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Le traitement des ordures ménagères et l'agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Bertoua

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par Casimir Geoffroy BEMB
Institut National de la Jeunesse et des Sports - Conseiller Principal de Jeunesse et d'Animation 2009
  

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I.3. stratégie de l'amélioration du traitement des ordures ménagères

La population de Bertoua est en perpétuelle croissance du fait que la ville est un lieu de transit non seulement entre la République centrafricaine et le Cameroun mais aussi entre le Tchad et le Cameroun. A la lumière des tableaux 23 et 24 il en ressort que 89% des répondants affirment ne pas être impliqués dans le processus du traitement des ordures.

La population de Bertoua a différentes approches de gestion des ordures ménagères ; 82,5% des enquêtés connaissent une technique de traitement des ordures ménagères; une majorité (32,1%) pense qu'elles sont destinées à l'incinération. Certains envisagent l'enfouissement (13,3%) pour boucher les trous et seulement 7,5% ont évoqué le compostage. Mais les maraîchers connaissent bien l'utilité agronomique des ordures ménagères ; ils savent que les ordures ménagères peuvent être transformées en compost et terreau ; seulement une bonne tranche des enquêtés ne savent rien du devenir de ces ordures.

A la question de savoir si les populations étaient impliquées dans le processus de traitement des ordures, il ressort que 89% des répondants ne participent pas à cette activité. Cela signifie que la pratique du compostage ne saurait se développer si les populations sont en marge du processus. Afin de vulgariser la pratique du compostage et d'inciter les populations à prendre part aux activités de traitement des ordures, 30,6% envisagent la vulgarisation de la technique auprès des ménages à travers des campagnes d'information et de sensibilisation

A ce sujet, des propositions ont été faites par les maraîchers pour favoriser l'utilisation des composts dans leurs exploitations. Les maraîchers suggèrent l'attribution du rôle de composteur à d'autres groupes spécialisés, qui bénéficieront des prêts remboursables. Aussi, certains proposent une subvention directe du prix de vente des composts ; leur souhait est que le compost soit moins cher que les engrais chimiques.

II. Vérification des hypothèses

Pour qu'une hypothèse soit confirmée, il faut qu'elle obtienne un pourcentage d'au moins 51% de réponses favorables. Le cas échéant, elle se trouvera infirmée. De même l'hypothèse générale ne sera infirmée ou confirmée que si deux des trois hypothèses sont vérifiées. Notre recherche présente trois hypothèses secondaires.

II.1 Vérification hypothèse N°1

H.S. 1 : La gestion des ordures ménagères dans la ville de Bertoua est insuffisante en raison de la quasi absence des connaissances en la matière par les populations et ce, malgré la multitude des intervenants.

La gestion des ordures ménagères dépend de quelques variables telles la distance et la disponibilité des bacs à ordures, le lieu de rejet, les responsables chargés de l'évacuation, de la connaissance et la pratique du traitement des ordures etc. Les populations (75,5%) affirment qu'il n'existe pas de bacs à ordures. Cette absence des bacs semblent être la raison de la multiplication des tas sauvages des ordures dans les quartiers. Ainsi l'on observe que 66,1%jettent leurs ordures dans la broussaille et les décharges sauvages du quartier. Notons également qu'au cours de notre enquête l'évacuation des ordures est le plus souvent assurée par les enfants. Cette situation se justifie au regard du tableau 11 où, 73% des enquêtés affirment que le service de ramassage de ordures est inexistant voir occasionnel. Les parents préfèrent laisser l'évacuation aux enfants parce qu'ils la font sans gêne.

L'entretien avec le délégué départemental du MINDUH, nous a permis de noter que le flou institutionnel n'est pas de nature à rendre aisée la gestion des ordures dans nos villes. Car il y a ici une absence de frontières nettes dans l'exercice des responsabilités des différents intervenants. Ces imprécisions sont source d'incompréhension, de lutte d'influence et de contre performance. Les méthodes actuelles de gestion n'ont pas une réelle intégration de la participation des populations. Ceci est lié à une information, sensibilisation et éducation insuffisantes au niveau des communautés. Cet état de chose amène les populations à utiliser les méthodes comme la mise à feu et le développement sauvage et illégal dans les quartiers.

Toutefois, le cadre législatif et réglementaire régissant les rapports entre l'Etat et les municipalités, il ressort que plusieurs départements ministériels sont impliqués dans la gestion des ordures ménagères. Cela peut se justifier par le fait que la gestion des ordures englobe un nombre important de disciplines et des techniques d'où la nécessité d'associer plusieurs intervenants. Mais la disparité des intervenants et le chevauchement de certaines compétences sont source de conflit de compétence et d'abandon de certaines tâches. Toutes ces situations fragilisent l'organisation du traitement des ordures, car les limites et les responsabilités ne sont pas clairement définies entraînant une inefficacité des actions à mener. Au regard du contexte juridique, les populations premières pourvoyeuses des déchets jouent un rôle insignifiant dans le traitement des ordures. Ceci peut se vérifier à un double niveau :

v d'une part à travers la contribution financière qui est faible notamment à l'analyse de l'assiette de la Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) ;

v d'autre part, par la faible implication physique des ménages parce que l'Etat et les municipalités doivent tout faire.

Au terme de cette présentation, il se dégage un certain nombre de problèmes tant du point de vue financier que de l'organisation des structures qui sont appelées à intervenir dans la gestion des ordures. Les ressources financières destinées aux problèmes des ordures ménagères dans la ville de Bertoua sont insuffisantes. Puisque la TEOM est mal recouvrée et l'assiette n'est pas à la hauteur des besoins. Face à ces problèmes organisationnels et financiers, on pourrait parler d'une insuffisance de la gestion des ordures. Ceci explique pourquoi la ville de Bertoua ressemble à une ville abandonnée où les tas d'immondices se trouvent partout, les populations vivent sur leurs propres rejets. Les dépôts d'ordures s'entassent des semaines voire des mois durant et entraînent une prolifération des agents pathogènes, des vecteurs des maladies, des odeurs nauséabondes et pollution pouvant participer à la dégradation de l'environnement.

Aussi, l'on observe le rôle marginal des ménages. Au regard du contexte juridique, les populations pourvoyeuses des ordures ménagères jouent un rôle insignifiant dans la gestion des ordures. Ceci se vérifie du fait de la faible implication (24%) physique des ménages dans les actions d'hygiène et salubrité. La filière des déchets est marquée par une multiplicité des acteurs sans coordination des différentes actions : Quand il y a un problème, chacun rejette la responsabilité sur les autres.

De ce qui précède, et en prenant en compte l'ensemble des pourcentages favorables à l'hypothèse de recherche, nous pouvons donc répondre par l'affirmative que la gestion des ordures dans la ville de Bertoua est insuffisante. Ceci grâce à un pourcentage de près de 71%.

III.2 Vérification hypothèse N°2

- HS2 : L'utilisation des ordures ménagères récupérées et recyclées (le compost) dans les exploitations agricoles est une source de richesse contribuant non seulement à sécuriser l'alimentation des populations urbaines à travers la fertilisation des sols, mais aussi à améliorer la productivité des cultures ;

Les résultats de l'enquête ont montré que 69,5% des répondants pratiquent de l'agriculture en milieu urbain. Ainsi, les populations utilisent les produits cultivés sont les tubercules (27%), les légumes (25,2%) et les céréales (24,8%). Les terres étant devenues peu fertiles, les populations utilisent des engrais organiques (47,5%) en grande quantité au détriment des engrais chimiques. Cette situation s'explique du fait que les coûts des engrais chimiques ont augmenté depuis ces dernières décennies. La fumure (46,5%), les excréments des animaux (15%) et le compost (13,9%) sont utilisés dans la fertilisation des sols de par les vertus qu'ils possèdent.

A l'issue des entretiens, la totalité des responsables (98%) ont montré l'importance de l'utilisation agronomique du compost. Cet engrais organique participe à l'amélioration de la productivité, à la bonne qualité des produits issus d'un sol enrichi. Les agriculteurs rencontrés ont précisé que les engrais organiques sont de bons produits et de préférence utilisés dans le maraîchage. A la question de savoir quels sont les avantages agronomiques du compost ? Les responsables de la délégation départementale du MINADER ont précisé que :

o Il favorise la croissance des végétaux et des racines : il a été démontré que les végétaux plantés dans un milieu de croissance contenant du compost sont plus forts et ont un meilleur rendement. Le compost ajoute non seulement de la matière organique au sol mais aussi des oligo-éléments tels que le fer, le manganèse, le cuivre, le zinc et le bore, nécessaires à la croissance des végétaux.

o Il améliore le rythme de diffusion des nutriments : les éléments nutritifs ne sont libérés que lorsque la plante en a besoin : plus vite quand le temps est chaud et humide, plus lentement quand il fait froid. Le compost rend au sol ses nutriments, prolongeant ainsi leur présence dans le sol pour nourrir les végétaux pendant une longue période de temps. L'ajout de fertilisants au sol prévient aussi la perte de fertilisants par ruissellement dans les eaux de surface.

o Il améliore la porosité du sol : l'activité microbienne est essentielle à la fertilité du sol. Les micro-organismes décomposent les matières organiques pour rendre les nutriments contenus dans ces matières accessibles aux végétaux. Les sols compacts ne laissent pas l'eau et l'air pénétrer la surface du sol. Le compost étant composé de particules de tailles différentes, il offre une structure poreuse qui améliore la porosité du sol.

o Il améliore la capacité de rétention d'eau : la matière organique contenue dans le compost peut absorber l'eau, améliorant ainsi la capacité de rétention d'eau du sol. Le sol est alors en mesure d'absorber de l'eau lorsqu'il pleut ou pendant les arrosages et de la retenir pour que les végétaux puisent accumuler des réserves entre les pluies et les arrosages.

o Il accroît la résistance à l'érosion par le vent et l'eau : l'ajout de compost prévient l'érosion par l'eau et le vent en rendant l'eau et les nutriments plus accessibles aux végétaux, ce qui leur permet de croître plus rapidement et plus forts dans les endroits propices à l'érosion. Il favorise la limitation de maladies chez les végétaux : la recherche a démontré que certains composts réduisaient l'incidence de certaines maladies chez les végétaux.

Selon les avis recueillis, l'utilisation des ordures ménagères récupérées et recyclées dans les exploitations agricoles est pleine d'opportunités allant de la contribution à la sécurité alimentaire des populations urbaines à l'amélioration de la productivité des cultures et de la santé publique. En somme, l'exploitation de toutes ces données de l'enquête permet de dire que l'hypothèse est vérifiée. Etant donné que celle-ci a été confirmée à plus 80% par les enquêtés.

III.3 Vérification hypothèse N°3

H.S. 3 : La participation des populations à la pratique du compostage est le moyen de traitement des ordures ménagères compatible au développement de l'agriculture urbaine et périurbaine.

Les résultats de nos investigations affirment que le manque de participation (89%) de la population a un sérieux impact sur la vulgarisation de la pratique du compostage aux fins de développement de l'agriculture. L'enquête effectuée sur le terrain révèle que la technologie du compostage est relativement simple, peu coûteuse et qu'elle exige une main d'oeuvre abondante. Les populations peuvent facilement s'approprier cette technologie car elle correspond à la culture technologique modeste des populations locales, à leur niveau de revenus. Par conséquent, 27,8% des répondants disent que la population doit être informée, éduquée et sensibilisée de plusieurs manières, car de nombreux citoyens polluent leur propre milieu et l'ensemble de l'environnement par ignorance et par manque d'éducation et de sensibilisation aux méfaits de la malpropreté et de l'insalubrité. Afin que le traitement des ordures ménagères implique une bonne partie de la population il faut mettre à la disposition des populations une pratique ou un moyen de traitement des ordures compatible avec le développement de l'agriculture. La pratique du compostage permet de diminuer le volume de déchets devant être évacués. La pratique du compostage peut contribuer à l'application des méthodes culturales propres à protéger l'environnement, la conservation des sols, qui dégraderait sa fertilité et l'augmentation de la production agricole. Le compostage permet le retour de la matière organique dans le sol lorsqu'on l'utilise comme amendement organique des sols agricoles ou urbains. Les éléments dégradés, simplifiés peuvent alors entrer à nouveau dans le cycle de la matière et notamment être réutilisés par les plantes. Afin de participer au processus de prise en charge en accroissant la rentabilité de leur propre production il s'agit, de procéder à un développement participatif.

Dans un contexte où une tranche de la population est analphabète, les méthodes et les moyens d'éducation et d'information doivent être diversifiés et adaptés aux différentes couches socioprofessionnelles suivant leur niveau d'instruction. Outre les affiches, les réunions publiques, les causeries-débats, les conférences, etc., la télévision, les radios rurales, les journaux doivent être mis à contribution pour la mise en application et le succès des mesures destinées à la propreté et à la salubrité des centres urbains pour le bien-être des habitants. Cette hypothèse est vérifiée à 59% des enquêtés.

III.4 Vérification hypothèse Générale

Au vu des réponses obtenues à partir de nos questions spécifiques de recherche, nous sommes amené à penser que la multitude des intervenants, les conflits de compétences et le manque de coordination des activités de gestion des ordures ménagères dans la ville de Bertoua n'est pas de nature à rendre effective la participation des populations au traitement des ordures aux fins de l'agriculture. Cependant, il a été prouvé que les produits issus du traitement des ordures offrent de nombres opportunités à l'agriculture. Le compost est une source de richesse car elle contribue à la sécurité alimentaire des populations urbaines en améliorant la productivité des cultures et la santé publique. Aussi, penser à une nouvelle stratégie de traitement des ordures aux fins de développement de l'agriculture passe par la participation des populations aux activités de valorisation et de compostage des ordures.

Au regard des résultats de notre enquête, il ressort que la prise en compte des populations dans la gestion des ordures rendrait la ville plus plaisante et le compost issu du traitement des ordures faciliterait le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine. L'hypothèse principale est donc vérifiée, les hypothèses secondaires ayant été confirmées. En termes de pourcentage, cette hypothèse rencontre 70% de réponses favorables contre 30%.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon