CONCLUSION
Notre étude nous a permis d'explorer le secteur de la
microfinance au Bénin en nous focalisant surtout sur la viabilité
financière des institutions. L'analyse a été
effectuée à l'aide d'un faisceau d'indicateurs que nous avons
sélectionné sur la base d'une revue de la littérature du
domaine.
De l'analyse des performances financières
observées nous avons pu retenir que plus que l'âge et la taille,
c'est la nature de l'IMF qui influence le plus son autonomie.
Par ailleurs, cette étude nous a
révélé que la taille n'est pas un paramètre qui
régit directement la qualité du portefeuille de l'institution.
Enfin, les travaux nous ont conduit à noter que la
nature de l'institution et, plus encore, son âge, demeurent des facteurs
déterminants de la qualité de son portefeuille de
crédit.
Le suivi d'un certain nombre de ratios dans le temps devient
intéressant à la fois pour les gestionnaires d'institution et
pour les bailleurs de fonds puisqu'il permet de suivre les changements qui
surviennent dans la structure financière au fur et à mesure que
l'institution se développe. Cependant, ces critères ne suffisent
pas à eux seuls pour expliquer les performances réalisées.
Ils doivent être replacés dans le contexte spécifique
à chaque institution. Deux institutions peuvent avoir un même
ratio alors qu'en réalité, elles ne sont pas au même stade
de développement. Dans ce cas, il serait erroné de les
considérer comme ayant les réalisé mêmes
performances alors qu'elles n'ont pas le même degré de
maturité. Les critères de performance sont à relativiser
selon les phases de développement des institutions. En effet, les
petites institutions qui débutent leurs activités ne devraient
pas avoir les mêmes exigences que celles qui ont plusieurs années
d'opérations et qui ont pu atteindre un grand nombre de clients
(NTEZIYAREMYE et al. 1996).
L'analyse des risques à l'aide des ratios ne permet pas
de rendre totalement compte de la viabilité de l'institution. Elle ne
constate que des situations comptables sans pouvoir appréhender les
véritables risques de la viabilité, contrairement à
l'utilisation d'autres outils d'analyse dynamiques, tels l'analyse par les flux
de trésorerie, l'analyse des besoins de financement dans le temps, etc.
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
Un certain nombre de risques non financiers doivent
également être pris en compte : les risques d'inflation, les
risques conjoncturels, les risques de croissance rapide non
maîtrisée, les risques liés aux fluctuations du
marché ou de l'environnement externe de l'institution et les risques
commerciaux (restriction de la part de marché ou du portefeuille
d'activités). La crise des relations bénino-nigérianes par
exemple fait envisager une détérioration des performances
financières des IMF cette année (chute des volumes de
crédits, hausse des impayés et baisse des produits
d'exploitation). Ceci ramène à l'ordre du jour la
nécessité pour les IMF béninoises de s'offrir les moyens
indispensables pour partir à l'assaut des secteurs d'activités
autres que celui du commerce et de l'import-export. Car, seuls ces secteurs
offrent une résistance réelle par rapport aux fluctuations
similaires de la conjoncture.
Compte tenu du temps limité pendant lequel se sont
déroulés nos travaux et des informations dont nous disposions,
certaines études qui auraient pu étayer notre analyse n'ont pu
être réalisées. Les informations sur le détail de la
structure des coûts notamment opérationnels qui auraient permis
d'approfondir l'analyse de l'évolution financière des
institutions n'ont pu être obtenues par exemple.
Les autres dimensions de la viabilité sont aussi
importantes pour la pérennité des IMF, l'étude de la
viabilité aux plans institutionnel et social aurait pu par exemple
éclairer davantage nos réflexions et permis de les
approfondir.
D'autres recherches sur ce sujet ou portant sur des
préoccupations connexes seraient donc les bienvenues pour
compléter nos travaux.
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