoctrinement et d'embrigadement.

Si l'une ou l'autre des réponses engagées par l'État a sa propre valeur, elles ne constituent cependant pas, prises de manière isolée, un moyen efficace pour lutter contre les facteurs favorisant la violence. De nombreuses limites ressortent de notre analyse.

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Tout d'abord, le phénomène de l'extrémisme violent a généralement donné lieu à des actions d'ordre purement militaire. Si de telles réponses restent nécessaires et permettent à l'État d'adresser les violences et ses effets dans le court terme, elles se sont avérées insuffisantes sur la durée quand elles n'ont pas simplement alimenté le phénomène lorsque la causalité des violences n'est pas apaisée ou éteinte, ou lorsque des violations des droits de l'homme résultant de ces réponses militaires les ont exacerbés.

La seconde limite repose sur la méconnaissance des réalités locales et des causes profondes de la conflictualité qui caractérisent la société de Tillabéri, et par conséquent de l'inadéquation des réponses jusque-là mises en oeuvre - notamment des programmes et projets étatiques ou non - aux besoins de la communauté. Si beaucoup font le lien entre radicalisation et idéologie religieuse, ou encore entre radicalisation et pauvreté, une des principales causes de la pauvreté - et donc de la vulnérabilité aux discours radicaux - repose sur les sentiments d'inégalités et d'injustice, et la compétition pour les ressources non adressées par ces programmes et projets.

À titre d'illustration, dans les communes de Bankilaré, de Banibangou, d'Ayorou, de Torodi et/ou d'Abala, des inégalités d'investissements publics sont observées en comparaison aux autres communes de la région plus proche de la capitale Niamey. (Par exemple dans la commune de Dorgol, de Torodi, Ayérou, etc.).

De nombreux projets ont été mis en oeuvre dans ces zones sans pour autant que l'impact positif recherché n'ait pu être atteint. Ainsi, le Projet Emploi des Jeunes et Inclusion Productive qui est un projet chargé de réduire le chômage et lutter contre les emplois des jeunes, mais ce projet a eu du mal à démarrer ses activités depuis l'avènement de COVID-19 couplé au problème d'insécurité qui sévisse dans ces zones.

À cet effet, l'analyse utilisée a d'abord examiné les facteurs liés à l'émergence et au développement de la radicalisation et de l'extrémisme violent

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dans la région de Tillabéri. L'un des plus grands obstacles est le manque de sensibilisation et le renforcement des capacités dans certaines zones, et surtout le manque de confiance aux forces de défense et de sécurité. Il faut souligner que certaines personnes collaborent timidement avec les groupes extrémistes violents pour se sécuriser soit de sécuriser leurs familles respectives.

Enfin, la faible capacité des collectivités territoriales à mobiliser des ressources conséquentes et à les investir dans le développement local restreint la capacité des élus locaux à dialoguer avec leurs administrés et à les influencer, en particulier les jeunes. De sensibilisation et organisation de séances de concertation entre les parties prenantes, les chefs traditionnels et religieux, en les impliquant dans les instances décisionnelles pour plus d'efficacité dans la lutte contre ce phénomène.

Au regard de ce qui précède, des solutions devraient être envisagées pour « pallier » les difficultés auxquelles fait face la région de Tillabéri.

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