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l'éradication de l'excision

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par Amadou Boubou N'dongo
université de Nouackchott - Maîtise en Droit des affaires 2007
  

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l Paragraphe 2: l'excision et la norme sociale

Tout fait pratiqué par plusieurs acteurs de la société de manière durable pour consolider un problème déterminé, devient une norme sociale. Ainsi, constituée cette dernière doit être suivi et respecter par tous les membres de la société. C'est pourquoi, l'excision est devenue une norme endurcie par les membres de la société qui la pratique. Car une famille qui refusera de se soumettre perdra ses statuts et sa considération dans la société. De ce fait aucune famille ne veut perdre ses droits sociaux à cause de l'abandon d'une pratique sociale. Il importe de se demander pourquoi cette dernière a de telle importance dans la société? en ce sens on tentera d'abord de voir l'excision perçue comme une reconnaissance sociale (A), avant d'aborder la théorie selon laquelle elle apaise des plaisirs charnelles (B).

l A-L'excision et la reconnaissance sociale

Selon l'EDSM seules les femmes mauritaniennes (35%) pensent que l'excision accroît la reconnaissance sociale. C'est pourquoi elles endurent la pratique parce qu'elles y trouvent de la fierté, de la joie et parfois même elles sont récompenser en cas de mariage ou leur virginité est rendue publique. C'est pourquoi, chez les pulaars: ?haddadé éné hadaa koyeré?, c'est-à-dire l'?excision empêche le déshonneur?. dans cette communauté la femme est perçue comme le garant de l'honneur du groupe familiale, car elle est contrainte à se soumettre à certaines pratiques traditionnelles, dont les plus néfastes sont l'excision, le lévirat le sororat et les mariages précoces aux détriment de sa santé. Dans les communautés ou elle est pratiquée, l'excision est considéré comme une purification rituelle et justifie pour des raisons d'hygiène. C'est par exemple le cas des bambaras du Mali qui appellent l'excision: ?seliji?, ce qui signifie ablution ou toilette rituelle. En revanche, dans la société mauritanienne cette reconnaissance sociale est exprimée par différents termes: ainsi par les pulaars elle est désignée comme ?yonteedé?, être raffiner; chez les arabes: ?tehval?, ?ezziana?: devenir belle; chez les Soninkés ?salindé?, ?tahar? purification. Toutes ces expressions se résument à l'affirmation suivante: ?une fille non excisée n'est pas jolie?. en plus de la beauté, de la propreté il existe d'autres raisons plus usitées.

B-L'excision et le mariage

L'une des raisons les plus utilisée est celle selon laquelle l'excision constitue un bouclier aux plaisirs charnels. C'est-à-dire qu'elle empêche la femme de forniquer et d'être fidelle à son mari. Retournons chez les pulaars ou la femme est considérée comme le garant de l'honneur du groupe familial; cette femme qui était gardienne de l'honneur doit toujours se maîtriser sexuellement pour éviter une grossesse hors mariage qui va déshonorer son groupe familiale. C'est pourquoi les pulaars disent que ?haddadé ina togga fittaadu? 13(*)

C'est-à-dire l' ?excision éduque et atténue le plaisir charnel?. cependant, cette atténuation vise à préserver la virginité de la femme jusqu'au mariage, car dans le marché matrimonial les ?vierges? passent avant les ?non vierges?. dans ce cas les hommes qui commandent ces vierges n'endurent-ils pas la pratique? c'est le cas aussi d'une partie du Nigéria ou l'excision a pour but de permette à la belle mère de vérifier la virginité de la future épouse. En effet, est-ce que ces belles valeurs sociales que garantisse la femme n'ont pas de conséquences négatives en son encontre?

Chapitre II: les conséquences néfastes de l'excision

La médecine moderne a démontré par des preuves claires et concises que l'excision nuit gravement à la santé présente ou future d'une fille ou d'une femme qui a été soumise à la pratique. Car elle a développé le contraire des arguments culturels justifiant la pratique, pour ensuite dire que les complications immédiates comme l'hémorragie, peuvent entraîner la mort 14(*) si elles ne sont pas soignées d'urgence. Notons que l'excision est pratiquée en Mauritanie dés le jeune âge, c'est-à-dire quelques semaines après la naissance. Ce caractère choquant de la pratique dissimule la violation des droits de l'enfant qui ne peut l'exprimer. Ainsi, on va tenter de voir comment l'excision nuit à la santé des filles et des femmes (section 1), avant d'entamer l'ampleur de la violation des droits humaines (section 2) qu'elle entraîne.

Section 1: l'excision et la santé des filles et des femmes

L'excision est une pratique traditionnelle néfaste à la santé des filles et des femmes. Parfois, ces dernières (filles et femmes) sont conscientes du danger qu'elle (l'excision) entraîne, mais elles sont obligées de s'y soumettre puisqu'elles sont contraintes par le poids de la tradition. Affirmons tout de suite qu'aucune tradition ne peut et ne doit pas être accepter si elle empiétine les droits d'une personne humaine. En se sens, pourquoi l'excision est toujours acceptée dans la société mauritanienne ou les femmes meurent en donnant une vie ? ne pensent-elles pas que l'excision peut être à l'origine de ces décès?

A travers ces questions nous tenterons d'abord de présenter les conditions dans lesquelles se déroulent l'excision (paragraphe 1), avant d'entamer les complications (paragraphe 2) qu'elle peut entraîner.

Paragraphe 1: les conditions de déroulement de la pratique

Les enquêtes effectuées notamment par les EDS et les MICS 15(*) fournissent des informations précieuses sur les circonstances dans lesquelles se déroule l'excision, notamment l'âge auquel une fille ou une femme subit la pratique, le type d'intervention et la personne qui effectue. L'âge varie d'un pays à un autre. Ainsi, en Egypte environ 90% des filles sont excisées entre 5 et 14 ans. Mais en Mauritanie celles-ci subissent la pratique quelques semaines après la naissance, rarement après un an. C'est pourquoi, elles ne peuvent pas se rendre compte du type d'excision effectué ni de la personne qui l'a effectue. Mais l'ONG AMPSFE a réalisé cette rare étude relative aux types d'excision pratiquée en Mauritanie. Ainsi, on rencontre trois types d'excision dans le pays: notamment le type I (excision partiel ou total du clitoris), le type II (excision du clitoris avec excision partielle ou totale des petites lèvres) et le type III (autre pratique non classée, tel que le tassement/atrophie du clitoris). Cependant, la plupart des filles ou femmes sont excisées par des praticiens traditionnels (A) mais parfois une ?médicalisation? de la pratique (B) peut se faire en cachette par certains médecins.

A-L'excision traditionnelle

Dans les pays ou elle est pratiquée, l'excision est effectuée par des spécialistes locaux (exciseures/exciseuses), des accoucheuses traditionnelles et généralement par des personnes âgées de la communauté, en principe par les femmes. L'excision est pratiquée en Mauritanie sans anesthésie, d'une manière barbare avec des instruments rudimentaire. Ces derniers peuvent être utiliser à plusieurs reprises sur des filles différentes; ce qui nous montre qu'il y a un risque de contamination du virus du SIDA (VIH), si l'une des fillettes est séropositive. Cette cruauté de la pratique est rapportée par les propos de Oumou Hani Sarr membre de Nissa Banque 16(*) , recueillis par Yacouba Tandia, les voici: ?A M'bagne si on parlait d'excision, tous les esprits se tournaient vers moi Néné. Je n'excisais pas, mais c'est moi qui écartais les jambes des petites filles et les immobilisais pour permettre à l'exciseuse de faire l'ablation du clitoris. Aujourd'hui, je peux dire que l'excision est une opération dangereuse pour les filles. Concrètement, nous pratiquons l'excision avec une lame. ?pres l'ablation de l'organe (le clitoris), on pose du coton trempé dans l'alcool sur la plaie. Dans le passé, les exciseuses imposaient un soin particulier en demandant à la fille excisée de s'asseoir sur de l'eau tiède matin et soir pendant une semaine pour faciliter la cicatrisation de la plaie. D'autres faisaient bouillir des crottes de chèvres et récupéraient le liquide pour servir de passement une fois les filles excisées qui éprouvaient des difficultés à uriner pour longtemps?.

En revanche, certaines mères dont le degré d'instruction est un peu élevé, évitent ces conditions défavorables de la pratique, en faisant appel à un des professionnels de santé.

B-Le danger de la médicalisation de la pratique

La médicalisation 17(*) de l'excision est effectuée non plus par des praticiens traditionnels, mais un personnel médical qualifié. Cette tendance est en hausse;

c'est pourquoi, l'analyse des données de l'Enquête par groupe d'âge indique une impressionnante diffusion de la médicalisation de l'excision en Egypte, en Guinée, au Mali, au cours des dernières années. En Guinée par exemple, on a constaté que 21,8% des filles et des femmes âgées de 15 à 19 ans avaient été opérées par des agents de la santé, contre moins de 1% pour les femmes âgées de 45 à 49 ans. En Mauritanie, on ne dispose pas de données exactes sur la médicalisation de la pratique faute d'enquête. Mais certaines familles font appel à des médecins ou chirurgiens 18(*) dans leurs domiciles pour les douleurs et des hémorragies liées à la pratique. Cependant, l'OMS, dénonce la médicalisation des pratiques mutilatoires. C'est pourquoi le comité interafricain exige des poursuites contre ces professionnels de santé. De même que le conseil français de l'ordre des médecins nous rappellent à se sujet l'article 4119(*): ?Aucune intervention mutilante ne peut être pratiquer sans motif médical très sérieux?, ce qui n'est pas le cas de l'excision. En plus elle entraîne des complications très graves à la santé des filles ou femmes.

Paragraphe 2: Les complications entraînées par l'excision

L'excision est une pratique néfaste qui est très dangereuse sur la santé de la fille ou de la femme. Car elle entraîne un traumatisme psychologique immédiat et ultérieur sur le comportement de celle-ci. Mais celui-ci n'est pas connu par les mamans à cause de l'ignorance. Cependant, ces dernières savent les complications à court termes (A) même si elles ignorent les complications à long termes (B) entraînées par la pratique de l'excision.

A-Les complications à court terme

L'excision se pratique sans anesthésie avec des instruments rudimentaires sur les organes innervés de la fille ou de la femme. C'est pourquoi, une douleur très intense et insupportable est ressentie par la victime qui l'exprime par des cries, la maman en est bien consciente. Ces organes mutilés étant très vascularisés, provoquent des saignements voire l'hémorragie qui, s'ils ne sont pas soignés d'urgence peuvent provoquer la mort subite de la fille ou de la femme. Ces complications même si elles sont soignées par transfusion de sang, elles vont causé chez la victime un choc post-mutilation qui se traduit par des infections chroniques et aiguës de l'appareil génito-urinaire, des tumeurs, des kystes et des relations sexuelles parfois très douloureuses. Cependant, la majorité de ces complications est connue par les mamans (40% et 50% des cas au Mali et en Mauritanie, selon l'EDS) mais des obstacles au changement d'attitude et comportement persistent. Car celles-ci pensent qu'il faut toujours continuer à pratiquer l'excision pour faire vivre la tradition. La question qui se pose est de savoir, est-ce qu'elles savent les complications ultérieures entraînées par la pratique?

B-Les complications à long terme

Les femmes excisées ressentent au cours de leur existence des complications liées à la pratique notamment la formation de ?cicatrices chéloides? sur la blessure génitale qui peuvent prendre l'ampleur au point d'empêcher ou de rendre difficile la marche. En plus une forte anémie, la rétention des urines, l'infertilité ou la stérilité, les règles douloureuses, les douleurs pendant les rapports sexuels sont des complications fréquemment citées par celles-ci. Par ailleurs, les infections chroniques peuvent évoluer vers le septicémie mortelle. La phase de l'accouchement est aussi un travail parfois prolongé si la femme est excisée et qu'elle a des déchirures périnéales ou des hémorragies. Une autre complication plus grave est la fistule vesico-vaginale ou recto-vaginal par laquelle la femme n'arrive pas parfois à retenir ses urines et devient ainsi impropre à la prière 20(*). Car celle-ci est provoquée par un accouchement qui a duré longtemps chez une femme et qui a entraîné la nécrose (mort) des tissus séparant la vessie ou le rectum du vagin. Notons cependant, que toutes ces complications cirées rendent la femme plus exposée à la contamination du vih sida, les virus de l'hépatite... C'est pourquoi la pratique de l'excision constitue une violation des droits humains les plus absolus.

Section 2: L'excision et la violation des droits humains

Les instruments internationaux, notamment la convention internationale sur les droits des femmes (CEDEF) de 1979 et la convention relative aux droits de l'enfant (CDE) de 1989, affirment la nécessité de protéger le droit à la vie et le droit à la santé de toute personne humaine. Le respect de ces conventions par ces ?tats signataires dont la Mauritanie, assure d'une part la promotion des droits de l'enfant et d'autre part, il va entraîner le développement rapide de la population. Ainsi, on va tenter de voire l'excision par rapport aux droits de l'enfant (paragraphe 1), avant d'évoquer l'obligation de l'Etat mauritanien (paragraphe 2) par rapport à ceux-ci.

Paragraphe 1: L'excision et les droits de l'enfant

Chaque année l'excision viole les droits humains d'environ trois (3) millions de filles et femmes rien qu'en Afrique et au Moyen-orient. Cette violation affecte les droits de celles-ci à la vie, à l'intégrité physique et corporelle et à la meilleure santé possible. En se sens les années 1980 et 1990 représentent une époque importante pour la reconnaissance de l'excision en tant que violation des droits des filles et des femmes. C'est notamment le cas de la CEDEF en 1979; cette perspective fut reprise par la suite dans le cadre de plusieurs conférences internationales notamment lors de la conférence mondiale de l'ONU sur les droits de l'homme à Vienne, en Australie (1993), celle sur la population et le développement au Caire, en Egypte (1994) et lors de la quatrième (4e) conférence mondiale sur les femmes à Beijing, en Chine (1995). Toutes ces conférences réunies mettent en avant la primauté de l'intérêt de l'enfant (A) et son droit à la vie et à la meilleure santé (B) possible.

* 13 ?équipe de recherche sur les MGF, les stratégies culturelles de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes.

* 14 Si l'enfant est décédé suite à une mutilation quelconque, les auteurs, coauteurs et complices seront punis par la loi. Et si l'article 6 du code pénal pour l'enfant dispose que: ?le meurtre volontairement commis sur la personne d'un enfant avec ou sans préméditation est puni selon les dispositions des articles 271 et suivant du code pénal?.

* 15 c'est une enquête démographique comme EDS, effectuée dans plusieurs pays africains.

* 16 Propos intitulés de l'apprentissage de l'excision au militantisme contre les MGF. Bureau UNICEF Nouakchott.

* 17 C'est lorsque l'excision est pratiquée par un professionnel médical. En Guinée par exemple on a constaté 21,8% des filles et des femmes âgées de 15 à 19 ans avaient été opéré par des agents de la santé contre moins de 1% pour les femmes âgées de 45à 49 ans

* 18 Selon l'article 12 et 1 du code pénal pour l'enfant: ?la peine est portée à 4ans d'emprisonnements à une amende de 160 mille à 300 mille ouguiyas lorsque l'auteur de l'infraction relève du corps médical ou paramédicale?.

* 19 Décret n?? 95-1000 du 6 septembre 1995 portant sur le code de déontologie médical

* 20 La fistule vesico-vaginale ou recto-vaginale par laquelle la femme n'arrive pas à retenir ses urines ,car cela dément l'argument selon lequel une ?femme non excisée est impropre à la prière?

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle