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Déviation du taux de change par rapport aux fondamentaux

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par Adnan CHOCKRI
FSEG Sfax - Mastère Dynamique économique et financière 2006
  

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2.1.4- Endogénéisation de l'équilibre interne

Nous avons précédemment présenté l'approche macroéconomique de base dans

laquelle l'équilibre interne était supposé exogène. Nous nous proposons à présent de

lever cette hypothèse.

L'endogénéisation de l'équilibre interne est relativement complexe et repose sur

l'écriture d'une boucle prix salaires en niveau dont l'une des caractéristiques est de faire

dépendre le chômage d'équilibre du niveau des variables susceptibles d'engendrer des tensions inflationnistes (coin fiscal15, taux de remplacement, ...). L'équation de prix se résume alors à l'application d'un taux de marge sur les coûts salariaux unitaires. Quant

à l'équation de salaire, elle est telle que les entreprises fixent le niveau de l'emploi une fois déterminé le montant du salaire (modèle de "droit à gérer"). Dans ce cadre, l'un des déterminants fondamentaux du taux de chômage d'équilibre est constitué des termes de l'échange intérieurs. On peut alors montrer (voir Borowski et al. [1998]) Qu'il existe une relation inverse entre le taux de change effectif réel et la production potentielle qui transite par le marché du travail. En effet, si le change réel se déprécie,

il s'ensuit naturellement une hausse des prix domestiques que doivent se partager firmes et salariés. Si les salariés refusent de supporter cette

Augmentation - qui induit naturellement une baisse de leur pouvoir d'achat - les firmes sont alors contraintes de réduire le volume de l'emploi en raison de la hausse du coût réel du travail. Il en résulte une hausse du taux de chômage d'équilibre et une baisse du

niveau de la production potentielle.

15 On rappelle que le coin fiscal est défini par l'écart entre le coût réel du travail payé par l'employeur et le pouvoir d'achat d'un salarié.

Certains auteurs, tels que Barrell [1993] mettent cependant en avant un certain

nombre d'arguments allant à l'encontre de l'endogénéisation de l'équilibre interne. Il souligne en particulier que si l'offre de travail est inélastique à long terme, le coin fiscal ne conserve aucun impact durable sur le niveau du chômage. Ainsi, l'impact du taux de change effectif sur le chômage d'équilibre mis en évidence empiriquement ne serait en réalité qu'une importante rigidité nominale des salaires. Comme le soulignent Borowski et al. [1998], la discussion relative à la nécessité d'endogénéiser ou non l'équilibre interne reflète l'ambiguïté attachée au taux de change d'équilibre fondamental au sens où il s'agit d'un concept de "moyen terme".

Joly et al. [1998] ont cependant proposé une extension de l'approche macroéconomique 16 en prenant en compte les effets du taux de change réel sur l'équilibre interne, et en particulier sur le taux de chômage : les auteurs suggèrent ainsi d'endogénéiser le bloc d'offre habituellement supposé rigide à court terme. Il est alors possible de définir un équilibre macroéconomique déterminant simultanément le taux

de change réel et l'offre potentielle. La définition du taux de change réel d'équilibre ne change pas : il s'agit toujours de la valeur du change réel assurant la réalisation simultanée des équilibres interne et externe. L'équilibre externe n'est pas modifié par rapport à la définition précédemment donnée. Cependant, l'équilibre interne n'est plus indépendant du change réel et la confrontation des deux courbes permet alors de déterminer non seulement le change réel d'équilibre mais également le niveau potentiel

du PIB. La courbe de l'équilibre interne est décroissante dans la mesure où une dépréciation du change réel augmente le chômage d'équilibre et a impact négatif sur l'offre potentielle. Ainsi que le rappellent Joly et al. [1998] ceci repose sur le fait que

les salaires nominaux s'indexent sur les prix à la consommation et non pas sur les prix

à la production. Le mécanisme est alors le suivant. Une dépréciation du change réel engendre une augmentation des prix à la consommation relativement aux prix à la production, entraînant par la même une augmentation du coût nominal du travail par

rapport aux prix de production. Le coût réel du travail est alors augmenté, ce qui

16 On pourra également se reporter à Cadiou [1999] pour une brève revue de la littérature sur l'endogénéisation du bloc d'offre du modèle.

implique naturellement une baisse de la demande de travail de la part des entreprises

et donc une hausse du chômage. Graphiquement, on a donc la représentation suivante :

Taux de change réel

équilibre interne équilibre externe

R*

Y* PIB domestique

Figure 6. Détermination du taux de change réel d'équilibre

(Cas où l'équilibre est endogène)

Il est possible, à la suite de Joly et al. [1998], de transposer cette représentation

dans le plan (taux de chômage, taux de change réel). En effet, les effets de demande

intervenant dans la relation entre le taux de chômage et le taux de change réel sont tels

qu'une dépréciation du change stimule les exportations et engendre une baisse du chômage. Les effets d'offre sont tels qu'une dépréciation du change réel détériore les termes de l'échange et conduit les entreprises à diminuer leur demande de travail

et donc à accroître le chômage. On a alors la représentation graphique suivante :

Taux de change réel

demande offre

R*

u* Taux de chômage

Figure 7.taux de change réel d'équilibre dans le plan

(Taux de chômage, taux de change réel)

Après avoir mis en avant que l'essentiel du chômage en France est un chômage

de type structurel (par opposition à conjoncturel), Joly et al. [1998] soulignent que le

lien entre le taux de change réel et le chômage doit être initialement appréhendé par le biais des effets d'offre conditionnant le chômage structurel. Ainsi, sur le marché du travail, une dépréciation du change réel a pour effet d'augmenter le niveau de chômage d'équilibre, et non pas de le faire diminuer eu égard au traditionnel effet keynésien. Joly et al. [1998] notent cependant, en faisant référence au coin salarial et à la dégradation des termes de l'échange, que le problème du chômage en France ne relève pas d'un éventuel mésalignement du change réel, mais plutôt des rigidités spécifiques

au marché du travail. En conséquence, la solution au problème du chômage en France passe par des politiques structurelles d'amélioration du fonctionnement du marché du travail.

Globalement, le fait d'endogénéiser l'équilibre interne ne modifie pas les principaux résultats obtenus lorsque celui-ci était exogène. Néanmoins, cette

endogénéisation permet de tenir compte de l'ensemble des déterminants potentiels du chômage d'équilibre. Comme le montrent Joly et al. [1996], toute variable susceptible d'accroître le chômage d'équilibre (coin fiscal, fiscalité indirecte, taux d'intérêt réel, ...) peut engendrer une augmentation du taux de change réel et par là même limiter la hausse du chômage d'équilibre. Inversement, les déterminants du chômage d'équilibre peuvent être enrichis par la prise en compte de l'équilibre externe. Joly et al. [1996] prennent ainsi l'exemple de l'impact d'un choc pétrolier sur un pays importateur de pétrole. L'augmentation des prix du pétrole a pour conséquence une dépréciation du change réel, en supposant donnés la cible de compte courant et l'équilibre interne. La courbe décrivant l'équilibre externe se déplace alors vers le haut indiquant une dépréciation du change réel et une augmentation du chômage d'équilibre.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore