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Expression gravimétrique et interprétation structurale multi-scalaire dans la région du Kef-Ouargha

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par Mohamed ARFAOUI
Université de Tunis El Manar - Faculté des sciences de Tunis - mastère en géologie - option géophysique 2004
  
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CHAPITRE IV

ANOMALIE DE BOUGUER

I. INTRODUCTION

L'anomalie de Bouguer, calculée lors de la campagne gravimétrique CG2, dans la région d'étude, montre une incompatibilité entre la nature des affleurements et la valeur de gravité (anomalie de Bouguer positive, au niveau des séries marneuses épaisses du Crétacé, dans le secteur de Mellègue et la variation de la nature de la réponse gravimétrique au niveau des affleurements triasiques). Ceci, nous a mené à un retraitement de données, dont l'objectif d'obtenir l'anomalie de Bouguer la plus représentative des structures géologiques. Ce traitement est basé sur :

- l'utilisation d'une densité donnant l'anomalie de Bouguer la plus indépendante de l'élévation,

- l'analyse géostatistique de l'anomalie de Bouguer, qui servira à la caractérisation de son comportement spatiale.

Ainsi, la carte de l'anomalie de Bouguer est tracée par un interpolateur de type krigeage, qui tient compte de son modèle de variabilité spatiale.

I. DONNEES GRAVIMETRIQUES

Les données gravimétriques des feuilles 1/50 000 du Kef et d'Ouargha font partie de la campagne gravimétrique CG2, réalisée entre 26 / 09 / 1997 et 17/ 03/ 1998, dont le maître d'oeuvre est l'Office National des Mines et le réalisateur est SIAL Géoscience Inc. Le nombre de stations acquises dans ce secteur est de 1332 et la fréquence moyenne des stations de mesure est de 1station / Km2. La distance qui sépare deux stations voisines est comprise entre 700 et 1500 m. Cette fréquence est choisie pour l'établissement d'une couverture gravimétrique régionale. L'objectif de cette campagne gravimétrique est la détermination de :

- La structure géologique profonde.

- Les structures tectoniques et les déformations de substratum.

- Les structures intra sédimentaires.

- La présence éventuelle de diapirs cachés.

Les mesures gravimétriques sont réalisées avec des gravimètres Lacoste & Romberg G et D. Le positionnement et l'élévation sont effectués avec un système de positionnement global (GPS) du type Trimble System Surveyor II- Modèle 4000 SE et SSI fonctionnant en doubles fréquences et avec des lectures de phase en mode statique rapide. Les traitements des données gravimétriques et GPS sont réalisés respectivement à l'aide des logiciels : OASIS MONTAJ - Géosoft et GP Survey (Trimble). Les incertitudes réalisées lors de la mission CG2, telles qu'indiquées dans le rapport de la campagne sont les suivantes:

- 0.02 mGal sur la gravité mesurée.

- 0.046 m sur le positionnement (X et Y). - 0.025 m sur l'élévation.

III. ANOMALIE DE BOUGUER

L'anomalie de Bouguer est la différence entre la valeur du champ gravitationnel mesuré et corrigé et celle du champ théorique calculé au niveau de l'ellipsoïde de référence. Les corrections appliquées à la gravité mesurée constituent une compensation de tous les effets non-géologiques et inévitables lors de la mesure. Le champ théorique est un modèle mathématique résultant d'un sphéroïde homogène, dont la surface externe correspond à l'ellipsoïde de référence. L'ellipsoïde de référence est une approximation mathématique de la surface de la terre. (Wollard, 1979; Chapin, 1996; Xiong et Gotze, 2001). De ce fait, l'anomalie de Bouguer, résultant de la comparaison du champ gravimétrique mesuré et corrigé avec le champ de référence (théorique), exprime les effets des hétérogénéités de densité situées en profondeur.

Ab = (gm + ( t3g/z)Z - 2ðGp Z + Ct ) - gth.

gm : champ gravimétrique mesuré.

gth : champ gravimétrique théorique.

g/z : gradient gravimétrique vertical ( 0.3086 mGal /m ).

G : constante gravitationnelle : 6.672 * 10-11 m /gs2.

Z : l'élévation de la station de mesure par rapport à l'ellipsoïde de référence.

p : densité moyenne du plateau situé entre l'ellipsoïde et la surface de la terre. Ct = T* p : correction de terrain.

Les termes ( 3g/3z)Z, ( 2ðG pZ ) et Ct traduisent respectivement les corrections de l'air libre, de Bouguer et de terrain. Les deux premières corrections dépendent énormément de l'élévation. Pour cela la réduction de l'erreur sur Z était au maximum lors de l'acquisition (0.025 m).

IV. VARIATION DE L'ANOMALIE DE BOUGUER EN FONCTION DE LA DENSITE

Les corrections de Bouguer et de terrain varient en fonction de la densité du plateau de Bouguer (partie située entre la surface de la terre et l'ellipsoïde de référence et dont la dimension latérale est infinie). Une bonne estimation de la valeur de cette densité est nécessaire. La discussion sur les valeurs de cette densité est l'objet des paragraphes suivants. Vis à vis de la région d'étude, une incertitude de 0.1 g/cm3 sur les valeurs de la densité introduit :

- une erreur sur la correction de Bouguer comprise entre -4.35 et - 0.79

mGal;

- une erreur sur la correction de terrain comprise entre 0.004 et 0.33 mGal (Fig.24);

- une incertitude sur l'anomalie de Bouguer comprise entre -4.19 à -0.75 mGal, cela représente environ 10% de l'anomalie de Bouguer (Fig.25)

Ainsi, la densité représentative de la tranche située entre la surface et l'ellipsoïde de référence doit être évaluée avec plus de précision avant de procéder au traitement des données. On note également, que - 4.19 mGal est la réponse gravimétrique d'un bassin sédimentaire de 500 m de profondeur et de 5 Km de large, ayant un contraste de densité de - 0.25 g/cm3 par rapport au substratum.

V. DETERMINATION DE LA DENSITE DU PLATEAU DE BOUGUER

Les données utilisées présentent une anomalie de Bouguer calculée avec une densité de 2.4 g/cm3. Elle varie de - 33. 99 à 6. 33 mGal. Le coefficient de corrélation entre l'anomalie de Bouguer calculée avec la densité de 2.40 g /cm3 et l'élévation dans la région d'étude est de (-0.05). Cette valeur négative, explique que la densité utilisée est supérieure à la densité réelle (Dubois et Diament, 1997; in Annecchione, 2000). Ceci nous amène à chercher la densité qui produit la corrélation la plus faible entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation (l'anomalie de Bouguer la plus indépendante de l'élévation).

Le coefficient de corrélation r est définit comme suit :

r ( Ab , Z ) = cov ( Ab , Z ) / Ab * Z
r ( Ab , Z ) = (E[ (Ab - E[Ab] ) (Z- E[ Z ]) ])/ Ab * Z .

Ab : anomalie de Bouguer

Z : l'élévation

E[Z] : la moyenne de l'élévation

Cov(Ab , Z) : covariance entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation Z : l'écart type de l'élévation

La région du Kef-Ouargha est composée de terrains triasiques, crétacés et tertiaires, qui sont essentiellement constitués d'argiles, de marnes, de calcaires, de grès et de gypses. La forme et la structure de ces terrains ne sont connues qu'hypothétiquement en profondeur surtout à la périphérie des affleurements triasiques. Les coupes présentées par Sainfeld (1951); Burollet (1956); Perthuisot (1978); Chikhaoui (1988 et 2002); Villa et al (1999)... dans la région d'étude, montrent une continuité entre les unités lithologiques d'affleurement et de subsurface. Le plateau de Bouger est donc composé essentiellement de terrains triasiques, crétacés, tertiaires et quaternaires dont la densité varie entre 2.15 et 2.44 g/cm3 (Tableau.1). En tenant compte de la dominance des formations crétacées et triasiques, entre la surface et l'ellipsoïde de référence, la densité moyenne peut être encadrée par les valeurs 2.27 et 2.40 g/cm3. Cet intervalle constitue une estimation préliminaire de la densité moyenne du plateau de Bouguer. Il paraît donc indispensable de bien évaluer cette densité.

V.1. Méthode de Parasnis (1962)

La méthode de Parasnis détermine la densité moyenne en supposant que l'anomalie de Bouguer Ab, est une erreur aléatoire de moyenne égale à zéro.

( gm - gt + (g/z)Z ) - Ab = (- 2ðG Z + T )p.

T: est le coefficient géométrique de terrain dépendant de la position de la station de mesure et des reliefs.

La densité du plateau de Bouguer est la pente de la droite (g0 - gt + (g/z)Z) = f (- 2ðGZ + T) passant par le maximum de points de coordonnées (-2ðG Z+ T ; (g0 - gt + (g/z)Z). Ces points forment un nuage à tendance linéaire. Ceci traduit bien la présence de l'effet des irrégularités de relief et montre que les anomalies de Bouguer ne sont pas nulles (Parasnis, 1962). La pente utilisée est celle de la droite la plus représentative de la tendance linéaire de ce nuage. Elle est déterminée par la minimisation des écarts par moindres carrées.

L'application de la méthode de Parasnis aux données de la région d'étude a fournit une densité de 2.30 g/cm3 avec un coefficient de régression linéaire de 76 % (Fig. 26). L'anomalie de Bouguer calculée avec la densité de 2.30 g/cm3 varie entre -31.71 et 8.31 mGal. La corrélation avec l'élévation ainsi obtenue est de 0.029. La différence entre les deux types d'anomalies de Bouguer (celle calculée avec 2.4 g/cm3 et celle que l'on vient d'obtenir) est comprise entre - 4.20 et - 0.74 mGal.

Le résultat obtenu par la méthode de Parasnis, montre que la corrélation entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation est minimisée (r ( Ab , Z ) = 0.029). En effet, la corrélation tend vers zéro et ne doit pas s'annuler. Ceci est dû au fait que le matériel situé entre la surface et l'ellipsoïde de référence est supposé être homogène et de densité p. En réalité la densité est une fonction aléatoire anisotrope suivant les trois dimensions de l'espace. Cette anisotropie traduit l'inévitable dépendance entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation.

Fig. 25- L'effet de 0.1 g/cm3 sur la correction de Bouguer, la correction de terrain et l'anomalie de Bouguer

Fig.26- Détermination de la densité par la méthode de Parasnis V.2. Méthode de corrélation

La recherche par analyse de la corrélation, d'une densité donnant plus d'indépendance entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation, montre qu'une densité égale à 2.34 g/cm3 présente la corrélation la plus faible: -0.0028 (Fig. 27).

Fig.27- Variation de la corrélation entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation en fonction de la densité.

L'anomalie de Bouguer, calculée avec la densité 2. 34 g/cm3 varie entre - 32.64 et 7.50 mGal. La différence entre l'anomalie de Bouguer calculée avec

2.40 g/cm3 et 2.34g/cm3, est comprise entre -2.49 et 0.44 mGal. On note que -2.49 mGal est la réponse gravimétrique d'un remplissage d'une cuvette de 5 Km de large, 250 m de profondeur et ayant un contraste de densité de -0.25 g/cm3 avec son encaissant. Comme la corrélation est minimale au niveau d'une densité de 2.34 g/cm3, nous avons adopté cette valeur pour l'anomalie de Bouguer utilisée dans la suite des travaux présentés.

VI. ANALYSE GEOSTATISTIQUE

Les cartes présentées précédemment (Fig. 25) sont établies avec une grille de 83 lignes et 100 colonnes, correspondant à des mailles de 423.34 m ×422.63 m. Les valeurs aux noeuds sont interpolées avec la méthode de courbure minimale. La surface générée par la courbure minimale est similaire à la surface d'une plaque élastique passant par tous les points de mesure avec une quantité minimale de courbure. Elle est déterminée par l'interpolation seulement des données résiduelles, résultant de la déduction d'une régression plane des données brutes. Cette régression est ajoutée aux valeurs interpolées à la fin du processus (Smith et Wessel, 1990). La méthode de la courbure minimale ne constitue pas un interpolateur exact.

Les précisions, acquisses sur Gabsolu, sur Z et sur l'anomalie de Bouguer sont respectivement de 0.02 mGal, 2.5 cm et 0.1 mGal. La conservation de cette bonne qualité de données lors du traitement, nécessite l'utilisation d'opérateurs fiables permettant d'obtenir l'anomalie la plus représentative des sources dans la région. Le plus important de ces opérateurs est l'interpolateur.

Le Krigeage est un interpolateur exact. De plus, il fournit une variance à chaque valeur estimée qui caractérise la précision de l'interpolation. Cet interpolateur sera alors utilisé pour l'évaluation de l'anomalie de Bouguer aux noeuds d'une grille régulière. Le krigeage est précédé d'une analyse structurale, caractérisant la variabilité spatiale de l'anomalie de Bouguer dans la région. L'outil principal de cette analyse est le variogramme.

VI.1. Analyse anisotrope

VI.1 .1. Variogrammes directionnels ex périmentaux et modélisation

Le variogramme est la moitié de la moyenne quadratique des écarts des valeurs des couples Z(x) , Z(x+h) d'une variable aléatoire (Z), mesurée en (x) et (x+h) :

y (h) = 1/2 E [ (Z(x+h)-Z(x))2 ]

y (h) =1/2N ?i (Z(x+h) -Z(x))2

Il caractérise la variabilité spatiale de l'anomalie de Bouguer (Ab) (Blanchin, 1992) ainsi que la quantification des caractéristiques structurales à savoir :

- la continuité spatiale : comportement à l'origine,

- la portée (a) correspond à la distance à partir de laquelle il n'y a plus de corrélation entre les mesures,

Chapitre IV- Anomalie de Bouguer

- la non-stationnarité ou la stationnarité de la variable aléatoire, - l'anisotropie.

Les variogrammes expérimentaux N-S, N45°, E-W et N135° sont calculés à partir de l'anomalie de Bouguer 2.34 g/cm3, avec une distance de séparation minimale h = 720 m, une distance maximale de 25 *720 m (18000 m) et une tolérance de 4° (Fig. 28). Les variogrammes expérimentaux de l'anomalie de Bouguer sont des courbes croissantes avec une légère courbure au milieu, traduisant la non-stationnarité de la variable aléatoire: anomalie de Bouguer. La dissemblance entre les variogrammes directionnels prouve l'irrégularité de la répartition des anomalies (anisotropie). Cette irrégularité de la répartition des anomalies exprime une irrégularité de la distribution des densités en profondeur.

La variable « anomalie de Bouguer » est donc une fonction aléatoire non stationnaire, présentant une anisotropie suivant les directions N-S, E-W, N45° et N135°. Le comportement non stationnaire est plus accentué suivant la direction NW- SE à N-S. La non stationnarité d'une variable aléatoire Z implique que la moyenne d'une série de réalisations (ou échantillons Z(xi)) de cette variable n'est pas constante et elle dépend de l'emplacement de ces échantillons: E[Z(xi)] = m(x).

Fig.28- Variogrammes expérimentaux E-W, N45°, N-S et N135°

a. Modélisation de variogrammme expérimental

Le modèle théorique ajusté au variogramme expérimental représente la variabilité de l'anomalie de Bouguer. Il constitue un outil principal pour l'estimation des valeurs de l'anomalie de Bouguer aux noeuds d'une grille par krigeage. Le comportement non stationnaire de l'anomalie de Bouguer exige une estimation par krigeage universel. Ce dernier ne permet pas un ajustement de variogramme expérimental par les modèles théoriques des fonctions aléatoires stationnaires ou intrinsèques (Chihi et al., 2000). Il considère la variable aléatoire Z(x) (anomalie de Bouguer) comme la somme de deux composantes Y(x) et m(x) ;

Z(x) = Y(x) + m(x)

Avec Y(x): composante stationnaire représentant la variation locale de Z(x) et m(x): composante non- stationnaire représentant la variation à grande échelle de la variable Z(x), appelée dérive.

La stationnarité de la composante locale Y(x) de l'anomalie de Bouguer implique une invariance par translation du phénomène qu'elle représente E[Z(xi)] = m; m est constant.

Le comportement non- stationnaire de l'anomalie de Bouguer résulte de la variation à grande échelle de la composante régionale, générée par des sources profondes. La composante non-stationnaire (régionale) a un pouvoir de dispersion illimité. Elle présente une croissance plus rapide suivant les directions NS et N 135° que les directions N45 °et EW, indiquant la présence de variations importantes de densités en profondeur suivant ces directions. Les variations régionales suivant la direction EW sont faibles. Ceci indique que les anomalies de grandes longueurs d'ondes sont orientées suivant cette direction et le gradient y est faible.

Le krigeage universel est un estimateur sans biais qui tient compte de la variation régionale de la variable aléatoire : anomalie de Bouguer. Il permet l'estimation des valeurs de la variable non stationnaire à partir du variogramme fondamental de Y(x) et de la tendance régionale m(x) (Chihi et al., 2000). Cette dernière est assimilée à un polynôme en x et y de degré n, ajusté à partir des données par moindres carrés. Le variogramme fondamental de Y(x) est déterminé à partir de la modélisation de variogramme expérimental de la résiduelle résultant de la déduction d'une tendance polynomiale de degré n (n = 1ou 2) des données de Z(x) (Fig. 29 et 30). Dans notre cas les coefficients du polynôme de degré 1 représentant la composante m(x) sont :

Coefficients d'ajustement du polynôme m(x) = AX+BY+C

A B C

Valeur du coefficient: - 1.160E-004 5.400E-004 -145.150

Déviation Standard: 1.375E-005 1.110E-005 6.253

Les variogrammes directionnels de Y(x) (composante représentant la variation locale de l'anomalie de Bouguer) sont stationnaires (Fig. 29). Ils sont ajustés par le modèle sphérique suivant :

y (h) = C (1.5h /a -0.5(h/a)3) si 0 < h < a
Avec a = 19510 m ; C = 22.98. C, si h ~ a ; Anisotropie: Ratio =2 ; Angle = 163.2°.

Fig.29- Variogrammes expérimentaux de la composante stationnaire de l'anomalie de Bouguer Y(x).

Chapitre IV- Anomalie de Bouguer

Fig.30- Décomposition de variogramme expérimental

Donc le modèle de la variable «anomalie de Bouguer » à utiliser se compose de deux termes.

1/ Le polynôme de degré

1: m(x) = Ax+By+C, avec A = -2.450E-16, B = -3.903E-16 et C = 2.193E-10 2/ Le variogramme fondamental modèle sphérique :

y (h) = C (1.5h /a -0.5(h/a)3), si 0 < h < a, y (h = C , si h ~ a ; Avec a = 19510 m;
C = 22.98, Anisotropie: Ratio =2; Angle = 163.2°.

b. Validation croisée de modèle de variogramme

Le polynôme de degré 1 et le modèle du variogramme fondamental sont sélectionnés par la méthode de validation croisée. En effet, le polynôme de degré 2 et plusieurs modèles du variogramme ont été testés (Tableau 3). Cette méthode se base sur l'estimation de chaque mesure à l'aide de ses voisins. En chaque point de mesure on obtient une valeur estimée que l'on compare à la valeur mesurée, pour déterminer si le modèle de Z : (polynôme + variogamme fondamental) fournit des estimations tolérables (Marcotte, 1991 et 2000).

Un modèle adéquat devrait fournir: une moyenne des erreurs d'estimation nulle: E(ei) § 0 ? (1/n )? ei § 0 avec ei = (Z* (xi) - Z(xi) ) appelé résidu, une

Mohamed ARFAOUI -49- URGAMM /2004

variance de l'erreur d'estimation proche de 1: Var (ei / ýi ) § 1=(1/n)? (ei / ýi )2 § 1. ai est la variance d'estimation au point xi.

Les résultats de la recherche d'un modèle idoine sont présentés dans le tableau 3. Le polynôme de degré 1 et le modèle sphérique ont fournit la moyenne des erreurs la plus faible (0.00046) et la variance des erreurs la plus proche de 1.

VI.1.2. Krigeage de l'anomalie de Bouguer

Le krigeage fournit une estimation linéaire des valeurs d'une variable aléatoire aux noeuds d'une grille régulière.

Estimation linéaire = Z*(x0) = ? ?i * Z(xi), avec Z*(x0): est la valeur estimée au
point x0. Z(xi): la valeur mesurée au point xi,, contribuant à l'estimation, ?i : le
poids de krigeage au point xi.

Les poids Ài sont déterminés en exigeant deux conditions :

L'erreur d'estimation est nulle (sans biais)

E[ Z*0 -Z ]= 0

La variable anomalie de Bouguer est non-stationnaire :

E [ Z*0 ] = m(x) = ? ?i E[(Zi)] = m (x) et m(x) = Ax+By+C, Ceci revient à ? ?iE[
(Zi)]=Ax0+By0+C. ? ?i(Axi+Byi+C ) =Ax0+By0+C. ? ?i =1 ; ? ?ixi = x0 et ? ?i yi = y0

b. Optimalité

Minimiser la variance d'estimation minimale : E[ Z* 0 -Z ]2 minimale.

Polyn ôme de degré 1

Structure du Variogramme
fondamental

Moyenne des erreurs

mGal

Variance des erreurs mGal 2

Sphérique

C=22,98 a=19510

Anisotropie : Ratio =2 Angle=163,2

0,00046

0,76

Gauss + Sphérique

C=15,38 C=7,45

a=10000 a= 6928

Anisotropie :

Ratio =2 Ratio=1 ,34

Angle=162,4 Angle=52,7

0,0019

0,58

Gauss + Exponentiel

C=14 C=12,65

a=5841 a= 2000

Anisotropie :

Ratio =1,68 Ratio=2

Angle=172,9 Angle=169

0,0047

0,69

Exponentiel

C=26,2 a=10900

Anisotropie : Ratio =2 Angle=160,9

0,0034

0,72

Polyn ôme de degré 2

Structure du Variogramme
fondamental

Moyenne des erreurs
mGal

Variance des erreurs
mGal 2

Sphérique

C=21,55 a=15000

Anisotropie : Ratio =1,8 Angle=155

0,0046

0,7

Gauss + Sphérique

C=5,64 C=17,1

a=18000 a= 18000

Anisotropie :

Ratio =1,57 Ratio=1,77

Angle=44,2 Angle=163,8

0,005

0,64

Gauss + Exponentiel

C=5,3 C=19,47

a=4132 a= 11040

Anisotropie :

Ratio =1,29 Ratio=2

Angle=1 2,33 Angle=1 61,1

0,002

0,7

Exponentiel

C=23,55 a=10320

Anisotropie : Ratio =2,88 Angle=160,1

0,008

0,8

Tableau 3- Récapitulatif des résultats de la validation croisée de modèles de variogrammes utilisés pour le Krigeage universel.

Le krigeage fournit la valeur estimée Z*(x0) et la variance d'estimation aux points (x0) en tenant compte de la continuité spatiale de la variable aléatoire (anomalie de Bouguer) et de la configuration de l'information disponible.

Les résultats de la validation croisée du modèle utilisé pour kriger l'anomalie de Bouguer, sont représentés par le diagramme de distribution de l'anomalie de Bouguer mesurée en fonction de l'anomalie de Bouguer estimée (Fig. 31). Le nuage de points montre une régression linéaire de pente égale à 1, indiquant que la condition de non biais (E[ Z*0 -Z ]= 0) est satisfaite.

La figure 32 représente l'anomalie de Bouguer krigée et la déviation standard (variation du krigeage) associée. Elle varie entre - 32.63 et 12.30 mGal; par contre, la grille interpolée par la méthode de courbure minimale présente des valeurs comprises entre -32.66 et 17.10 mGal (Fig. 33), avec une moyenne des erreurs de 0.014 mGal et une variance de l'erreur d'estimation de 0.624 mGal2.

Ces valeurs sont moins fiables que celles présentées par le Krigeage (0.00046 mGal et 0.76 mGal2). La déviation standard du krigeage varie entre 0.12 et 2.58 mGal2 et elle prend les valeurs les plus faibles au niveau des points des mesures.

Fig.31- Répartition de l'anomalie de Bouguer mesurée en fonction de l'anomalie de Bouguer estimée.

Fig.32- Anomalie de Bouguer et déviation standard du krigeage (Analyse anisotrope).

Fig.33- Anomalie de Bouguer tracée à l'aide d'une grille estimée par la méthode de
courbure minimale

Chapitre IV- Anomalie de Bouguer

VI.2. Analyse isotrope

Le variogramme omnidirectionnel est calculé en supposant que l'anomalie de Bouguer est isotrope. Elle varie avec le même modèle dans toutes les directions. Le variogramme omnidirectionnel expérimental est non stationnaire. Il est ajusté avec la somme d'un modèle sphérique ( C = 21.8; a = 10710 m ) et un polynôme de degré 1 (Fig. 34). Le krigeage universel isotrope, appliqué aux données, a produit l'anomalie de Bouguer présentée à la figure 35. Elle varie de - 32.63 à 10.07 mGal avec une déviation standard du krigeage associée comprise entre 0.12 et 2.60 mGal2. La variance du krigeage isotrope est supérieure à celle du krigeage anisotrope. La zone de faible couverture dans la feuille du Kef présente une variance de krigeage anisotrope de 1.8 mGal2 inférieure à celle de krigeage isotrope 2.2 mGal2. Les paramètres de la validation croisée de modèle de l'analyse isotrope sont:

Moyenne des erreurs d'estimation = 0.0025 > 0.00046 ( Analyse anisotrope). La variance des erreurs d'estimation = 0.612 < 0.76 (Analyse anisotrope). On remarque bien que les valeurs de la moyenne et de la variance des erreurs d'estimation du modèle de l'analyse anisotrope, sont respectivement les plus proches de 0 et de 1. Les étapes de l'interprétation des données, présentées dans les chapitres V et VI ne font intervenir que la grille évaluée par le krigeage anisotrope, vu qu'elle présente les variances les plus faibles et aussi pour se servir de l'anisotropie et de la variabilité spatiale de l'anomalie de Bouguer dans le traitement.

Fig.34- Variogramme omnidirectionnel et variogramme fondamental.

Mohamed ARFAOUI -55- URGAMM /2004

Fig.35- Anomalie de Bouguer et déviation standard du Krigeage -Analyse isotrope

VII. SUPERPOSITION DE L'ANOMALIE DE BOUGUER A LA GEOLOGIE

L'anomalie de Bouguer varie de -32.64 mGal au SE de la région d'étude, (précisément au Sud de la ville du Kef, - Sidi El Kablouti, Sidi Slama, Araguib Hammra -), à 12.35 mGal (au niveau de Jebel Goléa et Jebel Touila). La carte de l'anomalie de Bouguer p =2.34 g/cm3, montre trois types d'anomalies de grandes longueurs d'ondes, caractérisées par leurs amplitudes et leurs directions.

- Les anomalies de Bouguer d'amplitudes inférieures à -16 mGal sont orientées suivant les directions NW-SE, NE-SW et E-W. Les anomalies de Jebel Debadib-Ben Gasseur et de Sidi El Brissi- El Garfa-Batenn Ouled Slim, de direction NE-SW et E-W, font l'exception aux même types d'anomalies (< -16 mGal) de la zone des diapirs, qui sont orientées uniquement suivant la direction NW-SE (Arfaoui, 2001).

- Les anomalies de Bouguer dont l'amplitude varie entre -16 et -7 mGal sont alignées selon la direction NE-SW.

- Les anomalies de valeur supérieure à -7 mGal et d'extension E-W et NS, coïncident avec les affleurements du Crétacé inférieur (Aptien-Albien), et une partie du Crétacé supérieur.

Ces anomalies sont limitées par des gradients élevés, traduisant le changement brutal de la densité et le passage latéral d'une structure à une autre, ayant une densité différente.

Ce comportement de l'anomalie de Bouguer est conservé au niveau de la partie occidentale de la zone de diapirs, indiquant ainsi, une similitude à grande échelle des structures géologiques (Arfaoui, 2001).

L'anomalie de Bouguer augmente du SE au NW. Le gradient est marqué par un accroissement rapide sur une distance de 3 Km au Nord du Kef, le long d'un alignement de direction NW-SE. Cet alignement se superpose à la faille décrite par Chikhaoui en 2002 et qui a séparer au Barrémien supérieur, deux domaines paléogéographiques différents d'après le même auteur.(Fig. 36).

Fig.36- Traits paléogéographiques de la zone des diapirs au Barrémien supérieur
(Chikhaoui, 2002).

La superposition de la carte de l'anomalie de Bouguer à la carte géologique de la région d'étude (Fig.37), nous permet de constater que:

- les affleurements triasiques, correspondent à des anomalies «négatives»;

- l'anomalie d'amplitude supérieure à -7 mGal coïncide avec les affleurements du Crétacé inférieur de l'Oued Mellègue et de l'Oued Bou Adila, et en partie avec les affleurements du Crétacé supérieur;

- l'anomalie d'amplitudes comprises entre -16 et -7 mGal est superposable aux affleurements du Crétacé supérieur et du Tertiaire;

- les anomalies d'amplitude inférieure à -16 mGal sont superposables aux affleurements triasiques et quaternaires situés respectivement aux Jebels Debadib et Ben Gasseur et au Sud du Kef.

Fig. 37- Superposition de l'anomalie de Bouguer à la carte géologique. VI. CONCLUSION

La conservation de la qualité des données lors du traitement, nécessite l'utilisation d'une densité représentative du matériel situé entre l'ellipsoïde de référence et la surface de la terre (2.34 g/cm3) et d'un interpolateur approprié et ce dans l'objectif d'obtenir l'anomalie la plus représentative des sources.

De même nous avons montré que:

- 0.1g/cm3 provoque une variation comprise entre - 4.19 et 0.74 mGal de l'anomalie de Bouguer,

- le traitement des données avec une densité de 2.34 g/cm3, produit plus d'indépendance entre l'anomalie de Bouguer et l'élévation. La différence entre l'anomalie de Bouguer calculée avec 2.40 et 2.34 g/cm3, est comprise entre - 2.49 et 0.44 mGal;

- l'interpolation des données avec la méthode de Krigeage aboutit à une carte d'anomalie de Bouguer présentant des différences comprises entre -0.9 à 7.10 mGal par rapport à celle obtenue par la méthode de courbure minimale. En

plus elle a fournit une carte de la variance de krigeage, qui n'a pas d'équivalence dans les méthodes d'estimation usuelles. Cette carte permet la délimitation des zones dans lesquelles l'interpolation est moins précise;

l'anomalie de Bouguer, présente plus de variance à grande échelle suivant la direction N-S à N 135° que les directions N45° et E-W. Les variations régionales suivant la direction E-W sont faibles; ce qui montre que les anomalies de grandes longueurs d'ondes sont orientées suivant la direction E-W à NE-SW.

Suivant les traitements adoptés (densité du plateau de Bouguer et interpolateur) on peut aboutir à des écarts pouvant dépasser les corrections gravimétriques appliquées. Ainsi, il est indispensable de bien choisir la valeur de la densité et l'interpolateur le plus fidèle aux données à analyser. Nous pensons qu'une densité de 2.34 g/cm3 et un interpolateur du type krigeage sont les plus indiqués pour modéliser l'anomalie de Bouguer.

Ainsi, la carte de l'anomalie de Bouguer p=2.34 g/cm3, montre trois types d'anomalies de grandes longueurs d'ondes superposables avec les unités géologiques suivantes:

- Trias et Quaternaire,

- Cétacé inférieur,

- Crétacé supérieur et Tertiaire.

Les affleurements triasiques, d'Oued Bou Adila et d'Oued Mellègue, présentent des anomalies négatives dans un contexte régional positif, nous détaillons ces remarques dans le chapitre V.






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