WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Projet de taxinomie des connecteurs du français pour le traitement automatique : l'exemple des consécutifs

( Télécharger le fichier original )
par Sébastien Druon
Université Bordeaux 3 - Maîtrise de Sciences du Langage 2000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.3 Niveaux d'analyse des connecteurs

1.3.1 Analyse syntaxique

La syntaxe ne permet d'analyser que les effets des connecteurs sur la structure grammaticale de la phrase. Autant en analyse qu'en génération, la syntaxe permettra de résoudre les problèmes suivants:

- Les contraintes de placement (la distribution) : la syntaxe peut nous renseigner sur la place que doivent occuper les différents connecteurs, en particulier selon leur appartenance à une certaine catégorie grammaticale. Par exemple, une conjonction de subordination ne peut se placer qu'entre les propositions qu'elle relie, alors qu'un adverbe pourra se placer librement.

- Les ambiguïtés syntaxiques (cas des homonymes) : certains connecteurs ont une forme analogue à celle d'un élément d'une autre catégorie grammaticale. Par exemple, comme peut être un connecteur de cause ou bien un élément de comparaison:

mer ma pipe.

(1.16) Il est grand, comme Pierre.

La syntaxe permet de résoudre en partie ces ambiguïtés, les énoncés dans lesquels nous rencontrons ces formes n'ayant pas la même construction (structure d'arguments, ...) selon qu'on ait affaire à un connecteur ou à une autre forme: dans notre exemple, comme en tant que connecteur relie deux propositions alors qu'en tant qu'élément de comparaison il relie des éléments à l'intérieur d'une même proposition.

- La concordance des temps : certains connecteurs (les conjonctions de subordination de la grammaire traditionnelle) exigent en français l'emploi d'un certain mode, et c'est là encore la syntaxe qui permettra l'emploi du mode correct avec tel connecteur. Par exemple, avant que exigera d'être suivi du subjonctif alors que après que demandera l'indicatif.

(1.17) Après que je suis parti, ils ont commencé à déjeuner

(1.18) Avant que je sois parti, il fallait prendre l'apéritif

La syntaxe peut résoudre une partie du problème des ambiguïtés syntaxiques, ainsi que les contraintes de placement ou la concordance des temps, mais elle ne nous renseigne absolument pas sur le sens des connecteurs. C'est pourquoi nous allons voir une première approche du sens des connecteurs: l'analyse vériconditionnelle.

1.3.2 Analyse sémantique vériconditionnelle

Connecteur logique vs. connecteur non-logique Les connecteurs logiques

Définition Un connecteur logique est un prédicat binaire, une fonction, ayant pour arguments une paire ordonnée de propositions et pour valeur une nouvelle proposition. Soit par exemple conn un connecteur quelconque et P, Q et R des propositions : conn(P,Q) a pour valeur une nouvelle proposition R.

Les connecteurs logiques obéissent à une sémantique vériconditionnelle consistant à attribuer une valeur de vérité (Vrai ou Faux) à la proposition résultant de la connexion à partir des valeurs de vérité des propositions de départ. Si l'on reprend notre exemple, la proposition R aura une valeur de vérité qui est fonction de la valeur de vérité des propositions PetQ.

Il existe dans la logique classique 5 connecteurs logiques'' : - la conjonction (et) : A

- la disjonction (ou inclusif) : V

- la conditionnelle (si ... alors) : -*

- la biconditionnelle (si et seulement si) : ?

- la négation (non)'2: #172;

La sémantique des connecteurs logiques est définie par les tables de vérité suivantes (0 pour faux et 1 pour vrai):

11il existe en informatique un ou exclusif noté XOR (correspond en fait à la négation de la biconditionnelle -i-)

12La négation est un connecteur unaire, il ne porte que sur une seule proposition.

a

b

aAb

00

 

0

01

 

0

 

100

 
 

11

1

Table de vérité de la
conjonction

a

b

aVb

00

 

0

01

 

1

 

10

1

11

 

1

Table de vérité de la
disjonction

a

b

a--*b

 

00

1

01

 

1

 

10

0

 

11

1

Table de vérité de la
conditionnelle

a

#172;a

 
 

0

1

1

0

a

b

a-*b

 

00

1

01

 

0

 

10

0

 

11

1

Table de vérité de la

biconditionnelle Table de vérité de la

négation

FIG. 1.1 - Tables de vérité des connecteurs logiques Les connecteurs logiques en langue naturelle

Comme nous l'avons vu, les connecteurs logiques obéissent à une sémantique vériconditionnelle très simple : à partir des valeurs de vérité des propositions qu'ils relient, on obtient la valeur de vérité d'une nouvelle proposition, immédiatement et sans ambiguïté. Il s'agit alors d'un simple calcul (c'est pour cela que les ordinateurs excellent dans les tâches impliquant la logique formelle). Mais cela ne se passe pas exactement aussi facilement en langage naturel: certains problèmes commencent à se poser lorsqu'on essaie d'observer plus précisément l'usage des connecteurs logiques en langue naturelle. Nous allons prendre deux exemples (la conjonction et la disjonction) pour illustrer ce décalage de sens, les connecteurs n'étant pas aussi univoques en langue naturelle qu'en logique.

Le connecteur ou Le connecteur ou n'a pas toujours la même valeur en logique et en langage naturel: alors que son interprétation est uniquement inclusive en logique, il se trouve qu'en langage naturel, ou a la plupart du temps une interprétation exclusive.

(1.19) Tu veux de la confiture ou du miel sur ta tartine?

En posant a = « confiture » et b = « miel », l'interprétation logique de aV b laisse ouverte la possibilité d'avoir à la fois a et b, alors qu'en langage naturel, l'usage de ou ne va pas dans ce sens (on a affaire à un choix: soit l'un, soit l'autre, mais pas les deux à la fois).

Le connecteur et Le connecteur et peut avoir en langage naturel plusieurs interprétations: soit il ne fait qu'associer deux propositions comme en logique, soit on lui donne une valeur séquentielle ou bien causative.

(1.20) Je mange du pain et du fromage

(1.21) Hugues l'a frappé au menton et Fabrice est tombé à la renverse (1 .22) Je tape le code et la porte s'ouvre

L'exemple (1.20) s'interprète de la même façon que la conjonction logique. En revanche, on observe des valeurs supplémentaires en langue naturelle pour les exemples qui suivent: l'exemple (1.21) exprime une succession d'événements et l'exemple (1 .22) exprime une relation de cause à conséquence.

Les limites de l'analyse vériconditionnelle

L'analyse vériconditionnelle pose cependant un problème : on ne peut

dehors de ceux qui existent déjà. En effet, les propositions reliées par un connecteur logique ne pouvant recevoir que deux valeurs de vérité (vrai ou faux), il n'est pas possible de créer plus de 16 connecteurs logiques (2 = 16). Or il existe des centaines de connecteurs en langage naturel (cf. annexe B), il n'est donc pas possible de traiter tous les cas possibles avec la sémantique vériconditionnelle. Le sens des connecteurs non-logiques serait alors réduit à un noyau très réduit: il n'y aurait à ce moment là aucun moyen de les distinguer les uns des autres.

Prenons par exemple le cas de mais: avec une analyse vériconditionnelle, on ne peut absolument pas distinguer mais de aussi par exemple, qui auront tous deux la même sémantique que et.

(1.23) Paul est un excellent employé, mais il répond à son patron (1.24) Paul est un excellent employé, aussi il répond à son patron (1.25) Paul est un excellent employé, et il répond à son patron

En posant P = « Paul est un excellent employé » et Q = « il répond à son patron », nous voyons bien que conn(P,Q) a la même sémantique que la conjonction (voir la table de vérité de la conjonction, et, en figure 1.1).

La sémantique vériconditionnelle n'est donc pas une méthode suffisante pour étudier les connecteurs en langue naturelle, il faut donc envisager un autre type d'analyse.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe