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Stratégie de croissance accélérée et environnement des affaires au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Waoundé DIOP
Université Cheikh Anta DIOP - DEA 2005
  

Disponible en mode multipage

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Université Cheikh Anta DIOP Conférence des Institutions

Faculté des Sciences Economiques d'Enseignement et de Recherche

Et de Gestion (FASEG) Economiques et de Gestion

De Dakar en Afrique (CIERA)

Programme de Troisième Cycle Inter universitaire

(PTCI)

12ième promotion

Mémoire de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA)

Spécialité : Macroéconomie

THEME : Stratégie de Croissance Accélérée et Environnement des Affaires au Sénégal

Option : Economie Internationale

Sous la Direction du :

Professeur Ahmadou Aly Mbaye

Agrégé des Sciences Economiques

Présenté et soutenu par :

Waoundé Diop

Année académique 2007-2008

MES REMERCIEMENTS

Je remercie :

Mon encadreur de mémoire, le Professeur AHMADOU ALY MBAYE, qui a bien voulu accepter de placer ce modeste travail sous son autorité. La qualité de son encadrement, sa rigueur, sa maîtrise dans ses enseignements, sa disponibilité et ses conseils judicieux m'ont été d'un grand apport. Je tiens à lui exprimer ma profonde gratitude.

Le Professeur Makhtar DIOUF de l'université Cheikh Anta DIOP de Dakar et son excellence M. le ministre El Hadj Malik SY pour leur soutien dans l'établissement de ce document. Je leur exprime toute ma gratitude.

M. Mamadou KOUME, Directeur Général de l'Agence de la Presse Sénégalaise, M. Amadou DABO, Ambassadeur du Sénégal en République de Corée, à Séoul qui ont bien voulu lire ce modeste travail. Je tiens à leur exprimer ma profonde estime.

Le Directeur du NPTCI Professeur Ben Omar NDIAYE

M. Mamadou LY et Fatou GUEYE de la 11ième promotion du PTCI, pour leur soutien et leur disponibilité aux diverses interpellations au cours de ce travail.

Listes des acronymes

ANDS

Agence Nationale de la Démographie et de la statistique

APIX :

Agence pour la Promotion de l'Investissement et des grands Travaux

CEDEAO :

Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEPOD :

Centre d'Etudes et de Politiques pour le Développement

CFPA :

Centre de Facilitation des Procédures Administratives

CPI :

Conseil Présidentiel de l'Investissement

CSS :

Caisse de Sécurité Sociale

DGID :

Direction Générale des Impôts et du Domaine

DPEE

Direction de la Prévision et des Etudes Economiques

DSRP :

Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

EACI :

Environnement des Affaires de Classe Internationale

FIAS :

Foreign Investment Advisory Services

IADM :

Initiative d'Allègement de la Dette Multilatérale

ICS :

Industries Chimiques du Sénégal

IDE :

Investissement Direct Etranger

IPRES :

Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal

JAL :

Journal d'Annonces Légales

MEF :

Ministère de l'Economie et des Finances

NINEA :

Numéro d'Identification National des Entreprises et Associations

NITI :

Numéro d'Identification à la Taxe Indirecte

NPI :

Nouvelles Politiques Industrielles

OCDE :

Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques

PAMLT :

Programme d'Ajustement à Moyen et Long Terme

PGF :

Productivité Globale des Facteurs

PIB :

Produit Intérieur Brut

PME :

Petites et Moyennes Entreprises

PPTE :

Pays Pauvres Très Endettés

RCCM :

Registre du Commerce et du Crédit Mobilier

SAR :

Société Africaine de Raffinerie

SCA :

Stratégie de croissance accélérée

SENELEC : 

Société Nationale d'Electricité

TIC :

Techniques d'Informations et de Communication

UEMOA :

Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

Tables des matières

Introduction Générale

Chapitre 1 : Cadre général de l'étude : Contexte économique du Sénégal

Section I : Diagnostic sommaire de l'économie Sénégalaise

A / Une croissance à long terme faible et irrégulière

B / Le tournant de la dévaluation de 1994

C / Conjoncture économique depuis 2006

Section II : La vision et les objectifs macroéconomiques de la croissance accélérée

A / La vision du long terme

B / Les objectifs macroéconomiques

Section III : La question de l'investissement dans la SCA

A / Les entraves du climat de l'investissement

B / L'amélioration du climat des affaires

C / Promouvoir les réformes

D / La SCA, une initiative pour une meilleure productivité par les

grappes

Chapitre 2 : Revue de la littérature

Section I : Les fondements théoriques : les effets de l'investissement sur la croissance accélérée

A / L'idée générale

B / Comment le climat de l'investissement influe-t-il sur la croissance

C / Les problèmes fondamentaux

D / Maîtrise d'un vaste programme d'action

Section II : Les résultats empiriques

Section III : Proposition de plan d'actions pour la mise en place d'un Climat de l'Investissement de Classe Internationale

A / Les procédures de constitution d'entreprises

B / Les mesures à prendre

Chapitre 3 : Analyse de l'impact des mesures prises par la SCA sur le climat de l'investissement

Section I : La méthodologie

A / Le choix des données

B / Les hypothèses de travail

C / Sources des données

Section II : Résultats et interprétations

A / Tableau des différents indicateurs

B / Analyse factorielle des composantes multiples

C / Test du coefficient de corrélation linéaire des variables

Conclusion générale et recommandations

Bibliographie

Annexes

Introduction Générale

L'étude de la relation entre la croissance économique et l'environnement revêt un triple intérêts : environnemental, économique et social. La dimension environnementale est la base, l'environnement constituant une contrainte pour l'activité économique. La dimension économique prend en charge l'efficience des combinaisons productives. Quant à la dimension sociale, elle se réfère au partage des fruits de la croissance. Elle repose sur l'équité intra et intergénérationnelle. Ces trois dimensions entretiennent des interactions qui sont décrites par ce schéma de Passet (1979).

Graphique 1 : Les trois sphères (d'après Passet, 1979)

Sphère Environnementale

Sphère Sociale

Sphère

Economique

Source : Sylvie Faucheux et Jean François Noèl (2001)

La prise en compte de ces interactions a conduit à une nouvelle attitude à l'égard du rapport entre l'environnement et l'économie. Elle consiste à penser qu'un compromis est possible, à l'aide d'une définition adéquate des contraintes à respecter et d'un usage habile des instruments économiques.

Les recherches se sont articulées autour des questions suivantes :

· Quelle est la nature de la relation entre l'environnement des affaires et la croissance accélérée ?

· Est-il possible de soutenir indéfiniment une amélioration de l'environnement des affaires sans se heurter aux contraintes de la croissance ?

Partant du constat selon lequel la plupart des questions de l'environnement des affaires sont des déterminants importants du climat de l'investissement donc pour répondre à ces questions nous allons faire une étude complète sur le climat de l'investissement.

Pour vérifier ces hypothèses, ce travail sera structuré en 3 chapitres, le premier chapitre, présente le contexte économique du Sénégal. Le second chapitre va procéder à l'examen des travaux menés sur la question aussi bien au plan théorique qu'empirique. Enfin le troisième chapitre portera sur l'analyse de l'impact de la croissance accélérée sur le climat de l'investissement.

Ce mémoire prend appui sur de nouveaux travaux de recherche, et en particulier sur une série d'enquêtes auprès de quelques entreprises au Sénégal en 2004.

Chapitre 1 : Cadre général de l'étude : Contexte économique du Sénégal

La croissance et l'investissement sont deux thèmes très importants pour un pays en développement. D'abord, la croissance est un préalable à toute ambition de développement, ensuite l'investissement est un facteur principal de production pour la croissance. Ce qui nous pousse à étudier la relation entre la croissance accélérée et le climat de l'investissement. Ce chapitre portant sur le cadre général de l'étude vise à décrire de façon globale l'évolution de la croissance économique au Sénégal et à poser la problématique du climat de l'investissement.

I / Diagnostic sommaire de l'économie Sénégalaise

Cette section va traiter de la croissance à long terme faible et irrégulière entre 1960 et 1994. Ensuite le tournant de la dévaluation de 1994 sera mis en exergue, du fait que la dévaluation et les différents programmes ont permis d'inverser les tendances antérieures de l'économie sénégalaise. Enfin, la conjoncture de l'économie survenue en 2006 mettra fin à cette section.

A / Une croissance à long terme faible et irrégulière entre 1960 et 1994

La croissance économique est un concept polysémique, on tend souvent à l'opposer au développement. Mais la différence est malaisée à établir. On limite généralement la notion de croissance à des critères uniquement quantitatifs alors que le développement inclurait aussi des phénomènes qualitatifs. A cet effet on peut définir la croissance économique d'une nation, selon Kuznets, comme un accroissement durable de la population et du produit par tête. Ce qui n'est pas toujours le cas dans beaucoup de nations.

Pour le cas du Sénégal, depuis son accession à l'indépendance jusqu'au début des années 80, la situation économique et sociale du pays a été marquée par des périodes de flux et de reflux liées au comportement erratique de la production agricole et des prix des produits d'exportation (arachide et phosphate). Les périodes de haute conjoncture ont poussé les pouvoirs publics à entreprendre de grands projets d'investissement générant des charges récurrentes et à prendre également des mesures sociales en rapport avec l'efficacité des services publics. Le résultat indique un alourdissement considérable des charges publiques à la fin des années 70, période marquée par le retour de la sécheresse et la chute des principaux produits d'exportation.

La conséquence sur le tableau d'ensemble de l'économie reflète des tendances de déséquilibre structurel (Diagne et Daffé 2002) :

- le PIB moyen est de 2,2% (entre 1985-1993) inférieur au croît démographique(2,7%);
- le taux de consommation finale est très élevé dépassant 100% ;
- le taux d'investissement relativement faible tourne autour de 15%
- le déficit budgétaire est très important et représente près de 12% du PIB, avec une masse salariale absorbant plus de 50% des recettes courantes ;
- la dette extérieure représente 32% des exportations en 1979/80 ;
- le déficit commercial est devenu insupportable (125 milliards en 1981);
- l'inflation est élevée en raison du choc pétrolier et des politiques expansionnistes du crédit.

Pour juguler ces déséquilibres macro-économiques, le Sénégal s'est engagé depuis 1979 dans un processus d'ajustement ordonné de son économie. Ce choix dépendait de la mise en oeuvre de programmes économiques et financiers pour les périodes 1979-1991 et 1994-2000 avec les institutions de Bretton Woods. Les objectifs fondamentaux assignés à ces programmes étaient le rétablissement des grands équilibres, la maîtrise de l'inflation et la réalisation d'une croissance économique saine et durable.

Ces objectifs ont été bâtis autour de grands programmes :

1. La phase de stabilisation (1979-84)

Elle est caractérisée par le programme de stabilisation à court terme sur la période (1979-80) considéré comme un plan d'urgence de stabilisation de la détérioration des agrégats macro-économiques. Ce programme est suivi d'un plan de redressement économique et financier (1980-1984) avec comme objectifs précis : l'équilibre des finances publiques, des échanges extérieurs et des marchés de l'emploi ainsi que la maîtrise de l'inflation dans le cadre de la maîtrise de la demande globale.

Au plan des finances publiques, il s'agit d'éliminer progressivement le déficit en comprimant les dépenses telles que la masse salariale en vue de dégager une épargne publique pouvant financer les investissements.

Les résultats furent mitigés car la croissance moyenne par an du PIB s'est établie à 1,6% (figure 1), en deçà de la croissance démographique estimée à 2,7%, en raison notamment d'une évolution fortement marquée par le comportement erratique des conditions climatiques.

Figure 1 : Croissance du PIB, 1960-2000

Source : Diagne et Daffé 2002.

2. Le programme d'ajustement à moyen et long terme 1985-1991

Le document-cadre de politique économique et financière soumis au Groupe consultatif pour le Sénégal en décembre 1986 marque une rupture dans l'approche de l'ajustement. En effet, le programme d'ajustement à moyen et long terme 1985-1991, appelé à maintenir les acquis obtenus dans la réduction de la demande, a été centré sur la promotion des exportations et la mise en oeuvre des politiques sectorielles. C'est à ce titre qu'a été adoptée la Nouvelle Politique Agricole (NPA) en juillet 1986, le désengagement de l'Etat dans les activités marchandes en 1987 ainsi qu'une nouvelle approche en matière d'investissements. Aussi le système des incitations industrielles a été révisé afin de rendre le secteur plus compétitif sur les marchés intérieurs et extérieurs.
Les résultats : L'activité économique en termes réels a cru de 2,9% en moyenne entre 1985 et 1991 soit un taux légèrement supérieur au croît démographique. Le solde budgétaire est passé d'un déficit de 5,7% en 1985/1986 à 1,1% en 1990/1991 avec un poids réduit de la masse salariale de la Fonction publique qui représente 41% des recettes courantes. Les arriérés de l'Etat sont passés de 45 milliards en 1985/86 à 10 milliards au 30 juin 1991. Le solde courant extérieur ne représente que 3,6% du PIB en 1991. Les avoirs extérieurs se sont améliorés nettement de 43,8 milliards entre décembre 1985 et décembre 1991. Il en est de même pour la position nette du gouvernement qui s'est améliorée de (20,8 milliards sur la période) limitant l'effet d'éviction que l'Etat suscitait en recourant massivement au système bancaire. (Moustapha Kassé, 1991).

Cependant, en dépit du programme d'ajustement à moyen et long terme (PAMLT), le Sénégal demeurait confronté à des problèmes d'ordre structurel. Non seulement la structure des finances publiques révélait une précarité dans les améliorations, mais la balance commerciale se caractérisait toujours par une rigidité des importations et des exportations.

Ces éléments de précarité sont vite apparus dans la rupture opérée avec les institutions de Bretton Woods dans la période 1992-1993. En 1992, de graves dérapages dans la politique financière ont amené le déficit budgétaire à 3% du PIB, lequel était financé par une accumulation d'arriérés de paiement extérieurs évalués à plus de 4% du PIB. La croissance du PIB réel s'est établie à 2,2% (figure 1), du fait de la baisse de la production des céréales, et de celle de l'industrie éprouvée par la politique des incitations industrielles et la baisse des exportations qui ont aggravé le déficit du compte courant.

Face à ces mauvais indicateurs de l'année 1992 dont les tendances se sont prolongées en 1993, une série de mesures internes de réduction des dépenses publiques et d'amélioration des recettes ont été adoptées par les pouvoirs publics dans le cadre du Plan d'urgence. Elles concernent notamment la réduction des salaires de la Fonction publique, la hausse des droits à l'import et des prix des produits pétroliers.

Cependant, la mise en place de certaines mesures structurelles en 1992 et durant le premier semestre de 1993, combinée à une détérioration des termes de l'échange, ont conduit à une aggravation de la situation financière et économique du Sénégal (Kassé, 1991). Ce qui se traduit par une baisse de la production agricole en 1992-1993 de près de 20% et une croissance négative du PIB réel de -2.1% (figure 1).

Globalement, les résultats n'ont pas pu restaurer la capacité financière de l'Etat. Par ailleurs, le taux de change effectif réel s'est substantiellement apprécié, entravant sérieusement la compétitivité de l'économie. La conséquence de tous ces facteurs qu'on retrouvait dans la plupart des pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) sera la dévaluation du Franc CFA de 50% en Janvier 1994.

B / Le tournant de la dévaluation de 1994

Le gouvernement, en accord avec ses partenaires de l'UEMOA, a adopté en janvier 1994 une stratégie globale d'ajustements à moyen terme. Cette stratégie a consisté en la dévaluation du franc CFA de 50%, une politique budgétaire et monétaire rigoureuse et des réformes structurelles axées sur le secteur privé.

Depuis la dévaluation du franc CFA, l'expansion économique apparaît plus soutenue et un peu plus vigoureuse que par le passé, avec un taux de croissance du PIB de l'ordre de 5% par an en moyenne. Pour la première fois dans l'histoire économique du Sénégal indépendant, le taux de croissance du revenu par tête a ainsi pu se maintenir à plus de 2% par an en moyenne pendant une dizaine d'années successives. Mais une telle performance ne permet pas de compenser le recul observé dans le passé.

On comprend pourquoi, malgré la baisse de la proportion de pauvres observée entre 1994-1995 et 2001-2002 (de 61.4% à 48.5% pour les ménages et de 67.9% à 57.1% dans la population)1(*), l'incidence de la pauvreté reste forte, particulièrement en milieu rural où l'on compte deux ménages pauvres sur trois. Les inégalités de revenus s'inscrivent quant à elles dans une tendance à la hausse. A ces indicateurs, il faut ajouter le faible rythme de développement du capital humain (éducation, santé,...etc.) et les déficiences dans la qualité des services sociaux de base.

L'écart entre le taux d'investissement et le taux d'épargne, ainsi que les fortes fluctuations de ce dernier, met en évidence l'indépendance entre l'une et l'autre variables. Il explique également le recours constant aux ressources extérieures pour financer l'investissement. Le défi majeur pour le Sénégal consiste désormais à perpétuer la relance des investissements qu'on observe depuis le milieu des années 90. Essentiellement due au regain de l'investissement public qui a résulté de la maîtrise des dépenses publiques courantes et au déferlement des investissements financés par les transferts des émigrés (dans l'immobilier essentiellement), cette relance doit bénéficier à d'autres secteurs que le bâtiment, le commerce et les services. L'afflux des investissements directs étrangers suscité par les privatisations en cours doit se confirmer par une plus grande régularité.

Les résultats des réformes entreprises ont contribué à résorber les déséquilibres macro-économiques et à promouvoir l'investissement tant public qu'en provenance de l'extérieur. Mais en raison des contraintes structurelles liées à la productivité du travail, à la dégradation des infrastructures, à la faible qualité de l'offre de services publics et au bas niveau de développement du capital humain, ces résultats tardent à profiter à l'emploi, à la productivité et à la compétitivité de l'économie.

On note une croissance encore hésitante et mal répartie, malgré qu'elle ait permit d'enregistrer la plus longue hausse du PIB par tête depuis la fin des années 60. De -0.4% par an dans la période 1985-1993, son taux de croissance est passé à plus de 2% entre 1994 et 2003.

(tableaux 1.1 et 1.2).

Tableau 1.1 Principaux indicateurs macroéconomiques, 1960-2000

 

1960/1969

1970/1979

1980/1984

1985/1993

1994/2000

Croissance (en %)

PIB

2,2

3

1,8

2,2

24,9

PIB par tête

-0,5

0,3

-0,9

-0,4

2,1

Croissance (en %)

 

Primaire

3

3,6

-2,4

2,2

4,2

Agriculture

 

9,3

-4,9

2,4

5,4

Secondaire

4,2

4,3

3,6

3,1

6,5

Tertiaire

2,8

2,4

2,4

2,4

5,3

Contribution au PIB

 

Primaire

24,4

24,6

19,4

20,2

19,3

Agriculture

16,9

13,9

10,6

10,5

10

Secondaire

12,1

14,1

15,7

18,4

20,4

Tertiaire

49,3

48,2

47,4

49,2

50,8

Investissement, épargne et consommation (en % du PIB)

Investissement

7,9

14,6

12,5

12,6

19

Privé

3,4

10,6

8,2

8,5

12,7

Public

4,4

4

4,3

4,1

6,3

Epargne

5,5

7,8

-3,5

5,9

10,8

Privé

 

 

-4,6

2

5,9

Public

 

 

1

3,9

4,9

Consommation Finale

94,5

92,2

103,5

94,1

89,2

Secteur extérieur (en % du PIB)

Exportations

22,1

32,3

31,8

24,8

30,5

Importations

24,4

39,1

47,8

31,5

36,9

Solde commercial

-2,3

-6,8

-16

-6,7

-6,4

Source : Diagne et Daffé 2002

Tableau 1.2 Indicateurs macro économiques récents

 

2001

2002

2003

Taux de croissance (en %)

PIB

4,7

1,1

6,3

PIB par tête

2

-1,6

3,6

Secteur primaire

3,3

-20,6

2,5

Secteur secondaire

4,3

9,8

-6,5

Secteur tertiaire

4,1

5,5

3,7

Contribution au PIB (en %)

Secteur primaire

17,4

13,6

15,4

Secteur secondaire

19,1

20,3

19,9

Secteur tertiaire

63,5

66,1

64,7

Epargne, Investissement, Exportation, importations (en % du PIB)

Epargne

8,6

7,5

8,8

Investissement

22,8

23

23

Exportations

30,7

30,5

28,2

Importations

40,4

40,2

40,3

Sources : APIX

Mais ces bonnes performances macroéconomiques sont vécues de manière très différente selon les secteurs. Si le secteur tertiaire affiche un taux de croissance modéré mais régulier, ceux des secteurs secondaire et primaire sont plus incertains.

Bien que le secteur primaire en général et l'agriculture en particulier continue d'occuper la grande majorité de la population active du Sénégal, les activités de services se sont progressivement imposées comme le moteur de l'économie. En 2003, alors que les parts des secteurs primaires et secondaire représentent respectivement 15.4% et 19.9% du PIB, celle du secteur tertiaire s'élève à 64.7% (tableau 1.2) ; ce qui indique que ce dernier secteur contribue à lui seul pour presque le double des deux premiers réunis. La contribution des deux premiers secteurs au PIB était de 11.5% et 23.9% en 1960 et de 15.4% et 18.9% en 1980, contre respectivement 64.6% et 65.8% pour le secteur tertiaire.

Cette prééminence des activités tertiaires et informelles est liée non plus au développement « naturel » des secteurs (les fameuses « étapes de la croissance » à la Rostow) mais à des déséquilibres consécutifs à la crise de l'agriculture en général et de la culture arachidière en particulier. Constitué d'une vaste composante informelle, le secteur tertiaire est en réalité le fruit d'un exode rural massif et du développement des petites activités commerciales et artisanales dans les centres urbains. Le commerce est la principale branche du secteur avec une part représentant 41.2% de sa valeur ajoutée et 21.1% du PIB en 2000. Il est suivi des transports et télécommunications avec respectivement 23.3% et 11.8%.

Pour les obstacles à la compétitivité, on note une mauvaise qualité des infrastructures et des services publics et la cherté des coûts des intrants sont parmi les facteurs qui contribuent le plus à dégrader la compétitivité des entreprises sénégalaises. L'offre des services de fournitures d'électricité et de transport est illustrative de cette situation.

Concernant le secteur de l'énergie, s'ajoute la mauvaise qualité du service (coupures, délestages, accidents,...etc.), la cherté des tarifs et la vétusté de l'appareil de production. Les infrastructures de transport soulèvent des problèmes similaires de qualité, de coûts de vétusté du matériel et de régularité du trafic. Ces problèmes sont aggravés par les nombreux accidents corporels et matériels noté sur les axes routiers et ferroviaires.

Cependant, malgré ces problèmes, la situation économique du Sénégal est marquée, durant ces cinq dernières années, par une croissance soutenue de 5% l'an en moyenne, dans un contexte de maîtrise de l'inflation (inférieure à 2%) et de viabilité des finances publiques (déficit budgétaire : 3% environ, taux d'endettement extérieur public : 43%). (tableau 1.3).

Cependant en adoptant le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) en 2001, le gouvernement du Sénégal a décidé de mettre en chantier une politique volontariste de croissance accélérée (de 7 à 8% par an) et mieux répartie avec comme objectif de doubler le revenu par tête d'habitant en 2015.

Cette politique a pour vocation de consolider les acquis et de créer au niveau des entreprises et de l'ensemble du tissu économique, les conditions préalables à la réalisation des gains de productivité nécessaires pour atteindre une croissance d'au moins 7% de 2007 à 2015.

C / Conjoncture économique depuis 2006

1. Évolution du cadre macroéconomique

En cette fin d'année 2007, il est l'heure de faire un premier bilan de l'année écoulée et d'exprimer les premières résolutions pour l'année courante. L'année 2006 a été difficile pour l'économie sénégalaise. Le taux de croissance s'est éloigné de sa tendance historique de 5-6% pour certainement tomber aux alentours de 3% avec une détérioration des soldes budgétaires et extérieurs.

- La croissance économique devrait se situer à 3,3% contre 5,5% en 2005 (tableau 1.3), essentiellement portée par le secteur des télécommunications et celui de la construction tirés par les investissements publics en matière d'infrastructures. Les performances des autres secteurs ont été étouffées par le niveau relativement élevé du prix du pétrole et ses répercussions sur la qualité de la fourniture d'énergie électrique, le secteur de la chimie traversant une crise profonde.

- Le déficit budgétaire se creuserait en passant de 3,0% en 2005 à près de 5,7% du PIB en 2006 (tableau 1.3), reflétant en partie les subventions accordées au secteur énergétique (2,1% du PIB à la SENELEC et à la SAR). La hausse des prix du pétrole s'est traduite par une augmentation des tensions de trésorerie qui engendreraient un écart de financement de l'ordre de 1,2% du PIB, nonobstant la mise en oeuvre de l'Initiative d'Allègement de la Dette Multilatérale (IADM).

- Le déficit extérieur courant (dons compris) est attendu à près de 12% du PIB, contre 8,1% en 2005 (tableau 1.3), du fait de la baisse des exportations de produits halieutiques et chimiques et de la forte augmentation de la facture pétrolière accentuée par l'arrêt de l'activité de production de la SAR.

- La situation monétaire resterait caractérisée par une hausse limitée de la masse monétaire (7,8%) et une forte augmentation du crédit au sein de l'économie (12,8%).

2. Résolutions pour l'année 2007

Les performances enregistrées au plan macroéconomique contrastent avec celles observées au plan social. En effet, la situation sociale reste marquée par une forte incidence de la pauvreté (57,1% lors de la dernière enquête auprès des ménages, 2002) et une amélioration limitée de l'accès aux services sociaux.

Ce manque d'efficacité de l'économie dans la lutte contre la pauvreté appelle à des réformes indispensables visant à accélérer la croissance, à améliorer l'efficacité de l'action publique et à atteindre effectivement les populations les plus pauvres. Ainsi, au cours des douze mois de l'année 2007, le Sénégal se doit de faire des avancées significatives dans les domaines ci-après :

- L'accroissement de la productivité et l'amélioration de la compétitivité pour une relance des investissements (y compris l'investissement direct étranger (IDE)) et des exportations ; relance indispensable au relèvement de la croissance à moyen terme par une amélioration significative de l'environnement des affaires. Celui-ci reste peu attractif et caractérisé par des lourdeurs administratives persistantes, des coûts des facteurs de production élevés et des possibilités de financement limitées.

- L'amélioration de l'efficacité de la dépense publique en comblant les déficits en matière de gouvernance, de planification et d'allocation des ressources, de transparence dans l'attribution des marchés publics et de contrôle externe. En dépit de l'augmentation globale de la part de l'éducation, de la santé et des infrastructures dans les dépenses totales, les dépenses effectuées dans les régions, en milieu rural et au profit des groupes vulnérables (principalement les plus pauvres) demeurent faibles.

- Le renforcement de la coordination de l'appui extérieur par une augmentation de l'aide extérieure sous forme d'appui budgétaire qui reste faible, malgré les initiatives des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et de l'IADM, et/ou une meilleure adaptation des projets aux priorités nationales.

- L'amélioration de l'accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des plus pauvres au crédit par un développement de moyens de financement adapté.

Toutefois, l'équilibre des grands agrégats macroéconomiques reste maintenu. En effet, l'inflation a été modérée malgré la persistance de la hausse du cours du baril de pétrole, et la dette extérieure demeure soutenable (le taux d'endettement extérieur baisserait pour passer de 43% en 2005 à 17,1% en 2006 avec la mise en oeuvre de l'IADM).

(tableau 1.3)

Tableau 1.3 : Indicateurs macroéconomiques clés

 

2003

2004

2005

2006

2007

Croissance PIB en %

6,7

5,6

5,5

2

5,6

Solde budgétaire (% du PIB)

-1,3

-3,1

-3,0

-5,7

-4,3

Inflation (variation annelle %)

0,0

0,5

1,7

2,2

1,8

Solde extérieur courant (% du PIB)

-6,2

-6,1

-8,1

-12,0

-10,7

Taux endettement public (% du PIB)

46,3

44,4

43,0

17,1

18,4

Réserves officielles brutes (en mois d'importations)

4,5

4,8

4,2

2,7

2,4

Sources : FMI et autorités

L'économie devrait retrouver son niveau de croissance tendanciel en 2007 si la crise des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) qui représente plus de 10% des exportations est résolue et si les finances publiques se tiennent mieux.

Les perspectives pour 2007 prévoient une croissance économique de plus de 5,6% avec un taux d'inflation moyen de 1,8% ainsi que des déficits budgétaire et extérieur courant de 4,3% et 10,7% du PIB, respectivement, le taux d'endettement étant maintenu dans les limites de la soutenabilité.

Dans tous ces domaines, des perspectives favorables se dessinent, notamment avec l'engagement pris par les plus hautes autorités dans le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP II), la Stratégie de croissance accélérée (SCA) et le Conseil présidentiel de l'investissement (CPI).

II / La vision et les objectifs macroéconomiques de la croissance accélérée

A / la vision du long terme

La Stratégie de croissance accélérée (SCA) est un instrument qui a été ainsi mis en place pour rattraper le retard enregistré par rapport aux pays comme la Tunisie, le Ghana, l'Indonésie, la Malaisie, le Maroc, les Philippines et la Thaïlande qui avaient, en 1960, le même niveau de développement que le Sénégal. Malheureusement, le constat est amer. Quarante (40) ans plus tard c'est le grand écart.

Partant de cet état de fait, le gouvernement a décidé de mettre l'accent sur une politique volontariste, conformément aux objectifs du millénaire auxquels il a souscrit, le gouvernement s'est engagé de réduire de moitié l'extrême pauvreté d'ici 2015. Cette politique a pour vocation de consolider les acquis et de créer au niveau des entreprises et de l'ensemble du tissu économique, les conditions préalables à la réalisation des gains de productivité nécessaires pour atteindre une croissance d'au moins 7% de 2007 à 2015.

En vue de finaliser l'élaboration de la SCA, cinq (5) groupes de travail thématiques « groupes de grappes », ont été mis en place. Ces groupes ont pour tâche d'élaborer un plan d'action pour chacun des cinq (5) secteurs retenus par la SCA :

Le secteur Tourisme, Artisanat d'art et Industries culturelles

Le secteur Agro-industrie et Agroalimentaire

Le secteur Technologie de l'Information et de la Communication, et Télé services

Le secteur Coton, Textile et Habillement

Le secteur Produits de la mer.

Partant de cet état de fait, la SCA privilégie deux (02) approches complémentaires :

· Une démarche globale de promotion de l'investissement direct domestique ou étranger.

Cet objectif ne peut être atteint que s'il est couplé à une démarche d'amélioration constante de l'environnement des affaires (procédures administratives, politiques économiques, règles douanières et commerciales,...etc.)

· Une démarche ciblée de promotion des groupes de grappes à haut potentiel économique (production et exportation) et dont l'effet d'entraînement sur l'ensemble des autres secteurs économiques est avéré.

En effet, le défi majeur pour le Sénégal c'est d'accéléré sa croissance orientée vers l'extérieur et notre vision est un Sénégal émergent d'ici 2015. L'exemple des pays de l'Asie de l'est, particulièrement la Corée, qui avaient engagé en 1960 une croissance ambitieuse orientée vers l'extérieur, nous montre que c'est possible. Notre vision portera sur un taux de croissance supérieur à 7%, un afflux d'investissements directs locaux et étrangers, une forte hausse des exportations manufacturières. Puisqu'une vision sans action est un rêve, notre action portera par une mise à niveau de l'environnement des affaires.

Le Centre d'Etudes et de Politiques pour le Développement (CEPOD) et l'Agence pour la Promotion de l'Investissement et des grands Travaux (APIX) ont mis l'accent sur l'environnement des affaires par une tenue régulière des réunions semestrielles du Conseil Présidentiel des Investissements (CPI) et un suivi hebdomadaire de la mise en oeuvre des recommandations.

B / Les objectifs macroéconomiques

Les principaux objectifs de ce schéma concernent :

1. Le relèvement du taux de croissance de l'économie

Il devrait atteindre en moyenne 7% au moins durant la période 2010-2015.

La réalisation du taux de croissance escomptée se base sur une évolution de plus de 4% pour le secteur agricole, et de plus de 7% pour le secteur des industries manufacturières et les services. La concrétisation de cet objectif se base sur :

Ø L'amélioration de la productivité globale des facteurs à travers, essentiellement, la mise à niveau de l'entreprise. En effet, l'accent sera mis sur la modernisation de l'appareil de production et l'organisation des fonctions de gestion au sein de l'entreprise, en plus de l'amélioration de l'environnement global à travers une meilleure efficacité des services offerts en matière de transport, de communications, des services bancaires,...etc.

Ø L'élargissement de la base de production et l'exploitation de nouveau créneaux à même de compenser les contres- performances non maîtrisables de certains secteurs traditionnels liés aux ressources naturelles et ce, en se basant, sur l'approche des grappes de croissance.

Ø L'accroissement plus rapide des exportations sur les importations qui contribuera à l'amélioration du taux de couverture.

2. Intensification de l'effort d'investissement

En vue d'assurer le renouvellement et la modernisation des équipements, l'amélioration de l'infrastructure dans le domaine des communications et du réseau routier et la valorisation des ressources humaines dans le but d'assurer le renforcement de l'avantage compétitif de l'économie et de contribuer à l'élargissement et à la diversification de la base de production.

L'objectif fixé, à ce titre, se réfère au relèvement du taux d'investissement à plus de 25%, la contribution du secteur privé s'élèvera.

Cette évolution de l'investissement suppose une allocation optimale des ressources et leur affectation dans les projets rentables. Cela se traduirait par l'amélioration du coefficient marginal du capital qui passerait 5 à 3 environ.

3. Préservation des équilibres globaux

Cet objectif, en tant que facteur essentiel pour assurer une croissance équilibrée et soutenable doit se faire à travers :

Ø L'augmentation du taux d'épargne national par rapport au PNB d'au moins 4 points pour atteindre 20% en 2005 contre 22.3% en 2015.

Ø La réduction du déficit courant des paiements extérieurs hors dons de 8.5% en 2005 pour le ramener à 5%.

Ø La maîtrise du déficit budgétaire en le limitant à 2.0% du PIB en 2015, contre 3% en 2005.

A côté de l'adoption d'une politique rigoureuse en matière de dépenses et l'allocation optimale des ressources conformément aux priorités du schéma de développement. Les dépenses publiques augmenteront, en effet, aux taux annuel moyen de 9%, ce qui permettra de dégager le montant nécessaire pour la réalisation des projets et programmes de développement.

4. Maîtrise de l'inflation

Compte tenu de son rôle dans le relèvement du défit de la compétitivité, l'augmentation des prix sera contenue dans des limites ne dépassant pas 3%.

La SCA propose d'abord de tenir compte des leçons apprises de près d'un demi siècle de politiques de développement et d'en consolider les acquis. Elle ouvre ensuite de nouvelles pistes quant à la direction que les réformes en cours ou en perspective devraient prendre. Ce faisant, l'attention est fixé sur les deux objectifs jumeaux qui doivent être la stabilisation macroéconomique et l'accélération de la croissance. A cet effet, deux domaines seront spécifiquement explorés pour leur développement : l'investissement et la production, à travers, notamment, les relations entre l'épargne et l'investissement, d'une part, entre la productivité et le progrès technologique, d'autre part.

L'objectif d'accroissement de la productivité et de l'emploi est à aligner sur celui de porter durablement le taux de croissance du PIB réel à 7% ou plus. Cela requiert que le taux d'investissement atteigne à son tour le niveau de 25% et durablement reste à ce niveau ou au dessus. En outre il importe que l'épargne intérieure et celle extérieure mobilisées à cet effet restent dans un équilibre compatible avec la stabilité macroéconomique.

Pour accroître le taux d'investissement et la productivité globale de l'économie, il importe d'agir sur toutes les composantes de la formation brute de capital : en accordant des incitations fiscales à l'investissement des entreprises, en améliorant les infrastructures physiques (à la fois par l'investissement public et la participation privée), en encourageant l'investissement direct étranger, en investissant intensivement dans le capital humain pour maintenir les qualifications en ligne avec le progrès technique, à travers l'amélioration de l'accès de la qualité et de la programmation de l'éducation et de la formation. L'enjeu d'une formation intensive de capital fixe est ainsi d'améliorer la productivité des facteurs et la compétitivité internationale ainsi que de susciter des relations positives entre croissance et répartition équitable des fruits de cette croissance. Par rapport à l'objectif d'accroissement des parts de marché, il s'agit également d'améliorer la qualité des biens et services, de promouvoir la génération et la diffusion du progrès technologique. A cet effet, il est apparu stratégique de développer et de renforcer le contexte favorable à l'innovation par un assortiment d'actions visant :

· Une interaction effective et permanente entre les agents des différentes institutions impliquées

· Une crédibilité accrue des ressources allouées à l'innovation par le secteur privé

· Le développement des réseaux d'information

· Le renforcement des mécanismes de concurrence et de coopération entre entreprises, notamment par la promotion de l'approche grappe

· La protection de la propriété intellectuelle

· La promotion des centres de recherche, de conseils et de vulgarisation de technologies spécifiques à des secteurs d'activités donnés, notamment aux grappes de croissance choisies

· L'adoption des normes et standards internationaux

· La promotion de la formation technique et professionnelle

La SCA s'appuie sur la promotion de la concurrence parce qu'elle est nécessaire pour le développement d'une capacité de production compétitive mais aussi parce qu'elle est source d'avantages pour les consommateurs. Le rôle des pouvoirs publics à cet égard est de libéraliser les secteurs naturellement concurrentiels en démantelant les barrières artificielles à l'entrée de concurrents dans ces secteurs, et, d'assurer une régulation appropriée des secteurs dominés par des monopoles naturels.

III / La Politique de l'investissement dans la SCA

Les progrès réalisés récemment ne contribuent que lentement à réduire l'écart entre le Sénégal et les autres régions du monde. Les pays d'Asie qui, dans les années 60, avaient des revenus par habitant comparables à ceux du Sénégal sont depuis devenus des pays à revenu intermédiaires ou élevé. La part du Sénégal dans les échanges mondiaux est décevante. Les indicateurs standard de la financiarisation sont bien plus faibles au Sénégal que dans les autres régions en développement. Le manque d'infrastructures a aussi freiné la croissance. Pour inverser ces tendances, des réformes s'imposent dans nombre de domaines, notamment en ce qui concerne le climat de l'investissement.

A / Les entraves du climat de l'investissement

Le Sénégal est encore loin de promouvoir convenablement l'activité du secteur privé. Dans le rapport 2007 de la Banque Mondiale Doing Business : How to Reform, qui classe 175 pays en fonction de la facilité d'y mener une activité économique, la place du Sénégal est 146ème et a gagné 6 positions par rapport à 2006 grâce à la baisse du taux d'impôt sur les sociétés de 33% à 25%. Tous les types d'activités privées se heurtent à des obstacles dans de multiples domaines : octroi de licence, emploi, crédit et relation avec l'administration,...etc.

Ainsi, en 2007 la création d'une entreprise nécessite 09 démarches contre 05 en Chine, et requiert 58 jours contre 30 jours seulement en Asie du sud, où elle coûte trois fois moins en terme de revenu par habitant.

Malgré la reprise récente, l'investissement au Sénégal, mesuré en pourcentage du PIB, n'est pas plus élevé qu'au début des années 90. Le développement du secteur privé est encore freiné non seulement par les coûts d'exercice d'une activité économique, qui vont de la complexité des démarches administratives à la corruption et au dédale juridique, mais aussi par le coût des services indispensables aux entreprises tels que les télécommunications et l'énergie.

Cela explique le classement médiocre du Sénégal dans les enquêtes sur la pratique des affaires, telle que celle de la Banque Mondiale sur le climat de l'investissement.

B / L'amélioration du climat des affaires

Pour l'avenir à plus long terme, les gouvernants et les observateurs extérieurs s'inquiètent généralement de l'éducation et de l'état des infrastructures matérielles, où les carences sont manifestes. Néanmoins, on peut agir dans quantité d'autres domaines pour améliorer plus vite l'environnement économique, en simplifiant, par exemple, les innombrables règlements et obligations qui compliquent la tâche des entrepreneurs et les incitent à préférer le secteur informel. Ces règles concernent l'immatriculation des sociétés, le recrutement, l'accès au crédit, le commerce, l'exécution des contrats et les réinvestissements.

Certains observateurs estiment que toutes ces prescriptions n'ont guère d'importance, parce qu'elles sont peu respectées et que l'activité économique est essentiellement informelle. Mais ils prennent le problème à l'envers. Le secteur non structuré se développe précisément parce que le fonctionnement du secteur formel est trop restrictif et que le respect des engagements dépend plus du bon vouloir de l'administration que de l'application des règles. Le rapport du groupe de la Banque Mondiale Doing in Business a montré que les règlementations étaient plus contraignantes. Le Sénégal fait partie des pays où il est plus difficile de faire monter une affaire, que la solvabilité des emprunteurs potentiels pose le plus de problèmes aux banques et qu'il est plus compliqué de faire du commerce. Même le droit du travail a un effet dissuasif.

La simplification des démarches administratives s'impose aussi dans le secteur commercial. Certes le Sénégal est lourdement pénalisé par l'état de ses routes, le manque de fiabilité, voire l'absence de réseaux électriques ou l'inefficacité de ses ports, mais la lenteur des transports n'est pas le principal motif de retard des livraisons ; d'après Doing in Business, le problème est imputable à la paperasserie, aux contrôles et aux formalités douanières.

Des progrès peuvent aussi être réalisés à brève échéance en gérant mieux les entreprises existantes. Même si les salariés sont assez peu qualifiés, l'essentiel est de bien utiliser leurs compétences. Les usines sénégalaises sont presque aussi productives que leurs homologues chinoises. Autrement dit, les travailleurs Sénégalais peuvent être très productifs s'ils sont bien gérés. Il n'est pas nécessaire d'attendre que la génération actuelle ait terminé sa scolarité pour que la croissance commence à décoller.

C / Promouvoir les réformes

Les dirigeants sénégalais n'ont pas souscrit au changement uniquement pour suivre la Banque Mondiale. Après réflexion, le gouvernement du Sénégal a compris qu'il était judicieux d'améliorer le climat des affaires, pour créer des emplois et réduire le secteur informel (où les travailleurs ne sont protégés et sont souvent mal rémunérés) et pour contribuer à l'intégration des jeunes et des femmes dans la population active. En définitive, il s'agit de faire en sorte que la réussite dépende du respect des règles et non des relations des intéressés.

Il faut espérer que les efforts de collaboration entre les pouvoirs publics, le secteur privé et les pays bailleurs de fonds permettront d'avancer. Sous l'égide du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique, un fonds destiné à améliorer le climat des investissements en Afrique a été lancé en Juin 2006, lors du sommet du forum économique mondial. A ce jour, les engagements des donateurs se montent à 100 millions de dollars. Ainsi doté, ce fonds ouvert pour une période de sept ans pourrait faciliter et appuyer les réformes entreprises dans toutes l'Afrique pour favoriser l'investissement. Pour le Sénégal l'accent sera mis sur la promotion des grappes porteuses d'activités.

D / La SCA, une initiative pour une meilleure productivité par les grappes

La SCA du Sénégal repose dans sa conception sur deux politiques de base : mettre en place un environnement des affaires de classe internationale et promouvoir par l'approche des grappes de compétitivité des filières d'activités porteuses.

Les grappes sont choisies en fonction de leur potentiel de croissance, de leur contenu en emploi, de leur contribution à la relance des exportations et à la stimulation de l'innovation. C'est dire que le choix des grappes ne se limite pas à la dimension « productiviste » de création directe d'emploi. Il prend aussi en compte la nécessité de créer un cadre favorable pour attirer les investisseurs, les créateurs, les entrepreneurs et les talents qui sauront concrétiser les opportunités d'affaires (en terme de marché, de valeur et de volume). Au demeurant, pour pérenniser la dynamique de croissance, il faut l'adosser à un système d'innovation performant. Les initiatives de compétitivité par les grappes se sont avérées appropriées pour asseoir un cadre porteur d'innovation.

Au total, les grappes qui sont à la base de la croissance durable sont retenues pour leur contribution à tout ou partie de trois ordres de préoccupations :

Ø Attirer les investisseurs, les créateurs, les entrepreneurs et les talents

Ø Renforcer le système d'innovation

Ø Promouvoir l'emploi et les exportations

Ainsi, par leur apport principal à la dynamique de croissance, l'on peut distinguer :

Ø Les grappes qui concourent à enrichir l'environnement de l'investissement et du cadre de vie, notamment, les activités qui stimulent la vie culturelle et la créativité. Les arts et la culture contribuent ainsi à la prospérité parce qu'ils participent à la redistribution des revenus et des richesses, génèrent des revenus et créent une demande solvable pour les produits locaux quand ils sont exportés, mais aussi :

o L'intensité de la vie culturelle est un atout pour attirer, retenir et intégrer créateurs, chercheurs, artistes, informaticiens, ingénieurs et autres professionnels.

o La créativité nourrit une attitude d'ouverture, de confiance et d'audace qui prédispose l'individu à oeuvrer pour la qualité de la vie et la prospérité partagée.

Ø Les grappes qui développent le savoir faire et les capacités à transformer les connaissances et les idées en produits ou en attributs appréciés de l'environnement des affaires et du cadre de vie. En plus de la fonctionnalité, il faut conférer une valeur ajoutée à la qualité de la vie, aux attractions touristiques, et aux productions commerciales :

o Le savoir faire crée de la valeur en proposant à la population résidente et au marché mondial de nouvelles façons de produire, de créer et de vivre

o Est aussi source de valeur l'intégration du design au paysage (architecture du paysage, design urbain, design d'intérieur), à la production (design industriel, design graphique) et aux événements (design d'événement)

Ø Les grappes de production dont la contribution est appréciée à titre principal en termes de valeur ajoutée donc de points de croissance, de recettes d'exportation, de création d'emploi donc de distribution directe de revenus. Les grappes de production doivent constituer une masse critique pour une contribution directe significative au PIB. Ces grappes sont généralement exposées à la concurrence à travers l'ouverture sur le reste du monde qui est un élément consubstantiel de la globalisation. Cette ouverture prend deux formes :

o L'ouverture aux activités internationales (tourisme, congrès, organismes internationaux)

o L'ouverture aux échanges commerciaux, essentielle pour les pays au marché intérieur étroit.

Ainsi, le choix des grappes de base et la définition des plans d'action dont la mise en oeuvre va assurer leur développement s'est-il fait en fonction des urgences à prendre en charge dans les domaines suivants :

L'environnement des affaires : qualité des services publics et privés offerts aux entreprises, qualité du soutien aux entrepreneurs, état des infrastructures aéroportuaires, portuaires, routières, ferroviaires, télécommunications, concentration géographique des activités économiques, coût des facteurs techniques de production, disponibilité de main d'oeuvre spécialisée, accès au financement, poids de la réglementation et des procédures administratives, qualité de la vie.

Le sens du savoir faire et du sens de l'innovation : pour accroître la productivité et diversifier l'économie, il faut pousser encore plus loin le savoir faire en :

Relevant le niveau moyen de scolarité

Encourageant la collaboration entre les établissements de recherche et de formation et les entreprises

L'enseignement technique et la formation professionnelle

Relevant le taux d'informatisation des entreprises et l'accès aux Techniques d'Informations et de Communication (TIC) des populations

La dimension culturelle du développement : imprimer les valeurs et les qualités propres des populations sénégalaises dans le paysage urbain et l'aménagement du territoire, dans l'architecture des immeubles publics et privés, dans la diversité et la richesse des manifestations culturelles ; promouvoir les arts numériques, réaliser un quartier des spectacles dans les villes, y enrichir la gamme des infrastructures culturelles de classe internationale, mettre en place une politique de soutien aux grands festivals.

L'ouverture sur l'Afrique et le monde :

Dakar positionnée ville internationale reconnue comme destination de congrès, de tourisme culturel, de conférences et de grands événements.

Et l'ensemble du pays comme lieu d'accueil et d'intégration d'entreprises et d'institutions compétitives.

Cinq groupes d'activités ont été retenus pour servir de cadre de recherche pour l'identification des mesures macroéconomiques et microéconomiques à mettre en oeuvre au cours des années 2007-2010. Pour diversifier les sources de la croissance, particulièrement l'investissement, il s'agit de créer les conditions d'un renforcement suffisant des avantages comparatifs des régions et des avantages compétitifs des entreprises sénégalaises.

Ces éléments, indispensables pour un bon climat des investissements avec une croissance accélérée, avec une volonté politique et d'une conscience populaire nationale sur l'importance sur l'importance de l'environnement des affaires, peuvent contribuer à renverser la situation économique actuelle du Sénégal. Et faire de ce pays un Sénégal émergent d'ici 2015.

Chapitre 2 : Revue de la littérature

L'amélioration du climat de l'investissement est la condition essentielle d'une croissance accélérée et durable. L'Inde est parvenue à doubler son taux de croissance et l'Ouganda a dégagé, au cours de la dernière décennie, une croissance égale à huit fois celle des autres pays subsahariens

(Encadré 1).

Ces succès s'expliquent essentiellement par les réformes engagées pour améliorer le climat de l'investissement. Le programme d'action des gouvernements doit envisager de mettre en oeuvre les politiques et les comportements offrant aux entreprises les incitations et les opportunités qui leur permettront de réaliser des investissements productifs, de créer des emplois et de se développer. Il est opportun de mettre l'accent sur les décisions des entreprises parce que celles-ci créent plus de 90 pour cent des emplois, fournissent les biens et les services qui améliorent le niveau de vie et versent une part substantielle des impôts nécessaires pour financer les investissements publics. L'objectif n'est pas de réaliser des gains plus importants en soi, mais de comprendre les contraintes que subissent les entreprises de toute taille afin d'établir une priorité des réformes qui profiteront à la société dans son ensemble. Il ne s'agit pas non plus d'accroître simplement le niveau des investissements. L'amélioration de la productivité est le véritable moteur d'une croissance à long terme. La promotion de ces deux objectifs permettra de créer les conditions d'un climat propice à l'investissement.

L'objet de ce chapitre est de présenter une revue de la littérature sur la relation entre croissance accélérée et environnement des affaires, en se focalisant sur l'impact de la croissance sur l'environnement des affaires. Cette revue tiendra compte les implications des études empiriques ainsi q'une proposition de plan d'action pour un environnement des affaires de classe internationale.

I / Les Fondements théoriques : les effets de l'investissement sur la croissance accélérée

A / L'Idée Générale

La présente étude tente d'évaluer l'impact de la croissance accélérée sur l'environnement des affaires. De ce fait l'objectif de l'étude est de faire un diagnostic complet sur le climat des investissements et de proposer des réponses qui vont nous permettre d'avoir une amélioration du climat des affaires en rapport avec les objectifs assignés à la SCA en matière de développement économique et social. Il ne peut y avoir d'accélération de la croissance au Sénégal si l'investissement privé reste, comme aujourd'hui, bien inférieur à ce qu'il soit ailleurs dans le monde. La pénurie d'investissement privé est imputable principalement aux anticipations de risque élevé et de faible rendement du capital que partagent les investisseurs de la région et leurs homologues étrangers. Réduire ce risque rendrait la détention d'actifs plus attrayante et aiderait à relever les taux d'investissement et d'épargne intérieurs, donc à stopper l'exode des capitaux.

B / Comment le climat de l'investissement influe-t-il sur la croissance

Les entreprises sont naturellement attentives au climat de l'investissement. Et le corps social devrait l'être aussi. L'amélioration de ce climat joue un rôle fondamental en ce qu'elle permet de stimuler la croissance. Comment ?

Lorsque la population augmente, la croissance économique est le seul moyen durable d'améliorer les niveaux de vie. Un bon climat de l'investissement permet de stimuler la croissance en encourageant l'investissement et en augmentant la productivité. L'investissement sous-tend la croissance en mettant de nouveaux moyens de production au service des entreprises. La part relative des investissements étrangers augmente dans les pays en développement, mais la plus grande partie des investissements privés est le fait des entreprises locales.

Un bon climat de l'investissement encourage les entreprises à investir en réduisant les coûts injustifiés, les risques et les obstacles à la concurrence. À la suite des réformes engagées pour améliorer le climat de l'investissement, l'investissement privé a presque doublé en pourcentage du PIB en Chine et en Inde ; en Ouganda, il a plus que doublé (voire encadré 1). Les données microéconomiques confirment ce constat. En Pologne, en Roumanie, en Russie, en Slovaquie et en Ukraine, la part des profits que les entreprises assurées de leurs droits de propriété réinvestissent est supérieure de 14 à 40 % à celle des entreprises dont les droits sont peu sûrs. Les paysans thaïlandais assurés de leurs droits sur la terre ont investi tellement plus dans leurs champs que leur production était supérieure de 14 à 25 % à celle de ceux qui travaillaient des terres de qualité identique, mais sans titre de propriété. La réduction des obstacles à la concurrence dans les télécommunications au cours des années 90 a entraîné un véritable bond en avant de l'investissement, notamment par les microentrepreneurs du Bangladesh et de l'Ouganda (Doing Business 2007).

D'après l'enquête sur le climat de l'investissement de la Banque Mondiale, les données recueillies au niveau des entreprises montrent qu'une meilleure prévisibilité de la politique des pouvoirs publics peut accroître de plus de 30 % la probabilité que les entreprises effectuent de nouveaux investissements. Mais ce n'est pas seulement le volume de l'investissement qui importe pour la croissance, ce sont les gains de productivité qu'il permet d'obtenir. De fait, les études internationales montrent que la productivité globale des facteurs (PGF) entre pour le même pourcentage de croissance du PIB que l'accumulation du capital.

Lorsque le climat de l'investissement est bon, il favorise les gains de productivité en fournissant des opportunités de marché et il incite les entreprises à développer leurs activités, à s'adapter et à adopter de meilleures solutions, pas seulement des innovations du genre de celles qui méritent un brevet, mais aussi une meilleure façon d'organiser le processus de production, d'assurer la distribution des marchandises et de répondre aux désirs des consommateurs.

Quelles sont les conditions à réunir pour cela ? Il est essentiel de minimiser les obstacles à la diffusion de nouvelles idées, en particulier ceux qui entravent les importations de matériel moderne et empêchent d'ajuster le mode d'organisation du travail.

De même, il est essentiel d'instaurer un environnement susceptible de promouvoir des processus compétitifs, que Joseph Schumpeter qualifie « de destruction créatrice », un environnement où les entreprises ont la possibilité et le désir de tester leurs idées, de s'évertuer à obtenir du succès et de prospérer ou d'échouer. Lorsque le climat de l'investissement est bon, les firmes peuvent plus facilement entrer sur le marché ou en sortir dans le cadre d'un processus qui favorise les gains de productivité et une croissance plus rapide. Les entrées nettes sur le marché expliquent parfois plus de 90 % des gains de productivité, d'après l'enquête. Et les entreprises qui déclarent être confrontées à une forte pression de la concurrence ont au moins 50 % de chances de plus d'innover que celles qui s'estiment moins exposées à la concurrence.

Cependant il existe des contraintes auxquelles se heurtent les entreprises, il convient pour un bon climat des affaires de dégager un programme d'action pour maîtriser ces contraintes.

C / Les problèmes fondamentaux

De plus en plus de pays s'efforcent d'améliorer le climat de l'investissement, et ils recueillent les fruits de leurs efforts puisque leur croissance augmente et que la pauvreté recule.

Malgré les avantages très importants de l'action sur le climat de l'investissement, les progrès dans ce domaine sont souvent lents et laborieux. Pourquoi ?

1. L'antagonisme fondamental

La société dans son ensemble tire le plus grand profit des activités des entreprises. Mais les préférences des entreprises ne coïncident pas parfaitement avec celles de la société, et ces antagonismes se manifestent surtout dans les domaines de la fiscalité et de la réglementation.

La plupart des entreprises se plaignent des impôts, mais les impôts financent les services publics, qui sont utiles pour améliorer le climat de l'investissement et promouvoir d'autres objectifs sociaux. Beaucoup de firmes préfèreraient aussi une réglementation moins pesante, mais lorsque la réglementation est rationnelle, elle permet de remédier aux défaillances du marché et donc d'améliorer le climat de l'investissement et de protéger d'autres intérêts sociaux. Des antagonismes analogues peuvent apparaître dans la plupart des domaines couverts par la politique du climat de l'investissement.

Pour instaurer un bon climat de l'investissement, les pouvoirs publics doivent s'efforcer de trouver un juste équilibre entre ces intérêts. Mais les différences de préférences et de priorités entre les entreprises compliquent leur tâche. Les entreprises ont une optique commune sur de nombreuses questions, mais leurs points de vue peuvent diverger sur d'autres questions, qu'il s'agisse des restrictions au jeu du marché, de la structure de la fiscalité ou de la priorité donnée aux améliorations des équipements d'infrastructure dans tel ou tel endroit. Il peut aussi y avoir des différences dans les choix fondamentaux au sein des entreprises, différences entre les propriétaires et les gérants sur les questions de gouvernement d'entreprise, ou entre les propriétaires et les salariés au sujet des politiques du marché du travail. Dans tous les pays, l'État doit opérer un arbitrage entre ces différences dans un environnement où les entreprises, les agents de l'État et d'autres parties prenantes s'efforcent de faire pencher la balance en leur faveur.

2. Les quatre principaux problèmes

Face à ces antagonismes, les gouvernants doivent naviguer entre les écueils que représentent quatre problèmes interdépendants, qui couvrent tous les aspects de la politique relative au climat de l'investissement.

La façon dont ils s'y prennent a une incidence importante sur le climat de l'investissement et donc sur la croissance et la pauvreté (encadré 2).

Pour chaque problème, il ne suffit pas de modifier les politiques officielles, il faut s'attaquer aux causes plus profondes de l'échec des politiques. Les problèmes auxquels il faut faire face sont les suivants : limiter la recherche de rente, établir la crédibilité, renforcer la confiance dans les pouvoirs publics et leur légitimité, et veiller à ce que les mesures prises par l'État tiennent dûment compte des capacités institutionnelles.

· Maîtriser les comportements de recherche de rente

Les mesures axées sur le climat de l'investissement sont une cible tentante pour les entreprises, les agents de la fonction publique et d'autres groupes d'intérêt qui recherchent des avantages personnels. La corruption peut alourdir le coût de l'activité économique et, lorsqu'elle gagne les hautes sphères de l'État, elle peut entraîner de profondes distorsions dans les politiques gouvernementales. Les enquêtes de la Banque montrent que la majorité des entreprises des pays en développement s'attendent à verser des pots-de-vin lorsqu'elles ont affaire avec les agents de l'État, et beaucoup d'entre elles estiment que la corruption est le problème qui pèse le plus lourdement sur leur bon fonctionnement. L'accaparement et le clientélisme, qui reflètent l'asymétrie de l'information et l'influence sur l'élaboration de la politique, peuvent créer des distorsions importantes en infléchissant les politiques au profit de certains groupes et au détriment d'autres groupes. Les marchés sont réglementés, l'attribution des droits de propriété est biaisée et le fonctionnement des marchés financiers est faussé. L'élimination des interventions injustifiées dans l'économie, la réduction du pouvoir discrétionnaire laissé aux responsables et le renforcement de la notion de responsabilité au sein de l'État, notamment par l'introduction d'une plus grande transparence, permettent de lutter contre la recherche de rente.

· Instaurer la crédibilité

Étant donné le caractère prospectif de l'investissement, toutes les décisions le concernant sont entachées d'incertitude. Dans ces conditions, c'est la confiance des entreprises en l'avenir, et en particulier dans la crédibilité des politiques gouvernementales, qui va déterminer si elles vont investir et de quelle manière elles vont le faire. Les politiques qui ne sont pas crédibles ne pourront pas amener les entreprises à investir. Quels sont les éléments qui compromettent la crédibilité d'une politique ? Un passé d'instabilité politique ou économique n'arrange pas les choses.

Mais tous les gouvernants sont tentés de sacrifier des politiques à long terme rationnelles au profit d'objectifs immédiats ou étroits, tels que l'obtention d'avantages personnels pour eux-mêmes ou de la faveur de certains électeurs. Pour établir la crédibilité, il faut des mécanismes pour contraindre les gouvernants à maintenir des politiques rationnelles, et il faut aussi de la discipline et de la persévérance.

· Renforcer la confiance dans la puissance publique ainsi que sa légitimité

Les entreprises et l'État n'interagissent pas dans un vase clos. La confiance entre les acteurs du marché favorise les échanges productifs et elle réduit le poids de la réglementation et des dispositifs d'application des contrats. Les comportements sociaux, et notamment la confiance dans les marchés et les entreprises, influent aussi sur la faisabilité et la viabilité (et donc la crédibilité) des mesures visant à améliorer l'action gouvernementale. L'adhésion générale du public conforte donc la qualité du climat de l'investissement en ce qu'un consensus social se forme pour instaurer une société plus productive qui facilite la mise en oeuvre des réformes, quel que soit le parti ou le groupe politique en place. Les politiques élaborées de manière ouverte et participative et les mesures prises pour s'assurer que l'amélioration du climat de l'investissement profite à l'ensemble de la société peuvent contribuer à former ce consensus.

· Veiller à ce que les interventions de l'État soient adaptées aux réalités locales

Pour être efficaces, les interventions des pouvoirs publics doivent tenir compte des sources possibles de défaillance de l'État, ainsi que de la diversité des situations locales. Sinon, elles risquent d'avoir peu d'effets, voire des résultats pervers. Les politiques dont l'application exige des moyens qui dépassent les capacités disponibles non seulement ne pourront atteindre l'objectif visé, mais elles favoriseront aussi les pratiques informelles et la corruption et elles éroderont la crédibilité.

Les méthodes d'approche qui laissent une place importante au pouvoir d'appréciation exposent les entreprises à des incertitudes et des risques considérables si des mesures appropriées n'ont pas été prises pour éviter les abus auxquels peut conduire ce pouvoir discrétionnaire. Pourquoi ces problèmes se posent-ils ? Très souvent, les méthodes d'action et les réglementations sont importées d'autres pays sans avoir fait l'objet d'un examen critique. Cette pratique remonte à l'époque coloniale, lorsque les pays en développement ont hérité de méthodes d'action qui avaient peu de rapport avec les réalités locales. Des décennies plus tard, beaucoup de ces pièces de musée ont encore leur place dans les manuels. Mais, la tendance persiste. Les stratégies appliquées aujourd'hui dans les pays riches peuvent certes offrir une source utile d'inspiration, mais il faut les adapter aux réalités locales. Dans certains cas, cela peut se traduire par le choix de règles plus simples qui laissent moins de place au pouvoir d'appréciation et l'adoption de mesures visant à limiter les pratiques arbitraires.

D / Maîtrise d'un vaste programme d'action

Les politiques et comportements de pouvoirs publics qui façonnent le climat de l'investissement couvrent un vaste champ d'action, qui va des mesures d'application des contrats et de la réglementation de l'activité économique à la fourniture d'infrastructures et à la politique du marché du travail. Dans tous les domaines, l'action et le comportement de l'État peuvent influer sur les opportunités de marché et les incitations des entreprises. Et il y a souvent des interactions entre les secteurs d'intervention de l'État, de sorte que les avancées dans un secteur sont parfois attribuables en partie aux progrès obtenus dans d'autres.

Le programme d'action de l'État est donc vaste. Mais le climat de l'investissement n'est jamais parfait, quel que soit le pays considéré. Et il n'est pas nécessaire d'atteindre la perfection dans l'un quelconque des éléments qui composent le climat de l'investissement pour obtenir une augmentation importante de la croissance ou faire régresser la pauvreté de façon substantielle. L'expérience montre qu'il est possible de faire des progrès en s'attaquant à des contraintes importantes de manière à mettre les entreprises en confiance pour qu'elles investissent, et en maintenant la dynamique du processus de réformes (encadré 2).

Les premières réformes économiques ont parfois été jugées comme des évènements sans lendemain. Mais l'amélioration du climat de l'investissement implique un processus continu d'ajustement de l'action de l'État et un réglage fin des interventions dans un vaste domaine. C'est aussi vrai pour les pays riches aujourd'hui que pour les pays en développement. Les politiques poursuivies doivent faire l'objet d'un examen périodique pour tenir compte des changements intervenus dans la conduite des affaires, des progrès de la technologie et des enseignements tirés de l'expérience acquise.

Les données d'expérience internationales fournissent des indications sur les éléments essentiels du processus de réforme dans ce domaine : définir les priorités, gérer les réformes individuellement, maintenir la dynamique de l'action entreprise, et renforcer les capacités de l'appareil de l'État.

1. Définition des priorités

L'objectif est de recenser les contraintes importantes auxquelles se heurtent les entreprises. Il n'existe pas de formule magique toute faite pour cela. Au contraire, il faut dans chaque cas évaluer la situation telle qu'elle se présente, les avantages qui peuvent découler des améliorations apportées, les liens avec les objectifs nationaux ou régionaux, et les problèmes de mise en oeuvre.

Ø La situation telle qu'elle se présente.

Les contraintes les plus importantes peuvent varier considérablement d'un pays à l'autre et même au sein d'une région donnée à l'intérieur d'un pays. Les responsables gouvernementaux peuvent les identifier en procédant à des enquêtes et en consultant les entreprises, mais il ne faut pas oublier que le point de vue des entreprises en place ne traduira pas toujours celui des futurs entrants sur le marché. De nouvelles sources de données permettent aussi de mesurer l'efficacité de la politique en vigueur à l'aide de comparateurs internationaux dans un nombre croissant de domaines, et de mettre ainsi en évidence les améliorations qu'il est possible d'apporter.

Ø Les avantages potentiels.

Lorsque l'objectif est d'accélérer la croissance, une amélioration qui touche un large pan de l'économie aura un effet plus important que les réformes qui concernent des groupes relativement restreints. Les efforts déployés pour obtenir un niveau raisonnable de stabilité politique et macroéconomique sont donc d'une importance cruciale, sinon, les réformes engagées dans d'autres domaines ne pourront guère bénéficier d'un point d'appui solide. Une meilleure crédibilité peut aussi renforcer la réaction de l'investissement aux réformes dans un secteur d'intervention donné des pouvoirs publics. L'élément clé à prendre en considération sera l'impact des améliorations apportées sur les opportunités offertes aux pauvres, en tant que salariés, entrepreneurs ou consommateurs.

Les gouvernants doivent aussi tenir compte des effets positifs qui peuvent se faire sentir au-delà des entreprises et des activités les plus directement concernées. Il peut s'agir des retombées sur d'autres entreprises (par exemple, les répercussions que peuvent avoir les investissements étrangers directs sur les entreprises locales), dans d'autres domaines (par exemple, l'obtention de titres fonciers peut ouvrir l'accès aux financements), ou sur des objectifs sociaux plus larges (par exemple, les effets bénéfiques de l'amélioration de l'infrastructure ne sont pas circonscrits aux entreprises, ils s'étendent aussi à l'ensemble des communautés concernées). Il peut aussi y avoir des retombées sur les moyens d'intervention et la crédibilité de l'État ou sur le cercle des partisans de l'équipe gouvernementale.

Ø Liens avec des objectifs nationaux ou régionaux

Les améliorations du climat de l'investissement peuvent avoir des effets différents selon les entreprises et les activités. C'est pourquoi la détermination des priorités est souvent influencée par l'importance qu'attribuent les gouvernants à un sous-ensemble d'objectifs qu'il serait possible d'atteindre si le climat de l'investissement était satisfaisant : intégrer les économies informelle et rurale, débrider le potentiel de croissance des petites entreprises, tirer parti de l'ouverture internationale et permettre aux entreprises de progresser dans l'échelle technologique.

· Intégrer les entreprises du secteur non structuré

Dans de nombreux pays en développement, l'économie informelle produit plus de 50 % du PIB. Si les entreprises du secteur non structuré sont moins bridées que les autres par la fiscalité et la réglementation, leurs droits de propriété sont en général moins solidement établis et il leur est plus difficile d'obtenir des services publics et des moyens de financement. Pour intégrer ces entreprises à l'économie structurée, il faut supprimer les obstacles qu'elles jugent les plus contraignants, et réduire ceux qui entravent leur entrée dans le secteur formel.

ü Intégrer les entreprises rurales

Dans les régions rurales, le climat de l'investissement est en général moins favorable que dans les zones urbaines du fait que la population est clairsemée, que les distances qui séparent les entreprises des marchés importants sont plus longues et que le réseau des services publics est plus ténu. L'amélioration de l'infrastructure peut faire une grande différence, et ses effets positifs se font sentir non seulement sur les entreprises, mais aussi sur les communautés dans leur ensemble.

ü Débrider le potentiel de croissance des petites entreprises

Les petites entreprises sont en général bien plus pénalisées que les autres lorsque le climat de l'investissement est défavorable, cela en raison de l'impact des coûts fixes et des difficultés particulières qu'elles rencontrent pour obtenir des financements. La suppression des contraintes qui pèsent d'un poids particulièrement lourd sur ces entreprises peut contribuer à débrider leur potentiel de croissance.

ü Tirer parti de l'ouverture internationale

La plupart des pays ont pris des mesures décisives pour ouvrir davantage leur économie, et les données collectées au niveau des entreprises confirment qu'elles en recueillent les bénéfices sous forme de gains de productivité. Pour avancer dans ce domaine, il ne suffit pas de réduire les derniers obstacles aux échanges et à l'investissement, il faut aussi dans bien des cas s'attaquer aux contraintes qui pèsent sur des secteurs tels que l'administration des ports et des douanes.

ü Progresser dans l'échelle de la technologie

Les progrès technologiques sont à la base des gains de productivité et de la croissance. Mais les pays n'ont pas besoin de tout réinventer. Les enquêtes menées auprès des entreprises montrent que le savoir incorporé dans les nouvelles machines et les nouveaux équipements est la principale source d'innovation technologique dans les pays en développement. La première chose à faire est donc de réduire les obstacles que la politique gouvernementale oppose à l'adoption ou à l'adaptation des technologies mises au point ailleurs.

L'attribution de droits de propriété sûrs aux entreprises et la réduction des obstacles à la concurrence sont autant d'éléments qui incitent les entreprises à saisir ces possibilités de modernisation'

2. Problèmes de mise en oeuvre

À n'importe quel moment dans le temps, les améliorations potentielles sont habituellement subordonnées à ce qu'il est possible de faire au plan administratif et politique.

Les stratégies bien conçues permettent de lever ces contraintes par une gestion efficace des réformes et un renforcement continu des moyens d'action de l'État.

· Gérer les réformes individuellement

Dans bien des cas, les réformes du climat de l'investissement doivent être accompagnées de mesures destinées à vaincre la résistance de ceux que le statu quo arrange. La résistance peut provenir des entreprises ou d'autres groupes d'intérêt qui profitent des distorsions du marché ou d'autres privilèges particuliers, des fonctionnaires qui perçoivent des pots-de-vin ou tirent d'autres avantages de la position qu'ils occupent, ou même de la communauté dans son ensemble lorsque les répercussions de la réforme sont mal cernées.

L'expérience montre que des progrès sont possibles lorsque des gouvernants décidés à mener des réformes utilisent la communication pour rallier l'adhésion du public, engagent les parties prenantes à participer de façon constructive et (le cas échéant) offrent une compensation sous une forme ou une autre à ceux qui sont pénalisés par les réformes. Il est important de prendre des dispositions particulières pour aider les groupes vulnérables à s'adapter aux réformes, en particulier lorsqu'il n'existe pas encore de filet de protection couvrant l'ensemble de l'économie.

· Maintenir la dynamique des réformes

Comme l'amélioration du climat de l'investissement est un processus plutôt qu'une action ponctuelle, de nombreux pays mettent en place des institutions spécialisées chargées d'apporter leur concours pour des tâches déterminées et de soutenir les progrès par des changements dans le gouvernement. Ces institutions peuvent remplir diverses fonctions, isolément ou en consultation avec les parties prenantes, coordination des politiques et examen plus systématique des contraintes qui pèsent sur le climat de l'investissement. Le Sénégal, la Turquie et le Viet Nam donnent des exemples d'approches possibles.

De nombreux pays mettent aussi en place des mécanismes pour examiner de façon plus systématique les nouvelles propositions touchant les politiques et la réglementation afin de s'assurer qu'elles n'introduisent pas de distorsions injustifiées.

L'expérience de pays tels que le Mexique et la Corée du Sud est encourageante, mais une réelle volonté politique et des structures institutionnelles solides sont indispensables.

· Renforcer les moyens d'action de l'État

Le renforcement des moyens d'action de l'État est l'élément central de toute stratégie visant à améliorer le climat de l'investissement. Le renforcement des capacités en matière de réglementation est souvent une priorité absolue. Les modèles classiques de renforcement des capacités sont complétés par des méthodes d'approche qui facilitent l'apprentissage par les pairs. La sous-traitance de certaines fonctions spécialisées est aussi utilisée pour renforcer les moyens d'action locaux, c'est une pratique courante, même dans les pays développés.

Les gouvernements doivent aussi renforcer les moyens dont ils disposent pour suivre la performance du secteur privé de façon à pouvoir identifier les tendances de ce secteur et les problèmes qui surgissent, et à évaluer les effets de leurs politiques. L'amélioration des systèmes nationaux de statistiques est un élément important de l'action entreprise dans ce domaine.

II / Les Résultats Empiriques

Les analyses empiriques sont basées sur des données issues de diverses sources.

Le premier article, rédigé par Ricardo Hausman, Lant Pritchett et Dani Rodrik (2004), étudie les tentatives de démarrage de booms de croissance et conclut que les réformes seules ne sont pas suffisantes pour faire aboutir le processus. Tout comme l'expansion exige que les bonnes mesures soient prises, ils préconisent qu'une croissance soutenue requiert que l'on s'attaque aux contraintes actives l'une après l'autre, si possible avant qu'il ne soit trop tard. Ils constatent plutôt qu'il est primordial de s'attaquer aux contraintes actives pour générer de la croissance. Les gains de productivité et l'investissement sous-tendent la croissance. Dans le choix des réformes du climat de l'investissement susceptibles de faire démarrer la croissance, William Kalema démontre le rôle essentiel qu'un tel dialogue a joué dans le succès récent de l'Ouganda.

Le deuxième article, rédigé par Raj Desai et Sanjay Pradhan (2005) analyse le programme de gouvernance plus détaillé qui sous tend les défis de la réforme. Ils stimulent que des niveaux élevés de corruption peuvent perdurer longtemps et détourner les ressources d'activités plus productives. Dans des cas extrêmes, la corruption se transforme en « prédation» et les agents de la fonction publique utilisent alors leurs bureaux pour amasser d'immenses fortunes personnelles. Ils donnent l'exemple du régime de Mobutu, où il a systématiquement pillé l'industrie zaïroise du cuivre pendant plus de 30 ans, et transformé ce secteur qui fut autrefois productif, en une industrie exsangue et non rentable vers la fin des années 1990. C'est l'exemple classique d'un État prédateur. Mobutu est répertorié par l'organisation internationale Transparency International comme l'un des dix dirigeants les plus corrompus.

De ce fait, Ils mettent en évidence les coûts de la corruption et des entreprises influentes. Ils constatent que les entreprises bien introduites auprès des milieux politiques bénéficient d'un meilleur climat de l'investissement, mais en réalité, innovent moins. Et, comme démontré par Dani Kaufmann (2002), ces défis de la gouvernance ne s'appliquent pas qu'aux pays en développement. Les incidences sur la sécurité mondiale amplifient l'importance de ce programme de gouvernance.

Les deux articles ci-dessus abordent certains des défis à relever pour garantir que « tous », dans la société, et pas uniquement quelques entreprises privilégiées, profitent des politiques d'amélioration du climat de l'investissement. Les articles suivants, en prenant le mot « tous » dans son deuxième sens, montrent que les contraintes des entreprises de toutes catégories doivent être traitées en priorité par les réformes. Les petites entreprises et les entreprises informelles, des entreprises qui trop souvent ne sont pas consultées lors de l'élaboration des politiques, sont ici au centre du débat.

Erica Fields (2004) souligne l'importance de la protection des titres de propriété dans les zones urbaines du Pérou, qui favorise les investissements et l'emploi des ménages pauvres. De nombreuses preuves indiquent également que l'insécurité foncière ressentie par les habitants des zones urbaines entraîne des distorsions dans le choix des investissements commerciaux. Par exemple, 45 pour cent des entrepreneurs sans titre de propriété travaillant dans des villes péruviennes ont fait part de leur souhait d'installer leurs affaires en dehors de leur domicile, ce qui suggère que les entreprises ne sont pas localisées de façon optimale pour maximiser la rentabilité et la croissance. Un facteur important qui semble empêcher les travailleurs indépendants de déménager leur entreprise en dehors de leur résidence est la nécessité d'assurer la protection informelle de leur propriété. Le travail à domicile augmente, semble-t-il, la sécurité d'occupation foncière, soit en protégeant directement la résidence, soit en facilitant la participation à des groupes communautaires, ce qui introduit une distorsion dans la prise des décisions d'investissement des petits entrepreneurs

Les résultats de beaucoup d'enquêtes et études tendent à accréditer l'idée que l'environnement des affaires est très déterminant pour la croissance.

Fries et Al. (2004) ont ainsi montré, en se basant sur les données du BEEPS (Business Environment and Enterprise Performance), que l'environnement des affaires, et la corruption en particulier sont des obstacles sérieux à la croissance et à la compétitivité des économies en transition d'Europe.

Frances Lund et Caroline Skinner (2004) analysent les réformes menées à Durban, en Afrique du Sud, afin de mieux intégrer les entreprises informelles et les avantages qu'on peut en tirer. Elles signalent que Durban a dépensé, au cours de la période 1997 - 2000, 45 millions de rands en infrastructures destinées aux vendeurs informels. Dans le centre-ville et à la périphérie, de nouveaux marchés ont été construits, des installations existantes ont été mises à niveau et des abris ont été prévus pour les vendeurs ambulants. Il y maintenant une différence dans la qualité de l'environnement de travail des vendeurs ambulants. Des progrès importants ont été réalisés lorsque les zones qui n'étaient pas équipées ont pu disposer de logements à faible coût, de services d'eau et d'assainissement, et de l'électricité. Il s'agit là d'une composante essentielle de l'aide aux travailleurs basés à domicile.

Qimiao Fan, Alberto Criscuolo et Iva Ilieva-Hamel (2004) s'interrogent sur la justification des politiques spécifiquement destinées à profiter aux PME et affirment que, quelle que soit leur taille, toutes les entreprises profitent d'une amélioration du climat de l'investissement. En mettant en garde contre de nombreux programmes coûteux ou qui introduisent de nouvelles distorsions, ils donnent des exemples de défaillances du marché qui justifient certaines interventions pour niveler le terrain en faveur des petites entreprises.

L'amélioration du climat de l'investissement est un processus dynamique. Ahmed Galal (2002) analyse les initiatives lancées pour mieux régulariser le secteur commercial en Égypte et identifie des groupes de gagnants et de perdants, en démontrant que les premiers l'emportent sur les seconds. Stefano Scarpetta (1994) apporte des éléments nouveaux sur les conditions d'entrée et de sortie du marché des entreprises. En les rapportant au climat de l'investissement dans un pays, il montre que toute économie saine comporte un certain niveau de rotation des entreprises qui peut engendrer des gains de productivité et une création nette d'emplois. Même si dans l'ensemble les gains sont positifs, les entreprises individuelles et la main d'oeuvre peuvent rencontrer des difficultés d'adaptation. Lorsque cela est possible, les réformes doivent prévoir les moyens de les indemniser et s'assurer que des filets de sécurité ont été mis en place.

La plupart des analyses empiriques sont basées sur des données réalisées à partir rapport « Doing Business in 2006 » publié par la Banque Mondiale. Ce document évalue l'Etat du climat des investissements de 155 pays à travers l'évaluation des performances, en terme de facilitation, réalisés dans neuf (9) domaines distincts jugés représentatifs du climat de l'investissement. Ces domaines sont les suivants :

o Les procédures de constitution d'entreprise

o Les formalités d'embauche et de licenciement

o Les formalités foncières

o L'accès au crédit

o La protection des investisseurs

o Le paiement des taxes et impôts

o Les formalités d'import-export

o L'exécution des contrats

o Les procédures de fermeture d'entreprises

La première étape a consisté, pour chaque domaine, à situer les performances du Sénégal à l'échelle mondiale, à l'échelle continentale, à l'échelle régionale et enfin à l'échelle sous régionale.

La deuxième étape a consisté à passer en revue, pour chaque domaine, les contraintes et les recommandations formulées dans les différents travaux et études existants au sein de différents cadres de concertation secteur public secteur privé. Ces recommandations ont porté sur une vingtaine de domaines distincts, soit le double de ceux sélectionnées par la Banque Mondiale. Il a ensuite été procédé à une sélection des mesures à prendre pour permettre l'atteinte des meilleures performances à tous les niveaux mondial, continental, régional et sous-régional.

En effet, la Primature au cours d'une réunion du comité national de pilotage de la SCA en janvier 2007, a évoqué la mise en place d'un environnement des affaires de classe internationale. Le souci de simplifier les procédures administratives pour l'investisseur a été placé au coeur de l'action de l'Etat depuis le milieu des années 80. De la création du premier guichet unique en 1987 à nos jours, de très nombreuses structures ont été créées et quelques reformes phares menées pour améliorer l'environnement des affaires.

A partir des années 2000, les réformes ont pris une autre dimension, traduisant la volonté des nouvelles autorités de lever les obstacles à l'investissement privé, tant local que direct étranger (IDE). L'APIX a été créée dès juillet 2000. Ensuite, le CPI a été mis en place en novembre 2002. Cet organe consultatif réunit tous les six (06) mois autour du président de la République des chefs d'entreprises du Sénégal et de l'étranger, choisis pour leur compétence et leur connaissance des contraintes qui entravent l'investissement.

Le CPI a dressé un diagnostic approfondi de l'environnement des affaires dans tous ses aspects, en formulant des propositions opérationnelles qui ont, par la suite, fait l'objet d'une instruction diligente par les structures compétentes de l'Etat. Grâce au CPI, le Sénégal a rénové son dispositif d'incitations à l'investissement, par l'adoption d'un nouveau Code des Investissements et le réaménagement du statut de l'Entreprise Franche d'Exportation.

Le Code Général des Impôts a fait l'objet d'importantes modifications, comme nous l'avons cité plus haut, le taux de l'impôt sur les sociétés est passé de 33 à 25%. En 2006, l'adoption d'un nouveau code des investissements et le réaménagement du statut de l'entreprise franche d'exportation (2004), la loi sur les procédures administratives relatives aux investissements.

Dans le domaine des infrastructures, une loi portant sur le cadre juridique des projets d'infrastructure à financement privé a été votée et promulguée. Un Conseil des Infrastructures, garant de la transparence dans les relations entre l'Etat et le Secteur privé pour la réalisation des infrastructures, a été créé et effectivement mis en place.

De même, le dispositif institutionnel de prévention et de lutte contre la corruption a été renforcé par la mise en place d'une Commission nationale de Lutte contre la Non Transparence, et la Corruption et les textes d'application permettant de rendre opérationnelles les dispositions du Code du Travail ayant trait à la flexibilité du travail ont été adoptés.

Toutefois, en dépit des importantes études entreprises force est de constater que le flux d'investissements est en deçà des grandes ambitions du Sénégal. Les divers classements internationaux d'évaluation du climat de l'investissement ont permis de mesurer les progrès de notre pays mais aussi le gap qui sépare notre environnement des meilleures pratiques au niveau international. Il est donc nécessaire d'accélérer et d'approfondir les réformes pour aller vers un environnement des affaires de classe internationale (EACI), et une croissance accélérée durable.

III / Proposition de Plan d'Actions Pour la mise en place d'un Climat de l'Investissement de Classe Internationale

Pour chacun des domaines mentionnés ci-dessus, des critères précis ont été définis. Ces critères concernent le nombre de procédures, le temps nécessaire à l'accomplissement des procédures et les coûts des procédures. Pour certains domaines, il y a également des critères spécifiques qui permettent d'affiner les évaluations.

Les performances du Sénégal restent encore loin de celles réalisées par les meilleurs mondiaux (Nouvelle Zélande, Singapour, Etats-Unis, Canada, Norvège, Australie ou Chine).

Sur le plan africain, le Sénégal se situe en milieu de tableau. Il occupe le 23ème rang sur les 41 pays africains classés, ce qui donne la mesure des efforts restant à fournir pour atteindre un niveau d'attractivité des investissements de classe internationale. Les pays de référence en la matière sont l'île Maurice (23ème mondial), l'Afrique du Sud (28ème mondial), la Namibie (33ème mondial), le Botswana (40ème mondial) ou la Tunisie (58ème mondial).

(tableau 2.1)

Tableau 2.1: Classement des pays Africains

01 Ile Maurice (23)*

12 Lesotho (97)

23 Sénégal (132)

34 Congo (148)

02Afrique du sud (28)

13 Ethiopie (101)

24 Angola (135)

35 Togo (149)

03 Namibie (33)

14 Maroc (102)

25 Sierra Leone (136)

36 Niger (150)

04 Botswana (40)

15 Mozambique (110)

26 Erythrée (137)

37 Soudan (151)

05 Tunisie (58)

16 Sao Tomé (123)

27 Rwanda (139)

38 Tchad (152)

06 Zambie (67)

17 Zimbabwe (126)

28 Tanzanie (140)

39 Centrafrique (153)

07 Kenya (68)

18 Mauritanie (127)

29 Egypte (141)

40 Burkina Faso (154)

08 Ouganda (72)

19 Algérie (128)

30 Burundi (143)

41 Congo Démocratique (155)

09 Ghana (82)

20 Bénin (129)

31 Guinée (144)

 

10 Nigeria (94)

21 Cameroun (130)

32 Cote d'Ivoire (145)

 

11 Malawi (96)

22 Madagascar (131)

33 Mali (146)

 

* Les chiffres mis en parenthèses représentent le rang occupé par chaque pays au plan mondial

Source : Doing business in 2006

Sur le plan régional, le Sénégal se situe dans le peloton de tête. Occupant le 5ème rang sur les 12 pays classés, il n'est devancé que par les principaux pays anglophones (Nigeria et Ghana), par un pays francophone, le Bénin et par un pays non membre de la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) mais dont l'économie est fortement intégrée à celle de la région Afrique de l'Ouest, la Mauritanie.

(tableau 2.2)

Tableau 2.2 : Classement des pays membres de la CEDEAO

01 Ghana (82)*

04 Mauritanie (127)**

07 Guinée (144)

10 Togo (149)

02 Nigeria (94)

05 Sénégal (132)

08 Cote d'Ivoire (145)

11 Niger (150)

03 Bénin (129)

06 Sierra Leone (136)

09 Mali (146)

12 Burkina Faso (154)

*Les chiffres mis en parenthèses représentent le rang occupé par chaque pays au plan mondial.

** La Mauritanie n'est plus membre de la CEDEAO mais pourrait en devenir un membre associé.

Source : Doing business in 2006

Sur le plan sous-régional, le Sénégal se classe au deuxième rang des 8 pays classés. Seul le Bénin classé 129ème mondial réalise de meilleurs performances en la matière (tableau 2.3).

Tableau 2.3: Classement des pays membres de l'UEMOA

01 Bénin (129)*

03 Guinée Bissau (144)

05 Mali (146)

07 Niger (150)

02 Sénégal (132)

04 Côte d'Ivoire (145)

06 Togo (149)

08 Burkina Faso (154)

*Les chiffres mis en parenthèses représentent le rang occupé par chaque pays au plan mondial.

Source : Doing business in 2006

Cependant on note quelques changements sur le classement des pays dans le Doing Business 2007, certains ont connus des progrès ; c'est le cas du Sénégal qui a gagné des points et d'autres ont régressé.

A / Les Procédures de Constitution d'Entreprises

Pour constituer une entreprise, l'investisseur doit accomplir neuf (09) procédures dans un délai de cinquante sept (57) jours pour un coût équivalent à 108,7% du revenu par tête d'habitant en 2006 (d'après le Foreign Investment Advisory Services, FIAS).

Procédure 1 : dépôt des fonds souscrits auprès d'une banque ou en l'étude du notaire

Délai : 01 jour

Coût : inclus dans la procédure suivante

Procédure 2 : établissement des statuts

Délai : 01 jour

Coût : 250 000 FCFA

Procédure 3 : enregistrement des statuts auprès du centre des impôts

Délai : 08 jours

Coût : 65 000 FCFA

Procédures 4 : Immatriculation au RCCM

Délai : 20 jours

Coût : 30 000FCFA + 1 timbre de 2 000 FCFA par page + 90 FCFA par tranche d'1 million FCFA de capital.

Procédures 5 : Publication d'une notice dans un JAL

Délai : 4 jours

Coût : 70 000 FCFA

Procédures 6 : Obtention du Numéro d'Identification National des Entreprises et Associations (NINEA), du compte contribuable et du Numéro d'Identification à la Taxe Indirecte (NITI)

Délai : 10 jours

Coût : néant

Procédures 7 : Enregistrement auprès de l'Inspection Régional du Travail

Délai : 03 jours

Coût : néant

Procédures 8 : Affiliation à la CSS

Délai : 02 jours

Coût : néant

Procédures 9 : Affiliation à l'IPRES

Délai : 08 jours

Coût : néant

En matière de procédures de constitution d'entreprise, les performances du Sénégal sont meilleures que la moyenne des performances africaines. Elles restent toutefois inférieures aux performances de classe internationale telles que les pays de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE), le Canada (voire tableau 2.4).

Tableau 2.4 : classement en matière de constitution d'entreprises

Indicateurs

Sénégal

Afrique de l'Ouest

OCDE

Canada

Ile Maurice

RSA

Tunisie

Nombre de procédures

9

11

6

2

6

9

9

Délai (en jours)

57

63

19

3

46

38

14

Coût (en pourcentage de revenu par tête)

108.7

215.3

6.5

0.9

8.8

8.6

10

Capital social minimum

260.4

297.2

28.9

0.0

0.0

0.0

29.8

Source : Doing business 2006

Pour les indicateurs, on en reviendra sur le chapitre 3 pour plus de détail.

B / Les Mesures à prendre

1. Nombre de procédures

Pour constituer son entreprise, quelle qu'en soit la forme, et installer son investissement, un opérateur doit accomplir 9 procédures distinctes auprès d'autant de structures différentes. Ces procédures nécessitent qu'il fournisse 33 documents et pièces2(*) qui pour bon nombre d'entre eux sont les mêmes.

En la matière, l'atteinte de la classe internationale peut être considérée comme un objectif de court terme. En effet, la question de la rédaction des procédures a fait l'objet d'examen et d'études dans le cadre du CPI et des solutions réalistes, d'un coût supportable ont été proposées et sont d'ores et déjà en cours de mise en oeuvre. Ces solutions, pratiquées avec succès dans d'autres pays, en France, notamment, consistent à combiner les actions ci après :

· Procéder à la fusion des différents identifiants (NINEA, Compte contribuable et NITI). A priori, le numéro de compte contribuable pourrait servir d'identifiant unique. Cette solution emporte la préférence du ministère de l'Economie et des Finances.

· Instituer un formulaire déclaratif unique à l'usage des 8 services administratifs concernés. En effet, il est apparu que les renseignements et pièces requis par ces administrations étaient, en règle générale, identiques, et qu'aucun obstacle technique ne s'opposait à l'établissement d'un formulaire unique assorti d'un jeu de pièces simplifié.

· Mettre en place un Centre de Facilitation des Procédures Administratives (CFPA), au sein de l'APIX, qui permet à l'investisseur d'avoir, le notaire excepté, un seul interlocuteur pour la constitution de l'entreprise. Le CFPA, dont l'existence est désormais consacrée par la loi relative à la modernisation des procédures administratives applicables aux investissements, a pour mission de centraliser les pièces du dossier et de les ventiler, avec le formulaire unique, auprès de l'ensemble des services administratifs concernés.

La combinaison de ces différentes actions permet ainsi de régler la question du nombre de procédures à accomplir lesquelles passent ainsi, pour l'investisseur, de 9 à 23(*). Quant à la mise en oeuvre de ce nouveau mécanisme, celui-ci a fait l'objet d'une évaluation4(*). Il est prévu d'affecter 10 personnes à la gestion du CFPA dont le coût de mise en place (agencement, aménagement et équipement) est évalué à 23 300 000 FCFA.

2. Délai

Selon le rapport « Doing in business 2006», il faut 57 jours pour constituer une entreprise et installer l'investissement. Ce chiffre est en baisse constante depuis 1998 et traduit les efforts réels qui ont été accomplis en la matière : 90 jours en 1998, 67 jours en 2002 et 57 en 2006. La computation des délais est la suivante :

Etablissement des statuts: 2 jours

Enregistrement des statuts auprès du Centre des impôts : 8 jours

Immatriculation au RCCM : 20 jours

Publication d'une notice dans un JAL : 4 jours

Obtention du NINEA, du Compte Contribuable et du NITI : 10 jours

Enregistrement auprès de l'inspection Régional du Travail : 3 jours

Affiliation à la CSS : 2 jours

Affiliation à l'IPRES : 8 jours

Ces délais sont meilleurs que la moyenne enregistrée au niveau régional (63 jours) mais cette performance est très relative. En effet, à l'échelle continentale, le Sénégal se classe 27ème derrière le Maroc (11jours), la Guinée (13 jours), le Centrafrique (14 jours), la Tunisie (14 jours), l'Egypte (34 jours), l'Afrique du sud (38 jours), ou l'île Maurice (46 jours).

A l'échelle régionale, le Sénégal se classe 10ème sur 12 pays classés, après, notamment, la Guinée (13 jours), le Nigeria (43 jours), le Burkina Faso ou la Côte d'Ivoire (45 jours). A l'échelle sous régionale, le Sénégal se classe 8ème sur les 8 pays classés.

A l'échelle internationale, le Sénégal reste loin des meilleures performances. La moyenne de l'OCDE est de 19 jours et celle des 10 meilleurs mondiaux s'échelonne de 2 à 9 jours, l'Australie venant en tête avec 2 jours (France 8 jours).

L'atteinte de la classe internationale peut être considérée comme un objectif de moyen terme. En effet, si l'importance des délais est liée au nombre de procédures à mettre en oeuvre et de structures intervenantes, elle dépend surtout du niveau de capacité de traitement des dossiers de structures intervenantes. De fait, si la mise en place du CFPA facilite l'accomplissement des procédures de constitution des entreprises, son impact sur les délais de réalisations de ces procédures est relatif.

En l'état, plusieurs procédures posent des difficultés et contribuent fortement à accroître les délais : l'enregistrement des statuts aux impôts, l'immatriculation au RCCM, l'attribution des numéros d'identification par le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF), l'affiliation à l'IPRES et la publication d'une notice de constitution de l'entreprise dans un JAL.

· L'enregistrement des statuts au centre des impôts compétents

Cette formalité prendrait environ 8 jours, c'est une durée relative. Sur le plan technique rien ne s'oppose à ce que l'enregistrement soit fait séance tenante. L'allongement des délais, lorsque cela arrive, tient essentiellement à la faiblesse des ressources notamment humaine affectées aux centres. Une évaluation des besoins en personnels et équipements de la Direction Générale des Impôts et du Domaine (DGID) et, en particulier, des différents centres des impôts, a été réalisée. Sa mise en oeuvre devrait permettre de supprimer les cas dans lesquels le délai de traitement excède 1 jour.

· L'immatriculation au RCCM

La durée de l'immatriculation est d'environ 20 jours. D'un point de vue juridique et technique, rien ne s'oppose à ce que l'immatriculation soit faite en 12 heures. En effet, selon l'acte uniforme sur le Droit Commercial Général qui définit les modalités d'immatriculation des personnes morales au RCCM, les immatriculations entachées d'irrégularité ne sont pas sanctionnées par une nullité absolue. En cas d'erreur ou d'omission, l'opérateur a toujours la faculté de procéder aux régularisations requises. De ce fait, l'acte uniforme instaure un simple contrôle formel et souple du dossier d'immatriculation qui consiste à s'assurer uniquement que toutes les pièces requises figurent au dossier et que les mentions portées dans le formulaire d'immatriculation sont bien conformes à ces pièces.

Un contrôle de cette nature ne nécessite aucune investigation particulière et devrait pouvoir s'effectuer en temps réel. Par ailleurs, il est avéré compte tenu du nombre d'entreprises immatriculées dans l'année, le nombre de dossiers d'immatriculation de personnes morales reçus par jour ouvrable au RCCM n'excède pas 10.

Compte tenu du nombre peu élevé de dossiers d'immatriculation de personnes morales reçus par jour et de la souplesse des opérations de contrôle de ces dossiers auxquels sont astreints les services du RCCM de par la loi, l'importance de la charge de travail qui en résulte ne nous semble pas être de nature à justifier l'importance des délais actuels (20 jours). En réalité, l'allongement des délais est dû à l'engorgement des services judiciaires et à leurs sous équipements. Les services du RCCM exécutent une recherche d'antériorité pour s'assurer que le nom de l'entreprise n'est pas celui d'une autre entreprise et faute de moyens informatique (base de données informatisée), cette recherche est quasi manuelle. De ce fait, en dépit du peu de dossiers d'immatriculation d'entreprise reçus quotidiennement, les services du RCCM ne parviennent pas à faire face à l'ensemble des tâches qui leur sont dévolues dans des délais raisonnables.

Dans le cadre du Programme Sectoriel Justice (PSJ), une évaluation de l'ensemble des besoins du RCCM a été réalisée et l'informatisation du greffe a été prise en compte. Sa mise en oeuvre devrait permettre d'immatriculer les entreprises en 24 heures.

· L'attribution des numéros d'identification par le MEF

L'attribution par le MEF des différents numéros d'identification des entreprises (Numéro de Compte Contribuable, NINEA, NITI) prend en moyenne 10 jours, essentiellement en raison de l'organisation interne des services compétents et des différents renvois entre services et bureaux différents. L'attribution d'un identifiant unique pour chaque entreprise et le renforcement des capacités de la DGID et de la DPS devraient permettre de ramener ce délai en 05 heures.

· L'affiliation à l'IPRES

L'affiliation à l'IPRES prend environ 8 jours. Entre le moment où l'opérateur dépose son dossier et celui où il est convoqué pour payer ses premières cotisations et recevoir son certificat d'affiliation. Comme précédemment, il n'existe aucune cause d'incompressibilité des délais. Le dossier requis est suffisamment fourni (11 pièces et actes différents) et ne rend pas nécessaire de procéder à des investigations d'envergure. Un simple contrôle formel pourrait suffire. Quant au calcul des cotisations, il ne semble pas que celui-ci nécessite un grand nombre d'opérations. En réalité, comme précédemment indiqué pour les services judiciaires ou financiers, la raison de l'allongement des délais réside dans l'insuffisance des moyens de traitement de dossiers dont dispose l'institution. Le règlement de cette question devrait, par conséquent permettre de ramener le délai d'affiliation en 05 heures.

· La publication d'une notice de constitution de l'entreprise dans un JAL

Selon le rapport « Doing in Business », il faut 04 jours pour que la notice informant les tiers de la constitution de l'entreprise soit effectivement publiée. Ce délai est exact lorsque le média concerné est un journal spécialisé ou le journal officiel de la République du Sénégal. Il ne l'est pas lorsque le media choisi est un quotidien national. Or, l'article 257 de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE habilite les quotidiens nationaux d'information générale à recevoir les annonces légales. Par conséquent, le recours aux quotidiens nationaux règle la question et permet de ramener les délais de publication de la notice de constitution de l'entreprise en deux heures.

Pour les autres procédures, telles que l'établissement des statuts, l'enregistrement auprès de l'inspection Régional du Travail et l'affiliation à la CSS, elles doivent permettre aux entreprises de faire leurs enregistrements en Vingt et quatre (24) heures. 

Ainsi, la mise en oeuvre de ces différentes mesures permet de réduire les délais de constitution des entreprises et de les porter de 58 à 02 jours selon le décompte ci-après :

Etablissement des statuts: 12 heures

L'enregistrement des statuts auprès du centre des impôts : 05 heures

L'immatriculation au RCCM : 05 heures

La publication d'une notice dans un JAL : 02 heures

Obtention du NINEA, du compte contribuable et du NITI : 12 heures

Enregistrement auprès de l'inspection Régionale du Travail : 05 heures

L'affiliation à la CSS : 03 heures

L'affiliation à l'IPRES : 04 heures

Toutes les mesures proposées peuvent être réalisées en 2008.

3. Frais de constitution et capital social minimum

Pour constituer son entreprise, quelle qu'en soit la forme, et installer son investissement, un opérateur doit débourser, à titre de frais de procédures, un montant d'environ Quatre cent quarante mille (440 000) FCFA, soit 108.7% du revenu par tête d'habitant calculé en 2004. Le décompte des frais est le suivant :

Dépôts des fonds souscrits auprès d'une banque ou en l'étude d'un notaire : néant

Etablissement des statuts: 250 000 FCFA

Enregistrement des statuts auprès du centre des impôts : 70 000 FCFA

Immatriculation au RCCM : 50 000 FCFA

Publication d'une notice dans un JAL : 70 000 FCFA

Obtention du NINEA, du compte contribuable et du NITI : néant

Enregistrement auprès de l'inspection Régionale du Travail : néant

L'affiliation à la CSS : néant

L'affiliation à l'IPRES : néant

Chapitre 3 : Analyse de l'impact de la Stratégie de Croissance Accélérée sur le climat de l'investissement

Ce chapitre comporte deux sections. La première porte sur la méthodologie et le second sur les résultats des estimations et leurs interprétations.

I / La Méthodologie

Dans cette section, il sera présenté successivement le choix des données telles que les indicateurs du « Doing Business » et enfin on spécifiera les hypothèses ainsi que les sources des données.

A / Le Choix des données

On a utilisé dans ce mémoire deux principales données : D'une part les indicateurs du « Doing Business » et d'autre part les variables telles que l'investissement privé et public et les recettes fiscales.

Les indicateurs du Doing Business analysés dans ce mémoire évaluent la protection des droits de propriété ainsi que leurs effets sur les entreprises, plus particulièrement sur les petites et moyennes entreprises. Tout d'abord, les indicateurs permettent de connaître le degré de réglementation, par exemple le nombre de procédures nécessaires pour créer une entreprise ou pour enregistrer une propriété commerciale. En second lieu, ils permettent de mesurer des caractéristiques telles que les délais et les coûts associés au recouvrement d'une créance, à une procédure collective ou à une vente internationale de marchandise. Troisièmement, ces indicateurs mesurent la protection légale de la propriété, par exemple la protection des investisseurs contre les abus des membres du conseil d'administration de la société qui est illustrée par quatre dimensions : la transparence des transactions, la responsabilité pour traitement automatiquement, la capacité des actionnaires à poursuivre en justice des officiers et des directeurs pour la mauvaise conduite et l'indice de force de protection de l'investisseur. Les indices varient entre 0 et 10, avec les plus hautes valeurs indiquant la plus grande transparence, la plus grande responsabilité de directeurs, les plus grands pouvoirs d'actionnaires pour défier la transaction, et la meilleure protection de l'investisseur. Quatrièmement, ils mesurent la flexibilité du marché du travail. Enfin, un nouvel ensemble d'indicateurs permet d'évaluer la charge fiscale qui pèse sur les entreprises.

Notons que les données statistiques, prises dans le rapport « Doing Business 2007 », font référence à Avril 2006.

Quant aux variables telles que l'investissement privé et public, elles nous permettent d'évaluer l'impact de la croissance accélérée (investissement public, les impôts sur le revenu et sur les salaires ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée) sur l'environnement des affaires (investissement privé). En d'autres termes, de voir si les variables sont corrélées. Pour ce faire, on utilisera le logiciel SPSS qui est plus adapté que le logiciel EVIEWS pour le test du coefficient de corrélation linéaire.

B / Les hypothèses de travail

La difficulté des études sur l'environnement des affaires ne réside pas uniquement dans la diversité des indicateurs (indicateurs du « Doing Business »). La complexité de l'environnement des affaires fait que divers facteurs directs ou indirects concourent à sa dégradation. C'est pourquoi dans l'étude de la relation entre la croissance accélérée et l'environnement des affaires, il convient d'intégrer dans les hypothèses, à titre de variables explicatives, les recettes fiscales, à savoir la taxe sur la valeur ajoutée, les impôts sur les sociétés et les impôts sur les salaires.

Donc les hypothèses qui serviront de base à cette étude s'établissent comme suit :

INVPRIV = â0 + â1INVPUBLI + â2IMPOSCTE + â3IMPORSAL + â4TVA

+ ì

Avec :

ü INVPRIV représentant l'investissement privé du Sénégal

ü INVPUBLI, l'investissement public du Sénégal

ü IMPOSCTE est l'impôt sur les sociétés

ü IMPORSAL correspond à l'impôt sur les salaires et traitements

ü TVA représente la taxe sur la valeur ajoutée

ü Les coefficients â0, â1, â2, â3 et â4 sont des paramètres à estimer

ü ì est le terme d'erreur de l'hypothèse.

Notons que ces variables sont données à la date t

C / Sources des données

Les données utilisées dans ce mémoire proviennent principalement de deux sources :

1. La Banque Mondiale (Banque Mondiale, Doing Business in 2005, 2006 et 2007)

2. La Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE)

Les investissements privé et public ont été calculés à partir des données de la DPEE selon la formule suivante :

Investissement = FBCF + variation de stock

II / Résultats et interprétations

A / Tableau des différents indicateurs

Les résultats détaillés des indicateurs analysant les différents types de réglementations (tableau 1 à 9) qui stimulent ou freinent l'activité économique des entreprises sont présentés en annexe.

Le tableau 1 de l'annexe, nous montre que le nombre de procédures à faire pour créer une entreprise est de 10 au Sénégal, 13 au Mali, 11 en Côte d'ivoire, contre seulement 6 en Singapour et en Corée par exemple. Quant à la durée requise pour créer une entreprise est de 58 jours au Sénégal, 42 jours au Mali, 45 jours en Côte d'ivoire, contre seulement 6 jours en Singapour.

Alors que la lourdeur des procédures d'enregistrement pousse les entrepreneurs à rejoindre l'économie informelle, où les entreprises ne paient pas d'impôt, ce qui va réduire l'assiette fiscale pour les recettes gouvernementales. Donc, la SCA doit inciter les entreprises à rejoindre l'économie formelle en facilitant les procédures de création d'entreprises.

Pour les facilités d'embauche et de licenciement, le tableau 2 de l'annexe nous montre que le Sénégal est parmi les derniers du classement, alors que le Singapour est en tête du classement.

Ceci s'explique par la rigidité du marché du travail, les entrepreneurs ne peuvent pas recruter par contrats à durée déterminée et cette rigidité étouffe la création de nouveaux emplois et pousse les ouvriers vers le secteur informel. Donc, pour augmenter la productivité, la SCA doit instaurer une réglementation flexible de l'emploi.

Pour le nombre de jours requis pour les formalités foncières est de 114 au Sénégal, 33 au Mali et 32 en Côte d'ivoire, contre seulement 9 en Singapour par exemple (tableau 4 de l'annexe). Le Sénégal est très loin d'un système performant d'enregistrement de la propriété.

Il en est de même pour l'accès au crédit, la protection des investisseurs, les formalités du commerce transfrontalier, l'exécution des contrats et les procédures de fermeture d'entreprises, le Sénégal est parmi les derniers du classement à côté de ses voisins les pays de l'UEMOA (tableaux 5 à 9 de l'annexe).

Globalement, on constate que les réformes, fiscales ou autres, stimulent l'activité des entreprises, plus la charge est faible, on note d'avantage de créations de sociétés et d'emplois et plus les entreprises sont encouragées à investir.

Cependant, on va essayer de voire parmi les indicateurs retenus par le « Doing Business », la contribution de chaque facteur sur le climat de l'investissement. Pour cela nous allons faire une sélection des plus pertinentes d'entres eux afin d'alléger le nombre de mesure à réaliser par la stratégie de croissance accélérée. L'Analyse en Composantes Principales (ACP) nous aidera à répartir les différents indicateurs, à voire ceux qui vont dans le même sens et ceux qui s'opposent.

B / Analyse factorielle des composantes multiples

Ainsi, les huit indicateurs suivants feront l'objet d'une analyse factorielle :

CREATETS = Création d'entreprises

ENRPRTE = Enregistrement de la propriété

PAIETAX = Paiement des taxes

COMTRANS = Commerce transfrontalier

EXECONT = Exécution des contrats

FERMETS = Fermeture des entreprises

RECRLIC = Recrutement et licenciement

OBTCRED = Obtention du crédit

Pour procéder à une analyse en composantes principales, il convient de s'assurer tout d'abord de l'homogénéité des données. Ce travail est effectué dans un premier temps après on verra la matrice de corrélation.

Statistiques sommaires des variables continues

Les statistiques sommaires nous permettent de juger de l'homogénéité de la distribution. La règle de décision est la suivante :

Si : CV = 15% donc les données sont homogènes et hautement représentative par rapport à la moyenne.

Si : CV = 15 % alors les données ne sont pas homogènes.

Tableau 3.1 Statistiques sommaires des variables continues

Libellé des variables

Effectifs

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart type

CV

CV*100

CRÉATETS

3

10

112

60

51,0294033

0,85049005

85,0490055

RECRLIC

3

50

72

60,6666667

11,0151411

0,18156826

18,156826

ENRPRTÉ

3

6

114

46

59,1945943

1,28683901

128,683901

OBTCRED

3

1

5

3

2

0,66666667

66,6666667

PROTINV

3

4

4

4

0

0

0

PAIETAX

3

48

696

267,666667

370,98832

1,38600867

138,600867

COMTRANS

3

6

978

335,333333

556,623152

1,65991

165,991

EXÉCONT

3

24

780

279

433,902063

1,55520453

155,520453

FERMETS

3

3

32

14

15,7162336

1,12258812

112,258812

N valide (listwise)

3

 

 

 

 

 

 

Ce tableau nous informe sur l'homogénéité de la distribution. Ce résultat est donné par le calcul du coefficient de variation (CV). On remarque que tous les coefficients de variation sauf le coefficient de la protection des investisseurs sont largement supérieurs à 15%.

Donc la distribution est hautement représentative par rapport à la moyenne. On peut maintenant faire une analyse en composantes principales.

Analyse de la matrice des corrélations

Pour l'interprétation du tableau de la matrice de corrélation (tableau 3.2), on ne s'intéressera par conséquent qu'aux indicateurs présentant les fortes coordonnées. Ainsi, le premier axe peut être appelé axe de l'obtention du crédit, dans la mesure où il est en forte corrélation avec les paiements et taxes (87.3%), l'enregistrement de la propriété (81.1%), le commerce transfrontalier (85.9%), et enfin l'exécution des contrats (87.1%). Le deuxième axe quant à lui peut être appelé axe du commerce transfrontalier. Il est corrélé avec la création d'entreprise (88.9%), la fermeture d'entreprise (99.4%), l'indice de recrutement et de licenciement (84.6%) et enfin l'indice d'obtention du crédit (85.9%). Enfin le troisième axe peut être appelé axe de la création d'entreprises. Il est corrélé avec les commerces transfrontaliers (88.9%), la fermeture d'entreprises (93.5%) et l'indice de recrutement et de licenciement (99.6%). Cependant appart les trois axes cités en haut, on note une très forte contribution relative aux axes exécution du contrat, fermeture des entreprises et enfin enregistrement des propriétés. Ces derniers sont les plus excentrés parmi les indices analysés, donc il convient aux autorités chargées de la mise en oeuvre de la stratégie de croissance accélérée d'y mettre l'accent. Par exemple pour l'indice d'obtention du crédit, les autorités peuvent faire de telle sorte qu'on aura plus besoin de garantie pour un crédit à la banque.

Tableau 3.2

En outre, la valeur propre de la première composante (tableau 3.3) à savoir la création d'entreprise et l'enregistrement de la propriété nous suffit pour expliquer la variance à 100%. 74,678% des informations sont contenues dans le premier axe et 25,322% des informations dans le deuxième axe. Ces deux derniers sont les composantes principales.

Tableau 3.3

C / Test du coefficient de corrélation linéaire des variables

Le test du coefficient de corrélation permet de voire si les variables sont corrélées positivement. La règle de décision pour ce test est la suivante :

· Si en valeur absolue, la probabilité de signification (Sig) est supérieure à 5%, alors on accepte H0 c'est-à-dire que la série est non corrélée.

· Si en valeur absolue, la probabilité de signification (Sig) est inférieure à 5%, alors on accepte H1 c'est-à-dire que la série est corrélée.

1 / Les impôts directs (IMPOSAL et IMPOSCTE)

Tableau 3.4

Le coefficient de corrélation est mesuré par « r »

Avec :

r = (INVPRIV, INVPUBLI) = 0.03 r (INVPRIV, IMPOSAL) = 0.514

r (INVPRIV, IMPOSCTE) = 0.572 n = 25

Les résultats contenus dans le tableau 3.4 montrent que la corrélation est significative au seuil de 1% pour les variables « imposcté et imposal » car leur probabilité de signification sont presque nulles. Par contre, la variable « invpubli » n'est pas corrélée avec l'investissement privé car la probabilité de signification est de 88.7%.

On peut en déduire que les variables imposal et imposcté sont corrélées positivement avec la variable invpriv. Si les impôts sur le salaire ou sur les sociétés augmentent alors l'investissement privé augmente.

Ces résultats suggèrent que l'investissement privé est stimulé par les recettes fiscales, donc la SCA doit faire de telle sorte que la fiscalité soit simple et modérée et qu'elle soit gérée avec rapidité et à moindre coût pour que les entreprises privées soient moins soumises à des tracasseries et que les recettes fiscales soient plus élevées. Des prélèvements lourds produisent des résultats indésirables comme la corruption ou le recours à l'informelle.

Pour éviter cela, il faut réduire l'impôt sur les sociétés, c'est vrai qu'en 2004 le Sénégal a revu son barème fiscal et a allégé les charges fiscales. Le taux d'imposition du revenu des sociétés est tombé de 33 % à 25 %.

2 / Les impôts indirects (TVA)

Tableau 3.5

r (INVPRIV,TVA) = 0.363 avec n = 25

Les résultats contenus dans le tableau 3.5 montrent que la corrélation est significative au seuil de 5% car la probabilité de signification est inférieure à 5 %. Donc, les variables INVPRIV et TVA sont corrélées positivement. Si les recettes de TVA augmentent alors l'investissement privé augmente.

Ce résultat nous montre qu'il faut inciter les entreprises à payer la taxe sur la valeur ajoutée en réduisant les taux et en simplifiant les procédures de déclaration. On sait que la simplification de la déclaration sur papier est une manière de simplifier les choses et ce mode fonctionne partout, surtout dans les pays pauvres comme le Sénégal où il n'y a pas peut-être de demande pour que les déclarations s'effectuent en ligne ou parce qu'il n'est pas en mesure de mettre en place la procédure. Hors les formulaires de déclaration et de paiement sont encombrés de toute une masse de demandes d'informations qui ne sont jamais traitées.

Conclusion générale et recommandations

Conclusion générale

Ce mémoire nous montre que l'environnement des entreprises demeure globalement difficile. La raison de la persistance de ces problèmes provient largement du fait que demeure un certain nombre de contraintes sérieuses au niveau de l'environnement des affaires. En résumé, les quatre principales contraintes issues des indicateurs du Doing Business qui freinent le développement des entreprises au Sénégal sont :

· Les pratiques informelles

· Les taux de taxation

· L'accès au financement

· L'application de la législation fiscale

Bien que ces contraintes rencontrées par les entreprises au Sénégal soient similaires à celles rencontrées dans d'autres pays, leur intensité est souvent supérieure. Ce qui classe le Sénégal 146éme au rang mondial sur un total de 175 pays dans la doing business 2007.

La croissance accélérée doit adopter le plus rapidement possible des reformes permettant aux entreprises de se développer plus vite et de créer plus d'emplois. Un nombre croissant de ces emplois ira dans l'économie formelle c'est-à-dire qu'un plus grand nombre de salariés bénéficient de la protection que sont les pensions, les règles de sécurité et les prestations de santé. Les femmes qui constituent maintenant les trois quarts de la main d'oeuvre du secteur informel, seront les grandes bénéficiaires.

Il est alors l'heure de sonner à la porte, d'enlever toutes les barrières qui entravent la création d'entreprises, en simplifiant les lois et règlementations des affaires, ce qui nous permettra de connaître une forte augmentation en ce qui concerne la création d'entreprises qui est l'une des composantes principales du climat de l'investissement au Sénégal.

L'Europe de l'Est a connu un boom en ce qui concerne la création d'entreprises rivalisant avec la rapide croissance de l'Asie du Sud. Les grandes économies émergentes telles que l'Inde, la Chine, l'Egypte, la Turquie, l'Indonésie sont en train de se réformer rapidement et les investisseurs le remarquent. Cette année, c'est l'Egypte qui est le top réformateur, alors que Singapour est le numéro 1 en matière de facilité de faire des affaires. Hors, on sait que le rendement du capital investi est plus élevé dans les pays qui réforment le plus. Les investisseurs recherchent un potentiel de hausse, et ils le trouvent dans les économies qui réforment, quelle que soit leur situation de départ.

Le climat de l'investissement est essentiel pour promouvoir la croissance et faire reculer la pauvreté. Il est important de réduire les risques induits par la politique gouvernementale, les coûts injustifiés et les obstacles à la concurrence. Améliorer le climat de l'investissement nécessite plus que de changer les politiques et institutions en place. Il est important d'appréhender l'amélioration du climat de l'investissement comme un processus qui s'inscrit dans la durée et non comme une action ponctuelle. Mettre l'accent sur les fondements du climat de l'investissement est le préalable à toute action. La communauté internationale pourrait intervenir davantage en matière d'amélioration du climat de l'investissement.

Recommandations

Dans ce travail, il s'est révélé que les indicateurs retenus sont conformes à l'hypothèse posée sur l'introduction à savoir qu'on ne peut pas avoir de croissance accélérée sans une amélioration du climat des investissements. Cependant, les résultats obtenus suggèrent beaucoup de prudence et les recommandations qui seront données se situeront sur deux axes stratégiques : la première est la mise à niveau de l'environnement administratif, règlementaire et meilleur accès au financement, la seconde est la maîtrise d'une politique d'amélioration du climat de l'investissement.

Pour cela, il est nécessaire que les mesures suivantes soient entreprises :

1. Formalité de création d'entreprise 

L'objectif fixé est de rationaliser les procédures pour ramener le nombre des formalités de création d'entreprises à deux (02) et les délais de création d'une entreprise à deux (02) jours maximum.

2. L'accès au crédit 

Des questions relatives au financement et à la fiscalité ont fait l'objet de consensus pour les solutions mais elles restent encore dans l'agenda des réformes. Cependant, donner un traitement définitif à ces questions par une modification de la législation nationale ou par la saisine de l'UEMOA en vue de favoriser d'une part le développement des instruments financiers et d'autre part la diffusion d'informations relatives au crédit.

3. La fiscalité

Deux problèmes se posent ici : le retard dans la restitution de crédit de TVA et des taux d'imposition très élevés. Pour la restitution de la TVA, elle peut être résolu en introduisant la déclaration électronique. Les entreprises peuvent mettre en ligne des renseignements d'ordre financiers et il suffit d'un clic pour que la déclaration soit effectuée sans que soit nécessaire aucun calcul. Singapour a montré la voie, en créant un nouveau département (The Internal Revenue Authority) en 1998 qui a instauré un système de déclaration en ligne et l'opération ne prend qu'un seul jour. Pourquoi ne pas l'instaurer au Sénégal ? L'autre problème, c'est les taux d'imposition. Tout le monde se plaint des impôts, et les entreprises du Sénégal ne font pas exception à la règle. Les taux d'imposition appliqués au Sénégal sont analogues à ceux des pays développés, malgré qu'il soit passé de 33% à 25%.

On peut élargir l'assiette fiscale en maintenant les taux à un niveau modéré. Hors on a vu que le gouvernement essaie de taxer le plus possible les entreprises. Il raisonne selon que des impôts très élevés sont nécessaires pour financer les services publics et combler les déficits fiscaux. Mais l'augmentation de taux ne permet généralement pas d'atteindre cet objectif, mais en revanche cela incite les entreprises à rejoindre l'informel. Hors l'importance des pratiques informelles conjuguée à la mauvaise gestion de l'impôt et à la corruption entrave le recouvrement de l'impôt, impose une charge disproportionnée à ceux qui honorent leurs obligations fiscales et introduit des distorsions dans la concurrence. Le résultat en est une baisse des recettes fiscales. Ceci peut être illustré par la thèse de A. B LAFFER, « Trop d'impôt, tue l'impôt » qui estime qu'une pression fiscale excessive aboutit à terme à une baisse de la production et des pressions fiscales. Cependant, au Sénégal, on a noté une baisse du taux d'imposition qui est passé de 33% à 25%, mais cela reste insuffisante.

4. Accès au foncier

L'accès au foncier sous toutes les formes et la congestion de Dakar (où se concentrent 80% des activités) sont parmi les principaux goulots d'étranglement pour les investisseurs. De ce fait, la SCA doit créer des zones aménagées, dotées des équipements de bases nécessaires, ce qui offrira aux entreprises qui y sont installées les meilleures pratiques en terme de services et d'incitations.

5. Facilitation de l'exécution des contrats

La mise en place d'un système sûr d'exécution des contrats permet de réduire les risques et les coûts liés aux transactions et de faciliter l'accès aux financements. Au Sénégal, plus de la moitié des entreprises ne sont pas convaincues que les tribunaux feront respecter leurs droits de propriété. D'après le tableau 8, le temps nécessaire pour faire exécuter un contrat simple peut aller de 780 jours au Sénégal et seulement 230 en Corée et 120 jours à Singapour. La SCA doit renforcer le système judiciaire ainsi que la facilitation de la libre circulation des informations relatives à la réputation et la suppression des obstacles injustifiés qui entravent le recours à d'autres mécanismes de règlement des différends tels que l'arbitrage.

6. Enfin l'amélioration du climat de l'investissement doit être un processus qui s'inscrit dans la durée et non comme une action ponctuelle

Les politiques de la croissance accélérée qui influent sur le climat de l'investissement couvrent un champ d'action très vaste. Mais, il n'est pas nécessaire de s'attaquer à tous les problèmes en même temps, et la perfection n'est indispensable dans aucun des aspects de la politique gouvernementale. Il est possible de faire des progrès significatifs en prenant des mesures pour lever des contraintes importantes de manière à rassurer les entreprises pour qu'elles investissent et en instaurant une dynamique pour inscrire cette action réformatrice dans la durée.

Comme les contraintes varient à l'infini d'une région à l'autre, au Sénégal, il est indispensable d'évaluer les priorités dans chaque cas. Une communication efficace des pouvoirs publics peut faciliter le processus de réforme, de même que les mesures prises pour réaliser un consensus et maintenir la dynamique des réformes.

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ANNEXES

ENCADRÉ 1 : La Chine, l'Inde et l'Ouganda donnent des exemples des gains potentiels importants générés par l'amélioration du climat de l'investissement :

Les succès de la Chine et de l'Inde ont préfiguré les trains de réformes lancés au cours des deux dernières décennies. La croissance de la Chine qui est de 10 pour cent par an depuis 1980 a permis d'extraire 400 000 millions de personnes de la pauvreté. Et l'Inde a doublé son taux de croissance depuis les années 1970. Les politiques spécifiques de chaque pays étaient différentes, mais elles ont suivi des stratégies pragmatiques d'amélioration du climat de l'investissement pour renforcer les incitations et les opportunités offertes au secteur privé.

Les avantages des réformes du climat de l'investissement ne sont pas limités aux seuls grands pays.

L'Ouganda a lancé son programme d'amélioration du climat de l'investissement au début des années 1990, après une période de guerre civile et d'instabilité macroéconomique. Les réformes ont couvert de nombreux domaines du climat de l'investissement. La stabilité macroéconomique a été atteinte, les expropriations lancées par un gouvernement précédent ont été annulées, les entraves au commerce international ont été réduites et la fiscalité, ainsi que le système judiciaire, ont été réformés. La persévérance du gouvernement dans son effort de réforme a rehaussé sa crédibilité et donné aux entreprises la confiance nécessaire pour investir. En effet, l'investissement privé, rapporté au PIB, a plus que doublé, passant de 6 pour cent en 1990 à 15 pour cent en 2002. Ce processus a établi les bases d'une croissance annuelle de son économie à un rythme de 4 pour cent en moyenne au cours de la période 1993 - 2002 (soit 8 fois la moyenne de l'Afrique subsaharienne) et d'une réduction de la partie de sa population vivant en dessous du seuil de la pauvreté de 56 pour cent en 1992 à 35 pour cent en 2000 (adapté du Rapport sur le Développement dans le Monde 2005).

Source : www.worldbank.org/wdr2005

E N C A D R É 2 : Un vaste programme d'action : les enseignements tirés de l'expérience de la Chine, de l'Inde et de l'Ouganda

La Chine, l'Inde et l'Ouganda permettent de tirer quelques enseignements simples des stratégies qui permettent d'améliorer le climat de l'investissement. Au cours de ces dernières années, la Chine et l'Inde ont affiché des taux de croissance impressionnants, qui leur ont permis de réduire grandement la pauvreté. Le taux de croissance officiel de la Chine a atteint semble-t-il un niveau moyen de croissance de 8% au cours des 20 dernières années, et la proportion des habitants qui subsistent avec moins de 1 dollar par jour a été ramenée de 64% en 1981 à moins de 17 % en 2001. En Inde, la croissance est passée d'une moyenne de 2,9% par an au milieu des années 70 à 6,7% au milieu des années 90, et la proportion de la population vivant avec moins de 1 dollar par jour a été ramenée de 54% en 1980 à 35% en 2000.

Et pourtant, dans aucun de ces pays, le climat de l'investissement n'est idéal. Ce n'est que récemment que la Chine a inclus dans sa constitution le droit à la propriété privée et son secteur bancaire est plombé par les créances improductives. Les problèmes de l'Inde dans le secteur de l'électricité sont légendaires. Les deux pays ont réussi à dynamiser leur croissance et à faire reculer la pauvreté grâce à des réformes qui paraissaient relativement modestes au départ. La Chine a commencé par instituer un système rudimentaire de droits de propriété, qui a créé de nouvelles incitations dans des pans substantiels de son économie.

L'Inde a commencé par prendre des mesures pour réduire les obstacles aux échanges et d'autres distorsions qui affectaient une partie substantielle de son économie. Dans les deux cas, les réformes visaient à lever des contraintes importantes, et elles ont été mises en oeuvre d'une manière qui, en rassurant les entreprises, les ont incité à investir. Et les réformes initiales ont été suivies de mesures visant à éliminer progressivement des obstacles qui étaient moins contraignants initialement et qui ont aussi permis de renforcer encore la confiance dans l'orientation future de la politique gouvernementale.

Ces stratégies ne sont pas l'apanage des grands pays. L'Ouganda a lancé son programme d'amélioration du climat de l'investissement dans les années 90 à l'issue d'une période de conflits internes. Les réformes couvrant de nombreux aspects qui caractérisent le climat de l'investissement ont permis de jeter les fondements nécessaires pour stimuler l'économie, qui a atteint un taux de croissance moyen de plus de 4% pendant la période 1993-2002, et de ramener la proportion de la population vivant en deçà du seuil de pauvreté de 56% en 1992 à 35% en 2000.

La persistance de ces efforts a renforcé la crédibilité de l'équipe gouvernementale et suffisamment rassurée les entreprises pour qu'elles investissent.

Source : Chine :Chen and Wang (2001) ; Qian (2003), et Young (2000) ; Inde:Aghion and others (2002), Ahluwalia (2002),De Long (2003), Rodrik and Subramanian (2004),Varshney (1998), et Panagariya (2003) ; Ouganda : Holmgren and others (2001) et World Bank (2001).

Tableau 1 : Les indicateurs relatifs à la création d'entreprises en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte d'Ivoire

Afrique

du Sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

150

163

154

57

59

128

72

11

Nombre de procédures

10

13

11

9

10

13

6

6

Délai (nombre de jours)

58

42

45

35

11

35

21

6

Coût (% du revenu par habitant)

112.6

201.9

134.1

6.9

9.3

9.3

50.0

0.8

Capital minimum (% du revenu par habitant)

269.6

519.8

226.7

0.0

28.3

213.1

27.1

0.0

Source: Banque Mondiale; Doing Business (2007): How to reform

Tableau 2 : Les indicateurs relatifs à l'embauche et au licenciement en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte

d'ivoire

Afrique

du sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

152

131

133

87

92

78

18

3

Indice de difficulté d'embauche (0-100)

72

44

44

44

17

11

0

0

Indice de rigidité des heures

(0-100)

60

60

80

40

40

20

0

0

Indice de difficulté de licenciement (0-100)

50

50

10

40

80

40

50

0

Indice de rigidité d'emploi

(0-100)

61

51

45

41

46

24

17

0

Coût d'embauche (% des salaires)

21

27

18

2

22

44

8

13

Coûts de licenciement (semaines de salaires)

38

31

49

24

17

91

4

4

Source : Banque Mondiale; Doing Business (2007) : How to reform

L'indicateur du coût d'embauche mesure toutes les prestations sociales ainsi que les charges salariales liées à l'embauche d'un employé. Le coût est exprimé en pourcentage du salaire de l'employé. L'indicateur du coût du licenciement mesure le coût des exigences en matière de préavis au licenciement, des indemnités de licenciement et des amendes dues en cas de licenciement pour sureffectif.

Tableau 3 : Les Indicateurs relatifs aux formalités foncières en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte d'ivoire

Afrique du sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

151

93

101

69

71

21

62

12

Nombre de procédures

6

5

6

6

5

3

5

3

Temps (nombre de jours)

114

33

32

23

57

32

513

9

Coûts (% de la valeur de la propriété)

18,1

20.7

14.3

8.9

6.1

3,1

0.1

2.8

Source: Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

Par procédure, on entend toute interaction entre l'acheteur ou le vendeur, leurs agents ou la propriété avec des parties extérieures qui peuvent être des organismes publics, des inspecteurs, des notaires et des juristes.

Le délai est mesuré en nombre de jours calendaires. On suppose que le temps minimum requis pour effectuer une procédure est 1 jour.

Les coûts sont les honoraires, les taxes de transfert, les droits de timbre et autres versements à effectuer au registre de la propriété, aux notaires, aux organismes publics ou aux juristes, lorsqu'ils sont requis par la loi.

Tableau 4 : Les indicateurs relatifs à l'accès au crédit en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte d'ivoire

Afrique du sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

143

143

143

33

101

101

21

7

Indice de droits légaux (0-100)

3

3

3

5

2

2

6

9

Indice d'informa

tion sur le crédit (0-6)

1

1

1

5

4

3

5

4

Source : Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

L'indice des droits légaux des emprunteurs et des prêteurs évalue dans quelle mesure les lois sur le nantissement et les faillites facilitent le prêt. L'indice d'information sur le crédit évalue les règles qui affectent l'étendue, l'accessibilité et la qualité de l'information en matière de crédit qu'il est possible de trouver dans les bureaux de crédit publics ou privés.

Tableau 5 : Les indicateurs relatifs à la protection des investisseurs en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte d'ivoire

Afrique

du sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

135

99

99

9

151

83

60

2

Indice de divulgation de l'information (0-10)

4

6

6

8

0

10

7

10

Indice de responsabilité du Directeur (0-10)

4

5

5

8

4

1

2

9

Indice de procès libre des actionnaires (0-10)

4

3

3

8

6

4

7

9

Indice de protection des investisseurs (0-10)

4.0

4,7

4,7

8.0

3.3

5.0

5,3

9.3

Source : Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

Les indicateurs ci-dessus décrivent quatre sortes de protection de l'investisseur : la transparence des transactions (l'indice de divulgation de l'information), la responsabilité pour traitement automatiquement (l'indice de responsabilité du Directeur), la capacité des actionnaires à poursuivre en justice des officiers et des directeurs pour la mauvaise conduite (l'indice de procès libre des actionnaires) et l'indice de force de Protection de l'Investisseur. Les indices varient entre 0 et 10, avec les plus hautes valeurs indiquant la plus grande transparence, la plus grande responsabilité de directeurs, les plus grands pouvoirs d'actionnaires pour défier la transaction, et la meilleure protection de l'investisseur.

Tableau 6 : Les indicateurs relatifs aux paiement des taxes et impôts en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte

d'ivoire

Afrique

du sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

159

141

134

74

139

168

48

8

Nombre de payements (par année)

59

60

71

23

45

44

27

16

Temps (en heures par année)

696

270

270

350

268

872

290

30

Taxe totale payable (% du profit brut)

47,7

50.0

45,7

38.3

58.8

77.1

30.9

28.8

Source : Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

L'indicateur de paiement des taxes et impôts reflète le nombre total de taxes et d'impôts payés. Il comprend les paiements de taxes à la consommation telles que la taxe à la vente et la TVA, effectués pas la société. L'indicateur délai évalue le temps nécessaire pour préparer, déclarer et payer (ou prélever) trois impôts ou taxes parmi les plus importants : l'impôt sur le revenu des sociétés, la taxe sur la valeur ajoutée ou taxe à la vente, les charges patronales, dont la cotisation salariale, et les contributions sociales.

Tableau 7 : Les Indicateurs relatifs aux formalités d'import-export en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte

d'ivoire

Afrique

du sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

94

167

132

67

39

38

28

4

Nombre de document pour exporter

6

10

9

5

5

6

5

5

Coût pour exporter (dollar US par container)

978

1.75

781

850

770

335

780

382

Délai pour exporter (en jours)

22

66

21

31

18

18

12

6

Nombre de document pour importer

10

16

19

9

8

12

8

6

Coût pour importer (dollar US par container)

1.674

2.68

1.395

850

600

375

1.04

333

Délai pour importer (en jours)

26

61

48

34

29

22

12

3

Source : Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

Tableau 8 : Les indicateurs relatifs à l'exécution des contrats en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte d'Ivoire

Afrique

du Sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

138

140

92

43

40

63

17

23

Nombre de procédures

33

28

25

26

21

31

29

29

Délai (nombre de jours)

780

860

525

600

481

292

230

120

Coût (% de la valeur du bien)

23.8

45.0

29.5

11.5

17.3

26.8

5.5

14.6

Source : Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

Tableau 9 : Les indicateurs relatifs aux procédures de fermeture d'entreprises en 2007

 

Sénégal

Mali

Côte d'Ivoire

Afrique

du Sud

Tunisie

Chine

Corée

Singapour

Classement

74

99

68

65

29

75

11

2

Délai (années)

3.0

3.6

2.2

2.0

1.3

2.4

1.5

0.8

Coût (% de la valeur du patrimoine)

7

18

18

18

7

22

4

1

Taux de recouvrement (cent par dollar)

31.6

23.7

33.8

34.4

51.2

31.5

81.8

91.3

Source : Banque Mondiale ; Doing Business (2007) : How to reform

Tableau des données

INVPRIV INVPUBLI YEAR IMPOSCTE IMPOSAL TVA

7,34E+09 3,49E+09 1980 9,00E+09 9,00E+09 5,82E+10

1,07E+09 2,80E+09 1981 9,20E+09 1,40E+10 5,97E+10

1,80E+09 3,27E+09 1982 9,40E+09 1,80E+10 6,15E+10

1,84E+09 3,74E+09 1983 9,60E+09 2,20E+10 6,28E+10

1,99E+09 4,07E+09 1984 9,80E+09 2,40E+10 6,39E+10

2,05E+09 4,55E+08 1985 1,04E+10 2,60E+10 6,45E+10

1,45E+09 5,20E+09 1986 1,12E+10 2,88E+10 7,21E+10

1,74E+09 57,00 1987 1,30E+10 3,16E+10 8,43E+10

1,95E+09 58,00 1988 1,46E+10 3,39E+10 8,29E+10

2,01E+08 625,00 1989 1,51E+10 3,56E+10 8,36E+10

2,17E+09 634,00 1990 1,55E+10 3,66E+10 9,52E+10

2,21E+09 6,58E+08 1991 1,27E+10 3,67E+10 1,04E+11

2,25E+09 7,56E+09 1992 1,76E+10 3,79E+10 1,12E+11

2,34E+09 5,84E+09 1993 1,12E+10 4,01E+10 9,54E+10

3,89E+09 7,03E+09 1994 1,02E+10 4,26E+10 1,24E+11

3,62E+09 9,91E+09 1995 2,08E+10 4,84E+10 1,56E+11

4,11E+09 1,14E+09 1996 2,28E+10 4,99E+10 1,78E+11

3,93E+09 1,39E+09 1997 2,90E+10 5,30E+10 1,30E+11

5,34E+09 1,52E+08 1998 3,71E+10 5,65E+10 1,22E+11

5,18E+08 1,90E+09 1999 3,87E+10 5,42E+10 1,17E+11

5,96E+08 1,50E+09 2000 4,94E+10 6,34E+10 9,03E+10

6,32E+09 1,81E+09 2001 5,00E+10 6,01E+10 1,08E+11

7,12E+09 2,10E+09 2002 5,43E+10 7,32E+10 1,14E+11

6,62E+09 1,95E+09 2003 5,70E+10 8,08E+10 1,16E+11

7,27E+09 2,27E+09 2004 6,89E+10 8,46E+10 1,19E+11

Source Comptabilité Nationale 1980-2004

Tables des matières

Introduction Générale 6

Chapitre 1 : Cadre général de l'étude :

Contexte économique du Sénégal 8

Section I : Diagnostic sommaire de l'économie Sénégalaise 8

A / Une croissance à long terme faible et irrégulière 8

1. La phase de stabilisation (1979-84) 9

2. Le programme d'ajustement à moyen et long terme 1985-91 10

B / Le tournant de la dévaluation de 1994 11

C / Conjoncture économique depuis 2006 14

1. Évolution du cadre macroéconomique 14

2. Résolutions pour l'année 2007 15

Section II : La vision et les objectifs macroéconomiques de la SCA ................................................................................................. 16

A / la vision du long terme 16

B / Les objectifs macroéconomiques 17

1. Le relèvement du taux de croissance de l'économie 17

2. Intensification de l'effort d'investissement 18

3. Préservation des équilibres globaux 18

4. Maîtrise de l'inflation 19

Section III : La question de l'investissement dans la SCA 20

A / Les entraves du climat de l'investissement 20

B / L'amélioration du climat des affaires 21

C / Promouvoir les réformes 21

D / La SCA, une initiative pour une meilleure productivité par les

Grappes 22

Chapitre 2 : Revue de la littérature 25

Section I : Les Fondements Théoriques : les effets de l'investissement sur la croissance accélérée 25

A / L'Idée Générale 25

B / Comment le climat de l'investissement influe sur la croissance. 26

C / Les problèmes fondamentaux 27

1. L'antagonisme fondamental 27

2. Les quatre principaux problèmes 28

D / Maîtrise d'un vaste programme d'action 30

1. Définition des priorités 30

2. Problèmes de mise en oeuvre 33

Section II : Les Résultats Empiriques 34

Section III : Proposition de Plan d'Actions Pour la mise en place d'un Climat de l'Investissement de Classe Internationale 38

A / Les Procédures de Constitution d'Entreprises 39

B / Les Mesures à prendre 41

1. Nombre de procédures 41

2. Délai 42

3. Frais de constitution et capital social minimum 45

Chapitre 3 : Analyse de l'impact des mesures prises par la SCA sur le climat de l'investissement 46

Section I : La Méthodologie 46

A / Le Choix des données 46

B / Sources des données 47

C / Les hypothèses de travail.....................................................................47

Section II : Résultats et interprétations..................................47

A / Tableau des différents indicateurs 47

B / Analyse factorielle des composantes multiples 48

1. Statistiques sommaires des variables continues 49

2. Analyse de la matrice des corrélations 49

C / Test du coefficient de corrélation linéaire des variables 52

1. Les impôts directs (IMPOSAL et IMPOSCTE) 53

2. Les impôts indirects (TVA) 54

Conclusion générale et recommandation 55

Bibliographie 60

Annexes 62

* 1 Les indices de pauvreté et d'inégalité de 1994/95 et de 2001/02 ont été calculés sur la base des données des enquêtes réalisées pendant les même périodes par la DPS. Il s'agit en l'occurrence des Enquêtes Sénégalaises auprès des Ménages (dites ESAMI et ESAMII).

* 2 Etude relative à la mise en place d'un guichet unique pour les formalités d'immatriculation des entreprises et associations. Consultants associés Octobre 2005.

* 3 Dans l'absolu, le nombre de procédures administratives passe en réalité de 9 à 6 (unification des procédures à accomplir auprès des services du MEF) mais l'investisseur accompli en pratique 2 procédures auprès de 2 structures : le Notaire et le CFPA, voire même une seule procédure lorsqu'il confie le dossier au notaire.

* 4 Etude relative à la mise en place d'un Centre de Facilitation des Procédures Administratives. Profil Consulting Juillet 2005






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