WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Portage de grains de plomb et des parasites digestifs chez les oiseaux d'eau chassés au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Adrien NAHAYO
Université Cheikh Anta Diop/Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaire de Dakar - diplome d'état de docteur vétérinaire 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : RESULTATS

Ce chapitre présente les résultats obtenus à l'aide des différentes méthodes utilisées tant sur le terrain qu'au laboratoire.

2.1. LES MILIEUX DE VIE DES OISEAUX

Les caractéristiques des milieux de vie des oiseaux ont été déterminées. En effet nous avons trouvé sur les trois sites d'investigation :

* un pH variant entre 7 et 8 ;

* la profondeur de l'eau variant de 1,3 à 1,7 mètres à Débi ; de 1,6 à 2 mètres au CaïmanDjeuss Nord et de 1,5 à 1,8 aux trois marigots Sud.

* Concernant les espèces végétales dominantes ; nous avons trouvé sur les trois sites la végétation composée essentiellement des mêmes espèces telles que Sporobolis sp, Phragmites sp, Nymphea lotus, 'Oryza bartii, 'Eragostis sp et les Tamarix

2.2. DÉTERMINATION DES SEXES ET ÂGES DES OISEAUX

Au total 336 oiseaux répartis en six espèces ont été prélevés. Le sexage et la détermination de l'âge n'a été possible que sur 273 (environ 81,3%) sujets de notre échantillon. Les résultats obtenus sont présentés dans les tableaux III et IV.

Tableau III. Présentation des espèces par sexe

 

Canard
siffleur

Canard souchet

Dendr. fauve

Oie d'Egypte

Sarcelle d'été

Sarcelle à

oreillon

Total

Femelles

0

2

10

0

93

2

107

Mâles

4

1

2

2

142

15

166

Total

4

3

12

2

235

17

273

% du total

1,5%

1,1%

4,4%

0,7%

86,1%

6,2%

100%

Tableau IV. Présentation des espèces par âge

 

Canard
siffleur

Canard souchet

Dendr. fauve

Oie d'Egypte

Sarcelle d'été

Sarcelle à

oreillon

Total

Adultes

4

3

12

2

213

14

248

Jeunes

0

0

0

0

22

3

25

Total

4

3

12

2

235

17

273

% du total

1,5%

1,1%

4,4%

0,7%

86,1%

6,2%

100%

Ainsi, les résultats de cette détermination donnent : 166 mâles contre 107 femelles soit des pourcentages respectifs de 60,8% et 39,2%, et 248 adultes environ 90,8% contre 25 jeunes soit 9,2%.

Figure : 13 Figure : 14

Aileron droit d'une sarcelle d'été mâle adulte Aileron gauche d'une sarcelle d'été mâle

Jeune

Figure : 15 Figure : 16

Aileron droit d'une sarcelle d'été Femelle adulte Aileron droit d'une sarcelle Femelle

Jeune

Figure:17 Aileron gauche d'un Dendrocygne fauve mâle adulte

Figure:18 Aileron gauche d'une oie d'Egypte mâle adulte

3.3. Portage de grains de plomb

Les tableaux V, VI, VII, et VIII présentent le portage de grains de plomb observé chez les oiseaux d'eau chassés au Sénégal, en fonction de l'espèce d'oiseau, du site de chasse, du sexe et de l'âge de l'oiseau.

Tableau V. Le portage de grains de plomb par espèce

Espèces d'oiseaux

Nombre prélevé

Nombre Portant de plomb

Effectif

%

Canard siffleur

5

0

0

Canard souchet

3

0

0

Dendrocygne fauve

12

2

16,7

Oie d'Egypte

2

0

0

Sarcelle d'été

297

17

5,7

Sarcelle à oreillon

17

0

0

Total toutes espèces confondues

336

19

5,7

Tableau VI. Portage de plomb par sites

Les sites de chasse

Nombre prélevé

Nombre portant de plomb

Effectif

%

Débi

63

1

1,6

Caïman-Djeuss Nord

123

8

6,5

Trois marigots sud

150

10

6,7

Total tous sites confondus

336

19

5,7

Tableau VII. Portage de plomb par sexe

Sexes d'oiseaux

Nombre prélevé

Nombre Portant de plomb

Effectif

%

Femelles

107

10

9,3

Mâles

166

8

4,8

Total tous sexes confondus

273

18

6,6

Tableau VIII. Portage de plomb par âge

Ages d'oiseaux

Nombre prélevé

Nombre Portant de plomb

Effectif

%

Adultes

248

15

6,1

Jeunes

25

3

12

Total tous âges confondus

273

18

6,6

Le tableau V ci-dessus, montre qu'au total 19 oiseaux sur 336 (environ 5,7%) se sont révélés porteurs de grains de plomb avec un cas où nous avons compté plus de dix grains de plomb dans le gésier (Figure 19). Ces 19 cas ont été observés chez deux espèces à savoir : les sarcelles d'été avec 17 cas environ 5,7% et les dendrocygnes fauves avec 2 cas, ce qui représente 16,7%. En fonction des sites, le tableau V ci-dessus représente les 19 cas repartis comme suit : 10 cas soit 6,7% au trois marigots sud, 8 cas (6,5%) sur caïman-Djeuss Nord et un cas (1,6%) sur Débi.

A propos du sexe et de l'âge, les résultats sont présentés dans les tableaux VII et VIII. De l'analyse de ces tableaux, il ressort que sur 273 oiseaux dont le sexe et l'âge ont été identifiés, 18 se sont révélés porteurs des grains de plomb. Ainsi, le tableau VII montre que 10 oiseaux femelles (environ 9,3%) ont ingéré au moins un grain de plomb, et 8 oiseaux mâles (environ 4,8%) portent les grains de plomb dans leurs gésiers. Enfin concernant l'âge, le tableau VIII montre que 15 oiseaux adultes (6,1%) et 3 oiseaux jeunes (12%) ont ingéré les grains de plomb.

Par ailleurs, le Khi-deux (X2) obtenu en tenant compte des résultats présentés dans ces tableaux (p> 0,05), ne montre pas de différence significative entre ces trois sites. De ce fait, nous pouvons dire que le portage de grains de plomb ne dépend pas du site. La morphologie hétérogène qui traduit les degrés de dissolution des grains de plomb observée, nous renseigne sur leur durée de séjour dans les gésiers mais aussi sur la nature des contenus digestifs. Ainsi comme le montre la figure 20, les grains nouvellement ingérés sont plus ou moins intacts, d`autres sont limés par les sucs gastriques en fonction de la nature des contenus digestifs et de leur durée dans les gésiers. Concernant le sexe, les résultats de l'analyse statistique donnent 0,049 (p< 0,05). Ainsi, le portage de plomb est plus élevé chez les femelles que chez les mâles .Pour l'espèce et l'âge, le test de Khi-deux (X2) ne montre pas une différence significative sur le portage de grains de plomb.

Figure:19 Le gésier portant 10 grains de Plomb

Figure : 20 Les grains de plomb récoltés

2.4. Portage de parasites digestifs

Au total 147 oiseaux sur 336 soit le pourcentage de 43,7% se sont révélé porteurs de parasites digestifs notamment, les helminthes du proventricule et du gésier. Les résultats rapportés dans les tableaux IX, X, XI et XII, sont issus de la recherche des parasites dans la muqueuse et la sous muqueuse du gésier. Ces résultats sont présentés en fonction de l'espèce des oiseaux, de sites de chasse, du sexe et de l'âge.

Tableau IX. Le portage de parasites par espèce

Espèces d'oiseaux

Nombre prélevé

Nombre portant de parasites

Effectif

%

Canard siffleur

5

0

0

Canard souchet

3

2

66,6

Dendrocygne fauves

12

5

41,7

Oie d'Egypte

2

1

50

Sarcelle d'été

297

137

46,2

Sarcelle à oreillon

17

2

11,8

Total toutes espèces confondues

336

147

43,7%

Tableau X. Portage de parasites par site

Les sites de chasse

Nombre prélevé

Nombre Portant de parasites

Effectif

%

Débi

63

17

27

Caiman-Djeuss Nord

123

54

43,9

Trois marigots sud

150

76

50,7

Total tous sites confondus

336

147

43,7

Tableau XI. Portage de parasites par sexe

Les sexes d'oiseaux

Nombre prélevé

Nombre Portant de parasites

Effectif

%

Femelles

107

51

47,7

Mâles

166

79

47,6

Total tous sexes confondus

273

130

47,6

Tableau XII. Portage de parasites par âge

Ages d'oiseaux

Nombre prélevé

Nombre Portant de parasites

Effectif

%

Adultes

248

116

46,8

Jeunes

25

14

56

Total tous âges confondus

273

130

47,6

Le tableau IX montre la répartition des 147 oiseaux portant les parasites dans leurs gésiers: * 137 sarcelles d'été (43,7%);

* 5 dendrocygnes fauves (41,7%),

* 2 canards souchets (66,6%)

* 2 sarcelles à oreillon (11,8%)

* 1 oie d'Egypte (50%).

Chez les canards siffleurs, aucun cas de portage de parasites n'a été observé.

En fonction des sites, le tableau X montre que sur le site de Débi, 17 oiseaux (27%) ont été reconnus porteurs de parasites, à caïman-Djeuss-Nord 54 (43,9%) et aux trois marigots,76 soit 50,7% portent des parasites.

Concernant le sexe, les résultats globaux rapportés dans le tableau XI montrent que 130 oiseaux sur 273 (47,6%) sont porteurs de parasites, parmi lesquels nous comptons 51 oiseaux mâles ( 47,7%) contre 79 femelles (47,6%).

A propos de l'âge le tableau XII montre que 116 oiseaux adultes (46,8%) portent de parasites contre 14 jeunes (56%). L'analyse statistique montre une différence significative de portages de parasites digestifs entre les sites de chasse. Cela nous permet de dire que certaines zones d'intérêt cynégétique sont endémiques des parasitoses digestives ; ici donc la ZI.C des trois marigots Sud serait le plus exposée.

Concernant l'espèce, le même test montre le résultat 0,031 (P inférieur ou égale à 0,05). La différence est également statistiquement significative entre les espèces. Cela nous permet d'identifier et de classer les canards souchets comme l'espèce la plus parasitée, suivie des oies d `Egypte , puis les sarcelles d'été, les dendrocygnes et en fin les sarcelles à oreillons.

Cependant, la différence n'est pas significative en fonction de l'âge ni du sexe de l'oiseau.

2.5. IDENTIFICATION DES PARASITES

Les résultats du comptage et identification des parasites sont présentés dans les tableaux XIII, XIV, XV et XVI en fonction : des espèces, des sites, des sexes et de l'âge des oiseaux. L'identification des 148 parasites sur 749 isolés (soit une moyenne de 2,3 parasites par oiseau), a montré que 128(environ 85%) sont des Amidostomatinés du genre Amidostomum avec une forte proportion d'Amidostomum nodulosum suivi d'Amidostomum spatulatum. Les 20 restants (environ 15%) sont composés d' Epomidiostomum et les Streptocara.

Tableau XIII : Nombre moyen de parasites par oiseau et charge parasitaire en fonction de l'espèce (N= nombre total)

 

Espèces

Nombre moyen de
parasites

N

Charge Parasitaire

N

Résultats globaux

 

2,30

336

5,10

147

Espèce

Canard Siffleur

0,00

 

0

0

Canard souchet

11,33

 

17

2

Dendrocygne. Fauve

2,00

 

4,8

5

Oie d'Egypte

3,00

 

6

1

Sarcelle d'été

2,37

 

5,14

137

Sarcelle à oreillon

0,88

 

7,5

2

Total

 
 
 
 

147

Tableau XIV : Nombre moyen de parasites par oiseau et charge parasitaire en fonction des sites.

 

Sites

Nombre moyen de Parasites

N

Charge Parasitaire

N

Globaux

 

2,30

336

5,10

147

Sites

Débi

0,57

 

2,12

17

Caïman D.N

2,20

 

5

54

III Marigots S

3,18

 

6,28

76

Total

 
 
 
 

147

Tableau XV : Nombre moyen de parasites par oiseau et charge parasitaire en fonction du sexe.

 

Sexes

Nombre moyen de parasites

N

Charge parasitaire

N

Résultats globaux

 
 

273

 

130

Sexes

Femelles

3,03

 

6,35

51

Mâles

2,55

 

5,35

79

Total

 
 
 
 

130

Tableau XVI: Nombre moyen de parasites par oiseau et charge parasitaire en fonction de l'âge

 

Ages

Nombre moyen de parasites

N

Charge parasitaire

N

Résultats globaux

 
 

273

 

130

Age

Adultes

2,76

 

5,91

116

Jeunes

2,48

 

4,43

14

Total

 
 
 
 

130

L'analyse des résultats du tableau XIII, montre que les canards souchets sont plus parasités que les autres.

Concernant les sites, le tableau XIV classe le site de trois marigots comme le plus endémique des trois sites avec une charge parasitaire de 6,28 parasites par oiseau contre 5 pour caïman-Djeuss Nord et 2,12 pour Débi. Le même tableau donne les moyennes de 3,18 parasites par oiseau pour le site de trois marigots, 2 ,20 pour le site de caïman Djeuss Nord et 0,57 pour Débi.

Pour le sexe (tableau XV), avec une moyenne de 3,03 parasites par oiseau, les femelles sont plus infestées que les mâles. Les charges parasitaires sont quant à elles 6,35 pour femelles et 5,35 pour les mâles.

Enfin pour l'âge, les résultats présentés dans le tableau XVI montrent que les adultes(2,76), seraient plus parasités que les jeunes (2,48). Les charges parasitaires sont de 5,91 parasites par oiseau chez l'adulte et 4,43 chez les jeunes.

2. 6 ANALYSE DES CONTENUS DES GÉSIERS

Bien que les graines végétales soient l'aliment principal des oiseaux, les oiseaux d'eau au Sénégal ne se nourrissent pas seulement que de graines. Ils se nourrissent aussi d'herbes aquatiques et terrestres et aussi de mollusques, de poissons et de vers de terre.

Nous avons regroupé le contenu de chaque gésier en trois groupes en fonction de leur prédominance :

* les graines végétales de graminées abondantes,

* l'ensemble d'herbes aquatiques et terrestres,

* les grits composés de cailloux, de grains de sable et les grains de plomb.

Le tableaux XVII, XVIII et XIX ci-dessous montrent les résultats de notre analyse en fonction de l'espèce, du site de chasse, et de l'âge des oiseaux.

Tableau XVII: Quantification des différents contenus du gésier en fonction de l'espèce (note sur 6)

Espèces

Graines

Herbes

Grits

Note totale

Canard Siffleur

2,4

1,8

1,8

 

Canard souchet

3

1,33

1,67

 

Dendrocygne fauve

2,75

1,33

1,92

 

Oie d'Egypte

3

0,5

2,5

 

Sarcelle d'été

2,85

1,59

1,55

 

Sarcelle à oreillon

3,34

1,25

1,35

 

Moyenne

2,88

1,55

1,57

6

Tableau XVIII : Quantification des différents contenus du gésier en fonction des sites (note sur 6)

Sites

Graines

Herbes

Grits

Note totale

Débi

2,51

1,84

1,65

 

Caïman Djeuss Nord

3,09

1,54

1,39

 

III Marigots

2,85

1,45

1,68

 

Moyennes

2,88

1,55

1,57

600

Tableau XIX : Quantification des différents contenus du gésier en fonction de l'âge (note sur 6)

Age

Graines

Herbes

Grits

Note totale

Adultes

2,96

1,48

1,54

 

Jeunes

2,92

1,52

1,60

 

Moyenne

2,96

1,49

1,55

6,00

De l'analyse des résultats présentés dans le tableau XVII, il ressort que tous les 3 éléments ont été observés dans les contenus des gésiers. La moyenne des notes de chaque élément est présentée par ordre décroissant comme suit :

* les graines avec (2,88 sur 6),

* les grits avec (1,57 sur 6)

* l'herbe avec (1,55 sur 6).

Cette ingestion des graines végétales va de paire avec une ingestion relativement élevée de grits chez ces espèces. Les coquilles des mollusques quant à elles, ont été rarement trouvées. C'est la raison pour laquelle elles n'ont pas été quantifiées.

Concernant les sites, les résultats présentés dans le tableau XVIII montrent que les oiseaux chassés dans la Z .I.C du Caïman-Djeuss Nord ont une forte consommation de graines, avec (3,09 sur 6) contre (2,85 sur 6) pour de trois marigots Sud et (2,51 sur 6) pour ceux du Débi .

Les résultats de l'analyse des variances (ANOVA) en tenant compte des moyennes présentées dans le tableau XVII, est de 3,144 inférieur à F lue sur les tables (3,841) ce qui montre une différence significative sur la quantité des graines entres les espèces. Cela nous permet de dire que certaines espèces notamment les sarcelles à oreillon, sont plus granivores que d'autres.

Le même test en tenant compte des résultats du tableau XVIII, montre une influence significative du site sur le contenu digestif de l'oiseau. Cela nous permet de dire que les sites de Caïman Djeuss Nord sont riches en graines, le site de Débi riche en herbes et le site de trois marigots Sud riche en grits. L'âge n'a pas d `influence significative sur les contenus digestifs.

2 .7 RECHERCHE D' OOKYSTES DE COCCIDIES DANS LES CONTENUS INTESTINAUX

Sur les 336 portions intestinales prélevées, aucun ookyste de coccidies n'a été trouvé.

CHAPITRE III. DISCUSSIONS - RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR

3.1 DISCUSSION

Bien que le saturnisme ne date pas d'hier, il a fallu attendre la fin du 19e siècle, la période où les premières publications ont montré que de nombreuses espèces de canards de cygnes et d'oies mouraient des suites de l'intoxication par le plomb pour pouvoir établir le lien entre le saturnisme et le plomb de chasse. Depuis les années 1990, la question du saturnisme chez les oiseaux d'eau et l'éradication de la grenaille de plomb toxique en faveur de la grenaille non toxique est une préoccupation majeure des défenseurs de l'environnement.

Malgré la pertinence de la situation, nous estimons que très peu d'études ont été menées dans ce domaine. Au cours de notre étude nous avons constaté un taux d'ingestion des grains de plomb d'environ 5,7 % chez les oiseaux d'eau chassés au Sénégal pendant la saison cynégétique 2004-2005.

Notre discussion va porter sur le matériel et les méthodes utilisées sur le terrain et au laboratoire, mais également sur les résultats des analyses de laboratoire.

3.1.1. Discussion de la méthodologie

Cette discussion portera sur l'ensemble du matériel et des méthodes utilisés tant sur le terrain qu'au laboratoire.

3.1.1.1. Matériel utiisé

3.1.1.1.1. Zone d'étude

Concernant le milieu d'étude, les Z.I.C du Parc National des 0iseaux du Djoudj (P.N.O.D) , ont été choisies parce qu'elles occupent une place importante dans la chasse aux oiseaux d'eau au Sénégal. Ces Z.I.C qui sont au nombre de 10 sur un total de 67 que compte le Sénégal, couvrent une superficie de 149 944 hectares sur un total de 2 505 857 hectares [26]. Notre choix se justifie par le fait que ces zones sont presque les seules où la chasse touristique aux oiseaux d'eau se pratique régulièrement. A titre d'exemple, sur 4476 oiseaux d'eau chassés au Sénégal pendant la campagne cynégétique 2004-2005 les 4424 ont été chassés dans les ZIC du PNOD, et Sur 254 touristes reçus lors de la dite campagne, les ZIC de trois marigots Sud et Djeuss Nord seules en ont reçus 141 [68].

3.1.1.1.2. Matériel animal

Les oiseaux d'eau ont été choisis du fait du grand risque qu'ils courent [8], mais surtout dans le but de leur préservation, vu leur importance dans le tourisme ornithologique mondial. En effet, comme l'a si bien souligné [BEINTEMA, 2004], traitant l'optique de la gestion durable des ressources naturelles, l'abandon de l'utilisation de la grenaille de plomb toxique pour la chasse aux oiseaux d'eau dans les zones humides est une nécessité absolue.

Toutefois, la rareté voire l'absence de certaines espèces de gibiers d'eau au cours de la période de notre étude qui se justifie d'une part, par le choix des chasseurs, d'autre part par le caractère aléatoire de la chasse, nous a malheureusement empêché d'avoir un échantillon équilibré. Enfin, nous aurions pu travailler sur un échantillon où toutes les espèces d'oiseaux d'eau seraient représentées de façon équilibrée.

L'étude que nous venons d'effectuer est un travail préliminaire qui se doit d'être complété et approfondi sur toutes les espèces d'oiseaux d'eau au Sénégal qu'elles soient protégées ou non afin de cerner tous les contours de la question.

3.1.1.2. Méthodes utilisées

3.1.1.2.1. La période d'étude

La période (17 décembre -12 mars) pendant laquelle nous avons mené cette étude nous semble propice à la rencontre d'une grande majorité des oiseaux d'eau, qu'ils soient en migration ou sédentaires. Le choix de cette période est dû au fait que nous devrions travailler avec les chasseurs de gibiers d'eau au cours de la campagne cynégétique 2004-2005 qui correspond à la période allant du 26 Novembre 2004 au 12 mars 2005. Des pisteurs nous ont en effet affirmé que les oiseaux migrateurs arrivent vers la fin du mois de Novembre pour repartir vers la fin du mois de mars, ou au plus tard en mi-avril. Cette période de chasse et de grande migration des oiseaux d'eau, est en même temps la période critique pendant laquelle ces derniers ont beaucoup plus de risques d'ingérer le plomb de chasse. De plus, l'humidité qui caractérise cette période est l'un des meilleurs facteurs de prolifération des vecteurs, et par conséquent, de l'infestation parasitaire chez les oiseaux d'eau [78].

3. 1.1.2.2. Prélèvements des ailerons, gésiers et des intestins

Le prélèvement des ailerons a été effectué afin de déterminer le sexe et l'âge des oiseaux. Aussi, présentent-ils l'avantage d'être impérissables du fait de leur faible irrigation sanguine, ce qui facilite le transport et la conservation. En plus, ils sont le seul moyen permettant d'identifier le sexe de l'oiseau sans toutefois faire recours aux gonades et de reconnaître un oiseau immature par

rapport à l'adulte. Par ailleurs, suite aux conditions de chasse et de transport des gibiers, la fiabilité des résultats de ces prélèvements est parfois limitée.

Concernant le prélèvement des gésiers, notre étude a porté sur 336 gésiers. Cependant, Comme nous ne disposions pas du matériel nécessaire pour détecter le plomb dans le sang , et que nous devrions travailler sur les oiseaux abattus, nous nous sommes contentés d'examiner les gésiers, ce qui est également la méthode la plus employée pour ce genre de travail [9]. L'hypothèse Ho étant que les oiseaux d'eau ingèrent les grains de plomb sous forme de grits.

Pour les intestins, notre objectif était de mettre en évidence les oeufs de coccidies par la méthode d'enrichissement par flottation après la sédimentation du fait de l'aspect et de la quantité du contenu intestinal. Cette double technique est considérée comme la meilleure méthode d'enrichissement.

3.1.1.2.3. Limites des études

Lors de la collecte des données, certaines difficultés susceptibles de limiter les résultats obtenus ont été rencontrées. Ce sont principalement :

* L'impossibilité de partir avec les chasseurs. Par conséquent les prélèvements ont été effectués 24H voire, 48H après la chasse. La fiabilité de l'identification des espèces dépend essentiellement de l'état de l'oiseau surtout quant il s'agit de l'identification post mortem.

* L'éloignement des 3 Z.I.C sur lesquelles nous avons travaillé, et l'insuffisance des moyens logistiques.

* Le caractère aléatoire de la chasse pendant la période de collecte des données.

* L'insuffisance des publications sur la chasse des oiseaux d'eau, notamment sur l'utilisation de la grenaille de plomb.

Nous nous sommes limités aux données que nous avons pu recueillir, mais avec une attention assez rigoureuse pour nos calculs et les différentes analyses statistiques. Des études futures devront être faites sur la base de nos suggestions aux autorités, aux amodiateurs ainsi qu'aux chasseurs sur l'importance de la gestion rationnelle et durable de l'avifaune afin d'obtenir des résultats plus fiables et reflétant mieux l'impact réel de la grenaille de plomb sur la chasse des oiseaux d'eau au Sénégal.

3.1.2. Discussion des résultats

Cette discussion porte sur les différents paramètres analysés, mais aussi sur les relations établies entre ces paramètres.

3.1.2.1. Portage des grains de plomb

Les résultats présentés dans le tableau IV prouvent que le plomb de chasse présente un danger sur la préservation des oiseaux d'eau dans les zones humides.

En effet, ce tableau montre qu'environ 5,7% des oiseaux d'eau chassés au Sénégal ingèrent au moins un grain de plomb de chasse au cours d'une campagne cynégétique.

Ces résultats comparés à ceux obtenus Par ZOUN, 2002 [83] en Europe et en Amérique du Nord où (environ 40 % des oiseaux d'eau ingèrent les grains du plomb au cours d'une seule saison d'exposition), nous semblent relativement bas. Ce taux peut trouver une explication dans le choix des animaux par les chasseurs, car en fonction de leurs modes de vie respectives, certaines espèces telles que les Bécassines qui mangent dans la vase et la boue seraient beaucoup plus exposées que les oies qui vivent parfois sur les terrains secs. De plus, le nombre de chasseurs et de zones de chasse influence significativement la quantité de grains de plomb déposée dans la nature, et par conséquent, augmente ou diminue le risque d'ingestion de ces derniers par les oiseaux d'eau. Enfin, les aliments durs tels que les graines des céréales solubiliseraient plus vites le plomb à titre d'exemple :les graines de maïs solubilisent le plomb 20 fois plus vite que les aliments mous [Univers-nature, 2005] [8].

3.1.2.2. Recherche des parasites

Les résultats présentés dans le tableau VIII prouvent que 147 oiseaux sur 336, soit environ 43,7% se sont révélés porteurs de parasites dans leurs gésiers, tous sites et espèces confondus. En effet, ce même tableau montre que 66,6% des canards souchets, 50% d'oies d'Egypte, 46,1% des sarcelles d'été, 41,6% des Dendrocygnes fauves, 11,7% des sarcelles à oreillon sont porteurs de parasites dans leurs gésiers. Chez les canards siffleurs nous n'avons trouvé aucun cas de porteurs de parasites dans le gésier.

Toutefois, les milieux et les modes de vie de ces espèces (ce sont les marais et les zones d'inondations d'une part, et l'alimentation composée des invertébrés dont les mollusques et les vers de terre d'autre part) donneraient une explication à ces taux d'infestations parasitaires. Pour les canards souchets, ce taux relativement élevé (66,6%) se justifierait par leur milieu et mode de vie, mais également par la forme de leurs becs.

Concernant le nombre de parasites, le tableau XII nous montre qu'il y a en moyenne 2,30 parasites par oiseau, avec une charge parasitaire de 5,33 parasites par oiseau. Toutes espèces confondues, le tableau XIII nous prouve que le site de trois marigots Sud a une moyenne de 3,18 parasites par oiseau et une charge parasitaire de 6,28 parasites par oiseau, ce qui est relativement élevé. Cela s'expliquerait par le fait que le site des trois marigots Sud, est le site le plus irrigué, par conséquent beaucoup plus riche en mollusques et en vers de terre qui sont les vecteurs de ces parasites. Cette situation se justifierait également par la proximité de ce site avec les villages où les gens ont l'habitude d'élever les canards domestiques qui sont d'excellents porteurs.

En ce qui concerne les espèces de parasites, sur 749 parasites isolés, les 148 (environ 20%) ont été identifiés et 128 (environ 85%) sont du genre Amidostomum et 15% des genres Epomidiostomum et Streptocara. Cela se justifie par le fait que l'Amidostomum est un des parasites les plus fréquents et les plus dangereux des oies et canards dont la primo-infestation ne serait pas immunogène, ce qui expliquerait la présence parfois massive de ces parasites chez les oies adultes [31] [32] [78]. De plus, l'épidémiologie de l'Epomidiostomum est voisine de celle des Amidostomum avec une même localisation, ce qui en fait un facteur aggravant pour cette infestation. [27] [31] [32]

Pour les intestins, notre objectif était de mettre en évidence les ookystes de coccidies mais bien que nous ayons utilisé la meilleure méthode d'enrichissement, nous n'avons observé aucun ookyste. Cela confirme l'assertion selon la quelle la coccidiose est une maladie très rare chez les canards [41] [80].

3.1.2.3. Analyse des contenus digestifs

Cette analyse a été effectuée dans le but d'identifier les milieux fréquentés par les oiseaux à travers leurs contenus digestifs. Les résultats présentés dans le tableau VIII prouvent que, tous sites confondus, les six espèces ayant fait l'objet de notre étude ont montré une préférence alimentaire pour les graines. Les sarcelles à oreillon viennent en tête avec une note de 3,34 sur 6. Concernant l'âge, toutes espèces et sites confondus, les adultes se montrent relativement beaucoup plus granivores que les jeunes avec une note de 2,96 contre 2,92 sur 6 et à propos des sites, espèces et âges confondus ; les sites de caïman-Djeuss Nord se montrent beaucoup plus riche en graines avec une note de 3,09 sur 6. En effet, ledit tableau montre que 5,7% des oiseaux d'eau chassés au Sénégal ingèrent au moins un grain de plomb de chasse au cours d'une campagne cynégétique. Ces résultats pourraient trouver une explication dans les mécanismes digestifs des oiseaux qui font que le bol alimentaire n'est généralement pas représentatif à cause des éléments fragiles qui disparaissent vite, ainsi on n' y trouve que les éléments durs au moment des analyses; de plus, la plupart de ces espèces sont nocturnes ou crépusculaires. [79].

A propos des sites, les résultats obtenus qui placent le site de caïman-Djeuss Nord en premier lieu, nous semblent raisonnables du fait de sa proximité des rizières, et l'inspection des eaux et forêts de Saint-Louis nous a fait part des mécontentements des riziculteurs de la zone, suite aux ravages causés par ces oiseaux, que sont les sarcelles et les oies, ce qui poussent parfois ces riziculteurs à faire le braconnage de vengeance [60].

3.2 RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR

Nous voudrions à la fin de cette étude, et sur la base des résultats obtenus, faire quelques suggestions à l'adresse des responsables de la gestion de l'avifaune au Sénégal. A ce propos, nos recommandations s'adressent essentiellement à l'autorité sénégalaise, plus particulièrement aux autorités administratives et techniques des eaux et forêts, celles des parcs nationaux; mais également aux chasseurs et aux amodiateurs.

3. 2 .1 En direction de l'autorité sénégalaise

Dans l'optique de la meilleure gestion du potentiel avifaunique, les autorités administratives et techniques des eaux et forêts en collaboration avec celles des parcs nationaux du Sénégal, devraient :

* Promouvoir des recherches sur l'avifaune notamment sur la dynamique des oiseaux migrateurs et apporter plus d'appui technique aux chercheurs et éco-gardes des parc nationaux, surtout en ce qui concerne la gestion de l'avifaune migratrice, vue l'importance qu'elle occupe dans le tourisme au Sénégal en particulier, et dans le tourisme ornithologique mondial en général ;

* Mettre en place une structure de contrôle rigoureux de la chasse, notamment le contrôle de la nature et la quantité des cartouches utilisées par les chasseurs afin de maîtriser la quantité de plomb disséminée dans les zones de chasses. Cette structure devra également veiller au respect strict du quota de tir, mais aussi du quota de ramassage dans le cadre de l'exportation des oiseaux vivants ;

* Initier un système d'épidemiosurveillance de la faune sauvage en passant par le contrôle sanitaire du cheptel aviaire élevé dans les villages environnants les parcs et qui peuvent être porteurs de certaines pathologies ;

* Enfin, accélérer les recherches sur le saturnisme à grande échelle afin de s'engager dans le processus d'éradication de la grenaille de plomb toxique dans la chasse aux oiseaux d'eau.

3. 2.2 En direction des chasseurs et amodiateurs

Pour que la passion des chasseurs soit préservée et aussi pour une gestion durable et rationnelle du patrimoine avifaunique, les chasseurs et les amodiateurs doivent être avant tout des conservateurs. Nous conseillons donc aux chasseurs et aux amodiateurs :

* Le respect du code de la chasse notamment le quotas d'abattage et les limites des ZIC;

* L'utilisation du minimum de cartouches de plomb dans la chasse aux oiseaux d'eaux en particulier et dans la chasse des gibiers à plumes en général ;

* Une collaboration avec les défenseurs des oiseaux notamment, des oiseaux d'eau migrateurs, dans le processus de l'éradication de la grenaille de plomb toxique, et de son remplacement par la grenaille non toxique.

3. 2.3. Perspectives de recherche

Des perspectives peuvent être formulées à partir de cette étude qui n'est qu'une amorce d'un travail futur plus élaboré. Ainsi, une étude portant sur un nombre représentatif de l'ensemble des espèces de l'avifaune sénégalaise doit être envisagée dans les prochaines années. Nos résultats mettent en évidence le besoin de faire d'autres investigations pour une meilleure connaissance de l'impact du plomb de chasse sur la santé de l'avifaune au Sénégal, sur la santé publique des habitants de la vallée du fleuve Sénégal mais également sur la parasitologie des oiseaux d'eau. Ainsi, on pourrait envisager de :

* Refaire la même évaluation sur d'autres espèces d'oiseaux d'eau au Sénégal, en s'inspirant des limites de celle-ci.

* Faire le dosage systématique du plomb dans le sang d'un certain nombre d'oiseaux d'eau en dehors de la période de chasse. Cela permettrait de connaître le seuil de plombémie, le taux de saturnisme chronique causé par le plomb incrusté chez les oiseaux d'eau, mais également la rémanence de ce plomb dans les ZIC.

* Faire une étude parasitologique beaucoup plus poussée afin de mieux connaître la

parasitologie des oiseaux d'eau, de mieux déterminer les causes et les mécanismes de

l'infestation et établir des programmes d'épidemiosurveillance plus précis et complets.

* Evaluer le taux de plomb dans l'eau des ZIC et la plombémie chez les habitants de la vallée
du fleuve Sénégal, qui abrite dix Z.I.C et dont l'eau serait polluée par le plomb de chasse.

* Mener une étude systématique sur les graines végétales ingérées par les oiseaux d'eau, afin d'établir un rapport entre la nature des graines consommées, l'ingestion des grits et l'intoxication par le plomb.

L'avenir doit appartenir aux mesures de la gestion rationnelle et durable du potentiel avifaunique par ses diverses modes de valorisation dans la réduction de la pauvreté des populations locales, dans la préservation de ce patrimoine national voire mondial, mais aussi dans toutes sortes de tourisme ornithologique. Cela se traduira par la protection de ce patrimoine non seulement par les habitants du terroir et les autorités locales ou régionales, par les organismes non gouvernementales mais également par les touristes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera