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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

Disponible en mode multipage

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Ngouyamsa valentin

99 89 95 80

Ng_valentin@yahoo.fr

Mémoire soutenu en 2006.

Directeur : Prof KAMDEM Emmanuel

Co-directeur : Dr NANA fabu

SOMMAIRE

SOMMAIRE........................................................................................................................ i

DEDICACE ....................................................................................................................... ii

REMERCIEMENTS .................................................................................................. . ....iii

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS ............................................................. ....iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS ........................................................................................ v

RESUME ...................................................................................................................... ....vi

ABSTRACT ............................................................................................................... .... vii

INTRODUCTION GENERALE .................................................................................... 1

Ire PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE ... .... 7

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE ..............................................................9

CHAPITRE II : CHAMPS THEORIQUES DE L'ETUDE....................................20

CHAPITRE III : LA METHODOLOGIE DE LETUDE ................................................ .41

IIème PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ...............52

CHAPITRE IV : MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET PERCEPTION DES RISQUES PAR LES POPULATIONS ............................................................................................................... 41

CHAPITRE V : CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE DES POPULATIONS DES

SITES A RISQUE............................................................................ ... 83

CHAPITRE VI : DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A

RISQUE ET SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT

SOCIAL................................................................................................107

RECOMMANDATIONS........................................................................... .132

CONCLUSION GENERALE .................................................................................... .134

BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... ..140

ANNEXES .................................................................................................................. .. 147

TABLE DES MATIERES ............................................................................................159

DEDICACE

A mon grand père Lazare MEFIRE

REMERCIEMENTS

Au Pr. Emmanuel KAMDEM et Dr Stella NANA-FABU respectivement superviseur et directeur de ce mémoire pour leurs conseils qui nous ont permis de mieux comprendre et d'orienter cette recherche.

A tous les enseignants du département de Sociologie et Anthropologie pour leurs enseignements et conseils, en particulier les Pr. Valentin NGA NDONGO, MBONJI EDJENGUELE, les docteurs Roger KEMAYOU, Camille EKOMO ENGOLO.

Au chef de département de Sociologie et Anthropologie, Pr. Marguérite NJIKAM pour l'intérêt porté à notre formation.

A la population de Maképé Missoké et Maképé Maturité pour l'hospitalité et l'accueil pendant la collecte des données.

Aux chefs des quartiers de Maképé Missoké et Maképé maturité pour leur disponibilité à nous promener dans les sites d'enquête et à répondre à nos préoccupations. En particulier M. Jacques MBELLA pour ses conseils et pour certains documents qu'il nous a fournit.

A Thomas KAMDEM, Bruno NOEL, Yves YINGOU, Brunel ETIA, Moise MATIP pour m'avoir aidé dans la collecte des données dans les zones d'enquête.

A M. Cyrille Brice CHEUMENI qui, malgré ses préoccupations, s'est sacrifié pour saisir ce mémoire.

A M. Adolphe DOUBA pour le secours matériel et financier tout au long de cette recherche.

Au professeur Guy Bertin KAMDEM et à mes camarades de classes François GUEBOU, Bruno BEKOLO, pour avoir lu ce mémoire et dont les conseils et suggestions ont permis d'améliorer ce travail.

A la famille NDAM, MOUNLIOM et à ma maman Tapia YOUWA pour leur soutien matériel et financier avant, pendant la rédaction et la soutenance de ce mémoire.

A Mlle Aimée MADIA pour ses encouragements et ses conseils pendant la collecte des données.

A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réussite de ce mémoire.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ASMA  : Association pour la Solidarité de Maképé Maturité

ASSIC  : Association pour la solidarité et l'Intégrité du Coin

BIT : Bureau International du Travail

CEP : Certificat d'Etude Primaire

CERED  : Centre d'Etude et de Recherche en Démographie

CUD : Communautés Urbaines de Douala

IFORD : Institut de Formation et de recherches Démographiques

MINPAT : Ministère de l'Administration Territoriale

NU : Nations Unies

OMS : Organisation Mondiale pour la Santé

ONG : Organisations Non Gouvernementales

PNUD  : Programme des Nations Unies pour le Développement

RGPH  : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SNEC : Société Nationale des Eaux du Cameroun

VH : Variables des Hypothèses

WC  : Water Closed

LISTE DES ILLUSTRATIONS

Schéma  1 : Processus d'infiltration des impuretés dans les puits.................................. .83

Tableau 1 : répartition de la population enquêtée par site.............................................. 44

Tableau 2 : répartition de la population enquêtée par site et par sexe............................. 45

Tableau 3 : évolution par milliers de la population de Douala de 1968 à 2000.............. 53

Tableau 4 : problèmes perçus comme étant graves au niveau des sites à risque............ .67

Tableau 5 : acuité des problèmes liés au cadre de vie .....................................................68 Tableau 6 : découpage et restructuration des discours sur l'acuité des problèmes

selon le sexe ............................................................................................................... .....71

Tableau 7: découpage des discours recueillis sur l'origine des maladies ................ .....74

Tableau 8 : découpage et restructuration des discours sur les causes de

l'accumulation des ordures et des eaux usées ................................................................. 75

Tableau 9 : taille de ménage selon le type de ménage.................................................... 79

Tableau 10 : répartition des individus selon le type d'habitat..........................................81

Tableau 11: répartition des populations selon la source d'approvisionnement en eau.....84

Tableau 12 : répartition des individus selon le type d'éclairage................................... ...85

Tableau 13 : répartition des individus selon le type d'aisance........................................ 87

Tableau 14 : répartition des individus enquêtés par sexe selon les activités exercées...97

Tableau 15 : évolution des pertes en vies humaines de suite des inondations

dans les zones enquêtées .................................................................................................106

Tableau 16 : scolarisation des filles selon les sites enquêtés ...................................... .109

Tableau 17 : scolarisation des garçons selon les sites enquêtés .................................. 110

RESUME

La recherche menée dans les sites urbains de Maképé Missoké et Maképé maturité est axée autour du thème : « Dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala et ses implications sur l'environnement social ». L'objectif est de mettre en exergue le rapport entre les dynamiques socio-économiques, l'environnement à risque et ses implications. Dès lors l'étude s'évertue à comprendre les motivations de ces dynamiques socio-économiques dans les sites à risque, les conditions de vie de ces populations, la perception qu'elles ont de leur environnement immédiat et les implications liées à cet accroissement humain et économique. La méthodologie repose sur une logique combinant deux approches explicative et compréhensive. Les données quali-quantitatives sont contenues dans des sources documentaires, des entretiens et des sondages réalisés auprès de 51 et de 200 personnes. La théorie sociologique des risques, la théorie de l'action sociale et la théorie de la dynamique sociale ont constitué le cadre théorique. Les résultats montrent que les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque relèvent de la crise de logement à Douala, du faible revenu des populations qui cherchent un abri en vue de leur intégration socio-économique dans le milieu urbain. Ces populations qui vivent en toute insouciance dans un environnement insalubre caractérisé par un habitat malsain, manquent d'eau potable et des latrines. Les implications se traduisent par l'émergence des maladies respiratoires et les maladies microbiennes. En conclusion, les sites à risque présentent des avantages pour les acteurs. Ils sont souvent les premiers points d'arrêt des migrants ruraux et offrent des opportunités de logement et terrains à bas prix. Même s'ils présentent des implications négatives, il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent aussi donner naissance à de nouveaux mouvements culturels. En outre, renforcer la solidarité entre les tribus. Les habitants des taudis et leurs activités constituant aussi autant des forces motrices de la vie urbaine.

Mots clés : Dynamiques socio-économiques - Environnement immédiat - Zone à risque -- Implications socio-économiques.

ABSTRACT

Research carried in the urban sites of Maképé Missoké and Maképé maturity is centred on the theme: "Socioeconomic dynamics in the risk areas and its implications" The objective is to analyse the report between socioeconomic dynamics, the risk areas and its implications. The study then seeks to understand the motivation of people to settle in these environmentally risky areas, their living conditions, the perception that they have of their immediate environment and the implications of that vulnerability. The methodology used is both exploratory and comprehensive. The quali-quantitative data are contained in documentary sources, the interviews and polls achieved by 51 and of 200 people. The sociological theory of risk, the theory of social action and social dynamics theory, constituted the main theories used. The results show that the socioeconomic dynamics in risk area are the consequences insufficient housing in Douala, of the weak income of the populations that looks for a shelter in view of their socioeconomic integration in the urban environment. These populations who live in all lack of concern in an unsanitary environment characterized by an unhealthy habitat, lack of drinking water and latrines that sometimes flows saw. The implications result in the emergence of the respiratory illnesses, the microbial illnesses as the malaria and the cholera. In conclusion, this study reveals that the environmentally risky areas do have some advantages for the actors. They are often the first points of stop of the farming migrants and offer the opportunities of lodging and lands price down. So, despite the negative implications associated with living in theses areas, they can also lead to the creation of new cultural movements, as well as reinforce tribal solidarity. Of course the inhabitants of these areas and its activities play an important role in live in urban areas.

Key words: Socioeconomic dynamics- Immediate environment- environmentally risky areas - Socioeconomic implications.

INTRODUCTION GENERALE

Nous avons choisi dans le cadre du présent mémoire de DEA d'étudier la question de l'homme dans ses activités et son environnement écologique. Les villes camerounaises croissent avec sa population. Cette croissance démographique s'accompagne généralement d'une dynamique socio-économique. Cette dernière se traduit aussi par une production et un rejet toujours plus grand des déchets. A Douala, l'augmentation de la population conjuguée à une mauvaise politique de gestion des déchets industriels génère des problèmes d'insalubrité et de promiscuité, entraînant l'habitation des zones à risque ; risques souvent ignorés par les services publics car l'augmentation de la qualité de l'effluent se traduit rarement par une intensification des mesures antipollution. L'industrie, reflet direct du développement économique qu'elle contribue elle même à promouvoir est une source multiforme de pollution de l'environnement. Au nom de la profitabilité, les entreprises ne se soucient guère de la gestion des déchets toxiques pourtant des lignes budgétaires existent à ce sujet. Les règlements concernant la pollution industrielle et d'autres types de dégradation de l'environnement ont été largement ignorés.

A Douala les systèmes de traitement des ordures ménagères et les déchets industriels sont insuffisants et inefficaces. Seuls certains quartiers sont inscrits dans le programme de ramassage de ces ordures et des déchets. La situation qui prévaut dans les zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité témoigne de la nature de ce fait. S'accumulent dans le milieu naturel : détergent, métaux lourds, hydrocarbures, matières organiques peu ou non dégradées ordures ménagères et industrielles. Ces zones deviennent des milieux à écologie peu fiable, sensible, attirant toutes sortes de bêtes moins agréables pour l'existence humaine. Or c'est vers cet environnement que les populations affluent, s'installent de plus en plus et développent des activités socio-économiques diverses.

La ville de Douala est essentiellement marécageuse. Mais certains sites sont aménagés et ne peuvent nullement constituer un danger particulier pour la population. Par contre les zones d'écoulement des déchets industriels et ménagers constituent de véritables zones à risque. Après les inondations de 2001 qui ont provoqué des dégâts considérables, les pouvoirs publics ont pris l'engagement ferme de résoudre définitivement les problèmes des zones marécageuses. Des actions de déguerpissement ont été menées à ce sujet. Plus de cinq ans après, les lieux jadis déguerpis pour permettre l'écoulement des eaux ont été de nouveaux investis par la population. Or les zones marécageuses telles que développées par K. FODOUOP (1992) constituent un réservoir de maladie. En outre, ne peuvent être favorables au développement économique. Pourtant ces sites ne cessent d'attirer la population malgré la promiscuité et son caractère pollué. Les sites de Maképé Missoké et Maképé Maturité sont situés dans l'arrondissement de Douala Ve, Département du Wouri. Ils sont issus de l'éclatement du grand quartier Maképé depuis 1972. Dès lors ces zones ont été rattachées au drain Tongo- Bass (Confère Carte géographique Annexe 6). La zone de Maképé Missoké couvre une superficie de 9km2 et celle de Maképé Maturité 10km2. Ces zones inondables et Marécageuses connaissent des dynamiques socio-économiques intenses depuis 1972. Respectivement de 1000 et de 6000 habitants en 1972 (Recensement Général de la Population et de l'Habitat : RGPH 1987), les populations de ces sites sont passées à 7500 et 12000 en 1987. Au départ, ces zones avaient été déclarées sites sensibles et ne faisaient nullement l'objet de fréquentation intense. Mais le constat aujourd'hui n'est plus le même : elles deviennent des lieux par excellence de développement socio-économique de toute nature.

L'actuel petit marché situé entre les deux zones n'était constitué que de quelques boutiques en 1990. Il tend aujourd'hui à s'officialiser puisque devenu permanent et attire de plus en plus de monde. Les activités socio-économiques se manifestent jusqu'au plus profond des habitations où les populations exercent en journée de petits commerces. Certaines ont même transformé une partie de leur maison en boutiques, d'autres construisent près de leurs cases des tentes qui servent d'abris pour vendre certains produits comme les beignets, le haricot etc. D'autres encore installent devant leurs cases des assiettes de cigarettes, des produits issus de la petite agriculture du milieu. Cette dynamique socio-économique suscite des interrogations sur les conditions de vie des populations et ses implications; les sites à risque étant susceptibles de modifier les comportements humains. Ce qui ne laisse pas insensible un chercheur en sciences sociales ; car il faut comprendre les motivations des individus à faire de plus en plus recours aux zones à risque en dépit de toutes les interdictions et de toutes les campagnes de sensibilisation. Aussi décrire et expliquer le mode de vie de cette couche de la population et les risques susceptibles de modifier leurs comportements.

La raison première dans le choix du sujet tient donc au fait de cette observation des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala. Particulièrement dans les zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité où des populations s'installent et exercent des activités économiques à proximité de pollutions de toutes sortes. Cette observation nous a poussé à une curiosité qui était celle de connaître de cette tranche de la population : pourquoi elle y est ? Comment vit-elle? Quel sens accorde t-elle à ses actions, aux risques et à son environnement ? Le déploiement des populations dans les zones géographiques et de positionnement induit des effets de milieu tel que analysé par Y. GRAFMEYER (1998). D'où une autre interrogation : n'y a t-il pas d'incidences ? Cette curiosité qui était entachée des jugements des valeurs relèvant ainsi de l'ordre subjectif s'est peu à peu élargie et nous avons envisagé de réaliser une recherche scientifique sur le phénomène. D'où le thème suivant : « dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala et ses implications sur l'environnement social : cas des populations de Maképé Missoké et Maképé Maturité (arrondissement de douala ve)». Ce thème revêt un caractère général et ne laisse pas apparaître directement l'objet de la recherche. Mais cette formulation trouve sa justification en ce sens que l'étude prend en compte tous les acteurs ou les individus des sites à risque impliqués dans un ou plusieurs activités socio-économiques.

La deuxième raison dans le choix de ce sujet tient au fait de l'existence des littératures relatives au sujet de l'homme et son environnement. Mais ces littératures sont inscrites de manière globale dans la sociologie des risques. C'est le cas des études menées par (C. GILBERT, 1999) qui identifient les risques comme des constructions individuelles.

Les travaux sur le Phénomène étudié sont rares au Cameroun. Ceux qui existent s'orientent plus vers la description Physique de l'environnement à l'instar des études engagées par K. FODOUOP (op. cit.) qui rendent compte des problèmes liés à l'urbanisation en mettant l'accent sur l'impact environnemental. La question relative à la croissance humaine et économique dans les milieux à risque reste peu abordée au Cameroun en général et à Douala en particulier. Le retour en force du problème des conduites socio-économiques dans les sites à risque reflète l'ampleur d'un drame social persistant comme le montre les faits : la littérature et la multitude des actions entreprises pour lutter contre l'occupation des sites à risque. Ces études et actions donnent peu de clarifications et sont pour la plupart la propriété des gouvernements et des ONG qui tentent de mettre en place des stratégies permettant de répondre aux besoins des populations dans les domaines de la santé, du logement etc. Les universités africaines en général et camerounaises en particulier se contentent de répondre aux différentes sollicitations plus ou moins orientées pour un but précis. De leurs différentes recherches, le phénomène n'est pas appréhendé pour lui même, mais bien plutôt pour répondre à d'autres besoins ou pour expliquer les situations particulières. Or ce phénomène ne se répercute pas seulement au niveau des idées. Il doit permettre à la classe pensante d'analyser un mal qui ronge la société afin d'élaborer des politiques adaptées, capables d'aider les acteurs sociaux à l'appréhender avec plus de lucidité. L'étude du phénomène s'ouvre alors d'un apport positif pour la science car elle constituent l'un des champs le plus prolifique de la sociologie (économique, des risques, de l'environnement) et revêt le caractère d'un fait social total M. MAUSS (1968). Notre objectif étant pour reprendre les propos de (R. T. TAGNE, 2006 :1) « de construire un corpus de connaissance cohérent dans notre formation académique, lequel est susceptible de déboucher à cours et à long terme à la mise sur pieds d'un champ ou d'un pôle de recherche », lequel est tourné vers une socio économie de l'environnement. C'est-à-dire un phénomène imbrique qui englobe à la fois les dimensions sociale, économique, environnemental etc. Il ne s'agit pas de faire un étalage des questions liées à l'environnement physique comme le font les spécialistes de l'environnement. De cette étude, une considération est surtout portée sur les facteurs explicatifs de la mobilité sociale et économique dans les sites à risque, les conditions de vie de ces populations, la perception que les individus ont de leur environnement immédiat, et ses implications socio-économiques.

Notre volonté de contribuer à la recherche sur les problèmes sociaux s'est trouvée renforcée par le caractère actuel de la rénovation urbaine de Douala entreprise depuis quelques années et dont le but principal n'est autre que l'amélioration du paysage urbain et du cadre de vie de la population. Notre recherche pourrait être d'un atout pour les pouvoirs publics. Elle pourrait être utilisée non seulement dans le cadre des stratégies de développement urbain, mais aussi dans celui de l'amélioration des conditions de vie de la population urbaine. Car la prise des décisions et des initiatives de développement doivent tenir compte des réalités observées sur le terrain.

Le choix de la ville de Douala et plus particulièrement les zones, Maképé Missoké et Maképé Maturité s'explique par le fait que ces zones se trouvent dans les quartiers où l'insalubrité est criarde. En outre, elles regorgent chacune de nombreuses habitations et des structures où les populations exercent des activités économiques au milieu des eaux souillées, polluées des industries et au milieu des ordures ménagères. Ces habitations et structures économiques offrent la possibilité de trouver des personnes cibles de notre étude, pouvant répondre à nos préoccupations. Ainsi nous avons comme question de recherche :

Comment comprendre et expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur l'environnement social ?

Comme questions subsidiaires :

Q1-comment comprendre et expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala en dépit de toutes les interdictions ?

Q2- quelle perception les acteurs impliqués ont-ils des risques ?

Q3- quelles sont les conditions de vie et stratégies de survie de ces populations ?

Q4-Quelles sont les implications liées aux actions des individus dans les sites à

risque ?

L'étude engagée vise donc à mettre en exergue le rapport entre les dynamiques socio-économiques et les sites à risque pour analyser les implications

De manière spécifique,

-Comprendre et expliquer les raisons qui poussent les individus à s'installer et à exercer des activités socio-économiques dans les zones à risque

-Décrire, évaluer les conditions de vie des populations et les perceptions relatives à leur environnement immédiat (sites à risque).

-Identifier, analyser et évaluer les implications qui sont de deux ordres :

- implications sociales

- implications économiques.

L'étude s'articule autour de deux grandes parties :

-la première est intitulée : cadre théorique et méthodologique. Elle est constituée de trois chapitres. Le premier dans un premier temps présente les définitions des concepts clés de l'étude, dans un deuxième temps fait les points des travaux sur le phénomène étudié. Le deuxième circonscrit le cadre théorique de l'étude. Le troisième chapitre définit la méthodologie de l'étude et s'articule autour des aspects comme, la formulation des hypothèses et la construction des variables, les logiques de recherche, les techniques de collecte et les méthodes d'analyse des données.

- la deuxième partie rend compte des résultats obtenus sur les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur l'environnement social. Elle est constituée également de trois chapitres. Le premier est intitulé mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et perception des risques par la population. Il s'agit ici de présenter les facteurs explicatifs de la mobilité humaine et économique dans les sites à risque. Ensuite la représentation sociale des risques. Notamment la perception de l'acuité des problèmes liés à leur cadre de vie, de l'origine des problèmes sanitaires, des causes de l'accumulation des ordures et de la pollution. Le deuxième est intitulé les conditions et stratégies de vie des populations des sites à risque. Dans ce chapitre, sont analysés deux principaux points : les conditions de vie dans les ménages et les stratégies de survie des acteurs. Le troisième présente les résultats obtenus sur les implications liées à l'habitation et à l'exercice des activités dans les sites à risque. Il est intitulé dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses implications sur l'environnement social.

PREMIERE PARTIE :

CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

La présente étude porte sur les dynamiques socio- économiques dans les sites à risque. Elle cherche conjointement à connaître les mobiles de du développement humaine et économique dans ces sites, les perceptions que les acteurs ont des risques, leurs conditions de vie et ses implications socio-économiques. Toutefois ce phénomène n'est pas un fait nouveau, il a fait l'objet des travaux antérieurs. Pour atteindre les objectifs fixés et parvenir à des résultats prolifiques, un chercheur en sciences sociales (dans le domaine de la sociologie en particulier) passe par un certain nombre d'étapes qu'il faut décrire afin de mieux situer le lecteur. Dans le cadre de cette première partie intitulée CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE il s'agit de faire les points des travaux ayant fait l'objet d'étude sur le phénomène et ensuite définir la méthodologie de l'étude. Cette partie comporte trois chapitres :

- le premier est intitulé revue de la littérature. Ici, il est question de faire une revue critique de la littérature sur le phénomène étudié. Il commence par les définitions des concepts clés de l'étude, ensuite la revue critique de la littérature proprement dite.

- le deuxième présente les différentes perspectives théoriques de l'étude. Il est intitulé : Champs théoriques de l'étude. L'étude prend pour appui la théorie de la sociologie dynamiste et critique et la théorie de l'action sociale

- le troisième chapitre quant à lui définit l'ensemble des étapes par lesquelles nous sommes passés pour aboutir aux résultats. Il est intitulé méthodologie de l'étude. Les points abordés sont la formulation des hypothèses et la construction des variables,les logiques et méthodes de recherche , les techniques de collecte des données, l'unité d'observation , le déroulement de la collecte , la méthode d'analyse des résultats et enfin les difficultés rencontrées .

CHAPITRE I

: REVUE DE LA LITTERATURE, CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE " \f C \l "1"

Ce chapitre a un double objectif. D'abord la définition des concepts ayant permis de comprendre le sujet et de sélectionner des documents portant sur le phénomène étudié, ensuite une revue critique des travaux sur le sujet.

I-1- DEFINITIONS DES CONCEPTS

I-1-1-DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES

Selon G. BALANDIER (1971) la dynamique est un mouvement, un changement, une continuité, une mutation. La dynamique sociale est appréhendée comme le mouvement de la population, le changement des structures sociales. Dans le cadre de cette étude l'expression dynamique sociale sera appréhendée comme le développement, les mouvements des populations et la dynamique économique comme le développement des activités économiques. Les dynamiques socio-économiques sont donc appréhendées comme le flux ou le développement humaine et des activités économiques.

Ce mot est polysémique. En milieu rural, il est d'abord l'espace de production agricole et / ou pastorale, piscicole et de chasse. C'est ensuite un milieu intégrant la famille, la communauté villageoise, les infrastructures sociaux et culturelles (bois sacrés, tombes etc.). En milieu urbain, il apparaît comme un espace de vie caractérisé par son cadre de vie et sa qualité : la maison, le lieu du travail et les services (santé, éducation). De toutes ces définitions, il se dégage de l'environnement deux caractéristiques principales : le cadre de vie et ce qui entoure ce cadre. Prise ainsi, nous définirons dans la présente étude l'environnement comme l'espace non seulement proche et quotidien de l'individu, dans lequel il évolue, mais aussi comme tout ce qui entoure celui-ci dans ses activités, il s'agit particulièrement de l'éducation, des activités économiques, culturelles et sociales.

Les problèmes liés à l'environnement immédiat désignent tous les problèmes touchant ou sensés toucher les individus dans leur vie quotidienne. Dans le cadre de cette étude, il s'agit des problèmes des marécages, de l'insalubrité, de la pollution, bref des risques.

I-1-3-SITES A RISQUE 

Tout comme l'expression environnement, celle des zones à risque est polysémique. Sa compréhension est fonction de son utilisation, car il est difficile d'évaluer un lieu comme milieu à risque. Pour mieux définir les zones à risque, il est important de savoir ce qu'un risque.

L'étymologie même du mot risque n'est pas clairement établie comme le dit REY (1992).C'est un concept multifacette ayant une diversité de représentations. Certains mots pouvant être à l'origine de ce terme prenaient divers sens : danger lié à une entreprise, chance ou mal chance d'un soldat en latin médiéval, ou encore solde gagné par chance en grec byzantin (PICOCHE, 1979). De son coté, (C. VELTCHEFF, 1996) identifie `'risque ou risquer'' et pense par la suite que leur apparution en langue française remonte aux XIXè et début XX siècle. Ensuite, l'auteur désigne le risque comme les nuances allant du danger au simple inconvénient. Pour (C. PEREZ, 2003 :144) le risque

recèle aussi un sens d'éventualité dans des expressions telles que se risquer, s'exposer,( à une chance douteuse ), avec une connotation négative; A l'inverse, il peut prendre un sens positif comme cela risque de marche

Dès le XVIIè siècle, le droit s'est emparé du terme pour désigner l'éventualité d'un événement futur qui causera un dommage. Il s'agissait déjà d'évaluer le degré de responsabilité des impliqués. Le constat est clair, la notion de probabilité est associée clairement au terme risque : ce qui rend davantage incompréhensible ce mot.

De toutes les définitions énoncées, il ressort plusieurs caractéristiques du risque : le dommage, inconvénients, conséquences. (A. BOURDIN, 2003 :7) assimile le risque

 aux dangers ou aux aléas ( c'est à dire ce qui vient par hasard) et qui peuvent affecter les comportements individuels et sociaux, qu'ils soient d'origine externes ou internes à la sphère sociale 

Le concept risque est loin d'être univoque. Très largement usité dans le langage courant, par le sens commun et par la communauté scientifique, il renvoie autant au caractère dommageable et dangereux d'un événement qu'à son caractère incertain.

Dans le cadre de cette étude, le terme `risque' sera utilisé dans un premier temps pour désigner les dangers, les aléas. Il s'agit dans le cas de la zone de l'étude des marécages, des pollutions et des déchets ménagers et industriels. Dans un deuxième temps pour designer les implications et les dommages ; les zones à risque désigneront les milieux de dépôt ou de résidence des risques. L'écoulement des déchets industriels et ménagers, les zones marécageuses se donnent d'abord en résidence. Ils ont un site ou des sites ; ce que nous avons appelé `'zones à risque''. Il s'agit donc des milieux susceptibles d'être un danger, d'avoir des répercussions sur la population et ses activités.

I-2-REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Le développement humaine et économique en milieux à risque n'a pas encore fait l'objet de nombreuses études sociologiques au Cameroun en général et à Douala en particulier. Les travaux sur le Phénomène s'inscrivent globalement dans la sociologie des risques et sont beaucoup plus menés dans les pays et villes autres que le Cameroun et Douala. Cependant, ceux qui existent se sont plus orientés vers la description physique du phénomène. En essayant de mettre en rapport l'homme et son milieu naturel, le but étant de montrer l'impact sur l'environnement physique (dégradation de la nature etc.). La revue de la littérature prend en compte trois dimensions : les points des travaux sur le processus de la constitution des sites à risque, les points des travaux sur les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et les points des travaux sur les conduites à risque.

I-2-1-PROCESSUS DE CONSTITUTION DES SITES RISQUE : ANALYSE DESCRIPTIVE DE K. FODOUOP ET P. DUFOUR

La description que K. FODOUOP (1992) fait de la ville de Douala présente la nature de certaines zones. Il analyse le milieu social en deux étapes.

Premièrement, il établit la relation entre l'homme et son cadre de vie, au mieux, la mise en valeur et l'exploitation de l'environnement. Seulement, il se dégage la dégradation du milieu écologique et une urgente nécessité de maîtriser la croissance urbaine de la ville. Dans un deuxième temps, une analyse du milieu socio-économique présente des atouts tout en dénonçant les enjeux au bien être et au plein épanouissement de la population comme l'habitat spontané, insalubre du fait de la pollution multidimensionnelle. L'auteur ensuite fait état de l'énigme des catastrophes hydrauliques comme les inondations, la pénurie d'eau potable et la hantise du risque hydrique expliquant la forte prévalence des maladies liées à l'eau. L'auteur traite de l'émergence des risques dans certains milieux comme une conséquence de la croissance de la population urbaine. Cette dernière soumise à l'impitoyable logique de vie dégrade considérablement son milieu de vie donnant lieu à l'émergence des risques. L'auteur prend pour exemple certaines zones inondables de Douala où les populations s'entassent, ne laissant aucune possibilité à une bonne circulation de l'eau. Le plan d'urbanisation n'est pas respecté, ce qui davantage produit des implications sur la santé de la population. Les études menées par le Ministère de l'Administration Territoriale (MINPAT) dans le projet (PNUD-OPS, 1999) confirme cet état de fait. La croissance démographique se révèle comme un facteur de dégradation du milieu physique et l'homme étant au centre. Cette étude est d'autant plus pertinente car la dégradation de l'environnement rend certaines zones sensibles, ce qui conduit à la détérioration de la condition humaine que le sociologue doit étudier. Toutefois, la dégradation du milieu physique ne peut mettre uniquement l'homme au centre. Nous voulons dire que même si l'homme par ses activités rend son milieu sensible, il ne saurait être le seul facteur dans l'émergence des risques. Si certaines zones deviennent des sites à risque, ce n'est plus tout simplement à cause des acteurs en présence dans les sites. D'autres facteurs contribuent également au processus de la constitution des sites à risque. La mise en exergue de certaines pollutions telles que développées par C. DEJOUX (1988) révèle que l'industrie est une forme de pollution malgré le reflet direct du développement économique qu'elle contribue elle-même à promouvoir. L'émergence des risques ne serait donc absolument pas une conséquence de la croissance démographique. Si certains aspects de cette pollution peuvent être considérés comme mineurs (inestethisme, fréquence des installations industrielles), ou d'une incidence très localisée ou moins discrète, ont un impact des rejets atmosphériques et des effluents à toxicité diverse. Outre la nature multiple des polluants industriels, une même industrie est susceptible de présenter de grandes variations quantitatives et qualitatives dans ses rejets , ce qui fait que chaque unité de production industrielle peut être à la limite un cas particulier , avec une incidence spécifique. Si la situation camerounaise est encore loin de celle que nous observons dans les pays dits développés,

 Les risques des polluants d'origine industrielle et ménagère présents n'en sont pas moins grands, car le laxisme est souvent de règle dans l'application des normes d'assainissement P.DUFOUR et al (1984 :54)

L'auteur met en exergue l'inapplicabilité de la loi dans les pays africains en matière de pollution. Pour favoriser la croissance économique ou inciter l'implantation d'industries étrangères, de nombreux états africains assouplissent quant elle existe la réglementation antipollution et les lois devenues très flexibles ne sont que très rarement des contraintes. La situation qui prévaut dans certaines zones de Douala est caractéristique de cet état de fait. Dans son article sur l'entreprenariat et sciences sociales en Afrique, E. KAMDEM pose même ce problème des risques industriels et ménagers comme une réalité dans les états africains. Les déchets ménagers et industriels sont quasi abandonnés dans les rues et les décharges publiques. Le ramassage et le traitement des ordures ne connaissent une amélioration que pendant les périodes marquées par des événements politiques importants (fêtes nationales, rencontres internationales, visites personnalités étrangères). Cette situation est d'autant plus préoccupant que le sociologue appelle à une éthique de l'environnement. Il affirme :

L'éthique de l'environnement est appelée à devenir une préoccupation centrale pour les décideurs politiques et économiques dans les sociétés africaines. Les erreurs constatées dans les pays industrialisés sont de sources d'inspiration inestimable pour l'élaboration et la mise en oeuvre de nouvelles stratégies industrielles, respectueuses de l'environnement et des citoyens  (E. KAMDEM 2001 :23)

C'est dire que les industries contribuent de manière importante à la constitution des sites à risque. Il ne s'agit pus tout simplement de considérer certains milieux à risque comme dérivant de l'activité de l'homme dans ces milieux. Mais aussi considérer l'industrie comme une source de pollution, une cause fondamentale de l'émergence de certains sites à risque. Si ces études ont eu pour mérite d'avoir décrit les origines et la nature de certains milieux à risque, elles sont restées limitées en ce sens qu'elles n'ont ni accordé la priorité aux acteurs des milieux à risque, ni rendu compte de manière spécifique de leurs conditions de vies. En outre les répercutions environnementales sont analysées, mais celles relevant de la population demeurent générales et limitées. Ce qui a constitué le coeur de la demande en sociologie.

I-2-2-DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE : THESES STRUCTURALISTE DE M. J. BENDOW ET COMPREHENSIVE DE

M. SALL

Sociologues économistes, (M. J.BENDOW et al, 1993) ont mené une étude sur les causes du phénomène. A travers une approche structuraliste, ils analysent dans leur article la relation entre la population, son environnement et l'économie. Les mutations socio-économiques dans les sites à risque relèvent de la mauvaise structuration des sociétés africaines. Les compétences n'étant pas attribuées de manière autonome aux structures en charge des questions sociales et environnementales. Si les individus s'activent dans l'exercice des activités économiques en milieux à risque, c'est à cause de l'absence de sensibilisation. Les gouvernements ne disposent pas de moyens voulus, ni du personnel compétent pour disposer à sa population urbaine en croissance rapide la terre. Les services et les installations nécessaires à une bonne qualité de vie. D'où l'expansion d'établissements humains illégaux, aux installations insuffisantes et souvent rudimentaires, surpeuplées et connaissant une forte incidence de maladies dues à un environnement à risque. Les dynamiques socio-économiques dans les zones à risque et ses implications seraient une conséquence des limites de l'état. Car ne se souciant que de la diffusion de problèmes liés à l'environnement au lieu de résoudre ceux existant. Il y a là une défaillance structurelle. La situation qui prévaut à Maképé Missoké et Maképé Maturité est-elle identique ? Or si le phénomène découle de l'inefficacité structurelle telle qu'analysée par ces auteurs, comment comprendre que malgré même l'ampleur de la médiation actuelle de problèmes liés à l'environnement, la population reste encore relativement peu informée à ce sujet ? Là est la question que certains auteurs à l'instar de M. SALL. (1996) n'ont pas manqué de se poser pour remettre en cause la thèse structuraliste

Dans une approche beaucoup plus compréhensive à partir d'un certain nombre d'entretien réalisé auprès de 40 individus dans la ville de Yaoundé, l'auteur pense que le recours aux sites à risque est un phénomène de grande envergure. Il révèle deux sphères d'information ; la première est celle qui, se voulant mondiale, fait de questions d'environnement et de population de « nouveaux fétiches » (J. M. ELA, 1993 :47). La seconde est celle des personnes pour lesquelles les questions d'environnement n'ont pas plus de sens que leur vie quotidienne. Ainsi,

 Malgré le fait que les individus côtoient chaque jour les ordures,

ils évoquent rarement ce problème (...), malgré l'exercice de leurs

activités dans un décor insalubre, leur perception est plus focali-

sée sur les problèmes économiques que sur les problèmes

des ordures.  M. SALL (op. cit. 89)

En fait, la crise économique dont ils sont victimes, leur suggère des perceptions qui ne s'ajustent que par rapport à l'économie. En d'autres termes, la gestion d'un quotidien de plus en plus précaire relègue au second plan les problèmes autres qu'économiques. Ainsi, il semblerait que les pauvres confrontés à des problèmes de survie, se soucient peu de leur cadre de vie, contrairement aux nantis qui peuvent se permettre de discourir sur une bonne protection et une gestion de leur environnement immédiat (GAUD, PONTIE 1993). Les populations soumises à l'impitoyable logique des impératifs à cours terme A. DURNING (1990), dégradent considérablement leurs milieux, créant ainsi une sorte de synergie et de « causalité cumulative » (T. A. SALAU, 1992) entre la pauvreté et milieu à risque. Il ne s'agit plus dès lors de rapporter le phénomène uniquement comme une défaillance de l'état, mais comme un choix des individus pour qui les questions des risques ne font l'objet d'aucune préoccupation. Certes les problèmes économiques qui sont des conséquences de la défaillance structurelle sont des raisons dans le choix délibéré des risques par les populations, mais l'auteur pense que depuis longtemps les questions d'environnement n'ont pas toujours fait objet de préoccupation pour le peuple camerounais. Il préconise plutôt une étude profonde sur la perception que les populations ont des risques, de leur environnement immédiat pour mieux appréhender le phénomène. Cette thèse avait déjà fait l'objet de débat par certains spécialistes de la sociologie des risques tels que D. JODELET (1989) et (C. GILBERT 1999).

II-2-3-POINT DES TRAVAUX SUR LES CONDUITES A RISQUE

Si la prise en compte des seules données objectives est réductrice ne permet qu'un état des lieux des formes possibles de prises de risque, à l'inverse, la seule prise en considération du versant subjectif fait l'impasse sur la richesse du lien qui unit les conduites et les représentations du risque. De la sorte, M. DOUGLAS et M. CALVEZ (1990) étudient les opinions et les perceptions à l'égard du risque du sida à partir de déterminants culturels, mais n'établissent pas de relation avec des conduites de prévention ou des conduites à risque en matière de sexualité. En revanche, des études sur le risque inhérent à la conduite automobile envisagent conjointement l'analyse de comportements déclarés en matière de conduites dangereuses au volant et celle des représentations des individus. Elles permettent la mise au jour de corrélations entre les comportements du conducteur, la perception de ses capacités de conduire, et son estimation du danger. Ainsi le sentiment d'être moins vulnérable qu'autrui ou bien meilleur conducteur que la moyenne comme une sorte d'« illusion de contrôle », est souvent révélé comme un facteur permissif de la prise de risque. Cette forme de dénégation du danger est généralisable à d'autres domaines de prise de risque comme les conduites économiques dans les sites à risque, dans certaines pratiques sportives. S. LYNG (1990) observe ce phénomène chez un groupe de parachutistes qui attribuent les accidents mortels à des erreurs humaines dont eux-mêmes se sentent personnellement à l'abri grâce à un sentiment d'élitisme.

La mise en relation des comportements et des subjectivités permet en outre de révéler l'existence possible de décalages entre les risques objectifs et les risques subjectifs que perçoit et se représente l'individu. Dans une étude antérieure sur le risque dans la pratique de l'escalade, C. MARTHA (2001) a pu identifier de tels décalages à travers des entretiens menés auprès de 15 grimpeurs experts autour de leur expérience vécue, et souligner de la sorte le caractère re-construit de la réalité objective. En effet, les thèmes employés pour évoquer la nature des risques identifiés dans leur activité renvoient majoritairement à des dangers perçus tels que la rupture du matériel (notamment la corde) ou des erreurs d'assurage lourdes de conséquences voire létales. Beaucoup moins cité mais néanmoins présent dans les discours, on retrouve le risque de chutes de pierre. Or, de tous les dangers évoqués dans ces récits, ce sont les chutes de pierre qui sont les plus objectivables par les faits et se rencontrent occasionnellement. Les autres types de dangers, notamment la rupture du matériel, ont dans la réalité une très faible probabilité d'occurrence. Cet exemple illustre la disproportion qui peut exister entre l'expérience réelle et objective des dangers, et la crainte qu'ils suscitent dans l'imaginaire.

De la même manière, J. D. STEVENS (1995) souligne chez des baigneurs de Port-Alfred la phobie du requin, bien supérieure à celle de noyade pourtant recensée bien plus fréquemment :  Les centaines de noyades ou de quasi-noyades, qui se produisent chaque année ne provoquent ni panique ni fuite généralisée. Lors des vacances de Noël 1983-1984, à Port-Alfred, une seule personne fut mordue (sans grands dommages) par un requin taureau. Au cours du même week-end, quatorze estivants se noyèrent. C'est pourtant l'agression du squale qui retint toute l'attention des médias.

II-2-3-1-LA PRISE EN COMPTE DU VERSANT MOTIVATIONNEL DANS LES CONDUITES A RISQUE

C. MARTHA (2002) dans une perspective psycho-socio-antropologique a mené un certain nombre sur les différentes conduites à risque. L'étude du sens des conduites à risque ne peut faire l'économie des facteurs qui les motivent, c'est à dire les bénéfices escomptés. Dans le domaine de la santé, elle modélise l'impact des motifs, de ce qu'ils nomment les « jugements de préférence », dans la détermination des conduites à risque, en parallèle avec les représentations du risque. Selon ce modèle, chacun d'entre nous calculerait plus ou moins consciemment le rapport entre les bénéfices escomptés à la prise de risque et la représentation des risques encourus. Si ce rapport est positif, les bénéfices sont privilégiés et l'individu choisit de prendre le risque. L'exemple que l'auteur prend celui du choix d'un rapport sexuel non protégé par un préservatif chez les jeunes. Pour certains,  le préservatif c'est vraiment trop glauque, ça ôte tout le charme et ça diminue carrément le plaisir en plus ; non, moi vraiment c'est hyper rare que j'en mette un. Pour d'autres à l'inverse, même si le plaisir est au top, et que tu n'as qu'une chance sur vingt d'avoir le sida, ben ce risque là il est trop fort ...Te savoir condamné, tout ça parce que tu as décidé une fois de faire l'amour sans capote, pour un truc qui dure que cinq à quinze minutes, c'est trop con... cette conclusion a été déjà tiré par MOATTI et al (1993)dans leurs travaux sur les comportements face au VIH. Par la suite, MARTHA (op. cit.) élargit l'étude des motivations à d'autres conduites à risque afin de pouvoir en établir une typologie, sans prétendre à l'exhaustivité, au moyen d'une analyse thématique des entretiens. Il ressort des ses enquêtes que plusieurs facteurs déterminent les conduites à risque :

Au niveau individuel, les motifs intrinsèques à l'individu. La recherche de sensations fortes est un des motifs qui revient le plus souvent dans ses entretiens. Elle a été longuement décrite et étudiée par ZUCKERMAN (1971) comme le principal facteur explicatif des conduites à risque notamment en sport, fonction de la personnalité de l'individu qui détermine le niveau optimal d'activation qui lui est propre. MARTHA identifie : Les motifs de fierté personnelle. Les sujets sont nombreux à évoquer le sentiment de fierté qu'ils éprouvent après s'être engagés dans une action qu'ils avaient perçue comme risquée. La fierté constitue une sorte de récompense personnelle après l'action ; Les motifs d'accomplissement. (LYNG, 1990) a longuement étudié le sens des activités limites - edgework - chez un groupe de parachutistes qui s'engagent volontairement dans des pratiques qui constituent une menace potentielle à leur intégrité physique. Il les attribue à une recherche d'expérience permettant la réalisation du self. De la même manière, prendre un risque « c'est une façon d'apprendre la vie ».

Au niveau interindividuel, les motifs sociaux. Le partage de l'expérience vécue dans le risque peut être perçu comme un moyen de renforcer la cohésion et les liens à l'intérieur du groupe. Jubilation et bonheur peuvent naître simplement du partage des orcé par le caractère intense de ces émotions, issu de l'engagement. La comparaison, l'intégration, et la valorisation sociale constituent un motif à part entière de certaines conduites à risque. Cependant, il est probable qu'ils confèrent au risque vécu un caractère contraint, donc moins plaisant que le risque pris pour des motifs intrinsèques à l'individu, ou pour le partage de l'expérience.

Au niveau normatif, les motifs institutionnels. En fonction du rapport à la loi des individus, le fait de transgresser un interdit peut constituer une fin en soi dans certaines conduites à risque. Les impératifs inhérents aux contraintes institutionnelles, aux contraintes de temps, ou aux contraintes matérielles influencent considérablement le fait de prendre un risque par nécessité.

Au niveau idéologique, les idées véhiculées au sein d'un groupe, ou plus largement par les médias, sont susceptibles de valoriser la prise de risque. Il est relativement commun de supposer l'influence de la médiatisation du risque connoté positivement dans les images, les publicités, les discours.... Comme le dit LE BRETON (1991), dans une société crispée sur une volonté de sécurité, la prise de risque est valorisée. Cependant, le reproche fait à MARTHA est qu'elle ne cherche pas à établir les facteurs à l'origine de la recherche de sensations, mais seulement à présenter quelques-unes de ses manifestations qui comportent une part de prise de risque.

Si la question de la vulnérabilité humaine et économique en milieux à risque entre dans l'espace des discussions aujourd'hui, ce n'est plus simplement pour des raisons environnementales, mais « Cette question se trouve aussi poussée par la perception d'un ensemble de désavantages commerciaux» (Y. RUMPALA, 1999). Autrement dit l'analyse des conduites à risque implique aussi une lecture des différentes incidences tant sur le plan économique que sur le plan social, car elles sont susceptibles de participer à la modification des jeux concurrentiels intra-communautaire, ce qui ne constitue plus seulement une ménace économique, mais aussi sociale. Etudiant la vie des habitants des taudis par exemple, (C.R. GUIMALET, 2007) souligne la forte concentration des individus pauvres dans des habitations polluées. Leurs conditions de vie accroissent les risques sanitaires ce qui à des répercussions sur l'économie dans les ménages. Qu'en est-il de la population de Maképé Missoké et Maképé Maturité ?

Ce chapitre avait pour but donc de faire une lecture critique des differents travaux sur le phénomène étudié. Parvenu au terme, il faut relever que la plupart des travaux sur le sujet se limitent dans les pays autres que le Cameroun. Si le phénomène étudié a fait l'objet de quelques travaux sociologiques, il est important de souligner que la problématique de notre recherche reste en suspend. D'où la nécessité de cette étude qui contribue à la recherche sur les causes des dynamiques socio-économiques en milieux à risque, sur les conditions de vie de ces populations, leurs perceptions des risques et les implications socio-économiques. Mais quelles sont les perspectives théoriques retenues pour cette étude?

Chapitre II 

CHAMPS THEORIQUES DE L'ETUDE

La saisie de tout phénomène social passe par la construction préalable du dit phénomène. M. GRAWITZ (2001 :62) en exprime la nécessite lorsqu'elle affirme que « la nécessité de l'expérience est saisie par la théorie avant d'être découverte par l'observation ». Compte tenu de cette nécessité, l'étude engagée sur les dynamiques socio-économiques en zone à risque et ses implications prend appui sur la théorie sociologique des risques et la théorie de l'action sociale. Cependant la théorie dynamique et critique est utilisée comme théorie complémentaire.

II-1-LA THEORIE SOCIOLOGIQUE DES RISQUES

Les dynamiques socio-économiques dans les zones à risque entrent dans ce que JODELET (1989) appelle « conduites à risque », c'est-à-dire comme le signifie M. CHOQUET (2000) une mise en danger du corps, une menace de l'intégrité physique. L'engouement pour les pratiques à risque a suscité dans divers champs de la psychologie et de la sociologie des débats pour tenter de décrire et de comprendre ce phénomène, éminemment complexe étant donné la diversité de ses manifestations et la pluralité des significations qui lui sont attachées. La théorie sociologique des risques prend effet à partir des changements profonds des conditions de vies liées à l'urbanisation et à l'industrialisation. Le métier reliant les conceptions de la forme protestante au capitalisme naissant. Se met alors en place une gestion statistique de la société. Cette conjonction va déterminer les zones sociales à risque où la réforme va pouvoir déployer ses actions. L'Angleterre dès les 18è et 19è siècles s'oriente dès lors vers une gestion des conflits P. GAY (1997) en y greffant les travaux scientifiques de la biologie D. LECOURT (1998). La culture du duel chez les jeunes gens, les conduites marginales de la jeunesse de Faubourgs, les réseaux de prostitutions, les épidémies et les maladies liées à l'insalubrité urbaine, la cruauté gratuite de certains rites de passage sont quelques une de poche de gestation de mal. Plusieurs secteurs de la société vont être investis fortement au 19è siècle dans cette optique gestionnaire: l'éducation, les conditions de vie des ouvriers, le gouvernement des hommes dans les colonies, les cures de santé. L'émergence de la statistique et le déploiement des grandes enquêtes sociales vont constituer des outils des mesures du risque dans la société. En bref, la sociologie des risques est née à partir des grandes peurs contemporaines, elle s'est développée à partir des interrogations provoquées par les catastrophes industrielles , les problèmes environnementaux , de grandes questions de santé publique , la sécurité des personnes ou les comportements à risque.

Dans son ouvrage intitulé le goût du risque, J. SUSSE pense que les risques font partir de l'existence quotidienne. Si dans la vie, on supprime les peines, il n'y a plus de joie car l'existence est faite de contraste. IL écrit:

 sans joie ni peine, il y a uniformité donc ennui et la vie ne vaut plus la peine d'être vécue. Le risque est le sel de la vie. Tout le monde n'a pas le goût du risque et c'est heureux, car nous retomberions dans l'uniformité; mais quant vous découvrez chez un jeune le goût du risque, ne cherchez pas à le dégoûter des aventures, au contraire, montrez lui quelles en sont les joies et ne lui en dissimulez pas les dangers , alors il pourra juger en connaissance de cause et ne se lancera que s'il se sent assez fort; Regardez tout autour de vous -tous ceux qui ont le goût du risque vivent intensément; ils ont la meilleur part: déboire, les accidents, les malheurs,les guettent, mais ils sont vite oubliés car les joies de la lutte et du succès sont exaltantes  J. SUSSE(1941:1)

J. SUSSE valorise alors le risque comme un model de construction humaine et social. Cette thèse a été soutenue par A. QUETELET (1984) qui pense que la société est conçue comme un système mécanique, dont le centre de gravité est l'homme moyen. Ainsi, la déviance moyenne peut-elle être définie comme un écart significatif à la moyenne observée sur l'ensemble de la population. Ainsi pour les individus à la recherche de construction identitaire, les conduites à risque offrent l'occasion de marquer leur différence par rapport à une société globale sur laquelle ils ont un regard critique et qui leur inspire, soit de l'indifférence en tant que modèle, soit un certain mépris. Plus tard, la sociologie des risques s'est constituée un cadre d'interrogation qui porte sur la construction du risque. C'est dans cet ordre que (C. GILBERT, 2003) à ce propos pense que la désignation d'un risque comme problème public doit être fait :

Ø Comme les résultats d'arbitrages opérés par les autorités publiques

Ø Le résultat de confrontation entre société civile et autorités publiques

Ø Les résultats de production liée à des jeux d'acteurs multiples

Les conduites à risque comme celles des populations de Maképé Missoké et Maképé Maturité apparaîtraient comme des jeux d'acteurs. Elles apparaissent comme des problèmes cruciaux de la société contemporaine et la compréhension de l'émergence de ce phénomène comme problèmes sociaux ne peut se faire qu'en mettant en tension le duo risque subjectif et risque objectif. Ce qui correspond aux deux approches déjà énoncées par le même auteur:

L'une considérant que les risques existent en soi ou, ce qui

revient au même, que leur existence est mise à jour par des efforts

de connaissances, notamment scientifiques ; l'autre considérant

que les risques sont habituellement l'objet de perceptions

déformant leur réalité (C. GILBERT, 1999 :10)

Le risque objectif renverrait aux menaces, aux dommages corporels, à tous les dangers répertoriables concrètement par des discours, des chiffres ou des statistiques. Il est l'objet des recherches de type descriptif telle que l'épidémiologie qui se rattache à présenter les taux ou des fréquences d'accident, de dommages, de mortalités récentes, et qui cherche les facteurs objectifs (le mode de vie, le milieu ambiant ou social etc.) pouvant contribuer à l'émergence du risque. Le risque subjectif renverrait quant à lui à l'imaginaire, aux phobies, aux craintes, de l'individu, et font du concept risque une notion non pas figée, mais construite : Il est alors objet de représentation, qui est « l'acte de pensée par lequel l'individu se rapporte à un objet (et qui) comporte une part de re-construction, d'interprétation de l'objet » D. JODELET (1989 :37)

Reflet de la subjectivité de l'individu, la représentation du risque devient alors un concept central pour aborder les conduites à risque comme celles des dynamiques socio-économiques dans les sites marécageux et pollués de Maképé Missoké et Maképé Maturité. Là où la seule prise en compte des facteurs relatifs à un défaut d'information, à la méconnaissance du risque encouru , ou à un défaut de raisonnement ne permet d'attribuer qu'irrationalité et dérèglement aux conduites à risque des individus. JODELET montre que la notion de représentation redonne du sens et de la rationalité aux comportements. Quand un individu se représente un risque, il ne se contente pas de le prévoir, mais l'assimile à son schéma de pensées, à ses croyances, à ses valeurs ou celles de son groupe social afin de donner de la cohérence entre ses pensées et ses actes passés ou à venir. Il ne s'agit plus seulement de faire un état de lieux de différentes prises de risque à l'oeuvre dans nos sociétés post modernes tel que prôné par A. GIDDENS (1994), mais de tenter d'accéder au sens qu'elles revêtent pour les individus. Les pratiques à risque sont inscrites dans les schémas de pensées des individus. Nous partageons cette thèse car les conduites à risque apparaissent comme des problèmes sociaux dont l'homme est lui-même cause. Elles sont inscrites dans son schéma de pensées.

Les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque relèveraient de la perte de maîtrise de l'homme. Ce point de vue trouve ses limites en ce sens que le processus de construction des problèmes apparaît souvent désordonné, et avec même des éclipses. C. DOURLENS (2003). Il faut chercher à savoir si les individus qui fabriquent les risques sont informés par rapports à ses dégâts. S'ils s'interrogent sur leurs cadres de vie, s'ils maîtrisent à priori les dangers, les risques, les implications. Or la connaissance à priori des risques, de faits présupposés apparaît comme un objectif impossible à atteindre, tant pour des raisons cognitives qu'économiques. La théorie sociologique des risques permet ainsi d'étudier les conduites à risque.

II-2-LA THEORIE DE L'ACTION SOCIALE

La théorie de l'action sociale prend naissance à partir du 19e siècle. On peut y associer les noms d'ALEXIS DE TOCQUEVILLE, de MAX WEBER et GEORGES SIMMEL. Plus que le fait social, ces auteurs placent au centre de leurs analyses l'action sociale. Trois principes se dégagent :

Ø Comprendre les motivations des acteurs individuels

Ø Les situer par rapport aux relations qu'ils entretiennent entre eux dans une situation donnée.

Ø Analyser les stratégies de ces acteurs et leurs résultats.

C'est à la suite de ces auteurs que sont nés plusieurs champs théoriques tels que l'individualisme méthodologique avec R. BOUDON, l'analyse stratégique avec M. CROZIER, etc.

II-2-1- APPROCHE COMPREHENSIVE DE MAX WEBER

Celui-ci est issu d'une famille de la bourgeoisie protestante de Westphalie ; Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive, c'est-à-dire d'une approche sociologique qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l' action sociale. « Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l'action sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effets. » M. WEBER (1995 :28). []Telle est la définition de la sociologie que Weber propose dans les premières pages. Par cette définition, il fait de la sociologie une science de l'action sociale, en opposition à l'approche holiste de Durkheim, pour qui la sociologie est science des faits sociaux.

Max WEBER ne définit pas les faits sociaux comme des choses ou des mécanismes, mais comme des interactions entre des comportements individuels obéissant à des motivations et des intérêts qu'il s'agit de reconstituer. Le sociologue doit s'attacher à comprendre les interactions sociales et leurs résultats. Pour Weber, le monde social est ainsi constitué par l'agrégation des actions produites par l'ensemble des agents qui le compose. L'unité de base de la sociologie est donc l'action sociale d'un agent. Cette approche individualiste se fonde sur la conviction que les sciences sociales (que Weber nomme « sciences de la culture ») diffèrent des sciences de la nature, en ce que l'homme est un être de conscience, qui agit en fonction de sa compréhension du monde, et des intentions qu'il a. Analyser le social, c'est donc partir de ces actions et des intentions qui les constituent. D'où la définition que Weber propose de l'action : « Nous entendrons par « action » un comportement humain quand et pour autant que l'agent lui communique un sens subjectif. » M.WEBER (op.cit:29). Dans l'ensemble des comportements des hommes, la sociologie ne s'intéresse ainsi qu'à ceux qui sont le produit d'un sens subjectif (et qui sont les seuls à être qualifiables d'action). Weber ajoute une nouvelle restriction : parmi ces actions construites par un sens, la sociologie ne prend en compte que les actions proprement sociales, c'est-à-dire les actions dont le sens est orienté vers autrui (vers d'autres acteurs sociaux, quels qu'ils soient).

La sociologie doit donc être compréhensive, en ce qu'elle doit rechercher le sens, les motifs, des comportements humains, puisque ceux-ci sont constitutifs des actions dont il s'agit de rendre compte. La seconde partie de la définition de la sociologie par Weber est souvent mise de côté. Elle est pourtant essentielle, et fait la spécificité de la sociologie compréhensive webernienne. Pour Weber (1992), la sociologie n'est pas qu'une science de la compréhension, elle vise aussi à « expliquer le déroulement et les effets » de l'action. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement, cela veut dire que pour Weber, il faut vérifier, en faisant ressortir des régularités objectives, que l'interprétation du sens d'une action que l'on propose est la bonne. D'autre part, une fois le sens de l'action expliqué, il faut ensuite mener une analyse causale des conséquences qu'a cette action. Or ces conséquences sont, pour Weber, le plus souvent non voulues, non conformes aux intentions de l'acteur. Ainsi, la croyance religieuse calviniste, qui refuse la jouissance des biens matériels, a conduit à la production massive de biens matériels au sein du système de production capitaliste. (Ce dernier point a inspiré la théorie des effets pervers de Raymond Boudon).

Est donc action, selon la définition de WEBER (ibid.), toute conduite à laquelle associe une signification. Elle devient sociale quand le sens de l'action individuelle est rapporté aux actions d'un ou plusieurs acteurs. L'action sociale motive son action en anticipant celle des autres c'est-à-dire les probabilités d'obtenir tel comportement dans telle situation Ce faisant, le sociologue postule implicitement que dans toute action observée, il peut déceler une certaine rationalité, tout au moins une intelligibilité. Les résultats des actions individuelles ne sont pas nécessairement conformes aux buts initiaux. D'une part, leur agrégation pose de problèmes spécifiques ; d'autre part, le sens des actions peut modifier au cours du temps (nécessité de trouver des compromis, résultats qui transforment les anticipations.

Trois critères sont établis pour déterminer le caractère social de l'action. Tout d'abord, les personnes doivent tenir compte du comportement des autres et également de la présence ou de l'existence des autres : A ce niveau, le caractère social de l'action est très limité ou inexistant, parce que l'un des deux sujets ou les deux agissent sans tenir compte de la présence ou de l'action de l'autre : le deuxième critère attribué par WEBER à l'action sociale est celui de la signification. Cela voudrait dire que l'action sociale du sujet doit avoir sa valeur de signe ou de symbole pour les autres. Le troisième critère indique que la conduite des personnes engagées dans une action doit être influencée par la perception qu'elles ont de la signification de l'action des autres et de leur propre action. Ce troisième critère vient en quelque sorte le complément extérieur de deux critères précédents, ces derniers étant internes aux sujets concernés. C'est en effet par la conduite observable de l'extérieur qu'il est possible de juger les deux conditions subjectives précédentes.

C'est donc dans les sujets, dans leur perception et leur compréhension de la conduite des autres que WEBER situe les caractères essentiels d'une action proprement sociale. Le comportement objectivement observable sert d'indice pour apprécier cette perception et cette compréhension : C'est en ce sens précis qu'il faut entendre le caractère subjectif qu'on attribue à la définition de WEBER. Ainsi la sociologie de l'action met l'accent sur la compréhension des actions individuelles. Ce qui constitue un avantage dans l'analyse des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. Ce phénomène étant un acte social dont il faut comprendre les mobiles dans les sujets individuels. Toutefois, il ne s'agit pas pour autant de faire confiance aux discours des acteurs sur leurs pratiques. Le sens individuel de l'action semble échapper à toute généralisation, à fortiori à toute uniformatisation et se perdre dans l'exposé de l'arbitraire des motivations. Pour échapper à la relativité, il propose des outils d'investigation : les types idéaux. Cette exigence des méthodes différentes des règles énoncées par DURKEIM (1947), lequel tente de définir un phénomène social par ses caractères les plus généraux observables dans tous les types de sociétés. Par contre, il cherche à comprendre ce qui fait la singularité d'une situation, d'un comportement, d'une période. Il le fait en dégageant, dans chaque cas, un système de relation intangibles qui « fait sens » pour l'acteur et pour l'observateur. Ainsi les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque ne peuvent être assimilées seulement à des personnes collectives disposant d'une volonté propre, ni même à des entités sociales, mais à des models, des représentations qui flottent dans la tête dont on peut dégager quelques principaux pour organiser ce qui apparaît au premier regard comme confus et contradictoire. Cette thèse développée par WEBER a été prolongée par d'autres penseurs contemporains donnant naissance à des courants théoriques comme la théorie de l'action individuelle.

II-2-2-L'INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE OU ACTION INDIVIDUELLE

La sociologie de l'action individuelle relève de l'individualisme méthodologique différent de l'action collective qui relève du holisme méthodologique. L'individualisme méthodologique est une expression qui a été prononcée en 1954 par le sociologue autrichien A. SCHUMPETER (1954). Concept polysémique l'individualisme méthodologique, loin d'être une doctrine, est un système de pensées qui reconnaît l'individu comme référence fondamentale de la société, dans sa structuration, son fonctionnement et son changement. L'individualisme méthodologique est une règle de méthode applicable en sciences sociales, selon laquelle les phénomènes collectifs doivent être décrits et expliqués à partir des propriétés et des actions des individus et de leurs interactions mutuelles (approche ascendante). Cette règle s'oppose au holisme selon lequel les propriétés des individus se déduisent des propriétés de l'ensemble auquel ils appartiennent (approche descendante). Au sens large, on peut caractériser l'individualisme méthodologique par trois propositions qui postulent que :

1. seuls les individus ont des buts et des intérêts (principe de Popper- Agassi);

2. le système social, et ses changements, résultent de l'action des individus ;

3. tous les phénomènes socio-économiques sont explicables ultimement dans les termes de théories qui se réfèrent seulement aux individus, à leurs dispositions, croyances, ressources et relations.

La proposition trois est celle qui caractérise l'individualisme méthodologique au sens strict, puisque les propositions un et deux sont d'ordre ontologique. Les individus poursuivent des buts sur les fondements de « bonne raison » mais se heurtent à des contraintes qui résultent soit de leurs interactions soit du contexte social. L'individualisme méthodologique est notamment au centre de l'analyse stratégique en sociologie des organisations, approche développée notamment par Michel Crozier et qui vise à comprendre les stratégies réelles mises en place par les acteurs au sein des organisations, au travers notamment de la formation de relations et de jeux de pouvoirs. Outre BOUDON et CROZIER, M. WEBER et J. COLEMAN ont également développé une théorie sociologique sur la base de l'individualisme méthodologique (quoique sous une forme particulière chez Weber). Les sciences sociales ont alors pour objet de décrire les choix effectués sous contraintes par les individus et leurs effets sociaux, en partant du principe que les comportements individuels ne sont jamais la conséquence exclusive de ces contraintes mais résultent toujours d'un choix entre plusieurs actions possibles. Il faut pour cela reconstruire les motivations des individus concernés par le phénomène en question et d'appréhender ce phénomène comme le résultat de l'agrégation de comportements individuels dictés par ces motivations. Les phénomènes sociaux ne résultent donc pas de déterminismes extérieurs mais sont des résultats non attendus de cette agrégation d'actions individuelles. Refus de « lois générales » des comportements sociaux et préférence pour une modélisation statistique des comportements. Approche qui est liée à une certaine idée de la «  liberté » de l'individu et de sa rationalité. L'individualisme méthodologique ne doit pas être confondu avec l' individualisme en tant que conception morale et politique.

Les travaux en affinité avec les principes de l'individualisme méthodologique peuvent être regroupés en trois principales tendances :

· Ceux qui considèrent les actions de l'individu comme toujours motivées par une rationalité sans faille et réduisent la réalité sociale à des transactions guidées par le seul calcul des avantages et coûts. Les principaux représentants de cette tendance sont C. GEORGE, C. HOMANS, O. MANCUR, l'Ecole du Public Choice.

· Ceux qui assouplissent ces hypothèses en reconnaissant à l'individu une rationalité non plus absolue mais relative et limitée : Les principaux représentants de cette tendance sont : A. HEBER et G.JAMES, O. ALBERT, C. CROZIER.

· Ceux qui proposent comme autre variante de la rupture avec la rationalité parfaite en considérant que la capacité limitée d'information, de décision et de simulation de l'individu est liée à la position qu'il occupe vis à vis des autres individus. On parle alors "d'individualisme méthodologique contextualisé". Les principaux représentants de cette tendance sont F. BOURRICAUD et R. BOUDON. Nous nous attarderons dans le cadre de cette étude de l'approche de R. BOUDON.

II-2-2-1-L'approche de R. Boudon

R. BOUDON est un sociologue français né le 27 janvier 1934 à Paris. En France, il s'affirme comme le chef de file de l' individualisme méthodologique, courant qu'il a introduit dans le paysage sociologique français, et qu'il a ensuite largement promu. Se réclamant de E. DURKHEIM, qu'il relit de manière critique ou de Tocqueville, il est surtout influencé par certains aspects de l'oeuvre de M. WEBER, à partir de laquelle il a construit sa théorie de l'individualisme méthodologique. Identifier des phénomènes macroscopiques à partir de phénomènes microscopiques, "retrouver des structures générales à partir de l'analyse de phénomènes particuliers" (BOUDON, 1979), appréhender les phénomènes sociaux bien circonscrits à partir de la logique des comportements individuels est au coeur de tous ses travaux. Effets pervers et ordre social (1977), La Logique du social(1979), La place du désordre(1984) montrent la fécondité d'une analyse menée d'un point de vue méthodologiquement individualiste dans la lignée de Weber, analyse à laquelle l'inégalité des chances (1973), devenu un classique de sociologie, avait déjà apporté une contribution.

Pour R. BOUDON (1979), l'individu est « l'atome logique de l'analyse » car il constitue, à ses yeux, l'élément premier de tout phénomène social. Comprendre le social, c'est, dans cette perspective, analyser les rationalités des individus, puis saisir leurs « effets de composition », c'est-à-dire la façon dont l'ensemble des actions individuelles s'agrègent pour créer un phénomène social. Boudon a mis ainsi en évidence ce qu'il nomme des « effet pervers », c'est-à-dire des « phénomènes de composition » où l'addition d'actions individuelles rationnelles produit des effets inattendus et contraires aux intentions de chacun. Ainsi, les paniques boursières constituent un exemple typique de tels effets pervers. Quand un grand nombre d'individus, par crainte d'une baisse des cours, vendent leurs actifs, ils provoquent ce qu'ils craignaient : une chute du prix des actions. Parti d'une interprétation assez étroite de l'individualisme méthodologique, proche de la théorie de l'acteur rationnel standard, telle qu'elle existe en économie, BOUDON a depuis les années 1990 élargi son analyse. A la place de cette rationalité instrumentale, où l'acteur maximise son utilité, BOUDON (1991) a ainsi insisté sur l'importance des croyances dans l'action individuelle, développant le concept de rationalité cognitive. Trois postulats fondamentaux se dégagent donc de cette approche :

· L'individu, et non le groupe, est "l'atome logique" de l'analyse sociologique,

· La rationalité de cet individu est généralement de type complexe : on ne peut en rendre compte à l'aide des seuls schémas des actions logiques au sens de Pareto,

· Les individus sont inclus dans des systèmes d'interaction dont la structure fixe certaines des contraintes à leurs actions (d'autres contraintes étant par exemple représentées par leurs ressources cognitives ou économiques)

Cette démarche comporte une conséquence importante. Elle indique que le sociologue se donne le droit de recourir à une psychologie universaliste. L'applicabilité de la méthode introspective suppose en effet que l'observateur puisse légitimement se substituer à l'observé. La particularité du contexte où est placé l'observé ne peut affecter sa psychologie au point que son comportement devienne inintelligible à l'observateur. Si le comportement de l'observé apparaît comme difficilement compréhensible, ce n'est pas dû au fait que leurs psychologies soient différentes mais, par exemple, à ce que certains éléments du système d'interaction auquel appartient l'observé échappent à l'observateur.

II-2-2-2-Altération par la théorie des jeux

L'introduction de la théorie des jeux dans l'analyse économique et la naissance de la nouvelle microéconomie sont venues légèrement bouleverser la situation : conformément aux principes de la théorie des jeux, le raisonnement en terme d'individualisme méthodologique est conservé, mais il est dorénavant conféré aux individus une rationalité stratégique qui implique que chaque individu se comporte en fonction des actions entreprises par les autres individus. L'utilisation plus récente de la théorie des jeux évolutionnaires vient encore affaiblir la rationalité des individus tout en conservant l'individualisme méthodologique : les agents sont supposés être « myopes » et disposer uniquement d'une rationalité adaptative.

L'individualisme méthodologique est pour ainsi dire et comme le définit M. GRAWITZ (1984) une tendance à ne considérer que les explications des phénomènes sociaux reposant sur des hypothèses ou des faits en tenant compte des individus. Cette theorie donne de meilleurs outils pour penser le changement; L'individualisme méthodologique a le mérite d'insister sur le rôle des acteurs dans la constitution de phénomènes sociaux. Ce paradigme est fécond : il permet d'expliquer une grande variété de phénomènes. Cependant deux grandes séries de critiques peuvent lui être opposées :

· Celle d'une opposition simpliste entre l'intérêt individuel et la détermination collective,

· Celle d'un déterminisme excessif.

Les individus ne sont pas motivés par la seule matrice des gains individualisables. Ils obéissent aussi à un système de valeurs. Les courants holistes font intervenir un déterminisme collectif à travers les attentes sociales à l'égard des individus (statuts et rôles) et à travers les modèles culturels intériorisés par la socialisation. Les auteurs conventionnalistes, comme André Orléan, contestent les modèles individualistes cherchant à expliquer l'action collective par un calcul optimisateur en situation de jeu. Ainsi le souci de maximisation rend le dilemme du prisonnier sous optimal, la coopération étant impossible faute de confiance. Or le plus souvent les individus ne se laissent pas enfermer dans ces impasses. Ils parviennent à dépasser les impossibilités prédites par la théorie des jeux car ils décident de faire confiance et de coopérer.

Une critique plus radicale est celle qui considère l'individualisme méthodologique comme une vision déterministe et holiste, car, une fois définie la structure du système d'interaction, les actions individuelles (à condition qu'elles soient rationnelles) mènent inéluctablement à un résultat, désiré ou non, qui semble écrit d'avance. Ainsi P. FAVRE (1980 :1253-1254) écrit:

 L'acteur rationnel de R. Boudon n'est pas libre puisque son comportement est conditionné par la logique de la situation... Quoique par des voies différentes, les sociologies de Boudon ne le cèdent donc en rien à celle de Bourdieu quant au déterminisme. Toutes les deux sont également holistes, puisqu'elles tiennent pour assurer que la structure de l'ensemble qu'elles considèrent a des propriétés qui ne résident pas dans les éléments de l'ensemble pris un à un. 

En ce sens Bourdieu et Boudon pourraient être dits structuralistes : tous deux pensent que l'agencement des éléments d'un système a des effets déterminants et que si un seul élément du système est modifié, l'ensemble du système l'est de ce seul fait. Enfin les deux sociologies sont constructivistes. Dans la mesure où elles s'imposent de construire des systèmes de relations qui éclairent le fonctionnement du réel social sans avoir la prétention d'en fournir une description exhaustive. Cette dernière critique permet d'expliquer l'émergence de courants qui, comme l'interactionnisme symbolique et l'ethnométhodologie, ont tenté de dépasser à la fois les limites du holisme et celles de l'individualisme.

II-2-3- PORTEE DE LA THEORIE SUR LE PHENOMENE ETUDIE

Les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque relèvent de l'action sociale. Laquelle a une signification pour les acteurs engagés. Dès lors il faut expliquer le phénomène non seulement dans une perspective holiste, mais aussi comprendre les mobiles de ces actions dans des sujets pris individuellement. Tenir compte de la perception que les acteurs ont de leurs actes. Comme Weber l'a montré, l'analyse sociologique comporte toujours un moment de compréhension. Le sociologue doit se mettre à la place de l'agent qu'il étudie pour en comprendre les actions. Mais la notion de compréhension n'implique pas celle de subjectivisme. D'une part car il est facile, selon l'auteur, "d'obtenir un accord unanime sur l'interprétation d'une action", d'autre part car il convient de corroborer autant que possible son interprétation avec l'observation directe de la réalité. A défaut le sociologue doit s'efforcer de la confirmer en montrant qu'elle permet de rendre compte de tout un ensemble de phénomènes.

Le phénomène est une action collective dont la compréhension est perceptible dans les sujets individuels. Notre étude s'adapte à cette théorie en ce sens que celle-ci nous permet de comprendre les motivations réelles des individus à faire recours aux zones à risque comme lieux du développement des activités socio-économiques. Les configurations humaines dans les sites à risque s'appréhendent comme des jeux d'acteurs qui se traduisent par des actions collectives. Ces actions sont orientées vers des buts de nature socio-économique, des interactions qui produisent des effets d'incertitude objectivant et subjectivant que sont les risques et qu'il faut chercher à comprendre non seulement dans le tas, mais dans les sujets individuels. Le sociologue doit d'abord étudier les actions individuelles qui constituent les éléments de base du social, puis montrer comment ces actions ont inféré et donné naissance à un phénomène social. Il faut comprendre les raisons qu'ont les populations de Douala, plus particulièrement celles des zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité à habiter les zones à risque et à y développer les activités économiques diverses, de faire ce qu'elles font ou de croire ce qu'elles croient.

II-3-THEORIE COMPLEMENTAIRE

II-3-1-LA THEORIE DE LA SOCIOLOGIE DYNAMISTE ET CRITIQUE

La sociologie dynamiste et critique est issue de l'école générative née pendant la période des années soixante. L'école dynamiste et critique optait pour objectif selon lequel tout chercheur est investi d'une attitude critique en rupture avec les catégories de l'ordre social. Cette théorie fort critique contre le structuralisme génétique met au centre de sa réflexion l'étude des changements, des mutations, des mouvements sociaux, du devenir des sociétés. Les promoteurs de cette théorie sont : G. GURVITCH, A. TOURAINE, C. RIVIERE, G. BALANDIER etc. Cependant la thèse développée A. TOURAINE nous intéressent dans le cadre de cette étude.

II-3-2-LES FONDEMENTS DE LA SOCIOLOGIE DYNAMIQUE DE BALANDIER

G. BALANDIER est né en 1920 à Aillevillers-et-LYaumont. Il est la figure majeure de l'anthropologie dynamique. C'est en 1955 que BALANDIER précise la démarche scientifique dans son ouvrage intitulé l'anthropologie appliquée aux problèmes des pays sous développés. Il privilégie l'approche dynamiste des structures et des systèmes sociaux africains et la nécessité de tenir compte des résultats acquis par d'autres sciences.

Il aborde la dynamique sociale dans une perspective particulière : L'analyse des sociétés dites sous développées caractérisées par des processus de changements lents, base ses travaux sur les méthodes extrêmement logiques. Il considère que chaque système social est instable et laisse cohabiter l'ordre et le désordre et qu'en conséquence, il faut interpréter les changements à travers les révélateurs de désajustement à savoir les conflits, les tensions, les crises. Une société parfaitement unie serait une société fermée dans laquelle rien ne peut bouger, une société morte. BALANDIER s'intéresse au phénomène de production et de reproduction d'une société. La société se produit continuellement, chaque individu va jouer sur son environnement et contribuer au renouvellement de la société. Ainsi les faits historiques prônent que toutes les configurations sociales sont constamment en mouvements. Aucune société n'est contrainte à vivre une longue permanence, une longue période d'autarcie. BALANDIER (1971) peut remarquer que ce dynamisme prône d'avantage l'aspect d'une oeuvre collective jamais achevée et toujours à refaire. L'objet de la sociologie n'est pas statique historique, mais présente des réalités, « officielles et officieuses ».

Les études dynamiques ont pour but de corriger les théories structuralistes génétiques et l'ethnologie qui traitent certaines sociétés comme étant perpétuellement fixes, établies dans un perpétuel présent. Il s'agit de restituer à ces types de sociétés une dynamique permanente. La société est définie par le model des figures qui marquent une coupure par rapport aux représentations classiques. Ce sont des agencements vulnérables et problématiques des systèmes de relations réjouissants l'activité collective, l'ordre et le désordre y sont ensemble. Les orientations actuelles de la sociologie dynamiste sont perçues dans le sens d'une analyse multilinéaire. Dans cette conception, la notion de progrès est redéfinie. Il n'est plus continu, ni nécessaire et répétitif. Il existe des éléments dynamiques à l'intérieur de chaque société. A ce titre, le développement ou la transformation n'est que le travail des éléments dynamiques qui existent à l'intérieur de la structure concernée, ce que BALANDIER (1971) appelle « dynamique du dedans ».Toutefois, les éléments qui viennent de l'extérieur peuvent modifier, ralentir ou étouffer les énergies internes. C'est la « dynamique du dehors ». Trois postulats sont à considérer dans l'approche de Balandier :

-les sociétés inscrites dans la dépendance sont affectées par leurs rapports avec les sociétés qui leur sont externes et cela au niveau de leurs structures sociales, politique, culturelles et économique.

-ces sociétés doivent par conséquent être analysées après repérage du « dynamisme du dedans » et leur « dynamisme du dehors ».

-Doivent être également prises en compte les interrelations de ces dynamiques.

La démarche de BALANDIER (2000) valorise les potentialités de chaque société, de déceler tout ce qu'une société recèle de peu visible, de latent et qui permet de comprendre que les formes visibles ne sont jamais ce qu'elles paraissent être ou ce qu'elles prétendent être. Elles s'expriment à deux niveaux au moins, un superficiel présente les structures officielles, l'autre profond assure l'accès aux rapports réels les plus fondamentaux et aux pratiques révélatrices de la dynamique du système sociale. La démarche de Balandier a pour avantage de mettre en valeur les complexités très souvent absentes dans une perspective unilatérale. C'est ainsi que les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque peuvent être révélatrices de ces complexités.

Balandier va plus loin dans ses analyses des dynamiques sociales, celle du dedans et celle du dehors et envisage une sociologie des mutations. Si les sociétés de dépendance doivent être analysées dans leurs dynamiques, celles ci devraient être appréhendées du point de vue des mutations en tend que séries de ruptures. Dès lors, la sociologie des mutations doit être abordée en deux temps. D'abord le problème d'identification ou de repérage, ensuite la dynamique de la mutation sociale. La mutation est une rupture dans une continuité, une conjonction et événement provoquant une transformation profonde et assurant une continuité par d'autres moyens. Balandier débouche plutôt à une phénoménologie des mutations sociales qu'à leur explication.

Contrairement à Balandier, A. TOURAINE fonde ses analyses sur les sociétés industrielles et post industrielles, caractérisées par des processus de changements significatifs.

II-3-3-LES FONDEMENTS DE LA SOCIOLOGIE DYNAMISTE ET CRITIQUE DE A. TOURAINE

A TOURAINE est né en France dans le calvados en 1925. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages tels l'évolution du travail ouvrier aux usines Renaud, les conditions des ouvriers d'origine agricole respectivement en 1955 et en 1961. Ces premiers travaux portent sur la Sociologie du travail très influencée par les conséquences de l'industrialisation. Tout comme Balandier, A. TOURAINE prend ses distances avec le structuralisme et précise l'objet de la sociologie parmi les autres sciences. Dès 1965, il entend construire l'objet de la sociologie par opposition aux autres sociologies classiques notamment les thèses de KARL MARX et de MAX WEBER.

Contre MARX, A. TOURAINE récuse l'approche qui privilégie les analyses des conséquences sociales d'un facteur dominant. Et contre WEBER, la critique selon laquelle l'objet de la sociologie serait de restituer le sens visé par les acteurs. Il se propose de redéfinir la sociologie comme l'étude de l'action, action d'un sujet historique dont les orientations se définissent par rapport à l'ensemble des conditions sociales. Le travail est le point de départ du model d'analyse de type « actionniste ». Le travail perçu comme une activité collective. Ainsi A. TOURAINE rejette définitivement le structuralisme et crée alors deux concepts : L'historicité et rapport de classe. La sociologie d'A. TOURAINE est donc une sociologie de l'action collective doublée d'une sociologie critique du conflit social. Une sociologie de haute et de moyenne portée. Il s'agit en effet pour emprunter la terminologie de TOURAINE, d'une « propédeutique » qui a pour but de baliser la démarche théorique conformément aux nouvelles exigences de la sociologie. Se situant aux antipodes des théories classiques qui considèrent la société «  comme une chose » DURKHEIM (1947), TOURAINE soutient que les sociétés ne sont pas des entités stables, inertes et donc immuables, mais plutôt comme des entités changeantes, évanescentes et partant, marquées du double sceau de l'historicité et du dynamisme. C'est non sans pertinence que l'auteur soutient :

  la sociologie n'existe qu'à partir du moment ou les sociétés ne sont plus situées par rapport à un ordre qui leur est extérieur, mais saisies dans leur historicité, dans leur capacité à se reproduire. A. TOURAINE(1981 :52).

II-3-3-PORTEE DE LA THEORIE SUR LE PHENOMENE ETUDIE.

Autant la thèse de Balandier, celle développée par TOURAINE récuse les permanences structurelles et formelles pour s'intéresser à l'historicité ; laquelle est évocatrice de la vie intime des sociétés. La théorie dynamiste et critique a donc l'avantage de prendre l'objet de la sociologie non seulement comme statistique historique, mais aussi comme un objet qui présente une réalité bidimensionnelle (dimension officielle et dimension officieuse).

C'est dire enfin de compte que, la sociologie dynamiste et critique consiste à envisager les structures sociales dans leur histoire ou devenir, dans leurs actions et réactions, et non plus sous la forme de «  structures et de systèmes intemporels ».

La théorie de la dynamique sociale nous aidera à comprendre les dynamiques socio-économiques dans les zones à risque de Douala. Les bouleversements, les mouvements des populations urbaines relèvent d'un dynamisme nouveau, lequel participe à une construction du risque socio-économique. Les éléments dynamiques dont regorgent toujours les populations de Douala sont toujours disposés à transformer le monde socio-économique. Ces éléments peuvent provenir de l'intérieur « dynamique du dedans »ou de l'extérieur « dynamique du dehors ». Les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque s'inscrivent donc dans la théorie la dynamique sociale. Dans cette perspective, elles sont perçues comme des mouvements sociaux, des faits sociaux toujours en perpétuels mouvements. Lesquels ont un sens et une puissance qu'il faut chercher à et à comprendre expliquer.

CHAPITRE III

LA METHODOLOGIE DE L'ETUDE

L'objet de ce chapitre est de décrire la méthodologie ayant permis d'arriver aux résultats de cette recherche. Il s'agit de l'ensemble des méthodes d'approche des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. La méthodologie s'articule autour de cinq points : la formulation des hypothèses et la construction des variables, la logique et la méthode de recherche, les techniques de collecte des données, l'unité d'observation et la taille de l'échantillon, le déroulement de la collecte des données, méthodes d'analyse des résultats et difficultés rencontrées .

III-1-FORMULATION DES HYPOTHESES ET CONSTRUCTION DES VARIABLESII-1-FORMULATION DES HYPOTHESES ET CONSTRUCTION DES VARIABLES

III-1-1- FORMULATION DES HYPOTHESES

De la problématique de recherche, découle une hypothèse générale : les populations se déploient de plus en plus dans les sites à risque pour des buts de nature socio-économique, ouvrant ainsi des potentialités au déploiement des crises sanitaires. Cette hypothèse générale est opérationnalisée en quatre hypothèses secondaires :

H1- En dépit des crises de logement à Douala, et de la difficulté d'intégration socio-économique des acteurs démunis dans une ville en pleine expansion, ceux-ci font recours aux sites à risque comme lieux d'habitation et d'expression économique.

H2- la perception que les acteurs ont de leur environnement immédiat dépend de leur niveau d'instruction, de leur durée de résidence dans le quartier, de leur sexe. Certains ont une perception positive de leur milieu, d'autres perçoivent négativement leur milieu mais minimisent les risques.

H3, les populations des sites à risque vivent dans des conditions déplorables et survivent grâces aux activités informelles.

H4- les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque produisent des effets négatifs sur la santé des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages.

III-1-2-CONSTRUCTION DES VARIABLES

-L'hypothèse principale met en rapport deux variables : la variable dépendante et la variable indépendante. La variable dépendante est : les populations se déploient de plus en plus dans les sites à risque pour des buts de nature socio-économique; la variable indépendante est : ouvrant ainsi des potentialités au déploiement des crises sectorielles.

VH1, VH2, VH3, VH4 correspondent respectivement aux variables des hypothèses 1, 2, 3, 4

-VH1 : la variable dépendante est : le recours aux sites à risques comme milieux d'habitation et d'expression économique ; les variables indépendantes sont : les crises de logement à Douala, la difficulté d'intégration socio-économique des acteurs démunis. Les indicateurs sont la croissance démographique et l'expansion urbaine, l'accroissement de l'exode rurale et la difficulté d'intégration des migrants, les logements urbains, le revenu des acteurs.

-VH2 : la variable dépendante est : perception positive et négative de l'environnement immédiat ; les variables indépendantes sont : le niveau d'instruction, la durée de résidence dans le quartier, le sexe des acteurs. Les indicateurs sont : la perception de l'acuité des problèmes liés aux cadres de vies, la perception sur l'origine des problèmes sanitaires, la perception des causes de l'accumulation des ordures.

-VH3 : la variable dépendante est : les populations des sites à risque, les variables indépendantes sont : conditions de vies déplorables, activités de survies informelles. Les indicateurs sont : taille de ménage et type d'habitat, source d'approvisionnement en eau, en énergie, les types d'aisance, et les types d'activités informelles

-VH4 : La variable dépendante est : dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et la variable indépendante est : effets négatifs sur la santé des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages. Les indicateurs sont: la santé des acteurs, la scolarisation des enfants, conditions alimentaires, l'intégrations des acteurs aux activités associatives, la condition psychologique des acteurs.

III-2-LOGIQUE ET METHODE DE LA RECHERCHEII-2-LOGIQUE ET METHODE DE LA RECHERCHE

La question des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque est analysée à travers une double approche compréhensible et explicative.

 On parle de sociologie compréhensible pour designer une

méthode de travail s'attachant à déterminer les mobiles cons-

cients et inconscients des actions individuelles. MONTOUSSE

et G. RENOUARD, (1997 :18).

L'approche compréhensible est fondée sur la conception webernienne de la sociologie comme une étude des actions sociales. La démarche compréhensive a permis de comprendre et d'analyser le contenu des opinions des acteurs des sites à risque en vue de découvrir le sens qu'ils donnent à leurs actions d'une part, et la finalité qu'ils escomptent de cet acte d'autre part. La méthode explicative s'inspire de la proposition durkheimienne selon laquelle le sociologue doit expliquer le social par le social. Dans le cadre de cette étude, cette approche a permis de d'identifier la relation de dépendance qui existe entre les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses implications socio-économiques.

III-3-TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEESII-3- TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES

L'étude est descriptive et analytique. Elle a eu recours aux sources écrites et à la tradition orale. Un grand travail de terrain a été aussi réalisé. Pour collecter les informations, nous avons établit un protocole de recueil des données documentaires pour l'observation documentaire, un guide d'entretien et un questionnaire pour l'observation indirecte. Toutefois, certaines données ont été collectées au moyen d'observation directe.

III-3-1-LE RECUEIL DES DONNÉES DOCUMENTAIRES

L'observation documentaire a permis dans le cadre de cette étude de faire une meilleure connaissance du sujet à travers l'analyse des documents, de mieux circonscrire le travail en s'appuyant sur les travaux antérieurs. Par la suite, enrichir notre littérature et établir un cadre théorique à la recherche. Un protocole de recueil des données a été établi à partir du sujet et de certains indicateurs. Ce recueil a permis de sélectionner des données pertinentes d'un certain nombre de documents que nous avons exploités. Ainsi nous avons eu recours à des ouvrages généraux, les ouvrages spécifiques, des coupures de journaux, des mémoires et rapports. Enfin, l'observation documentaire a été une orientation à la recherche empirique.

Si l'analyse documentaire a occupé une place dans l'étude de documents sur le sujet et l'élaboration du cadre théorique, la compréhension du phénomène dans les zones cibles de Douala ne pouvait se fonder sur la bibliographie existante. Pour ce deuxième volet de l'étude, il a fallut réaliser un travail de terrain, qui a consisté à aller auprès des populations cibles et recueillir des informations aux moyens des instruments comme le guide d'entretien et le questionnaire.

III-3-2-L'ENTRETIEN INDIVIDUEL

Selon M. GRAWITZ, (2001) l'entretien est un procédé d'investigation qui utilise un processus de communication verbale pour collecter des informations relatives à un thème. L'entretien individuel a été réalisé au moyen d'un guide d'entretien et le type privilégié est semi-directif. Plusieurs raisons justifient l'usage de cette technique : par sa nature, ce type d'entretien permet de recueillir les données qui se prêtent à des comparaisons. Ensuite, permet d'éviter le biais concentrique provenant du fait qu'on oblige les personnes à répondre aux mêmes questions, même si elles n'ont manifestement aucune réponse. Elle a aussi la particularité d'avoir servi à établir une interaction directe entre l'enquêteur et les enquêtés. Le but étant de laisser ceux-ci faire part en toute liberté le sens qu'ils accordent à leurs actions et leurs pratiques dans les sites à risque, de leurs perceptions et interprétations des risques, leurs conditions de vie et ses implications. Enfin cette technique a permis de collecter des données des populations (les commerçants pour la plupart) qui, lors des études exploratoires n'avaient manifestement pas le temps à consacrer au remplissage du questionnaire. Les entretiens semi directifs ont été associés à la démarche compréhensive pour réaliser l'opération de collecte des données qualitatives. L'approche qualitative présente donc un intérêt certain. En effet, cette approche est appropriée pour étudier tout ce qui est qualitatif et la perception est essentiellement qualitative. Au niveau individuel, cette approche nous a permis de mettre en évidence les représentations mentales, d'approfondir l'étude et de faire une comparaison des informations recueillies. En outre, elle nous a permis d'avoir la détermination enracinée, c'est-à-dire l'ensemble des éléments reflétant les opinions, les perceptions et les comportements tels qu'ils apparaissent dans le champ d'observation. Aussi, permet d'aller un peu plus loin dans la compréhension des pratiques socio-économiques dans les zones à risque. Le guide d'entretien est structuré de la manière suivante :

I - Identification du répondant

II- Guide thématique

III-3-3-L'ADMINISTRATION DU QUESTIONNAIRE

Le procédé d'enquête par questionnaire a consisté à poser aux populations des sites à risque représentatives, une série de questions relatives à leurs situations. Cette technique a rendu possible la confrontation des données relatives aux conditions de vies dans les sites à risque et ses implications socio-économiques, dans la mesure où elle a favorisé la quantification des informations recueillies, (ce qui a rendu aisée l'analyse des corrélations pouvant relier les modalités de l'échantillon). Le questionnaire utilisé est le type semi-ouvert. Il est constitué de 39 questions centrées sur trois thèmes principaux : les motivations réelles de l'installation des populations dans les zones à risque, les conditions de vie dans les sites à risque et les implications liées à ces conditions de vie. Cette technique est complémentaire à la démarche explicative de notre recherche car elle a préconisé l'identification et l'usage des régularités statistiques comme outils d'explication et de vérification des hypothèses théoriques formulées. Toutefois, l'application des techniques de recherches sues citées exige une sélection et une répartition préalable de l'échantillon de la population à étudier.

III-4-UNITE D'OBSERVATION ET TAILLE DE L'ECHANTILLONII-4-UNITE D'OBSERVATION ET TAILLE DE L'ECHANTILLON

La ville de Douala a été retenue comme champ empirique pour plusieurs raisons. D'abord elle est non seulement une ville essentiellement marécageuse (site à risque), mais elle est une ville qui connaît une très forte concentration des individus vivant dans ces sites. Le champ d'investigation est composé de deux quartiers représentatifs de l'arrondissement de Douala 5 (Maképé Missoké et Maképé Maturité). Ces quartiers ont été retenu sur la base de leur caractère pollué et insalubre.

Les entretiens ont été menés auprès de deux types de personnes : les personnes ressources et les informateurs. Les personnes ressources sont les individus vivant dans les milieux à risque, les populations concernées directement par l'étude. Nous désirons comprendre ce qui les motive à fréquenter ces milieux, comment elles vivent, la perception qu'elles ont de leur environnement immédiat et ensuite les incidences socio-économiques. L'entretien a porté sur un échantillon de 40 personnes dont 19 à Maképé Missoké et 21 à Maképé Maturité. Quant aux informateurs, ce sont des personnes administratives, des experts, des chercheurs dont l'activité professionnelle est proche du public étudié. Ceux-ci pouvant donner leurs points de vue sur le phénomène. Les personnes témoins entrent dans ce groupe des informateurs. Ce sont des gens vivant à proximité des personnes ressources et pouvant confirmer ou non les affirmations des personnes ressources. Dans ce cadre , nous nous sommes entretenus avec 3 infirmiers,  un médecin chef, 3 cadres administratifs à la Communauté Urbaine de Douala ( CUD) et à la mairie de Douala Ve, 2 leaders des Organisations Non Gouvernementales ( ONG) et les deux chefs des quartiers de la recherche.

Le questionnaire a été administré seulement aux personnes ressources et compte tenu du caractère vaste de la population mère, le tirage ne s'est pas fait sur les individus, mais sur les aires géographiques, (l'échantillonnage aérolaire). L'échantillon a été reparti de façon égale entre les zones de l'enquête ceci afin d'accorder la chance aux populations de chaque site d'y figurer. Ainsi la taille de notre échantillon a été fixée à 200 individus dont 100 individus par site.

Tableau 1 : répartition de la population enquêtée par site

Sites

Echantillon

Pourcentage

 

Prévu

Réalisé

 

Maképé Missoké

100

100

100

Maképé Maturité

100

100

100

Total

200

200

100

Source : notre enquête sur le terrain

Nos quotas ont été atteints dans les deux sites. Tous les questionnaires nous ont été retournés. Mais certaines questions ont été soit mal remplies, soit pas du tout remplies.

Tableau 2 : répartition de la population enquêtée par site et par sexe

Sites

Echantillon

Pourcentage de réalisation

 

hommes

femmes

 

Maképé Missoké

50

50

100

Maképé Maturité

50

50

100

Total

100

100

100

Source : notre enquête sur le terrain

Du tableau ci-dessus, l'administration du questionnaire s'est faite de manière égale entre le sexe et les sites. En tout, 100 femmes et 100 hommes ont été enquêtés, dont 50 par site. Les quotas ont été atteints.

III-5-DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES, METHODE D'ANALYSE DES RESULTATS ET DIFFICULTEES RENCONTREESII-5-DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES, METHODE D'ANALYSE DES RESULTATS ET DIFFICULTEES RENCONTREES

III-5-1- DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES

Une étude exploratoire a été menée dans les sites d'enquête du 20 mai au 10 juin 2006. Le but était de nous imprégner de la réalité des dynamiques socio-économiques dans ces sites. En outre, il était question de voir la réalité du terrain et de proposer des techniques qui conviendraient dans la collecte des données. C'est après cette phase que nous avons conçu un model de questionnaire et de guide d'entretien. La deuxième descente était celle de test de nos instruments. Elle s'est déroulée du 05 janvier au 09 janvier 2007 et a porté sur 04 personnes pour le guide d'entretien et sur 20 personnes pour le questionnaire dont 10 par site. Elle a porté essentiellement sur les personnes ressources. A l'issu de cette phase, certaines questions ont été supprimées ou modifiées car ne répondant pas à nos objectifs. La dernière descente a été celle de la collecte de données proprement dite. Elle a eu lieu du 20 janvier au 30 février 2007.

Les entretiens se sont déroulés en journée, dans les domiciles des enquêtés et dans les lieux d'activité des individus du 20 janvier au 30 février. La durée des entretiens était variable. Elle allait de 20 à 50 minutes selon l'humeur et la disponibilité de l'individu. Un magnétophone a été adopté pour enregistrer les entretiens.

L'administration du questionnaire a eu lieu du 10 au 22 février les soirs dans les domiciles des enquêtés et dans certains coins de rencontres comme les restaurants. La stratégie adoptée consistait à intercepter des répondants à qui nous avons demandé d'en identifier d'autres. Nous avons eu recours au service d'autres enquêteurs pour collecter nos informations. Certains étaient nos camarades (2 au total) , d'autres des individus rencontrés dans les sites pouvant nous aider à traduire certaines questions aux enquêtés ne sachant ni lire , ni écrire le français. Ils ont été au préalable formés (5 au total). Au cours de ce bref des enquêteurs, le questionnaire a été lu et expliqué afin de leur donner sa philosophie et de leur faire comprendre certaines notions qui paraissent complexes.

En ce qui concerne la collecte des données documentaires, elle a commencé dès lors qu'est né le désir de faire cette recherche et s'est achevée à la rédaction finale du mémoire. Les documents exploités sont de sources diverses (bibliothèque centrale de l'université de Douala, bibliothèque du département de philosophie et sciences sociales de l'université de Yaoundé, Archives et bibliothèque de la CUD, de la mairie de douala 5e, bibliothèque de l'IFORD Yaoundé, les services provinciaux, les centres culturels, les sites internets etc.)

Le recours à l'observation directe a permis de cerner de près les réalités et les informations que l'enquête ne pouvait obtenir au moyen de l'observation indirecte. Ainsi certaines données ont été collectées par observation directe qui a consisté à entrer dans certains milieux et enregistrer directement les informations.

III-5-2-TECHNIQUES D'ANALYSE DES RESULTATS

-Méthode d'analyse des données qualitatives

L'analyse de contenu est la méthode utilisée pour traiter les données qualitatives. Nous avons fait une analyse propositionnelle des discours. Des tableaux ont été construits contenant des modèles argumentaires en respectant les discours. L'interprétation des modèles argumentaires et de leur régularité a permis d'appréhender les jugements et les perceptions des acteurs des sites à risque.

-Méthode d'analyse des données quantitatives

Les données recueillies sur le terrain ont été traitées et analysées sur micro-ordinateur à l'aide du logiciel Excel 2003. L'analyse comporte un volley descriptif et un volley explicatif. En effet, Les données collectées ont été analysées dans de tableaux à travers des statistiques inférentielles tels que le calcul de pourcentage et la réalisation des textes statistiques. Ceci afin de comparer si les données entre les zones et les populations étudiées sont significatives ou non.

L'analyse documentaire s'est faite manuellement et le tri a été réalisé à partir du protocole des données documentaires.

Certaines variables ont été prises en compte dans l'analyse des données : le sexe, l'age, la taille du ménage, le niveau d'instruction, la durée de résidence dans le quartier.

III-5-3-DIFFICULTES RENCONTREES

La réalisation de cette recherche a été entachée de plusieurs difficultés. La première est liée au refus. En effet certains enquêtés ont été réticents à nos enquêtes, ils ont refusé de nous fournir des informations, ce qui a retardé quelque peu la collecte des données sur le terrain. D'autres se sont réservés de fournir toutes les informations relatives à leur personnalité. Pour les femmes « buy and sellam »(1) par exemple, nous sommes les agents de l'état et faisons de l'interview pour espionner leur évolution économique et voir comment leur imposer des contraintes fiscales. La plupart des enquêtés ont juste donné leurs prénoms et ont refusé de nous donner leurs noms car croyant que nous pouvons les vendre dans les sectes. Mais nous avons pu contourner ces difficultés à travers l'établissement d'un climat de confiance entre les populations et nous. Nous les avons rassurés du but scientifique et académique de l'enquête, de l'anonymat des déclarations pour ceux qui nous ont donné leurs noms. Le dernier biais est celui relatif à l'accès dans les sites d'enquête. Par deux fois nous avons reporté la descente sur le terrain à cause des inondations dans les dits sites.

(1) expression couramment utilisée dans le commerce pour désigner les femmes qui achètent des produits vivriers et les revendent

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Au terme de cette première partie intitulée : revue de la littérature et méthodologie de l'étude, constatons que les études sociologiques sur le phénomène étudié sont rares au Cameroun. Celles qui ont fait l'objet de notre analyse ont été menées pour la plupart dans les pays européens et s'inscrivent particulièrement sur La sociologie des risques. La méthodologie repose sur une logique combinant deux approches explicative et compréhensive. L'étude traite à partir de l'analyse de contenu, l'analyse proportionnelle des discours, des statistiques inférentielles, les données quali-quantitatives. Lesquelles sont contenues dans des sources documentaires, des entretiens et des sondages réalisés auprès de 51 et de 200 personnes. La dynamique sociale, et la théorie de l'action sociale constituent les champs théoriques de cette étude.

DEUXIEME PARTIE

PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE

Nous avons dans le cadre de la première partie fait une revue critique de la littérature sur le sujet soumis à l'étude. Ensuite la méthodologie d'étude a été définie. Dans le cadre de cette partie, il est question de présenter et analyser les résultats obtenus sur les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque, la perception des risques par la population, leurs conditions et stratégies de vie. Comme la première, cette seconde partie et constituée de trois chapitres :

-le premier intitulé mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et perception des risques par la population. L'objectif de ce chapitre est de comprendre et d'expliquer les raisons qui poussent les individus à s'installer et à exercer des activités socio-économiques dans les sites à risque. Analyser la perception que cette population a de leur environnement immédiat (des risques)

-le second est intitulé conditions et stratégies de vie des populations des sites à risque. Il correspond au second objectif de l'étude tel qu'énoncé à l'introduction. Deux points sont analysés ici : les conditions de vie dans les ménages et les stratégies de survie des populations.

-le troisième présente et analyse les incidences socio-économiques du phénomène notamment sur la santé de la population sur la vie dans les ménages. Il est intitulé : dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses implications sur l'environnement social

CHAPITRE IV

MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES

DANS LES SITES A RISQUE ET PERCEPTION DES RISQUES PAR LES POPULATIONSCHAPITRE III:

Dans la ville de Douala, plus de 60% de la population vivent dans les zones marécageuses non aménagées, polluées, insalubres. Les sites de Maképé Missoké et Maképé Maturité font partir de ces zones jugées à risque. Cependant ils (ces sites) connaissent depuis 1972 (année de la création du grand quartier Maképé) une mutation socio-économique profonde. L'un de nos objectifs fixé au départ de cette étude était de comprendre et d'expliquer les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Maképé Missoké et Maképé Maturité. Ensuite évaluer la perception que les populations ont des risques. Ce chapitre rend présente est analyse les résultas obtenus. Trois points sont analysés : les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque, les caractéristiques des populations et les représentations sociales des risques. Au plan théorique, il s'appuie sur la théorie de la dynamique sociale et de l'individualisme méthodologique.

IV-1-MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES

DANS LES SITES A RISQUE

Cette section rend compte des motivations des acteurs à fréquenter les sites à risque. L'analyse procède par une approche dynamiste en mettant en exergue la croissance démographique et l'expansion urbaine, l'accroissement de l'exode rurale et la difficulté d'intégration des migrants. Ensuite une approche individuelle, dont la méthodologie procède par une présentation des discours des acteurs (dix individus au total) lesquels ont fait par la suite l'objet d'une analyse approfondie à partir de certains indicateurs pertinents.

IV-1-1-CONTEXTE GENERAL DES MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE

IV-1-1-1-Croissance démographique et expansion urbaine

Tous les pays du monde sont aujourd'hui confrontés à l'expansion accélérée des grandes métropoles urbaines. Entre les années 50 et 80, l'Afrique s'est distinguée par un boom démographique inversement proportionnel à la croissance économique. Avec un revenu per capita inférieur à 1000 dollars, ces pays n'ont pas moins franchi le cap de 24% de la croissance démographique par an. Preuve s'il en était que pauvreté et forte natalité font bon ménage. Au cours de la même période, la population urbaine s'élevait au rythme de 6% par an alors que l'accroissement des emplois offerts dans le secteur moderne ne représentait que 2%. Très vite, la demande d'emplois est apparue supérieure à l'offre. Douala avec plus de trois millions d'habitants dans une décennie n'échappe pas à la règle. Cette croissance ne s'accompagne généralement pas des actions visant à améliorer les équipements et les quartiers urbains. La rupture des équilibres multiséculaires entre les taux de natalité et de mortalité a provoqué un triplement de la population dans les zones insensibles, zones marécageuses dites à risque comme celles de Maképé Missoké et Maképé Maturité. Il y a dès lors une extension urbaine qui exerce à son tour comme le déclare G. CAVALLIER, (1998 : 107) « des puissants effets d'entraînement sur le développement ». Les effets d'un rassemblement humain sans précédent qui s'accomplit en dehors de tout appel économique.

La pression démographique est beaucoup plus forte, les capacités institutionnelles et financières bien plus faibles, et les possibilités d'expansion à l'étranger très limitées. Dès lors la croissance urbaine s'accompagne d'un recours aux sites de résidences et d'expression économique sans control par les acteurs pauvres et dont les conditions de vie sont intolérables. Partout dans le monde, les agglomérations urbaines continuent à se développer en tache d'huile. G. DUPUY et P. SAJOUS (1998). Elles envahissent leurs périphéries, proliférant de manière anarchique, ignorant les sites et consommant de vastes territoires sans logique apparente. La forte variation des prix fonciers selon la situation des terrains à bâtir par rapport au centre ville, la tendance lourde à une consommation accrue d'espace par habitant en sont les principales causes de ce dynamisme ou mutation sociale. Ces éléments favorisent la diversification du corps social. Une coupure de plus en plus nette sépare les quartiers centraux qui participent à l'économie moderne et les quartiers de peuplement informel, où sévit la pauvreté et où se développe une économie de subsistance et de survie.

A Douala, la croissance démographique a favorisé la diversification du corps social. Les différenciations se multiplient, la gamme des inégalités s'élargit et la variété des relations s'amplifie. Fruit de l'inégalité, le recours progressif des populations aux sites non aménagés. L'enfermement sur eux-mêmes des quartiers pauvres comme Maképé Missoké et Maképé Maturité et des quartiers riches comme par exemple Bonapriso, Bonamoussadi fait peser sur les populations un risque majeur de sécession urbaine et sociale. Dès lors, naissent des quartiers cumulant les handicaps, mis hors circuit qui se transforment en « ghettos des pauvres ».

Tableau 3 : évolution par milliers de la population de Douala de 1968 à 2000

Année

Population

1968

250

1970

250

1976

400

1978

483

1980

600

2000

2000

Source : MINEF, 1987 démo, 1987, population de Douala

Du tableau ci-dessus, la population de douala connaît une irruption depuis 1970. De 250 habitants par milliers, elle est passée à 2000 habitants par milliers en 2000. Les projections faites par les spécialistes de la démographie ont annoncé le triplement de cette population en 2005. Les données du dernier recensement ne sont malheureusement pas encore disponibles.

IV-1-1-2-LA CROISSANCE DE L'EXODE RURALE ET LA DIFFICULTE D'INTEGRATION DES MIGRANTS.

La croissance de l'exode rurale est une des causes de l'expansion urbaine. Il se produit un transfert net de pauvreté entre zones rurales et urbaines car les nombreux migrants (notamment les jeunes) cherchent à travailler, à améliorer leur niveau de vie. Or le gouvernement ne dispose ni de moyens voulus, ni du personnel compétent pour disposer à cette population les services et les installations nécessaires à une bonne qualité de vie. D'où l'expansion d'établissements humains illégaux, aux installations insuffisantes et souvent rudimentaires, surpeuplées et connaissant une forte incidence des maladies dues à un environnement insalubre comme Maképé Missoké et Maképé Maturité. Il y a un surpeuplement des populations sous-employées dans les secteurs et tout le tissu de l'économie urbaine ; Un transfert de pauvreté en ce sens que ce ne sont pas les ruraux productifs, mais les ruraux pauvres qui se transforment, du moins temporairement en citadins inactifs, démunis et habitants des taudis. Rester sous employé ou chômeur en ville pendant un certain temps quelque soient les lieux revenant moins cher qu'à la campagne. La ville attire ainsi des populations non qualifiées mais offre alors peu d'opportunité. J. FORRESTIER (1979 :147) dit qu'« elle fait tomber les sous employés dans une basse condition économique d'où peu s'échappe ».

Au niveau macrosociologique les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque sont perçus comme une conséquence de l'expansion urbaine due à une explosion de la population urbaine. Les inégalités qui naissent de cette explosion urbaine poussent les individus pauvres à rechercher les sites d'abris qui sont des sites dépourvus de toutes infrastructures sociales, des sites à écologie peu fiable, ceci dans le but de survivre. En outre, l'installation de la population migrante dans les sites à risque est une conséquence de la difficulté qu'elle rencontre quant à leur intégration dans le territoire et l'économie urbains. Toutefois, pris individuellement, comment comprendre les mobiles d'habitations des sites à risque ?

IV-1-2-APPROCHE INDIVIDUELLE SUR LES MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE.

IV-1-2-1-discours recueillis sur les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque

Profil 1

« Je suis ALINE. Cela fait 25 ans que je suis dans cette zone. Au départ je venais juste en congé ici, mais avec le temps, je me suis familiarisée à la zone au point où je m'y suis ensuite installée avec toute ma famille. C'est grâce à mes cousins que j'ai trouvé cette surface, ils sont juste à mes cotés. C'est eux qui m'hébergeaient lorsque je venais ici. C'est vrai qu'au départ, je ne voulais pas habiter ici, mais ce n'était pas aussi facile de vivre loin des miens. Nous constituons une véritable famille ici et il est difficile pour moi de les abandonner. Je suis de l'Ouest. La vie est certes dure ici, mais je me débrouille autant que je peux pour nourrir mes enfants, je m'exerce dans le petit commerce et mon mari  est moto taximan. » (ALINE, Maképé Missoké)

Profil 2

« Moi c'est GISELE, la vie dans cette zone n'est pas du tout facile à cause de multiples pollutions qui s'y dégagent. Cela fait seulement cinq ans que je me suis installée ici parce que mes parents avaient décidé eux aussi de s'y installer. Je suis attachée tellement à mes parents au point où il n'est pas facile pour moi de vivre loin d'eux. Encore que je dépends entièrement d'eux. Je leur avais demandé un jour pourquoi ils ont voulu ou préféré s'installer ici, la première raison avancée était que ce milieu leur est d'un atout économique. Ils mettaient en exergue le coût moyen de logement et même l'exercice de petits commerces loin des regards des collecteurs d'impôts etc. Ensuite, la deuxième était parce qu'ils sont en groupes, en famille, ce qui leur fait du bien. Lorsqu'on retrouve dans un milieu, des ressortissants d'un même village, cela fait du bien. A présent je suis avec eux. Nous sommes au nombre de dix dans le ménage et partageons une chambre salon. Par moment j'aide mon père à creuser et à vendre du sable. » (Gisèle, Maképé Maturité)

Profil 3

« Je suis une femme et vous savez que c'est la femme qui suit son mari. Je me suis mariée il y a de cela dix ans. J'ai été au village à l'Ouest avec mon mari. Mais avec les difficultés du village, mon mari a décidé de partir en ville à la recherche du mieux être. Je suis restée seule au village. Mais avec le temps il a économisé un peu d'argent grâce à son activité de moto taxi et a construit cette case que vous voyez. C'est donc après cette construction qu'il a décidé de me faire venir en ville. Donc je suis ici parce que mon mari est aussi là. Le jour où il décidera de partir, moi aussi, je partirai avec lui. Nous vivons avec nos petits frères et neveux, nous partageons juste une chambre avec eux. Certains d'entre eux sont déjà en âge de se marier, ils se battent pour se trouver aussi un logement même si cela n'est pas aussi facile. » (MONIQUE, Maképé Missoké)

Profil 4

« Moi je suis Madame MACHE. Nous résidions d'abord à Bali. Mon mari travaillait à MAERSK. Après son licenciement, il n'était plus possible pour nous de pouvoir au prix de logement qui s'élevait à 60 000 Frs. Avec le peu qu'il avait encore en banque il a décidé de s'acheter un terrain pour construire un petit truc pouvant nous abriter. C'est ici qu'il a donc trouvé cette parcelle. Un jour il nous a rassemblés et nous a dit qu'il serait possible de déménager dans les jours à venir pour notre propre maison. Donc voilà pourquoi je suis ici. Nous sommes des bamilékés. Au départ nous étions six dans notre ménage, mais à présent nous sommes au nombre de douze partageant deux chambres et un salon. Je m'exerce dans le commerce. Mon mari a ouvert un bar à coté et c'est moi qui le gère puisque lui-même il est occupé au petit marché avec notre seconde boutique. Nos enfants nous aident souvent à survivre grâce à leurs petites activités comme l'artisanat, le commerce, etc. Bientôt cela fera vingt ans que nous sommes ici. » (MACHE, Maképé Maturité)

Profil 5

« Moi je suis CEZAIRE. Cela fait vingt ans que je suis dans cette zone. Au départ, j'avais de la peine à y habiter, mais aujourd'hui, je comprends que c'est bien d'y être. Vous savez, le problème de logement à Douala n'est pas facile. Si j'avais un revenu qui me permettait d'habiter dans des quartiers chics comme Bonanjo, Bali, etc., je le ferai. Mais mon revenu est très faible. A peine j'ai 20 000 Frs par mois. Je loue ici à 6000 frs. Or il n'est pas facile de trouver un logement à ce coût dans d'autres quartiers. Le jour où le Seigneur me donnera les moyens, je pourrai vivre mieux que ça. Pour l'instant, ce milieu correspond à mon revenu et je n'ai pas de choix. » (CEZAIRE, Maképé Maturité)

Profil 6

« Moi je suis Serges. Je suis débrouillard. Je m'exerce dans le sable et parfois même dans le petit commerce. J'ai trente ans et je vis avec mes frères. Nous sommes dix dans le ménage. Vivre ici c'est comme vivre à Bonamoussadi ou à Denver. La seule différence ici, c'est que le milieu est pollué. Mais il est d'un atout économique pour ceux comme moi qui ont un faible revenu. Il est rare que je rassemble trente mille francs par mois. Or s'il fallait aller ailleurs, croyez-vous que j'allais survivre ? A peine j'ai 25 000Frs. Mais ici, cette somme me permet non seulement de pourvoir à mes cotisations, mais aussi et surtout d'envoyer quelque chose à ma femme que j'ai laissée à Pouma, puisque je suis Bassa. Donc ce qui m'a motivé, c'est d'abord le fait que ce milieu est économique ; le terrain est moins cher, le prix de location moins élevé. Ce milieu me permet de survivre » (SERGE, Maképé Missoké)

Profil 7

« Moi je suis d'abord venu ici comme étudiant à l'ESSEC. Après mes études, je n'ai pas trouvé un travail qui permette de mieux me loger. J'ai exploité mes connaissances pour vivre. Je voyage, j'achète les produits alimentaires que je livre aux femmes by and sellam. Je fais cette activité depuis quinze ans maintenant. C'est grâce à cette activité que je me suis acheté ce terrain et j'y ai construit ma petite case. J'étais déjà familier au milieu. J'ai 35 ans aujourd'hui. J'ai une licence en droit. Jusqu'à présent, j'espère trouver du travail et même si je trouve, je resterai toujours ici parce que c'est plus économique. J'exerce mes activités loin de toutes contraintes fiscales etc. Je suis anglophone et je m'appelle DEJOLIE » (DEJOLI, Maképé maturité)

Profil 8

« Moi je suis PASCAL, c'est le commerce qui m'a amené ici. Je suis arrivé à Douala il y a de cela 15 ans. Je résidais à Bépanda Double Balle. J'ai d'abord commencé à vendre au marché central, mais les impôts nous dérangeaient beaucoup. J'ai voulu m'y acheter une boutique, mais le prix ne m'était pas accessible. Mon ami m'a conseillé cette zone. J'ai donc commencé à venir ici en journée pour mes commerces, puisque ici, il n'y a pas encore tellement de contraintes. Avec le temps j'ai trouvé un logement ici à moindre coût par rapport à Bépanda et j'ai donc décidé de m'installer ici. A Bépanda je louais à 20 000. Or ici je loue une maison de 10 000 frs. Certes cette maison est en carabotte comparativement à celle de Bépanda, mais c'est plus économique. Cela correspond à mon revenu qui s'élève à 30 000 Frs par mois. J'ai onze bouches à nourrir. Je suis anglophone et ma femme est Bassa. » (PASCAL, Maképé Missoké)

Profil 9

« Moi je m'appelle Aicha. J'ai quarante ans et je réside ici depuis 25 ans. Ce milieu est bien. Nous luttons pour la survie mon frère. Je suis pauvre, je n'ai rien. Il n'y avait que ce milieu pour me maintenir en ville. Lorsque je suis arrivée ici, j'ai eu toutes les difficultés à trouver un logement. Même jusqu'à présent, je partage une maison avec mon frère qui lui aussi est avec sa femme et ses enfants. Je n'arrive même pas à manger chaque jour. S'il arrive même souvent de manger, c'est une fois. C'est difficile. Donc je suis ici parce que je suis pauvre, je n'ai pas d'argent pour aller ailleurs. Je lutte pour ma survie. Et ce milieu me plait puisqu'il correspond à mon niveau de vie. Je suis Bassa. » (AICHA, Maképé Missoké)

Profil 10

« Moi je suis anglophone. J'ai épousé une Bassa ici même il y a de cela quinze ans aujourd'hui. Nous nous débrouillons dans les petits métiers. Moi je suis artisan et ma femme fait le petit commerce devant notre case. Nous sommes ici parce que nous ne savons pas où aller. Notre revenu ne nous permet pas d'aller quelque part. Nous avons trouvé en ce milieu un bon endroit d'autant plus qu'il est favorable aux activités économiques car loin de toutes contraintes. En plus ici c'est comme chez nous au village, je peux facilement élever mes porcs, mes chèvres, etc., sans perturbation aucune. Avec toutes ces activités, je gagne 45 000 frs par mois et ne dépense que 10 000 pour mon logement. Vous voyez que ce milieu m'est favorable. » (PAUL, Maképé Maturité)

IV-1-3-ANALYSE DES DISCOURS RECUEILLIS SUR LES MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE

L'analyse des mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque s'appréhende et se perçoit à trois niveaux d'analyse selon les indicateurs suivants : Les groupes de référence, les revenus moyens des acteurs et les difficultés de logement, la recherche de l'intégration économique par les acteurs et les contraintes matrimoniales.

IV-1-3-1-Les groupes de référence

Un groupe de référence est défini comme toute agrégation interagissant de personnes qui influencent les attitudes ou le comportement d'un individu. Dans sa vie quotidienne, un individu est influencé par de nombreux groupes primaires (famille, voisins, amis, collègues, de travail) et secondaires (associations, clubs) auxquels il appartient par la proposition des modèles de comportements et de mode de vie, par l'influence de l'image qu'il se fait de lui-même, enfin par la génération des pressions en faveur d'une certaine conformité de comportement.

L'influence du groupe ou des individus joue un rôle important dans l'analyse des motivations des activités socio-économiques dans les sites à risque. Les individus arrivent dans les sites de Maképé Missoké et de Maképé Maturité sous l'influence d'un membre de la famille ou d'une connaissance. Ils sont influencés par les conseils de ceux-ci, considérés comme des anciens du site. Ils viennent des quartiers diverses de la ville de Douala, pour être près de leurs amis, leurs parents, ou encore pour être plus proche d'une association ou d'une activité génératrice. Le désir d'être dans une même zone qu'un proche pousse à demeurer dans la zone qui constitue dans un premier temps un site de passage. Mais plus tard ils y développent des relations psycho-affectives qui les maintiennent longtemps dans le site. Sur 200 personnes enquêtées par sondage sur les mobiles du choix des sites à risque comme lieux d'habitation, près de 15% affirment avoir été motivé par un membre de la famille d'un collègue ou d'un ami. Les conduites à risque se vivent souvent à plusieurs et ne seraient sans doute pas adoptées de manière solitaire, ce qui suppose l'influence de la présence des autres sur la manière dont le risque est représenté. Le fait d'être en groupe permet de se sentir à l'abri de certains maux sociaux et de certains besoins.

IV-1-3-2- les revenus moyens des acteurs et les difficultés de logement.

La principale raison qui explique les dynamiques socio-économiques dans les zones à risque telle que révélée dans les discours est le caractère démunis et pauvre de la population. Les habitants des sites à risque sont des individus démunis, pauvres. Le revenu moyen d'un ménage s'élève à 30 000 FCFA (trente mille) par mois avec parfois plus de dix bouches à nourrir auxquelles il faut ajouter d'autres contraintes sociales (les associations, les voyages, etc.). La ville de Douala comme toutes les villes du Cameroun se caractérise par un manque criard de logements. Et quand bien même ceux-ci existent, ils coûtent très chers et ne sont pas favorables aux couches sociales à faible revenu. Les sites à risque du fait qu'ils regorgent des logements à bas prix deviennent des zones d'attraction pour cette catégorie de la population. Un logement dans le site de Maképé Missoké (deux chambres, salon, cuisine externe) coûte en moyenne 15 000 FCFA (quinze mille francs CFA). Un appartement de même capacité dans les zones environnantes comme Bépanda et Bonamoussadi coûte entre 60 000 (soixante) et 70 000 FCFA (soixante dix mille francs). De même, un mettre carré de terrain dans les sites à risque coûte 4000 FCFA comparativement à Bépanda et Bonamoussadi où les prix varient entre 10000 et 20000 FCFA le mettre carré. Ces sites offrent ainsi des terrains à faibles coûts, ce qui est d'un atout pour une couche sociale à faibles revenus.

Le faible revenu des ménages et la difficulté de logement ont été avancés par plus de 50% d'individus enquêtés par sondage pour justifier leur présence dans les sites à risque. La pauvreté qui les caractérise les contraint à une habitation insalubre, polluée, présentant des implications subjectives qu'il faut chercher à définir. Cette pauvreté est une conséquence de l'inactivité de certains acteurs. D'autres quand bien même ils exercent une activité, celle-ci ne peut générer un gros revenu. La cause de l'inactivité telle qu'enquêtée est de trois ordres : ceux qui ont été licenciés de leur travail et se retrouvent au chômage (15%), ceux qui arrivent en ville sans qualification ce qui les contraint aux activités à faible revenu (25%), enfin ceux qui ont fini leurs études mais n'ont pas trouvé du travail, ce qui les pousse à rechercher les sites pouvant les abriter à moindre coût en attendant trouver un travail qui les aidera plus tard à sortir de ces milieux (10%).

IV-1-3-3- la recherche de l'intégration économique par les acteurs

Le milieu économique au Cameroun est fait des contraintes qui ne favorisent pas l'intégration des couches démunies. Ces contraintes sont de deux ordres : la qualité et les locations des sites pour l'exercice d'une activité. La difficulté d'intégration des acteurs enquêtés (20%) dans le circuit du développement des activités formelles, et le poids de la fiscalité dans les grands marchés de la ville comme ceux de Mboppi, marché central etc., expliquent l'accroissement des activités socio-économiques dans les sites à risque. A cela ces sites offrent des opportunités de mener ses activités loin de tout control comme les impôts, la fiscalité. Ces derniers ne pouvant permettre de réaliser des bénéfices escomptés pour la survie dans les ménages. Ainsi se développent dans ces sites des activités comme l'élevage, l'agriculture citadine, les petits commerces, les associations etc. Ils mettent aussi en exergue le coût élevé de location des sites d'activités dans les marchés sus cités. S'ils sont venus dans les sites à risque, c'est pour leur intégration économique. Ces sites présentent des avantages en ce sens qu'ils sont favorables à leurs activités, loin de toutes contraintes fiscales qui se posent dans d'autres zones. Et même lorsque ces contraintes existent, les coûts sont moins élevés. Outre  `l'absence' de ces contraintes fiscales, les locations des sites sont à leur portée. Le désir d'intégration économique a donc poussé certains individus à s'installer définitivement dans les sites à risque au point d'ignorer même ces risques.

IV-1-3-4- les contraintes matrimoniales

Les liens matrimoniaux sont des facteurs qui exercent une influence sur les dynamiques sociales dans les sites à risque. Certaines femmes enquêtées se sont retrouvées dans les milieux de Maképé Missoké et Maképé Maturité à cause du lien de mariage (10%). Le mari y étant, la femme se trouve obligée de le rejoindre. Plusieurs d'entre elles ont été d'abord dans les milieux ruraux. Mais sous l'instigation de leurs maris, elles sont arrivées en ville avant de découvrir les lieux d'habitation. Le constat fait ici est que ces femmes ont une perception positive de leur environnement immédiat car pour elles, le milieu n'est pas différent de celui du village d'origine. Voilà pourquoi, elles y développent des activités jadis exercées dans les villages comme l'agriculture citadine, transportant comme déclare J. M. ELA (1983) la mentalité villageoise à la ville.

Certains hommes arrivent dans les sites à risque à la poursuite d'une femme ou d'une épouse. Leurs présences répétées dans le milieu les y maintiennent finalement après obtention de la femme. Il arrive parfois même que la femme donne pour condition avant le mariage de ne pas quitter la zone où se trouvent ses parents. Alors, l'homme dans tous ses états amoureux est obligé de s'y implanter. Plus de 5% de la population enquêtée sont arrivées dans la zone à cause d'une femme. Le lien matrimonial est ainsi un facteur important dans l'explication des dynamiques socio-économiques en milieu à risque.

De manière générale, les sites à risque sont des lieux de refuge pour les couches sociales démunies. Lesquelles vivent en toute insouciance dans les zones dangereuses parce qu'elles ne peuvent pas faire autrement dans un environnement où le coût de la vie est de plus en plus élevé et où l'accès au minimum vital est devenu un luxe pour la masse laborieuse J. M. ELA (1983). Quelles sont les caractéristiques de ces populations ?

IV-2- CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE

IV-2-1- ORIGINE DE LA POPULATION ET ORGANISATION SOCIALE

D'après les résultats du recensement de la population 1987, les zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité comptent respectivement 7500 et 12000 habitants repartis dans plusieurs groupes ethniques, dont les grands sont constitués des Bassas qui viennent de la Sanaga maritime, de la haute Sanaga, du Haut Nkam ; aussi des Bamilékés majoritaires qui viennent de l'Ouest Cameroun ; enfin des anglophones originaires du Sud-Ouest (plus particulièrement des zones de Kumba et Mutenguené), du Nord-Ouest (Ndop et kumbo). Ces groupes se massent et présentent une forme d'organisation particulière. L'organisation sociale désigne la manière dont les populations à risque s'organisent dans leur environnement, autour de leurs activités ; Bref la disposition des populations à risque pour mettre en valeur leurs ressources, gérer les conflits et les risques environnementaux.

Dans le cas pratique des zones enquêtées, chaque ethnie ou tribu constitue un bloc. La zone de Maképé Maturité compte plus de neuf blocs. Le nombre élevé de blocs est tributaire aux subdivisions qui existent dans les groupes ethniques. Dans le groupe des bamilékés par exemple, on retrouve les individus provenant de la Menoua, du Bamboutos, etc. Chaque tribu forme un bloc. Il est difficile de retrouver un Bassa dans le bloc des anglophones et vice versa. Par contre il sera plus facile de rencontrer dans un bloc, soit uniquement des bassa, soit uniquement des anglophones ou des bamilékés selon les villages d'origine. Nous n'avons pas eu des statistiques sur les nombres d'habitants selon les groupes ethniques du fait qu'elles sont inexistantes. Mais parmi les populations enquêtées, près de 50% d'individus sont des bamilékés, 25% des bassas, 15% des anglophones et 20% d'autres groupes ethniques comme les bamouns, les bétis etc. Chaque bloc a à sa tête un chef de qui représente son groupe ethnique. Les chefs de bloc sont coiffés par un chef de quartier. Les chefferies de Maképé Missoké et Maképé Maturité sont des chefferies de troisième degré. Le chef de quartier est le garant de la paix et stabilité dans les différents blocs. Il est aussi garant de la sécurité du quartier. C'est lui qui planifie en collaboration avec ses chefs de blocs les programmes de gestion de risque dans la zone. C'est encore lui qui rend compte de l'évolution sociale et environnementale du quartier aux pouvoirs publics. Il a le pouvoir de faire détruire un logement par la CUD ou par la mairie de Douala 5e aussitôt qu'il devient un danger pour ceux qui y habitent. Il veille à l'exécution des programmes d'hygiène et d'insalubrité dans la zone. Les chefs de blocs quant à eux sont les membres issus de groupes ethniques auxquels ils appartiennent. Ils veillent à l'application des décisions de la haute sphère par ses membres. Ils contrôlent les constructions dans les blocs respectifs, participent à la sensibilisation de leurs membres contre les risques du milieu, rendent compte au chef des travaux à réaliser dans leurs blocs. Si sur le plan social, la population s'organise de manière hiérarchique, il n'en est pas de même sur le plan économique.

IV-2-2- ORGANISATION ÉCONOMIQUE

Il n'existe pas une véritable organisation des activités économiques dans les zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité. Tout se déroule de manière anarchique. Ici intervient un véritable brassage. Dans le cas de l'élevage, les acteurs (les bamilékés et les anglophones en particulier) construisent près de leurs latrines des tentes pour les porcs et les chèvres. Ceux qui font le petit commerce, étalent leurs produits devant leurs cases et les passants peuvent s'en procurer au besoin. Certains ont même transformé une partie de leurs maisons en alimentations et d'autres en boutiques. Dans le cas du petit marché de Makepé Maturité, il n'existe pas une organisation spécifique, tout est anarchie. Les vendeurs de piments sont dans les tas de vendeurs de tomates. Les fripiers dans le même secteur que les vendeurs de banane, etc. Le constat fait dans cette anarchie économique est qu'elle renforce la cohésion sociale. Il n'existe pas de segmentation ethnique dans le marché, ni dans la vente des produits. Sur un même secteur, on retrouve un Bassa, une Bamiléké, etc. exerçant une même activité, vendant un même produit. JEANNE affirme :

 Je suis Bamiléké. Je voyage souvent jusqu'à l'Ouest avec ma voisine Bassa pour chercher les pommes et les tomates lorsque c'est la saison. De même, nous partons souvent à Pouma à la recherche des huîtres quand nous ne sommes plus en mesure d'aller à l'Ouest ou quand nous voulons changer d'activité. Ici au marché, il n'y a pas de `je suis de l'Ouest ou du Centre'. Nous nous disputons par moment, mais nous sommes plus que jamais soudées. Je connais sa famille de Pouma et elle aussi maîtrise la mienne. Nous militons ensemble dans une association que nous avons constituée ici même au marché.  (JEANNE, Maképé Maturité)

IV-2-3-NIVEAU D'INSTRUCTION

Le niveau d'instruction des populations des sites à risque telles qu'enquêtées est très bas. Ce sont des individus issus pour la plupart de l'exode rural venant à la recherche du travail en ville. Ils n'ont au préalable pas eu une éducation scolaire ou académique avancée. Toutefois, du fait du brassage qui les caractérise, beaucoup ont appris à parler et à lire le français. Plus de 90% de la population enquêtée parlent bien le français ou l'anglais. La plus grande difficulté est celle de la lecture et de l'écriture. Sur 96% des populations enquêtées qui savent parler français ou anglais, 50% ne connaissent ni lire, ni écrire l'une ou l'autre de ces langues. Cependant, 40% ont été à l'école, raison pour laquelle ils savent écrire, lire et parler le français et/ou l'anglais. Mais sur ces 40% qui ont été à l'école, 15% d'entre eux ont suivi l'enseignement primaire sans Certificat d'Etudes Primaires (CEP), 17% ont obtenu le CEP. Seuls 10% atteint le niveau secondaire et 8% ont fait l'université.

La conclusion qui résulte ici est que les populations des sites à risque n'ont pas une éducation approfondie. Ce sont des individus dont le niveau d'instruction est bas. L'explication qui découle de cet état est liée à l'origine de ces populations. Elles viennent des zones rurales où l'accent n'est généralement pas mis sur l'école. En outre, la pauvreté financière et matérielle qui les caractérise explique cet état de fait. Les revenus dans les ménages ne permettent pas une bonne scolarisation des enfants. Raison pour laquelle ceux-ci grandissent sans éducation, ni qualification. Ceux des individus qui atteignent le niveau secondaire (baccalauréat ou universitaire) sont ceux qui ont bénéficié du secours de l'extérieur (d'un parent ou d'un ami) ou encore ceux qui ont associé une activité génératrice à leur évolution scolaire.

 Mon fils que vous voyez a atteint l'université de lui-même. C'est lui qui paie jusqu'à présent sa scolarité. Il a passé deux ans au quartier après son Bac à la recherche des moyens afin de pouvoir payer sa scolarité à l'université. Il n'était plus possible pour moi de lui donner quoi que ce soit après son BEPC. Mais comme il était intelligent, il a bénéficié de l'appui d'un de ses amis qui lui a offert 50 000 FCFA (cinquante mille francs). C'est avec cet argent qu'il a débuté un petit commerce qu'il exerce chaque soir après l'école. (AMOS, Maképé Maturité)

Cette affirmation d'un parent interviewé témoigne de la difficulté qu'éprouvent les populations des sites à risque à s'éduquer et à s'instruire.

IV-2-4-NIVEAU D'AGE DES ACTEURS ET RELIGIONS PRATIQUÉES

Les populations de Maképé Missoké et Maképé Maturité sont en majorité des jeunes. Parmi 200 individus enquêtés, 126 sont dans le groupe d'âge compris entre 26-35 ans représentant un taux de 63% de la population enquêtée. 56 entre 36-62 ans (28%) et 15 entre 62 et plus (9%). Une analyse comparative permet aussi de comprendre que les individus en âges avancés (36-62 ans et 62 ans et plus) se recrutent plus dans la zone de Maképé Missoké (10 individus) contre 08 à Maképé Maturité.

En effet, la zone de Maképé Maturité a été interdite d'habitation en 1983 (déclaration du chef de quartier M. BELLA) du fait qu'elle était une zone pétrolière. Ce qui a retardé quelque peu les mutations sociales dans la zone comparativement à Maképé Missoké qui est habité depuis 1972, date de création du grand quartier Maképé. Ceux des individus adultes sont des personnes qui se sont installés dans la zone pendant leur jeunesse. Ils ont duré dans le site, s'y sont familiarisés au point d'y développer une estime leur donnant une perception positive des risques comme les inondations, l'insalubrité, etc.

Sur le plan religieux, ce sont des individus d'obédience chrétienne, musulmane etc. Toutefois, ces populations sont accueillantes, mais méfiantes quant à la livraison d'une information les concernant. L'une des difficultés rencontrées lors des enquêtes était celle de refus. Certaines ont gardé leurs habitudes rurales et cela se manifeste par l'agriculture urbaine qui se répand dans les sites.

Toutefois si les individus arrivent dans les zones pour l'une ou l'autre raison évoquée, quelle perception ont-ils de leur milieu ? Quels sens donnent-ils aux risques ? A leur environnement immédiat ? Les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque ne seraient-elles pas liées aux perceptions que les acteurs ont des risques ?

IV-3-REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT IMMEDIATCHAPITRE V: REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT IMMEDIAT

Il est question dans le cadre de cette section de présenter les résultats obtenus sur les représentations sociales des risques, les pratiques des habitants des zones étudiées envers les risques, leurs croyances. Comment ils se comportent à leur égard, individuellement et collectivement. Leurs enjeux réels dans ce domaine. Ceci dans une approche essentiellement qualitative.

 La notion de représentation sociale trouve une partie de sa

pertinence dans cette expérience d'approfondissement dans les

liens existants entre les opinions. On peut la comprendre comme

un système de savoirs pratiques (opinions, images, attitudes,

préjugés, stéréotypes, croyances), générés en partie dans les

contextes d'interactions individuelles ou/et inter groupaux.  J.M.

SECA (2001 :11)

Il s'agit ici de définir la perception que les habitants des zones à risque ont de leur environnement immédiat, de leurs actions. La perception elle aussi étant un concept renvoyant à la représentation mentale d'un ou plusieurs phénomènes, déterminante dans l'adoption de comportements spécifiques. L'analyse qualitative de la perception des risques par les populations enquêtées prend en compte trois indicateurs qui sont : la perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie, la perception sur l'origine des problèmes sanitaires, la perception des causes de l'accumulation des ordures.

IV-3-1-PERCEPTION DE L'ACUITE DES PROBLÈMES LIÉS AU CADRE DE VIE

De manière générale, il apparaît que peu de personnes sont informées au sujet des problèmes que peuvent causer les marécages sur leur santé et leurs activités économiques. La perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie a été saisie à l'aide de la question suivante : selon vous, quels sont les dangers de votre milieu naturel ?

Tableau 4 : Problèmes perçus comme étant graves au niveau des sites à risque

Problèmes sanitaires

Crise économique

Problèmes environnementaux

Problèmes

Source : Notre enquête sur le terrain

De ce tableau, il ressort que la population enquêtée accorde une faible importance aux problèmes liés à leur cadre de vie. Ce qu'elle considère comme grave, c'est la crise économique. La crise économique qui a pour corollaire la pauvreté, la dévaluation et l'inflation. Cette dernière figure au premier rang des problèmes cités. Les problèmes d'insalubrité sont comme mineurs. Les problèmes sanitaires sont cités en troisième lieu car pour la population, les risques ne font pas l'objet d'un problème préoccupant, le degré de familiarisation avec ces risques est une conséquence de l'expérience ou de l'habitude. L'apparition et la recrudescence de certaines maladies comme problème ne sont pas seulement le propre de leur milieu, mais sont des problèmes à la fois mondiaux et nationaux tel qu'affirme M. ELIAS (commerçant à Maképé Missoké) « Croyez-vous que c'est seulement dans cette zone qu'il y a problèmes de santé ? Allez aussi voir à Bonapriso ou même à Paris, il n'y a pas risque de santé »

. Les problèmes sanitaires ne sont plus considérés ici comme préoccupant car n'étant pas spécifiques à leur milieu.

IV-3-1-1- Perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie selon le niveau d'instruction

Danger

Pas de danger

Danger grave

Primaire

Secondaire

Universitaire

Tableau 5: acuité des problèmes liés au cadre de vie selon le niveau d'instruction

Source : Note enquête sur le terrain

Les personnes non instruites ne perçoivent pas l'acuité des problèmes d'insalubrité comme danger. Pour eux, en dehors de la crise économique qui est un danger, il y a aussi le Sida qui est partout. Mais pour les personnes instruites, (personnes ayant un niveau secondaire au moins) les problèmes sanitaires apparaissent comme un danger permanent dans leur milieu. Ils mettent en exergue l'émergence régulière des maladies tels que le paludisme, le cholera.

 Nous faisons face tous les jours ici à des véritables problèmes sanitaires. Ce milieu est vraiment un milieu à risque. Nous sommes parfois victimes du cholera à cause du caractère impropre de l'eau que nous consommons. Nous n'avons pas d'eau potable. On se contente parfois des eaux du puits non traité. Aussi nous faisons chaque jour face aux ordures qui attirent des moustiques, des eaux usées qui forment le marécage. La conséquence, c'est parfois le paludisme et certaines crises. (JEAN MICHEL, étudiant, Maképé Maturité)

En effet, l'effet de l'instruction sur la perception de l'acuité des problèmes liés à l'environnement immédiat peut s'expliquer par le fait que l'appréhension d'un de ces quelconques problèmes ou la compréhension de leurs processus exige un minimum d'instruction. Dès qu'on accède au 2nd cycle de l'enseignement secondaire, on acquiert les éléments de connaissance fondamentale en ce qui concerne l'environnement. Cette connaissance leur donne le minimum sur l'hygiène et la salubrité. Ce qui ne constitue pas le cas chez ceux qui n'ont pas été à l'école.

IV-3-1-2- Perception de l'acuité des problèmes lies au cadre de vie selon le sexe

Les diverses personnes interviewées hiérarchisent différemment les risques (BARJONET, CAUZARD 1987) parce qu'ils hiérarchisent différemment les valeurs (GAILLARD 1995) et donc les normes.

Selon le sexe, les hommes reconnaissent les dangers liés à l'habitation des sites marécageux. Ils conçoivent leur environnement comme un danger car souvent victimes des inondations et des destructions en saison pluvieuse.

 Je suis gérant d'une boutique et j'habite là tout prêt. Je sais qu'il y a

un danger dans cette zone. Pendant la saison pluvieuse, les pluies et les courants d'eau remplissent même nos maisons. Il n'y a pas de canalisation des eaux dans mon quartier. En plus, il n y a chaque fois des maladies qui apparaissent. Pour ne pas accroître ces risques, je fais tout pour être à l'aise. J'ai fait creuser le W.C. de manière profonde chez moi. Pour les eaux usées et les ordures, je les jette n'importe où. Je suis obligé, l'africain n'a pas d'hygiène, il est toujours exposé au risque quoi qu'il fasse.  (M. ALBERT, Maképé Maturité)

L'analyse permet de comprendre que les hommes quoi que conscients du danger de leur milieu pensent que ce danger est commun à tous les africains. C'est pourquoi ils continuent dans la fabrique des risques par le rejet des eaux souillées, des ordures « n'importe où ». Chez les femmes, surtout les «  buy and sellam » rencontrées dans les marchés, malgré le fait qu'elles côtoient chaque jour les ordures et les eaux souillées, ne sont pas conscientes du danger qu'elles courent. Si elles s'offusquent de la proximité des marécages, c'est plutôt parce qu'ils gênent les « assos » (clients) et non parce qu'ils sont des sources de maladies ou d'inconfort pour elles.

 Ce qui me préoccupe plus, c'est le fait que ces eaux souillées et ces ordures gênent mes assos. Les dangers, il n y en a pas, je jette mes ordures et les déchets de mes marchandises dans n'importe quel coin noir. C'est la mairie qui ne fait pas son travail. Elle ne doit pas toujours attendre qu'on lui signale qu'il y a un danger ici. Donc, je fais comme je veux. Ce n'est pas ma faute.  (JEANNE, Maképé Maturité).

 Je suis vendeuse de condiment, il n'y a pas de risque ici. Depuis je vends dans cet endroit quoiqu'il est marécageux. Je n'ai jamais été malade. Même si je le suis, ce n'est pas parce que je suis en contact avec les ordures. Tout homme tombe malade. Ce qui me gêne le plus ici, c'est que quand il pleut, je vend moins à cause du fait que ces eaux et ordures empêchent mes clients de circuler. C'est tout.  (COLLETTE, Maképé Maturité)

Les femmes buy and sellam ne reconnaissent pas les dangers de leur milieu que par rapport au manque dont elles sont souvent victimes. Elles ne se préoccupent pas des dangers sanitaires qui pour elles n'existent même pas. Ce résultat peut s'expliquer par une certaine méfiance de ces femmes. Car pour certaines, le but de cette enquête serait de provoquer le contrôle du marché par la mairie. Il apparaît clair que même si ces femmes ont des problèmes de santé, déclarer est difficile de peur de « se vendre moins cher. » tel que déclaré par GISELE (Maképé Missoké)

 Vous voulez qu'on vous dise qu'il y a danger ici pour que vous partez dire à l'Etat de venir nous déguerpir n'est ce pas ? Il n'y a donc pas de danger ici.

(2) Clients. Nom qu'utilisent les femmes by and sellam pour désigner leurs clients

Aussi, la différence de perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie selon le sexe peut s'expliquer par un accès différentiel à l'information au sujet des problèmes liés à l'environnement immédiat, tributaire de l'accès inégal des hommes et des femmes à l'instruction. La proportion des femmes qui ont un niveau secondaire ou supérieur est faible par rapport à celle des hommes (15% de femmes instruites contre 29,5%des hommes)

Tableau 6 : découpage et restructuration des discours sur l'acuité des problèmes selon le sexe

Zones

Noms

Fonctions

Sexes

Propositions

Maképé

Maturité

JEANNE

Commerçante

F

Notre milieu est sans

danger

MAMADOU

Moto taximan

M

Le risque ici est mineur

DEJOLIE

Commerçant

M

Il y a quand même un

risque à vivre ici

MONIQUE

Vendeuse

de beignets

F

Nous nous sentons bien

Maképé

Missoké

SERGES

Creuseur

de sable

M

Comme dans toutes les

zones marécageuses,

il y a des maladies à tout

moment

CHRISTELLE

Infirmière

F

C'est un milieu

dangereux par moment

BENEDICTE

Commerçante

F

Il n y a rien de mauvais

ici

AMOS

Menuisier

M

Il y a urgence à

aménager cet endroit.

Source : Notre enquête sur le terrain

Les discours recueillis permettent de comprendre que les individus perçoivent différemment leur milieu selon le sexe. Les femmes ne voient à priori pas d'inconvénients dans leur milieu quelque soit la fonction, contrairement aux hommes qui quoique conscients des dangers minimisent ceux-ci. Les représentations des risques sont donc construites différemment selon le sexe et selon les différents niveaux d'influence. Les schémas de pensées orienteraient alors les conduites, ou les justifieraient.

IV-3-1-3-Perception de l'acuité des problèmes lies au cadre de vie selon la durée de résidence dans le quartier.

Les personnes ayant résidé plus de 10 ans dans les zones marécageuses hiérarchisent les risques. Les risques n'ont pas le même poids pour les personnes interviewées. Pour certaines, il n'y a même pas de risque dans leur milieu.

 Il n y a pas de risque ici, je suis dans ce quartier depuis 25 ans, je vends les maniocs et je n'ai jamais eu d'infection, ni de maladie. Mon quartier est bien.  Cette déclaration de M. ALAIN a été renforcée par celle de AÏCHA

 Allez vous adresser à ceux qui pensent qu'il y a des dangers ici. Vous voulez faire détruire le quartier pour rien. Je suis née ici et voici j'ai 30 ans, je ne suis pas morte. Je nage même souvent avec mes enfants dans les cours d'eau que vous voyez. C'est mon quartier. Il n y a rien 

Si certaines personnes interviewées pensent qu'il n y a pas de danger dans leur milieu, d'autres par contre pensent que ces risques quand bien même il « en existerait restent mineurs. » et ne peuvent en aucun cas avoir un effet négatif énorme sur la santé, ni sur les marchandises vendues. Cela se traduit par cette déclaration de COLLETTE

Le fait que vous me voyez encore bien portant prouve qu'il n'y a pas de danger dans ce milieu. Les risques que vous évoquez sont tellement mineurs ici. Il n'y a pas de risque majeur. Avez-vous déjà vu un noir mourir de la saleté ? Même s'il y a un danger, est-ce le propre de ce milieu ? Mes toilettes sont là tout proche de ma cuisine et je vends juste là à coté depuis 20 ans. Rien de grave ne m'est arrivé.

Les personnes ayant donc résidé plus de dix ans dans le quartier perçoivent leur milieu comme « bien ». Cela peut être dû à deux facteurs : de façon générale, plus on réside dans un quartier, plus on se familiarise avec les problèmes spécifiques de ce quartier ; l'autre élément d'explication est le phénomène dit d'appropriation. Plus les individus séjournent dans un milieu, plus ils ont des relations psychoaffectives poussées avec ce milieu. Ce genre de relations les rend plus sensibles aux problèmes de ce milieu qu'ils considèrent comme étant le leur et dans lequel ils se projettent.

Il apparaît clairement que sans être totalement absents, l'acuité des problèmes liés au cadre de vie ne constitue pas encore un sujet de vive préoccupation pour les populations enquêtées. Ce résultat peut traduire l'ignorance et le manque d'information et d'intérêt au sujet des risques liés à l'habitation des sites à risques. Les ménagères ont tendance à avoir plutôt une perception économique de l'environnement immédiat. Ce résultat éclaire un peu plus le débat déjà soulevé dans la revue de la littérature autour de l'intérêt accordé par les populations aux problèmes liés à l'habitation des zones à risque. Est-ce que les populations dynamiques sont au courant des risques ? La construction et la fabrique des risques relèveraient du manque d'information, d'instruction et surtout de la crise économique. La prépondérance des problèmes économiques dans les réponses des personnes interrogées conforte davantage le point de vue de A. YOUMBI (1992) qui pense que les revendications pour un ordre démocratique interne et la lutte pour la survie restent les préoccupations prioritaires des Camerounais.

IV-3-2-PERCEPTION DE L'ORIGINE DES PROBLEMES SANITAIRES ET CAUSES DE L'ACCUMULATION DES ORDURES

Le désir de comprendre la perception de l'origine des problèmes sanitaires a été motivé par le fait qu'une catégorie de la population a soulevé dans la perception de l'acuité des problèmes de leur cadre de vie un danger sanitaire. Nous désirons savoir d'où viennent ces dangers sanitaires. Les populations enquêtées (les hommes et les personnes instruites surtout) évoquent le caractère nuisible des ordures, la stagnation des eaux usées et la pollution atmosphérique.

Tableau 7 : Découpage des discours recueillis sur l'origine des maladies

Source : Notre enquête sur le terrain

Nous notons que de façon générale, dans l'esprit des personnes interrogées, les déchets constituent les éléments les plus nuisibles. Le second problème est celui des eaux usées. Cependant les problèmes tels que la pollution atmosphérique sont peu désignés.

L'importance inégale des problèmes mentionnés tient probablement à 2 choses. Elle tient d'abord à une acuité différentielle des problèmes désignés. Les dangers et les problèmes varient suivant les zones et les manifestations.

Ensuite, ce classement traduit la perceptibilité différentielle des problèmes. Les ordures et les eaux usées sont immédiatement perceptibles, ce qui n'est pas le cas de la pollution atmosphérique qui exige tel qu'énoncé par (J. MARCUS, 1989 :24) « la teneur en plomb de l'air » ou la connaissance de litho météores nocifs en suspension dans l'air. Compte tenu de la généralisation dans les zones de Maképé des déchets au moment de la préparation de cette enquête, nous avons jugé utile de demander aux personnes enquêtées de donner les causes de l'accumulation des ordures et des eaux souillées. Les réponses à cette question sont diverses et leur importance varie aussi.

IV-3-2-1-Découpage et restructuration des discours sur les causes de l'accumulation des ordures et des eaux usées

Tableau 8 : Découpage et restructuration des discours sur les causes de l'accumulation des ordures et des eaux usées.

Locuteur

Zones

Propositions

Noyau référent

ARMAND

Maturité

Le gouvernement doit assurer

le strict minimum à la population

Gouvernement (Etat)

ALBERT

Maturité

La mairie de Douala 5e ne fait bien

son travail

Mairie (Etat)

GISELE

Missoké

AICHA

Missoké

TEZA

Missoké

Nous les Africains, nous manquons

de civisme. Nous sommes ignorants

Nous

(Incivisme)

JOSUE

Missoké

L'Africain est toujours exposé

aux risques. Nous n'avons pas le

choix. C'est notre façon de faire

Nous

(Ignorance)

COLLETE

Maturité

INOUSS

Missoké

PAUL

Maturité

La communauté urbaine de Douala

est seule responsable.

Communautés

Urbaines de

Douala (CUD)

Etat

BENEDICTE

Missoké

MONTE

Maturité

C'est la faute des pouvoirs publics.

Ils ne connaissent pas l'hygiène et la salubrité

Pouvoirs publics

(Etat)

ELAN

Missoké

Source : Notre enquête sur le terrain.

IV-3-2-2-Analyse et interprétation des discours recueillis sur les causes de l'accumulation des ordures.

Du tableau ci-dessus, il ressort que les individus perçoivent les causes de l'accumulation des ordures dans leur zone comme une défaillance de l'Etat. Ensuite dans une moindre mesure comme un manque de civisme de la par des populations et enfin comme une conséquence de la pauvreté.

IV-3-2-2-1-Part de l'état

En effet, les individus que ce soit ceux de Maképé Maturité ou ceux de Maképé Missoké tiennent pour principal responsable de l'accumulation des ordures et des eaux souillées l'Etat qu'ils qualifient « d'irresponsable » pour reprendre un commerçant interviewé à Maképé Missoké, Les pouvoirs publics sont indifférents au sort des populations. La régularité des modèles argumentaires (mairies, gouvernement, pouvoirs publics), ayant une polarité négative atteste ce fait. L'insalubrité du cadre de vie est perçue comme une défaillance des pouvoirs publics vis à vis de leurs devoirs, comme une « défaillance de tout système » pour reprendre les mots d'un commerçant interviewé à Maképé maturité.

Toutefois il apparaît à l'inverse une faible responsabilité des populations dans cette situation. Cette responsabilité est multiforme.

IV-3-2-2-2- Manque de civisme

Certains pensent que les habitants n'ont pas assez de civisme ou qu'ils n'assument pas leur responsabilité dans la gestion de leur cadre de vie. D'autres par contre estiment que l'accumulation des ordures tient à une ignorance des dangers liés à cette pratique. Enfin, d'aucuns estiment que le dégradation du cadre de vie découle d'un état de pauvreté des populations. Bien que peu défendue, cette dernière thèse est celle qui fait aujourd'hui école car certains spécialistes de la sociologie des risques qui estiment qu'il existe une corrélation et une synergie entre pauvreté et fabrique des risques par des populations. (C. GILBERT, op. cit.)

Au terme de ce chapitre, il convient de relever que plusieurs facteurs expliquent les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala. Les approches dynamiste et individuelle ont permis de mettre en exergue la croissance démographique et l'expansion urbaine, la croissance de l'exode rural et la difficulté d'intégration des migrants comme causes ou mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. La croissance démographique a pour corollaire l`extension urbaine, la diversité des populations et l'apparition des inégalités sociales. Ces inégalités entraînent une occupation irrationnelle du terrain urbain par les couches faibles et pauvres. Les quartiers non urbains illustrent cette occupation spatiale désordonnée (habitat spontané, zones marécageuses et inondables, zone polluée). Les difficultés d'intégration des migrants dans l'espace urbain a pour conséquence de véritables réceptacles ethno claniques. Les populations font de plus en plus recours aux espaces dépourvus de tout contrôle ou elles constituent « une civilisation rurale dans l'enceinte même du périmètre urbain. » (C. R. NGUIMALET, 2007 :4). La pauvreté des enquêtés, leurs faibles revenus et la difficulté de logement sont des facteurs qui les contraignent à lutter pour s'affirmer, dominer. Ils sont à la quête du mieux être et d'une intégration économique. Quelles que soient leurs caractéristiques, les difficultés économiques qu'ils éprouvent, la nécessité matérielle leur confèrent une perception mineure des risques. Même si certains individus (en particulier les instruits) sont conscients du danger, ceux-ci minimisent ce danger. Pour les femmes buy and sellam, les marécages, les ordures et les pollutions sont plutôt des handicaps pour leurs commerces, car gênant leurs « assos ». Cette perception positive du milieu donne à la population de ne pas se soucier de leurs cadres de vie.

Toutefois, dans quelles conditions vivent ces populations et quelles stratégies développent-elles pour la survie quotidienne ?

Individus

CHAPITRE V

CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE DES POPULATIONS

DES SITES A RISQUE

Les conditions de vie des populations de zones à risque présentent de situations particulières. Après avoir traité des motivations à faire recours à ces zones, il est important dans le cadre de ce chapitre d'évaluer et de décrire leurs conditions de vie dans ces sphères. Les indicateurs sont les suivants : la taille des ménages et le type de l'habitat, les sources d'approvisionnement en eau et en énergie, le type d'aisance et les conditions d'administration des soins. Aussi nous avons évalué les conditions de vie des populations en mettant l'accent sur les stratégies de suivi dans les ménages. L'analyse a pris en compte à la fois les données qualitatives et les données quantitatives.

V -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGESIV -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGES

Pour mieux définir les conditions de vie des populations enquêtées, nous avons pris en compte la taille de ménage et le type d'habitat, les sources d'approvisionnement en eau, en énergie et type d'aisance, les conditions d'administrations des soins.

V -1-1- CONCEPT DE MÉNAGE

Selon F. BARTIAUX (1986 :53),

 Un ménage peut être un ensemble de personnes qui vivent et prennent

ensemble leurs repas en tant qu'unité domestique, ou une personne

qui vit seule et prend ses repas séparément. 

Le ménage s'identifie ici comme une unité de production et de consommation.

Plus tard, (F. BEGEOT, 1998) le définit comme la manière dont les personnes pourvoient à leurs repas et aux autres besoins vitaux. Cependant les Nations Unies (NU) acceptent aussi que le ménage soit définit selon le simple critère de résidence. Ainsi, l'ensemble des personnes qui occupent une même unité d`habitation forme le ménage. Le ménage apparaît ainsi comme un concept pluridimensionnel, c'est-à-dire qui rend difficile l'établissement d'une définition admise par tous. De toutes ces définitions, le ménage s'identifie comme une unité de production, une unité de consommation et une unité d'habitation.

Nous avons pris le ménage ici comme la manière dont les gens pourvoient en groupe ou individuellement à leurs besoins (alimentaires, vitaux, etc.). Ensuite nous l'avons adopté comme un groupe de personnes, vivant habituellement sous un même toit, contribuant chacun aux dépenses et partageant l'essentiel de leurs repas.

V-1-2- TAILLES DES MÉNAGES ENQUÊTÉS ET TYPES D'HABITAT DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE

Les conditions de vie des populations des sites à risque sont adéquates. Ceci se révèle à travers l'enquête réalisée au sein des ménages. Ces derniers sont de grandes tailles (plus de dix personnes dans certains ménages). Plusieurs personnes partagent un logement parfois insalubre, dormant dans des conditions rudimentaires. Interrogées sur le pourquoi de ces co-habitations, certaines personnes affirment être animées par le désir de vivre ensemble pour renforcer les liens culturels. D'autres par contre mettent en exergue les difficultés liées au logement, conséquence de la pauvreté. La plupart des ménages sont constitués des individus issus du même village, d'autres issus des liens d'amitiés et d'autres encore de la famille restreinte (père, mère, enfants). La taille des ménages est assez élevée et varie selon le type de ménage.

Tableau 9: taille de ménage selon le type de ménage.

Type Ménage

Taille Ménage

 

0-6 personnes

7-10 personnes

10personnes & plus

Effectifs

Parental

10

5

5

20

Monoparental

0

02

08

10

Total

10

7

13

30

Pourcentages

33,3

23,3

43,3

100

Source : notre enquête sur le terrain

Deux types de ménages ont été identifiés et enquêtés. Les ménages parentaux sont des ménages dirigés par un homme, une femme. Les ménages monoparentaux sont ceux dont les membres sont constitués des personnes dirigées par un seul parent ; soit un homme, soit une femme. Sur trente ménages enquêtés dans les deux sites, vingt sont des ménages parentaux et dix sont des ménages monoparentaux. Sur vingt ménages parentaux, cinq sont constitués de plus de dix personnes et cinq de moins. Dans les ménages monoparentaux (dix au total), huit sont constitués de plus de dix personnes et deux de moins de dix personnes. L'analyse montre une grande proportion des ménages constitués de plus de dix personnes (43,3%) et une faible proportion des ménages constitués de sept à dix personnes (23,3%). Le taux élevé des personnes dans les ménages traduit la difficulté liée au logement dans les sites enquêtés. Ces sites quand bien même ils offrent de logements à faibles coûts, certains individus ne peuvent s'en procurer un individuellement, faute de moyen financier. Plus les individus ont des difficultés de logement individuel, plus le désir de partager une même habitation est élevé. M. MONIQUE rencontrée sur le site de Maképé Missoké déclare :

Si je vis avec mes frères, ce n'est pas tellement parce que je veux être en communauté, mais parce que je n'ai pas encore les moyens d'avoir un logement. Lorsque je serai en mesure de m'en procurer un, je pourrai sortir et être indépendant.

De cette déclaration, la crise de logement liée aux difficultés financières des populations enquêtées est ainsi une cause du taux élevé des tailles des ménages. La cohabitation a un but économique. En ce sens, elle permet aux acteurs dans un premier temps de faire des économies et dans un deuxième temps d'investir au village. Ces populations outre leur nombre élevé dans les ménages, habitent des maisons peu confortables.

La plupart des logements sont construits en matériaux provisoires. Le bois est le principal matériau de construction. Les bois utilisés sont rarement traités et leur mise en oeuvre en terre expose à l'attaque par l'eau et par les termites. C'est ainsi qu'à la longue, les maisons ont tendance à s'incliner et dans certains cas à se renverser. En raison de la mauvaise adhérence entre le bois et la terre, des fissures et des fendillements sont souvent observés et les pluies renforcent les risques de pourrissement du bois. La faible hauteur de ces maisons leur confère un aspect peu confortable. C. PETTANG (1996).

Cependant, d'autres construisent en briques de terre et en parpaings. En fait, pour fabriquer des briques en terre, les populations creusent des terres sous les pentes du site. Cette technique à l'avantage qu'elle ne nécessite pas de lourds investissements, ni trop de dépenses comparativement aux maisons en parpaings, qui nécessitent un investissement financier dans l'achat du ciment et autre matériel. Ces maisons sont réalisées très souvent rapidement et occupées avant la fin des travaux qui aussi se réalisent de façon évolutive sans que cela ne constitue un problème important car s'adaptant aux conditions économiques des populations. Les techniques qu'elles utilisent sont simples et ne nécessitent pas une main d'oeuvre particulièrement qualifiée. Ce qui n'est pas sans conséquence comme l'atteste cette affirmation d'une dame interrogée à Maképé Maturité :

 En quinze ans, mon mari a déjà construit au moins trois fois cette maison. Après chaque cinq ans au moins, elle commence à s'affaisser et on est obligé de relever à nouveau les murs . (Mme MACHE, Maképé Maturité)

En fait cette conséquence vient du fait que ces maisons dans les terres marécageuses sont construites sans fondations appropriées. Lorsqu'il y a pluies et inondations, les maisons s'affaissent et sombrent petit à petit. Voici le tableau qui présente la répartition des populations enquêtées selon le type d'habitation.

Tableau 10: répartition des individus selon le type d'habitat

Type d'habitat

Zone

 

Maisons en carabottes

Maisons en briques

Maisons n parpaings

Effectifs

Maképé Missoké

70

10

20

100

Maképé Maturité

60

11

29

100

Total

130

21

49

200

Pourcentage

65

10,5

24,5

100

Source : notre enquête sur le terrain

De ce tableau, sur 200 personnes enquêtées, 130 affirment vivre dans les maisons en carabottes (65%), 21 affirment résider dans des maisons en briques de terre (10,5%) et 49 dans des maisons en parpaings (24,5%). L'analyse révèle à partir du tableau une forte proportion des individus habitant des maisons en carabottes. La conclusion qui résulte de ce tableau est que les habitants des sites à risque habitent des maisons construites en carabottes. La raison première de la sollicitation de ce type d'habitat vient non seulement de son caractère économique, mais aussi du fait de l'état psychologique des populations qui ont peur d'être détruites à tout moment. Elles ont peur de construire en matériel définitif pour être détruites plus tard.

M. INOUSS affirme :

 Chaque fois, nous sommes menacés de destruction. Si nous nous mettons à construire en matériel définitif, ce n'est pas seulement parce que nous n'avons pas de moyens, mais parce que nous avons peur d'investir et nous faire détruire après.  (INOUSS, Maképé Missoké)

Dans la plupart des cas, ce sont des maisons sans chambres. Uniquement des salons où se retrouvent des lits, des équipements prêts à être déplacés en cas de destruction ou d'inondation.

V-1-3- SOURCE D'APPROVISIONNEMENT EN EAU, ÉNERGIE ET TYPE D'AISANCE

Que ce soit dans la zone de Maképé Missoké ou celle de Maképé Maturité, l'accès à l'eau potable est difficile pour les populations enquêtées. Dans la zone de Maképé Maturité, il existe une borne fontaine payante relevant d'une initiative privée, deux forages construits par une Organisation Non Gouvernementale (ONG) canadienne. Une couche minoritaire de la population a accès à ces deux sources d'approvisionnement. D'autres par contre, n'ayant pas de revenus leur permettant d'acheter l'eau de la fontaine et celle des forages se ravitaillent dans de nombreux puits creusés par eux-mêmes. Ces puits sont non aménagés et contiennent des impuretés dues aux infiltrations souterraines tels que le démontre le schéma ci-dessous.

Schéma 1 : Processus d'infiltration des impuretés dans les puits

Source : (G. R. MATCHAN, 2005)

Le schéma ci-dessus montre le processus d'infiltration (latérale et verticale) des impuretés. Lesquelles proviennent des rivières polluées de la Ngoné. Plusieurs individus se ravitaillent par ce moyen qui consiste à attacher un fil sur un sceau qu'on introduit dans le puits et au bout de quelques secondes, on le ressort plein d'eau. Cependant d'autres encore se ravitaillent dans la rivière. Le processus consiste à puiser de l'eau de rivière, la laisser au repos pendant quelques temps et ensuite l'utiliser. Cette eau est généralement utilisée pour la cuisson des aliments et pour certaines lessives.

Tableau 11 : Répartition des populations selon la source d'approvisionnement en eau

Source

d'approvisionne-

ment

Population

SNEC

Puits

Borne fontaine,Forage

Rivière

Effectifs

 

Maképé Missoké

20

30

25

25

100

Maképé maturité

12

33

35

20

100

Total

32

63

60

45

200

Pourcentages

16

31,5

30

22 ,5

100

Source : notre enquête sur le terrain

De ce tableau, sur 200 personnes enquêtées, 60 affirment avoir accès à l'eau de la fontaine et du forage (soit 30%), 32 l'eau provenant de la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) soit 16%, 63 se ravitaillent dans les puits (31,5%) et 45 ont pour source d'approvisionnement en eau la rivière Ngoné (22,5%). L'analyse révèle une forte proportion des individus qui se ravitaillent dans les puits (31,5%). En conclusion, la plupart des individus n'ont pas accès à l'eau potable. Ils se ravitaillent dans des sources douteuses (près de 54% de la population enquêtés). Ceci est une conséquence de la pauvreté ambiante qui caractérise cette population comme le déclare F. TEZA

 Si nous nous ravitaillons dans les puits, c'est parce que nos moyens sont limités pour aller au forage et à la fontaine. Les puits que vous voyez ont été creusés par nous-mêmes et parfois les inondations les remplissent et nous les creusons à nouveau.  (F. TEZA, Maképé Missoké)

Le recours à ce type de ravitaillement est donc lié tel que dit plus haut à un manque de moyens de la part de la population. Mais certaines personnes interviewées expliquent le recours aux eaux d'origine douteuse comme celles des rivières en mettant en exergue la proximité. C'est le sens de la déclaration de cette personne enquêtée à Maképé Maturité :

 Ma maison est juste à coté de la rivière. Je ne trouve pas important de parcourir encore une longue distance pour aller chercher de l'eau alors qu'elle est à mes côtés. D'ailleurs je n'ai pas les moyens pour acheter de l'eau. (PAUL, Maképé Maturité)

L'eau de la rivière étant proche et gratuite, les individus s'y déploient pour se ravitailler. Une analyse du tableau précédent permet de comprendre que le pourcentage de personnes ayant recours aux eaux de rivière est plus élevé dans la zone de Maképé Missoké (25% %) comparativement à celui de Maképé Maturité (20%). Il s'établit une différence de niveau de vie dans les deux sites. Les populations de Maképé Maturité s'organisent régulièrement en associations dans le but d'initier des projets. Les forages creusés dans la zone sont le fruit de cette initiative locale.

En ce qui concerne l'énergie, les ménages manquent d'éclairage moderne. La plupart des populations enquêtées affirment avoir pour principale source de ravitaillement en énergie la lampe traditionnelle et dans une moindre mesure des bougies. Dans le cadre de la cuisson des aliments, elles utilisent les feux de bois ou les charbons. D'autres par contre ramassent des débris issus des plantes sciées quelles pilent dans les fours pour y mettre ensuite le feu.

Tableau 12 : répartition des individus selon le type d'éclairage.

Population

Type d'éclairage

 

Eclairage moderne

Lampe à pétrole

Bougie

Effectifs

Maképé Missoké

30

55

15

100

Maképé Maturité

50

40

10

100

Total

80

95

25

200

Pourcentages

40

47,5

12,5

100

Source : Notre enquête sur le terrain

Sur 200 personnes interviewées, 95 affirment avoir pour source d'énergie en matière d'éclairage des lampes à pétrole représentant un taux de 47,5%. 25 utilisent des bougies et 80 des ampoules modernes. Soit respectivement 12,5% et 40% %. De manière générale, les populations n'ont pas accès au système d'éclairage moderne. La plupart utilise des lampes à pétrole et des bougies, ce qui est souvent à l'origine des feux, des pertes humaines et matérielles telles que développées dans le chapitre six. Une analyse comparative permet de comprendre que dans la zone de Maképé Maturité, le pourcentage des personnes ayant accès à l'énergie moderne est élevé (50%) par rapport à la zone de Maképé Missoké (30%). Par contre le nombre d'individus utilisant les lampes à pétrole et les bougies est plus élevé à Maképé Missoké (70%) qu'à Maképé Maturité (60%). La conclusion qui résulte de cette analyse est que l'accès dans la zone de Maképé Maturité est plus facile pour la Société Nationale d'Electricité (SONEL, principale et unique distributrice de l'énergie électrique moderne au Cameroun) que l'accès à la zone de Maképé Missoké. En outre, la présence massive des étudiants dans la zone de Maképé Maturité peut expliquer cet état. Car la plupart des étudiants sont en location et les bailleurs des minis cités présentes déploient beaucoup de moyens pour les alimenter en électricité. Ce qui profite aussi à certaines maisons comme le témoigne (G. CEZAIR Maképé Maturité) « C'est parce que le courant est venu tout proche de moi que j'ai résolu d'alimenter ma maison. Ce sont des étudiants ici à coté qui poussent parfois les pouvoirs publics à réagir en notre faveur ». La présence massive des étudiants dans la zone de Maképé maturité est d'un atout particulier pour la population, ceux-ci sont toujours prêts à initier des jaillissements de voix attirant ainsi la réaction des pouvoirs publics, ce qui représente un avantage pour les habitants de la zone.

En ce qui concerne le type d'aisance, les conditions de logement imposent aux individus un partage de toilette. Parfois jusqu'à cinq ménages pour une toilette. La difficulté qu'il y a pour cette population d'avoir accès à l'eau leur impose aussi un équipement sanitaire inadéquat. Les populations utilisent massivement des WC traditionnels (sans chasse eau). Leur entretien n'est pas généralement pris en compte. Ces WC sont des trous d'au trop deux à trois mètres de profondeur, creusés à proximité des cuisines et qui coulent parfois à vue d'oeil. Pendant les saisons de pluies, elles s'inondent et les déchets sont évacués.

Les services d'hygiène et de salubrité de douala 5e passent de temps en temps pulvériser les douches et toilettes. Mais selon le chef de quartier de Maképé Maturité, M. BELLA, cette fréquence « rare » de passage ne connaît point de succès puisqu' après pulvérisation, « la population reprend avec les mêmes conditions ».

D'autres personnes par contre qui ne disposent pas d'un espace propice pour creuser un WC, se contentent des sachets (plastiques) dans lesquels elles déposent leurs excréments qu'elles achemineront dans les eaux de la rivière ou dans les toilettes les plus proches. Le tableau ci-dessous présente la répartition des individus enquêtés selon le type d'aisance.

Tableau 13: répartition des individus selon le type d'aisance

Population

Type d'éclairage

 

WC moderne

(avec chasse)

WC tradit.

(sans chasse)

Autres

Effectifs

Maképé Missoké

30

50

20

100

Maképé Maturité

25

50

25

100

Total

55

100

45

200

Pourcentage

27,5

50

22,5

100

Source : Notre enquête sur le terrain.

Du tableau ci-dessus, sur 200 personnes enquêtées, 55 soit 27,5% affirment utiliser les WC avec chasse, 100 personnes soit 50% utilisent des WC traditionnels (sans chasse) et 45 personnes soit 22,5% n'ont pas de douches, ni de WC. Nous pouvons conclure que les populations des sites à risque enquêtés n'ont pas des types d'aisance sains (près de 73% de la population). Cette situation s'explique tel que révélé plus haut par non seulement l'accès difficile à l'eau, mais aussi par l'impossibilité pour certains ménages à s'acquérir des surfaces pouvant abriter les douches, toilettes faute de moyens matériel et financier.

L'analyse comparée dans les deux sites de recherche permet de comprendre qu'à Maképé Maturité, la fréquence des individus utilisant les WC et toilettes inadéquates est plus élevée que celle de Maképé Missoké. Ceci peut s'expliquer démographiquement, car la population de Maképé Maturité est plus élevée que celle de Maképé Missoké. Le taux élevé de la population accroît le nombre de ménages et une demande de plus en plus croissante en type d'aisance, car selon le sociologue R. RANGEZ (1995 :66),

 La fréquence élevée d'une population pauvre dans une zone

augmente la tendance à construire des toilettes sans mesures

sanitaires afin de satisfaire les désirs pressants et immédiats .

V-1-4- CONDITIONS D'ADMINISTRATION DES SOINS

Dans les sites enquêtés, nous avons observé l'existence de plusieurs centres de santé et infirmeries relevant en majorité des initiatives privées. La zone de Maképé Maturité regorge plus de dix centres de soins de santé et une infirmerie. Quant à celle de Maképé Missoké, cinq centres y sont présents. Parmi les centres que regorgent les deux sites (seize au total), onze sont d'initiatives privées et cinq des pouvoirs publics. Ces structures sont l'oeuvre des étudiants en médecine ou ceux ayant reçu une formation dans le domaine médical. Elles sont au service de la population et leur offrent des opportunités diverses comme des consultations, hospitalisations, accouchement, pédiatrie, petite chirurgie. Centres de santé primaire, ils administrent des traitements au travers des personnes peu qualifiées. En outre, l'origine des médicaments vendus n'est pas souvent révélée.

Malgré la présence de ces structures primaires, les populations accèdent rarement aux soins modernes. Elles optent pour la médecine traditionnelle qu'elles qualifient de « moins chère ». L'affirmation ci-dessous de R. GASTON en est une illustration :

Les soins de santé moderne ne sont pas à la portée de tous. Pour une population démunie comme la notre, avoir les moyens nécessaires pour s'administrer ces soins est difficile. (R. GASTON, Maképé Maturité)

Cette affirmation est confirmée par celle de K. GISELE, infirmière dans le centre de santé La Grâce à Maképé Maturité

 Rares sont les personnes qui viennent ici. C'est quand la situation devient critique q'elles peuvent au centre de soins. Elles préfèrent les soins naturels. (K. Gisèle, Maképé Maturité).

Ces propos témoignent de la difficulté qu'on les populations enquêtées à se soigner de manière moderne car comme le déclare G. IYENDA (2002), pour les populations démunies, se soigner est un casse-tête, une préoccupation mineure. Sur 200 personnes enquêtées par sondage, 15% fréquentent les centres de santé au moins deux fois par an, et plus de 50% ne le font pas. Le taux des individus n'ayant pas régulièrement accès aux soins de santé moderne est très élevé (70%) et confirme davantage les déclarations faites sur les difficultés pour les individus à s'acquérir des moyens pour les soins modernes. Cependant, si la médecine traditionnelle est valorisée, les populations l'expliquent en mettant aussi en exergue le désir de valoriser les plantes africaines comme le témoigne cette déclaration :

 Votre médecine des blancs là est inefficace et ne s'adapte même pas à nos attentes. Nous devons valoriser nos arbres, nous devons valoriser nos écorces. C'est pour cela que je préfère la médecine traditionnelle.  (P. TEZA, Maképé Missoké)

Les manques de moyens financiers ne constituent plus l'unique raison de la préférence de soins traditionnels. Mais les populations sont aussi animées par le désir de faire valoir leur culture, leurs feuilles, leurs écorces.

Face aux difficultés qu'elles rencontrent pour la satisfaction des besoins quotidiens de consommation, de santé, d'éducation, les populations adoptent des stratégies socio-économiques de survie diverses. Ces stratégies modifient les plus souvent leurs habitudes alimentaires, leurs pratiques quotidiennes et leur solidarité sociale.

V-2- Stratégies socio-économiques de survie des populations des sites à risqueIV-2- Stratégies socio-économiques de survie des populations des sites à risques

Les stratégies de survie que développent les populations des sites à risque se caractérisent par une dispersion des savoirs, se manifestant de façons multiples et variées en fonction des besoins ressentis. L'une des plus remarquables est la pratique des activités informelles.

V-2-1- CONCEPT DES ACTIVITÉS INFORMELLES

V-2-1-1- Définition

La définition des activités informelles ne fait pas l'unanimité des chercheurs. Elle varie selon les chercheurs et selon le point de vue considéré. Sur le plan étymologique, le terme vient de l'anglais `informal' qui signifie ce qui est officieux, non officiel, ce qui est en dehors des règles ou des statuts. Par la suite, le français l'a emprunté et l'a utilisé dans différents secteurs concernés. Pour G. VERHAEGEN cité par O. EKANZA (1995), l'informel est toute activité spontanée, échappant en grande partie au contrôle de l'administration. En marge des obligations légales, non recensés dans les statistiques officielles, bénéficiant rarement des activités professionnelles de l'état.

G. DE VILLERS (1992 :4) pour sa part définit les activités informelles comme suit :

 Les activités informelles seraient donc des activités pratiquées

généralement par des pauvres, exercées plus ou moins en marge

des lois et des institutions officielles et relevant des normes

spécifiques par rapport à celles de la modernité .

Les activités apparaissent ici non seulement comme des activités officieuses, mais aussi et surtout des activités des pauvres. Mais de toutes les définitions proposées, le concept se saisi de par son caractère spontané, officieux. Les activités informelles sont donc des activités spontanées et non officielles exercées généralement par une couche démunie. Elles ont des caractéristiques particulières.

V-2-1-2- Caractéristiques du secteur informel

Après une étude réalisée sur les activités informelles au Kenya en 1972, le Bureau International du Travail (BIT) en donne les caractéristiques susceptibles d'appartenir à l'ensemble de celles-ci. Ceci étant, ces caractéristiques peuvent être résumées de la manière suivante :

La facilité d'accès aux métiers

Le recours aux ressources locales

La propriété familiale de l'entreprise

L'échelle restreinte d'opérations

L'utilisation des techniques à forte intensité de main d'oeuvre et d'adaptation au milieu

L'acquisition des qualifications en dehors du système scolaire officiel

La facilité d'opérer sur les marchés non réglementés, mais ouverts et compétitifs.

V-2-1-3- Emergence du concept

G. DE VILLIERS (op. cit.) souligne que le rapport du BIT (1992) a donné officiellement naissance au concept informel et a permit son imposition sur le terrain scientifique. Implicite dans les années 1970, le secteur informel a pris de l'ampleur dans les pays du tiers-monde au point de concurrencer, à son avantage le secteur formel. Entre les années 50 et 80, l'Afrique s'est distingué par un boom démographique inversement proportionnel à la croissance économique. Au cours de cette même période, la population urbaine s'élevait au rythme de 6% par an et celle des villes périphériques de 10%. Alors que l'accroissement des emplois offerts dans le secteur formel ou secteur moderne ne représentait que 2%. Très vite, la demande d'emplois est apparue supérieure à l'offre. Le développement du chômage urbain, conséquence logique de la crise économique, s'est accompagné de l'émergence et de l'essor du secteur informel. C'est une question de survie de ces populations refusées par le secteur formel. La baisse sans cesse croissante des pouvoirs des salariés exerçant dans le secteur moderne, incite les ménages à rechercher les revenus complémentaires dans le secteur informel pour joindre les deux bouts du mois. L'adoption et la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel avec ses effets pervers (réduction des salaires, diminution des effectifs de la fonction publique, privatisations des entreprises d'état) ont contribué à la dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du secteur formel au secteur informel. L'incapacité de l'état de répondre aux besoins fondamentaux de la population dans les domaines de l'emploi, de la santé, du logement et de l'éducation est à l'origine de l'émergence du secteur informel en Afrique. Ce qui fait dire G. IYENDA (2002 :18) que :

 L'Etat, principal garant du bien être de la population, a

démissionné devant ses responsabilités, laissant régner une

pauvreté indéfinissable alors que le développement, comme

processus d'amélioration du bien être intégral de l'homme exige

la définition du contenu de ce bien être sous la forme d'objectifs

étatiques. 

Au Cameroun, l'émergence des activités informelles est liée

 à l'arrêt des recrutements dans certains secteurs de la fonction

publique, le dépôt de bilan de plusieurs entreprises. Les effets

d'entraînements furent les licenciements, l'accentuation du

chômage et le développement des logiques de suivie par les

couches sociales atteintes. D'où, l'accentuation du chômage et le

développement des logiques de survie par les couches sociales

atteintes, d'où l'accroissement et expansion de l'économie

parallèle  (T.T. ROBERT 2005 :44).

Aujourd'hui, les activités informelles ont émergé dans le domaine de la production au Cameroun et se révèlent comme des activités des pauvres. Les petits métiers tels que relevés par (K. FODOUOP, 2002) ont pris de l'ampleur et représentent de nos jours un grand pourcentage de l'économie du pays. Le secteur informel est passé de 38,1% en 1980 à 85,2% en 1996. Les populations de Maképé Maturité, Maképé Missoké évoluent dans ce sillage des activités informelles. Plus de 97% de la population enquêtée tirent leurs revenus des activités informelles qui leur permettent de faire face aux multiples besoins. Les principales activités sont : les tontines et associations, la mise au travail des enfants, les transports par moto taxi, la vente du sable et du gravier, le commerce.

V-2-2- POPULATIONS DES SITES À RISQUE ET ACTIVITÉS INFORMELLES

V-2-2-1- Pratique des tontines et associations

L'une des activités qu'adoptent les populations comme stratégie de survie est la pratique des tontines et associations. Ces dernières sont de diverses natures : les tontines et association des collègues, des ressortissants des mêmes villages, du même sexe, etc.

Selon les groupes de collègues, les individus exerçant un métier se regroupent et forment un tout qui les ressemble régulièrement. Selon les groupes ethniques, il s'agit des individus d'une même région, d'une même province ou d'un même quartier du village. Et selon le sexe, il s'agit des associations où on retrouve exclusivement soit les individus de sexe masculin, soit ceux de sexe féminin. Les populations s'associent en clan, en famille, en profession pour mettre en commun des biens ou des services au bénéfice de tout un chacun, et cela à tour de rôle. Les participants versent régulièrement des cotisations de montant fixe à un fonds commun qui est distribué tour à tour à chacun des membres. Quand chaque membre a reçu le fonds une fois, le cycle doit recommencer.

Ces tontines et associations ont avant tout une vocation sociale pour la population enquêtée, car elle est une sorte de prévoyance à laquelle chaque membre adhère en prévision des difficultés qui peuvent subvenir par exemple au plan familial. M. ZEBAZE, dans la zone de Maképé maturité, interviewé sur les raisons des pratiques des activités associatives affirme :

Si je ne faisais pas les tontines, je serai déjà peut-être morte. J'ai été longtemps malade et c'est ma cotisation qui a permit l'achat des médicaments. Je continue dans ces tontines pour prévoir ce genre de chose. En plus, j'envisage construire une cabane pour moi et pour mes enfants avec l'argent que je cotise. (M. ZEBAZE, Maképé Maturité)

Cette affirmation confirme davantage la vocation sociale des tontines et associations. Toutefois elles ont aussi une vocation économique car elles permettent l'épargne. Les fonds épargnés seront utilisés pour un investissement, pour un événement prévu ou imprévisible. Tous les individus enquêtés affirment faire partir d'une association au moins. Ils sont motivés par nécessité matérielle et une aspiration à une reconnaissance sociale car se considérant souvent comme des « oubliés de la société » comme affirme JOSUE, creuseur de sable à Maképé Missoké. Ces associations sont diverses. Entre autres nous avons : Association des femmes Buy and sellam (AFBSE), Association pour le développent du quartier Maképé Missoké (ADQM), Association pour la solidarité Anglophone (ASA), Amicales des vendeurs de sable) (AVSA), Amis et développement de Maképé Maturité (ADM)

Selon le sexe, les hommes sont plus enclins dans les activités associatives que les femmes. Rares sont les femmes qui se retrouvent dans des associations mixtes. Sur 100 femmes interviewées 25 font partir des associations mixtes, alors que tous les hommes y sont. Ceci s'explique par le fait que selon les hommes, les associations ne sont pas obligatoires pour les femmes. Ils sont méfiants quant à la participation de leurs femmes aux milieux qu'ils jugent « douteux ». Celles qui s'y retrouvent sont en majorité des femmes célibataires ou veuves. Cependant les femmes mariées présentes sont celles qui ont longtemps négocié auprès de leurs maris qui leur donnent la permission à chaque sortie. Le recours aux activités associatives comme stratégie sociale de survie est primordial comme l'atteste le chef de quartier de Maképé Maturité, M. MBELLA. Les populations s'inquiètent plus du devenir de leur progéniture et recherchent les tontines et associations dites de secours, où chacune cotise à une caisse commune qui permet de dégager des fonds en cas d'accident ou de maladie. Ces associations ne représentent plus seulement des secours matériels « Mais surtout un environnement sécurisant, parce que réglementé et valorisant » (TICHIT 1996 :12)

V-2-2-2 La mise au travail des enfants comme stratégie de survie des populations à risque.

L'une des stratégies qu'utilisent les populations des zones à risque pour subvenir aux besoins du ménage est la mise au travail des enfants. Les enfants deviennent des principaux pourvoyeurs dans les ménages, ce qui modifie quelque peu leurs rôles dans les structures familiales et crée en eux une émotivité. Les données recueillies auprès des ménages montrent que près du tiers des ménages vit essentiellement du revenu du travail des enfants. La prise en compte de l'occupation des enfants dans les différents secteurs a enrichi notre analyse ; ainsi dans le domaine du commerce, les données de notre enquête laissent entrevoir une division très marquée des occupations selon le sexe des enfants. En effet trois filles sur quatre travaillent dans le secteur du petit commerce d'alimentation (vente de fruits, légumes, beignets, arachides, tomates, condiments). Comparativement, un garçon sur cinq exerce dans le petit commerce général comme la menuiserie. Cette mise au travail des enfants vise la multiplication des sources de revenu au sein des ménages.

 Pour joindre les bouts, nous sommes parfois obligés de faire travailler nos enfants. C'est aussi une manière pour nous de les responsabiliser, de leur apprendre à travailler et à s'orienter. Chez moi, j'ai six enfants. Chaque soir, je les envoie au marché pour vendre les légumes. Leurs revenus me permettent de faire face à certaines obligations comme payer leur école pour ceux qui fréquentent encore, pourvoir à mes cotisations (T. MICHEL, Maképé Maturité)

De cette affirmation de T. MICHEL interviewé dans le site de Maképé Maturité, la mise au travail des enfants se révèle être aussi une initiation à la responsabilité précoce de ceux-ci. L'âge des enfants mis au travail varie entre cinq et quinze ans (5-15 ans). Sur 220 enfants enquêtés au hasard, 200 sont régulièrement utilisés dans le commerce soit (90%). La taille du ménage est un facteur de l'accroissement de la mise au travail des enfants. Plus la taille d'un ménage est élevée, plus les besoins se font pressants et plus le travail des enfants devient impératif. Le revenu moyen du travail d'un enfant par jour s'élève de 500 à 1000 FCFA. Il arrive même parfois que les parents les envoient fouiller dans les poubelles environnantes dans la recherche des vêtements et certains aliments pour la nutrition des porcs et autres bétails.

V-2-2-3- Le transport par moto « Ben skin » comme stratégie de survie

Cette activité est essentiellement exercée par les hommes. En général les populations de la ville de Douala se lancent dans les métiers de conducteur de motos taxi par nécessité matérielle pour certain et par manque de travail pour d'autres tel qu'analysé par (T.T. ROBERT 2005). Cette émergence trouve son explication dans la crise économique depuis 1985. Les crises de transport dans la ville de Douala conséquence du désengagement de l'Etat dans le secteur du transport. Dans le cas spécifique des populations de Maképé Maturité et Maképé Missoké, celles-ci se lancent dans cette activité pour plusieurs raisons : d'abord pour une insertion sociale car n'ayant pas de qualification pour un travail bien renuméré, ensuite la formation dans ce métier n'exige aucune éducation préalable ni un fond important de démarrage. L'apprentissage se fait sur place. Enfin la facilité dans l'acquisition d'une moto. Certaines commencent l'activité en travaillant pour quelqu'un, mais plus tard s'achètent leurs propres motos. Les axes qu'elles privilégient sont le carrefour Boulangerie de la Paix, le petit Marché de Maképé, carrefour ESSEC, CAMPUS B, DOGBONG, etc. Cependant certains hommes se dirigent vers d'autres zones loin de Douala 5e ceci pour multiplier les revenus car comme l'atteste ADAMOU (un moto taximan interviewé à DOGBONG), il arrive que leurs secteurs privilégiés soient « secs ». Alors il faut aller chercher plus loin. C'est le sens de cette affirmation.

 Il arrive que nos secteurs soient secs, c'est-à-dire des moments où il n'y a pas de clients. En plus la plupart des habitants de la localité ne sortent pas, ils travaillent sur place. Les rares personnes que nous transportons sont soient des élèves, soient des personnes qui viennent faire le marché. Nous sommes obligés d'aller le plus souvent dans d'autres secteurs hors de notre pour ne pas rouler à perte  (DEJOLIE, Maképé Missoké)

Le revenu d'un moto taximan est fonction de l'intensité du travail exercé. Les heures de travail varient en fonction de la présence des clients. Selon THOMAS (zone de Makepé Maturité)

 Le matin, le travail est intense puisque les gens vont au travail et les élèves à l'école. Mais à partir de 09 heures, il n'y a plus rien. Il faut attendre midi (12h) pour transporter ceux qui partent pour la pause. Apres 12 heures, il faut encore attendre 15h30 pour repartir transporter de nouveau les élèves et les travailleurs de retour. L'activité peut se prolonger parfois jusqu'à 22 heures. Il arrive que je rentre chez moi avec 3 à 4000 Frs de bénéfice quand le travail a bien tourné. Il y a aussi des jours où j'ai juste 500 Frs de bénéfice peut être à cause des pannes, etc.

Le revenu d'un moto taximan varie donc en fonction du travail accompli et les heures du travail en fonction de la mobilité sociale. Cette activité nécessite beaucoup d'énergie et la plupart des hommes qui la pratiquent sont des jeunes (20-40 ans) n'ayant pas acquis des notions sur le code de la route. Beaucoup ont appris à conduire depuis les zones rurales avant d'arriver en ville.

V-2-2-4-Vente du sable, du gravier et la pratique du commerce comme stratégie de survie

A coté de l'activité de moto taxi, les populations de sites à risque survivent grâce aux activités de vente du sable et du gravier, du petit commerce. Le sable et le gravier sont creusés au bas de l'escarpement du bassin de la rivière Ngoné. Les individus se regroupent pour creuser le sable dont le prix du camion s'élève à 20 000 FCFA (vingt mille francs CFA) pour le sable et 30 à 40 mille francs CFA pour le gravier. Mais cette activité est moins rentable car affirme FRANÇOIS,

 Il faut souvent attendre des jours, voir même des mois pour espérer trouver du sable. Il y a des périodes où nous profitons beaucoup. Surtout en saison sèche. Mais, les autres fois, il nous est difficile de rassembler chaque 1000 Frs par jour. Mais quand l'activité est intense, j'ai au moins 1500 Frs par jours. 

Cette activité nécessite un gros effort physique puisqu'il faut utiliser tous les jours ses forces pour creuser. Elle est essentiellement masculine. Les femmes quant à elles affluent dans le commerce. Les produits vendus sont soit récoltés en bordure des rivières, soit proviennent des zones périphériques de Douala. D'autres femmes s'exercent dans la vente des `beignets, bouillie, haricot' (BBH) chaque matin et chaque soir. D'autres encore étalent devant leurs maisons des plateaux de cigarettes, des arachides. Aussi l'élevage traditionnel est pratiqué (porcs, chèvres, poules etc.)

Tableau 14 : répartition des individus enquêtés par sexe selon les activités exercées

Population

Activités

 

Transport

Vente

de sable

Commerce

Autres

Effectifs

Hommes

30

40

20

10

100

Femmes

0

03

80

17

100

Total

30

43

100

27

200

Pourcentage

15

21,5

50

13,5

100

Source : notre enquête sur le terrain

De ce tableau il ressort que les stratégies de survie tels que le transport, la vente de sable sont essentiellement adoptés par les hommes (30) soient (15%) contre (0%) des femmes. Par contre les femmes sont plus enclines dans le petit commerce (80%). Ceci s'explique par le fait que le transport par moto et la vente de sable et gravier nécessitent beaucoup d'efforts physiques. Ce que les femmes, selon le chef de quartier de Maképé Maturité, ne peuvent faire. Le petit commerce peut être pratiqué même par les petits enfants. Il apparaît dès lors que les individus des sites à risque vivent essentiellement de petits commerces (50%)

Au terme de ce chapitre qui avait pour objectif de rendre compte des conditions de vie des populations des sites à risque, les résultats obtenus sont les suivants : les populations des sites à risque vivent dans des taudis, utilisent des eaux polluées des puits traditionnels. Les latrines utilisées par les acteurs sont des fosses creusées à ciel ouvert ; les populations vivent dans une promiscuité ambiante. L'usage combiné de l'eau de robinet et l'eau de la rivière ou celle du puits pour combler les besoins insinue une question de gestion de la qualité de l'eau et engendre des risques sanitaires dans ces quartiers. Dans le cadre de survie et de la satisfaction des besoins des ménages, les populations des sites à risque développent des activités et des stratégies qui se traduisent par les petits commerces, les métiers de transport, la vente de sable, la pratique associative.

TROISIEME PARTIE :

CHAPITREVI

DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT SOCIAL

Il existe une étroite relation les conditions de vie des populations des sites à risque et ses implications socio-économiques. Le phénomène ne peut plus aujourd'hui être étudié du seul point de vue du « rapport entre les objectifs stratégiques et les résultats sur le théâtre des opérations. Son analyse requiert d'évaluer l'ensemble des incidences qu'il peut produire dans le temps et dans l'espace. » (R. BAUDOUI, 2003). Pour évaluer et décrire les implications liées aux conditions de vie des populations des sites à risque, nous nous sommes appuyés sur les données secondaires et ensuite sur les données empiriques. Les crises sanitaires font partie des premiers risques encourus par la population. Ensuite, nous avons évalué les implications sur la satisfaction des besoins de la famille notamment la scolarisation des enfants, sur l'alimentation et sur la participation aux activités associatives. Enfin les implications psychologiques ont été évaluées. Toutes fois il est important de montrer comment se construisent et se fabriquent les risques dans les sites enquêtés.

VI-1-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUESV-2-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUES

VI-1-1- RISQUES NATURELS

P. TRONCHON (1991 :30) déclarait que « le milieu naturel impose des contraintes à l'aménagement du fait qu'un site présente toujours des caractéristiques dépendants. »

Il identifie :

- La topographie et le relief (pourcentage des pentes, existence des falaises ou ravins)

- L'évolution du paysage soit par des mouvements lents de terrains (érosion) ou rapides (glissements, éboulements), soit par dissolution (cavités karstiques)

- L'eau sous ses différentes aspects : eaux de surfaces (zones inondables)

- La topographie des terrains qu'ils soient meubles ou compacts, argileux ou calcaires.

- L'existence éventuelle du risque sismique ou volcanique.

Les quartiers Maképé Missoké et Maképé Maturité, comme tant d'autres quartiers de la ville de Douala sont des sites à risque de part la potentialité, voir l'éventualité des catastrophes naturels qui s'y produisent : les pertes en vies humaines de suite de glissements de terrains et des multiples inondations. Les phénomènes naturels parfois difficilement prévisibles, peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Mais il faut ajouter les risques aggravés par l'activité humaine.

VI-1-2- AGGRAVATION OU FABRICATION HUMAINE DES RISQUES

Par ses activités et très souvent sans se rendre compte des conséquences, les populations de Maképé Missoké et Maturité sont à l'origine et même de transformation du milieu naturel. Si les phénomènes naturels, même aggravés par l'intervention de l'homme, ne sont pas toujours prévisibles, l'activité humaine comporte de plus en plus d'agressions envers la nature ainsi que les dangers véritables pour l'individu.

L'aggravation des risques par les populations se traduit par :

- Les rejets d'eaux usées d'origine animale (élevage de porcs) ou humaines (eaux domestiques) déversées sur le site.

- Les rejets de matière non dégradable favorisé par la présence des marchés non contrôlés.

- Les rejets d'eau liquide ou résiduelle industrielle traitée ou non (polluants minéraux ou organiques des sociétés CICAM et GUINNESS à l'amont de la rivière Ngoné.

- Les eaux de ruissellement entraînant les polluants d'origines chimiques (détergeant).

En effet, les populations déversent dans la nature (leur environnement) des déchets ordinaires provenant de la préparation des aliments et du nettoiement normal des habitations : débris de verre ou de vaisselle, cendres éteintes, feuilles, chiffons, balayures et résidus divers. En outre, nous avons observé certains déchets provenant des établissements artisanaux, petits commerces, les encombrants de toute nature, les montres, les châssis et autres ferrailles de vielles voitures, pneus usés. Les maisons sont construites de façon chaotique.

Dans les marchés, les commerçants ne disposent d'aucun endroit pour jeter les aliments invendus ou pourris. Les égouts et l'évacuation des ordures ménagères sont très insuffisants. Le plus souvent, ces commerçants versent les eaux usées dans la rue et entassent les ordures devant les maisons, non par négligence, mais parce que les services de base ne sont pas assurés tel qu' affirme M. ALBERT, commerçant de vivre frais rencontré dans le petit marché Maképé Maturité.

Il n'y a pas de considération pour notre zone. Ce qui fait que les populations ne se soucient pas aussi de leur environnement. Nous avons la volonté de maintenir nos alentours propre et sains. Mais que faire de ces déchets qui ne dépendent pas de nous (déchets provenant des industries). En plus il arrive que les ordures entassées fassent des mois et des mois ici sans que personne ne s'en soucie. Alors vous voulez qu'on fasse quoi ? 

La construction et l'aggravation des risques par la population seraient donc une conséquence de la non prise en considération de leur zone par les pouvoirs publics. Les populations vivent ainsi dans le milieu naturel et le modifient pour satisfaire certains besoins essentiels. Cette pratique accroît les dangers sur le plan social, économique et psychologique.

VI-2- INCIDENCES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE

VI-2-1-IMPLICATIONS SANITAIRES

Les médecins perçoivent bien en quoi l'afflux massif des populations démunies dans les territoires exigus d'un camp accroît les risques de pollution et des épidémies tels que le paludisme et le choléra.

VI-2-1-1- Les effets de la pollution

Les effets de la pollution de l'air sur la santé sont mieux connus grâce aux études menées essentiellement dans les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe. Un certain nombre d'études ont aussi été réalisé dans les grandes métropoles et à Mexico. Par contre, les études scientifiques réalisées dans les villes africaines sont relativement rares et fragmentaires.

Dans les villes américaines, européennes et asiatiques étudiées, les problèmes de santé spécifiquement liés à la pollution de l'air par les rejets des déchets toxiques d'origine naturelle et humaine sont faciles à individualiser. La pollution industrielle interfère sur les résultats des échantillonnages d'air ambiant. Mais ces ratios sont peu applicables aux villes africaines comme Douala où la pollution de l'air par des sources industrielles est très limitée. Quoique la pollution industrielle soit présente, celle provenant des activités domestiques (déchets, ordure, etc.) est dominante. Elle constitue une source de maladie pour la population. L'impact des marécages avec ces nuisances sur la santé des individus se détermine par une augmentation de l'incidence d'un vaste spectre de maladies allant des maladies respiratoires aux maladies de peau en passant par l'aggravation des maladies cardio-vasculaires et les maladies allergiques. Les marécages lâchent des gaz toxiques. C'est le cas du cours d'eau qui traverse le long du quartier Maképé. Les eaux noirâtres coulent péniblement sous le pont. Des odeurs nauséabondes couvrent toute la zone. « Les populations y jettent toutes sortes de particules et c'est aussi ici qu'on y déverse toutes les huiles usagées recueillies dans les moteurs par les mécaniciens. », explique M. BELLA. Il ajoute : « Parfois, il est totalement impossible pour nous qui habitons le coin de rester à l'extérieur de la maison tant l'air est vicié et irrespirable. ». La double pollution atmosphérique et de l'eau asphyxie les populations par temps de pluie comme pendant la saison sèche. Selon l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) trois millions de personnes meurent chaque année sous l'effet de la pollution atmosphérique, soit 5% des 55 millions de décès annuels dans le monde.

Dans la zone de Maképé les risques de pollution sont souvent visibles. Nous nous sommes entretenu avec M.CLOVIS infirmier breveté d'Etat. Dans le centre qu'il dirige, il reçoit environ 50 malades par semaine dont 3% souffrent généralement de maladies respiratoires tels que des pathologies aigues qui se manifestent par les bronchites et beaucoup plus de cas d'asthme. On le remarque surtout chez les enfants qui sont les plus sensibles. Pour le Dr ETOUNDI MBALLA, « Il y a des pathologies des manifestations au niveau des yeux, les conjonctivites, les irritations cutanées, des maladies digestives, les diarrhées ». Ce sont des pathologies fréquentes dans les sites polluées et qui apparaissent un, deux ou trois jours après qu'on ait été en contact avec les substances polluantes. Il note aussi le risque des pathologies chroniques comme le cancer de poumon, du sang, digestifs ou de la peau, la toux.

VI-2-1-2- Montée du paludisme et cholera

A Maképé, la proximité ambiante et surtout les ordures ménagères et eaux souillées qui côtoient les habitations expliquent la raison pour laquelle les habitants sont régulièrement victimes du paludisme. Nous avons interviewé Mme MACAIRE, infirmière dans un centre de santé à Maképé Maturité sur l'origine et la fréquence des malades dans la zone. Selon celle-ci

Il arrive des moments où la majorité des malades qui arrivent dans le centre de santé sont victimes du paludisme. Surtout en saison sèche, nous croyons souvent à tort que la défense de notre santé et notre environnement n'est pas de notre ressort. Pourtant, les ordures qui nous entourent sont sources de nombreuses maladies à l'instar du paludisme .

Elle ajoute :

 Vous savez, le moustique n'aime pas le froid. Pendant la saison sèche, au moins cinq des dix lits de notre petit centre sont occupés par jour par les patients paludéens. Ce sont généralement des enfants dont l'âge varie de 6 mois à 17 ans.

Cette affirmation de Mme MACAIRE a été confirmée par notre observation. Les enfants de moins de 05 ans sont plus exposés au paludisme que les adultes à cause des mécanismes de défense qui sont encore immatures et particulièrement fragiles. Le paludisme devient comme un risque permanent qui affecte les familles. Dans un ménage enquêté au hasard et dont le chef de famille est (M. ELAN), même ci celui-ci ignore l'origine du paludisme affirme cependant que régulièrement, ses enfants attrapent des crises de paludisme et ce de façon répétitive. « Par an, j'ai au moins 3 enfants qui tombent malades.  Mais je ne peux pas vous donner l'origine. »

Le risque de paludisme est d'autant plus préoccupant que selon le rapport de l'OMS 2006, un enfant meurt toutes les 30 secondes de cette maladie. La zone de Maképé a été identifiée selon le rapport de recherche sur le cholera à Douala comme zone à risque, zone de développement de la maladie. Les dynamiques économiques en zone insalubre constituent un risque pour la population active et pour les consommateurs. Les risques ne sont pas simplement perceptibles au niveau des acteurs économiques, mais aussi et surtout au niveau des acteurs consommateurs (les clients qui viennent se ravitailler).

Les aliments vendus sont mal lavés et ce dans des eaux souillées, exposés en même le sol. Cette pratique augmente même le risque de contamination. Plusieurs cas de cholera ont été signalé dans la zone de Maképé et les causes sont les manques d'hygiène, la consommation des produits mal ou non lavés. Selon les statistiques fournies par les centres visités, sur 100 cas de choléra dans la ville de Douala, 10% de cas proviennent de la zone de Maképé. Ce taux est d'autant plus élevé lorsqu'on se rend compte que les sites de Maképé Missoké et Maképé Maturité ne sont pas les seules Zones à risque de Douala. La ville renferme de nombreuses zones à risque (Mabanda, New Bell, Cité CICAM etc.) les aliments vendus ne font l'objet d'aucun contrôle. Les acteurs économiques ignorent les conséquences de leurs activités non seulement sur eux-mêmes, mais aussi sur les populations qui consomment leurs produits. Compte tenu de la difficulté à « joindre les deux bouts » les commerçants ne prennent pas en compte le danger qu'ils courent. Une commerçante, (GISELE, Maképé Maturité), déclare :

 Nous n'avons même pas de l'eau potable dans notre zone. C'est Dieu qui protège le nègre. Donc, souffrez que je vende mes produits à même le sol. Lorsque le client achète, il les lave chez lui.

Il apparaît ici non seulement l'ignorance, mais aussi un manque de responsabilité les commerçants jugent normales leurs pratiquent dans un environnement pollué. L'Etat garant de la sécurité alimentaire devrait prendre des dispositions pour un environnement sain. Cette thèse confirme davantage la perception que les individus ont de leur milieu telle que démontrée dans le chapitre précédent. La tendance à décliner la responsabilité du peuple actif a été soutenue par le chef de quartier de Maképé maturité, M. BELLA, lorsqu'il affirme : «  Rien n'est fait par l'Etat pour contrôler la qualité des aliments vendus ici. Nous avons même déjà fait des appels pour les adductions d'eau, mais jusqu'ici les actions sont moindres et nous continuons à subir ». Cependant, il se révèle un paradoxe, si l'Etat qui est le gouvernement selon la population intervient dans le contrôle des marchés et des aliments, il y aura certainement une exigence. Ce que les populations contestent car si elles ont choisi ces zones, c'est pour fuir les exigences du gouvernement tels que les impôts, etc. Serez-vous prêts à accepter une réglementation avec ses exigences de vos activités ? Telle est la question posée à un groupe de femmes buy and sellam. Même si elles répondent par la négativité, elles pensent néanmoins que le pouvoir public doit assurer sa fonction sans toutefois leur nuire (Ne rien leur demander).

 Vous croyez que l'Etat doit toujours investir pour récolter ? Il n'a pas toujours besoin de demander quoi que ce soit à la population. Nous sommes de petits commerçants. Si l'Etat ne peut nous aider et prétendre une contrepartie, nous nous opposons.  (MICHEL, Maképé Maturité)

Sur le plan sanitaire, les zones marécageuses constituent des risques pour les populations. Ces risques sont perceptibles à travers différentes maladies dont sont régulièrement victimes les habitants de Maképé Missoké et de Maképé Maturité. Même si les individus ignorent ces risques, ils reconnaissent néanmoins qu'ils en sont de temps en temps victimes, constituant ainsi un lourd fardeau économique. Dans le cas du paludisme, l'analyse des risques ne prend pas simplement en compte le coût de traitement, mais aussi la perte résultante de l'invalidité du malade. De prime abord, le praticien indique que le traitement dépend des moyens. En principe, soutient-il,

 Le traitement du paludisme coûte cher pour les populations démunies. Son coût dépend des modalités de traitement. Les soins avec hospitalisations s'évaluent à 25 000 francs. Il faut noter que ce taux varie en fonction des structures sanitaires. Sans hospitalisations, le coût de traitement s'évalue entre 5 à 10 000 francs selon les cas. 

Les conséquences du paludisme peuvent générer des coûts économiques beaucoup plus importants que ceux liés aux maladies cardio-vasculaires et les maladies allergiques. La plupart des individus faute de pouvoir se soigner par les moyens modernes se réfèrent à la médecine traditionnelle. Les maladies liées à la pollution ont aussi un coût, qui se décline des soins de santé, en médicaments, en congés de maladies, en baisse de productivité, en invalidité. Ce coût est souvent supérieur au coût de la prévention.

VI-2-1-3- Populations et risque des sinistres

C. COLLIN (1995) dit de la ville qu'elle entraîne depuis toujours un cortège de vulnérabilité. Lesquelles sont liées à la difficulté de trouver une organisation cohérente entre le besoin qu'ont éprouvé les hommes de se rassembler et les risques constitués par l'entassement des populations dans des conditions propices au développement des sinistres et des désordres. L'un des risques dans les sites enquêtés est lié à la construction traditionnelle en bois qui favorise les grands feux dans les zones. Interviewé sur les problèmes quotidiens liés à leurs conditions de vie, (NARCISSE, zone de Maképé Missoké) affirme :

Il est difficile dans notre zone de passer un mois sans sinistre. Notamment les feux des maisons. Au mois de décembre 2006, dans notre petite zone, nous avons enregistré trois cas de feu dans le quartier. 

Les feux tirent leurs origines de l'utilisation des bougies par les populations comme moyen d'éclairage. Plusieurs viennent à oublier allumée les bougies pendant le sommeil. En outre l'utilisation de feu de bois et certains branchements électriques expliquent ces feux. Outre les feux qui se multiplient et prennent de plus en plus de l'ampleur, les pertes en vies humaines sont enregistrées de suite de glissement de terrain et des inondations. Les glissements de terrains sont dus non seulement de la sensibilité de la zone, mais aussi du fait que les populations creusent des pentes pour des constructions. Ce qui provoque l'écoulement de certaines maisons. Les causes des inondations sont diverses : de prime à bord, la ville de Douala est une zones inondable car située en bordure de la mer. Dans le cas spécifique des zones enquêtées, les populations participent à la construction des risques en bouchant les canalisations d'eau par des débris ménagers, etc. Les constructions anarchiques ne favorisent pas la circulation des eaux de toitures. Ces inondations s'accompagnent des grandes pertes matérielle et humaine. « J'ai vu partir mes effets et toutes ma maison en 2005 sur les torrents d'eau » (M. ALBERT, Maképé Maturité). Le tableau ci-dessous présente les pertes humaines enregistrées de 1998 à 2004.

Tableau 15 : évolution des pertes en vie humaines de suite des inondations dans les zones enquêtées

Sites

Années

 

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

total

Maképé

Missoké

4

6

2

0

4

2

2

20

Maképé Maturité

4

9

1

2

0

1

0

17

Total

8

15

3

2

4

3

2

37

Source : Document de travail communauté urbaine de Douala (CUD)

De ce tableau il apparaît que de 1998 à 2004, il a été enregistré dans la zone de Maképé Missoké une vingtaine de décès de suite des inondations. Dans la zone de Maképé Maturité, 17 cas de ces ont été enregistrés. Au total 38 cas de décès de 1998 à 2004. La plupart des victimes sont des enfants. Une remarque est faite à partir de ce tableau. Celle du nombre élevé de décès enregistrés en 1999. Cette année été marquée par de grandes pluies torrentielles. C'est à partir de ces sinistres que le gouvernement a accentué le processus de déguerpissement des populations à risque. Nous n'avons pas eu des statistiques sur les implications des inondations de 2004 à 2006. La vie dans les sites à risque presente ainsi des situations particulières. Les implications observées et évaluées sur le plan sanitaire ont été aussi observées sur la satisfaction des besoins de la famille.

VI-2-2- IMPLICATIONS SUR LA SATISFACTION DES BESOINS DE LA FAMILLE

VI-2-2- 1- Les fonctions de la famille

La famille exerce un certain nombre de fonctions. Elle est le lieu par excellence des solidarités entre producteurs et improductifs. Les anciens sont amenés à trouver auprès des générations suivantes le soutien nécessaire lorsqu'ils deviennent trop âgés pour travailler. Cette solidarité se traduit par l'hébergement des parents âgés, l'affectation des jeunes au ménage d'un ancien ou l'envoi de subsistances. Elle constitue un lieu de refuge non seulement pour les parents, mais aussi pour les enfants. La famille pour les populations des sites à risque est un lieu où l'enfant s'épanouit jusqu'au moment où à l'âge adulte, il fonde lui même un foyer. Même étant mariés, certains enfants préfèrent demeurer chez leurs parents avec leurs épouses et enfants. La famille représente un abri sur où l'on exprime ses sentiments avec la certitude d'être soutenu. La famille participe à la socialisation des enfants, un soutien économique, un agent de protection et d'assistance. La famille est ainsi un lieu incontournable dans la vie de chaque individu. Elle est aussi organisée avec des rôles spécifiques attribués à chaque membre comme la société elle-même. Les familles telles qu'observées dans les sites à risque ont des besoins dont la satisfaction dépend de leurs conditions de vie.

VI-2-2-2- Besoins de la famille

Les besoins sont immenses dans les familles rencontrées dans les sites à risque. Ces besoins vont de la scolarisation des enfants à la satisfaction des besoins alimentaires et communautaires. Pour des personnes interviewées sur leurs besoins dans la famille, certaines ont fait part du besoin de scolarisation des enfants. MICHELLE est une de ces personnes interviewées dans la zone de Maképé Maturité et elle affirme :« Nos enfants ont besoin d'aller à l'école. J'ai toute la volonté d'envoyer les miens à l'école. Pour cela, il faut que je me batte ardemment. »

La scolarisation des enfants est ainsi un besoin et un devoir pour les parents qui doivent se battre pour offrir à leurs progénitures une éducation adéquate. Une éducation qu'ils n'ont pas eue. D'autres personnes rencontrées et interviewées évoquent en plus de besoins de scolariser les enfants, la satisfaction des besoins alimentaire, vestimentaire et communautaire.

« Il faut que les enfants mangent, c'est notre rôle de les nourrir en tant que parents. Il faut que nous parents, nous mangeons aussi. C'est ce que nous avons besoin et nous nous battons tous les ours pour cela. » (JULIEN, Maképé Maturité)

« L'homme ne peut pas vivre sans manger, boire et s'habiller. Nous éprouvons le besoin de nous vêtir même si nous sommes démunis. Ce n'est pas facile, mais nous nous battons et c'est tout. » (PASCAL, Maképé Missoké)

 Que voulez-vous que je vous dise. Pour moi, seules mes cotisations comptent. Si je pouvais avoir les moyens financiers importants, je serai dans presque toutes les tontines. J'ai un souci de regroupement et de participation aux activités communautaires.  (FRANCIS, Maképé Missoké)

De ces trois discours recueillis, il ressort que les besoins des familles des sites à risque varient en fonction des familles et des individus. Pour certains, ce qui compte c'est le besoin alimentaire car ce besoin « est vital ». D'autres mettent plus l'accent sur les vêtements pour ne pas « souvent laisser trop voir leur souffrance. » Comme affirme Michelle, d'autres encore sont animés par le désir de participer aux activités communautaires et la scolarisation de leurs progénitures. Leurs conditions et de vie et leurs activités telles que révélées dans le chapitre deux, leur permettent-elles de satisfaite ces besoins ?

VI-2-2-3- Conditions de vie des populations des sites à risque et implications sur la scolarisation des enfants

L'école ne connaît pas un meilleur sort dans les structures familiales. Faute de pouvoir scolariser correctement leurs progénitures, les populations révisent leur choix d'investissement. Cela se traduit par une baisse de la fréquentation des écoles et particulièrement, une sous scolarisation des filles. L'analyse des implications sur la scolarisation des enfants à été motivée par le fait que les individus ont affirmé que leurs activités leurs permettaient de répondre aux besoins des enfants. Nous désirons comprendre ce degré de scolarisation dans les ménages.

VI-2-2-3-1- Scolarisation des filles

Pour les populations enquêtées, les filles sont reconduites vers le petit commerce au détriment de l'école. Elles doivent déjà comme affirme M. ZEBAZE « apprendre à être responsable puisque l'école ne pourra leur servir à quelque chose. ». Les conditions de vie des populations leur donnent une autre vision de l'école et surtout celle des filles. En effet, l'école pour les filles ne pourra servir à quelque chose d'autant plus que celles-ci sont appelées à se marier plus tard. Alors il faut leur apprendre à se débrouiller et à faire face à certaines difficultés qu'elles pourront rencontrer plus tard dans les ménages, surtout si leurs maris sont invalides. La priorité de l'instruction scolaire est accordée au genre masculin même si celui-ci ne connaît pas aussi un succès. Le tableau ci-dessous présente le taux de scolarisation des filles dans les ménages à Maképé Missoké tel que observé et enquêté.

Tableau 16 : scolarisation des filles selon le site

Zone

Scolarisation

des filles

 

Effectif des filles

Filles en ages es scolaires

Filles scolarisées

Maképé Missoké

45

42

08

Maképé Maturité

55

38

17

Total

100

80

25

Pourcentage

100

80

31,25

Source : Notre enquête sur le terrain

Sur 100 filles recensées dans les ménages des deux sites enquêtés, 80% sont en âges scolaires (entre 7-14 ans), seules 31,25% vont à l'école. Les filles qui vont à l'école ont été recensées plus dans les ménages où les parents ont un niveau d'instruction élevé. L'instruction est donc une caractéristique qui a servi dans la compréhension de cette sous scolarisation des filles dans les sites à risque.

Sur 25 filles scolarisées, 20 sont issues des ménages dont les parents ont au moins un niveau secondaire et 5 filles issues des ménages dont les parents ont un niveau primaire. Nous pouvons donc conclure que la pauvreté n'est pas la seule raison qui justifie la baisse des effectifs des effectifs des filles scolarisées dans les ménages. Cette baisse s'explique aussi par le niveau d'instruction des parents dans les ménages. La plupart des parents enquêtés sont analphabètes et cet analphabétisme leur donne une perception négative de l'école, surtout celle des filles. Les parents qui ont fréquenté scolarisent mieux leurs filles. Mais ceux qui n'ont pas fréquenté pensent que la fille doit être éduquée dans le sens du mariage. C'est le sens de cette affirmation de (M. HENRI Maképé Missoké)

 La fille va où avec l'école. Le mariage l'attend plus tard. Il faut l'initier des maintenant car elle doit apprendre à être responsable. C'est même ici en ville que je vois les jeunes filles aller plus loin avec l'école. Au village, on ne fréquente pas beaucoup. J'ai une fille de 16ans chez moi. Apres son CEP (Certificat d'Etude Primaire), j'ai tenu à ce qu'elle apprenne à faire le commerce comme sa maman. C'est elle qui nourrira son mari et sa progéniture. 

Les filles ici pour les personnes non instruites doivent être conduites dans le sens du mariage. Qu'en est-il de la scolarisation des garçons ?

VI-2-2-3-1- Scolarisation des garçons

Dans les ménages enquêtés, les garçons ont le privilège d'une longue carrière scolaire. Mais les conditions démunies des populations telles que observées ne leur permettent pas de satisfaire ce désir. L'éducation des garçons prend de plus en plus de recul dans les ménages malgré la priorité qu'on leur accorde au détriment des filles. Les populations affirment avoir de sérieux problèmes, des difficultés financières pour pouvoir scolariser effectivement leurs enfants.

Tableau 17 : scolarisation des garçons selon les sites enquêtés

Scolarisation des

garçons

Zone

 

Effectif des garçons

garçons en

âges scolaires

garçons scolarisés

Maképé Missoké

62

46

12

Maképé Maturité

58

54

33

Total

120

100

45

Pourcentage

100

83,3

45

Source : Notre enquête sur le terrain

De ce tableau, il ressort que sur 120 garçons recensés dans les deux sites de recherche, 100 soit (83,3%) ont l'age d'aller à l'école. 45 soit (45%) sont effectivement scolarisés. La plupart des garçons sont dirigés vers les formations pratiques comme la menuiserie, la mécanique automobile. D'autres encore sont dirigés vers le transport par moto malgré parfois leurs adolescences M. ARMAND commerçant dans la zone de Maképé Maturité affirme :

 C'est vrai que les garçons sont les futurs leaders dans les ménages, et c'est même eux qui prendront la relève dans les familles. Nous voulons bien leur donner une meilleure éducation. Mais que voulez-vous qu'on fasse. Nous n'avons pas de revenu suffisant pour leur école. Le peu que nous avons ne nous permet même pas déjà de faire face aux multiples besoins qui sont les nôtres. Nous sommes obligés de les conduire vers les centres de formations pratiques pour que très vite, ils puissent contribuer aux revenus du ménage.

Les conditions de vie des populations ainsi modifient les rôles des enfants dans les ménages. Les enfants sont utilisés en vue de la multiplication des revenus. Ce qui modifie aussi leur vie scolaire. Mais comme chez les filles, plus les parents sont instruits, plus les garçons ont de la chance de faire de longues études. Les conditions de vie des populations ont donc des incidences sur la scolarisation des enfants. Cette incidence est aussi observée dans l'alimentation au sein des ménages.

VI-2-3-CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE ET IMPLICATIONS ALIMENTAIRES

S`il est une dimension économique que les conditions de vie des populations des sites à risque modifient, c'est celle de l'alimentation. Outre l'augmentation de la fraction budgétaire qui est consacrée à l'alimentation, on assiste à un repli sur le minimum vital se traduisant par une réduction à la fois qualitative et quantitative du nombre de repas par jour. Lorsqu'il était demandé aux populations combien de repas elles prennent par jour, près de 90% ont répondu une fois par jour. Les ménages ont réduit le nombre de repas. Tous ont ajusté leur part alimentaire. La pluriactivité, la mise au travail quasiment de tout la famille, et le recours à des activités de tâcherons semblent devenus le point commun de toute la population des sites à risque. Pour maximiser ses revenus, elle est contrainte d'avoir plusieurs occupations, ce qui se traduit par une aggravation de leurs conditions de vie et de santé.

Les raisons d'ajustement du nombre de repas journaliers ne relèvent plus alors seulement de la pauvreté. En effet les membres des ménages sortent chaque matin et ne reviennent que le soir. La mise au travail des membres de la structure fait que tout le monde laisse la maison très tôt le matin. Personne ne peut assurer la cuisine. Les enfants se débrouillent tant bien que mal pour se nourrir. Les moyens les plus récurrents pour y parvenir sont comme l'affirme M. BELLA : « les visites inopinées dans d'autres maisons où ils quémandent à manger et à boire. » Le seul repas a lieu le soir après le retour des activités. La réduction du nombre de repas journalier dépend de la taille des ménages. Les modifications qui interviennent sur la qualité et la quantité du repas touchent plus les ménages de grande taille. Certains parents viennent parfois à se priver de nourriture pour nourrir en priorité les enfants. Parfois les enfants fouillent dans les poubelles pour manger.

VI-2-4- IMPLICATIONS DES CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES ZONES A RISQUE SUR LEUR INTEGRATION AUX ACTIVITES ASSOCIATIVES

Les implications sur l'intégration des populations aux activités ont été saisies en demandant aux interviewés si leurs conditions de vie leur permettent de participer de manière régulière aux tontines et associations ?

De manière générale et après analyse, les personnes interviewées ne sont pas régulières dans leurs cotisations. Il est difficile affirme Mme MONTE (Responsable d'une association à Maképé Maturité) que tous les individus cotisent chaque fois. Elle ajoute :

 Les membres de nos tontines ont de sérieuses difficultés dans leurs ménages. Raisons pour laquelle ils ne peuvent toujours avoir de l'argent pour cotiser. Certaines personnes sont animées dès le départ pour cotiser, mais avec le temps, ils se rendent comptent qu'ils sont limités. 

Ce manque de régularité dans la cotisation amène certains groupes à se dissoudre. De nombreux conflits naissent, les individus se dispersent, la gestion devient difficile.

« Parfois même, nous commençons une association ou une tontine avec des meilleures idées. Mais il est rare qu'elle s'achève c'est-à-dire qu'elle aille jusqu'au bout. Ceci parce tel ou tel n'a pas pu cotiser. Alors, on arrête. Ce qui créer un conflit d'autant plus que tout le monde n'aurait pas encore ramassé. » (ARMAND, Maképé Maturité)

La participation au contribution et cotisation du groupe n'est pas effective de la part des populations des sites à risque. Cependant leur état dans leur milieu crée en eux une charge psychologique.

VI-2-5- CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES SITES À RISQUE ET IMPLICATIONS PSYCHOLOGIQUES

Dans la revue des livres et chroniques, (R. WARAH, 2003) dans son article étudiant sur les populations des bidonvilles pense que ces dernières ne risquent pas seulement d'être victimes des maladies d'origine hydrique. Elle évoque aussi la vie dans les bidonvilles comme un énorme fardeau social et psychologique sur les résidents. Ce fardeau engendre souvent l'éclatement des familles et l'exclusion sociale, des violences intrafamiliales dus à soit l'inactivité de l'homme ou celle de la femme. Laquelle activité doit générer des finances pour la survie des ménages, pour répondre aux besoins social et économique dans les ménages. Bien que l'on pense communément que les bidonvilles sont un terreau de la délinquance, le rapport montre que les habitants des taudis sont plus souvent victimes qu'auteurs d'infractions.

Dans le cas des populations des sites de notre enquête, les individus font face tous les jours aux menaces d'expulsion et de déguerpissement. La plupart des habitants sont victimes de nombreuses escroqueries de la part des personnes qui leurs vendent des terres ne leur appartenant pas. En outre, le pouvoir public par moment est animé par le désir de doter la zone d'infrastructures routières, ce qui ne va pas sans conséquence pour ces populations qui construisent de manière anarchique. Sans plan d'urbanisation, sans permis de bâtir, etc. En 1990, l'Etat avait même déclaré la zone de Maképé Maturité un site pétrolier. Mais en fait l'Etat voulait juste « faire partir la population qui de plus en plus devenait nombreuse dans cette zone jugée zone à risque. » AMOS (dans la zone de Maképé Maturité depuis une trentaine d'année)

Il ajoute :

 Mais les populations ont résisté, certaines sont néanmoins parties. Depuis ce temps jusqu'à présent, il est difficile de voir quelqu'un investir dans cette zone car psychologiquement, personne n'est à l'aise. On a toujours peur qu'un jour, l'Etat viendra et nous demandera de partir comme cela se passe dans d'autres quartiers de Douala ou même de Yaoundé.  (AMOS, Maképé Maturité)

Quoique les sites à risque présentent des avantages pour les habitants, ils demeurent néanmoins un lourd fardeau social, économique et psychologique. Ils présentent des situations particulières. Même si ces environnements insalubres et surpeuplés peuvent donner naissance à de nouveau mouvements culturels et renforcer la solidarité entre les classes pauvres et moyennes, il n'en demeure pas moins qu'ils présentent des risques énormes pour ses habitants. Les activités exercées par les populations quoi que aident à survivre ne leur permettent pas de mieux scolariser leur progéniture. La plupart des dépenses sont orientées vers les réparations, des dommages causés par des inondations et des sinistres de toute nature. Toutefois pour « contrarier » les risques, des actions sont souvent initiées par les populations. Ces actions sont d'ordre individuel et collectif.

VI-5-STRATEGIES DE GESTION DES RISQUES PAR LES POPULATIONS

Dans le but de réduire le risque, les populations définissent des stratégies qui vont de l'action individuelle à l'action collective

VI-5-1- ACTIONS NDIVIDUELLES

Sur le plan individuel, la gestion des risques dépend de la perception que l'individu a de ces risques. Les individus qui n'ont pas une grande considération du danger lié à leur environnement ne sont pas motivés par le désir de réduire le risque. Pour eux, le risque est mineur et il n'est pas important « de faire quoi que ce soit ». Ainsi, pour cette catégorie de personnes, balayer la cour, la maison est insuffisant. Une femme rencontrée dans un ménage à Maképé maturité (Mme MONIQUE, vendeuse de beignet Maképé Maturité) affirme :

 Il n y a pas de risque ici et vous voulez que je dise quoi ? S'il y avait un risque, je trouverai un moyen de le gérer selon les ressources que j'ai. Pour l'instant, je m'occupe de la propreté de ma maison et des alentours que je balaye et que j'entretien chaque fois comme dans toute maison 

.

De cette affirmation, la gestion des risques consiste donc à balayer la cour et la maison chaque jour car c'est une pratique commune à tous les ménages ; même où le risque n'existe même pas.

Par contre, ceux qui perçoivent leur site comme à risque, (particulièrement ceux qui ont une bonne instruction) individuellement mettent tout en jeux pour minimiser les risques. Pendant la saison pluvieuse, et étant donné les inondations dans les maisons, les lits sont suspendus sur la toiture. Après la fin de la pluie et après évacuation des eaux, ils les redescendent. Pour minimiser les risques de pollution, chaque individu creuse autour de sa maison des rigoles qui laissent traverser les déchets. Mais ces rigoles généralement se remplissent dès la première pluie ou même juste quelques jours après. Ceci parce qu'elles ne sont pas faites de façon à faciliter l'évacuation. Pour contrarier les risques sanitaires, les moustiquaires sont utilisées par certaines personnes. Mais le risque reste puisqu'en journée, les moustiques sont présents. L'action individuelle trouve ainsi ses limites comme affirme le chef de quartier de Maképé Maturité, M. BELLA :

 Les mesures que prennent mes populations individuellement pour gérer les dangers sont insuffisants et même inefficaces. Elles n'ont ni moyens matériels, ni moyens financiers, ni moyens intellectuels. Elles se contentent des mesures traditionnelles qui produisent elles-mêmes des risques plus qu'elles ne gèrent.

Les actions individuelles dans la gestion des risques trouvent leurs limites par le manque de moyens matériel et financier. Les risques sont grands, mais les moyens disponibles pour les gérer sont insuffisants. Pour pallier à cette situation, la population a engendré des actions collectives qui vont de la formation en association et des ONG de lutte contre la pollution et l'insalubrité.

VI-5-2- ACTIONS COLLECTIVES

Compte tenu de l'ignorance, de l'incivisme et du non respect des lois et réglementations des populations en matière de construction et de propriété, les individus se constituent en police de l'environnement. Police de l'environnement de proximité qui se changera entre autres de l'aspect organisation et juridique des espaces habités conformément aux textes et lois en vigueur. En outres, diverses associations et ONG sont crées dans les sites enquêtées dont le but principal est la gestion des risques. Les plus en vue sont l'ASMA à Maképé Maturité et l'ASSIC à Maképé Missoké. Ces associations obéissent à une structure bien déterminée :

Un président qui est un conseiller municipal

Un conseiller des travaux qui est le chef de quartier

Un directeur des travaux qui est un membre influent de la zone

Les contrôleurs des travaux et les membres simples

Dans chaque bloc, le comité installe un autre comité de suivi d'hygiène et de salubrité. Ce comité est chargé de contrôler et surveiller la propreté dans chaque bloc. En outre, il recense les points d'ombre qui nécessitent des travaux particuliers et les soumettent au comité exécutif.

Ces associations ont aussi un but éducatif. Elles apprennent aux populations à creuser les latrines loin des puits et de les couvrir. Des séances de formation et de sensibilisation sont souvent organisées à ce sujet. Pour pallier au risque de cholera, ces associations et ONG formulent des projets qu'ils soumettent soit aux pouvoirs publics, soit aux bailleurs de fond pour une réalisation. Les deux forages et une borne fontaine présente dans la zone de Maképé Maturité témoignent du dynamisme de ces associations.

Un autre aspect de l'action collective est l'effet des membres des associations à diriger les eaux stagnantes entre les habitations vers la rivière Ngoné par des canalisations et des drainages. Avec le concours de la population, ils remplissent des sacs de sable qu'ils mettent dans le bas fonds des rivières et certains coins sensibles pour éviter le risque d'érosion. Ils créent aussi des pistes entre les maisons, aménageant les abords des rivières. L'action collective s'avère ainsi être efficace au vu du « succès » qu'elle connaît. Mais beaucoup de problèmes se posent qui constituent des freins à cette action. L'on a souvent affirmé et avec raison que tout médaille a son revers. En d'autres termes, toute chose quelque soit sa positivité possède un certain nombre d'éléments susceptibles d'entraver cette positivité. Pour connaître les difficultés qui freinent les actions menées par les associations, nous avons rencontré les membres dans un entretien libre, entretien au cours duquel ils nous ont fait part de leurs difficultés. Entre autres, ils ont mis un accent particulier sur ceux d'ordre matériel.

- Ils ne disposent d'aucun moyen financier de base et d'aucune structure d'encadrement, de sensibilisation. Les membres de l'équipe sont tous des volontaires qui puisent parfois des fonds personnels pour mener à bien les travaux qu'ils se sont assignés.

- L'accès dans certains coins est difficile à cause des constructions anarchiques

- Le matériel utilisé pour creuser les rigoles, défricher les abords des rivières est d'une vétusté sans pareille et même insuffisant. Ce matériel est à 90% de cas inadapté. HENRI (membre de l'ASMA) affirme :

 Nous sommes parfois obligés d'arrêter les travaux à cause de l'absence du matériel. Avant lorsque la mairie s'occupait un peu de nous, nous menions nos actions au moins deux fois par mois parce que nous étions motivés. Mais aujourd'hui, nous n'avons presque plus de matériel de travail. Le peu que nous détenons ne permet pas à tous les membres de travailler si bien qu'il est difficile pour nous de mener nos actions ne serait-ce qu'une fois par mois.  (HENRI, Maképé Missoké)

Le manque de matériel entraîne une lenteur dans la gestion des risques par la population. Les conditions dictées par les moyens matériels ont un impact sur le moral des populations. Parlant justement des populations, celles-ci constituent aussi un frein à l'action collective. Toute association s'adresse d'abord à un groupe d'hommes. Ces hommes sont les supports dynamiques et dynamisants de l'action à entreprendre. A chaque type de groupe correspondra une certaine réponse aux sollicitations. La réponse peut être positive ou négative. Malgré la « positivité » de ces associations, il apparaît toujours au sein du groupe un certain nombre de réactions incompatibles avec les buts visés. On ne peut pas cependant parler de rejet radical.

Dans le cas des populations des zones enquêtées, les hommes n'adhèrent pas massivement à ces associations. C'est le refus, un rejet de leur part. Certaines personnes nous ont fait connaître qu'ils ne comprennent pas la raison d'être de ces associations de gestion des risques. Ils expliquent leurs positions en mettant en exergue le fait que malgré leurs actions, rien ne change dans leur milieu. En outre, ils ont peur de voir détruire un de leurs biens sous prétexte de l'hygiène et salubrité. C'est le sens de cette affirmation d'un habitant de Maképé Maturé, M. ALBERT : « Ces associations là ne sont pas du tout bien. L'année dernière, elles ont détruits ma cuisine et une partie de ma maison sous prétexte qu'elles empêchent le passage d'eau. Il en est de même de plusieurs autres habitations. Et vous voulez que j'adhère à cette folie ? ». L'action collective dans la gestion des risques en tant que folie éprouve des difficultés qui limitent ses actions. Les membres qui s'activent dans ces initiatives sont ceux qui ont longtemps été sensibilisés ou ceux qui ont un niveau d'instruction élevé.

Au terme de ce chapitre, les dynamiques socio-économiques en milieu à risque produisent des effets incertains. Des effets qui se traduisent par la montée des maladies microbiennes, des pathologies aiguës, des sinistres et des crises psychologiques. Ces risques ont des effets sur la scolarisation des enfants sur la qualité et la quantité, le nombre de repas journalier. Les stratégies de gestion des risques trouvent toutes leurs limites face à une population analphabète et sans éducation en matière d'insalubrité.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Trois chapitres ont constitué cette partie : le premier traitant d'abord des mobiles des dynamiques socio-économiques en milieu à risque. Les acteurs dynamiques des sites de Maképé Missoké et maturité expliquent leur présence dans ces zones comme résultant des liens qui se nouent dans les mariages obligeant certains à rejoindre soit leurs femmes, soit leurs maris. En outre la fréquentation des zones à risque est surtout la conséquence de la pauvreté des enquêtés, de leurs faibles revenus et la difficulté de logement. Les individus luttent pour s'affirmer, dominer. Ils sont à la quête du mieux être et d'une intégration économique. Ensuite analyser les représentations sociales des risques. Il apparaît d'une manière générale que les populations ont une perception positive de leur milieu. Elles n'assimilent pas leur milieu à un danger. Mais certaines variables ont permis de comprendre de manière spécifique la différence dans la perception sur l'environnement immédiat. L'instruction est le principal déterminant de la perception négative de l'environnement immédiat. Les individus instruits assimilent leur milieu à un danger. Ceci s'explique par le fait qu'une perception des dangers dans un milieu dépend largement de la compréhension de leur processus, laquelle est redevable d'un minimum d'instruction. Les individus qui ont mis long dans les sites ne perçoivent pas à priori les risques comme un danger. Plus les individus expérimentent un cadre de vie insalubre, mieux ils s'y habituent et ignorent les dangers. Sous l'effet de la crise économique, les individus ravalent la prétendue urgence des problèmes liés à l'environnement immédiat au rang de l'accessoire. La désappropriation du cadre de vie par les populations au profit du pouvoir apparaît à la fois comme une transaction mentale et une stratégie en ce temps de crise.

Le second chapitre a traité des conditions de vie de ces populations et les stratégies de survie. Il apparaît que les populations vivent dans des conditions déplorables. Certains ménages sont partagés par plus de dix personnes, les maisons sont pour la plupart en carabottes et les bois utilisés ne sont pas au préalable traités, les puits non traités sont les principales sources de ravitaillement en eau. Pour survivre, ces populations développent des stratégies diverses qui se traduisent par la pratique associative, le métier de motos taxi, la vente de sable, le petit commerce et l'élevage.

Le troisième chapitre quand à lui a permis d'analyser l'émergence des risques comme provenant à la fois de la nature et de la fabrication humaine. En outre les dynamiques socio-économiques dans les sites à risques produisent des effets négatifs tant sur le plan social économique que psychologique. Pour « contrarier » les risques, des actions sont souvent initiées par les populations. Ces actions sont d'ordre individuel et collectif, mais trouvent toutes leurs limites face à une population analphabète et sans éducation en matière d'insalubrité, ce qui renforce davantage les incidences dans les ménages.

RECOMMANDATIONS

La désappropriation du cadre de vie par les populations au profit du pouvoir a un impact doublement négatif sur la viabilité de celui-ci. D'une part, les populations en percevant les pouvoirs publics comme les responsables de la protection de ce cadre de vie s'émancipent des attitudes et des comportements qui étaient jusque-là garants d'une salubrité du cadre de vie. D'autre part, les pouvoirs publics, pris dans l'étau des difficultés économiques et partisans d'un moins d'état, ne peuvent pas matériellement prendre en charge la gestion du cadre de vie. Il en résulte un vide dans la gestion du cadre de vie. Un vide qui non seulement génère les problèmes humains, mais aussi urbains maximisant les risques au sein de cet espace urbain. La solution aux problèmes de recours aux sites à risque est probablement dans une réappropriation du cadre de vie par la population. Mais pour donner à cette réappropriation toutes chances de succès, les pouvoirs publics sont triplement interpellés. Ils doivent d'abord améliorer les conditions de vie des populations pour que celles-ci ne soient pas prises dans l'impitoyable logique des impératifs à court terme. L'amélioration des habitations et des services associés, l'amélioration et l'éradication des sites à risque ne peuvent résoudre le problème. Ces solutions ne tiennent pas compte des causes fondamentales dont l'une des principales est la pauvreté matérielle et financière. Il est important d'examiner la question des moyens d'existence des habitants des taudis et des pauvres en général et d'aller au-delà des approches traditionnelles qui ont tendance à se concentrer sur l'amélioration des habitations, de l'infrastructure et des conditions de l'environnement physique. Cela signifie donc soutenir le développement des activités informelles urbaines, liant la construction des logements sociaux à la génération des revenus. Assurer un accès facile aux emplois en mettant des moyens à la disposition des pauvres et des politiques pour les sites des établissements des groupes à faible revenu. Comme deuxième interpellation, les pouvoirs publics doivent initier des campagnes de sensibilisation et d'éducation des populations sur la salubrité du cadre de vie et bien-être de la population. Enfin, ils doivent participer à une co-gestion du cadre de vie, il faut une éthique de l'environnement dès lors veiller à l'application des règlements en matière de traitement des déchets industriels et d'implantation des industries. Une volonté politique est donc à la base de toute gestion du cadre de vie. Toutefois, les habitants eux-mêmes doivent être des acteurs majeurs de ces initiatives et actions à travers une approche participative.

Au niveau des zones rurales, l'état doit développer des stratégies de développement, notamment les réalisations des projets capables de retenir les migrations urbaines. Renforcer les initiatives paysannes par des subventions dans les domaines agricoles, de la pêche, de la chasse etc.

CONCLUSION GENERALE

La recherche effectuée sur les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Maképé Missoké et Maképé Maturité est née d'un constat général. Malgré la sensibilité, l'insalubrité et des interdictions des zones marécageuses, les individus s'y déploient massivement et y exercent des activités diverses. Ce qui a des implications sur l'environnement social. L'objectif de cette recherche a été dès le départ de mettre en exergue le rapport entre les dynamiques socio-économiques, les sites à risque pour analyser ses implications. De manière plus spécifique comprendre et expliquer les mobiles des dynamiques socio- économiques dans les sites à risque, décrire et évaluer les conditions de vie de ces populations, les perceptions qu'elles ont de leur environnement immédiat et enfin analyser les implications liées aux dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. La question centrale qui a soutenu l'étude a été : comment comprendre et expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur l'environnement social ? Le désir de répondre à cette question a poussé à la formulation de l'hypothèse suivante : les populations se déploient de plus en plus dans les sites à risque pour des buts de nature socio-économique, ouvrant ainsi des potentialités au déploiement des crises sanitaires.

Cette hypothèse générale a été opérationnalisée en quatre hypothèses secondaires à savoir :

H1- En dépit des crises de logement à Douala, et de la difficulté d'intégration socio-économique des acteurs démunis dans une ville en pleine expansion, ceux-ci font recours aux sites à risque comme lieux d'habitation et d'expression économique.

H2- la perception que les acteurs ont de leur environnement immédiat dépend de leur niveau d'instruction, de leur durée de résidence dans le quartier, de leur sexe. Certains ont une perception positive de leur milieu, d'autres perçoivent négativement leur milieu mais minimisent les risques.

H3, les populations des sites à risque vivent dans des conditions déplorables et survivent grâces aux activités informelles.

H4- les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque produisent des effets négatifs sur la santé des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages.

Pour vérifier ces hypothèses, l'observation documentaire et les investigations ont été retenues. Dans l'observation documentaire, il s'est agi de faire une connaissance sur le sujet et préparer les enquêtes de terrain. Pour parvenir aux résultats, les techniques d'entretien (guide d'entretien semi directif) et de sondage (questionnaire semi-ouvert) ont été retenues. L'étude s'est appuyée sur les théories des risques,, de l'action sociale et de la dynamique sociale.

Les résultats obtenus après l'analyse montrent la fiabilité et la pertinence des hypothèses car collant à la réalité du terrain. La première hypothèse a été vérifiée à la deuxième partie, plus particulièrement au chapitre quatre. En effet les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque d'une part s'expliquent par la crise de logement à Douala, d'autre part du caractère inégal des populations urbaines dont les plus pauvres et démunies recherchent des sites d'abri correspondant à leurs revenus. La crise de logement est due à une forte croissance de la population de la ville de Douala. Laquelle ne s'accompagne généralement pas d'infrastructures adéquates. La pression démographique est beaucoup plus forte et les capacités d'accueil des couches démunies bien plus faibles. La forte variation des prix fonciers selon la situation des terrains à bâtir par rapport au centre ville, la tendance lourde à une consommation accrue d'espace par habitant provoque des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. Ici les logements sont favorables aux couches démunies. L'installation de la population migrante dans ces sites est une conséquence de la difficulté qu'elle rencontre quant à leur intégration dans le territoire et l'économie urbains. Si certains sont arrivés sous l'influence d'un proche ou d'un ami, il demeure que le recours aux sites à risque trouve en général son explication dans le caractère pauvre de la population. Les revenus faibles ne leur offrent aucune possibilité de s`installer ailleurs que dans ces zones. Ces derniers sont des lieux de refuge pour des couches sociales démunies, lesquelles vivent en toute insouciance dans ces milieux parce que ne pouvant pas faire autrement dans un environnement où le coût de la vie est de plus en plus élevé. En outre, un environnement où l'accès au minimum vital est devenu un luxe pour la masse laborieuse.

Les caractéristiques montrent que ces populations sont constituées en majorité des jeunes (25-35 ans), venant essentiellement des zones rurales à la recherche d'un mieux être. En outre, ce sont des individus dont le niveau d'éducation est bas (23,5% des illettrés, 48% des personnes ayant fréquenté sans atteindre le niveau secondaire). Ces acteurs sont issus des couches sociales démunies et pauvres et dont le revenu moyen par mois et par ménage s'élève à 20 000 FCFA.

La deuxième hypothèse a été confirmée toujours au chapitre quatre. De manière générale, les populations ont une perception positive de leur milieu. Elles n'assimilent pas leur milieu à un danger. Mais certaines variables ont permis de comprendre de manière spécifique la différence dans la perception sur l'environnement immédiat. L'instruction est le principal déterminant de la perception négative de l'environnement immédiat. Les individus instruits assimilent leur milieu à un danger. Ceci s'explique par le fait qu'une perception des dangers dans un milieu dépend largement de la compréhension de leur processus, laquelle est redevable d'un minimum d'instruction. Les individus qui ont mis long dans les sites ne perçoivent pas à priori les risques comme un danger. Plus les individus expérimentent un cadre de vie insalubre, mieux ils s'y habituent et ignorent les dangers. Sous l'effet de la crise économique, les individus ravalent la prétendue urgence des problèmes liés à l'environnement immédiat au rang de l'accessoire. On assiste à l'émergence des perceptions qui ne s'ajuste que par rapport à l'économique. La désappropriation du cadre de vie par les populations au profit du pouvoir apparaît à la fois comme une transaction mentale et une stratégie en ce temps de crise. L'illustration en a été donnée par les types d'analyses appliqués. En effet, dans l'esprit des personnes interrogées, la protection du cadre de vie incombe au pouvoir public. Cette désappropriation qui se lit à travers la gestion de ce même cadre de vie.

La troisième hypothèse a été vérifiée au chapitre cinq où il apparaît que les populations des sites à risque vivent dans des conditions inadéquates. Elles survivent grâce aux activités informelles basées essentiellement sur les commerces. En effet, l'analyse révèle une forte proportion des individus vivant dans des taudis, des maisons en carabottes construites sans traitement de bois au préalable (près de 65% de la population enquêtée). Les ménages connaissent une forte concentration d'individus. Parfois plus de dix personnes qui partagent une maison d'une chambre un salon. Pour pallier aux difficultés de ravitaillement en eau, les populations consomment l'eau des puits dont la profondeur ne dépasse généralement pas cinq mètres. Ces puits connaissent des infiltrations souterraines (verticale et horizontale). Plus de 31% de la population enquêtée ont pour source de ravitaillement les eaux des puits non traités. Les latrines qu'utilisent les acteurs sont des fosses creusées à ciel ouvert et qui coulent parfois à vue. Ceux des individus n'ayant pas d'espace pour s'offrir un W.C. utilisent des écailles pour se mettre à l'aise. Ensuite ces écailles sont acheminées dans les eaux des rivières. Pour pallier aux besoins quotidiens de survie, les populations des sites à risque développent des activités multiples. Les tontines et associations représentent non seulement un secours matériel, mais aussi et surtout un environnement sécurisant car ces populations ont une aspiration à une reconnaissance sociale. Les fonds épargnés sont utilisés pour des investissements soit dans les sites, soit au village. Les fonds permettent de prévoir un événement. La mise au travail des enfants génère des revenus dans les ménages. Plus de 60% des ménages vivent du travail des enfants. Le transport par moto parce que ne nécessitant pas une éducation préalable, ni un fond important pour la formation est adopté par les hommes pour générer des revenus dans les ménages (15% de la population masculine). La pratique des élevages traditionnelles, les petits commerces et la vente de sables creusés au bas fond de la rivière Ngoné sont aussi adoptés par la population comme activité de survie, le but étant de générer de finances qui leur permettent de satisfaire les besoins pressants des ménages.

La quatrième hypothèse, a été vérifiée au chapitre six. Les pollutions de toutes sortes, l'usage combiné de l'eau de robinet et l'eau de la rivière ou celle des puits pour pallier aux besoins insinuent une problématique de gestion du site et de la qualité de l'eau. Ce qui engendre des risques sanitaires dans ces sites. L'analyse révèle que les populations sont régulièrement victimes des maladies respiratoires et des épidémies. La pollution des eaux de la Ngoné par la GUINESS, par les rejets des résidus alimentaires se manifeste par des pathologies aigues comme des bronchites et l'asthme. Sur 50 cas de maladies qu'enregistre le centre de santé la grâce par semaine, 3 % souffrent des maladies respiratoires dues à la pollution du site. De même les familles sont régulièrement victimes du paludisme et du cholera et les plus vulnérables sont les enfants de moins de 16 ans. Ces maladies constituent un lourd fardeau économique pour la population car prend en compte non seulement le coût de traitement mais aussi la perte résultante de l'invalidité du malade. La sensibilité du site, les constructions anarchiques, l'utilisation des bougies comme moyens d'éclairage accroissent les risques de sinistres. Les inondations et les feux se traduisent par des pertes matérielles et humaines. La satisfaction des besoins des ménages ne connaît pas un succès. Les conditions de vie des populations à risque ont une incidence sur l'alimentation dans les ménages se traduisant par une réduction quali-quantitative du nombre de repas journaliers (une fois par jour). Aussi une baisse ou une sous scolarisation des enfants. Chez les filles, sur un échantillon de 80 filles en âges scolaires, seules 25 sont effectivement scolarisés (31,25%). De même chez les garçons, 100 sont en âges scolaires et 45 seulement sont scolarisés (45%). Sur le plan psychologique, la vie dans les milieux à risque constitue un lourd fardeau psychologique. Les individus font face aux menaces d'expulsion et de déguerpissement tous les jours, ce qui freine des actions dans la gestion de leurs cadres de vie. Dans la gestion des risques, les populations se constituent en associations dont le but est de créer un climat favorable dans le milieu à travers des investissements (création des pistes, canalisation des eaux, destruction des maisons encombrants, initiation des projets),

Les sites à risque présentent des avantages pour les acteurs. Ils sont souvent les premiers points d'arrêt des migrants ruraux et offrent des opportunités de logement et terrains à bas prix. Aussi favorisent le développement des activités informelles. Même s'ils présentent des implications négatives, il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent aussi donner naissance à de nouveaux mouvements culturels. En outre, renforcer la solidarité entre les tribus. Les habitants des taudis et leurs activités constituant aussi autant des forces motrices de la vie urbaine.

Les conclusions de cette recherche peuvent être généralisées à l'échelon urbain, national et international. A l'échelon urbain car la ville de Douala est constituée d'une multitude de quartiers à risque où les populations s'activent de manière anarchiques dans des multiples activités socio-économiques, même s'ils ne présentent pas tous une particularité commune. C'est le cas de Mabanda, Bepanda Safari, Cité CICAM, etc. A l'échelon national et international, car les villes camerounaises et africaines présentent des situations similaires où les populations urbaines vivent en majorité dans des taudis.

Les résultats auxquels nous sommes parvenus n'ont été qu'introductifs. Un examen minutieux et particulier de chaque hypothèse ouvrirait de nouvelles pistes de recherche. Rédiger trois chapitres pour vérifier nos hypothèses n'a fait qu'effleurer la question de départ, et ne peut certainement apporter des réponses à de nombreux questionnements, ceci dû au fait que la recherche n'y était pas centrée. Plusieurs pistes de recherche seraient envisageables. Notamment des pistes qui mettent l'accent sur les vulnérabilités humaines et économiques dans les sites à risque et les conditions alimentaires. La construction et la gestion des risques par la population des sites à risque. La responsabilité sociale de l'entreprise dans la construction des risques.

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7- SCHUMPETER A.,  1954 : Histoire de l'analyse économique,

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LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : guide d'entretien semi- structuré pour personnes ressources.

ANNEXE 2 : guide d'entretien pour personnes témoins.

ANNEXE 3 : questionnaires pour personnes ressources.

ANNEXE 4 : protocole de recueil des données documentaires.

ANNEXE 5 : liste des personnes interviewées.

ANNEXE 6 : carte géographique du Drain Tongo-Bassa

ANNEXE 1

GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-STRUCTURE POUR PERSONNES RESSOURCES

I-IDENDIFICATION DU REPONDANT

I-1- Sexe I-2- Age

I-3- Fonction I-4- Résidence

I-5- Niveau d'instruction I-6- Religion

II-GUIDE THEMATIQUE

II-1-Mobiles des dynamiques socio-économiques et conditions de vie en milieu à risque

II-1-1-Je voudrais savoir pourquoi choisir ce lieu pour exercez vos activités ?

II-1-2-selon vous la pauvreté financière et matériel est elle cause de l'habitation des sites à risque ?

II-1-3-A votre avis, les conditions de vie dans les sites à risque sont elles adéquates ?

II-2-perception des risques et implications socio-économiques

II-2-4-selon vous qu'est-ce qu'un risque ?

II-2-5- A votre avis votre milieu est il un danger ?

II-2-6-A votre avis ce milieu est-il propice pour la rentabilité économique ?

II-2-7-Vous arrive-t-il souvent d'être confronté aux problèmes ou difficultés dans l'exercice de vos activités dans ce milieu ?

II-2-8-Selon vous, le milieu marécageux peut-il être un danger pour la population qui y habite ?

II-2-9-Selon vous qu'est ce qui peut être un danger pour une population des zones marécageuses ?

II-2-10-Selon vous que et qui doit faire quoi pour protéger votre cadre ?

ANNEXE 2

GUIDE D'ENTRETIEN POUR PERSONNES TEMOINS

I - IDENTIFICATION DU REPONDANT

I-1- Sexe I-2- Age

I-3- Fonction I-4- Résidence

II - GUIDE THEMATIQUE

II - 1- Connaissance sur la population, les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites marécageuses

II-1-1- Pouvez-vous nous parler de votre site, c'est-à-dire sa population, ses activités et son organisation, ses origines ?

II-1-2- Selon vous cette population a-t-elle évolué ou diminué ?

II-1-3 Pouvez-vous nous parler de l'histoire de votre quartier ?

II-2-4-Selon vous qu'est-ce qui explique les dynamiques socio-économiques dans les zones marécageuses ?

II-2-5 Selon vous, peut-il y avoir un lien entre la croissance démographique et le recours aux sites à risque ?

II-2-Connaissance sur les conditions de vie de la population

II-2-6- Selon vous dans quelles conditions vivent les populations des sites à risques ?

II-2-6 Que pensez-vous des conditions de vie dans les sites à risque, c'est-à-dire, la taille du ménage, le type d'habitat, les toilettes, etc.

II-2-7- Que pensez-vous de leurs stratégies de survie ?

II - 3 Connaissance sur la perception des risques et les implications des dynamiques socio-économiques dans les sites à risques.

II-3-8-Que pensez-vous des risques ?

II-3-9- Que pensez-vous des zones marécageuses ?

II-3-10-Selon vous les zones marécageuses sont elles des zones dangereuses pour une population ?

II-3-11- selon vous, comment les populations à risque perçoivent-elles les risques ?

II-4-12-Pensez-vous que l'habitation et l'exercice des activités puissent avoir des effets sur l'environnement socio-économique ?

II-4-13- Pouvez-vous nous parler des incidences liées aux activités socio-économiques dans les sites à risque ?

II-4-14- Que pensez-vous des solutions entreprises pour le déguerpissement des sites à risques ?

ANNEXE 3

QUESTIONNAIRE PERSONNES RESSOURCES

THEME : dynamiques socio-économiques dans les sites a risque de Douala : cas des populations de Maképé Missoké et Maképé Maturité

I- IDENTIFICATION DES REPONDANT

I.0- Zone

I.1- Age :

10-20 ans

21-40 ans

40 ans et +

I.2- Statut matrimonial

· · Monogame

· Célibataire

· Polygynie

· Divorcé

· Veuf

· Féminin

I.3- Sexe : Masculin Féminin

I.4- Niveau d'instruction

· · Sans niveau

· Niveau primaire

· Niveau secondaire

· Niveau supérieur

I.5- Occupation

· · Sans emploi

· Ménagère

· Fonctionnaire

· Travailleur secteur privé

· Commerçants

· Etudiants / élève

· agriculteur

I.6- Religion

· · Chrétien

· Animiste

· Musulman

· Autre religion

· Sans religion

I.7- Ethnie

II- MOTIVATION A L'INSTALLATION DANS LES ZONES A RISQUE

1- Etes-vous natif de cette zone ?

Oui Non

2- Combien de temps avez-vous déjà passé ici ?

· Moins d'1 an

· Entre 1 et 4 ans

· Plus de 4 ans (à préciser)................................

3- Qu'et ce qui vous a poussé à vivre dans ce quartier ?

· · Je suis né ici

· Parce que c'est l'endroit propice pour moi

· Parce que c'est plus économique d'habiter ici

Autre .....................................................................................................................................

4- Quel genre d'activité exercez-vous ici ?

· Elevage

· Agriculture

· Commerce

· Rien

Autres.....................................................................................................................................

5- Ces activités rapportent-elles ?

Oui Non

Si oui comment ? si non pourquoi....................................................

6- Avez-vous avant votre installation ici un membre de votre famille ?

Oui Non

7- Si oui, cette présence n'a-t-elle pas influencé votre installation ?

Oui Non Peut-être

Autres...............................................................................................................................

8-avez-vous le désir de vivre en communauté ?

Oui Non

Pourquoi..........................................................................................................................

9- Selon vous, le désir de vivre en communauté peut-elle influencer le regroupement des individus par zone ?

Oui Non

Autres..............................................................................................................................

10- Combien gagnez-vous par mois dans votre activité ?

5000 à 10 000

10000 à 20000

20000 et plus

11- Votre activité dans cette zone vous permet-elle de satisfaire vos besoins

Oui (comment ?)................................................................................................... Non(pourquoi ?).................................................................................................

12- Avez-vous le sentiment de quitter cette zone ?

Oui Non

Si oui à quel moment ?...................................................................................... Si non pourquoi ?................................................................................................

13- Seriez-vous prêts à quitter cette zone si l'on vous proposait une maison dans les quartiers chics de Douala ?

Oui Non Autre

Pourquoi ?................................................................................................................

III-CONDITIONS DE VIE

14- Quelle est la taille de votre ménage ?

· 2 à 3 personnes

· 3 à 10 personnes

· 10 et plus

· 23- Type de maison

· En dur

· Semi dur

· En terre, chaume, planche

15- Où vous ravitaillez-vous en eau ?

· · Robinet intérieur ?

· Robinet extérieur à la concession

· Robinet extérieur hors de la concession

· Borne fontaine

· Source ou puits aménagé

· Source ou puits non aménagés

· Rivière / ruisseau

· Autres ............................................

16- Vivez-vous un ou des problèmes particuliers dans votre quartier ?

Oui Non

Autres (à Préciser)................................................................................

17- Quelle est selon vous la principale cause des caractéristiques de votre milieu ?

· · L'Etat

· La population

· Ne sais pas

· Pourquoi.............................................................................................................

18- Où jetez-vous vos ordures

· · Dans un bac à ordures public

· Dans la rue

· N'importe où

· Dans un cours d'eau

Autres.........................................................................................................................

19- Jugez-vous cette attitude normale ?

Oui Non Pourquoi ?.............................................................................................................

20- Avez-vous le sentiment de rendre propre on saine votre milieu ?

21- quelle stratégie mettez-vous en oeuvre pour vivre dans votre quartier ?

22- Appartenez-vous à une organisation qui s'occupe de la propreté de votre milieu.

23- Etes-vous souvent malade ?

Non oui De temps en temps

24- Allez-vous souvent à l'hôpital lorsque vous êtes malades

Oui non Pourquoi ?...................................................................................................

IV-PERCEPTION DES ZONES A RISQUE

25- Selon vous qu'est-ce que le risque ?

· Un danger

· Une incidence

· Ce qui est bien

Autres

26- Avez-vous déjà entendu parler du risque ?

Oui Non Si oui préciser le lieu......................................................

27- selon vous l'habitation des zones d'écoulement des ordures et déchets industriels est-elle une menace pour les populations ?

Oui Non Pourquoi ...................................................

28-qu'est ce qui peut être considéré comme un danger ?

29- Selon vous à qui appartient le cadre d vie dans lequel vous viviez ?

· · A l'Etat

· Personne

· Ne sais pas

· A nous tous

· A Dieu

30- Selon vous, à quel moment pouvez-vous qualifier un milieu comme risquant ?

· · Lorsqu'il y a les ordures

· Stagnation des eaux usées

· Lorsqu'il y a présence des gaz, de bruit

· Autres .........................................31- Pourquoi.

· · Parce qu'il y a risque de maladie

· Parce que ce n'est pas beau à voir

· Parce qu'on ne peut travailler dans un tel milieu

· Parce que ça sent mauvais

· Ne sais pas

Autres

32- Que pensez-vous de votre milieu ?

· · Bien

· Très risquant

· Ne sais quoi dire

· Autres ............................................

V-IMPLICATIONS DES DYNAMIQUS SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE

33- Pensez-vous que les zones à risques peuvent influencer la santé des populations ?

Oui non Comment et pourquoi ?......................................

34- Quelles peuvent être selon vous les répercussions ou les implications des milieux à risque sur les populations.

· Engendrent les maladies

· Ne sont pas propice au développement économique

· Je ne sais pas

· Autres à préciser...........................................................................................

35-votre milieu et vos activités vous permettent- ils de satisfaire vos besoins familiales ?

36- Pouvez-vous citer quatre grands problèmes liés à l'habitation des zones à risque ?

37- Citez quatre grands problèmes auxquels vous êtes confrontés dans votre quartier actuellement

38- pensez vous qu'il peut avoir une solution pour l'assainissement de votre milieu ?

-Si oui laquelle ?...........................................................................................................

-Si non pourquoi ?........................................................................................................

39-Quelles solutions préconisez-vous pour vos activités dans ce milieu ?

ANNEXE 4

PROTOCOLE DE RECUEIL DES DONNEES DOCUMENTAIRES

DOCUMENTS A EXPLOITER

- Les ouvrages méthodologiques

- Les ouvrages spécifiques

- Les articles, et les coupures de journaux

- Les rapports sur l'environnement et la démographie

- Les rapports des municipalités et des centres médicaux

Les indicateurs pour l'exploitation des documents

I- L'émergence et la construction des risques

- Les risques naturels

- La fabrique humaine des risques

II- Les mobiles des dynamiques économiques dans les sites à risque

- Facteurs explicatifs

- Contexte d'émergence

- Manifestation

III - Les conditions de vie des populations à risques

- Conditions de vie des ménages

- Stratégies de survie des ménages

IV - Implications socio-économiques

- Les effets sanitaires et effets économiques

- Les effets psychologiques

ANNEXE 5

LISTES DES PERSONNES INTERVIWEES

LISTE DES PERSONNES INTERVIEWEES

 

Noms et prénoms

Site

Sexe

Période d'entretien

1

M. MBELLA

Maképé Maturité

M

20,21-01-2007

2

MACAIRE

Maképé Maturité

M

21-01-2007

3

M. ELAN

Maképé Missoké

M

22-01-2007

4

GISELE

Maképé Maturité

F

22-01-2007

5

NARCISSE

Maképé Missoké

M

20-01-2007

6

MICHELE

Maképé Maturité

F

23-01-2007

7

JULIEN

Maképé Maturité

M

23-01-2007

8

PASCAL

Maképé Missoké

M

24-01-2007

9

FRANCIS

Maképé Missoké

M

26-01-2007

10

ZEBAZE

Maképé Maturité

M

23-01-2007

11

HENRI

Maképé Missoké

M

26-01-2007

12

ARMAND

Maképé Maturité

M

23-01-2007

13

MONTE

Maképé Maturité

F

23-01-2007

14

AMOS

Maképé Maturité

M

28-01-2007

15

M. ALBERT

Maképé Maturité

M

28-01-2007

16

M. ELIAS

Maképé Maturité

M

26-01-2007

17

J. MICHEL

Maképé Maturité

M

28-01-2007

18

JEANNE

Maképé Maturité

F

30-01-2007

19

GISELE

Maképé Missoké

F

02-02-2007

20

MAMADOU

Maképé Maturité

M

30-01-2007

21

DEJOLIE

Maképé Maturité

F

30-01-2007

22

MONIQUE

Maképé Maturité

F

30-01-2007

23

SERGES

Maképé Missoké

M

09-02-2007

24

CHRISTELLE

Maképé Missoké

F

09-02-2007

25

BENEDICTE

Maképé Missoké

F

09-02-2007

26

AMOS

Maképé Missoké

M

09-02-2007

27

FRANCOIS

Maképé Missoké

M

25-02-2007

28

THOMAS

Maképé Maturité

M

08-02-2007

29

AMADOU

Maképé Missoké

M

25-02-2007

30

T. MICHEL

Maképé Maturité

M

08-02-2007

31

P. TEZA

Maképé Missoké

M

25-02-2007

32

JOSUE

Maképé Missoké

M

27-02-2007

33

ALAIN

Maképé Missoké

M

27-02-2007

34

COLLECTE

Maképé Maturité

F

26-02-2007

35

AICHA

Maképé Missoké

F

08-02-2007

36

MONIQUE

Maképé Missoké

F

08-02-2007

37

MACHE

Maképé Maturité

F

26-02-2007

38

INOUSS

Maképé Missoké

M

26-02-2007

39

M. ACHILLE

Maképé Missoké

M

14-02-2007

40

CEZAIR G.

Maképé Maturité

M

14-02-2007

41

R. GASTON

Maképé Maturité

M

20-02-2007

42

K. GISELE

Maképé Maturité

F

20-02-2007

43

Dr ETOUNDI

Ho. Laquintinie

M

25-02-2007

44

SAGAH

ONG

M

24-02-2007

45

AUGUSTINE

ONG

F

25-02-2007

46

ANANIAS

CUD

M

29-02-2007

47

G. CORINE

CUD

F

28-02-2007

48

M. EVARISTE

CUD

M

29-02-2007

49

DORKAS

Mairie Dla Ve

M

15-02-2007

50

ABDOURAMAN

Mairie DLA Ve

M

10-02-2007

51

MONARKE

HYSACAM

M

29-02-2007

ANNEXE 6 : CARTE GEOGRAPHIQUE DRAIN TONGO-BASSA

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE................................................................................................................... i

DEDICACE ................................................................................................................... ii

REMERCIEMENTS ............................................................................................. . ....iii

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS ........................................................ ....iv

LISTE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................... v

RESUME ................................................................................................................. ....vi

ABSTRACT .......................................................................................................... .... vii

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................... 1

Ire PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE...7

NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE...........................8

CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE.........................................9 CHAPITRE I :

I-1- DEFINITIONS DES CONCEPTS...............................................9

I-1-1-dynamiques socio-économiques................................................9

I-1-2-environnement.......................................................................9

I-1-3-sites à risque.......................................................... ............10

I-2-REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE ...............................11

I-2-1-processus de constitution des sites risque : approche écologique

de K. FODOUOP et P. DUFOUR..................................................12

I-2-2-dynamiques socio-économiques dans les sites à risque : thèses structuraliste de M. J. BENDOW et compréhensive de M. SALL.............14

II-2-3-point des travaux sur les conduites à risque....................................16

II-2-3-1-la prise en compte du versant motivationnel

dans les conduites à risque...........................................................17

Chapitre II : CHAMPS THEORIQUES DE L'ETUDE......................20

II-1-LA THEORIE SOCIOLOGIQUE DES RISQUES.........................21

II-2-LA THEORIE DE L'ACTION SOCIALE ....................................24

II-2-1- approche compréhensive de MAX WEBER .............................25

II-2-2-l'individualisme méthodologique ou action individuelle..................28

II-2-2-1-l'approche de R. BOUDON...............................................30

II-2-2-2-alteration par la théorie des jeux..........................................31

II-2-3- portée de la théorie sur le phénomène étudié.............................33

II-3-THEORIE COMPLEMENTAIRE............................................34

II-3-1-Theorie de la sociologie dynamique et critique...........................34

II-3-2-Les fondements de la sociologie dynamique de Balandier................34

II-3-3-Les fondements de la sociologie dynamiste et

critique de A. TOURAINE..........................................................36

II-3-4-Portée de la théorie sur le phénomène étudie..............................37

CHAPITRE III : LA METHODOLOGIE DE L'ETUDE................39

III-1-FORMULATION DES HYPOTHESES ET CONSTRUCTION DES VARIABLES...........................................................................39

III-1-1- formulation des hypothèses.................................................39

III-1-2-construction des variables...................................................40

III-2-logique et méthode de la recherche............................................41

III-3-techniques de collecte des données...........................................41

III-3-1-le recueil des données documentaires.....................................41

III-3-2-l'entretien individuel.........................................................42

III-3-3-l'administration du questionnaire..........................................43

III-4-UNITE D'OBSERVATION ET TAILLE DE L'ECHANTILLON.....43

III-5-DEROULEMENT DE LA COLLECTE DES DONNEES, METHODE D'ANALYSE DES RESULTATS ET DIFFICULTEES RENCONTREES..45

III-5-1- déroulement de la collecte des données..................................45

III-5-2-techniques d'analyse des résultats.........................................46

III-5-3-difficultes rencontrées........................................................47

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE.............................48

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS..........................................................................................49

INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE.................................................50

CHAPITRE IV : MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET PERCEPTION DES RISQUES PAR LES POPULATIONS.....................................51

IV-1-MOBILES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE..............................................................51

IV-1-1-contexte général des mobiles des dynamiques

socio-économiques dans les sites à risque.........................................52

IV-1-1-1-croissance démographique et expansion urbaine......................52

IV-1-1-2-la croissance de l'exode rurale et la difficulté d'intégration des migrants................................................................................54

IV-1-2-approche individuelle sur les mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque.................................................55

IV-1-2-1-discours recueillis sur les mobiles des

dynamiques socio-économiques dans les sites à risque..........................55

IV-1-3-analyse des discours recueillis sur les mobiles des

dynamiques socio-économiques dans les sites à risque..........................59

IV-1-3-1-les groupes de référence.................................................59

IV-1-3-2- les revenus moyens des acteurs et les difficultés

de logement ...........................................................................60

IV-1-3-3- la recherche de l'intégration économique par

les acteurs ..............................................................................61

IV-1-3-4- les contraintes matrimoniaux............................................61

IV-2- CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS

DES SITES A RISQUE...............................................................62

IV-2-1- origine de la population et organisation sociale..........................62

IV-2-2- organisation économique...................................................63

IV-2-3-niveau d'instruction..........................................................64

IV-2-4-niveau d'âge des acteurs et religions pratiquées.........................65

IV -3-REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT IMMEDIAT............................................................................66CHAPITRE V:

IV-3-1-perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie...............67

IV-3-1-1- perception de l'acuité des problèmes liés au

cadre de vie selon le niveau d'instruction...........................................68

IV-3-1-2- perception de l'acuité des problèmes liés

au cadre de vie selon le sexe........................................................69

IV-3-1-3-perception de l'acuité des problèmes liés

au cadre de vie selon la durée de résidence dans le quartier....................72

IV-3-2-perception de l'origine des problèmes

sanitaires et causes de l'accumulation des ordures...............................73

IV-3-2-1-découpage et restructuration des discours sur les

causes de l'accumulation des ordures et des eaux usées.........................75

IV-3-2-2-analyse et interprétation des discours recueillis

sur les causes de l'accumulation des ordures......................................75

IV-3-2-2-1-part de l'état..............................................................75

IV-3-2-2-2- manque de civisme.....................................................76

Individus

CHAPITRE V : CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE..................................78CHAPITRE IV:

V -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGES........................78

V -1-1- concept de ménage.........................................................78

V-1-2- tailles des ménages enquêtés et types d'habitat

de populations des sites à risque.....................................................79

V-1-3- source d'approvisionnement en eau, énergie et type d'aisance.......82

V-1-4- conditions d'administration des soins......................................88

V-2- STRATÉGIES SOCIO-ÉCONOMIQUES DE SURVIE DES POPULATIONS DES SITES À RISQUE.........................................89

V-2-1- concept des activités informelles...........................................89

V-2-1-1- définition....................................................................89

V-2-1-2- caractéristiques du secteur informel......................................90

V-2-1-3- émergence du concept.....................................................91

V-2-2- populations des sites à risque et activités informelles...................92

V-2-2-1- pratique des tontines et associations......................................92

V-2-2-2- la mise au travail des enfants comme

stratégie de survie des populations à risque.......................................94

V-2-2-3- le transport par moto « ben skin » comme stratégie de survie......95

V-2-2-4-vente du sable, du gravier et la pratique du

commerce comme stratégie de survie.............................................96

CHAPITRE VI : DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT SOCIAL.................................................................................98

VI-1-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUES.................................98

VI-1-1- risques naturels............................................................98

VI-1-2- aggravation ou fabrication humaine des risques......................99

VI-2- INCIDENCES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES

DANS LES SITES A RISQUE ...................................................100

VI-2-1-implications sanitaires......................................................100

VI-2-1-1- les effets de la pollution................................................100

VI-2-1-2- montée du paludisme et choléra........................................102

VI-2-1-3- populations et risque des sinistres...................................105

VI-2-2- implications sur la satisfaction des besoins de la famille...............106

VI-2-2- 1- les fonctions de la famille..............................................106

VI-2-2-2- besoins de la famille.....................................................107

VI-2-2-3- conditions de vie des populations des sites à

risque et implications sur la scolarisation des enfants..........................108

VI-2-2-3-1- scolarisation des filles................................................108

VI-2-2-3-1- scolarisation des garçons............................................110

VI-2-3-conditions de vie des populations des sites à

risque et implications alimentaires................................................111

VI-2-4- implications des conditions de vie des populations des zones

à risque sur leur intégration aux activités associatives..........................112

VI-2-5- conditions de vie des populations des sites à

risque et implications psychologiques..........................................112

VI-5-STRATEGIES DE GESTION DES RISQUES

PAR LES POPULATIONS.........................................................114

VI-5-1- actions individuelles......................................................114

VI-5-2- actions collectives.........................................................115

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE................................118

RECOMMANDATIONS............................................................120

CONCLUSION GENERALE................................................122

BIBLIOGRAPHIE........................................................127

LISTE DES ANNEXES.............................................................133

TABLE DES MATIERES..........................................................145






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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle