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La place de la politique culturelle dans le projet d'émergence du Cameroun à  l'horizon 2035. Contribution à  une analyse des politiques publiques.


par Arouna Pountougnigni Mfenjou
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie  2018
  

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CHAPITRE 2 : DE LA CULTURE A LA

POLITIQUE CULTURELLE

La diversité sémantique sur laquelle jouent parfois les sociologues eux-mêmes BOURDIEU et PASSERON ne parlent-ils de la culture de la classe cultivée, rend illusoire la fixation d'une définition acceptable par tous. Acceptons donc la pluralité des sens puisqu'elle traduit à la fois l'évolution des idées et la multiplicité des problèmes.110

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110Gilles FERREOL (sous dir), Dictionnaire de sociologie, Paris, Armand Colin, 1995, p.57.

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Dans ce chapitre de notre travail, nous allons axer notre réflexion sur les perspectives définitionnelles de la notion de culture dans sa globalité. Notre seconde préoccupation sera celle de cerner le sens et la puissance de cette notion dans le vaste boulevard de la science sociologique. Cette section culminera avec la clarification de la notion de PC qui constitue le coeur même de notre investigation scientifique.

1-La notion de culture

La notion de culture est diversement analysée dans les champs scientifiques. Au regard du caractère ambigüe donc elle est porteur, chaque auteur l'analyse avec ses référents épistémologiques et méthodologique. C'est dans ce sens que le mot culture est un mot irritant, polysémique, à géométrie variable, dont les spécialistes ont relevés des centaines de définitions.111 C'est dans cette dynamique que nous convenons dès l'entame à la suite d'Emmanuel KAMDEM que « la littérature sur la culture est très abondante et diversifiée ; il est donc prétentieux de notre part d'en faire le tour »112 dans notre recherche.

L'auteur nous fait également comprendre que le premier anthropologue ayant théorisé la notion de culture en anthropologie est le britannique Edward Burnett TYLOR dans son ouvrage Primitive culture. Ce dernier propose à la notion culture, la définition suivante qui demeure d'ailleurs actuelle : « culture ou civilisation, pris dans son sens ethnologique le plus étendue, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l'art, la morale, le droit, les coutumes et les autres capacités ou acquises par l'homme en tant que membre de la société ».113

1.1-Le cadre conceptuel et épistémologique de la notion de culture

Né au XIIIe siècle et apparue dans la langue française au XVIIIe siècle, marqué par une équivocité et d'une exceptionnelle fluidité sémantique, le concept de culture vient du latin cultura qui veut dire cultiver la terre, soin apporté au bétail ou aux champs. De par sa polysémie, et son caractère difficilement définissable et saisissable, ce concept est porteur d'une pléthore de sens voire de signification qui la rende ambigüe à la limite. Cette ambigüité est due au faite qu' « aujourd'hui, l'idée de culture est peut-être plus important que jamais

111 Pierre MOULINIER, Les politiques publiques de la culture en France, Paris PUF, 1999, p.4.

112 Emmanuel KAMDEM, Management et interculturalité en Afrique. Expérience camerounaise, Québec, Les Presses de l'Université de Laval, Paris, L'Harmattan, 2002, p.27.

113 Op. Cit, p.29.

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dans le débat public ».114Sa complexité sémantique est également due au faite qu'elle est à l'image de la sociologie, c'est-à-dire une notion carrefour qui touche à tout, qui englobe tout, une notion caractérisée par des définitions aussi diverses que variées. Marie Sophie MADIBA illustre pertinemment cette complexité lorsqu'elle soulève que la culture touche à des domaines variés. Taxée parfois d'industrie culturelle, ce peut être les manières de faire et d'agir (façons de se vêtir, de se nourrir, de parler, de danser), les loisirs, les croyances et ou les perceptions, les musiques, les coutumes, les arts, les traditions.115

Concept polysémique, la notion de culture fait l'objet des mutations définitionnelles à travers l'utilisation qu'on en fait de ce dernier. Sa signification est corolaire à son contexte d'utilisation au point où, toute définition de la culture est conséquentielle de l'affiliation disciplinaire du chercheur, de l'auteur et par conséquent, sa « définition varie selon la spécialité du chercheur ».116 Ainsi, aborder la notion de culture impose au chercheur d'être attentif aux ambigüités, à la polysémie donc elle est porteuse. La notion de culture renvoie donc de ce point de vue à différentes concessions, acceptions et perception.

En effet, la culture, dans un sens plus large peut être comprise comme tout ce qui est acquis c'est-à-dire créé, inventé, façonner par l'homme vivant dans une sphère sociale donnée. C'est également tout ce qui s'ajoute à la nature sous l'action de l'homme qui transforme cette dernière à sa guise.

Dans un sens philosophique, la culture est l'élément qui confère à l'homme le pouvoir de dominer et d'agir sur la nature. Du point de vue matériel, la culture est comprise comme étant l'activité d'un paysan qui cultive son champ. Ferdinand CHINDJI KOULEU en rend bien compte quand il soutient que :

Ce mot s'applique aussi bien aux travaux champêtres (culture du macabo), au corps humain (la culture physique), à l'esprit d'un individu (la culture générale), qu'à une société tout entière (les états généraux de la culture), aux humanités (la culture classique), qu'à la biologie (culture microbienne en laboratoire). 117

Au regard de ce qui précède, il ressort que la culture désigne l'ensemble des institutions,

des manières de penser, de faire, de sentir et d'agir, des coutumes propre à une communauté

114Adam KUPER, « Les origines de l'idée moderne de culture en anthropologie », in Albert DUCROS, Jacqueline DUCROS et Fréderic JOULIAN (sous dir), La nature est-elle culturelle ? Histoire, épistémologie et applications récentes du concept de culture, Paris Editions Errance, 1998, p.55.

115Marie Sophie MADIBA, « Diversité culturelle : au carrefour de l'exception culturelle, l'hybridation et la mise en commun. Pour une approche pluridisciplinaire des concepts de diversité culturelle et de mondialisation sous le prisme de la communication interculturelle » in communautés et sociétés. Annales de sociologie et d'anthropologie, Université Saint-Joseph, Beyrouth, Liban, Vol 21-22, 2010-2011, p.93.

116 Marie-Claude VETTRAINO-SOULARD, Les enjeux culturels d'internet, Paris Hachette, 1998, p.3. 117Ferdinand CHINJI-KOULEU, Communiquer est un art, Editions Saagraph, 2004, p.371.

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voire un peuple. Elle constitue d'après Pierre KAMDEM, Mesmin TCHINDJANG et al l'âme d'un peuple, c'est le véhicule de sa pensée, c'est l'expression imagée de son vécu bref, c'est l'identifiant, la clé primaire de la compréhension de toute société traditionnelle reconnue telle118raison pour laquelle « quand un peuple perd cet âme, il meurt ».119

D'après l'Unesco, l'institution internationale donc l'un de ces objectifs et la protection et la valorisation de la culture des nations, la culture est un concept englobant de par les différentes composantes donc elle est porteuse. La complexité de cette notion est résumée par à travers la définition suivante :

La culture dans son sens le plus large, est considéré comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les

croyances.120

Dans le vaste champ de la rationalité scientifique, Pierre MBONJI EDJENGUELE dans son ouvrage Morts et vivant en négro-culture, distingue deux types de culture : la culture morte et la culture vivante. D'après lui, la culture morte est cet ensemble d'items et d'institutions qui n'ont pas pu s'adapter à la marche irréversible du temps et, pourtant, s'accrochent au wagon de l'histoire et deviennent par là même un poids mort. Pour lui, la culture morte est cette culture qui ne répond plus efficacement au besoin des individus vivant dans une communauté donnée. On la retrouve dans les aéroports entre les mains des touristes qui ont à coeur de garder un souvenir de leurs voyages en terre africaine. Les danses traditionnelles et les productions folkloriques (lors des visites des chefs d'Etat étrangers, lors des événements sportifs) sont révélatrices d'après l'auteur de cette culture morte. Et par culture vivante, il nous fait observer que c'est une culture qui :

Est en accord avec l'environnement, les aspirations de ceux qui la vivent, qui comprend des valeurs épanouissantes, passées et non passéistes, actuelles, endogènes et exogènes, à condition de préparer ses consommateurs à faire face aux défis existentiels.121

La culture vivante telle que nous dit l'auteur est une culture dynamique qui absorbe les

apports étrangers, c'est une culture fortement ancrée dans l'agir humain, elle est un palliatif aux

118Pierre KAMDEM & Mesmin TCHINDJANG (dir), Repenser la promotion du tourisme culturel au Cameroun. Approches pour une redynamisation stratégique, Yaoundé Editions Iresma-Karthala, 2011, p.33. 119Jules ASSOUMOU, Ibidem

120Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico city, 26 juillet-aout 1982

121Ibidem

besoins existentiels des individus. C'est une culture qui « s'enrichit des autres en enrichissant ; elle est enracinée et expressive d'une identité ans être ancrée, amarrée ».122

Au regard des différentes clarifications sus-citées sur la culture, il convient de retenir que la définition opérationnelle de la culture retenue dans le cadre de cette étude considère à la suite de Henri TEDONGMO TEKO, que la culture est « un capital à exploiter parce que peut contribuer au développement économique et social, et surtout à la croissance économique ».123Il nous revient maintenant d'énumérer les différentes fonctions de la culture dans afin de mieux comprendre sa charge sémantique.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle