La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes( Télécharger le fichier original )par Kisito Marie OWONA ALIMA Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007 |
II. Les risques de conflits armés par la prolifération des armes.Même si elles ne constituent pas la cause directe des conflits armés sanglants qui déchirent l'Afrique et d'autres régions du monde, les ALPC en sont au moins l'élément catalyseur. Lorsque les populations civiles ou les groupes rebelles se sentent lésés dans leurs droits et qu'ils possèdent des armes, ils penchent beaucoup plus à les utiliser pour faire entendre leur voix qu'à s'asseoir sur la table de discussion. Autrement dit, si en soi ce n'est pas l'accumulation des armes qui déclenche les guerres civiles, il n'en demeure pas moins que leur propagation anarchique encourage le recours à la violence, laquelle est perçue comme une solution aux différends et tend à envenimer les conflits et à les rendre plus meurtriers. Le génocide du Rwanda en 1994, par exemple, aurait pu être évité si les armes n'étaient pas distribuées à l'avance aux populations55(*). De même, la rébellion du Nord-est du Tchad contre le pouvoir de Ndjamena ou celle du Nord Kivu en RDC contre le gouvernement de Kinshasa n'auraient pu être constituées si les rebelles n'avaient pas reçu d'importantes quantités d'armes au préalable. Ces rebellions imposent aujourd'hui aux forces gouvernementales des combats violents qui se soldent toujours par de nombreuses destructions de vies humaines parmi lesquelles un grand nombre de civils innocents. D'une manière générale, toutes les guerres civiles en Afrique, et en particulier dans la sous-région d'Afrique Centrale, sont le fait d'une propagation incontrôlée des armes légères. Et comme le fait remarquer Sayidiman Suryohadiprojo, la sécurité / l'insécurité a un lien étroit avec la prolifération des armes : « les problèmes de sécurité ont toujours été étroitement liés aux armes. Il y a des nations et des dirigeants qui croient en le vieil adage romain "si vis pacem, para bellum" (si tu veux la paix, prépare la guerre). Toutefois, posséder des arsenaux importants c'est posséder en quelque sorte une épée à double tranchant. Ces armes peuvent assurer une défense adéquate mais inciter aussi à recourir plus facilement à la violence. Un pays doté d'armes peut devenir agressif, en particulier si ses dirigeants se sont fixés des objectifs nationaux très ambitieux. On ne peut donc que conclure que les problèmes de sécurité sont susceptibles de dégénérer en guerres ou au recours à la violence lorsque de grandes quantités d'armes sont disponibles »56(*) * 55 Précisément aux deux principales ethnies que sont les Hutu et les Tutsi. * 56 Sayidiman Suryohadiprojo : « les systèmes de sécurité visant à prévenir les guerres », in Revue périodique des Nations Unies sur le désarmement, volume XIV, N°4, New York, 1991, PP.78 et 79. |
|