WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les bactéries hautement résistantes émergentes.


par BOUHAFS KHAWLA
Département de pharmacie faculté de médecine Constantine 3 - Docteur en pharmacie 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I. Entérobactéries résistantes aux carbapénèmes :

L'émergence des entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC) représente un véritable risque de santé publique. Ces bactéries présentent fréquemment de multiples mécanismes de résistances qui peuvent conduire à une impasse thérapeutique. Plusieurs études ont signalé l'émergence des EPC surtout au niveau du pourtour méditerranéen (Liban, Tunisie, Israël, Égypte, France). En Turquie, plusieurs épidémies d'infections nosocomiales sont associées à ce type de souches [122.123.124].

Durant notre période d'étude, 84 souches d'entérobactéries résistantes aux carbapénèmes probablement sécrétrices de carbapénèmases ont été isolées à partir de 4284 souches d'entérobactéries colligées durant la période d'étude, ce qui correspond à un taux de 1,96%. Ce chiffre est très proche à celui trouvé au niveau du CHU Batna, ou le taux d'isolement des entérobactéries résistantes aux carbapénèmes est de 2,88 % (50/1737) [41].

En Maroc ce taux est plus élevé, il est de 6.48% pour l'année 2013 [125], mais c'est largement loin de celui rapporté en Chine où il est de 74,50% en 2016 par Rui et al [126], et aux USA par Thaden et al. En 2014, avec un taux de 64% [127].

Dans notre étude il y'a une légère prédominance masculine pour les souches d'EPC isolées, avec un taux de 55.95%. Cette prédominance masculine reste controversée, alors que des études l'ont confirmée en France, comme l'étude faite par Anne Marie Holman en 2017 avec un taux de 74,28%[128], celle de Maroc a montré presque une égalité à disposition entre les deux sexes, les hommes (49.60%) et les femmes (50.40%) [125].

48.80% des souches d'EPC isolées au cours de notre étude sont issues du service de nurserie ,et 11,90% du service de réanimation médicale, le service de pédiatrie est concerné par un taux de 10.71 % de ces souches, alors que le service des brulés par 7.14 %, la chirurgie et la médecine interne avec des taux de 5.95% et 3.57% respectivement , service

Discussion Page 87

Les bactéries hautement résistantes émergentes

d'infectiologie par 2.38% , et en dernier lieu les services d'endocrinologie ,de médecine légale ,neurologie et chirurgie maxillo-faciale avec un taux de 1.19% chacun.

En effet, les patients hospitalisés au sein des unités de soins intensifs et service des brulés présentent plus de risques, vu la durée d'hospitalisation (qui est généralement longue), la sévérité de la maladie, l'usage d'un certain nombre de dispositifs invasifs (sondes urinaires, cathéters, ventilation, intubation...), et les traitements antibiotiques multiples à large spectre notamment les carbapénèmes et les glycopeptides. L'exception faite dans ce contexte pour le service de nurserie est liée à la souche de Salmonella Heidelberg résistante aux carbapénèmes qui se dissémine d'une manière épidémique.

Cependant il ne faut pas négliger l'augmentation du taux d'isolement des EPC dans le service de chirurgie (5.95%) suite à l'emploi de l'antibioprophylaxie chirurgicale à large spectre [131 ,129], et l'émergence récente de ces souches dans le service de pédiatrie où il occupe la troisième place en terme de fréquence d'isolement.

Une étude de B. Jans et Y. Glupczynski, sur la surveillance épidémiologique en Belgique des EPC, montre que la gériatrie a un fort taux d'isolement des EPC (33,7%), plus souvent, ces EPC, sont détectées à partir d'échantillons cliniques chez des patients hospitalisés dans des services à haut risque : l'USI et l'hématologie-oncologie (27,2%) et la chirurgie (11%) ce qui n'est pas similaire avec nos résultats [130].

Et aussi Anne Marie Holman a fait une étude épidémiologique au niveau des quatre hôpitaux de la Réunion en France : la prévalence des EPC est de 55,5% en réanimation et 13,8% dans un service de chirurgie. Pareil aussi pour le Maroc où le taux d'isolement est de 46,43% dans le service de la réanimation pédiatrique [125, 128].

Selon la nature du prélèvement, notre étude a démontré que 40.47% des EPC sont isolées à partir des prélèvements de coproculture, suivis par les urines et les hémocultures avec des taux de 20.23% et 13.09% respectivement, les suppurations occupent aussi une place importante avec un taux de 9.52% ,viennent ensuite les prélèvements de sondes urinaires et les cathéter et aussi les aspirations trachéal avec 3.57% chacun, en moindre dégrée le drain et liquide pleural avec 2.38%, le liquide péritonéale n'a que 1.19% .

Les prélèvements de coproculture occupent la 1ère place à cause de l'épidémie de Salmonella du service de nurserie précédemment décrite. Une étude menée en Belgique,

Discussion Page 88

Les bactéries hautement résistantes émergentes

démontre un fort taux d'isolement des EPC de 88% à partir des prélèvements de frottis rectal dans le cadre d'une enquête de dépistage des porteurs des EPC, suivi par les urines avec un pourcentage de 3,36% [132].

Selon notre étude, les prélèvements des urines occupent la 2ème place, par contre l'étude qui était faite en Maroc le taux est de 34,92% pour les urines, suivis par les hémocultures (24,21%) puis les sonde d'intubations (14,68%) [125].

Sur la période étudiée de seize mois qui s'étale du 1ér janvier 2018 au 30 avril 2019, la fréquence d'isolement des EPC a connu une émergence durant le mois de janvier et février 2018 avec des taux de 0.74% et 0.57 % respectivement. On remarque une nette différence entre le mois de janvier 2018 et janvier 2019 avec un taux qui passe de 0.74% à 0.25 % et aussi pour le mois de février entre les deux années avec un pourcentage qui passe de 0.57% à 0%. Ce pic d'émergence est dû à l'épidémie du service de nurserie causé par Salmonelle Heidelberg résistante aux carbapénèmes, la compagne de décontamination qu'a connue le service explique cette nette diminution de la fréquence d'isolement au cours des mois qui succèdent cette période.

Après cette période la fréquence d'isolement des EPC a diminué jusqu'au mois de mai (0,2%) pour disparaitre complètement dans les mois qui s'en suivent, puis réapparaitre avec des fréquences faibles.

En France, selon les statistiques de l'institut national de veille sanitaire le pic de fréquence d'isolement était en mois d'octobre 2012 et octobre 2015, chose qui n'est pas similaire à nos résultats [50].

En Belgique, selon une surveillance épidémiologique des EPC, du mois janvier 2012 au mois d'avril 2013, le pic d'isolement était au mois d'octobre toute comme l'Institut national de veille sanitaire en France. Les entérobactéries constituent les microorganismes les plus fréquemment isolés en service de microbiologie, en milieu communautaire comme hospitalier.

Les entérobactéries productrices de carbapénèmases constituent actuellement un problème majeur de santé publique.

Notre étude montre bien que Salmonella Heidelberg est l'espèce la plus fréquemment isolée parmi les EPC, avec un taux de 40.47%.

Discussion Page 89

Les bactéries hautement résistantes émergentes

Klebsiella pneumonie et Enterobacter cloacae occupent la 2ème et la 3ème place avec des taux de 25% et 20.23% respectivement, ces résultats sont similaires à ceux de l'étude de CHU Batna, qui a montré cette nette prédominance de ces deux espèces.

En France, la majorité des épisodes infectieux à EPC signalés à l'INVS entre janvier 2004 et septembre 2015, montrent que les espèces les plus fréquemment isolées sont : k.pneumonie (58%), E. coli (39%), Enterobacter cloacae (12%) [50], par contre dans notre étude l'E.coli est isolé à un taux de 1,19% seulement tout en dernière position en terme de fréquence avec d'autres espèces.

La même constatation pour l'étude menée en Belgique dans le cadre de la surveillance épidémiologique des EPC, où k.pneumonie est le producteur par exclusivité des carbapénèmases, pareil pour l'étude faite en Maroc en 2013 avec un taux de 85.31% [125].

Par manque des moyens, nos souches isolées n'ont pas subi une étude de biologie moléculaire pour caractériser les gènes de résistances aux carbapénèmes, mais les quelques souches qui ont été traitées, sont à 90% sécrétrices d'OXA 48, c'est le seul type de carbapénèmases isolé jusqu'à maintenant au niveau du CHU Constantine.

Toutes les souches de salmonelles qui ont été résistantes aux carbapénèmes sont sécrétrices de carbapénèmase type OXA48. C'est une première mondiale du fait d'isoler une souche de salmonelle résistante aux carbapénèmes.

Au Maroc le premier cas de K.pneumonie productrice de carbapénèmase de type oxacillinase (OXA) a été rapporté en 2010[131].

En Europe, des épidémies hospitalières impliquant des entérobactéries productrices d'OXA48 ont été rapportées en France, en Allemagne, en Suisse en Espagne, au Pays-Bas ainsi qu'au Royaume-Uni [50].

Les enzymes de type KPC sont actuellement préoccupantes aux États-Unis, notamment dans l'État de New-York, à Porto Ricco, en Colombie, en Israël, en Italie et en Grèce [42].

En 2008 en Suède Ils ont isolé chez un patient d'origine indienne, la métallo- â-lactamase NDM-1.

Discussion Page 90

Les bactéries hautement résistantes émergentes

La résistance bactérienne aux antibiotiques est la résultante d'interactions complexes entre les bactéries et son environnement. Elle est liée essentiellement à l'usage excessif des Antibiotiques contribuant ainsi à l'émergence et à la diffusion des gènes de résistances.

L'émergence des souches d'entérobactéries résistantes aux carbapénèmes dans les hôpitaux algériens et dans la communauté pose un sérieux problème thérapeutique aggravé par la multi résistance de ces souches aux antibiotiques.

Dans notre travail, on a trouvé des niveaux de co-résistance qui diffèrent selon l'antibiotique. Pour les béta-lactamines, 86,58% des souches sont résistantes au céfoxitine et 32.86% à l'aztréonam. Un taux très élevé de résistance a été noté pour l'amikacine avec 60,25 %, par contre des niveaux plus bas ont caractérisés la ciprofloxacine (29.85%), alors que le bactrim, tétracycline et fosfomycine ont enregistrés des taux de résistance de l'ordre de : 40.47%, 23.94% et 19.51% respectivement.

Des niveaux de résistance plus élevés ont été enregistrés dans l'étude de Batna : avec 100 % de résistance à la gentamicine (50/50), 79% pour la ciprofloxacine (33/42) et 90% au bactrim (39/43) [41]. Alors que l'étude au Maroc rapporte un taux de résistance de 100% à la famille des béta lactamines [125].

Notre étude a montré une résistance de 87.95% à l'ertapénème, qui est l'indicateur le plus fiable pour la détection de cette résistance, quant à l'imipénème, il est résistant dans seulement 41.6% des cas.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci