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Les inégalités de la mortalité des enfants de moins de cinq ans selon le sexe: cas du Congo

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par Arsène ODZO DIMI
Institut de Formation et de Recherche Démographique/Université de Yaoundé II - DESSD 2007
  

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II.5. Désirs d'enfants selon le sexe au Congo

Le Congo connaît sur le plan culturel une certaine hétérogénéité des régimes matrimoniaux. De façon générale, deux groupes ethniques s'opposent ; les M'bochi, patrilinéaires et les Kongo, matrilinéaires. Ces régimes sont accompagnés d'un certains nombre de considérations vis-à-vis du sexe de l'enfant.

Car, si pour les M'bochi la pérennité du lignage est assurée par les fils, chez les kongo celle-ci est plutôt assurée par les filles. Dans cette dernière ethnie, les gens entretiennent l'idée selon laquelle la vraie descendance est celle engendrée par sa soeur, car toute la communauté peut constater son état de gestation, on est donc plus sur des liens de consanguinité qui unissent les enfants de la soeur avec les frères et autres membres de la famille. Par contre, il est très difficile en Afrique d'établir les liens de consanguinité entre le père et l'enfant à naître, a cause de la faiblesse de la technologie dans le domaine médicale et biologique. Les M'bochi quant a eux reconnaissent tout simplement que ce sont les mères qui connaissent les vrais pères de leurs enfants. Ce qui pose le problème d'infidélité de la femme. Signalons à ce sujet que cette réalité est très souvent a l'origine des ruptures d'unions dans la société congolaise. Ces considérations justifient a notre avis les préférences pour les enfants de sexe masculin, car dans les deux cas, l'héritage, en cas de décès du chef de famille, est légué aux enfants de sexe masculin à la seule différence que dans les ethnies patrilinéaires on l'attribue au fils alors que dans les ethnies matrilinéaires on l'attribue au neveu.

Pendant l'enquête démographique et de santé de 2005, on a demandé à toutes les femmes enquêtées le nombre d'enfants idéal, de sexe masculin et de sexe féminin qu'elles voudront avoir au cours de leur vie génésique. Les réponses données à cette question donnent une idée sur la fécondité désirée et en même temps sur leurs désirs d'avoir des enfants de sexe masculin ou féminin. Le tableau 2.3 résume l'information sur le désir des mères d'avoir soit un enfant de sexe masculin ou de sexe féminin. Il apparaît clairement que les enfants de sexe masculin sont autant voulus que ceux de sexe féminin.

Car, pour chaque nombre les proportions des femmes qui désirent avoir des garçons ou des filles est le même. D'après ces résultats, chaque femme Congolaise désire avoir en moyenne un peu plus de deux enfants pour chaque sexe, soit deux filles et deux garçons.

Tableau2.7 : Répartition des femmes enquêtées selon le nombre idéal d'enfant par sexe

Nbre idéal d'enfants

Sexe masculin

Sexe féminin

Effectifs de femmes désirants des garçons

%

Effectifs de femmes désirants des filles

%

0

3307

19,7

3297

19,7

1

890

5,3

835

5,0

2

4073

24,3

3792

22,6

3

3693

22,0

3793

22,6

4

1317

7,9

1526

9,1

5

824

4,9

842

5,0

6

213

1,3

182

1,1

7

39

0,2

54

0,3

8

6

0,0

34

0,2

9

0

0,0

14

0,1

10

11

0,1

5

0,0

11

0

0,0

0

0,0

12

5

0,0

2

0,0

Autres

2380

14,2

2380

14,2

Total

16756

100

16756

100,0

Ces résultats se confirment pour un certain nombre de caractères des femmes. Notamment l'instruction, l'occupation, l'ethnie, l'âge à l'accouchement, le statut dans le ménage, la région de résidence et la religion. Pourtant, on note une légère différence dans la manière de traiter les enfants dès les premiers moins d'existence. Concernant la nutrition des enfants par exemple, le rapport de l'EDS montre que durant les cinq dernières années, précédents l'enquête, 94 % de garçons a été allaitée au sein contre 93 % de filles. Au cours de la même période, 77 % de garçons contre 75 % de filles ont été allaité durant les premiers jours qui ont suivi la naissance de l'enfant. Cependant, 62 % de garçons contre 61 % de filles n'ont pas reçu le colostrum4(*) très bénéfique pour le renforcement du système immunitaire de l'enfant.

De 1984 jusqu'à récemment en 2001, il apparaît que la rougeole était la première cause de décès des enfants au Congo. Or, il s'avère que cette maladie est évitable par la vaccination. Le rapport de l'EDS montre à ce sujet que les filles sont mieux protégées par rapport aux garçons. En effet, il y a 69 % de filles vaccinées contre la maladie et 64 % de garçons. De même pour l'ensemble des vaccins, on constate que la proportion d'enfants vaccinés tourne à l'avantage du sexe féminin avec une légère différence. Par contre, sur 100 cas de diarrhées, 29 cas ont fait l'objet d'une recherche de traitement chez les garçons et 20 cas chez les filles. Les résultats de l'EDS font également état du fait que plus de garçons dorment sous une moustiquaire imprégnée que les filles. Cela peut être préjudiciable pour les enfants du sexe défavorisé dans la mesure où le paludisme est considéré comme la première cause de mortalité. Cela est d'autant plus vrai que le Congo se situe dans une zone de forte endémicité à cause des caractéristiques physiques très favorables au développement des moustiques.

L'examen de ces résultats montre que ceux-ci sont plus ou moins bien corroborés non seulement avec les théories explicatives des inégalités sexuelles de mortalité des enfants mais également au schéma classique de la mortalité. Ils suggèrent de ce point de vue que le Congo ne fait pas totalement exception au regard des connaissances acquises dans le domaine de la mortalité, sous réserve des évolutions éventuelles. On constate que les garçons sont défavorisés par rapport aux filles presque à toutes les étapes de la vie. Ces résultats suggèrent également la prépondérance des causes endogènes par rapport aux causes exogènes qui sont le fait des comportements parentaux différentiels selon le sexe. Au regard des résultats actuels qui confirment cette tendance, on peut supposer que le contexte socioéconomique caractérisé par la crise, n'a pas vraiment éveillé les attitudes discriminatoires de façon à renverser la tendance. Cette hypothèse est à nuancer dans la mesure où en 1974, on observait une surmortalité féminine juvénile à Brazzaville. De plus, les effectifs ne sont pas aussi significatifs pour pouvoir tirer des conclusions pertinentes.

* 4 En BIOLOGIE liquide très nutritif de la première lactation maternelle après l'accouchement

au bout de quelques jours, la sécrétion de colostrum est remplacée par la sécrétion de lait

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