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Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré

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par Pagnidemsom Nestor BOULOU
Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007
  

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PREMIERE PARTIE

PROBLEMATIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

1.1 Problématique

Toutes les associations, ONG, institutions etc., oeuvrant pour l'épanouissement et le développement social et économique des populations, reconnaissent aujourd'hui la nécessité d'impliquer les communautés à la base aussi bien dans la conception, l'élaboration que dans la mise en oeuvre des projets de développement en général.

L'une des recommandations faites à l'endroit des institutions et ONG dans le cadre de la politique nationale de communication pour le développement est formulée en ces termes : « Les institutions et les ONG luttent toutes pour un développement durable, pour la promotion du monde rural. Il s'avère alors indispensable qu'elles instaurent entre elles d'une part, puis entre elles et leurs clients d'autre part des concertations périodiques en vue d'harmoniser le contenu des informations et d'échanger leurs expériences dans l'intérêt des populations ». 6(*)

Ce souci de participation a suscité la reformulation des approches communicationnelles de bon nombre d'institutions, ONG et associations intervenant pour un changement de comportement des populations rurales.

Si la prise de conscience de la nécessité d'adopter une approche participative dans les rapports entre les différents acteurs au développement est aujourd'hui manifeste, il demeure que sa mise en application n'est pas toujours en conformité avec les principes de base de cette approche. En effet, l'approche participative nécessite l'instauration d'une concertation interactive pour apprécier de façon consensuelle la problématique avant de concevoir l'action à entreprendre.

La communication pour le développement exige une réelle participation des populations rurales ou locales dans la mise en oeuvre des projets surtout dans les domaines touchant à la culture et aux mentalités des populations telle que la lutte contre la pratique l'excision. Cette réalité se justifie par le constat réel et vérifié selon lequel le développement et le changement de comportements se négocient avec les populations concernées au lieu de s'imposer. Dans ce contexte de communication participative, plusieurs médias sont utilisés pour la diffusion des informations et des messages. Cependant, leur pertinence et leur efficacité en tant que supports pouvant privilégier les échanges et la participation sont essentielles pour promouvoir l'esprit de partage et de dialogue permanent entre les acteurs impliqués dans tout processus de développement. Parmi ces médias utilisés dans le cadre de la communication pour le développement, la radio s'est révélée comme étant le plus populaire, le plus accessible et le plus proche des populations.

Boubacar SINE écrivait en 1975, « la radio a fait depuis relativement bien longtemps irruption dans la vie quotidienne de l'Africain : sans doute est-ce le médium le plus courant et le plus populaire du point de vue de son audience »7(*).

La radio a l'avantage de s'adapter au système traditionnel de communication de l'Afrique basé sur l'oralité, c'est-à-dire une communication vivante, un échange direct. C'est pourquoi André Jean TUDESQ a pu dire que « la radio, parmi les nouvelles technologies de l'information, est celle qui correspond le mieux à l'oralité »8(*). Au Burkina Faso, la radio a joué un rôle important en faveur du développement communautaire. Un mémoire soutenu par KOURA Bagassi sur la radio communautaire Munyu de Banfora a fait ressortir le rôle positif que cette radio a joué dans l'éveil social de la population9(*). Une autre étude de la Fédération des groupements Naam à Ouahigouya a abouti à la conclusion que le succès des activités de la fédération notamment dans le cadre de l'éducation du monde agricole de la province a été facilité par l'action de la radio « La voix du paysan ». C'est peut être au regard de ces facteurs que la radio est le canal principal de communication utilisé par l'UNICEF et le CNLPE dans le cadre du Plan Intégré de communication (PIC).

Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur le degré d'implication des populations concernées dans l'élaboration des messages véhiculés à travers le Plan Intégré de Communication de Radio Vénégré.

1.1.1 Question de départ

Notre question de départ est formulée en ces termes :

Le contenu du plan intégré de communication de radio Vénégré a-t-il été élaboré avec la participation des populations ? Ce questionnement tire son fondement dans le fait que la participation ou l'implication des populations cibles dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'une stratégie de communication est un facteur d'appropriation des messages clés par celle-ci. De manière plus spécifique, il s'agira pour nous d'axer notre étude sur les questions de recherche suivantes :


· La conception culturelle de l'excision est-elle prise en compte dans l'élaboration des messages de sensibilisation ?


· Les supports de communication utilisés sont-ils appropriés aux groupes cibles?

1.1.2 Objet de recherche

Notre étude vise à analyser les conditions d'élaboration et de mise en oeuvre du PIC.

Le PIC, en effet, est une initiative soutenue par l'UNICEF et le CNLPE dans 20 provinces du Burkina Faso, avant d'être une stratégie qui vise le recul de la pratique de l'excision à travers une approche multimédia. Il s'agit d'utiliser 17 radios communautaires pour véhiculer des messages de sensibilisation dans le cadre de la lutte contre la pratique de l'excision tout en suscitant la participation des cibles dans le processus. La radio communautaire KAKOADB YAM VENEGRE de Ziniaré est parmi les radios impliquées dans le PIC.

Issue de la grande fédération paysanne « Wend Yam », radio KAKOADB YAM VENEGRE (l'éveil des consciences paysannes) est une radio communautaire implantée dans la province de l'Oubritenga depuis 1998. Elle a commencé à émettre en janvier 1998 à Kulkinka, village situé à 17 Km de Ziniaré. Elle a déménagé à Ziniaré le 1er janvier 2000 pour des raisons financières et matérielles. Elle est administrée par un comité de gestion comprenant six membres de la fédération et un représentant des auditeurs.10(*)

Notre choix porté sur l'étude du plan intégré de communication de radio Vénégré de Ziniaré se justifie par les raisons suivantes :

- La lutte contre la pratique de l'excision est devenue l'un des défis majeurs inscrits dans les politiques de développement et d'épanouissement des populations au Burkina Faso.

- La province de l'Oubritenga est classée parmi les douze provinces les plus touchées par la pratique de l'excision11(*).

Notre intention d'étudier l'approche participative dans le cadre de la mise en oeuvre du plan intégré de communication de Radio Vénégré a été motivée par un constat.

Il est ressorti de nos lectures et entretiens exploratoires que la définition de l'excision varie selon que nous nous situons dans une perception culturelle et traditionnelle ou dans une perception moderne et scientifique de cette pratique.

D'une manière générale, les messages de sensibilisation diffusés sur les différents supports (dépliants, radio, théâtre forum, affiches, photos, etc.) se focalisent sur les aspects relatifs à l'idée de violence, de mutilation, voire de crime que recouvre l'excision.

Cette définition est, certes, juste d'un point de vue scientifique, médical et juridique. Cependant, elle est incomplète en ce sens qu'elle n'intègre pas la conception traditionnelle de l'excision qui, dans son contexte culturel est une épreuve de pureté, de propreté et qui consacre la féminité de la femme dans la société traditionnelle.

L'excision est une pratique qui laisse aussi de nombreuses conséquences dans les sociétés où elle est pratiquée. Cependant, toutes les actions de sensibilisation et de persuasion entreprises en ce sens n'auront pas toute leur efficacité si les points de vue de ceux qui la pratiquent ne sont pas pris en compte dans la conception des messages de sensibilisation. Il convient alors d'harmoniser et de s'accorder sur les contenus des informations diffusées. C'est en fait ce à quoi la mise en oeuvre de l'approche participative doit conduire.

1.1.3 Hypothèses

L'organisation d'une recherche autour d'hypothèses de travail constitue le meilleur moyen de la mener avec ordre et rigueur sans sacrifier pour autant l'esprit de découverte et de curiosité propre à tout effort intellectuel digne de ce nom. Bien plus, un travail ne peut être considéré comme une véritable recherche s'il ne se structure autour d'une ou de plusieurs hypothèses12(*).

C'est pourquoi nous avons formulé à cette étape de l'étude les hypothèses suivantes:

1.1.3.1 Hypothèse principale 

- La réticence des populations face à l'abandon de l'excision résulte de la méprise de leur conception de cette pratique dans l'élaboration des messages par les animateurs du PIC. En effet, la difficulté de la lutte contre l'excision réside dans le fait qu'elle oppose deux visions. D'un côté, l'excision est vue sous un angle culturel et rituel qui, de ce fait, est un fait social qui rime avec la tradition, et de l'autre, elle est appréciée sous un angle scientifique à travers ses implications dans la santé des personnes qui la subissent.

1.1.3.2 Hypothèses secondaires :

- La conception des messages de sensibilisation ne prend pas en compte les représentations sociales de l'excision.

- Les acteurs chargés de la mise oeuvre du PIC ne sont pas suffisamment outillés pour mener une campagne de communication participative.

* 6 Ministère de l'Information, Politique nationale de communication pour le développement, TOME I,

* 7 Boubacar SINE, Impérialisme et théories sociologiques du développement, 1975, p186.

* 8 André Jean TUDESQ, La radio en Afrique Noire, éd. Pedone, 1983, p7

* 9 Bagassi KOURA, Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu Banfora

* 10 Serge Théophile BALIMA, Marie Soleil FRERE, Médias et communications sociales au Burkina Faso : Approche socio-économique de la circulation de l'information, éd L'Harmattan, Paris, 2003, pp 81-82

* 11 www.sp-cnlpe.gov.bf

* 12 Raymond QUIVY, Luc CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, 2ème édition DUNOD, Paris, 1995, p 117

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus