III.2.2. L'ETAT DE LIEU DES ELECTIONS EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
En RDC, le vote exprimé n'est pas toujours l'expression
d'une conviction politique ou le signe d'adhésion à un
idéal promu par l'un des candidatsen compétition. Le vote en RDC
est le fait d'une ignorance, souvent d'affinités tribales et de temps en
temps, d'intérêtsimmédiats liés aux
générosités des candidats (Mazinga C, 201,10). En
analysant les questions électorales en RDC, il y a lieu de nous
interroger sur l'apport de ces élections sur le bien-être de la
population. Il été observé lors des élections de
2006 et 2011 que les contributions matériellesimmédiats des
candidats comptaient plus aux détriments de leur programme au discours
électoral. Il s'agit donc d'un achat pur et simple des électeurs
par les candidats, même si certaines voix des électeurs seront
cependant accordées à d'autres candidats pour des
considérations, tribales, linguistiques, régionales et autres
(Nkere Ntanda N, 2009, 142).
Cette pratique certainement anti démocratique
n'épargnait aucun candidat sur le terrain. La banalisation
d'échelon d'intérêts-candidats prenait le dessus sur le bon
sens, d'où l'importance d'une éducation électorale pendant
les élections qui constituent l'opportunité au cours de laquelle
l'électeur procède à un filtrage des différents
messages qui lui sont présentés par les candidats afin
d'identifier celui dans lequel il se retrouve le plus, et qui puisse le mieux
lui redonner l'espoir et la garantie d'améliorer son bien-être
social dans l'avenir.
Curieusement pendant la campagne électorale, dans le
but délibéré et si parfois voilé de soutirer au
candidat un de tout ce qu'on peut lui soutirer, les électeurs
s'organisent à lui présenter des discours plein d'éloges,
de bénédictions et d'assurances qu'il a d'office acquis leurs
voix et qu'il a gagné d'avance l'élection. Si souvent, une fois
les électeurs obtiennent ce qu'ils cherchent chez un candidat, ils lui
donnent directement les propos du genre « uliisha tuu pita, uliisha
pita baba, weye tuu ulisha lwako jipitiya » ce qui
littéralement signifie en français papa, tu as déjà
gagné, toi, en tout cas, c'est sûr, tu as déjà
gagné (Nkere Ntanda N, op.cit. 143).
Dans ces conditions précises l'électeur vient
vendre sa voix au plus offrant, et partant, la loi démocratique ne fait
plus partie du jeu. Quel que soit le message, s'il n'est pas accompagné
du matériel ou du financement immédiat, il ne vaut rien alors
dans la plus part des cas. Il est donc évident que le contact
face-à-face apparait finalement en RDC comme une opportunité
du « profiterisme ». C'est-à-dire une sorte de
course par les électeurs par les congolais vers l'acquisition du gain
immédiat et en tout pris en échange de la promesse d'accorder
leurs voix électorales à tout un chacun qui pouvait donner
quelque chose, mais, en réalité au plus offrant. Dans ce cas,
plus le candidat donne, plus il est considéré par les
électeurs.
Devant cette situation on peut dire en RDC certains
électeurs trouvent normal de voter pour un candidat sans même le
connaitre, ni connaitre son programme électoral, les électeurs
qui acceptent le discours d'un candidat avant même que le candidat le
prononce, tout ceci à cause dumatériel donné par le
candidat. Comment une telle élection peut-elle contribuer sur le
bien-être de la population ?
Cette étude que nous présentons vise à
conscientiser les électeurs sur comment voter, pour qui voter et
pourquoi, car nous pensons que répondre à ces questions
constituent un atout majeur qui puisse permettre à ce que
l'élection puisse contribuer sur le bien-être de la population.
Ce constat du comportement électoral en RDC, explique
le fait que malgré l'avènement des élections, les
conditions de vie restent stagnantes pour la majorité de la population,
car les élections sont très loin de faire les dirigeants
redevables à l'égard de l'ensemble des citoyens pour ainsi qu'ils
se voient dans l'obligation d'assurer le bien-être de lapopulation,
étant donné que le vote n'a pas d'autres fondements que le
clientélisme électoral. Car ce vote fait dans une certaine mesure
des candidats clients vis-à-vis des électeurs qui sont
disposés à vendre leurs voix aux candidats les mieux offrants au
lieu de faire des électeurs clients vis-à-vis des candidats
vendeurs de leur programme électoral. Donnant lieu à ce que Serge
Eloi qualifie de paradoxe vote (215, 10). Dans un marché
électoral, comme dans tout marché, nous avons les vendeurs et les
acheteurs, dans ce cas précis, les électeurs sont des acheteurs
des différents programmes des candidats vendeurs. Le marché
électoral congolais estcaractérisé par le fait que ce sont
des candidats qui sont des acheteurs et les électeurs des vendeurs,
d'où le clientélisme électoral qui conduit au paradoxe
vote au dire de Serge Eloi.
Ainsi donc, au lieu que les élections soient
considérées dans une perspective plus large de gouvernance
démocratique, comme un vecteur du bien-êtrede la population, elle
attire une insatisfaction sociale.
Pour ce faire, c'est dans la consolidation du dialogue
inclusif que l'élection pourra devenir un vecteur de cohésion
sociale, ou un outil de construction d'une régulation partagée et
un facteur de stabilisation politique, d'où un facteur de promotion du
bien-être de la population.
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