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Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré

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par Pagnidemsom Nestor BOULOU
Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007
  

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1.2 Cadre théorique et conceptuel

1.2.1 Cadre théorique

La communication pour le développement est une approche communicationnelle qui est apparue à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'est à partir de ce moment que des universitaires américains vont s'intéresser au rôle de la communication dans les processus de développement. Ainsi, les milieux académiques vont commencer à élaborer des théories de communication en faveur du développement. Cette approche de la communication a suivi une évolution basée sur plusieurs principes. En effet, la communication pour le développement est le résultat de l'évolution de plusieurs théories antérieures.

L'une des toutes premières est le paradigme de la modernisation et dans cette théorie, il faut relever l'idéologie selon laquelle on ne peut se développer que si on se modernise41(*). Cette conception du développement rime bien avec celle de Walt Rostow dans sa fameuse théorie du décollage42(*). Dans cette optique, les pays développés seront donc présentés comme des modèles parce qu'en dehors d'eux, il n'y a pas de développement possible. Les pays du Sud doivent donc adopter les technologies du Nord s'ils aspirent à la modernisation qui, dans cette théorie, est l'expression du développement. En conséquence, les cultures traditionnelles des pays du Sud sont considérées comme étant les causes de leur sous-développement. Pour y remédier, il faut alors abandonner ces cultures traditionnelles et adopter les comportements du Nord. Le paradigme de la modernisation aboutit à une conséquence qui va constituer une autre théorie de la communication pour le développement : Informer pour persuader43(*).

En fait, les conclusions qui découlent du paradigme de la modernisation seront, en effet, vulgarisées par l'information et la communication. Le sous-développement sera imputé à la sous information44(*). Ainsi, l'accent doit alors être mis sur les médias pour engendrer le développement. Les médias vont jouer un rôle de premier plan comme outil de transfert des modèles. Ce type de communication obéit à un processus linéaire dans lequel l'émetteur bénéficie d'un pouvoir considérable sur le récepteur. Ce modèle de communication est aussi l'étude de la persuasion et les effets attendus sur le récepteur sont considérés comme s'appliquant automatiquement45(*).

Dans cette conception de la communication, il y aura une relation hiérarchique entre l'émetteur et le récepteur. La communication sous cet angle est définie comme un processus par lequel une idée est transférée d'une source à un récepteur avec l'intention d'influer sur son comportement. De façon générale, la source veut altérer la connaissance qu'a le récepteur d'une certaine idée ou le persuader d'adopter cette idée en tant que partie de son confort de tous les jours (Rogers, 1963)46(*).

Une autre conséquence du paradigme de la modernisation est la communication pour le changement de comportement (CCC). Cette approche consacre une fois de plus le rôle dominant de l'émetteur sur le destinataire. Le principe de base de la communication pour le changement de comportement est la diffusion des innovations, cela devant se faire par le canal des médias dans le but de convaincre les populations dont on souhaite le changement d'habitudes. L'audience est envisagée ici comme une cible amorphe qui obéit aveuglément au schéma stimulus-réponse. Le média est supposé agir selon le modèle de « l'aiguille hypodermique »47(*). Cette forme de communication s'explique par le fait que les cultures traditionnelles, les mentalités, les pratiques sociales des populations sont considérées comme étant les principales causes de leur sous-développement.

Parallèlement à la communication pour le changement de comportement, il y a eu l'émergence d'une autre approche : l'IEC (information, éducation, communication).

Il s'est avéré que les médias n'étaient pas seuls capables d'influer sur le comportement des individus. En effet, les relations interpersonnelles, les amis et les leaders locaux sont aussi source d'influence de l'individu48(*). La théorie de la diffusion des innovations devait être relativisée car les médias n'étaient plus les seuls d'agir sur les individus. Néanmoins, avec l'IEC, le volet informationnel allait demeurer prépondérant consacrant toujours le rôle dominant de l'émetteur. Cependant, plusieurs critiques ont été formulées par rapport à ces théories quant à leur pertinence et leur adéquation avec le besoin de participation et de liberté de l'homme en général.

Certes, les approches de la communication pour le changement de comportement ont fait leurs preuves dans un bon nombre de domaines en partie dans celui de la santé. En outre, dans les situations où les comportements à changer n'ont pas besoin d'être répétés ou maintenus pendant longtemps, ces approches sont considérées comme efficaces. Elles sont également indiquées dans les cas où l'urgence nécessite une réponse immédiate et un changement de comportement à court terme.

Cependant, il est établi que la communication pour le changement de comportement entraîne rarement un changement de comportement à long terme. Les études ont démontré que le nouveau comportement tend à s'estomper lorsque l'intervention de la communication se termine. La principale raison avancée pour expliquer cette situation est que le changement est induit de l'extérieur (rôle dominant de l'émetteur), ce qui veut dire qu'il y a conséquemment un manque d'appropriation du changement par les populations elles-mêmes49(*). En effet, l'appropriation n'est possible que lorsque les populations participent pleinement au processus et ce, dès ses toutes premières étapes.

La communication pour le changement de comportement se limite à la consultation des populations ce qui n'est pas suffisant pour susciter l'appropriation et la responsabilisation. Par ailleurs, rares sont les comportements qui sont déterminés uniquement par la volonté propre de l'individu. Les facteurs politiques, sociaux, économiques et culturels entrent également en ligne de compte. Le fait de ne pas tenir compte de ces facteurs en misant uniquement sur l'individu est l'une des principales critiques formulées à l'endroit de la communication pour le changement de comportement. Dans cet ordre d'idées, on peut dire que le mode de penser qui place l'individu au centre des choix et des décisions n'est pas très représentatif des sociétés traditionnelles africaines par exemple, celles-ci étant davantage axées sur la communauté et l'action collective. Les promoteurs de la communication pour le changement de comportement reconnaissent aujourd'hui les limites inhérentes à cette approche.

La communication pour le développement est une approche qui se veut participative. Il s'agit désormais d'utiliser la communication de manière systématique et organisée pour assurer le développement. La communication pour le développement va privilégier la participation de tous les acteurs au développement, aussi bien des agents techniques que des populations bénéficiaires des programmes de développement. L'objectif de la communication pour le développement est donc de mobiliser la population en résolvant les malentendus, en créant un consensus autour des projets de développement pour éviter les difficultés de leur application. Les populations, qui étaient considérées, dans les précédentes théories, comme ignorantes et dépourvues de savoirs et savoir-faire, seront dorénavant impliquées dans le processus de développement pour qu'elles déterminent elles-mêmes leur priorité.

La communication basée sur l'approche participative favorise le dialogue entre les différents acteurs, ce qui permet d'enrayer l'esprit de « travailler en vase clos » et de résoudre les malentendus. La communication pour le développement a une dimension pédagogique et de formation. Elle considère que là où il y a des hommes, il y a des savoirs à valoriser. C'est pourquoi cette approche tend à privilégier l'échange d'informations et non l'apport d'informations50(*). Cela renferme bien sûr la vertu de l'humilité de la part des acteurs ce qui va déterminer le respect de la population et la prise en compte de ses priorités. Le thème de notre étude « Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du Plan Intégré de Communication de Radio Vénégré» s'inscrit dans la théorie de la communication participative.

1.2.2 Définition des concepts

Pour une meilleure appréhension des différents contours de notre étude, il importe que nous définissions les concepts qui y seront évoqués.

* 41 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 42 Rostow W., La théorie du décollage, 1961

* 43 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur Serge Théophile BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 44 Idem

* 45 Wiener N., Cybernétique et société, Union générales d'éditions, Paris, 1962

* 46 Rogers EVERETT, Diffusion of innovations, New York, Free press, 1963.

* 47 Armand et Michèle MATTELART, op. cit

* 48 Paul LAZARSFELD, Katz E LIHU, Personnal influence, 1955

* 49 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

* 50 Extrait du cours de CPD dispensé par le Professeur S.T. BALIMA de l'Université de Ouagadougou, Année académique 2004-2005

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