4.2.2 La gestion du portefeuille.
Au niveau des portefeuilles à risque, on observe
certains taux supérieurs à la moyenne régionale qui est de
5% au plus, alors même que le plafond souhaité par la BCEAO est de
2% et la référence mondiale de 1,7%25. Certaines
institutions atteignent même des taux de portefeuille à risque de
plus de 20% (21,3% pour la Caisse CODES). Toutefois, le PADME et la
majorité des IMF moyennes (AssEF, FINADEV, VITAL FINANCE) parviennent
à se conformer aux normes de la BCEAO avec des taux de portefeuille
à risque compris entre 0,2 et 1,5%.
Les performances des grandes IMF en matière de gestion
du portefeuille sont donc assez éloignées du niveau requis pour
assurer leur survie financière. La réduction maximale des
créances en souffrance est l'un des principaux objectifs à
poursuivre par les IMF car la détérioration progressive du
portefeuille entraîne la résorption du fonds de crédit mis
en oeuvre et conduit à terme à la faillite du système.
Les difficultés de maîtrise du portefeuille
à risque s'expliquent principalement par la défaillance du
système d'information de gestion qui devrait être à
même de permettre le suivi et la prise de décisions en temps
réel. Mais ces difficultés s'expliquent également par :
? des effets de contagion dus à l'existence d'offres de
crédits à taux bonifiés qui n'encouragent pas au
remboursement à un taux commercial26 ;
? des crédits accordés à une mauvaise
période du cycle commercial de l'entrepreneur ou de sa vie familiale
(période de dépenses somptuaires : décès, maladies,
mariages, diverses cérémonies) ;
? une taille de crédit peu propice à sa
rentabilité qui incite facilement à un détournement de
l'objet du crédit.
Certaines structures disposent d'un système de suivi
informatisé permettant de générer les états
d'impayés des termes échus. Malgré cela elles
dégagent encore un taux d'impayés supérieur à 5%.
L'amélioration des performances de gestion et de suivi du portefeuille
ne passe donc pas uniquement par la réduction des retards dans la
fourniture ou le traitement des données exploitables à cet effet.
Il faut également mettre en oeuvre un système de recouvrement
suffisamment efficace pour récupérer
25 Consortium Alafia 2003, p.18
26 La pratique de taux concessionnels ou bonifiés
par les ONG multiservices fausse le jeu du marché.
61
La viabilité financière des IMF au
Bénin
les créances tombées en impayé et
contenir le niveau des créances en souffrance dans la limite
recommandée de 5%. Il faut en outre mettre en oeuvre un système
permettant de limiter le placement de crédits potentiellement à
risque (SCHREINER, 2002 b).
Par ailleurs, la rigueur dans l'octroi et le suivi du
portefeuille s'impose aux IMF compte tenu de la taille limitée de leurs
fonds de crédit. Il est également remarqué que les
structures ayant atteint leur autonomie opérationnelle et
financière sont celles dont les indicateurs de qualité de
portefeuille sont satisfaisants. Dès lors, on perçoit facilement
«une corrélation forte entre la qualité de portefeuille et
la viabilité financière sous réserve d'un fonds de
crédit suffisant » (BCEAO, 2001).
La qualité du portefeuille de crédit que nous
apprécions ici avec le ratio du portefeuille à risque à 90
jours, nous amène à distinguer aussi trois (3) groupes au sein
des institutions en nous basant sur la norme d'un maximum de 2%
préconisée par la BCEAO, à savoir :
? le groupe des « bons » c'est-à-dire celui
des institutions respectant la norme BCEAO ;
? le groupe des « proches du minimum requis »,
comprenant les institutions présentant un portefeuille à risque
compris entre 2% et 5% ;
? et enfin, le groupe des « insuffisants » qui
rassemble les institutions qui dépassent les 5% de portefeuille à
risque.
Les douze (12) institutions de l'échantillon
étudié se classent comme le montre le Tableau 11 dans les trois
(3) groupes précédemment énumérés.
En ce qui concerne l'influence de la taille du portefeuille
sur sa qualité, nous observons que chacun des trois groupes comprend
l'une des trois grandes institutions de l'échantillon et, aucune des
petites institutions ne se retrouve dans la catégorie des « Bons
» pour ce qui est de la qualité du portefeuille de crédit.
Il apparaît donc qu'une taille plus grande du portefeuille
n'entraîne pas systématiquement un portefeuille à risque
plus grand.
Pour ce qui est du critère relatif à l'âge
de l'institution, il est important de noter que les IMF les plus anciennes,
Convergence 2000, FECECAM, CBDIBA se retrouvent toutes au niveau du groupe des
« Insuffisants », c'est à dire le groupe des IMF
présentant un mauvais taux de portefeuille à risque. Les
institutions constituant le groupe des « bons »
62
La viabilité financière des IMF au
Bénin
sont relativement plus jeunes. Il ressort de ces observations
que l'âge influence suffisamment l'état du portefeuille à
risque des IMF. Plus l'institution prend de l'âge plus son portefeuille
se détériore.
Tableau 11: Répartition des IMF en 3 catégories
suivant le ratio de portefeuille à
risque
Catégories
|
|
Institutions
|
|
Pourcentage
|
« Bons »
|
AssEF, FINADEV, PADME, Vital Finance
|
33%
|
«Proches du minimum requis »
|
CPEC, MDB, PAPME
|
25%
|
«Insuffisants»
|
CBDIBA, Caisse CODES, Convergence 2000, FECECAM,
ID27
|
42%
|
TOTAL
|
-
|
100%
|
|