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La viabilité financière des institutions de microfinance (IMF) au Bénin.


par Cakpo Michael O. DADJO
Université d'Abomey-Calavi (UAC) ; Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management - Diplôme d'administrateur des banques 2004
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU BENIN
--*--
UNIVERSITE D'ABOMEY- CALAVI
---**---
ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE APPLIQUEE ET DE MANAGEMENT
----****----
CYCLE : II
----***----

OPTION ( I ) : GESTION SPECIALITE : BANQUE FINANCE.

----***----

Année académique : 2002-2003

 
 

LA VIABILITE FINANCIERE DES

INSTITUTIONS DE MICROFINANCE

(IMF) AU BENIN

MEMOIRE DE FIN DU SECOND CYCLE

Présenté et

soutenu publiquement pour obtenir le diplôme de

ADMINISTRATEUR DES BANQUES

OPTION BANQUE ET FINANCE DE MARCHE

par

Cakpo Michael O. DADJO

Maitre de stage Tuteur de mémoire

Macaire ABOUKE Gabriel Comlan QUENUM

 
 
 

L'Ecole Nationale d'Economie Appliquée et de Management (ENEAM)
n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions
émises dans les mémoires de fin de formation.

Ces opinions n'engagent que leurs auteurs.

i

REMERCIEMENTS

Mes vifs et sincères remerciements à :

· tous mes frères et soeurs, Esther, Linda, Mathilda, Moreno, Noëlie et Tonagnon, pour les sacrifices chaque jour solidairement consentis ;

· toute la famille BONOU ADJAÏGBE de Porto-Novo pour leur hospitalité et leur profonde amitié ;

· madame Mylène Eurydice AGOSSOU épouse AgeYI pour son amitié sincère et son soutien ;

· mademoiselle Lysette PLIYA pour son soutien moral et affectif ;

· tout le corps enseignant et au personnel administratif de l'ENEAM, pour les efforts fournis dans le cadre de notre formation;

· tous mes camarades de promotion pour le cheminement chaleureux que nous avons ensemble suivi.

Je vous prie tous de trouver ici l'expression de ma profonde gratitude.

ii

DEDICACES

A papa,

à maman,

et à tous ceux qui m'aiment.

iii

LISTE DES ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ACDI : Agence Canadienne de Développement International.

AFD : Agence Française de Développement.

ASOPRIB : Association pour la Solidarité et la Promotion des Initiatives à la Base.

AssEF : Association d'Entraide des Femmes.

BAD : Banque Africaine de Développement.

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

BIT : Bureau International du Travail.

BOA : Bank Of Africa.

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement.

BRI : Bank Rakyat Indonesia.

CAVECA : Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérée.

CBDD : Centre Béninois pour le Développement Durable.

CBDIBA : Centre Béninois pour le Développement des Initiatives à la Base.

CBEC : Caisse Béninoise d'Epargne et de Crédit.

CERIDAA : Centre de Recherche des Idées sur le Développement Agricole et Artisanal.

CGAP : Consultative Group to Assist the Poorest.

CIDR : Centre International de Développement et de Recherche.

CLCAM : Caisse Local de Crédit Agricole et mutuel.

CMF : Cellule de Microfinance du Ministère des Finances et de l'Economie.

CNCA : Caisse Nationale de Crédit Agricole.

CNE : Caisse Nationale d'Epargne.

CODES : Cercle des Opérateurs pour le Développement Economique et Social.

Consortium,,Alafia : Association nationale des praticiens de microfinance au Bénin.

COOPEC : Coopérative d'Epargne et de Crédit.

CPEC : Coopérative pour la Promotion de l'Epargne et du Crédit.

CREDESA : Centre de recherche pour le développement de la santé

CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de Prêt.

CRS : Catholic Relief Services.

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

CVECA : Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérée.

DANIDA : Danish International Development Agency.

FCFA : Francs de la Communauté Financière Africaine.

FECECAM : Fédération des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuel.

FENACREP : Fédération Nationale des Caisses Rurales d'Epargne et de Crédit.

FENU : Fonds d'Equipement des Nations Unies.

FIDA : Fonds International de Développement Agricole.

FINADEV : Financial Development.

GRAPAD : Groupe de Recherche et d'Action pour le Développement

GTZ : Agence de Coopération Technique Allemande.

ICD : Institution de Crédit Direct.

ID : Initiative Développement.

IDH : Indice de Développement Humain.

IMF : Institution de Microfinance.

IRAM : Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes de Développement.

KFW : Kreditans talt Für Wieder fbau.

MDB : Mutuelle pour le Développement à la Base.

MBB : MicroBanking Bulletin

MEC : Mutuelle d'Epargne et de Crédit.

MFE : Ministère des Finances et de l'Economie.

MRDM : Mission pour la Réglementation et le Développement de la Microfinance

MSA : MicroSave - Africa.

ND : Non disponible.

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement.

ONG : Organisation Non Gouvernementale.

PADME : Association pour la promotion et l'Appui au Développement des micro- entreprises.

PAG : Programme d'Action du Gouvernement.

PAPME : Association pour la Promotion et l'Appui aux Petites et Moyennes Entreprises.

PARMEC : Projet d'Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d'Epargne et de Crédit.

PAS : Programme d'Ajustement Structurel.

PASMEC : Programme d'Appui aux Structures Mutualistes ou Coopératives d'Epargne et de Crédit.

PEESI : Programme d'Etudes et d'Enquêtes sur le Secteur Informel.

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.

PRODEM : Fondation pour la promotion des micro- entreprises (LaPaz, Bolivie)

iv

RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SA : Société Anonyme.

SEEP : Small Enterprise Education and Promotion Network.

SFD : Système Financier Décentralisé.

SNV : Organisation Néerlandaise de Développement.

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.

UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine.

USAID : Agence Américaine pour le Développement International.

WAGES : Women and Association for Gain Both Economic and Social.

WOCCU : Women Council of Credit Union

WWBG : Women World Banking Ghana.

v

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Evolution de la clientèle des SFD au Bénin de 1999 à 2003 9

Tableau 2: Principaux indicateurs du secteur de la microfinance de 2000 à 2002 11

Tableau 3 : Evolution du ROA de 2000 à 2002 38

Tableau 4 : Evolution du ROE de 2000 à 2002 41

Tableau 6: Evolution du Rendement du portefeuille (2000 à 2002) 46

Tableau 7: Ratio de coût opérationnel (2000 à 2002) 48

Tableau 8: Evolution du ratio de coûts opérationnels pondérés par l'encours de crédit

(2000 à 2002) 50

Tableau 9: Evolution du ratio du portefeuille à risque (2000 à 2002) 52

Tableau 10: Répartition des IMF en 3 catégories suivant leur ratio d'autonomie 59

Tableau 11: Répartition des IMF en 3 catégories suivant le ratio de portefeuille à risque

62

vi

LISTE DES FIGURES

Diagramme 1 : Interactions entre les différentes composantes de la viabilité d'une IMF

Figure 1 : Répartition des points de service des IMF sur le territoire national 15

Figure 2 : Répartition des crédits par secteur d'activité 15

Figure 3a: ROA pour les grandes IMF 40

Figure 3b: ROA pour les IMF moyennes 40

Figure 3c: ROA pour les petites IMF 40

Figure 4a: ROE pour les grandes IMF 42

Figure 4b: ROE pour les IMF moyennes 42

Figure 4c: ROE pour les petites IMF 43

Figure Sa: Ratio d'autosuffisance opérationnelle pour les grandes IMF 45

Figure Sb: Ratio d'autosuffisance opérationnelle pour les IMF moyennes 45

Figure Sc: Ratio d'autosuffisance opérationnelle pour les petites IMF 45

Figure 6a: Rendement du portefeuille pour les grandes IMF 47

Figure 6b: Rendement du portefeuille pour les IMF moyennes 47

Figure 6c: Rendement du portefeuille pour les petites IMF 47

Figure 7a: Ratio de coût opérationnel pour les grandes IMF 49

Figure 7b: Ratio de coût opérationnel pour les IMF moyennes 49

Figure 7c: Ratio de coût opérationnel pour les petites IMF 49

Figure 8a: Ratio de Coût opérationnel pondéré pour les grandes IMF 51

Figure 8b: Ratio de Coût opérationnel pondéré pour les IMF moyennes 51

Figure 8c: Ratio de Coût opérationnel pondéré pour les petites IMF 51

Figure 9a: Ratio du portefeuille à risque pour les grandes IMF 53

Figure 9b: Ratio du portefeuille à risque pour les IMF moyennes 53

Figure 9c: Ratio du portefeuille à risque pour les petites IMF 53

vii

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1: Définitions de certains indicateurs et ratios financiers dans le domaine de la

microfinance (MBB 2003)

Annexe 2: Données par région du MicroBanking Bulletin (MBB)

Annexe 3: Indicateurs de performance des IMF membres du Consortium Alafia au 31

Décembre 2002

Annexe 4: Récapitulatif des indicateurs de performance

Annexe 5: Liste des institutions de microfinance agréees ou ayant signé une convention

avec le MFE au 31 Décembre 2003

Annexe 6: Date de création des principales IMF

viii

TABLE DES MATIERES

Remerciements i

Dédicaces ii

Liste des acronymes et abréviations iii

Liste des tableaux v

Liste des figures vi

Liste des annexes vii

Table des matières viii

Introduction 1

Problématique 3

Objectifs et Méthodologie 4

1ère partie : Généralités 6

Ch 1 La situation actuelle du secteur microfinancier béninois 7

1.1 Présentation globale du secteur 7

1.1.1 La clientèle 8

1.1.2 L'offre de services et le volume d'activité du secteur 10

1.2 Les types de structures et la répartition des IMF au Bénin 11

1.2.1 Les principaux types d'IMF 11

1.2.2 La répartition des IMF au Bénin. 14

Ch 2 La pérennisation des IMF : enjeux et conditions 17

2.1 L'évolution des IMF et la nécessité de leur pérennisation 17

2.1.1 L'importance du secteur 17

2.1.2 La nécessité de la pérennisation des IMF 18

2.2 Les conditions de pérennisation des IMF 19

2.2.1 L'accessibilité de la clientèle cible 19

2.2.2 La viabilité 22

2ème partie : Evaluation de la viabilité financière des IMF au Bénin 27

Ch 3 Critères d'Appréciation de la viabilité financière des IMF 28

3.1 Les systèmes de rating des IMF 28

ix

3.1.1 Les méthodologies du rating 29

3.1.2 La présentation de quelques systèmes de rating des IMF 30

3.2 Les conditions de détermination et les différentes catégories de critères de

viabilité. 31

3.2.1 Les conditions de détermination des critères de viabilité 31

3.2.2 Les catégories de critères utilisés 33

Ch 4 Appréciation de la viabilité financière des IMF au Bénin 37

4.1 Les performances financières observées 37

4.1.1 Evaluation de la Pérennité/Rentabilité 38

4.1.2 Evaluation de la gestion actif/passif 46

4.1.3 Evaluation de l'efficacité 48

4.1.4 Evaluation de la qualité du portefeuille 52

4.2 Analyses et perspectives 54

4.2.1 L'autonomie des institutions 54

4.2.2 La gestion du portefeuille. 60

4.2.3 Quelques perspectives 62

Conclusion 65

Bibliographie 67

Annexes 74

1

La viabilité financière des IMF au Bénin

INTRODUCTION

Sur les 6,5 milliards d'habitants que compte aujourd'hui notre planète, 1,175 milliards de personnes vivent dans la pauvreté extrême1 avec moins de un dollar US par jour. Dans tous les pays en voie de développement, la pauvreté et surtout la pauvreté monétaire, demeure incontestablement un des défis majeurs du 3ème millénaire.

En Afrique subsaharienne la situation est encore plus critique car, contrairement à une tendance globale légèrement baissière au niveau mondial, le nombre de ces personnes est à la hausse : il est passé de 242 millions à 302 millions entre 1990 et 19982.

Au Bénin, la pauvreté monétaire frappe 34% de la population soit plus de 2 millions de personnes 3 tandis que plus de 57% de la population est soit pauvre ou vulnérable à la pauvreté. C'est dire l'acuité du problème dans notre pays qui occupait pour l'indice développement humain (IDH) en 2002, le 158ème rang sur 173 nations classées dans le monde (PNUD, 2003).

Compte tenu de l'ampleur du problème, une mobilisation générale tant sur le plan international que national a vu le jour et s'est renforcée au début du millénaire afin de faire reculer ce fléau qu'est la pauvreté par la mise en oeuvre de différentes initiatives. L'un des derniers instruments mis en place dans ce nouveau contexte par la communauté internationale est l'ensemble des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) visant à réduire de moitié le nombre de pauvres dans le monde d'ici 2015.

Dans le cadre de son engagement pour la lutte contre la pauvreté, le gouvernement du Bénin a donc intégré les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à différents documents de stratégie nationale tels que les programmes d'actions du gouvernement (PAG) et le document de stratégie de réduction de la pauvreté au Bénin (DSRP).

Les chiffres disponibles sur le taux de sous-emploi ou du chômage témoignent de la précarité de l'emploi au Bénin, avec plus de 25% de taux de sous-emploi en 19984.

1 Banque Mondiale (2004 a), World Development Indicators 2004, (WDI)

2 Banque Mondiale (2004 b), The Global Poverty Monitoring Database, (2004)

3 RGPH 3 (2002)

4 MARTIN (2000)

2

La viabilité financière des IMF au Bénin

Cette situation est aggravée par l'existence de facteurs limitant le développement de l'auto-emploi ; la difficulté d'accès au crédit est identifiée comme le frein le plus important au développement des initiatives entrepreneuriales.

La lutte contre le chômage par la promotion des activités génératrices de revenus a donc été ciblée comme une des mesures efficaces de lutte contre la pauvreté humaine en général et la pauvreté monétaire en particulier.

Dans son rapport 2003 sur les OMD5, le gouvernement béninois classe « l'amélioration de l'accès des ménages au crédit dans le monde rural » en tête des défis à relever en vue de l'élimination de l'extrême pauvreté.

Afin de faire reculer sensiblement la pauvreté, il importe donc de susciter et de soutenir la création d'emplois à travers le financement des initiatives entrepreneuriales des plus pauvres. Toutefois, et pour de nombreuses raisons, les structures bancaires classiques ne parviennent pas à financer les activités économiques des plus démunis, surtout en milieu rural.

L'illettrisme de leurs animateurs, l'absence de comptabilité fiable, la petite taille des structures et l'inexistence de garanties solides sont autant de facteurs qui limitent l'accès des micro-entreprises aux financements bancaires. C'est pourquoi les populations elles mêmes ont été les premières à rechercher des solutions et, à élaborer des instruments adaptés à leur situation afin de financer la multitude d'initiatives qu'elles développent à la frontière du formel et qui assurent leur survie. C'est ainsi qu'ont vu le jour les institutions de microfinance qui se sont progressivement développées afin de satisfaire les besoins de financement de proximité exprimés par les populations.

Au cours des deux dernières décennies, le monde économique et financier béninois a donc vu la floraison de nombreuses initiatives visant à soutenir les structures à faible capacité financière, les micro-entreprises urbaines et villageoises, par des appuis institutionnel, organisationnel ou financier.

Le secteur de la microfinance né au Bénin à la fin des années 80 s'est donc considérablement développé de sorte qu'en 2003 l'ensemble des systèmes de financement décentralisé (SFD) possédait à lui seul 1239 guichets soit 97% du total

5 MCPPD, SNU, Conseil National de la Statistique, 2003

3

La viabilité financière des IMF au Bénin

national6 et détenait 16,77% de l'encours total de crédit contre 83,23% pour les banques classiques.

Ces chiffres illustrent bien le poids croissant de ce nouveau secteur par rapport aux banques classiques. L'importance qu'il convient donc de lui accorder justifie la préoccupation de bon nombre d'intervenants quant à la recherche de solutions aux difficultés spécifiques aux institutions de microfinance (IMF).

PROBLEMATIQUE

Le développement de la microfinance au cours de cette dernière décennie masque beaucoup de limites (BCEAO, 2001). Ainsi :

? au niveau de l'offre de service : la plupart des IMF au Bénin proposent des services financiers limités au crédit à court terme et répondent mal à une demande diversifiée (crédit à moyen et long terme, épargne adaptée, assurances,...) ;

? au niveau du portefeuille d'encours de crédit : sa qualité se détériore progressivement, révélant des insuffisances du système informationnel et de la gouvernance ;

? en ce qui concerne les aspects institutionnels : l'inadéquation de la forme juridique ou organisationnelle de certaines structures de microfinance avec leurs objectifs reflète leur manque de vision stratégique.

Hormis ces difficultés internes à chaque IMF, la croissance de l'ensemble du secteur est confrontée à des effets de seuil liés au volume de clientèle servi et au manque de ressources financières pour faire face de manière efficiente à ce développement.

La vitalité du développement de la microfinance cache donc une grande fragilité : moins de 10% des institutions de microfinance d'Afrique de l'Ouest ont aujourd'hui atteint le stade d'une institutionnalisation complète reposant sur un équilibre financier durable, une conformation stricte aux exigences du cadre juridique et une appropriation sociale assortie d'une bonne gouvernance (WAMPFLER, 2000). Ceci explique pourquoi seul un faible pourcentage des initiatives qui naissent survit.

6 Banque de données sur les SFD (MDRM- BCEAO) et statistiques de la CMF

4

La viabilité financière des IMF au Bénin

Au Bénin, la fragilité des IMF est liée à l'environnement économique national caractérisé par le bas niveau de revenu des ménages et la faible assise financière des unités de production (DADJO, 1998). La répercussion des difficultés que connaissent les unités de production et les ménages sur les structures de financement ne favorise pas en effet une fourniture durable de services financiers adaptés.

L'évolution actuelle du secteur laisse transparaître le besoin d'accomplir des efforts efficients en vue de construire, renforcer et faire rayonner des expériences pertinentes d'offre de services financiers aux pauvres et aux micro-entreprises. Ceci est d'autant plus nécessaire que leur contribution au financement de l'économie nationale est importante. Par ailleurs, comparativement au secteur banquier classique, les activités de microfinance ont une efficacité plus rapide dans l'atteinte de la cible que constituent les pauvres des milieux ruraux, urbains et péri-urbains.

Il importe donc d'identifier les initiatives ayant fait leurs preuves ou ayant le plus d'avenir au plan de l'intégration dans l'environnement social ou institutionnel. Ces IMF exemplaires devraient disposer également d'une structure financière solide tout en ayant sur les bénéficiaires un impact sensible de réduction de la pauvreté (HULME & MOSLEY, 1996).

En effet, les pauvres ont plus besoin d'un accès permanent à des services financiers diversifiés plutôt que de projets temporaires qui répondent à leurs besoins pendant une courte durée (ISERN, 2003). La pérennité des IMF est donc une condition essentielle à la satisfaction durable des bénéficiaires. Il faudra dès lors analyser les performances des IMF en fonction des conditions de durabilité et de pérennité.

OBJECTIFS ET METHODOLOGIE

Au nombre des multiples facettes de la question de la viabilité, figure en bonne place l'aspect financier; aussi le présent travail s'est-il fixé comme objectif général d'étudier la viabilité financière des institutions de microfinance au Bénin. Nous nous pencherons donc sur les caractéristiques de ces institutions dans l'environnement financier béninois afin d'apprécier leur santé financière dans l'optique de leur longévité qui passe impérativement par la rentabilité.

De manière spécifique, il nous reviendra :

? d'identifier les ratios pertinents pour l'analyse financière des IMF au Bénin ;

5

La viabilité financière des IMF au Bénin

? de caractériser l'évolution financière des principales IMF au cours des dernières années à l'aide de ratios appropriés en vérifiant les différentes hypothèses concernant :

o l'impact de l'âge de l'IMF ;

o l'influence de la nature de l'IMF (crédit direct ou épargne-crédit, tontine, etc.) ;

o la taille du portefeuille ;

? de dégager les causes et déterminants des limites à la viabilité financière des

IMF béninoises ;

? d'élaborer, en fonction des différentes contraintes qui se dégagent, des approches de solutions pour l'amélioration de la viabilité financière de ces institutions.

La méthodologie que nous utiliserons pour ce travail consistera en une première phase à faire une étude documentaire. Ce qui nous permettra d'identifier les indicateurs pertinents d'évaluation de la viabilité financière des IMF. Ensuite nous allons identifier les principales IMF du Bénin et collecter les données nécessaires à leur analyse financière.

En dernier lieu nous procéderons au calcul des différents ratios d'analyse retenus et à l'interprétation des résultats ainsi obtenus.

Le présent document fruit de ces travaux commence par un état des lieux global du secteur de la microfinance au Bénin mettant en relief le besoin et les conditions de pérennisation des institutions qui l'animent. Puis il présente des critères d'appréciation de la viabilité financière et leur application aux IMF retenues.

Il s'achève par une analyse des résultats obtenus suivie de quelques perspectives et recommandations en vue de la pérennisation des IMF béninoises.

La viabilité financière des IMF au Bénin

6

1ERE PARTIE : GENERALITES

7

La viabilité financière des IMF au Bénin
Chapitre 1

CH 1 LA SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR MICROFINANCIER BENINOIS

En Afrique de l'Ouest, sous l'impulsion des autorités monétaires, le secteur de la microfinance dans l'espace UEMOA a été très tôt réglementé notamment par la loi 95-03 dite « loi PARMEC » et a connu depuis un essor important.

Le nombre d'institutions régulièrement enregistrées est passé de 107 en 1993 à 500 en 2002, soit environ 3000 points de service touchant près de 5 millions de personnes en Afrique subsaharienne (CEFEB, 2004). L'offre de crédit ainsi que la collecte de l'épargne ont également connu une croissance exponentielle pendant cette période.

Le Bénin qui n'a pas échappé à cette dynamique dispose d'un des secteurs microfinanciers les plus développés de la sous région. Il abrite d'ailleurs la plus grande institution de microfinance de l'Afrique de l'Ouest : la FECECAM (AGNIKPE, 1998). Avec plus d'un millier de points de service, la microfinance constitue l'une des plus importantes sources de financement des activités génératrices de revenus et des petites et moyennes entreprises.

Dans ce premier chapitre, nous nous attacherons à donner un aperçu général de la situation du secteur microfinancier béninois à travers une présentation globale portant sur la clientèle et l'offre de service du secteur. Nous étudierons ensuite dans le détail les types de structures de microfinance et leur répartition géographique et sectorielle.

1.1 PRESENTATION GLOBALE DU SECTEUR

Le secteur de la microfinance est caractérisé par une forte dynamique et un poids socio-économique important. Les activités de microfinance ont en effet connu une croissance sans précédent ces dernières années avec :

? un accroissement du nombre de clients actifs passant de 300.000 en 1998 à 1.049.331 en 2003 (BCEAO, 2003);

? une masse monétaire de près de 10 milliards d'épargne collectée, soit 10% des dépôts bancaires en 1998 contre 37 milliards en 2003 (BCEAO, 2003);

8

La viabilité financière des IMF au Bénin

? un encours de crédit à l'économie de plus de 66,3 milliards pour 395,5 milliards au plan national soit 16,8% en 2003 alors que cette proportion était de 15% en 1998 (CMF, 2004);

? un nombre de guichets passant de 570 en 2001 à 1.239 en 2003 soit 97,1% du nombre de points de services du système financier national (BCEAO, 2004 et CMF, 2004).

Cet accroissement se manifeste à travers l'effectif de la clientèle et l'importance de l'offre de service, ce qui assure au secteur un volume d'activité considérable dans l'économie nationale.

1.1.1 La clientèle.

L'activité économique de la microfinance s'organise autour de la demande de services des populations à la base qui constituent 60% des agents économiques du pays (AGNIKPE, 1998). Ces agents économiques sont des opérateurs qui proviennent à la fois du monde rural et du monde urbain. Ceux du milieu rural sont constitués par les petits paysans, les commerçants ruraux, les exploitants agricoles et les transformateurs de produits agricoles. Les autres agents sont constitués des opérateurs urbains ou péri -urbains. La grande majorité des demandes de microcrédits provient des populations pauvres notamment celles des zones péri-urbaines. Elles sont pour l'essentiel des pauvres économiquement actifs mais frappés par la pauvreté monétaire et développant leurs activités à travers des micro-entreprises dont le fonds de commerce varie entre 10.000 FCFA et 5.000.000 FCFA. Cette demande se manifeste donc essentiellement en terme de financement de micro-entreprises.

Selon une étude du PNUD, 57% de la population béninoise était frappée par la pauvreté en 1995, soit 2,6 millions d'habitants (PNUD, 1997). En gardant les mêmes proportions, ce nombre est estimé actuellement à 3,7 millions sur une population de 6,5 millions d'habitants en 2004. Suivant la même étude, l'incidence de la pauvreté extrême est plus grande en ville (30%) qu'en milieu rural (16%).

La répartition des unités économiques informelles en milieu urbain par branche d'activités selon le sexe de l'entrepreneur révèle que les femmes sont plus concentrées dans le commerce et les services avec respectivement 84,3% et 52,9% contre 15,7% et 47,1% pour les hommes. Les femmes étant plus touchées par le phénomène de la pauvreté que les hommes, elles sont majoritaires dans le portefeuille

9

La viabilité financière des IMF au Bénin

d'activité des IMF de par leur nombre et la nature des activités qu'elles exercent (BIT, 1992).

Si l'on considère que 30% de la population urbaine (1.867.780, base 1995) reste frappée par la pauvreté, c'est au moins 560.000 micro-entreprises qui sont demandeuses potentielles de microcrédits. On peut alors estimer la demande potentielle à 392 milliards de FCFA en 2002 pour des prêts moyens de 700.000 FCFA.

Dans l'hypothèse la plus favorable, si l'on considère les micro-entrepreneurs comme la frange de la population frappée par la pauvreté monétaire soit 34% de la population totale, ce sont au minimum 2.210.000 personnes qui sont confrontées à l'inaccessibilité aux ressources financières en vue de développer leurs activités économiques. Pour un prêt moyen de 50.000 FCFA par personne la demande potentielle peut être évaluée à 110 milliards de FCFA.

Si l'on doit y ajouter les demandes d'investissements nécessaires à la valorisation des filières du secteur rural, qui représenteraient au moins 5 fois le volume des microcrédits individuels soit 550 milliards de FCFA, la demande potentielle globale pourrait atteindre 1.000 milliards de F CFA en 2003 7.

Tableau 1: Evolution de la clientèle des SFD au Bénin de 1999 à 2003

Type de structures de SFD

Nombre de membres

1999

2000

2001

2002

2003

Mutuelles et coopératives

308.382

325.474

354.285

417.543

449.820

dont : FECECAM

290.424

300.847

320.362

386.139

415.256

Crédits directs

17.321

27.510

49.566

86.921

113.928

dont :

- PAPME - PADME

1.115

13.765

1.808

19.642

5.905

28.796

10.841

25.886

15.590

40.121

Projets et ONG à volet crédit

Nd

Nd

2.719

1.836

2.949

Total

325.703

352.984

406.570

506.300

566.697

Taux de croissance

 

8,38%

15,18%

24,53%

11,93%

Source: Statistiques CMF/MFE (Légende : Nd : non disponible)

7 Estimations actualisées sur la base des données de populations de 2003 et suivant la méthode utilisée par Agnikpé, 1998

10

La viabilité financière des IMF au Bénin

Le volume de la clientèle des SFD a connu une évolution notable de près de 75% sur les cinq dernières années avec un taux moyen de croissance annuelle de 15%.

On remarque une prépondérance des structures mutualistes et coopératives même si leur poids relatif tend à diminuer au fil des ans : elles détenaient 94,7% du portefeuille en 1999 contre 79,4% en 2004. Les institutions de crédit direct très modestes en 1999 ont connu quant à elles une forte croissance en voyant le volume de leur clientèle se multiplier par 6,6 en 5 ans.

1.1.2 L'offre de services et le volume d'activité du secteur

Au niveau de l'offre de services un réel dynamisme est observé tant pour le nombre d'institutions répertoriées que pour l'effectif des bénéficiaires. Le nombre d'institutions répertoriées par la BCEAO est passé de 84 en 2001 à 169 en 2002. Le nombre de bénéficiaires quant à lui a augmenté de 24,5% et 11,9% respectivement en 2002 et 2003. Cet accroissement des nouveaux bénéficiaires s'est accompagné d'une augmentation des dépôts et des financements accordés.

Au plan financier le résultat net agrégé s'est porté à 3,1 milliards en 2002 ce qui traduit l'amélioration de l'exploitation.

L'augmentation des ressources des SFD a été mise à profit pour donner un coup de fouet aux financements accordés, ceci au détriment des placements auprès des établissements de crédit qui sont en baisse de 6,1 milliards par rapport à l'année précédente.

Les SFD ont renforcé leur pénétration du marché avec, en 2003, un accroissement de 11,9% du nombre des bénéficiaires, le taux de pénétration a atteint 28,3% alors qu'il était de 25,3% en 2002. Les crédits distribués se sont accrus de 33,8%, dans le même temps les volumes des dépôts collectés ont progressé de 8,6%.

Au plan structurel la FECECAM occupe une place prépondérante sur le marché de la microfinance au Bénin. A elle seule, elle détient 73,2% de la clientèle des SFD et 76,4% de l'épargne collectée.

En termes de crédit, avec une part de 34,4%, la FECECAM occupe la première place et est suivie par le PADME et le PAPME qui ont mis en place respectivement 24% et 20% des crédits distribués au cours de l'année 2002.

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La viabilité financière des IMF au Bénin

Tableau 2: Principaux indicateurs du secteur de la microfinance de 2000 à 2002

Principaux indicateurs

2000

2001

2002

2003

Nombre d'institutions

33

62

71

ND

Nombre de points de services

347

274

268

ND

Nombre de bénéficiaires directs

802.966

833.643

997.777

1.001.438

Dépôts (millions de FCFA)

24.059

26.217

33.877

36.774

Montant moyen des dépôts (FCFA)

50.009

56.858

62.531

ND

Fonds propres (millions de FCFA)

4 .942

7.284

12.070

ND

Crédits accordés (millions de FCFA)

23.202

36.377

51.474

99.223

Encours de prêts (millions de FCFA)

18.955

23.244

49.574

63.042

Encours moyen de prêts (FCFA)

251.795

228.015

826.818

ND

Actif total (millions de FCFA)

42.295

51.509

64.476

ND

Résultat net agrégé (millions de FCFA)

-462

1.456

3.077

ND

Nombre d'employés

982

1.157

1.468

ND

Source: BCEAO, 2004 et CMF, 2004 (Légende : ND : non disponible)

1.2 LES TYPES DE STRUCTURES ET LA REPARTITION DES IMF AU BENIN

Les institutions de microfinance au Bénin sont de plusieurs types allant des mutuelles et coopératives aux structures tontinières assurant l'épargne et le crédit sur tout le territoire national. Leurs activités portent également sur divers secteurs économiques.

1.2.1 Les principaux types d'IMF

Le secteur de la microfinance au Bénin est caractérisé par la présence d'une multiplicité d'initiatives et d'institutions d'épargne et/ou de crédit. Néanmoins on peut regrouper ces IMF en quatre catégories principales suivant leurs natures et leurs approches d'intervention.

1.2.1.1 Les institutions mutualistes et/ou coopératives.

Dans ce groupe on retrouve les mutuelles d'épargne et de crédit (MEC), les coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), les groupements coopératifs et les mutuelles de santé.

Au Bénin, les institutions les plus représentatives de cette catégorie sont :

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La viabilité financière des IMF au Bénin

· la FECECAM (Fédération des Caisses d'Epargne, de Crédit Agricole et Mutuel) avec une centaine de Caisses Locales de Crédit Agricole et Mutuel (CLCAM) ; elle est née en 1993 à la suite de la restructuration des CLCAM affiliées à l'ancienne Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) liquidée en 1987. Elle a connu un essor remarquable les cinq années suivant sa création et demeure une référence dans la sous région ;

· la FENACREP (Fédération Nationale des Caisses Rurales d'Epargne et de Prêts) comptant 56 caisses villageoises appelées CREP ; elle connaît actuellement une période de crise liée à des dysfonctionnements et au manque de professionnalisme de ses dirigeants ;

· l'AssEF (Association d'Entraide des Femmes) qui était à l'origine un instrument de promotion des systèmes de financements décentralisés au profit des femmes des milieux péri-urbains mais qui s'est, depuis 1999, institutionnalisée en adoptant un statut associatif ;

· les CAVECA (Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit Autogérées) animées par le Centre Béninois pour le Développement des Initiatives à la Base (CBDIBA).

1.2.1.2 Les institutions de crédits directs.

Ce sont des structures distribuant des microcrédits à partir d'un fond de crédit initial contrairement aux structures mutualistes qui placent une partie de l'épargne collectée en crédit. Les structures appartenant à cette catégorie sont peu nombreuses au Bénin. Les plus représentatives sont :

· PADME (Association pour la Promotion et le Développement des Micro-Entreprises) ;

· PAPME (Agence pour la Promotion et l'Appui aux Petites et Moyennes Entreprises) ;

· VITAL FINANCE ;

· et FINADEV.

Les deux premières, nées en 1994 de la mise en oeuvre des mesures d'accompagnement du Programme d'Ajustement Structurel (PAS), avaient pour objectif d'assurer la reconversion des déflatés de la fonction publique par l'assistance

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La viabilité financière des IMF au Bénin

technique et surtout financière pour le développement de leurs ambitions entrepreneuriales dans les PME-PMI et bénéficient à ce titre de lignes de crédit auprès des institutions financières internationales. Mais, très tôt après leur création, elles ont totalement dévié de cet objectif pour satisfaire le marché très demandeur des petits commerçants et de quelques entrepreneurs dans la transformation. Vital Finance quant à elle, a été créée en 1997 sur financement de l'USAID. Seule la FINADEV qui a démarré ses activités en 2001, est une société anonyme de crédit direct dans le secteur de la microfinance au Bénin. Elle est une filiale d'une banque commerciale de la place, la Financial Bank Bénin.

1.2.1.3 Les institutions de crédit-épargne.

Cette troisième catégorie regroupe les systèmes basés sur le crédit préalable. En réalité elles ne sont pas fondamentalement différentes des institutions de crédit direct ; la seule différence est qu'elles exigent de constituer une épargne postérieure au crédit. L'encours de prêt est financé par des lignes de crédit externes. En parallèle, ces dispositifs développent l'épargne au travers de l'épargne obligatoire ou de fonds de garantie. En complément, un service d'épargne volontaire est proposé aux bénéficiaires ou aux résidents de la zone d'intervention des programmes.

Ces institutions se sont développées avec l'appui d'ONG internationales ou locales. Dans ces structures, les modalités et les conditions d'octroi de crédit sont plus flexibles mais les fourchettes de crédit sont relativement plus faibles. Dans cette catégorie on notera plusieurs ONG locales comme le CREDESA, le GRAPAD, le CERIDAA, CIADIC, CBDIBA, ALPDIPE. Ces ONG locales sont pour la plupart des prestataires de services pour l'exécution de certains programmes et projets gouvernementaux ayant des volets de microfinance et qui sont techniquement appuyés et financés par des ONG internationales comme CRS, AFRICARE, OXFAM QUEBEC, ID ou par des bailleurs de fonds comme le PNUD, l'AFD, l'ACDI, le FIDA, l'USAID, la Banque Mondiale, la Coopération Suisse, la DANIDA, la SNV, la KFW et la GTZ.

1.2.1.4 Les structures tontinières :

Les tontines sont un mode de financement local connu par les populations depuis très longtemps et qui leur permet de faire face à la défaillance des systèmes bancaires ne pouvant pas les prendre en compte. Elles fonctionnent sur la base de contributions d'un montant fixe et à intervalles réguliers, un des membres récupérant la totalité de l'épargne à chaque période. Il s'est développé au fil des ans une variante

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La viabilité financière des IMF au Bénin

commerciale où un tontinier se déplace pour collecter l'épargne chez les souscripteurs sur la base de cartes d'épargne annotées à chaque versement. A la fin d'une période le tontinier verse l'épargne accumulée au membre contre une retenue qui équivaut souvent au montant d'une mise. Des institutions de microfinance se sont donc développées dans ce segment de la tontine commerciale. Au Bénin comme dans toute l'Afrique de l'Ouest, les institutions de tontines sont très populaires et massivement utilisées par les populations surtout sous leur mode informel (WEBSTER et FIDLER, 1996 ; ARYEETEY et al. ,1997). L'exemple typique est celui de Convergence 2000.

1.2.2 La répartition des IMF au Bénin.

Les IMF au Bénin disposent de multiples points de services sur tout le territoire national et octroient des financements portant sur divers secteurs d'activité. Pour l'analyse de ces indicateurs non financiers tels les points de services, la répartition des crédits par secteur d'activité, nous prendrons l'échantillon des IMF membres du Consortium Alafia qui représentent plus de 95% des volumes d'activité de microfinance au plan national (CONSORTIUM ALAFIA, 2003).

1.2.2.1 La répartition géographique des IMF

Les IMF membres du Consortium Alafia ont en moyenne chacune 18 points de service. Ce nombre élevé de points de service permet une couverture entière du territoire national et assure également la proximité des services de la clientèle. Toutefois, la répartition est variable d'un département à l'autre. Ainsi, le Mono-Couffo est le département le plus couvert avec 22% des points de service. Il est suivi de près par le Borgou-Alibori, l'Atlantique-Littoral et l'Atacora-Donga se suivent également de très près avec respectivement 17% et 16% des points de service. Enfin, le Zou-Collines et l'Ouémé-Plateau les départements les moins couverts comptent dans l'ordre 13% et 11% des points de service.

La couverture des points de service est donc fortement inégalitaire et passe du simple au double entre les départements les moins dotés (Ouémé-Plateau, 11%) et les départements les plus dotés (Mono-Couffo, 22%).

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La viabilité financière des IMF au Bénin

Répartition des points de service des IMF sur le

territoire national

Atlantique- Littoral Atacora-Donga Borgou- Alibori Ouémé- Plateau Mono-Couffo Zou-Collines

Source: Consortium Alafia, 2003

17%

13%

16%

22%

21%

11%

Figure 1 : Répartition des points de service des IMF sur le territoire national

Le fonctionnement de ces points de service est assuré par 965 employés, avec 272 agents de crédit permettant de toucher 51 865 épargnants et 148 328 emprunteurs dans divers secteurs d'activité en 2002.

1.2.2.2 La répartition des crédits par secteur d'activité.

La répartition des crédits par secteur d'activité est elle aussi fortement inégalitaire. La plus grande part des crédits est en effet réservé au secteur du commerce et du négoce qui bénéficie de 76% des crédits accordés. L'artisanat, l'agriculture, la fabrication et la petite industrie, les prestations de service et, l'élevage-jardinage-pêche suivent dans les proportions mentionnées sur la figure 2.

3% 2%

4% 5% 7% 3%

Répartition des crédits par secteur d'activité

Source: Consortium Alafia, 2003

76%

Fabrication et petites

industries

Agriculture

Artisanat

Autres

Prestations de

services

Elevage-Jardin-Pêche

Commerce

Figure 2 : Répartition des crédits par secteur d'activité

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La viabilité financière des IMF au Bénin

On peut donc affirmer que les crédits portent essentiellement sur le commerce, les autres secteurs se retrouvant chacun avec 2 à 7% des crédits accordés.

Cette présentation de la situation actuelle du secteur de la microfinance au Bénin nous permet d'aborder l'étude des enjeux et conditions de pérennisation des institutions de microfinance.

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La viabilité financière des IMF au Bénin
Chapitre 2

CH 2 LA PERENNISATION DES IMF :

ENJEUX ET CONDITIONS

2.1 L'EVOLUTION DES IMF ET LA NECESSITE DE LEUR PERENNISATION

A l'origine, les services de crédit aux plus démunis avaient pour objectif de faciliter l'accès des producteurs aux intrants et donc, de favoriser l'intensification agricole et le développement des activités génératrices de revenus des femmes (transformation agricole, petit commerce), en somme, de lutter contre la pauvreté. Cependant, les évolutions récentes du secteur ont fait apparaître certains autres aspects des services financiers, notamment l'épargne et l'assurance (vie, santé, décès, maladie) (RUTHERFORD, 1997). La microfinance procure donc à la fois des bénéfices matériels et non matériels qui justifient la nécessité de sa pérennisation (SCHREINER, 2002 a).

2.1.1 L'importance du secteur

Les initiatives de microfinance peuvent jouer un rôle réel dans la lutte contre la pauvreté matérielle, en facilitant l'accès aux biens et services par l'obtention de revenus substantiels. Les services offerts par les institutions de microfinance, peuvent aider les populations à acquérir une meilleure sécurité financière, ce qui en retour produit un effet multiplicateur sur le niveau de vie en améliorant le bien-être des familles dans les domaines de l'alimentation, de la santé, de l'habitat et de l'éducation. Aux Phillipines par exemple, il a été développé dans ce cadre des plans d'épargne-éducation et de bourses scolaires par le Scholarship plan Phils (RUTHERFORD, 1998).

Les IMF peuvent permettre de libérer les familles à faible revenus de l'emprise des usuriers qui pratiquent des taux d'intérêt exorbitants pouvant atteindre voire dépasser 100% l'an. Les services de crédit et d'épargne offerts par les IMF peuvent aussi permettre aux bénéficiaires de démarrer et de développer leurs propres micro-entreprises qui pourront garantir des revenus et des emplois pour eux et pour leurs descendants. Si les crédits octroyés étaient investis comme capitaux afin d'augmenter la productivité des activités, les bénéficiaires pourraient devenir plus productifs et donc accumuler plus de profit et d'épargne qui pourront à leur tour être investis dans

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La viabilité financière des IMF au Bénin

de nouvelles activités. C'est le cas du plan épargne-investissement de la FECECAM (GOLDSTEIN et al. , 1999).

La microfinance génère également divers bénéfices non matériels. On peut citer à ce titre les bénéfices psychologiques et sociaux découlant de l'accomplissement de soi et de la réussite. Il y a également l'apprentissage que reçoivent les bénéficiaires en matière de gestion financière et de management des entreprises.

Par ailleurs, l'acquisition de pouvoir financier est un facteur libérateur important permettant aux couches défavorisées d'avoir plus aisément accès à leurs droits. C'est le cas par exemple des femmes qui assument mieux leur leadership dans la communauté.

2.1.2 La nécessité de la pérennisation des IMF

Au regard des bénéfices aussi bien matériels que non matériels qui en découlent, les IMF répondent depuis plusieurs décennies à un besoin permanent des populations exclues des systèmes bancaires formels. Elles sont devenues des partenaires indispensables au développement social et économique et doivent s'adapter en permanence aux besoins des populations.

Ces besoins de services financiers étant structurels et permanents, ils ne peuvent être réglés par des interventions temporaires ou des projets qui sont de nature limitée. Or la plupart des IMF ont été créées à l'initiative de projets de développement avec l'appui des bailleurs de fonds. Les IMF doivent alors survivre au retrait de l'opérateur. L'enjeu repose donc pour les institutions sur leur capacité à inscrire leur action dans la durée.

Une institution qui adopte des pratiques performantes destinées à asseoir sa viabilité financière a plus d'impact sur les pauvres que les institutions dont la santé financière est moins solide. Ceci est bien documenté par une étude menée par HULME et MOSLEY en 1996 sur 13 institutions de microfinance. Les raisons avancées par les chercheurs pour expliquer cette meilleure efficacité auprès des cibles sont :

? le taux d'intérêt élevé, la collecte stricte et régulière d'échéances qui dissuadent les emprunteurs dont les projets sont peu rentables ;

? la collecte d'épargne obligatoire qui agit comme processus de sélection des emprunteurs ;

19

La viabilité financière des IMF au Bénin

? une bonne diffusion de services de proximité qui allège les coûts de transaction pour les emprunteurs et augmente la rentabilité des projets financés.

En somme, une institution s'inscrit d'autant mieux dans son environnement et sert davantage les populations démunies qu'elle est pérenne.

Les institutions pérennes sont celles qui ont acquis leur autonomie sur les plans, organisationnel, technique, financier, institutionnel et social.

La gestion professionnalisée est l'apanage d'un nombre très faible d'institutions bénéficiant d'appuis financiers et techniques importants. Bon nombre de structures semblent encore émerger sous l'influence de considérations tenant davantage du mimétisme que du souci de construire des organisations qui inscrivent leurs actions dans la logique de durabilité.

Préoccupation majeure des bailleurs de fonds et autres opérateurs, la maîtrise des coûts est un impératif pour les institutions lorsqu'elles visent l'atteinte d'une autonomie financière et organisationnelle. Pour la quasi totalité des IMF cet objectif est difficile à réaliser surtout à court et moyen termes. Bon nombre d'organisations ont préféré pour un plus grand impact sur les populations cibles une couverture géographique assez étendue sans mesurer les surcoûts liés à cette expansion spatiale.

La clientèle vise surtout l'obtention de produits et services financiers adaptés à ses besoins, d'où l'utilité d'entretenir de bonnes relations avec les autres interventions de développement de la zone. Ceci, en vue de parvenir à l'intégration de l'institution dans son cadre social afin de faciliter la collaboration entre représentants et bénéficiaires.

2.2 LES CONDITIONS DE PERENNISATION DES IMF

Les conditions nécessaires à la pérennisation d'une IMF concernent deux aspects principaux que sont l'accessibilité et la viabilité.

2.2.1 L'accessibilité de la clientèle cible

La détermination des indicateurs d'accessibilité de la clientèle cible oblige souvent à la collecte de données sur le terrain impliquant des coûts d'enquête parfois élevés. Les critères d'appréciation utilisés sont de nature quantitative ou qualitative.

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La viabilité financière des IMF au Bénin

2.2.1.1 Les indicateurs quantitatifs d'accessibilité

Les indicateurs quantitatifs, très nombreux, tentent d'évaluer les performances réalisées par les programmes de microfinance en prenant en compte trois aspects principaux, la clientèle, les prêts et les dépôts (COPESTAKE et AMUAH, 1995).

· la clientèle : les indicateurs étudiés ici sont entre autres le nombre d'emprunteurs et sa croissance, l'effectif du personnel de l'institution, etc.

· les prêts : ici on s'intéresse aux critères tels que : l'encours des prêts, les nouveaux prêts octroyés, le taux de croissance des prêts, le montant moyen d'un prêt, le volume des encours de prêts par membre du personnel, le nombre des encours des prêts par membre du personnel;

· les dépôts : on étudie dans cette rubrique le volume et le taux de croissance des dépôts, le nombre de dépositaires, le nombre de comptes d'épargne, la taille moyenne d'un compte d'épargne, le nombre de dépositaires par membre du personnel.

2.2.1.2 Les indicateurs qualitatifs d'accessibilité

Les indicateurs qualitatifs d'accessibilité, décrivent les mécanismes mis en place pour améliorer l'accessibilité8. Ils comprennent :

· les mesures prises par l'institution pour pouvoir atteindre les entrepreneurs à faible revenu ;

· la simplicité des procédures pour un accès rapide au crédit à court terme ;

· les ententes aptes à mobiliser l'épargne locale ;

· les mécanismes permettant la participation de la clientèle ;

· la gamme de services offerts par le programme et leur contenu ;

· l'approche utilisée dans l'offre de services financiers; notamment sa flexibilité ;

· le degré de satisfaction des bénéficiaires vis-à-vis de leurs attentes.

Il est donc assez difficile pour les praticiens de s'entendre sur un nombre précis de critères à utiliser. Les chercheurs utilisent des indicateurs variés selon la disponibilité des données et l'objet de l'analyse. Par exemple, GURGAND et al. (1994) ont utilisé les indicateurs de changement pour comparer l'accessibilité de six institutions financières

8 Voir Women's World Bank 1995, Pederson 1995 et Otero 1993.

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La viabilité financière des IMF au Bénin

en Afrique sub-saharienne9. Le choix de ces indicateurs semble avoir été guidé par le type de données disponibles et s'est plutôt orienté vers les indicateurs quantitatifs. Ainsi, les critères ont porté sur le montant total des dépôts, le nombre et le montant moyen des dépôts d'épargne, le montant du portefeuille, le nombre et le montant de prêts octroyés, le taux de croissance annuelle des avoirs de l'institution, le nombre de branches et de succursales implantées, la proportion de la population rurale couverte et le taux de participation des femmes.

A l'opposé, les travaux réalisés par CHRISTEN et al. (1995), sur 11 IMF dans 8 pays10 et cités par LE PICARD DUCROUX (2001) ont plutôt porté sur les indicateurs qualitatifs. Ceci permet d'avoir une meilleure compréhension des problèmes d'accessibilité dans ces institutions. Ces travaux ont permis, entre autres, de constater que:

? les clients qui étaient des petits entrepreneurs auraient été exclus des services financiers si 6 des 11 programmes ne leur offraient pas la possibilité de faire des petits prêts de moins de 200$ US, les prêts moyens se situant entre 200 et 400 $ US ;

? beaucoup d'institutions, notamment au Bangladesh et en Indonésie, ont pu couvrir le territoire national. Par exemple, la Grameen Bank couvre presque la moitié des villages du Bangladesh, atteignant plus de 2 millions de clients parmi les plus pauvres. En Indonésie la BRI sert 2 millions d'emprunteurs et 12 millions d'épargnants, et la BKD couvre 20 % des villages de l'Est du pays avec de petits prêts. En Bolivie, BancoSol et PRODEM ont atteint 50 000 clients ;

? les institutions étudiées servent un grand nombre de femmes et les programmes offrant de petits prêts tendent à servir beaucoup plus les femmes que les autres ;

? les programmes proposant un large panel d'offres permettant de couvrir des catégories variées de clientèle ont réussi à atteindre un grand nombre des plus pauvres.

