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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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2. Variations autour d'une tâche de TRS et persistance de l'apprentissage

implicite

La dernière série d'expériences (Expériences 5 à 9) met en évidence l'existence robuste d'un apprentissage implicite quelles que soient les modifications introduites dans une tâche standard de TRS. Dans l'expérience 5, nous avons réalisé une modification de procédure dans

la tâche elle-même. En effet, nous avons effectué une tâche de TRS en utilisant une séquence répétée placée entre des essais aléatoires. Il s'avère que la méthode que nous avons employée présente un avantage important comparé aux méthodes classiquement utilisées pour mesurer l'apprentissage dans les tâches de TRS. Dans la méthode standard, l'apprentissage est seulement évalué à la fin de la phase de pratique en mesurant l'effet néfaste (généralement, une forte augmentation du temps de réaction) que produit l'introduction d'un bloc de transfert. Dans des articles plus récents, le bloc de transfert est présenté après une phase de pratique relativement longue (e.g., 96 répétitions dans Shanks, 2003), ce qui suggère que l'apprentissage dans les tâches de TRS nécessite un grand nombre de répétitions pour se manifester. La méthode que nous avons utilisée ici, nous permet d'observer l'apprentissage au

fil du temps, ce qui rend alors possible la génération de courbes d'apprentissage. Nos résultats révèlent deux phénomènes importants. Premièrement, une amélioration sélective des performances semble se produire très tôt durant la phase d'entraînement. Ce résultat est conforme aux résultats obtenus par quelques études qui s'intéressaient directement à cet aspect (Perruchet & Amorim, 1992; Perruchet et al., 1997). Deuxièmement, la différence qui existe entre les séquences aléatoires et répétées continue à augmenter durant toute la phase de pratique. De manière générale, les résultats obtenus dans cette expérience ne cherchent pas à invalider l'utilisation d'un grand nombre d'essais d'entraînement, mais ils suggèrent que ce

qui est observé dans la plupart des études de TRS correspond à une quantité importante de

« surapprentissage », et ne peut donc pas se généraliser aux premières parties de l'apprentissage.

Dans l'expérience 6, nous avons examiné l'influence du périphérique utilisé dans une tâche de TRS, afin de voir quel était son impact sur l'apprentissage. Classiquement, les tâches

de TRS sont réalisées au moyen d'un dispositif nécessitant l'utilisation d'un clavier. Les sujets ont pour consigne de positionner l'index et le majeur de chaque main sur les touches du

clavier qui correspondent spatialement aux positions potentielles de la cible sur l'écran, et

d'appuyer aussi rapidement que possible sur la touche correcte dès que la cible apparaît. L'utilisation de ce type de matériel implique une association directe stimulus- réponse. En effet, l'usage du clavier entraîne inévitablement l'existence d'une correspondance directe entre une position sur l'écran et un mouvement spécifique. Dans ce cas, il est possible de se demander si l'apprentissage observé dans ce genre de situation n'est pas dû à la présence de cette association. C'est pourquoi, le fait d'utiliser une souris, en lieu et place d'un clavier, va nous permettre de « rompre » cette liaison stimulus-réponse. L'utilisation d'une souris ne correspond pas à mouvement unique, puisque pour atteindre une position au moyen de ce périphérique, tout dépend de l'endroit d'où l'on vient (par exemple, si le curseur est du côté droit de l'écran et que la cible apparaît à gauche, il va falloir déplacer la souris vers la gauche pour atteindre la cible). Par conséquent, le fait d'utiliser une souris n'implique pas l'existence d'une liaison directe entre une position affichée à l'écran et un mouvement particulier, (comme c'est le cas avec l'utilisation d'un clavier). Nous voulons observer si l'apprentissage continue quand même à se manifester dans ces conditions. Il s'agit d'une expérience novatrice car, à notre connaissance, c'est la première fois qu'une tâche de TRS est réalisée au moyen d'une souris. Les sujets avaient pour consigne de cliquer aussi vite que possible sur une cible

qui apparaissait à l'écran, afin de la faire disparaître. Les données indiquent que les temps de réaction des sujets utilisant la souris sont légèrement plus élevés que ceux des sujets utilisant

le clavier. Cette différence s'explique par le fait que les participants de la « condition souris » doivent dans un premier temps déplacer le périphérique afin d'atteindre la cible, puis cliquer dessus, ce qui leur prend plus de temps que d'appuyer sur une touche de clavier. Les résultats obtenus indiquent clairement que les sujets sont capables d'apprendre les régularités présentes dans la tâche que ce soit en utilisant un clavier ou une souris. Finalement, le fait de montrer une « équivalence » entre ces deux périphériques, pour une tâche de TRS, va nous permettre

de dépasser certaines contraintes qui étaient liées à l'utilisation d'un clavier. En effet, il est désormais possible d'envisager de faire des tâches de TRS avec un nombre plus important de positions potentielles et également avec différents agencements de ces positions sur l'écran,

ce qui n'était pas commode, voire impossible, avec l'utilisation d'un clavier (du fait de la limite physique imposée en terme de positionnement possible des doigts). De plus, l'utilisation de la souris permet de manipuler d'autres variables, comme la précision ou la nature du déplacement de la cible. C'est ce que nous avons examiné dans nos expériences 7, 8

et 9. Là encore, les résultats nous montrent que, quelle que soit la modification introduite dans

la tâche de TRS, l'apprentissage implicite continue à se manifester.

Apprentissage dans les tâches discrètes vs absence d'apprentissage dans les tâches continues : un problème d'anticipation ?

Notre stratégie qui consistait à transformer une tâche de TRS standard afin de la rendre

la plus similaire possible à une tâche continue nous a permis d'obtenir des résultats significatifs d'apprentissage dans tous les cas. Il nous reste maintenant à expliquer pourquoi

un tel apprentissage semble si facile à obtenir dans une tâche discrète alors qu'il est tellement difficile à mettre en évidence dans une tâche continue.

Une première supposition que nous pouvons faire consiste à penser que, dans les tâches

de poursuite continue, le sujet ne peut pas anticiper à cause des contraintes de la tâche. En effet, il doit faire en permanence des micro mouvements d'ajustement afin de se positionner

le plus précisément possible sur la cible qui est en perpétuel mouvement. Ainsi, il est possible

de supposer que le sujet se focalise tellement sur ces micro mouvements d'ajustement qu'il ne prête pas d'attention à la forme générale du mouvement. Une telle hypothèse a été testée dans une expérience complémentaire non rapportée dans le corps de cette thèse. L'objectif de cette expérience était d'expliquer l'échec à obtenir un apprentissage dans une tâche de poursuite continue en supposant que le pistage moteur était trop compliqué (car le focus attentionnel se portait sur les micro mouvements d'ajustement), ce qui ne permettait pas de traiter l'information à un niveau global. Les sujets étaient répartis en deux groupes : un « groupe acteur » dans lequel ils effectuaient, en phase de pratique, une tâche de poursuite identique à celle présentée dans notre expérience 1, et un « groupe observateur » dans lequel ils observaient uniquement le déplacement de la cible sur l'écran sans effectuer aucun pistage (ce

qui constituait la phase de pratique). Les deux groupes étaient ensuite soumis à un test de reconnaissance. Quel que soit leur groupe d'appartenance, les sujets réalisaient ce test de reconnaissance dans la même modalité que celle utilisée lors de la phase de pratique. Nous nous attendions à ce que les sujets du groupe « observateur » obtiennent de meilleures performances que ceux placés dans le groupe « acteur » car ces premiers devaient uniquement observer le déplacement de cible sans effectuer aucun pistage moteur et donc ne devaient pas être « gênés » par une focalisation sur des micro mouvement d'ajustement. Toutefois, les

résultats obtenus dans cette expérience ne vont pas dans ce sens. En effet, aucun apprentissage

en observation n'est obtenu.

Une seconde supposition consiste au contraire à penser que, dans une tâche de poursuite continue, le sujet peut anticiper mais que cela ne lui sert à rien pour améliorer ses performances. Deux cas de figures sont à envisager lorsque l'on émet une telle hypothèse.

Premièrement, il est possible de penser que les ralentissements et les accélérations présents dans le déplacement de la cible permettent au sujet de prédire les changements de direction (par exemple : la cible part du centre de l'écran, se déplace vers la droite puis ralentit à l'approche du changement de direction, et accélère ensuite d'autant plus que le prochain changement de direction est éloigné). Il est possible que ce genre d'information rende inutile l'utilisation de la régularité. Dans un mémoire de DEA conduit sous ma co- direction (Buczaga, non publié), nous avons mis en place une expérience dans laquelle la vitesse de déplacement de la cible a été modifiée, de manière à être constante, rendant ainsi tout changement de direction impossible à anticiper grâce aux accélérations et aux décélérations de la cible. Les sujets réalisaient cette expérience au moyen d'une souris. Celle-

ci était placée sur un dispositif de forme arrondie permettant au sujet d'effectuer un mouvement en arc de cercle d'environ 45° (comme c'était le cas dans l'expérience de Pew,

1974). Pour cela, les participants positionnaient leur coude sur un plateau tournant qui leur permettait de faire pivoter aisément leur avant bras. L'utilisation d'un tel dispositif et d'une souris permettait de se rapprocher du dispositif expérimental utilisé par Wulf & Schmidt (1997). De plus, dans notre expérience, un cache était positionné devant la main des sujets de manière à masquer l'amplitude des mouvements effectués. Ils effectuaient une phase de pratique suivie d'un test de reconnaissance. Les résultats obtenus ne laissent pas apparaître d'apprentissage. Finalement, il est donc peu probable que les informations fournies par les accélérations et/ou les ralentissements de la cible, dans les tâches de poursuite continue telles que nous les avons réalisées jusqu'à présent, empêchent le sujet d'utiliser la régularité, puisque lorsque celui-ci se trouve dans une situation dans laquelle la vitesse est maintenue constante entre deux changements de direction, il ne manifeste aucun apprentissage de la régularité. Les résultats issus du test de reconnaissance indiquaient que les sujets n'étaient pas capables de reconnaître les segments déjà vus.

Deuxièmement, nous constatons que, dans les situations continues, le sujet peut être

parfaitement informé de la présence de la répétition sans pour autant être capable d'améliorer

ses performances au point d'aboutir à un apprentissage. Par contre, nous observons qu'il est parfaitement capable de reconnaître les séquences qu'il a déjà vues parmi des séquences aléatoires. Les résultats obtenus dans l'expérience 10 l'attestent. Ceci nous amène donc à penser qu'un apprentissage latent peut se produire dans les tâches continues. En effet, dans

ces situations, l'apprentissage semble non perceptible immédiatement dans la performance. Les sujets semblent avoir appris, mais, l'indice utilisé (le temps sur cible) n'est pas révélateur. C'est le test de reconnaissance qui va permettre de révéler un apprentissage qui n'était pas apparu auparavant. Ceci nous amène à reprendre la distinction classique entre performance et apprentissage. La performance motrice représente le comportement observable du sujet durant l'exécution d'une tâche. Elle est évaluée à l'aide de critères bien précis (par exemple, le nombre de paniers réussi au lancer franc en basket, ou bien le nombre de fois où un sujet clique correctement sur une cible). L'apprentissage fait pour sa part référence à un changement permanent de la performance (ou de l'aptitude à effectuer certaines tâches ou certains mouvements) résultant de la pratique. Si l'on tient compte de cette distinction, la performance observée durant une pratique n'est pas nécessairement un bon indicateur de l'apprentissage réalisé par un sujet.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld