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La guerre en Syrie et le jeu de pouvoir de la Russie.


par Pape Ousmane THIAW
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 en sciences politiques 2018
  

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CONCLUSION

Le conflit syrien est une suite logique du vent révolutionnaire qui a semé le trouble dans plusieurs pays du monde arabe. C'est une guerre qui est une résultante de plusieurs frustrations politiques et sociales que les Syriens ont vécue depuis plusieurs dizaines d'années. À cela s'ajoute des enjeux régionaux et internationaux, notamment le besoin de changement de régime en Syrie, longtemps voulu et envisagé par les voisins pays tels que l'Arabie Saoudite de même que les puissances occidentales. Si le conflit a acquis une dimension régionale, puis internationale en seulement quelques mois, c'est sans doute parce que les différents protagonistes ont été soutenus par des camps divers et aux intérêts parfois incompatibles sur le terrain. Dès lors, la Syrie est devenue le terrain de jeu favori des groupes terroristes, des puissances cherchant à avoir le contrôle de la zone et des Russes qui cherchent à contrer l'influence occidentale dans le Moyen-Orient.

A partir de 2015, la guerre en Syrie a pris une nouvelle tournure avec l'entrée en matière de la Russie. En tant que puissance militaire dominante, juste après les Etats-Unis, son intervention a été de nature à changer profondément la donne sur le terrain. Un moment mises en difficultés par les rebelles syriens et les combattants de Daesh, les forces du régime syrien sont parvenus à reconquérir plusieurs territoires perdus. De plus, avec l'ambigüité de la position occidentale les forces loyalistes au Régime de Damas ont remporté de précieuses victoires aux alentours d'Alep et de Damas avec le soutien de la force aérienne Russe.

Evoqué dans l'introduction, la perspective d'un affrontement global en Syrie semble improbable bien que des spécialistes comme Bertrand Badie ait pu le penser en un moment donné. Cependant, rien est figé dans le temps et le développement de l'idéologie d'Alexandre Douguine au sein de l'élite intellectuelle russe pourrait nous réserver quelques surprises à l'avenir. Pour le moment, la Russie s'est invitée aussi bien à la table des négociations que dans la bataille militaire avec, cette fois-ci, un réel succès devant l'opinion internationale. D'ailleurs, celle-ci joue un rôle important dans la guerre en Syrie.

Aujourd'hui, on peut dire que le conflit syrien est celui où les enjeux sont les plus importants dans le monde. Pour le camp occidental et ses alliés, l'objectif est de faire avancer leur agenda géopolitique dans la zone et ceci passe forcément par le renversement, du moins le départ du régime baasiste. D'abord réticents à intervenir dans le conflit, des pays comme la France et les États-Unis ont finalement décidé de se ranger du côté du « peuple » syrien en bombardant les positions de l'armée du régime afin de permettre aux rebelles d'avancer sur le terrain. Cependant, leur position est largement critiquée par l'opinion internationale qui estime qu'il n'existe pas vraiment de distinction entre factions rebelles et terroristes. Par conséquent, en soutenant les rebelles contre les forces du régime, c'est un peu comme s'ils faisaient de même pour les groupes terroristes. Ce qui pose un débat d'éthique, de logique et de responsabilité de la part de puissances qui prétendent lutter contre le terrorisme. Pire, elles sont les premières victimes d'attaques terroristes qui se revendiquent de l'État islamique, opérant principalement en Syrie et en Irak.

Pour l'intervention de la Russie dans le conflit syrien est tout sauf une démarche irréfléchie. Il s'agit d'une « politique par d'autres moyens » de la part d'un pays cherchant à retrouver son statut de puissance mondiale. En effet, le pays se réclame comme étant l'héritier de l'ancienne puissance soviétique, mais dans les faits, on devine aisément qu'il n'a pas la même puissance militaire et financière que l'URSS. Cependant, le président Poutine, sans doute nostalgique des années de la guerre froide durant lesquelles il était agent des services de renseignement russes, entend redonner à son pays toute sa grandeur y compris au Proche-Orient, sa zone géographique immédiate. La capitale de la Syrie, Damas, se trouve à moins de 4 h de vol de Moscou et la Russie entend étendre son influence politico-militaire dans une zone où les américains et les forces de l'OTAN n'ont que trop duré. De plus, le régime baasiste est un allié historique de la Russie avec laquelle elle a longtemps partagé la même vision du monde et les mêmes intérêts géostratégiques. Aujourd'hui, c'est comme si un pays ami vole au secours d'un autre qui s'enlise dans un conflit interne aux relents internationaux. Mais analyser ainsi l'intervention russe en Syrie serait très simpliste dans un environnement international où tout angélisme politique est à exclure a priori. Les intérêts russes dans ce conflit sont politiques, puis économiques et enfin géostratégiques. Pour résumer la situation, on peut dire que la Russie ne peut tout simplement pas laisser une zone si proche être totalement détruite et dominée par des puissances étrangères. Ce qui serait une menace à la fois pour sa sécurité et pour son prestige politico-diplomatique.

Dès lors, depuis l'automne 2015, la Russie est officiellement engagée dans le conflit syrien. Environ 3 ans plus tard, le conflit a évolué en faveur du régime de Bachar Al Assad. De plus, l'opinion semble être lassée par un conflit qui ne passionne plus vraiment les médias, sauf en cas d'attaques particulièrement sanglantes et dévastatrices. Quoi qu'il en soit, le camp occidental est désormais obligé de composer avec les forces russes sur le terrain, chacun ayant des objectifs assez ambigus. Jusqu'à présent, ils ne parviennent pas à s'accorder à la définition du mot « terroriste » sur le terrain. Si les uns prennent seulement en compte Daesh, épargnant la plupart des autres forces rebelles, les autres n'hésitent pas à homogénéiser leurs frappes aériennes.

Le conflit syrien, bien qu'étant dans une parfaite impasse, devrait connaitre son épilogue si seulement l'un des camps, notamment occidental, accepte une solution multilatérale. La résolution du conflit syrien aura alors la Russie comme acteur majeur. Après tout, c'est tout ce que Poutine cherchait en intervenant dans le conflit.

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