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Les inégalités de la mortalité des enfants de moins de cinq ans selon le sexe: cas du Congo

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par Arsène ODZO DIMI
Institut de Formation et de Recherche Démographique/Université de Yaoundé II - DESSD 2007
  

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I.3. Les caractéristiques socioéconomiques

a). Occupation de la femme et le niveau de vie du ménage

Généralement, le niveau de vie du ménage est appréhendé par l'activité des parents, mieux du père ou du chef de ménage. En choisissant l'occupation de la femme, nous voulons tout simplement mesurer son impact sur l'ampleur des inégalités sexuelles de mortalité dans la mesure ou celle-ci leur attribue le pouvoir de décision susceptible d'améliorer non seulement les conditions de vie du ménage mais également l'état de santé des enfants, en particulier celui des petites filles.

En effet, comme nous l'avons vu dans le chapitre premier, on estime que les femmes préfèrent tout comme leurs maris, les garçons parce qu'elles sont dépendantes économiquement des hommes. Dans ces conditions on peut supposer que dans un ménage où la femme (ou le couple) travaille, les inégalités de mortalité dues aux préférences sexuelles seront négligeables, sinon nulles.

Cependant, faute de données ad hoc, le niveau de vie du ménage sera saisi par le confort de l'habitat. Ce dernier, lorsqu'il reflète bien le revenu du ménage peut s'avérer comme la caractéristique familiale la plus déterminante pour la santé des enfants et par conséquent de leur survie.

« Les ressources économiques influencent la possession de toute une série de biens et le recours à de nombreux services susceptibles d'affecter la mortalité des enfants à travers leurs impacts sur les déterminants proches. La disponibilité en eau potable et en nourriture, garantes d'un bon équilibre physiologique ainsi que la présence d'installations sanitaires (et le type ou le confort du logement), qui détermine en partie le degré d'exposition au risque pour de nombreuses maladies infectieuses et parasitaires, sont largement influencées par le niveau économique du ménage », Barbieri (1991, cité par Biaye, 1994).

L'emploi salarié, en tant qu'indicateur des ressources économiques du ménage et donc de sa capacité d'accès aux biens et services utiles à la santé de l'enfant, permet de disposer (en quantité et en variété) des aliments nutritifs au sein de la cellule familiale, notamment lorsque la mère est enceinte ou allaitante. Il permet aussi de disposer de moyens d'assurer une alimentation saine (cuisson des aliments, stérilisation des ustensiles, conservation de la nourriture...).

Enfin, toujours d'après Barbieri, « le revenu permet de recourir aux moyens d'information et de circulation nécessaire pour utiliser efficacement les services de santé de la communauté. Le coût de tels services (consultations médicales, hospitalisation, médicament) limite en outre leurs utilisation aux classes les plus aisées de la population ».

Faisant le rapport de ces deux indicateurs avec les différences entre sexes en matière de mortalité des enfants, M. Biaye estime que le fait de disposer des revenus au sein du ménage, rend les infrastructures sanitaires plus accessibles aux enfants et amoindrie les différences sexuelles de mortalité du fait d'une situation supposée favorable aux dépenses.

b). Le milieu de résidence

Ce concept se réfère généralement à deux définitions ; l'une insiste sur l'aspect physique et géographique et l'assimile au :

«Processus impliquant une concentration de plus en plus forte de gens dans certaines entités, avec le cas échéant un changement de type d'activité (primaire, secondaire et tertiaire), et le contact avec des gens de cultures et d'horizon différents », Akoto (1993, p.112).

L'autre, insiste sur l'aspect global ou sociologique de l'urbanisation, la considère comme :

« La diffusion géographique de valeurs, de comportements, d'organisation et d'institutions urbaines » (G. Courade et M. Bruneau, 1984, cité par Biaye).

Le constat fait par Akoto en 1993, constat selon le quel l'urbanisation physique est en avance sur l'urbanisation sociologique est encore valable de nos jours dans les pays africains. Cela s'explique par l'hétérogénéité du système urbain :

 « La ville est une mosaïque de population, d'activité, de conditions d'existence, de niveaux culturels et de traditions fort disparates. Tous les habitants d'une agglomération urbaine ne jouissent pas de la même façon de l'infrastructure socioéconomique et sanitaire dont celle-ci est dotée. Certaines couches de la population en sont exclues. Le problème des villes du tiers monde s'exprime en effet souvent en termes de marginalité ou d'exclusion d'une frange plus ou moins importante des citadins du mode de vie urbain ».

En ce qui concerne la mortalité générale, il est clair que les infrastructures socioéconomiques et sanitaires qui ont un pouvoir réducteur sur la morbidité et la mortalité des enfants, s'améliorent avec l'urbanisation. Sous cette hypothèse, les enfants en milieu urbain auront une mortalité moins élevée que ceux en milieu rural. Cette hypothèse est discutable dans la mesure où le phénomène de bidonvilisation (due lui-même à l'exode rural massif, au sous emploi et au chômage) plus ou moins prononcé peut tout à fait conduire à une situation contraire, où la survie sera nettement meilleur en milieu rural qu'en milieu urbain.

Pour les différences de mortalité, on estime que près des villes et dans les villes les gens sont moins imprégnés des normes et valeurs traditionnelles que la campagne est supposée conserver et, en cas de désavantage d'un sexe dans l'enfance, le milieu urbain présenterait des situations atténuantes par rapport à ce que l'on attendrait. Dans sa forte hétérogénéité, en milieu urbain le changement peut n'être souvent que dans l'apparence et non dans les mentalités pour la grande majorité moins impliqués dans le processus ; on peut pour cela présager, comme M. BIAYE une situation de manque où les rares ressources doivent être utilisées avec parcimonie pourrait éveiller (inconsciemment surtout) certains comportements et attitudes inégalitaires selon le sexe dans les soins infantiles. Dans ce cas, il est difficile de prévoir comment les différences de mortalité vont varier. Certains auteurs pensent que dans les villes, la situation sera en faveur des garçons, d'autres par contre pensent qu'en ville, le milieu urbain sera nettement favorable aux petites filles.

c). La région de résidence

Elle occupe une place importante dans l'explication de la mortalité des enfants. Cette variable est responsable des inégalités de mortalité du fait des politiques d'actions et de planification sanitaire non équilibrées entre les différentes régions d'un même territoire. En effet, certaines régions bénéficient des conditions écologiques, sanitaires et scolaires qui les avantage à tout point de vue ; tandis que dans d'autres ces mêmes conditions augmentent le risque d'exposition et limitent l'accessibilité aux services sociaux de base. Pour ce qui est de la mortalité différentielle, il convient de noter que l'univers culturel qui détermine les considérations des individus à l'égard du sexe est calqué généralement sur le découpage territorial. Et comme nous l'avons déjà signalé un peu plus haut, l'opposition du système lignagère qui s'observe au niveau de l'appartenance ethnique peut l'être également au niveau de la région de résidence. Il est donc possible qu'on observe une surmortalité féminine dans les régions où domine le patriarcat et une surmortalité masculine dans les régions où la filiation est à dominance matrilinéaire.

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