Ainsi il ressort que ce n'est pas incompatible d'avoir pour objectif d'atteindre à la fois les plus pauvres et un grand nombre de la population.

9 Les pays concernés par l'étude sont le Togo, le Cameroun, le Malawi, le Rwanda, le Bénin et le Burkina Faso.

10 Les pays ayant fait l'objet de l'étude sont l'Indonésie, le Bangladesh, le Kenya, le Sénégal, le Niger, le Costa Rica, la Colombie, la République Dominicaine et la Bolivie.

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La viabilité financière des IMF au Bénin

Le problème de l'accès au crédit se décline plutôt en termes de services adaptés, d'accessibilité géographique, de reconnaissance des clients et de leurs besoins, et de souplesse dans les produits. Seules les IMF sont capables d'offrir des services sur mesure, par leur proximité et leur connaissance des emprunteurs. En inscrivant leur action dans la durée, elles rendent possibles les liens de confiance sans lesquels l'IMF ne peut réussir sa mission sociale.

Dans de nombreux contextes les IMF démontrent qu'avec un montage ad'hoc il est possible de satisfaire les besoins de crédit et d'épargne des populations les plus pauvres (CVECA au Mali, EMT au Cambodge, etc.), à la condition de prendre en compte dès le départ la nécessité de pérenniser l'institution financière et de ne pas chercher à faire un ciblage exclusif de la frange la plus pauvre d'une zone donnée.

A la recherche de l'autonomie financière, l'institution se doit de fixer des conditions d'exercice rigoureuses et de veiller à la rentabilité de ses opérations. En particulier ses taux d'intérêt peuvent être élevés ; les taux de l'ordre de 5% par mois ne sont pas rares (LE PICARD DUCROUX, 2001). Dans ces conditions, comment concilier un objectif financier et une mission sociale d'aide aux plus démunis ?

Contrairement aux idées reçues, le taux du crédit n'est pas le facteur limitant pour l'accès des plus démunis aux services financiers. L'expérience montre que pour les populations à faible revenu c'est l'accès au crédit qui est crucial, plus que le prix de ce service11 ; de fait, en milieu informel les taux d'intérêt du crédit sont élevés, de l'ordre de 10 à 50% par mois (LE PICARD DUCROUX, 2001). Il faut également se rappeler que, des taux élevés appliqués à de très petites sommes prêtées, se traduisent par un montant absolu faible.

2.2.2 La viabilité

La pérennité d'une IMF dépend de sa situation par rapport aux aspects de la viabilité que sont : la viabilité financière, la viabilité institutionnelle, la viabilité sociale.

Le diagramme 1 illustre bien l'interaction qui existe entre les différents facteurs impliqués dans la survie des IMF et elle fait ressortir d'ailleurs une interdépendance entre eux.

11 Le taux de rentabilité est très variable selon les catégories de bénéficiaires et les objets du crédit. Mais il est en général élevé, le plus souvent entre 50 et 100%. Ce qui permet de relativiser les controverses généralement alimentées par les fonctionnaires, les hommes politiques ou les ONG. Mais rarement par les paysans sur le niveau des taux d'intérêt. Le problème essentiel étant celui de l'accès au crédit (AGNIKPE, 1998 a : 91).

 

Viabilité financière

 

· Volume des activités

· Origine des fonds (épargne, actionnaires, ligne de crédit, subventions, refinancement)

· Différentiel des taux appliqués

· Maîtrise des impayés

· Maîtrise des charges

 

Viabilité socio-économique

· Adaptation des produits proposés aux besoins de la clientèle cible

· Normes (garanties, retards, pénalités, sanction, remboursement)

· Intérêts des divers acteurs internes (le système de rémunération, formes et équilibre du pouvoir)

· Pérennité de l'institutionnalisation

· Ancrage et intégration des unités de base dans leur environnement social

 

Viabilité institutionnelle

· Qualité de la gouvernance (implication des bénéficiaires)

· Style de management de l'organisation interne (centralisation /décentralisation, gestion des ressources humaines, organigramme, culture d'entreprise ...)

· Qualité de la comptabilité et du système d'information au sein de l'organisation

· Adaptation du cadre législatif

· Régulation du champ financier

 

23

Diagramme 1 : Interactions entre les différentes composantes de la viabilité d'une IMF

Adapté de GTZ , Division 41, 2001

24

La viabilité financière des IMF au Bénin

Ainsi par exemple on convient qu'il n'y a pas de viabilité financière possible sans viabilité sociale. En effet, la viabilité sociale a des conséquences positives sur l'équilibre financier si les gens ont réellement conscience qu'il s'agit de leur propre affaire. Mais il est tout aussi fatal pour une IMF d'ignorer la viabilité financière au profit uniquement des considérations sociales qui, dans ces conditions ne pourront d'ailleurs pas être durablement satisfaites.

Mais quelles sont alors les conditions que doivent réunir ces IMF pour avoir une viabilité financière et se pérenniser ?

2.2.2.1 La viabilité financière

La viabilité financière peut être définie comme un stade d'opérations financières où tous les coûts du prêteur sont entièrement couverts par les intérêts (THAPA et al. 1994), et où les rendements tirés par les emprunteurs sont suffisamment élevés pour rembourser le prêt et générer un surplus.

Ainsi, pour être financièrement viable une IMF doit au moins égaliser les coûts par franc prêté avec le prix qu'elle charge aux emprunteurs (taux d'intérêt).

Le même concept de viabilité financière d'une IMF est abordé par GURGAND et al. (1994) en terme d'autosuffisance. Selon leur approche une IMF est autosuffisante lorsque le rendement de ses capitaux propres, (sans aucune subvention), est égal ou supérieur au coût d'opportunité de ses capitaux propres.

A l'inverse lorsqu'une IMF n'est pas autosuffisante elle est sous la dépendance des subventions. Pour parvenir à éviter cette dépendance financière elle doit :

? réussir à minimiser ses coûts administratifs ;

? avoir un taux de prêt positif suffisamment élevé pour lui permettre de couvrir ses coûts d'opération ;

? développer une grande capacité de mobilisation de l'épargne.

La viabilité financière ne se conçoit bien sûr qu'à moyen ou long terme. Au début du programme de microcrédit, des subventions sont admissibles. Par contre, une fois les coûts de démarrage assumés, les services financiers devraient être livrés à la clientèle cible (les pauvres), de façon durable ; c'est-à-dire sans recourir aux subventions (BENNETT et al. 1996, CUEVAS, 1996).

25

La viabilité financière des IMF au Bénin

2.2.2.2 La viabilité institutionnelle

La viabilité institutionnelle ne se limite pas au statut juridique mais prend également en compte la qualité de l'organisation de chaque institution, la régulation et l'organisation générale de l'ensemble du secteur de la microfinance.

En ce qui concerne l'organisation interne, la viabilité des IMF est fortement influencée par la qualité du système d'information de gestion mais aussi par le style de management. En effet une implication réelle des bénéficiaires de même qu'une gestion appropriée des ressources humaines favorise la gouvernance indispensable à la viabilité de l'institution.

Quant à la régulation et à l'organisation de l'ensemble du secteur de la microfinance, elles font référence d'une part aux conditions d'agrément des IMF et d'autre part au respect d'un code de déontologie minimal par tous les intervenants du secteur qu'ils soient agrées ou non. Le risque est que la législation et le contrôle de la Banque Centrale en s'exerçant uniquement sur les institutions financières agréées leur créent des contraintes supplémentaires qui les défavorisent au profit des institutions ayant des pratiques frauduleuses.

En effet, les mauvaises IMF, en offrant aux clients du même marché des services à des prix plus faibles et assortis de conditions de remboursement plus laxistes, livreraient aux institutions financières dûment agréées une concurrence déloyale qui menacerait la survie de ces dernières. Or il est très important de protéger les bons systèmes afin qu'ils puissent continuer de fournir durablement leurs services aux plus défavorisés.

C'est cet aspect important de la viabilité institutionnelle que soulignent KHANDKER et al. (1995), en affirmant q'un programme durable doit être capable de mener ses activités et ses services tout en poursuivant ses objectifs, c'est-à-dire continuer à fonctionner comme une institution financière au service des défavorisés. C'est dire qu'une IMF peut tout à fait atteindre la viabilité financière sans pour autant être institutionnellement viable car s'étant éloignée de sa mission initiale voire ne pouvant plus la remplir du tout.

La viabilité institutionnelle dépend alors de la mise en place d'un cadre national des IMF permettant la concertation des différents acteurs, la définition et le suivi des règles, l'arbitrage et la régulation de l'espace microfinancier.

26

La viabilité financière des IMF au Bénin

2.2.2.3 La viabilité sociale

La viabilité sociale peut être définie comme la situation où les objectifs de l'IMF convergent suffisamment avec les intérêts des acteurs concernés, et où les activités de l'IMF sont accueillies favorablement par les autres composantes actives de l'environnement d'intervention. Ainsi, on peut distinguer un aspect interne et un aspect externe de la viabilité sociale.

Une IMF dispose de viabilité sociale interne si :

? les produits proposés sont adaptés aux besoins de la clientèle cible ;

? les normes établies (garanties, retards, pénalités, sanction, remboursement, ...) sont conformes aux normes culturelles de la société (conception de l'argent, du temps, du taux d'intérêt, ...) ;

? un rapport équilibré de collaboration et de spécialisation existe entre les élus ou représentants des bénéficiaires et les techniciens salariés grâce à la reconnaissance de la légitimité des premiers et à la prise en compte de la technicité des seconds.

Quant à la viabilité sociale externe, elle existe si l'IMF :

? s'insère bien dans son environnement (information, sensibilisation voire adhésion des personnalités et institutions religieuses, morales ou politico-administratives) ;

? s'intègre et entretient une bonne synergie avec les autres interventions de développement existant dans sa zone.

Au nombre des multiples dimensions de la viabilité nous retrouvons donc en bonne place la dimension financière, c'est cet aspect que nous approfondirons dans le cadre de la deuxième partie de notre étude des IMF du Bénin sur la question générale de la pérennité et, en particulier de la viabilité.

La viabilité financière des IMF au Bénin

27

2EME PARTIE : EVALUATION DE LA VIABILITE FINANCIERE DES IMF AU BENIN

28

La viabilité financière des IMF au Bénin
Chapitre 3

CH 3 CRITERES D'APPRECIATION DE LA VIABILITE FINANCIERE DES IMF

Au cours de la dernière décennie, l'accent mis sur les indicateurs et les normes de performance des IMF s'est accru dans le monde entier. Ainsi, afin de comparer les performances des IMF et de révéler les différences existantes entre elles, plusieurs outils d'analyse ont été développés, communément appelés systèmes de notation ou de « rating ».

Chaque système de rating définit une panoplie d'indicateurs ou ratios lui permettant d'apprécier différents aspects de la gestion des IMF notamment ceux relatifs à l'évaluation de la viabilité sous ses composantes institutionnelle, socio-économique et financière.

Les paramètres étudiés recouvrent des domaines aussi variés que : ? la gestion stratégique ;

? le système d'information de gestion ;

? la gestion des ressources humaines et la prise de décision ; ? la gestion financière et comptable ;

? la gestion des risques et la qualité du portefeuille.

Au niveau de ce troisième chapitre nous exposerons quelques systèmes de rating puis les principales considérations théoriques qui déterminent les choix des ratios utilisés pour l'évaluation de la viabilité financière des IMF.

3.1 LES SYSTEMES DE RATING DES IMF

Plusieurs agences d'évaluation et de notation spécialisées en microfinance ont développé différentes méthodologies de rating, qui fournissent une évaluation plus ou moins exhaustive des performances et des risques des institutions de microfinance (PLANET FINANCE, 1998). Chacun des systèmes de rating présente aussi bien des avantages que des limites, compte tenu de la méthodologie utilisée.

29

La viabilité financière des IMF au Bénin

3.1.1 Les méthodologies du rating

Les systèmes de rating visent chacun des objectifs différents et mettent au point leurs propres techniques de notation.

3.1.1.1 Les objectifs et l'utilité du rating

Les méthodes de rating reposent sur la comparaison des IMF et cherchent à rendre compte des différences entre les IMF afin de les encourager à développer des activités pérennes, sans les inciter à s'orienter vers des marchés moins risqués, aux dépends de leurs clients actuels (PLANET FINANCE, 1998).

Ces évaluations permettent aux différents acteurs (les IMF elles mêmes, leurs membres et bénéficiaires, l'Etat et les structures de régulation, les bailleurs de fonds publics comme privés, etc.) de fonder leur collaboration avec les IMF sur des informations fiables et d'encourager le développement et la diffusion de bonnes pratiques au sein du secteur.

3.1.1.2 Les techniques de notation et les limites du rating

Le principe d'une méthode de notation consiste à ce que toutes les IMF soient notées en utilisant une même échelle de notation, échelle qui prend en considération tous les facteurs déterminant du risque et de la performance. Les différents systèmes attribuent deux types de notations, combinées ou non :

? des notations globales pour l'institution ;

? et/ou une note individuelle pour différents ensembles de critères préalablement identifiés.

Les échelles de notation contiennent des paramètres quantitatifs et/ou des facteurs qualitatifs.

Il importe de relever que la comparaison, tout en étant nécessaire pour l'identification des clés du succès des IMF, demeure toujours difficile car les critères ne peuvent rendre parfaitement compte des performances réalisées que s'ils sont replacés dans le contexte d'intervention de chaque IMF.

Les facteurs qui rendent la comparaison difficile et dont il faut tenir compte comprennent entre autres : les procédures comptables, la nature du financement, la maturité de l'IMF, les facteurs environnementaux et la nature de la clientèle cible.

30

La viabilité financière des IMF au Bénin

En tenant compte de ces importantes limites, certaines agences de notation ont développé des systèmes de rating qui ont établi leur notoriété parmi les praticiens, certaines faisant toutefois moins référence que d'autres.

3.1.2 La présentation de quelques systèmes de rating des IMF Au nombre des systèmes de rating les plus connus, il faut citer :

· Le système CAMEL (ONG ACCION) ;

· Le système GIRAFE (Planet Finance) ;

· Le système PEARLS (WOCCU); 3.1.2.1 La notation CAMEL

Créé par des comités de surveillance bancaire en 1978, ce système a été adapté au secteur de la microfinance par l'ONG américaine ACCION.

Au travers de 21 indicateurs quantitatifs et qualitatifs, CAMEL évalue cinq domaines clés de la gestion d'une institution à savoir :

· C : Capital adequacy ou adéquation des fonds propres (i.e. la solvabilité de l'institution) ;

· A : Asset quality ou qualité de l'actif (i.e. la qualité du portefeuille) ;

· M : Management (qualité de la gouvernance, des procédures, du système d'information et de gestion, audit, etc.) ;

· E : Earnings ou bénéfices (rentabilité) ;

· L : Liquidity ou liquidité (capacité d'autofinancement). 3.1.2.2 La notation GIRAFE

Développée par Planet Rating, la méthodologie GIRAFE attribue une notation globale pour l'institution ainsi qu'une note individuelle pour chacun des six domaines suivants :

· G : Gouvernance et processus de décision ;

· I : Information et outil de gestion ;

· R : Risques : analyse et contrôle ;

· A : Activités : produits et services ;

· F : Financement et liquidité ;

31

La viabilité financière des IMF au Bénin

· E : Efficacité et rentabilité. 3.1.2.3 Le rating PEARLS

A l'aide d'une quarantaine d'indicateurs, le rating PEARLS créé par le WOCCU12, évalue six domaines clés de la gestion d'une IMF à savoir :

· P : Protection : sécurité de l'épargne collectée;

· E : Effective financial structure : structure financière;

· A : Asset quality : qualité du portefeuille de prêts ;

· R : Rates of return and costs : rentabilité des actifs et coûts des ressources ;

· L : Liquidity : liquidité et capacité d'autofinancement;

· S: Signs of growth: croissance.

Vu ce qui précède, on constate que les systèmes de rating sont très diversifiés et reposent sur une myriade d'indicateurs. Ainsi, suivant les systèmes considérés, il a été fait appel à des ratios parfois très différents pour l'évaluation de la viabilité financière d'une IMF. Même si un certain effort d'harmonisation des terminologies est en cours, ce problème se complique par celui de la qualité et de la comparabilité des données disponibles d'une IMF à une autre.

3.2 LES CONDITIONS DE DETERMINATION ET LES DIFFERENTES

CATEGORIES DE CRITERES DE VIABILITE.

3.2.1 Les conditions de détermination des critères de viabilité

Lorsque l'évaluation d'une IMF est entreprise, la principale difficulté rencontrée est de trouver des données fiables et actualisées pouvant servir de support à l'analyse des performances financières et économiques de l'institution.

3.2.1.1 La qualité des données

La pertinence de l'évaluation de la viabilité d'une IMF est conditionnée par la qualité des données utilisées.

Déjà en 1993, OTERO et al. soulignaient l'importance des données permettant de calculer les indicateurs liés aussi bien à la capacité de remboursement, à la politique

12 World Council of Credits Unions , Inc. (WOCCU), USA

32

La viabilité financière des IMF au Bénin

de crédit, à la taille du portefeuille, aux ressources financières disponibles qu'à l'efficacité de sa gestion administrative et des ressources humaines.

Plus tard, le CGAP13 (1996), dans le souci d'assurer la qualité et la comparabilité a recommandé un ensemble d'indicateurs pour l'élaboration des rapports périodiques au sein de chaque IMF.

En 1996, la Banque Mondiale propose pour l'élaboration des indicateurs de performances des IMF de prendre en compte les données relatives :

? au portefeuille (caractéristiques des prêts et de la clientèle desservie);

? à la politique de taux d'intérêts ; ? aux revenus des IMF ;

? aux dépenses ;

? et au bilan financier (Actif/Passif, Capitaux Propres/Subventions).

3.2.1.2 La disponibilité des données

La détermination des critères de viabilité d'une IMF est conditionnée par la disponibilité des données au niveau de cette institution et au niveau de tout le système bancaire du pays en question.

Il peut être élaboré un ensemble pertinent d'indicateurs financiers et économiques, mais cette élaboration serait inutile si les données nécessaires pour déterminer ces indicateurs ne sont pas disponibles dans la réalité. C'est dire l'importance de la mise en place au sein des IMF d'un système d'information de gestion (SIG) de qualité, car la disponibilité des données dépend en tout premier lieu de l'existence au sein de l'IMF d'une comptabilité à jour et fiable.

Plusieurs institutions s'investissent dans la mise en place de dispositifs de collecte de données pouvant rendre disponible pour analyse les informations financières, comptables et administratives (PEDERSON 1995, Banque Mondiale 1995, COPESTAKE et AMUAH, 1995).

Suivant la disponibilité des données à collecter, chaque évaluateur pourrait constituer sa propre base de données, mais il est difficile d'être exhaustif compte tenu du coût important des opérations de collecte de données.

13 Comité des donateurs pour le développement des petites entreprises.

33

La viabilité financière des IMF au Bénin

C'est ce qui justifie qu'à différents niveaux du secteur, la recherche de consensus soit en cours autour de l'identification et de la catégorisation des critères utilisés pour l'évaluation de la viabilité des IMF.

3.2.2 Les catégories de critères utilisés

Dans le souci de pouvoir procéder à des évaluations et à des comparaisons sur la base de critères homogènes, et ce, en dépassant les différences de contextes, de pratiques comptables et d'approches méthodologiques, la nécessité de recourir à des indicateurs de références s'est vite imposée dans le secteur.

Ainsi, différentes tentatives d'harmonisation des critères ont été conduites. Le consensus le plus large au sein des praticiens a été réalisé autour des travaux du groupe dit de la (( Table Ronde »14.

Les critères retenus par ce groupe de la (( Table Ronde » sont des ratios d'analyse financière qui ont été définis et classés en quatre (4) grands groupes:

? les ratios de Pérennité/Rentabilité ; ? les ratios de Gestion actif/passif ; ? les ratios de Qualité du portefeuille; ? les ratios d'Efficacité/Productivité.

Compte tenu des données disponibles, la présente étude s'est appuyée sur les principaux ratios proposés par le groupe de la (( Table Ronde » auxquelles ont été ajoutés quelques autres.

Mais avant de présenter les ratios utilisés ici, il convient de mentionner qu'en dehors de ces groupes de critères de performance financière, on distingue parfois des critères de suivi-évaluation de la performance des services non financiers.

3.2.2.1 Les ratios de Pérennité/Rentabilité.

Les ratios de Pérennité/Rentabilité permettent de mesurer la capacité d'une IMF à continuer d'assurer ses prestations sur le long terme. Ils évaluent la mesure dans laquelle les ressources financières disponibles aujourd'hui pourront satisfaire les besoins futurs. La viabilité d'une institution est caractérisée par sa capacité de servir sa

14 Ce document est le fruit des échanges d'un groupe de travail composite (Alternative Credit Technologies, IDB, MBB, M-CRIL, MicroRate, PlaNet Finance, SEEP, USAID, et le CGAP) dit groupe de la "Table Ronde" ayant pour but de lever les confusions liées à la profusion de définitions et d'indicateurs visant à décrire les performances financières des IMF.

34

La viabilité financière des IMF au Bénin

clientèle sans compter sur l'assistance extérieure tout en conservant la valeur réelle de son capital.

Au nombre des ratios utilisés ici nous pouvons mentionner :

1. Le ratio de Rendement des fonds propres (ROE)

Résultat net d'exploitation après impôts

Moyenne des capitaux propres

Ce ratio calcule le taux de rendement sur le montant moyen des capitaux (fonds) propres pour la période.

2. Le ratio de Rendement des actifs (ROA)

Résultat net d'exploitation après impôts.

Montant moyen des actifs

Il évalue dans quelle mesure l'IMF tire parti du montant total de son actif pour générer son résultat.

3. Le ratio d'Autosuffisance Opérationnelle

Produits d'exploitation

Charges financières + Dotation aux provisions pour créances
douteuses + Charges d'exploitation)

Ce ratio permet d'évaluer dans quelle mesure une IMF peut couvrir ses coûts d'opération avec les revenus générés par l'exploitation.

4. Le ratio de la Marge Bénéficiaire

Résultats d'exploitation.

Produits d'exploitation

Ce ratio mesure le pourcentage restant des produits d'exploitation après paiement de toutes les charges financières et d'exploitation et la dotation aux provisions pour créances douteuses.

3.2.2.2 Les ratios de Gestion actif/passif

Ces ratios donnent une indication sur le rendement du portefeuille de même que sur la capacité de l'IMF à équilibrer ses actifs avec ses dettes. Nous pouvons citer :

1. Le ratio du Rendement du portefeuille brut

35

La viabilité financière des IMF au Bénin

Produits financiers comptabilisés en trésorerie sur portefeuille de prêts

Montant moyen brut du portefeuille de prêts

Le ratio du rendement du portefeuille brut est le rapport du revenu financier à l'encours moyen de crédit. Il indique dans quelle mesure le montant brut du portefeuille de prêts permet de générer des produits financiers en espèces par le biais des intérêts, frais et commissions.

2. Le ratio du Coût des ressources

Intérêts et frais financiers sur dettes de financement

Montant moyen des dettes de financement

Il indique le taux d'intérêt moyen pour l'ensemble de l'endettement de l'IMF consacré au financement des concours à la clientèle.

3.2.2.3 Les ratios de Qualité du portefeuille

Ces ratios donnent une indication sur le sérieux avec lequel l'institution financière gère ses avoirs et ils permettent de savoir si les prêts octroyés sont performants ou pas.

1. Le ratio du Portefeuille classé à risque

Portefeuille classé à risque (nombre de jours).

Montant brut du portefeuille de prêts

Il est aussi appelé ratio de qualité du portefeuille et indique la proportion du portefeuille pour laquelle au moins un remboursement est dû et reste impayé depuis un nombre de jours établi.

2. Le ratio d'Abandon de créances

Montant des abandons de créances

Montant moyen brut du portefeuille de prêts

Il représente le pourcentage des prêts de l'IMF qui ont fait l'objet d'un abandon de créances et dont le montant a été déduit du solde du montant brut du portefeuille de prêts car il est peu probable qu'ils puissent être remboursés.

3.2.2.4 Les ratios d'Efficacité/Productivité.

Les ratios d'efficacité financière donnent une indication sur le degré d'efficacité d'une IMF au niveau de l'utilisation de ses ressources, notamment en ce qui concerne ses actifs et son personnel, sur la capacité de l'IMF à servir un plus grand nombre de bénéficiaires avec ses propres ressources et à faible coût. Ces ratios donnent une information précise sur l'efficacité du personnel et des stratégies adoptées, sur les

36

La viabilité financière des IMF au Bénin

possibilités de création de revenus et d'allocation des ressources. Les IMF utilisent un grand nombre d'indicateurs différents pour mesurer l'efficacité et la productivité, en fonction de leur structure organisationnelle propre, de leurs gammes de produits, et de leurs objectifs de contrôle.

1. Le ratio de Coût Opérationnel

Coûts opérationnels

Moyenne Total actifs

Le ratio de coût opérationnel mesure l'efficacité du service à la clientèle traduisant ce que coûte en moyenne un franc d'actif engagé dans l'exploitation par l'IMF pour fournir des services financiers à la clientèle.

2. Le ratio de Coût Opérationnel Pondéré par l'Encours Moyen de Crédit

Coûts opérationnels

Encours Moyen de Crédit

Le ratio de coût opérationnel pondéré par l'encours moyen de crédit mesure l'efficacité du service financier à la clientèle traduisant ce que coûte en moyenne un franc de crédit offert à la clientèle.

3. le ratio de Productivité du personnel

Nombre de clients actifs

Total des effectifs

Cet indicateur mesure la productivité d'ensemble du personnel de l'IMF en terme de gestion de l'ensemble des clients (emprunteurs, épargnants et autres).

Les différents systèmes d'évaluation et les critères ainsi étudiés nous permettrons d'apprécier les performances financières des IMF du Bénin dans l'optique de longévité et d'en déduire les implications qui s'imposent.

37

La viabilité financière des IMF au Bénin
Chapitre 4

CH 4 APPRECIATION DE LA VIABILITE FINANCIERE DES IMF AU BENIN

Nous allons procéder dans ce chapitre à l'appréciation de la viabilité financière de l'ensemble des IMF du Bénin en nous basant sur un échantillon composé des 12 premières IMF en terme d'encours de crédit; elles représentent environ 90% du volume d'activité du secteur. Nous observerons d'abord leurs performances financières que nous analyserons ensuite avant d'envisager les perspectives qui en résultent.

4.1 LES PERFORMANCES FINANCIERES OBSERVEES

Un ensemble de ratios d'analyse financière ont été calculés sur la base de données statistiques des états financiers et annexes des institutions. Nous présentons ici leurs performances aussi bien pour apprécier la Pérennité/Rentabilité, l'efficacité, la gestion actif/passif que la qualité du portefeuille.

Il s'avère important de noter que les tendances observées peuvent présenter de légers écarts par rapport à la réalité. Ainsi de faibles divergences peuvent être relatives aux informations obtenues sur les institutions compte tenu des problèmes de cohérence, de vraisemblance, de comparabilité, de régularité des états financiers et autres documents exploités. Toutefois, les tendances générales ont été prises en compte pour analyse.

En vue d'effectuer une bonne analyse comparative, nous allons nous référer aux moyennes d'indicateurs publiées par le MicroBanking Bulletin15 qui élabore, par zone géographique et par catégorie d'institution, des indicateurs pour le secteur de la microfinance dans le monde.

Le MicroBanking Bulletin distingue pour les IMF africaines trois groupes de référence.

? Le groupe de référence n° 1 : Gpe1 (grandes institutions)16 qui rassemble les IMF ayant un encours de crédit supérieur à 5 millions de dollars US.

15 Voir annexes.

16 Le PADME et le PAPME appartiennent au groupe de référence N°1 (Peer groupe n°1 de novembre 2002 : Africa Large) des IMF africaines qui envoient leurs états financiers au MicroBanking Bulletin et qui comprend les IMF suivantes : CERUDEB, EBS, Kafo Jiginnew, K-REP, Nyésigiso, Pamécas, et PRIDE Tanzeanie

38

La viabilité financière des IMF au Bénin

? Le groupe de référence n° 2 : Gpe 2 (institutions moyennes) pour celles qui ont entre 2 et 5 millions de dollars US d'encours de crédit.

? Le groupe de référence n°3 : Gpe 3 (petites institutions) pour celles ayant moins de 2 millions de dollars US d'encours de crédit.

En appliquant cette catégorisation à notre échantillon, le groupe des grandes institutions comprend : la FECECAM, le PADME et le PAPME. Celui des institutions moyennes regroupe : l'AssEF, la FINADEV et VITAL FINANCE. Convergence 2000, ID, Caisse CODES, CBDIBA CPEC et MDB sont les petites institutions.

4.1.1 Evaluation de la Pérennité/Rentabilité

Le domaine Pérennité/Rentabilité sera évalué par le biais de trois ratios : le ratio de rentabilité des actifs (ROA), le ratio de rendement des fonds propres (ROE) et le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

4.1.1.1 Le ratio de rendement des actifs : ROA

Résultat net d'exploitation après impôts/Montant moyen des actifs ; cf. Tableau 3 et Figures 3a, 3b, 3c.

Tableau 3 : Evolution du ROA de 2000 à 2002

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

9,4%

13,7%

11,3%

PAPME

16,0%

10,3%

15,0%

FECECAM

-6,0%

-4,0%

-0,4%

Gpe 1 Moy.Reg.2002*

 
 

0,2%

VITAL-FINANCE

11,6%

12,8%

8,2%

AsseF

8,1%

3,7%

31,1%

FINADEV

ND

ND

0,9%

Gpe 2 Moy.Reg. 2002*

 
 

-7,3%

CPEC

8,6%

10,5%

6,0%

C. 2000

-26,7%

-27,6%

-5,2%

CBDIBA/CAVECA

2,9%

1,1%

3,6%

MDB

1,0%

0,5%

4,9%

CAISSE CODES

4,5%

33,6%

 

ID

ND

-11,8%

ND

Gpe 3 Moy.Reg. 2002* -5,0%

Source: Calculés à partir des données du CMF. * données MBB

39

La viabilité financière des IMF au Bénin

Au niveau du groupe des grandes IMF, le PADME et le PAPME affichent respectivement 11,3% et 15% à fin 2002 en ce qui concerne la rentabilité des actifs (figure 3a).

Le niveau atteint par le PADME dénote d'un recul par rapport à 2001 où il était déjà à 13,7%. Le PADME aurait donc en 2002 consacré plus d'investissement en terme d'actifs immobilisés et de formation du personnel au détriment de l'encours de crédit.

Le PAPME quant à lui est revenu pratiquement au même niveau que celui de 2000 (16%) après avoir plongé jusqu'à atteindre les 10% en 2001. Toutefois, ces institutions se trouvent toutes à un niveau beaucoup plus élevé que celui de la moyenne continentale qui est de 0,2% pour les grandes institutions du MicroBanking Bulletin (MBB).

La FECECAM, troisième grande institution parmi les IMF étudiées, présente quant à elle, un taux de ROA négatif passant de - 6 % en 2000 à - 0,4% en 2002. Elle se rapproche ainsi à la fin de 2002 (avec ses - 0,4%) de la moyenne continentale des grandes institutions (0,2%)17.

Au niveau des institutions moyennes (AssEF, Vital Finance, FINADEV), il apparaît en 2003 des taux situés entre 0,9% et 31%, lesquels sont nettement supérieurs à la moyenne continentale : -7,3% (Figure 3b).

Les petites institutions de microfinance aussi se comportent bien par rapport à ce ratio (figure 3c) et se trouvent dans la tranche de 0,5% à 33,6% alors que la moyenne continentale est de - 15,5%. Seule Convergence 2000 vient juste d'atteindre la barre des - 5% en 2002 alors qu'elle était autour de - 27% en 2000 et 2001.

Les institutions étudiées se comportent bien de façon générale pour le rendement des actifs comparativement à la norme de la BCEAO (3%) sauf la FECECAM, Convergence 2000 et ID.

17 Ceci est un résultat nettement encourageant vu l'ampleur de la crise de portefeuille que la FECECAM avait connu en 1997.

40

La viabilité financière des IMF au Bénin

-10%

20%

-5%

15%

10%

5%

0%

Evolution du ROA: 2 0 0 0 -2 0 0 2 (Gdes IM F)

2000 2001 2002

2002

PADM E

PAPM E

FECECAM

M oy.Reg.

Figure 3a: ROA pour les grandes IMF

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

-5%

-10%

 
 
 

VITAL-

Evolution du ROA: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (IM F M oy.)

2000

2001

2002

FINANCE AsseF FINADEV M oy.Reg. 2002

Figure 3h: ROA pour les IMF moyennes

40%

30%

20%

10%

0%

-10%

-20%

-30%

-40%

2000

2001

,

2002

CPEC

C. 2000

CBDIBA/

CAVECA

MDB

CAISSE

CODES

Evolution du ROA: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Ptes IMF)

Figure 3c: ROA pour les petites IMF

41

La viabilité financière des IMF au Bénin

4.1.1.2 Le ratio de rendement des fonds propres : ROE

(ROE=Résultat net d'exploitation après impôts/Moyenne des capitaux propres ; cf. Tableau 4, Figures 4a, 4b, et 4c).

Tableau 4 : Evolution du ROE de 2000 à 2002

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

20,9%

34,6%

25,1%

PAPME

25,6%

51,8%

58,9%

FECECAM

-92,6%

-163,8%

-21,1%

Gpe 1 Moy.Reg. 2002*

 
 

-5,0%

VITAL-FINANCE

21,3%

27,1%

19,6%

AsseF

30,8%

32,6%

34,1%

FINADEV

ND

ND

2,7%

Gpe 2 Moy.Reg. 2002*

 
 

11,0%

CPEC

10,9%

13,2%

11,4%

C. 2000

ND

ND

-27,6%

CBDIBA/CAVECA

7,6%

4,4%

5,6%

MDB

5,0%

3,7%

30,0%

CAISSE CODES

23,6%

22,3%

15,7%

ID

ND

-44,8%

ND

Gpe 3 Moy.Reg. 2002* -24,0%

Source: Calculés à partir des données du CMF. * données MBB

L'évolution observée au niveau du ratio de rendement des fonds propres nous montre que le PADME et le PAPME affichent des taux nettement positifs et supérieurs à la moyenne continentale des grandes institutions qui est de -5%(Tableau 4, figure 4a).

En 2002, ces taux sont de 29,1 % et de 58,0 % respectivement pour le PADME et le PAPME ; ils restent donc très attractifs au regard du marché financier puisque présentant un effet de levier financier intéressant pour la levée de fonds surtout que ces deux institutions placent du crédit direct.

La FECECAM affiche des taux négatifs sur les trois exercices et reste largement en dessous de la moyenne continentale des grandes institutions (-5%) passant de - 92,6% en 2000 à - 21,1% en 2002. Cette évolution traduit néanmoins les efforts d'assainissement entrepris après la crise dont elle est entrain de se remettre. Les institutions coopératives d'épargne et de crédit présentent la particularité de pouvoir indéfiniment augmenter leur capital sans devoir recourir au marché financier ; c'est pourquoi, dans la pratique, ces institutions restent moins sensibles à ce ratio.

Les institutions moyennes (AssEF, Vital Finance et FINADEV) présentent des taux intéressants, largement supérieurs à la moyenne régionale qui est de - 11% (Tableau 4,

42

La viabilité financière des IMF au Bénin

figure 4b). AssEF se situe dans le voisinage de 34% tandis que Vital Finance se trouve autour de 20%. La FINADEV quant à elle affiche un taux plus faible pour cet indicateur (2,7%).

Les petites institutions (Tableau 4, Figure 4c) à l'exception de Convergence 2000 et ID sont restées largement au dessus de la moyenne régionale de - 24%.

2000

2001

2002

Figure 4a: ROE pour les grandes IMF

40%

PADM E PAPM E FECECAM Moy.Reg. 2002 VITAL-FINANCE

35%

30%

AsseF

25%

20%

FINADEV

15%

10%

M oy.Reg.

2002

5%

0%

2000 2001 2002

Evolution du ROE: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (IM F M oy.)

100%

50%

0%

-50%

-100%

-150%

-200%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Evolution du ROE: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Gdes IM F)

Figure 4h: ROE pour les IMF moyennes

43

La viabilité financière des IMF au Bénin

40%

CPEC

30%

C. 2000

20%

10%

0%

-10%

-20%

-30%

-40%

-50%

 
 
 

Evolution du ROE: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Petites IM F)

CBDIBA/

CAVECA

M DB

CAISSE

CODES

ID

Moy.Reg.

2002

2000

2001

2002

Figure 4c: ROE pour les petites IMF

4.1.1.3 Le ratio d'autosuffisance opérationnelle

(ROA= Produits d'exploitation/(Charges financières + Dotations aux provisions pour créances douteuses + Charges d'exploitation) ; cf. Tableau 5, Figures 5a, 5b, et 5).

Par rapport à ce ratio, on obtient le classement suivant dans le groupe des grandes institutions (Tableau 5, figure 5a): PADME ; PAPME et FECECAM.

Le PADME apparaît comme l'institution qui se porte le mieux en terme d'autosuffisance opérationnelle jusqu'en 2001, avec un taux qui a dépassé les 300% cette année-là avant de revenir à 219% en 2002.

Le PAPME également réussit à couvrir ses coûts opérationnels sur la période sous revue. Pour cette IMF, le niveau du ratio s'améliore régulièrement en passant de 159%, en 2001 à près de 313% en 2002.

Ces deux institutions se trouvent dans une position confortable par rapport à la moyenne régionale qui est de 125% pour cet indicateur.

L'évolution de ce ratio au niveau de la FECECAM montre qu'elle ne couvre ses coûts opérationnels qu'à hauteur de 97,5% à fin 2002 contre 75 % et 79% respectivement en 2000 et 2001 : elle est donc restée en dessous de la moyenne régionale pour cet indicateur (125%).

44

La viabilité financière des IMF au Bénin

Tableau 5 : Evolution du Ratio d'Autosuffisance Opérationnelle (2000-2002)

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

214,3%

306,3%

219,3%

PAPME

158,5%

227,3%

312,8%

FECECAM

75,0%

78,8%

97,5%

Gpe 1 Moy.Reg. 2002*

 
 

125,0%

VITAL-FINANCE

155,5%

199,6%

168,8%

AsseF

136,6%

127,0%

117,2%

FINADEV

ND

ND

108,3%

Gpe 2 Moy.Reg. 2002*

 
 

90,0%

CPEC

220,1%

187,7%

173,4%

C. 2000

90,6%

21,7%

84,7%

CBDIBA/CAVECA

126,0%

111,0%

160,8%

MDB

105,8%

101,8%

124,7%

CAISSE CODES

 

133,6%

123,2%

ID

ND

38,0%

131,2%

Gpe 3 Moy.Reg. 2002* 85,0%

Source: Calculés à partir des données du CMF. * données MBB

Les institutions de taille moyenne se classent comme suit par rapport au ratio d'autosuffisance opérationnelle (Tableau 5, Figure 5b) : Vital Finance ; AssEF et FINADEV.

Vital Finance est autosuffisante sur la période d'étude. Elle a réalisé sa meilleure performance en 2001 avec plus de 199% tandis que AssEF a vu son taux qui était de 137% en 2000, s'éroder progressivement pour s'établir à 117% en 2002. Quant à FINADEV, elle est proche de l'autosuffisance pour l'exercice 2002, sa première année d'existence.

Toutes les trois IMF moyennes étudiées affichent ainsi des taux supérieurs à la moyenne régionale du MicroBanking Bulletin qui est de 90%.

45

La viabilité financière des IMF au Bénin

Evolution de l'AutoOp: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Gdes IM F)

 
 
 
 
 
 
 
 

2000 2001 2002

0%

350%

300%

250%

200%

150%

100%

50%

PADM E

PAPM E

FECECA

M

M oy.Reg.

2002

Figure 5a: Ratio d'autosuffisance opérationnelle pour les grandes IMF

250%

200%

150%

100%

50%

0%

Evolution de l'AutoOp: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (IM F M oy.)

2000 2001 2002

AsseF

VITAL-

FINANCE

2002

FINADEV

M oy.Reg.

Figure 5h: Ratio d'autosuffisance opérationnelle pour les IMF moyennes

250%

200%

150%

100%

50%

0%

Evolution de l'AutoOp: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Ptes IM F)

2000 2001 2002

2002

CPEC

C. 2000

CBDIBA/

CAVECA

MDB

CAISSE

CODES

ID

M oy.Reg.

Figure 5c: Ratio d'autosuffisance opérationnelle pour les petites IMF

46

La viabilité financière des IMF au Bénin

Par ailleurs, les petites IMF ne couvrent pas réellement leurs coûts opérationnels En 2002 elles affichent des taux nettement supérieurs à la moyenne continentale de 85%, à l'exception du CPEC qui est autosuffisante au cours de la période sous revue. Convergence 2000 est la plus faible des IMF par rapport à ce critère.

4.1.2 Evaluation de la gestion actif/passif

Vu les informations dont nous disposons, nous calculerons le ratio du rendement du portefeuille brut, dans le but d'apprécier la capacité des IMF à équilibrer leurs actifs avec leurs dettes.

Ratio du rendement du portefeuille brut = Produits financiers/Montant moyen brut du portefeuille de prêts ; cf. Tableau 6, Figures 6a, 6b, et 6c).

Tableau 6: Evolution du Rendement du portefeuille (2000 à 2002)

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

23,8%

24,1%

23,6%

PAPME

16,3%

17,4%

16,4%

FECECAM

12,3%

15,2%

26,3%

Gpe 1 Moy.Reg. 2002*

 
 

34,0%

VITAL-FINANCE

22,1%

20,8%

20,5%

AsseF

26,8%

23,0%

28,8%

FINADEV

ND

ND

12,4%

Gpe 2 Moy.Reg. 2002*

 
 

25,0%

CPEC

5,8%

26,7%

27,1%

C. 2000

41,2%

43,5%

48,3%

CBDIBA/CAVECA

12,3%

12,1%

12,8%

MDB

16,5%

18,6%

19,4%

CAISSE CODES

5,1%

15,4%

23,2%

ID

ND

16,7%

13,2%

Gpe 3 Moy.Reg. 2002* 50,0%

Source: Calculés à partir des données du CMF. * données MBB

Le rendement du portefeuille, actif le plus productif de l'ensemble des actifs de l'IMF, doit couvrir en terme financier tous les coûts opérationnels de manière à permettre à l'institution d'être opérationnellement autosuffisante.

Au niveau des grandes institutions le classement suivant le ratio de rendement du portefeuille donne dans l'ordre : FECECAM 26,3%, PADME 23,6% et PAPME 16,4%, contre une moyenne régionale de 34% en 2002 (Tableau 6, Figure 6a).

47

La viabilité financière des IMF au Bénin

40%

25%

20%

35%

30%

15%

10%

5%

0%

2000 2001 2002

Evolution du RPPo: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Gdes IM F)

2002

PADM E

PAPM E

FECECA

M

M oy.Reg.

Figure 6a: Rendement du portefeuille pour les grandes IMF

25%

20%

35%

30%

15%

10%

5%

0%

2000 2001 2002

Evolution du RPPo: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (IM F M oy.)

AsseF

VITAL-

FINANCE

2002

FINADEV

M oy.Reg.

Figure 6h: Rendement du portefeuille pour les IMF moyennes

Evolution du RRPo: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Ptes IMF)

 

CPEC

C. 2000

CBDIBA/

CAVECA

MDB

CAISSE

 
 
 
 
 
 
 

2000 2001 2002

0%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

CODES

ID

Moy.Reg.

2002

Figure 6c: Rendement du portefeuille pour les petites IMF

48

La viabilité financière des IMF au Bénin

4.1.3 Evaluation de l'efficacité

Pour mesurer la capacité des IMF à servir à faible coût un plus grand nombre de bénéficiaires à partir de leurs ressources propres, nous utiliserons deux ratios d'évaluation à savoir : le ratio des coûts opérationnels et le ratio des coûts opérationnels pondérés par l'encours moyen de crédit.

4.1.3.1 Le ratio des coûts opérationnels

Coûts opérationnels/Moyenne Total actifs ; cf. Tableau 7, Figures 7a, 7b, et 7c.

Il est important de noter que la proportion des actifs consacrée aux charges opérationnelles pour assurer efficacement le service, doit être couverte par ce que rapporte le portefeuille en terme de rendement.

Pour ce critère, toutes les IMF étudiées présentent, quelle que soit leur catégorie de taille, des valeurs inférieures à la moyenne régionale de cet indicateur.

Ainsi, les IMF béninoises de grande taille (Tableau 7, Figure 7a) affichent des taux nettement inférieurs à la moyenne régionale de 22% (2002) pour leur catégorie (PADME 10%, PAPME 7% et FECECAM 16%).

Tableau 7: Ratio de coût opérationnel (2000 à 2002)

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

8,2%

6,6%

9,5%

PAPME

27,4%

8,1%

7,1%

FECECAM

24,1%

19,0%

16,0%

Gpe 1 Moy.Reg. 2002*

 
 

22,0%

VITAL-FINANCE

20,9%

12,8%

11,9%

AsseF

22,1%

13,5%

180,6%

FINADEV

ND

ND

10,7%

Gpe 2 Moy.Reg. 2002*

 
 

49,0%

CPEC

7,1%

12,0%

8,2%

C. 2000

 

35,2%

34,2%

CBDIBA/CAVECA

11,1%

10,0%

5,9%

MDB

17,1%

26,5%

20,0%

CAISSE CODES

0,5%

100,0%

 

ID

ND

19,0%

ND

Gpe 3 Moy.Reg. 2002* 50%

Source: Calculés à partir des données du CMF. * données MBB

La moyenne régionale au niveau des IMF moyennes est de 49% tandis que Vital Finance affiche 12%, FINADEV 10% et AssEF 181% (Tableau 7, Figure 7b).

49

La viabilité financière des IMF au Bénin

Les petites IMF montrent elles aussi des taux inférieurs à la moyenne régionale de leur catégorie qui est de 50% (Tableau 7, Figure 7c). Cette tendance générale est l'expression du niveau relatif de professionnalisme caractérisant le développement de l'offre de microcrédits au Bénin.

Evolution du Rcop: 2 0 0 0 -2 0 0 2 (Grdes IM F)

 
 
 
 
 
 
 

2000 2001 2002

5%

0%

30%

25%

20%

15%

10%

PADM E PAPM E FECECA M

M oy.Reg.

2002

Figure 7a: Ratio de coût opérationnel pour les grandes IMF

200%

180%

160%

140%

120%

100%

40%

20%

80%

60%

0%

Evolution du RCOp: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (IM F M oy.)

2000 2001 2002

AsseF

VITAL-

FINANCE

Moy.Reg.

2002

FINADEV

Figure 7h: Ratio de coût opérationnel pour les IMF moyennes

120%

100%

40%

20%

80%

60%

0%

Evolution du RCOp: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Ptes IM F)

2000 2001 2002

CPEC

C. 2000

CBDIBA/

CAVECA

M DB

CAISSE

CODES

ID

Moy.Reg.

2002

Figure 7c: Ratio de coût opérationnel pour les petites IMF

50

La viabilité financière des IMF au Bénin

Les trois grandes institutions devraient logiquement être toutes autosuffisantes puisque leurs ratios de coûts opérationnels sont inférieurs à leurs rendements du portefeuille. La FECECAM n'a pas obéit à cette logique et n'a pu atteindre cette autosuffisance. Ce paradoxe résulterait du calcul du ratio de rendement du portefeuille sur la base de l'encours moyen alors que celui des coûts opérationnels est calculé en se basant sur la moyenne du total des actifs. Une meilleure comparaison aurait donc pu se faire en ramenant les coûts opérationnels à la même base que celle de calcul du rendement du portefeuille : l'encours moyen de crédit.

4.1.3.2 Le ratio des coûts opérationnels pondérés par l'encours moyen de crédit Coûts opérationnels/Encours moyen de crédit ; cf. Tableau 8, Figures 8a, 8b, et 8c.

Le ratio des coûts opérationnels ainsi calculé à partir de l'encours moyen de crédit donne pour la FECECAM, 65,5% ; 75,0% et 40,1% respectivement pour les années 2000, 2001 et 2002 (Tableau 8).

La FECECAM a en 2002, un ratio de coûts pondérés nettement supérieur aux 26,3% affichés comme rendement du portefeuille (Tableau 7) ; ceci montre effectivement que la FECECAM ne pouvait être autosuffisante car son portefeuille d'encours ne génère pas assez de revenus pour la couverture des coûts opérationnels.

Tableau 8: Evolution du ratio de coûts opérationnels pondérés par l'encours de crédit

(2000 à 2002)

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

11,5%

10,6%

13,6%

PAPME

19,7%

12,4%

8,7%

FECECAM

65,5%

75,0%

40,1%

Gpe 1 Maximum BCEAO*

 
 

35,0%

VITAL-FINANCE

41,1%

21,0%

17,5%

AsseF

38,9%

21,6%

23,6%

FINADEV

ND

ND

13,8%

Gpe 2 Maximum BCEAO*

 
 

35,0%

CPEC

10,4%

14,9%

15,8%

C. 2000

 

43,1%

57,0%

CBDIBA/CAVECA

16,6%

20,4%

14,1%

MDB

23,2%

35,7%

25,4%

CAISSE CODES

0,9%

28,8%

35,3%

ID

ND

51,9%

26,8%

Gpe 3 Maximum BCEAO* 35,0%

Source: Calculés à partir des données du CMF * données BCEAO

51

La viabilité financière des IMF au Bénin

40%

20%

80%

70%

60%

50%

30%

10%

0%

Evolution du RCOpP: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Gdes IM F)

2000 2001 2002

PADM E

PAPM E

FECECA

M

M aximum

BCEAO

Figure 8a: Ratio de coût opérationnel pondéré pour les grandes IMF

Evolution du RCOpP: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (IM F M oy.)

 

VITAL-

 
 
 
 
 
 
 
 

2000 2001 2002

5%

0%

45%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

FINANCE

AsseF

FINADEV

M aximum

BCEAO

Figure 8h: Ratio de Coût opérationnel pondéré pour les IMF moyennes

Evolution du RCOpP: 2 0 0 0 à 2 0 0 2 (Ptes IM F)

 

CPEC

C. 2000

CBDIBA/

CAVECA

 
 
 
 
 

2000 2001 2002

0%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

M DB

CAISSE

CODES

ID

M aximum

BCEAO

Figure 8c: Ratio de Coût opérationnel pondéré pour les petites IMF

Au niveau des institutions moyennes, nous remarquons que AssEF et Vital Finance affichent 28,8% et 20,5% respectivement comme rendement moyen en 2002 contre

52

La viabilité financière des IMF au Bénin

des ratios de coûts de 18% et 12% respectivement, confirmant ainsi leur autosuffisance déjà révélée par le ratio d'autosuffisance opérationnelle au Tableau 5 (voir Figure 5b). Par contre nous observons au niveau de la FINADEV un scénario similaire à celui de la FECECAM : avec un taux de rendement du portefeuille de 12,4% et un ratio de coûts opérationnels pondérés de 13,8% en 2002, il apparaît que la FINADEV n'est pas en réalité autosuffisante cette année-là.

L'analyse des petites institutions à partir du ratio des coûts opérationnels pondérés par l'encours moyen de crédit nous montre que Convergence 2000 et CBDIBA n'étaient pas effectivement autosuffisantes.

4.1.4 Evaluation de la qualité du portefeuille

La qualité de portefeuille pourrait être appréciée grâce au ratio d'abandon de créances et au ratio de portefeuille à risque (à 30 jours et à 90 jours).

Principal indicateur de la qualité du portefeuille d'une IMF, le ratio du portefeuille à risque est le reflet de la pertinence des procédures qui régissent la gestion du portefeuille et de la qualité des mesures de suivi et de recouvrement des crédits mises en place par les agents de crédit et les responsables de portefeuille.

Ici, compte tenu des informations disponibles, nous apprécierons la progression du niveau des créances en souffrance c'est-à-dire le portefeuille d'impayés à plus de 90 jours.

Tableau 9: Evolution du ratio du portefeuille à risque (2000 à 2002)

INSTITUTION

 

2000

 

2001

 

2002

PADME

0,3%

0,3%

0,4%

PAPME

5,0%

2,8%

7,6%

FECECAM

15,8%

7,4%

6,2%

Gpe 1 Maximum toléré*

 
 

5,0%

VITAL-FINANCE

0,5%

1,3%

1,0%

AsseF

0,0%

0,0%

1,9%

FINADEV

 
 

0,2%

Gpe 2 Maximum toléré*

 
 

5,0%

CPEC

0,0%

4,8%

1,3%

C. 2000

12,6%

6,1%

14,0%

CBDIBA/CAVECA

9,9%

15,1%

17,0%

MDB

15,8%

4,2%

1,5%

CAISSE CODES

0,0%

4,4%

21,3%

ID

 

9,9%

2,3%

Gpe 3 Maximum toléré* 5,0%

Source: Calculés à partir des données du CMF. * données MBB

53

La viabilité financière des IMF au Bénin

18%

16%

14%

12%

10%

4%

2%

8%

6%

0%

Evolution du taux d' impayés de 2000 à 2002 ( Gdes IMF)

2000 2001 2002

M aximum

toléré

PADM E

PAPM E

FECECA

M

Figure 9a: Ratio du portefeuille à risque pour les grandes IMF

4%

2%

6%

5%

3%

0%

1%

Evolution du taux d' impayés de 2000 à 2002 ( IMF Moy.)

2000 2001 2002

AsseF

VITAL-

FINANCE

M aximum

toléré

FINADEV

Figure 9h: Ratio du portefeuille à risque pour les IMF moyennes

25%

20%

15%

10%

5%

0%

2000 2001 2002

Evolution du taux d 'impayés de 2 0 0 0 à 2 0 0 2

(Ptes IM F)

M aximum

toléré

CPEC

C. 2000

CBDIBA/

CAVECA

MDB

CAISSE

CODES

ID

Figure 9c: Ratio du portefeuille à risque pour les petites IMF

54

La viabilité financière des IMF au Bénin

Parmi les grandes institutions, le PADME demeure la seule qui présente un taux de portefeuille à risque très faible. C'est l'institution qui maîtrise le mieux son portefeuille à risque (0,3%). Ses taux sont restés en dessous de 0,5% depuis 2000.

Le PAPME quant à lui, reste dans la tranche de 2,8% à 7,6% entre 2000 et 2002 tandis que la FECECAM affiche des taux de 15,4%, 7,4% et 6,2% de 2000 à 2002, ce qui révèle des efforts appréciables d'assainissement accomplis par cette dernière à la suite de la crise qu'elle a connue. Il s'avère donc important que ce cap soit maintenu pour les prochaines années.

Parmi les IMF moyennes, FINADEV et Vital Finance affichent des taux nettement meilleurs à ceux de AssEF, qui est néanmoins restée en dessous de la barre des 5% en 2001.

Quant aux petites IMF de l'échantillon, la MDB reste la seule à avoir considérablement amélioré la gestion de son portefeuille en ramenant à 1,5% en 2002 son portefeuille à risque qui était de 15% en 2000.

Toutefois, CPEC affiche aussi des performances appréciables puisqu'elle a maintenu son portefeuille à risque en dessous de la barre des 5% sur toute la période sous revue.

Ces différents constats effectués sur les institutions étudiées suscitent un certain nombre de réflexions qui nous conduirons à envisager quelques perspectives.

4.2 ANALYSES ET PERSPECTIVES

Les résultats qui viennent d'être présentés nous suggèrent d'orienter nos analyses autour de deux axes de préoccupation. Nous examinerons d'abord les difficultés que rencontrent les IMF pour s'assurer une autonomie à travers le cheminement vers l'autosuffisance opérationnelle avec les fonds dont ils disposent et la question des marges bénéficiaires. Ensuite nous analyserons les problèmes de gestion de la qualité du portefeuille de crédit des IMF.

4.2.1 L'autonomie des institutions

4.2.1.1 L'autosuffisance

Afin de s'assurer l'autosuffisance opérationnelle indispensable à leur viabilité financière, les IMF doivent rentabiliser les fonds de crédit dont ils disposent. Elles doivent donc atteindre un niveau suffisant de productivité financière de leurs services de crédit et des activités diverses.

55

La viabilité financière des IMF au Bénin

Or, bon nombre d'initiatives sont soutenues par les bailleurs dans une optique welfariste privilégiant le développement social. Ces bailleurs conçoivent et financent des programmes dont la mise en oeuvre vise plutôt le social que la rentabilité à terme et encore moins les objectifs d'autonomie qui constituent plus le souci des institutions que celui des partenaires. Les institutions ressentent donc moins le besoin d'un recours au marché financier en vue d'augmenter leurs capacités de financement, ce qui ne les incite pas à une meilleure gestion de leurs actifs pour en tirer le meilleur parti. La dépendance par rapport aux subventions freine ainsi l'engagement sur des chemins plus rentables mais peu empruntés par les bailleurs.

La norme d'un minimum de productivité financière de 3% prescrite par la BCEAO est respectée par 7 institutions18 sur les 12 étudiées, soit un pourcentage de 58% de l'échantillon.

Le recours aux subventions n'encourage donc pas la quête de rentabilité financière ; même s'il faut reconnaître que les subventions sont indispensables dans la période d'enfance de l'institution allant de 3 à 5 ans (PLANET FINANCE, 2004).

De fait, les structures n'affichent pas en général un volume d'affaires suffisant leur permettant de passer le seuil de rentabilité ou bien n'arrivent pas à réaliser, comme nous l'analyserons plus loin, un différentiel de taux suffisant entre le coût de leurs ressources (épargne collectée, ligne de crédit, capital) et le coût du crédit ; ou alors elles se positionnent sur des segments du marché peu rentables ou déjà saturés qui les confrontent à des effets de seuil. Or, Il faut pour chaque institution un volume d'affaires donné pour atteindre son point mort, c'est à dire réussir à couvrir ses frais fixes et parvenir à dégager des profits. Le positionnement doit donc être fait sur un segment suffisamment dense pour leur permettre d'accroître non seulement le nombre de clients mais aussi la taille des crédits. Dès lors, il faut que les institutions

puissent fidéliser leur clientèle, puisque la taille du crédit évolue avec les
renouvellements.

Si le segment commence à se saturer, des effets de seuil limitent la croissance du portefeuille et les risques de sa détérioration s'accroissent rapidement car plusieurs institutions s'adressent à une même clientèle cible avec des produits similaires.

18 AssEF, Caisse CODES, CPEC, MDB, PADME, PAPME, Vital Finance.

56

La viabilité financière des IMF au Bénin

Ce phénomène s'observe au niveau des institutions telles le PADME et le PAPME dont le ralentissement de croissance s'explique largement par le fait qu'ils se retrouvent progressivement sur le même segment de marché avec des produits assez ressemblants. Le recours à une diversification de produits adaptés à la demande avec une différenciation assez prononcée devrait s'avérer judicieux.

4.2.1.2 La gestion de la marge bénéficiaire.

Généralement les IMF s'alignent sur les taux d'intérêt pratiqués par les grandes institutions de la place19 (2% mensuel par exemple), sans tenir compte de leur propre structure de coût, ce qui ne leur permet pas de dégager un différentiel suffisant «presque toujours supérieur à 15% même dans une organisation efficace» (DOLIGEZ et GENTIL, 2000).

Pour fixer leur taux d'intérêt (R), les IMF devraient tenir compte de cinq variables (ROSENBERG, 1997)20. Il s'agit des frais généraux (FG), des créances irrécouvrables (CI), du coût des ressources (CR), du taux de capitalisation souhaité (K) et du produit des placements (PP). A défaut de pouvoir le faire évoluer à la hausse, la nécessité reste de s'aligner sur la concurrence car « le taux d'intérêt est un paramètre que l'on ne peut manipuler au risque de perdre sa clientèle ou de compromettre la viabilité de l'institution » (BCEAO, 2001). Il faut alors chercher à réduire les agrégats qui influencent à la baisse le différentiel, à savoir : le coût des ressources, les frais généraux et le coût des créances irrécupérables.

La législation sur l'usure, en fixant actuellement à 27% le TEG21 à ne pas dépasser, constitue une limite pour les IMF : elle réduit leur marge de manoeuvre pour l'atteinte de la viabilité financière22. Or, le contenu de l'intérêt en microfinance n'est pas le même que celui des banques commerciales. Le taux d'intérêt facturé par les IMF n'est pas seulement la rémunération due par l'emprunteur au prêteur en contrepartie de la mise à disposition d'un capital pendant une durée déterminée (Planet Finance, 2004),

19 PADME, PAPME et FECECAM.

20 Le taux d'intérêt effectif annualisé (R) est fonction de 5 éléments exprimés chacun en pourcentage du portefeuille de prêts suivant la formule : R= (FG + CI+ CR + K - PP) / (1-CI)

21 TEG : Taux Effectif Global (l'usure dans l'UMOA est définie par l'art. 1er de la loi-cadre modificative du 27 mars 1997).

22 Toutefois dans la pratique le taux d'usure au Bénin actuellement est de 29,10% en application du décret cadre de 1992 confirmé par l'arrêté n° 1910 du 12 décembre 1992 du ministre béninois des finances, le parlement n'ayant pas encore inclus dans le droit positif béninois, les dispositions de la loi-cadre modificative de 1997

57

La viabilité financière des IMF au Bénin

il inclut aussi le prix d'autres services non financiers offerts par les IMF à leur clientèle. Il s'agit de :

? la mise du fonds de crédit à la disposition du client pour une période donnée ; ? la formation à la gestion et à la tenue de document comptable ;

? le suivi-conseil de l'activité génératrice de revenus exercée par le client ;

? la collecte de remboursements par des agents opérationnels chez le client (BCEAO, 2001).

Savoir astucieusement combiner de façon optimale les autres éléments de prix du service au taux d'intérêt nominal pour accroître les produits tirés de l'exploitation est donc un objectif important à poursuivre.

Certaines institutions, montrent un taux de rendement des actifs très faible ou négatif (33% des institutions étudiées)23. Or, un bon niveau de rendement des actifs est indispensable pour profiter pleinement du levier financier lorsque l'IMF recourt au marché financier. Le taux de rendement des actifs est en effet un facteur d'attraction pour les investisseurs. Ces institutions qui présentent actuellement un faible rendement de leurs actifs doivent donc faire un effort sur les prochaines années pour renverser cette tendance.

Une analyse plus approfondie fait ressortir que l'observation d'un faible taux de rendement des actifs correspond à une faiblesse du résultat de l'exploitation. L'augmentation du taux de rendement des actifs nécessite donc une amélioration des résultats de l'exploitation. Pour ce faire, les institutions doivent augmenter les produits par rapport aux charges afin d'obtenir une meilleure marge bénéficiaire. Ceci nécessite un accroissement du montant moyen de prêts au détriment du nombre de prêts tout en maintenant l'expansion de la clientèle ; la gestion d'un grand nombre de petits prêts coûtant plus cher que celle d'un seul prêt de grand montant (NTEZIYAREMYE et al. , 1996).

Or, la faiblesse des fonds de crédit oblige les institutions à distribuer des produits de tailles plus petites en vue de la division des risques, et de la réduction du risque porté sur un seul client24 et, afin d'essayer d'atteindre le plus grand nombre possible de

23 Convergence 2000, FECECAM, et ID.

24 Ratio prudentiel de « limitation des risques pris sur un seul membre » qui ne doit pas excéder 10% des dépôts ; article 53 du décret d'application de la loi portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit (BCEAO 1998).

58

La viabilité financière des IMF au Bénin

clients ; ce dernier objectif étant en général celui des bailleurs desquels elles dépendent pour la mise à disposition du fonds de crédit indispensable à leur activité.

En outre, les charges et les risques sont très élevés pour la gestion d'un grand nombre d'opérations de faible montant très dispersées géographiquement. La gestion de telles opérations demande plus de professionnalisme de la part d'un personnel de base qui, en général, est formé sur le tas et ne bénéficie pas ou peu de formations spécifiques au domaine. Les institutions font alors recours à une assistance technique étrangère pour la mise en place de procédures et d'outils visant à atteindre des niveaux de performances techniques et financières élevés.

Les IMF concernées devront s'investir dans le dialogue avec les bailleurs en vue d'obtenir l'autorisation d'effectuer des positionnements sur des segments plus productifs du marché.

Après cette première observation des performances financières voyons à présent si l'évolution notée au sein des IMF étudiées est liée aux paramètres suivants :

· l'âge de l'IMF ;

· la nature de l'IMF (crédit direct, épargne-crédit, tontine, etc.) ;

· la taille du portefeuille de l'IMF.

En prenant l'aspect essentiel de la pérennité que nous apprécions principalement avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle, nous retrouvons au sein des institutions étudiées, trois (3) groupes distincts en nous basant sur la norme d'un minimum de 130% préconisée par la BCEAO, à savoir :

· le groupe des « bons » c'est-à-dire celui des institutions respectant la norme BCEAO ;

· le groupe des « proches du minimum requis », comprenant les institutions présentant une autonomie comprise entre 100% et 130% ;

· et enfin, le groupe des « insuffisants » qui rassemble les institutions qui n'atteignent pas les 100% pour le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Les douze (12) institutions de l'échantillon étudié se répartissent dans les groupes précédemment énumérés comme le montre le tableau 10.

59

La viabilité financière des IMF au Bénin

Tableau 10: Répartition des IMF en 3 catégories suivant leur ratio d'autonomie

Catégories

 

Institutions

 
 
 
 

Pourcentage

(( Bons »

PADME, PAPME, CPEC, Vital Finance

33%

(( Proches du minimum requis »

AssEF, CBDIBA, Caisse CODES, FINADEV, MDB

42%

(( Insuffisants »

Convergence 2000, FECECAM, ID

25%

TOTAL

-

100%

Parmi les « Bons » (33% de l'échantillon) nous retrouvons la plupart des grandes institutions faisant le crédit direct, mais aussi une petite institution d'épargne-crédit. Et, au sein des structures présentant une autonomie opérationnelle "insuffisante" on retrouve la plus grande des institutions étudiées, la FECECAM (épargne-crédit) aux côtés de petites institutions telles que Convergence 2000 et ID.

Ceci permet de conclure que la grande taille du portefeuille ne suffit pas pour que l'IMF soit autonome, l'âge non plus ; puisqu'il a été constaté que les IMF les plus âgées ne sont pas systématiquement celles qui sont autonomes (cas de la FECECAM).

Les hypothèses suivant lesquelles il existerait une relation positive entre l'âge des IMF ou entre la taille de leur portefeuille et leur degré d'autonomie sont donc à relativiser.

Quant à la nature de l'institution, nous notons qu'à l'exception du CPEC, seules les institutions de crédit direct sont autonomes (25% de l'échantillon). Ainsi, la FECECAM qui est la plus âgée et qui a la plus grande taille de portefeuille n'est pas encore autonome, cette particularité tient du fait qu'elle est une institution d'épargne-crédit.

Les institutions d'épargne-crédit et de tontine, de par leur objectif institutionnel de collecte préalable de l'épargne et de couverture géographique ont des coûts par franc de crédit plus importants, ce qui constitue un frein à leur autonomie.

Il ressort donc de cette analyse que l'âge et la taille du portefeuille ne sont pas déterminants pour l'autonomie.

En outre, d'après l'échantillon étudié, c'est la nature de l'IMF qui influence le plus son autonomie.

60

La viabilité financière des IMF au Bénin

4.2.2 La gestion du portefeuille.

Au niveau des portefeuilles à risque, on observe certains taux supérieurs à la moyenne régionale qui est de 5% au plus, alors même que le plafond souhaité par la BCEAO est de 2% et la référence mondiale de 1,7%25. Certaines institutions atteignent même des taux de portefeuille à risque de plus de 20% (21,3% pour la Caisse CODES). Toutefois, le PADME et la majorité des IMF moyennes (AssEF, FINADEV, VITAL FINANCE) parviennent à se conformer aux normes de la BCEAO avec des taux de portefeuille à risque compris entre 0,2 et 1,5%.

Les performances des grandes IMF en matière de gestion du portefeuille sont donc assez éloignées du niveau requis pour assurer leur survie financière. La réduction maximale des créances en souffrance est l'un des principaux objectifs à poursuivre par les IMF car la détérioration progressive du portefeuille entraîne la résorption du fonds de crédit mis en oeuvre et conduit à terme à la faillite du système.

Les difficultés de maîtrise du portefeuille à risque s'expliquent principalement par la défaillance du système d'information de gestion qui devrait être à même de permettre le suivi et la prise de décisions en temps réel. Mais ces difficultés s'expliquent également par :

? des effets de contagion dus à l'existence d'offres de crédits à taux bonifiés qui n'encouragent pas au remboursement à un taux commercial26 ;

? des crédits accordés à une mauvaise période du cycle commercial de l'entrepreneur ou de sa vie familiale (période de dépenses somptuaires : décès, maladies, mariages, diverses cérémonies) ;

? une taille de crédit peu propice à sa rentabilité qui incite facilement à un détournement de l'objet du crédit.

Certaines structures disposent d'un système de suivi informatisé permettant de générer les états d'impayés des termes échus. Malgré cela elles dégagent encore un taux d'impayés supérieur à 5%. L'amélioration des performances de gestion et de suivi du portefeuille ne passe donc pas uniquement par la réduction des retards dans la fourniture ou le traitement des données exploitables à cet effet. Il faut également mettre en oeuvre un système de recouvrement suffisamment efficace pour récupérer

25 Consortium Alafia 2003, p.18

26 La pratique de taux concessionnels ou bonifiés par les ONG multiservices fausse le jeu du marché.

61

La viabilité financière des IMF au Bénin

les créances tombées en impayé et contenir le niveau des créances en souffrance dans la limite recommandée de 5%. Il faut en outre mettre en oeuvre un système permettant de limiter le placement de crédits potentiellement à risque (SCHREINER, 2002 b).

Par ailleurs, la rigueur dans l'octroi et le suivi du portefeuille s'impose aux IMF compte tenu de la taille limitée de leurs fonds de crédit. Il est également remarqué que les structures ayant atteint leur autonomie opérationnelle et financière sont celles dont les indicateurs de qualité de portefeuille sont satisfaisants. Dès lors, on perçoit facilement «une corrélation forte entre la qualité de portefeuille et la viabilité financière sous réserve d'un fonds de crédit suffisant » (BCEAO, 2001).

La qualité du portefeuille de crédit que nous apprécions ici avec le ratio du portefeuille à risque à 90 jours, nous amène à distinguer aussi trois (3) groupes au sein des institutions en nous basant sur la norme d'un maximum de 2% préconisée par la BCEAO, à savoir :

? le groupe des « bons » c'est-à-dire celui des institutions respectant la norme BCEAO ;

? le groupe des « proches du minimum requis », comprenant les institutions présentant un portefeuille à risque compris entre 2% et 5% ;

? et enfin, le groupe des « insuffisants » qui rassemble les institutions qui dépassent les 5% de portefeuille à risque.

Les douze (12) institutions de l'échantillon étudié se classent comme le montre le Tableau 11 dans les trois (3) groupes précédemment énumérés.

En ce qui concerne l'influence de la taille du portefeuille sur sa qualité, nous observons que chacun des trois groupes comprend l'une des trois grandes institutions de l'échantillon et, aucune des petites institutions ne se retrouve dans la catégorie des « Bons » pour ce qui est de la qualité du portefeuille de crédit. Il apparaît donc qu'une taille plus grande du portefeuille n'entraîne pas systématiquement un portefeuille à risque plus grand.

Pour ce qui est du critère relatif à l'âge de l'institution, il est important de noter que les IMF les plus anciennes, Convergence 2000, FECECAM, CBDIBA se retrouvent toutes au niveau du groupe des « Insuffisants », c'est à dire le groupe des IMF présentant un mauvais taux de portefeuille à risque. Les institutions constituant le groupe des « bons »

62

La viabilité financière des IMF au Bénin

sont relativement plus jeunes. Il ressort de ces observations que l'âge influence suffisamment l'état du portefeuille à risque des IMF. Plus l'institution prend de l'âge plus son portefeuille se détériore.

Tableau 11: Répartition des IMF en 3 catégories suivant le ratio de portefeuille à

risque

Catégories

 

Institutions

 

Pourcentage

« Bons »

AssEF, FINADEV, PADME, Vital Finance

33%

«Proches du minimum requis »

CPEC, MDB, PAPME

25%

«Insuffisants»

CBDIBA, Caisse CODES, Convergence 2000, FECECAM, ID27

42%

TOTAL

-

100%

4.2.3 Quelques perspectives

De l'analyse approfondie des conditions de pérennité des IMF découlent certaines perspectives. Nous envisagerons d'abord quelques mécanismes jugés utiles à la maîtrise de l'expansion géographique des institutions puis nous évoquerons l'apport de la méthode du scoring dans l'amélioration des performances.

4.2.3.1 La maîtrise de l'expansion géographique

Avec la saturation progressive du marché urbain sur lequel se sont actuellement installées la plupart des grandes IMF, le défi du développement durable des institutions sera relevé par celles d'entre elles qui arriveront à fidéliser au mieux leur clientèle et, à cibler les meilleurs clients pour s'assurer de bonnes performances opérationnelles et financières. Et ceci, sans pour autant s'écarter de l'objectif institutionnel d'atteindre le plus grand effectif de clientèle parmi la population pauvre.

Un enjeu caractéristique pour les IMF aujourd'hui tient donc à la conjugaison de la dispersion géographique de la population avec l'impératif de viabilité à long terme (DE VILLE, 2000). Il leur revient donc de pouvoir surmonter la contrainte de coût élevé que revêt la mise en place de services financiers au profit de cette population

27 Il faut noter que le taux de portefeuille à risque de ID a connu une amélioration fulgurante passant de 10% environ en 2001 à 2,3% en 2002

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La viabilité financière des IMF au Bénin

dispersée au-delà des zones urbaines ou péri-urbaines28. Une des approches serait l'instauration de mécanismes novateurs comme : la participation des clients, la centralisation de certaines opérations et la décentralisation d'autres, compte tenu des avantages comparatifs réels29. Ceci permet d'alléger au maximum la structure technique en vue d'assurer au moins la couverture des coûts, voire la rentabilité à long terme.

Dans cette optique, une manière de renforcer les IMF serait de leur fournir un appui au niveau de l'analyse des performances. Il faudra donc procéder au renforcement des capacités des gestionnaires d'institutions pour les aguerrir à la mise en place des systèmes d'évaluation adaptés à leurs besoins. Ainsi, l'analyse régulière des performances à l'aide d'outils pertinents permettra aux institutions de mieux gérer leur progression vers la viabilité à long terme.

4.2.3.2 La méthode du scoring

Afin d'atteindre une meilleure rentabilité, les IMF devraient se concentrer sur les crédits de taille plus importante et sur une clientèle plus nombreuse composée de préférence des bons payeurs potentiels, les « bons clients », ce qui réduirait les charges liées au mauvais remboursement ou au non-remboursement.

La technique du scoring pourrait constituer une solution à mettre en oeuvre en vue d'identifier efficacement les « bons clients » potentiels. Cette technique est utilisée par les banques commerciales du Nord pour le criblage des clients et la mesure de leur fiabilité. Le scoring porte sur l'appréciation des clients et la détermination de leurs profils de risque sur la base d'une connaissance du passé (SCHREINER, 2002 b). Il s'agit d'établir les liens entre les taux de remboursement, le risque de non remboursement ou de mauvais remboursement et un certain nombre de déterminants tels que le type de prêt, nouveau ou renouvellement, le sexe et l'âge du client, les éventuels retards sur ses prêts antérieurs, le type de garantie, etc.

Le scoring permet de limiter le nombre de crédits à risque (crédits qui seraient non remboursés ou avec des retards probables) et d'améliorer l'efficience en réduisant les pertes sur prêts et les charges de suivi. Il a l'avantage d'augmenter la gouvernance

28 Les charges liées à un grand nombre de crédit de petits montants très dispersés géographiquement sont très élevées. Cette contrainte est particulièrement forte en Afrique, où, par rapport à l'Asie, la densité de population est de 1 pour 10 et les niveaux de salaire plus élevés (Doligez et Gentil, 2000).

29 Toute fonction et tâche devant être prise en charge par les clients après formation devront leur être transférées (CERISE, mai 1999).

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La viabilité financière des IMF au Bénin

des institutions en instaurant des normes objectives pour les conditions de renouvellement et les comités de crédit. Ceci permet aussi aux agents de crédit de disposer d'un guide pour la prise de décisions promptes et judicieuses et de mieux gérer leur temps.

Mais ce système de scoring présente le risque d'exclure par excès de prudence des clients potentiels qui auraient pu rembourser leurs crédits, générant ainsi un manque à gagner pour l'institution. La mise en oeuvre d'un système de scoring ne devrait pas résulter en un rejet systématique des clients les moins sûrs mais devrait plutôt amener à l'adoption d'attitudes commerciales discriminées permettant de combiner convenablement le mix des produits ou services offerts en fonction des clients. Et, selon qu'il s'agisse d'un client plus ou moins risqué, on adapterait en conséquence les procédures d'analyse du dossier de candidature ou les caractéristiques mêmes du produit de crédit, son taux d'intérêt ou son montant par exemple. Il urge pour les IMF se retrouvant sur des segments du marché qui tendent à se saturer d'utiliser des outils de ce type pour se différencier. Elles pourront ainsi réduire les coûts d'opérations et augmenter de ce fait leur avantage concurrentiel sur le marché.

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La viabilité financière des IMF au Bénin

CONCLUSION

Notre étude nous a permis d'explorer le secteur de la microfinance au Bénin en nous focalisant surtout sur la viabilité financière des institutions. L'analyse a été effectuée à l'aide d'un faisceau d'indicateurs que nous avons sélectionné sur la base d'une revue de la littérature du domaine.

De l'analyse des performances financières observées nous avons pu retenir que plus que l'âge et la taille, c'est la nature de l'IMF qui influence le plus son autonomie.

Par ailleurs, cette étude nous a révélé que la taille n'est pas un paramètre qui régit directement la qualité du portefeuille de l'institution.

Enfin, les travaux nous ont conduit à noter que la nature de l'institution et, plus encore, son âge, demeurent des facteurs déterminants de la qualité de son portefeuille de crédit.

Le suivi d'un certain nombre de ratios dans le temps devient intéressant à la fois pour les gestionnaires d'institution et pour les bailleurs de fonds puisqu'il permet de suivre les changements qui surviennent dans la structure financière au fur et à mesure que l'institution se développe. Cependant, ces critères ne suffisent pas à eux seuls pour expliquer les performances réalisées. Ils doivent être replacés dans le contexte spécifique à chaque institution. Deux institutions peuvent avoir un même ratio alors qu'en réalité, elles ne sont pas au même stade de développement. Dans ce cas, il serait erroné de les considérer comme ayant les réalisé mêmes performances alors qu'elles n'ont pas le même degré de maturité. Les critères de performance sont à relativiser selon les phases de développement des institutions. En effet, les petites institutions qui débutent leurs activités ne devraient pas avoir les mêmes exigences que celles qui ont plusieurs années d'opérations et qui ont pu atteindre un grand nombre de clients (NTEZIYAREMYE et al. 1996).

L'analyse des risques à l'aide des ratios ne permet pas de rendre totalement compte de la viabilité de l'institution. Elle ne constate que des situations comptables sans pouvoir appréhender les véritables risques de la viabilité, contrairement à l'utilisation d'autres outils d'analyse dynamiques, tels l'analyse par les flux de trésorerie, l'analyse des besoins de financement dans le temps, etc. .

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La viabilité financière des IMF au Bénin

Un certain nombre de risques non financiers doivent également être pris en compte : les risques d'inflation, les risques conjoncturels, les risques de croissance rapide non maîtrisée, les risques liés aux fluctuations du marché ou de l'environnement externe de l'institution et les risques commerciaux (restriction de la part de marché ou du portefeuille d'activités). La crise des relations bénino-nigérianes par exemple fait envisager une détérioration des performances financières des IMF cette année (chute des volumes de crédits, hausse des impayés et baisse des produits d'exploitation). Ceci ramène à l'ordre du jour la nécessité pour les IMF béninoises de s'offrir les moyens indispensables pour partir à l'assaut des secteurs d'activités autres que celui du commerce et de l'import-export. Car, seuls ces secteurs offrent une résistance réelle par rapport aux fluctuations similaires de la conjoncture.

Compte tenu du temps limité pendant lequel se sont déroulés nos travaux et des informations dont nous disposions, certaines études qui auraient pu étayer notre analyse n'ont pu être réalisées. Les informations sur le détail de la structure des coûts notamment opérationnels qui auraient permis d'approfondir l'analyse de l'évolution financière des institutions n'ont pu être obtenues par exemple.

Les autres dimensions de la viabilité sont aussi importantes pour la pérennité des IMF, l'étude de la viabilité aux plans institutionnel et social aurait pu par exemple éclairer davantage nos réflexions et permis de les approfondir.

D'autres recherches sur ce sujet ou portant sur des préoccupations connexes seraient donc les bienvenues pour compléter nos travaux.

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ANNEXES






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand