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Stratégie de croissance accélérée et environnement des affaires au Sénégal

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par Waoundé DIOP
Université Cheikh Anta DIOP - DEA 2005
  

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B / Le tournant de la dévaluation de 1994

Le gouvernement, en accord avec ses partenaires de l'UEMOA, a adopté en janvier 1994 une stratégie globale d'ajustements à moyen terme. Cette stratégie a consisté en la dévaluation du franc CFA de 50%, une politique budgétaire et monétaire rigoureuse et des réformes structurelles axées sur le secteur privé.

Depuis la dévaluation du franc CFA, l'expansion économique apparaît plus soutenue et un peu plus vigoureuse que par le passé, avec un taux de croissance du PIB de l'ordre de 5% par an en moyenne. Pour la première fois dans l'histoire économique du Sénégal indépendant, le taux de croissance du revenu par tête a ainsi pu se maintenir à plus de 2% par an en moyenne pendant une dizaine d'années successives. Mais une telle performance ne permet pas de compenser le recul observé dans le passé.

On comprend pourquoi, malgré la baisse de la proportion de pauvres observée entre 1994-1995 et 2001-2002 (de 61.4% à 48.5% pour les ménages et de 67.9% à 57.1% dans la population)1(*), l'incidence de la pauvreté reste forte, particulièrement en milieu rural où l'on compte deux ménages pauvres sur trois. Les inégalités de revenus s'inscrivent quant à elles dans une tendance à la hausse. A ces indicateurs, il faut ajouter le faible rythme de développement du capital humain (éducation, santé,...etc.) et les déficiences dans la qualité des services sociaux de base.

L'écart entre le taux d'investissement et le taux d'épargne, ainsi que les fortes fluctuations de ce dernier, met en évidence l'indépendance entre l'une et l'autre variables. Il explique également le recours constant aux ressources extérieures pour financer l'investissement. Le défi majeur pour le Sénégal consiste désormais à perpétuer la relance des investissements qu'on observe depuis le milieu des années 90. Essentiellement due au regain de l'investissement public qui a résulté de la maîtrise des dépenses publiques courantes et au déferlement des investissements financés par les transferts des émigrés (dans l'immobilier essentiellement), cette relance doit bénéficier à d'autres secteurs que le bâtiment, le commerce et les services. L'afflux des investissements directs étrangers suscité par les privatisations en cours doit se confirmer par une plus grande régularité.

Les résultats des réformes entreprises ont contribué à résorber les déséquilibres macro-économiques et à promouvoir l'investissement tant public qu'en provenance de l'extérieur. Mais en raison des contraintes structurelles liées à la productivité du travail, à la dégradation des infrastructures, à la faible qualité de l'offre de services publics et au bas niveau de développement du capital humain, ces résultats tardent à profiter à l'emploi, à la productivité et à la compétitivité de l'économie.

On note une croissance encore hésitante et mal répartie, malgré qu'elle ait permit d'enregistrer la plus longue hausse du PIB par tête depuis la fin des années 60. De -0.4% par an dans la période 1985-1993, son taux de croissance est passé à plus de 2% entre 1994 et 2003.

(tableaux 1.1 et 1.2).

Tableau 1.1 Principaux indicateurs macroéconomiques, 1960-2000

 

1960/1969

1970/1979

1980/1984

1985/1993

1994/2000

Croissance (en %)

PIB

2,2

3

1,8

2,2

24,9

PIB par tête

-0,5

0,3

-0,9

-0,4

2,1

Croissance (en %)

 

Primaire

3

3,6

-2,4

2,2

4,2

Agriculture

 

9,3

-4,9

2,4

5,4

Secondaire

4,2

4,3

3,6

3,1

6,5

Tertiaire

2,8

2,4

2,4

2,4

5,3

Contribution au PIB

 

Primaire

24,4

24,6

19,4

20,2

19,3

Agriculture

16,9

13,9

10,6

10,5

10

Secondaire

12,1

14,1

15,7

18,4

20,4

Tertiaire

49,3

48,2

47,4

49,2

50,8

Investissement, épargne et consommation (en % du PIB)

Investissement

7,9

14,6

12,5

12,6

19

Privé

3,4

10,6

8,2

8,5

12,7

Public

4,4

4

4,3

4,1

6,3

Epargne

5,5

7,8

-3,5

5,9

10,8

Privé

 

 

-4,6

2

5,9

Public

 

 

1

3,9

4,9

Consommation Finale

94,5

92,2

103,5

94,1

89,2

Secteur extérieur (en % du PIB)

Exportations

22,1

32,3

31,8

24,8

30,5

Importations

24,4

39,1

47,8

31,5

36,9

Solde commercial

-2,3

-6,8

-16

-6,7

-6,4

Source : Diagne et Daffé 2002

Tableau 1.2 Indicateurs macro économiques récents

 

2001

2002

2003

Taux de croissance (en %)

PIB

4,7

1,1

6,3

PIB par tête

2

-1,6

3,6

Secteur primaire

3,3

-20,6

2,5

Secteur secondaire

4,3

9,8

-6,5

Secteur tertiaire

4,1

5,5

3,7

Contribution au PIB (en %)

Secteur primaire

17,4

13,6

15,4

Secteur secondaire

19,1

20,3

19,9

Secteur tertiaire

63,5

66,1

64,7

Epargne, Investissement, Exportation, importations (en % du PIB)

Epargne

8,6

7,5

8,8

Investissement

22,8

23

23

Exportations

30,7

30,5

28,2

Importations

40,4

40,2

40,3

Sources : APIX

Mais ces bonnes performances macroéconomiques sont vécues de manière très différente selon les secteurs. Si le secteur tertiaire affiche un taux de croissance modéré mais régulier, ceux des secteurs secondaire et primaire sont plus incertains.

Bien que le secteur primaire en général et l'agriculture en particulier continue d'occuper la grande majorité de la population active du Sénégal, les activités de services se sont progressivement imposées comme le moteur de l'économie. En 2003, alors que les parts des secteurs primaires et secondaire représentent respectivement 15.4% et 19.9% du PIB, celle du secteur tertiaire s'élève à 64.7% (tableau 1.2) ; ce qui indique que ce dernier secteur contribue à lui seul pour presque le double des deux premiers réunis. La contribution des deux premiers secteurs au PIB était de 11.5% et 23.9% en 1960 et de 15.4% et 18.9% en 1980, contre respectivement 64.6% et 65.8% pour le secteur tertiaire.

Cette prééminence des activités tertiaires et informelles est liée non plus au développement « naturel » des secteurs (les fameuses « étapes de la croissance » à la Rostow) mais à des déséquilibres consécutifs à la crise de l'agriculture en général et de la culture arachidière en particulier. Constitué d'une vaste composante informelle, le secteur tertiaire est en réalité le fruit d'un exode rural massif et du développement des petites activités commerciales et artisanales dans les centres urbains. Le commerce est la principale branche du secteur avec une part représentant 41.2% de sa valeur ajoutée et 21.1% du PIB en 2000. Il est suivi des transports et télécommunications avec respectivement 23.3% et 11.8%.

Pour les obstacles à la compétitivité, on note une mauvaise qualité des infrastructures et des services publics et la cherté des coûts des intrants sont parmi les facteurs qui contribuent le plus à dégrader la compétitivité des entreprises sénégalaises. L'offre des services de fournitures d'électricité et de transport est illustrative de cette situation.

Concernant le secteur de l'énergie, s'ajoute la mauvaise qualité du service (coupures, délestages, accidents,...etc.), la cherté des tarifs et la vétusté de l'appareil de production. Les infrastructures de transport soulèvent des problèmes similaires de qualité, de coûts de vétusté du matériel et de régularité du trafic. Ces problèmes sont aggravés par les nombreux accidents corporels et matériels noté sur les axes routiers et ferroviaires.

Cependant, malgré ces problèmes, la situation économique du Sénégal est marquée, durant ces cinq dernières années, par une croissance soutenue de 5% l'an en moyenne, dans un contexte de maîtrise de l'inflation (inférieure à 2%) et de viabilité des finances publiques (déficit budgétaire : 3% environ, taux d'endettement extérieur public : 43%). (tableau 1.3).

Cependant en adoptant le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) en 2001, le gouvernement du Sénégal a décidé de mettre en chantier une politique volontariste de croissance accélérée (de 7 à 8% par an) et mieux répartie avec comme objectif de doubler le revenu par tête d'habitant en 2015.

Cette politique a pour vocation de consolider les acquis et de créer au niveau des entreprises et de l'ensemble du tissu économique, les conditions préalables à la réalisation des gains de productivité nécessaires pour atteindre une croissance d'au moins 7% de 2007 à 2015.

* 1 Les indices de pauvreté et d'inégalité de 1994/95 et de 2001/02 ont été calculés sur la base des données des enquêtes réalisées pendant les même périodes par la DPS. Il s'agit en l'occurrence des Enquêtes Sénégalaises auprès des Ménages (dites ESAMI et ESAMII).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo