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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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Première partie : Revue de littérature

Chapitre 1

L'apprentissage implicite

L'apprentissage implicite, en général expliqué comme l'habileté à apprendre sans conscience, a fait l'objet de nombreuses investigations depuis une trentaine d'années.

Dans ce premier chapitre, nous allons tout d'abord définir l'origine de ce phénomène en présentant les principaux paradigmes d'étude. Ensuite, nous présenterons les différentes approches de l'apprentissage implicite en soulignant la divergence des définitions et des points de vue proposés. Les opinions ne s'accordent pas toujours sur la manière dont les connaissances peuvent être apprises et influencer le traitement à l'insu des sujets dans les différentes situations expérimentales qui ont été étudiées. Pour finir, nous montrerons que la littérature sur le domaine, bien qu'hétérogène, laisse quand même émerger un consensus relatif concernant les résultats obtenus avec les différentes méthodes d'étude, à savoir, la formation de « chunks » et la forte corrélation qui existe entre performance et connaissance explicite de la situation.

1.1 Le phénomène d'apprentissage implicite : une origine hétérogène

Le domaine de l'apprentissage implicite représente aujourd'hui un corps de recherches important et unifié. Des ouvrages entiers sont dédiés à cette thématique (e.g. Cleeremans,

1993a ; Berry & Dienes, 1993 ; Berry, 1997 ; Stadler & Frensch, 1998). Cependant, il ne faut

8 Chapitre 1 : L'apprentissage implicite

pas oublier pour autant l'origine quelque peu hétérogène et morcelée de ce domaine de

recherche. En effet, les travaux relatifs à l'apprentissage implicite dérivent en fait de trois domaines de recherche distincts.

Reber, en 1967, est le premier auteur à avoir utilisé le terme d' « apprentissage implicite » pour décrire des processus d'acquisition qui, selon lui, se produisent de manière passive et automatique. Ses travaux sont en prise directe avec ceux des linguistes et psycholinguistes Miller et Chomsky, portant sur les grammaires à états finis. Dans une tâche standard de grammaire artificielle (AGA), les sujets doivent tout d'abord mémoriser une série

de chaînes de quelques consonnes. Chaque chaîne est engendrée à partir d'une grammaire

miniature qui définit l'ordre possible des lettres (cf. Figure 1.1).

Séquences grammaticales

TPTS TPPTXXVS VXVPS

Séquences non grammaticales

XPTS TPTPS

Figure 1.1: La figure représente un exemple de grammaire artificielle (adaptée de Reber, 1967).

Chaque passage d'un noeud de la grammaire à l'autre, depuis l'entrée jusqu'à la sortie, produit la lettre associée à l'arc reliant les deux noeuds. Cette procédure permet de générer une série de séquences grammaticales. Les séquences non grammaticales ne respectent pas les transitions de

la grammaire.

A l'issue de cette phase d'étude, les sujets sont informés que les chaînes étudiées jusque

là étaient engendrées par une grammaire, et que maintenant, ils vont devoir essayer de dissocier, parmi un ensemble de nouvelles chaînes, celles qui respectent et celles qui violent

les règles de cette grammaire. Les résultats principaux, répliqués à de nombreuses reprises, montrent que la performance dans cette tâche de classification est supérieure au niveau du hasard bien que les sujets soient incapables de justifier leurs décisions et/ou de décrire précisément les règles de la grammaire (Reber, 1976 ; Reber & Lewis, 1977 ; Reber & Allen,

Le phénomène d'apprentissage implicite : une origine hétérogène 9

1978). Sur la base de cette dissociation observée entre performance et rapports verbaux, Reber

a défendu l'idée que l'apprentissage de grammaires artificielles est implicite.

La seconde source de littérature concernant l'apprentissage implicite se rencontre à la

fin des années soixante dix avec les travaux de Broadbent (1977), plutôt orientés vers des applications ergonomiques. Dans son paradigme appelé « tâche de contrôle de systèmes dynamiques » (CSD), les sujets apprennent à contrôler un environnement simulé par ordinateur (e.g. une usine de production de sucre, Berry & Broadbent (1984); un service de transports urbains, Broadbent, Fitzgerald & Broadbent (1986). La tâche consiste en général à interagir avec l'environnement en manipulant certaines variables en entrée (par exemple, le nombre d'ouvriers de l'usine de sucre) afin de maintenir le niveau de sortie du système à un niveau constant (par exemple, la quantité de sucre produit). Le comportement du système obéit à une équation inconnue des sujets qui permet de calculer à chaque interaction le niveau

de sortie en fonction des valeurs données en entrée. En général, ces études montrent que la capacité des sujets à contrôler le système augmente avec la pratique de la tâche bien qu'ils ne puissent pas répondre précisément aux questionnaires post-expérimentaux utilisés pour déterminer leurs connaissances explicites. Dans l'ensemble, les résultats obtenus à l'aide de

ce paradigme suggèrent que, dans certains cas, la performance dépend de connaissances acquises implicitement.

Enfin, la troisième source d'inspiration concernant les travaux sur l'apprentissage implicite se situe au confluent des recherches sur le rôle de l'attention dans la mémoire et de l'acquisition d'habiletés sensori-motrices. Cette fois, il s'agit d'utiliser une tâche d'apprentissage de séquences. Dans le paradigme, initialement décrit par Nissen & Bullemer (1987), la phase d'entraînement est constituée par une tâche de temps de réaction sériel (TRS). Dans cette situation, les sujets doivent réagir à l'apparition de chaque élément d'une séquence composée généralement de stimuli visuels (cible). A chaque essai, la cible apparaît dans l'une des différentes positions possibles alignées horizontalement sur un écran d'ordinateur et la tâche des sujets consiste à appuyer le plus rapidement et le plus précisément possible sur la touche d'un clavier correspondant spatialement à sa position. A l'insu des sujets, la séquence de stimuli répond à certaines régularités. Différentes versions de la tâche

ont été explorées. La majorité des auteurs (e.g. Nissen & Bullemer, 1987) ont utilisé une séquence de stimuli constituée par la répétition d'un patron séquentiel (comprenant en général

une dizaine d'éléments) alors que dans d'autres études (e.g. Cleeremans & McClelland,

1991), la séquence était générée à l'aide d'une grammaire artificielle similaire à celles utilisées dans les études d'AGA. La mesure de l'apprentissage dépend de la structure de la séquence utilisée (cf. Figure 1.2).

Temps de réaction Temps de réaction

Séquence aléatoire

Séquence répétée

Changement

de séquence

Blocs Blocs

Figure 1.2 : Mesure de l'apprentissage de séquences dans deux versions de la tâche de temps de

réaction : comparaison entre séquence répétée et séquence aléatoire (en haut à gauche) et modification de la séquence (en haut à droite). Chaque figure représente l'évolution du temps de réaction en fonction des blocs d'entraînement.

Dans le cas d'une séquence répétée, une technique consiste à comparer la performance des sujets entraînés sur cette séquence répétée à celle d'un groupe contrôle entraîné sur du matériel aléatoire (e.g. Frensch & Miner, 1994). L'apprentissage de la séquence devrait permettre aux premiers sujets de répondre plus rapidement que ceux du groupe contrôle. Une autre possibilité consiste à remplacer la séquence répétée par une autre séquence ou par du matériel aléatoire au cours de la tâche de TRS. Si les sujets ont appris la séquence, la suppression du patron séquentiel devrait provoquer une augmentation du temps de réaction (e.g. Reed & Johnson, 1994, Shanks, 2003). Dans l'ensemble, les résultats obtenus dans ces différentes situations indiquent que les sujets acquièrent des connaissances sur la structure de

la séquence qu'ils ne peuvent décrire verbalement.

La majorité des résultats expérimentaux relatifs à l'étude de l'apprentissage implicite

ont été recueillis à l'aide de ces trois paradigmes. Cependant, d'autres situations

expérimentales ont été associées à ce domaine de recherche. Il s'agit notamment de

l'apprentissage de probabilités (e.g. Reber & Millward, 1971) qui étudie la capacité des sujets

à anticiper la position d'un signal lumineux pouvant apparaître dans deux positions possibles. Dans cette tâche, la probabilité d'apparition des stimuli n'est pas aléatoire mais peut dépendre d'éléments présentés jusqu'à 50 essais auparavant. Ces études montrent qu'après une pratique intensive de la tâche, la performance tend à refléter la distribution des stimuli bien que les sujets ne puissent identifier le stimulus présenté au-delà du cinquième essai précédent (Millward & Reber, 1968). D'autres auteurs (Lewicki, 1986; Chun & Jiang, 1999) ont, quant

à eux, utilisé le paradigme d'apprentissage de covariations. Dans cette tâche, les sujets sont confrontés à un environnement visuel complexe composé de différents éléments. Chun & Jiang (1999) ont montré que l'apprentissage d'associations de paires d'éléments améliorait la recherche ou la reconnaissance d'une cible bien que les sujets ne soient pas capables d'identifier ces covariations.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery