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La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes

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par Kisito Marie OWONA ALIMA
Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007
  

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I. L'accroissement du nombre de victimes civiles

Les conséquences des armes légères au niveau de la population sont incalculables et dévastatrices, surtout en Afrique Centrale. La dizaine de conflits armés majeurs, qui se sont déroulés en Afrique depuis le début des années 1980, ont été extrêmement meurtriers et sanglants. Il s'agissait à chaque fois de guerres civiles violentes et sanglantes impliquant de nombreux groupes armés, dotés dans la plupart des cas essentiellement d'armes légères. Dans ces conflits, les civils, qui sont pris pour cible délibérée au mépris du droit international humanitaire60(*) et des droits de l'homme, représentent une proportion élevée de victimes. On estime à environ 90% de civils, non impliqués dans la guerre et non armés, tués dans les conflits armés ces dernières années. Parmi eux, les femmes et les enfants sont les plus nombreux. Plus de deux millions d'enfants ont été tués ces dix dernières années au cours de conflits où des armes légères ont été abondamment utilisées, près de 5 millions sont handicapés et beaucoup ont été enrôlés de force parmi les combattants et contraints de participer aux hostilités.

S'agissant particulièrement du génocide rwandais, il semble que les massacres qui ont débuté au lendemain du 6 Avril 199461(*) avaient été soigneusement préparés. Des listes de personnes à abattre auraient été établies et des armes légères auraient été distribuées aux milices proches du pouvoir en place. Ces groupes armés, soigneusement protégés par les forces armées rwandaises, ont commencé à tuer sauvagement les civils. Ensuite, ces éléments armés ont mobilisé une partie de la population et l'ont forcée à continuer les massacres qui se sont déroulés au moyen d'armes légères et d'armes blanches, notamment les lances et les machettes. Selon Bernard ADAM, « la population dotée d'armes blanches n'a pu réaliser ces tueries que grâce à l'encadrement des milices armées qui soit les obligeaient à perpétrer les massacres, soit ont créé un sentiment d'impunité en les protégeant. »62(*) Bien qu'il soit difficile de déterminer avec précision le nombre de personnes tuées par balles dans cette guerre d'une extrême atrocité, il y a lieu cependant de dire que le nombre de victimes aurait été considérablement moins important si les milices n'avaient pas été équipées d'armes à feu. Au Burundi, en Ouganda, en RDC, en Angola, etc., qui ont connu aussi des guerres atroces, les conséquences au niveau de la population ont été aussi dévastatrices à cause des armes légères comme le montre le tableau ci-dessous.

TABLEAU 6: Nombre de victimes dans les conflits en Afrique après 1980 (évaluation à fin 1995)

Pays

Population (1995)

Durée

Estimation des victimes

Soudan

28 millions

1983-

500 000 à 1 million

Ethiopie

54 millions

1970-1991

450 000 à 1 million

Mozambique

15 millions

1979-1992

450 000 à 1 million

Angola*

10 millions

1975-1991

1992-1994

300 000 à 500 000

500 000

Ouganda*

20 millions

1980-1987

100 000 à 500 000

Somalie

9 millions

1982-

400 000 à 500 000

Rwanda*

7millions

1994

500 000 à 1 million

Burundi*

6 millions

1972

1988

100 000 à 300 000

250 000

Libéria

3 millions

1987-

200 000

Sierra Léone

3 millions

1991

50 000

* Pays de la sous-région d'Afrique Centrale.

Source : Documents du GRIP, 1997.

* 60 Notamment la convention IV de Genève de 1949sur la protection des personnes civiles.

* 61 Date de décès par accident d'avion du président rwandais Abyarimana et son homologue burundais.

* 62 Bernard ADAM : « les transferts d'armes vers les pays africains », in Document du GRIP, Bruxelles, 1997, P.4.

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