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Impact des réformes dans le secteur financier sur les relations entre banques et institutions financières décentralisées

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par Ousmane Thiané DIOP
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - maà®trise en sciences économique 2002
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

MEMOIRE DE MAITRISE EN SCIENCES ECONOMIQUES

OPTION : ANALYSE ET POLITIQUES ECONOMIQUES

SUJET : IMPACT DES REFORMES DANS LE SECTEUR FINANCIER SUR LES RELATIONS ENTRE BANQUES ET INSTITUTIONS FINANCIERES DECENTRALISEES

CONCURRENCE OU COMPLEMENTARITE ?

DIRECTEUR DE RECHERCHE PRESENTE PAR

PROFESSEUR ADAMA DIAW OUSMANE THIANE DIOP

AGREGE EN ECONOMIE

AOUT 2002

REMERCIEMENTS

Si je devais nommer ceux envers qui je me sens en dette, l'énumération serait longue. Cependant, je ne peux m'empêcher de le faire pour ceux qui ont contribué à la réalisation de ce modeste travail. Il s'agit de:

-Monsieur Adama Diaw, Professeur Titulaire, Agrégé d'Economie, Directeur de l'UFR de l'UGB

-Madame Ndiaye, née Suzanne Badji, Assistante à la FASEG-UCAD

-Monsieur Mamadou Ndiaye 2, Département de Crédit, BCEAO Dakar

-Monsieur Keita Ibrahima, Chercheur- Economiste

Par ailleurs, j'ai bénéficié du soutien de Frères- Eclaireurs avec qui j'ai logé cette année à la Deuxième Gauche. Sans oublier mon Frère Togolais, Hervé Dalmeida.

J'estime avoir contracté une dette morale envers eux tous.

Ce sujet m'a été proposé par Monsieur Diaw Adama, Professeur Titulaire, Agrégé d'Economie, Directeur de l'UFR de l'UGB

Compréhension du sujet

Ce sujet est en rapport avec le secteur financier de l'économie Sénégalaise.

Analyse des termes- clefs

Impact (d'une chose): effets produits par cette chose, les conséquences entraînées par le déclenchement de cette chose. Il peut être appréhendé par des indicateurs souvent chiffrés ou observables à travers les modifications qu'il apporte

Reforme: Changement intervenu dans la manière de procéder dans un système et qui vise, théoriquement, à la rendre plus efficace compte tenu des modifications observées dans son environnement. C'est la matérialisation d'une volonté d'adaptation du système par ceux qui le coiffent.

Système financier: mode dominant de division du travail financier recouvrant l'ensemble des formes organisationnelles et fonctionnelles caractéristiques des structures financières.

Relations: Rapports entretenus par deux ou plusieurs unités relativement autonomes. Ils sont soit conflictuels (concurrence,...) soit de solidarité (complémentarité,...) .L'absence de relation se nomme indifférence. Parfois, la nature d'une relation peut être hybride.

IF bancaires et non bancaires Les IF sont des agents qui ont pour fonction principale d'effectuer les opérations dont le support est constitué d'actifs financiers (contrairement aux réels) faisant apparaître créance et dette.

Les bancaires sont constituées par les BSR et les non bancaires, par la caisse d'épargne, les mutuelles,...

La différence entre les deux, du point de vue économique, relève du fait que les premières sont en mesure d'octroyer pour un montant supérieur à celui collecté, c'est à dire qu'elles ont la possibilité de créer de la monnaie, contrairement aux dernières qui ne peuvent en octroyer qu'à concurrence des sommes mobilisées.

Concurrence: C'est l'état du marché d'un bien dans lequel plusieurs offreurs et demandeurs, au demeurant nul n'est assez représentatif pour faire régner sa loi, cherchent à tirer le maximum de gain possible.

Complémentarité Nature d'une relation de type partenarial dans laquelle chaque partie se donne pour vocation de suppléer aux insuffisances et manquements de l'autre en vue de la réalisation d'un projet

Ce sujet nous met en relation avec le paysage financier Sénégalais et principalement, nous sommes appelés à nous enquérir des relations entre IFD et BSR après les réformes intervenues dans le secteur à partir de 1988

Problématique.

Si on a dû réformer, c'est parce que des difficultés, s'opposant à l'accomplissement de la mission dévolue au système à savoir le financement de l'économie pour la prospérité des citoyens, ont été rencontrées.

Quels ont été ces obstacles (nature et causes)?

Dans quels contextes (politique et économique) s'inscrivent ils?

Comment fonctionnait le système bancaire?, Quelle est son historique?

Quelle est la responsabilité de l'Etat ?

Les réformes ont été menées:

Quel est leur contenu?

Qui en sont les auteurs? Comment a t'on procédé?

Quels ont été les objectifs visés? D'ou provenaient les financements?

Quelles ont été les structures d'accompagnement?

Quels sont les résultats obtenus? Avantages et Inconvénients?

Quels sont les correctifs qu'il fallait apporter en vue de corriger les effets négatifs de ces réformes?

Une fois les IFD mises sur pied,

Comment ont elles évoluées?

Quels ont été les faits marquants de la micro finance ?

Quelles sont les relations entretenues par les IFD avec le système classique?

S'agit d'une concurrence ou d'une complémentarité?

Que pourrait on proposer en vue d'améliorer ces relations pour qu'elles puissent être bénéfiques à la société dans son ensemble et à ses différentes classes?A travers des lignes que nous voudrions rigoureuses ,nous essaierons d'apporter des réponses informées à toutes ces questions précédemment formulées.

Le Plan

Introduction Générale

Historique du système bancaire

SECTION I Contexte General

Contexte socio politique

Présentation du système

Fonctionnement du système

a) Évolution de la situation monétaire de 1970 à 1984

b) Contrôle du système

c) Difficultés du système bancaire

d) Situation du système

e) Le problème des banques de développement

II Les Réformes

A/ Le plan de restructuration

1) Première partie: Assainissement

a) les banques à réorganiser

b) les banques à liquider

c) des banques à créer

2)Deuxième partie: Réorganisation du système

3) Financement de la restructuration

4) Révision du cadre institutionnel

a) contrôle bancaire

b) les instruments de la monnaie et du crédit

c) Présentation du nouveau système

d) Évolution de la situation monétaire

III Après les réformes: La micro finance

A: Revalorisation de la micro finance

B/ Les systèmes de financement décentralisés (SFD) au Sénégal

1) Données générales

a) présentation

b) Évolution du nombre

c) Évolution de la situation juridique

d) Les bénéficiaires des services des SFD

2) Analyse de l'activité financière

a) Évolution des ressources

b) Évolution des dépôts

3) Les faits marquants de la micro finance au Sénégal en 2000.

C) Relations banques- SFD

1) Évolution comparative de l'activité financière des SFD et banques.

2) La complémentarité

a)Avantages pour les SFD

-financiers

- institutionnels

b) Avantages pour les banques

3) Concurrence

4) Propositions

IV) Conclusion

Introduction Générale

Les pays en voies de développement ont besoin d'amorcer une croissance économique durable sans laquelle le développement économique ne peut être atteint. Pour ce faire, il apparaît nécessaire de mettre l'accent sur le renforcement des capacités de production dans l'économie ; ce qui suppose que le secteur financier devra jouer un rôle moteur prépondérant.

Au Sénégal, une crise financière latente s'est déclarée durant les années 80. Pour sa résorption, une série de mesures visant l'émergence d'un système financier viable avait été initiée par les autorités.

Parmi les objectifs visés par ces mesures, la libéralisation y a occupé une place prestigieuse. Celle ci prône, en théorie, la libre concurrence et s'oppose à l'intervention de l'Etat et à la constitution de monopole privé. A son sens, par le biais du libre jeu des initiatives individuelles dans le marché, on doit parvenir à l'allocation optimale des faibles ressources mobilisables.

Par ailleurs, ces réformes ont nécessité la revitalisation d'une forme de système financier dite décentralisée, dont l'objectif est de complémenter les carences des banques classiques dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Ainsi coexistent, dans le marché financier, deux types d'institution entretenant des relations ambiguës. Sont-elles complémentaires dans le cadre du financement de l'économie? et/ ou, au contraire, entretiennent elles des relations de concurrence? Quelles orientations devrait-on promouvoir dans leurs relations afin de réunir les conditions d'un développement économique et social adapté à nos spécificités ?

A travers les lignes qui suivent, nous essayerons d'apporter des réponses informées aux questions précédemment formulées. C'est ainsi que nous traiterons ce sujet en trois parties.

La première évoquera l'environnement du système financier d'avant les réformes afin de déceler les causes proches ou lointaines de la crise. La seconde portera sur la nature des réformes. L'objectif visé dans cette partie est d'appréhender l'anatomie des réformes afin de mieux cerner leurs effets sur les relations entre Banques et SFD que la troisième partie aura l'intention de traiter.

Auparavant, nous nous intéresserons à l'évolution du système bancaire depuis ses origines.

HISTORIQUE DU SYSTÈME BANCAIRE

Dans une économie de type domanial ou de Robinson Crusoe, la banque ne serait que du superflu car l'instrument à travers lequel elle intervient dans l'économie, et qui constitue sa matière première, n'a aucune utilité. Les transactions sont facilitées par le style d'organisation qui en assure la fluidité; l'épargne y est mal vue et l'investissement inconnu.

Cependant, en atteignant une certaine complexité due à la masse d'individus devant entrer en échange et à la distance à parcourir, le troc, avec toutes ses contraintes, devient trop fastidieux : l'usage d'un médiateur devient une urgence. Toutes les sociétés, à un certain moment de leur évolution, l'ont engendré, souvent de façon autonome, mais avec des caractéristiques presque identiques. Ainsi, la monnaie est universelle et a toujours suscité convoitise et méfiance de la part des agents économiques. Copernic, physicien Anglais, la comptait parmi les quatre principales sources de l'effondrement d'une puissance, lorsqu'elle se dépréciait très sensiblement.

Dès son apparition, sa garde a été affectée à des agents : les cambistes, qui peuvent être considérés à juste titre comme les ancêtres des banquiers.

Au Sénégal, l'abolition de l'esclavage a été à l'origine de la création de la première banque. Les effets perturbateurs qu'elle a entraînés devaient être corrigés par l'octroi de crédits aux anciens propriétaires pour qu'ils puissent poursuivre leurs activités. Cette Banque du Sénégal, fondée en 1853, avait ses locaux à Saint-louis. Elle était spécialisée dans le crédit à court terme. Cependant, elle n'a jamais pu servir à une réelle politique de mise en valeur de la colonie.

La création de l'Afrique Occidentale Française (AOF) suite à une extension du domaine colonial et au développement de l'économie de traite, dont la matérialité était observable à travers la remarquable augmentation de la production agricole, finirent par démontrer l'urgence de l'extension et du renforcement des possibilités d'intervention du système bancaire. Ce dernier devait se charger d'apporter en qualité et en quantité le lubrifiant nécessaire à la dynamisation de la machine économique.

En 1901, la Banque du Sénégal est mise en liquidation et transfèrera son actif à une nouvelle banque d'émission de nature commerciale: la Banque de l'Afrique de l'Ouest.

Dans les années 1920, la montée de la concurrence internationale, suite aux effets d'entraînement de la révolution industrielle, a fini par faire naître chez les protagonistes des attitudes protectionnistes. Avec ces changements dans les relations internationales, il fallait adapter le système bancaire pour la distribution des crédits aux secteurs jugés prioritaires; ceci en vue d'une plus grande autonomie vis à vis du RDM.

Vu la multiplicité et la densité des interventions du système bancaire, son activité atteignait des proportions non négligeables et son contrôle devenait un enjeu de taille : la nouvelle Banque de l'Afrique Occidentale aura désormais son siège social en France et non plus en Afrique. Ainsi le système bancaire venait d'être rapproché des politiques françaises. Sa création fut une tentative d'adaptation de la distribution du crédit dans une phase d'expansion du capitalisme. Cette banque qui, à l'origine était sous tutelle privée, devenait une société d'économie mixte à partir de 1929 avec une participation minoritaire de l'Etat qui allait se renforcer de façon décisive en 1940.

Ces périodes sont marquées, au Sénégal, par un développement de l'économie arachidiére produite par une agriculture extensive. Le paysan vendait sa production aux commerçants (sous- traitants) Libanais ou Africains qui se chargeaient de l'exporter. En retour, ces derniers lui procuraient des produits importés. Les périodes de soudure entraînaient des endettements massifs qui, après paiement, ne laissaient au paysan que des signes monétaires. Jamais il ne joignait les deux bouts. Il était laissé à la merci d'usuriers impitoyables dans le bourbier de l'endettement.

Dans un tel contexte, l'établissement d'un contact direct avec les ruraux n'était pas du domaine de l'urgence. Cependant, vu la fertilité du milieu dont l'engrais était constitué par l'usure, les banques se sont prolongées dans les grandes compagnies de crédit immobilier qui, de par leur degré d'implantation adaptée aux spécificités du milieu, pouvaient s'assurer du remboursement des crédits octroyés aux ruraux. La plupart de ces grandes compagnies finirent par être des propriétés des banques

Durant la seconde guerre mondiale, l'aide substantielle apportée les pays colonisés à une France malmenée par le voisin Nazi a fini par apporter du sang neuf aux relations Métropole - Colonies. Cela s'est matérialisé par la constitution de la Zone Franc dont la caractéristique principale est l'existence d'une parité fixe entre le Franc Français (FF) et le Franc des Colonies Françaises d'Afrique (FCFA). Elle semble être née des conséquences de la seconde guerre mondiale, du contrôle des changes et de celui du commerce extérieur.

Auparavant, des banques françaises avaient installé des succursales à Dakar. Il s'agit essentiellement de la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie (BNCI en 1939),du Crédit Lyonnais et de la Société Générale en 1941. L'avènement de ces nouvelles banques avaient entraîné une certaine division du travail en ce qui concernait la fourniture des services et la répartition de la clientèle.

Certaines banques livraient des crédits à l'industrie et au commerce tout en essayant de se rapprocher du secteur informel. Il s'agit de la BNCI, du Crédit lyonnais...

La BAO et la Banque Commerciale Africaine s'activaient dans la consolidation de leurs liens privilégiés avec les grandes maisons de traite. Leurs crédits étaient destinés à la commercialisation de l'arachide. En 1956, ils représentaient 56% des crédits consentis.

Cependant, l'influence des banques africaines se réduisait. En 1945 le BAO détenait à elle seule 60% des dépôts. En 1952, la tendance commençait fortement à être inversée. Les grandes banques métropolitaines s'intéressaient désormais à la crème du monde des affaires (grandes sociétés de commerce). Aussi elles se lancèrent dans des travaux d'investissement minier et le financement des travaux correspondant à l'équipement collectif de la colonie.

L'octroi de crédits pour le développement de l'industrie locale s'est effectué au moment de la pénurie de l'après guerre où la France, durant sa reconstruction (1948-1974), n'arrivait plus à fournir certains éléments de base aux colonies. Ainsi a-t elle encouragé une industrialisation de très faible ampleur, non pas par altruisme, mais en vue de préserver sa vache laitière au moment où l'Afrique faisait l'objet d'enchères idéologiques.

Les crédits à l'équipement immobilier et hypothécaire ont été octroyés par la Société Immobilière et Financière de l'Afrique (filiale de la BCA), le Crédit Foncier de l'Afrique de l'Ouest ( CFAO), le Crédit Foncier d'Afrique ( filiale de la Banque d'Indochine). Le Crédit du Sénégal (CDS) octroyait des crédits à court et moyen termes aux entreprises artisanales ainsi qu'aux exploitations et coopératives. Ces prêts étaient destinés à l'acquisition de propriétés immobilières et de biens de consommation semi- durables.

Les indépendances ont joué un rôle décisif dans l'évolution du système bancaire. Elles ont surtout été marquées par un processus d'africanisation des banques dans le capital desquelles, privés et publics cohabitent.

Parallèlement, de nouvelles banques à capitaux uniquement publics (Sénégalais et Français) ont été créées en vue de fournir des crédits aux populations méprisées par le système bancaire classique (artisans, agriculteurs)...

Le processus d'africanisation s'est déroulé en plusieurs étapes.

Un partenariat financier est scellé entre le Sénégal et le Crédit lyonnais. Sa matérialisation se trouve dans l'érection de l'Union sénégalaise des Banques (USB).Son capital fut augmenté avec l'entrée de banques étrangères telles Morgan Guaranty (USA), Deutsche Bank (RFA), Banca Commerciale Italiana (USA- Italie).

L'USB fut régie par le droit local et n'avait aucune obligation de service public. Elle était mue par des objectifs de rentabilité avec pour mission de promouvoir les hommes d'affaire sénégalais.

Le 13 janvier 1960, la Banque Sénégalaise de Développement vit le jour. Elle avait pour rôle de constituer un relais aux lignes de crédits accordées par le Fonds d'Assistance et de Coopération, du Fonds Européen de Développement et autres institutions de coopération financière. Malgré le volume important des dotations financières à son profit, elle n'avait pu jouer le rôle qui lui était assigné.

La complémentarité des missions de la BDS et du Crédit du Sénégal a été institutionnalisée par la création de la Banque Nationale de Développement du Sénégal en 1964. Cette banque héritait des missions de ses ancêtres (BDS et CDS). Elle a pu bénéficier d'importants financements qu'elle pouvait difficilement renouveler à cause des taux d'intérêt internationaux plus compétitifs.

Dans la poursuite du processus d'africanisation, la Société Générale des Banques du Sénégal (SGBS) verra le jour le 03 décembre 1962. Elle a repris les activités de la Société Générale qui en était l'actionnaire majoritaire avec 51% d'un capital ouvert à des étrangers (USA, Suisse, Italie, France, Allemagne).

La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie au Sénégal fut créée en 1962 pour poursuivre les activités de la BNCI qui en est l'actionnaire majoritaire.

Des indépendances jusqu'au début des années 70, le fonctionnement du système bancaire Sénégalais a fortement été marqué par la présence de l'autorité publique. L'objectif visé était d'accompagner les différents plans nationaux mis en oeuvre pour le développement social et économique du pays.

Cependant, malgré toute cette volonté de contrôle du système qui, entre autres était plus que nécessaire dans une économie embryonnaire et planifiée, il fallait l'existence d'un secteur privé libre, pouvant servir à drainer les capitaux extérieurs privés en quête de sécurité, liquidité et rentabilité. A cet effet, il fallait répondre aux exigences de la concurrence.

Le problème à résoudre, allait être la répartition du marché et la distribution des compétences entre les différentes catégories d'établissement de façon à pouvoir mobiliser les ressources pour le financement des plans sans porter atteinte aux activités du secteur privé, parce qu'il est le seul à pouvoir réaliser de façon satisfaisante les mouvements de capitaux avec l'extérieur.

Le début des années 70 correspondait, sur le plan international, au premier choc pétrolier, à la disparition de l'étalon de change or et à la fin des 30 glorieuses.

Au Sénégal, malgré l'épaisseur du tissu bancaire qui se trouvait être l'un des plus moelleux de l'Union Monétaire Ouest Africain, il fallait favoriser la création d'établissements spécialisés en vue de compléter le travail accompli par les banques commerciales. Une loi allant dans ce sens a été votée par la représentation nationale en 1974 : les organismes spécialisés dans la distribution de crédits à moyen et long termes aux entreprises créatrices de richesse pouvaient bénéficier de faveurs fiscales.

Dans la même année, la Société Financière Sénégalaise pour le Développement de l'Industrie et du Tourisme (SOFISEDIT) et la Banque Sénégalo-Koweitienne, avec une participation de l'Etat dans chacune, venaient de se constituer.

Le SOFISEDIT ( 09 Mars 1974) fut le fruit d'un partenariat entre l'Etat, la totalité du système bancaire nationale et de la Fidelity International Bank (USA). A partir de 1975, son capital fut élargi à d'autres partenaires. Pour son démarrage, la SOFISEDIT a pu bénéficier d'importantes lignes de crédit (République Fédérale d'Allemagne, Banque Mondiale). La participation de l'ensemble du système bancaire nationale témoigne de la volonté du Gouvernement Sénégalais de coordonner les activités des différentes catégories d'établissement et d'en utiliser les compétences diverses pour les projets de développement initiés sous sa responsabilité.

La BSK vit le jour dans la même année que le SOFISEDIT. Ses principaux actionnaires furent le Koweït Foreign Trading Contracting and Investing 50%, l'Etat Sénégalais 25% et un privé Sénégalais 25%.

C'est à la fois, un aspect de la coopération entre le Sénégal et le Koweït et un circuit de recyclage en direction de l'Afrique des surplus accumulés grâce à une inflation sans précédent du prix du baril de pétrole. L'Etat du Koweït fut le principal bailleur. Cependant la nomination du privé Sénégalais comme Président Directeur Général témoigne de la volonté des partenaires à conférer à la banque un statut privé, tout en orientant ses activités en fonction des objectifs de la politique économique nationale. Pour son démarrage la BSK a pu obtenir une ligne de crédit de 2,5 milliards.

L'objectif visé dans la création de ces deux banques était d'encourager l'épargne privée nationale et étrangère à venir s'investir pour des horizons lointains au Sénégal. Les deux institutions ont entretenu des relations de libre concurrence. Mais, compte tenu de l'étroitesse du marché une entente apparut souhaitable. Il fut finalement admis que la BSK évoluera dans le segment de la pêche, de l'immobilier, de l'élevage... tandis que la SOFISEDIT s'occupera du financement des activités industrielles et touristiques. A partir de 1975, peu de changements ont été enregistrés dans le système bancaire.

Il est intéressant de voir que l'évolution constatée au niveau des structures économiques et de l'environnement national et international a entraîné une révision du système Sénégalais en vue de répondre aux besoins de financement des nouvelles unités industrielles et commerciales.

Avant d'aborder le fonctionnement du système bancaire, il convient de le situer dans son contexte socio-économique et socio politique.

SECTION 1 Le contexte général

Le Sénégal est situé dans la zone intercontinentale de l'Afrique Occidentale, limité au Nord par la Mauritanie, au Sud par les deux Guinée (Conakry, Bissau), à l'Est par le Mali et à l'Ouest par l'Océan Atlantique. Sa superficie est de 197161 km².

En 1960, alors qu'il venait de se dérober de la tutelle coloniale, la République du Sénégal bénéficiait d'un traitement de faveur pour ses exportations vers la France. L'économie était bien gérée avec un taux de croissance de 3% par an. Une politique active de nationalisation des propriétés coloniales et de substitution des importations avait été mise en oeuvre et cela coïncidait avec une bonne pluviométrie et un environnement international favorable du fait de la flambée des prix de l'arachide et du phosphate.

D'ambitieux programmes ont été élaborés en vue d'accroître très sensiblement le PIB (48% au bout de 5 ans). Cependant durant les dix premières années, le taux moyen n'avait été que 2,2% en termes réels. Deux contraintes entravaient la réalisation des voeux. C'est d'une part la sécheresse entre 1968 et 1974 et d'autre part l'orientation des crédits dans des secteurs à rentabilité différée.

. Cette orientation des crédits étant déterminée par la nature des structures économiques, la priorité avait été accordée aux crédits à court terme pour la commercialisation de l'arachide et l'exportation des produits de l'huilerie.

Cette politique était de nature à pérenniser une structure économique qui privilégiait le commerce aux dépens de la production. Les ressources longues dont raffole le secteur industriel subissaient une très faible progression empêchant l'essor d'un secteur secondaire apte à faire croître durablement et cumulativement les richesses nationales.

Au cours des années 1970, le Sénégal s'est confronté à un environnement national et international défavorable marqué par une sécheresse persistante et une détérioration sensible des termes de l'échange. Elles se sont traduites par un essoufflement du modèle arachidier et la baisse des cours des matières premières. Le Produit Intérieur Brut (PIB) n'avait pu progresser que de 3,8% en moyenne en valeur. La demande intérieure, sous la poussée de la consommation privée et publique, s'était accrue fortement pour représenter 104,6% en 1970 et 114,5% en 1979. La balance commerciale avait connu un déficit chronique qui passa de 0, 9% en 1976. 6,8% en 1980, en rapport au PIB. Le service de la dette s'était alourdi en raison de la hausse des taux d'intérêt et de l'évolution erratique des taux de change.

A partir de 1979, le Sénégal, comme la plupart des autres pays de l'UMOA, était en cessation de paiement. Il ne pouvait plus faire face à ses engagements devant les institutions financières internationales et les autres partenaires: le poids de la dette devenait insoutenable. Pour sa résorption, des programmes d'ajustement structurel ont été imposés.

Par ailleurs, des déséquilibres structurels avaient été observés.

- Le PIB moyen, en termes réels, croissait à 2,1% alors que le taux de croissance démographique était de 2,7%

- le taux d'investissement relativement faible tournait autour de 15%

- le déficit budgétaire était supérieur à 12% du PIB et la masse salariale absorbait plus de 50% des recettes courantes

- la dette extérieure représentait 32% des exportations ( 1980)

- Le déficit commercial était de l'ordre de 125 milliards en 1981

- l'inflation prenait les ascenseurs alors que la politique expansionniste du crédit servait plus à une consommation qu'à un investissement.

Pour mettre fin à ce désordre économique, un programme de redressement pour atteindre le carré magique a été mis en oeuvre.

Ce plan de stabilisation de la détérioration des fondamentaux, avec comme objectifs précis: l'équilibre des finances publiques, des échanges avec l'extérieur et des marchés de l'emploi ainsi que la maîtrise de la demande.

Les résultats furent mitigés avec un taux de croissance du PIB (1,6%) en deçà du démographique. La principale cause fut une évolution défavorable de la pluviomètrie.

A l'issue du premier plan, le Plan d'Ajustement à Moyen et Long Terme (PAMLT) avait été mise en oeuvre.

Ce programme visait à maintenir les acquis obtenus dans la réduction de la demande, la promotion des investissements, la mise en oeuvre de politiques sectorielles, et le désengagement de l'Etat en vue d'une libéralisation de l'économie pour une meilleure compétitivité des entreprises nationales sur le plan interne comme externe.

La PIB a crû de 2,9% entre 1985-1989. Le solde budgétaire s'est amélioré et la masse salariale ne représentait plus que 41% des recettes courantes. Les soldes extérieurs se sont améliorés et la position nette du gouvernement s'est améliorée grâce aux réformes entreprises dans le système bancaire.

Ces réformes ont été initiées depuis 1989 en raison des graves difficultés structurelles qu'a connues le système financier du pays. Ces obstacles ont empêché une intermédiation financière saine pour l'orientation du crédit vers des secteurs productifs.

Contexte Socio -Politique

Le début des années 80,a été marqué,au Sénégal, sur le plan politique par la présence d'un parti-Etat que constituait le Parti Socialiste. La notion de parti Etat est assez synthétique pour exprimer la confusion que l'on pouvait faire, sans se tromper, entre les deux termes; l'Etat était le prolongement du Parti.

Le PS, au pouvoir depuis les indépendances, ne trouvait aucune entrave institutionnelle (législative ou juridique),de même que populaire à mener une politique, quelle qu'elle fut. La gestion des affaires de l'Etat n'obéissait à aucun critère républicain. La neutralité et l'efficacité furent relevées au second plan. L'Etat était administré sur des bases partisanes et clientélistes fondées sur l'affiliation ou non au parti. La nomination à la direction des entreprises qui constituaient, par ailleurs, l'essentiel du tissu économique formel était destinée à des personnes très proches du Parti en guise de récompenses. Les critères de compétence, d'efficacité, d'aptitude à faire de bons résultats étaient substitués à la capacité à être démagogue, c'est à dire apte à drainer des foules immenses de personnes affamées, désespérées et fatalistes.. La petite portion d'intellectuels engagés dont disposait le pays, dans la même logique, a été écartée, pourchassée tout juste parce que consciente des problèmes de leur société, elle s'était encline à leur trouver des solutions cartésiennes. Quelques-uns furent bâillonnés tandis que d'autres partirent servir des intérêts étrangers.

Ainsi jusqu'à la fin des années 70, le Sénégal était sous la tutelle d'un parti qui ne manifestait aucune volonté à insérer des changements dans l'ordre établi. La classe dominante se complaisait dans la satisfaction des besoins de ses membres et ne se préoccupait guère de bonne gouvernance, de démocratie...si ce n'était que de façade..

L'avènement du second président allait être décisif dans l'observation de changements. Dés son arrivée en 1981, il a manifesté sa volonté d'assainir l'Etat. Cependant il fallait attendre sa légitimation populaire par les urnes en 1983 avant qu'il n'endurcisse son discours par une prise de position sans ambiguïté contre l'enrichissement illicite.

Ainsi dans son rapport de politique générale prononcé le 21 janvier 1984, mission a été donnée au Gouvernement de conduire avec succès le plan de redressement économique et financier. Ces mesures se focalisaient sur la reconstitution du patrimoine de l'Etat, au recouvrement des recettes, à une plus grande discipline dans la politique d'octroi des crédits, à la réorganisation de l'économie...

Ces mesures, disait-il en substance, devaient faire appel à beaucoup de fermeté, de rigueur et de courage car devant créer des bouleversements dans l'ordre existant caractérisé par de vieilles habitudes malsaines engendrées par le laxisme, la corruption, les passe droits qui n'ont cessé de gangrener la société sénégalaise.II La Présentation du système

Le système bancaire est le mode dominant de division du travail bancaire recouvrant l'ensemble des formes organisationnelles et fonctionnelles caractérisant les structures bancaires.

Il joue un rôle fondamental dans le processus d'expansion économique et social d'un pays. Il contribue décisivement à l'accumulation de l'épargne et à son usage dans les investissements jugés prioritaires. Il joue un rôle non négligeable dans la stabilisation de la monnaie nationale.

Au Sénégal, le système bancaire est composé de l'ensemble des banques de second rang et des établissements financiers. La Banque Centrale est l'organe qui coiffe ce système.

Une banque est un organisme financier qui concentre des moyens de paiement, assure la distribution du crédit, le change. La Banque Centrale a toutes les fonctions de banque en plus d'une aptitude à l'émission de billets de banque. Les établissements financiers sont des personnes morales ou entreprises qui font profession habituelle de financer des ventes à crédit. Ils travaillent avec des fonds propres ou empruntés.

La Banque Centrale

La BCEAO est commune à tous les pays de l'UEMOA et sa création remonte à 1955. Elle coordonne la politique monétaire et du crédit en vue d'assurer la liquidité optimale de l'économie. Elle joue le rôle de banque des banques en assurant les règlements de compensation entre elles et celui d'organisme de crédit en faisant des découverts bancaires au trésor, incarnation financière de l'Etat.

Les Banques de Second Rang (BSR).

1- B.C.C.I. Bank of Credit and Commerce International overseas limited, banque par action avec un capital entièrement étranger.

2- B.C.S.3- Banque Commerciale du Sénégal créée le 8 juin 1983, son capital est entièrement détenu par des sénégalais.

3-B.H.S -Banque de l'Habitat du Sénégal mars 1980. Son capital était entièrement détenu par des personnes morales et physiques autochtones

4- BIAO-S Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale Sénégal, africanisé le 1e janvier 1980, est un partenariat entre l'Etat 35% et le BIAO Paris 65%.

5- BICIS Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Sénégal .L'Etat 42%, privés nationaux 8%

6- BNDS Banque Nationale de Développement du Sénégal ( Etat 72,9%)

7- B.S.K. Banque Sénégalo Koweïtienne

8- CITIBANK succursale de Citibank New York qui détenait entièrement le capital/

9- MFIS la Massaraf Fayçal al Islami du Sénégal créée le 09 Mai 1983 son capital était reparti entre Dar al Maal al Islami 51% et des actionnaires Sénégalais 49%

10- SOFISEDIT Société Financière Sénégalaise pour le Développement de l'Industrie et du Tourisme, actionnaire Etat 18,5% et les autres banques de la place

11- SGBS Société Générale des Banques du Sénégal. Son capital était détenu par des actionnaires privés Sénégalais 38,2%, la Société Générale de France 37,8% et d'autres banques étrangères 24%.

12- USB Union Sénégalaise des Banques : Etat 62,2% Crédit Lyonnais 18,7% et autres

13- CNCAS La Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal, 15 juin 1984. Son capital était détenu par l'Etat 29%, les banques locales 26%, les privés nationaux 12% et les institutions financières internationales dont le BCEAO 35%

14- SONABANQUE : elle vit le jour le 14 janvier 1985 avec un capital de 300 millions de FCFA détenu à hauteur de 88% par la SONAGA

LES ETABLISSEMENTS FINANCIERS

1- LOCAFRIQUE : la compagnie africaine de crédit bail, finance la vente à tempérament de biens d'équipement ménager. .

2 -SOCRES La Société de Crédit et d'Equipement du Sénégal était spécialisée dans la vente à tempérament de biens d'équipement ménager. Son agrément date du 30 Août 1977.

3 -SOGECA la Société Générale de Crédit Automobile s'exerce dans le financement de la vente à crédit de véhicules, automobiles et de matériel industriel.

4 - SONAGA Société Nationale de Garantie et d'Assistance au commerce a été constituée en Août 1971. Actionnaires: Etat 90,7%. Ses activités touchent les opérations d'aval de caution et d'assistance également les ventes à crédit de véhicules.

A SIIS la Société d'Investissement Islamique du Sénégal est créée le 24 novembre 1983 avec un capital 875 million de FCFA.

FONCTIONNEMENT DU SYSTEME

Evolution de la situation monétaire de 1970 à 1984

Durant cette période, malgré une expansion remarquable des dépôts la banque centrale a dû alimenter de façon considérable les banques commerciales. La politique en vigueur était celle de l'administration du crédit (encadrement, politique sélective, taux d'intérêt administrés). Cette situation n'a pas manqué d'influencer la position extérieure du Sénégal (rareté des réserves de changes qui devenaient débitrices).

Les concours du système bancaire à l'ensemble des agents économiques Etat, entreprises, particuliers étaient passés de 37,5 milliards en 1970 à 488,4 Mds en 1984.

Cette forte expansion, pour une large part, était la traduction de la volonté des autorités monétaires et économiques de favoriser, par le financement bancaire, l'essor économique et social.

FONCTIONNEMENT DU SYSTEME BANCAIRE AVANT LES REFORMES

A bien des égards, le système bancaire peut être assimilé à une unité de production dont l'input est constitué par la monnaie fiduciaire approvisionnée par la Banque Centrale et l'out put, par les crédits et les instruments de paiement.

Le comité national de crédit du Sénégal avait établi depuis 1977, une liste des priorités sectorielles que les banques étaient invitées à observer dans l'octroi de leurs crédits non saisonniers. La définition de ses secteurs prioritaires s'inspirait largement de ceux retenus dans les différents plans de développement économique et social. C'est ainsi que pour favoriser le développement des entreprises nationales et l'africanisation des entreprises existantes, la Banque Centrale refinancait de manière prioritaire et à un taux de faveur , les crédits d'un montant n'excédant pas 30 millions, octroyés PME nationales. Les secteurs jugés prioritaires étaient l'agriculture, la pèche, l'élevage les transports...

Evolution de la situation monétaire entre 1970 et 1984

Durant cette période, malgré une expansion remarquable des dépôts la banque centrale a dû alimenter de façon considérable les banques commerciales. La politique en vigueur était celle de l'administration du crédit (encadrement, politique sélective, taux d'intérêt administrés). Cette situation n'a pas manqué d'influencer la position extérieure du Sénégal (rareté des réserves de changes qui devenaient débitrices).

Les concours du système bancaire à l'ensemble des agents économiques Etat, entreprises, particuliers étaient passés de 37,5 milliards en 1970 à 488,4 Mds en 1984.

Cette forte expansion, pour une large part, était la traduction de la volonté des autorités monétaires et économiques de favoriser, par le financement bancaire, l'essor économique et social.

Le contrôle du système

Pour ce qui concerne le contrôle qualificatif, il s'exerçait par le biais d'un dispositif d'autorisation préalable imposant aux établissements de soumettre à l'approbation de la BCEAO tout projet de concours en faveur d'un client dont les engagements auprès du système bancaire excédaient un certain montant. Ce fut dans le but de prendre les devants face à d'éventuelles dérives.

Le dispositif de surveillance en vigueur s'appuyait sur la loi bancaire adoptée depuis 1975. Aux termes de cette loi, l'agrément d'un établissement de crédit relevait de la compétence exclusive du Ministre des Finances qui était contraint de recueillir l'avis consultatif de la BCEAO. Cette dernière procédait à des contrôles sur place et sur pièces et pouvait appliquer des sanctions pécuniaires en cas d'infractions.

Les sanctions disciplinaires étaient prononcées par la Commission Nationale de Contrôle des Banques et Etablissement Financiers (CCBEF). Elles prenaient la forme d'avertissement, de blâme, de suspension des opérations, de suspension des dirigeants avec possibilité de nomination d'un administrateur provisoire ou de radiation définitive de l'établissement. Ces sanctions n'étaient exécutoires qu'après approbation du Ministre des finances qui nommait tous les membres de la CCBEF.

Les DIFFICULTES DU SYSTEME BANCAIRE

Malgré toutes les mutations observées dans le secteur bancaire sénégalais en vue de l'adapter aux exigences d'une économie très complexe, l'intermédiation financière n'a jamais pu jouer pleinement le rôle qui lui était dévolu. Au courant des années 80, l'acuité de la crise bancaire ne pouvait passer inaperçue. De graves obstacles au processus de financement et à la poursuite des politiques monétaire et budgétaire s'étaient érigés. Ils étaient dus au caractère inadéquat de l'évaluation des risques liés aux prêts, au financement des entreprises publiques opérant à perte, à l'accumulation des prêts non productifs et non garantis. Toutes ces imperfections ont été camouflées par un recours excessif aux concours de la BCEAO.

Au 30 septembre 1988, le système bancaire Sénégalais comptait vingt établissements de crédit, dont quatorze banques et six établissements financiers.

Plus de la moitié de ces établissements, soit onze parmi lesquels étaient répertoriées neuf banques, connaissaient des insuffisances notoires . Les créances douteuses et litigieuses étaient évaluées à plus de 200 milliards de FCFA sur un encours total de 450 milliards de FCFA, entraînant la constitution de provisions importantes et des pertes cumulées atteignant 77 milliards de FCFA.

Le dispositif prudentiel d'alors n'était pas respecté. Cette situation a conduit à un quasi cessation des paiements : les établissements concernés ne pouvaient plus faire face à leurs engagements vis à vis de la clientèle, des correspondants et de la Banque Centrale. Les soldes de compensation ainsi que les paiements aux guichets n'étaient plus honorés.

Par ailleurs les banques dont la solvabilité et la liquidité sont restées satisfaisantes se montraient de plus en plus réticentes pour le financement des besoins de l'économie, entraînant une certaine désarticulation dans le processus d'intermédiation financière. Elles ont préféré déposer leurs excédents au niveau de la BCEAO au lieu de financer le secteur privé

Cette crise était structurelle et se matérialisait par une dégradation de la qualité des actifs bancaires, une insuffisance des ressources, un déséquilibre des structures financières. L'Etat y a décisivement contribué.

Le problème des banques sous la tutelle publique

Dès les indépendances, la nouvelle autorité publique à chercher à se doter de moyens financiers en vue d'accompagner les différents plans mis en oeuvre pour l'amélioration des conditions d'existence des citoyens. Ainsi la création de banques par l'Etat répondait à cet objectif. Cependant, ces banques n'ont jamais pu jouer le rôle qui leur était dévolu.

Malgré leur devoir d'apporter les financements nécessaires au plan, ces banques n'ont jamais été associées à la conception ni à la mise en oeuvre des projets financés.

Par ailleurs, les entreprises publiques que les banques finançaient ont toujours été gérées par des personnes souffrant d'intégrité, rendant la rentabilité des fonds investis compromise. Il en était de même pour les fonds injectés dans le monde rural; souvent des paysans assimilaient les crédits à des dons.

Le noeud du problème, pour ces banques de service public, était de devoir octroyer des crédits dont le recouvrement était aléatoire et de s'être dessaisies de la fonction de collecte de fonds du public. Elles ne comptaient que sur des lignes de crédits négociés par l'Etat.

Ainsi dans un contexte de libéralisation du secteur bancaire, ces institutions ne pouvaient continuer d'exister, à moins que des discriminations ne fussent établies en leurs faveurs.

Les Réformes du Système Bancaire

Les difficultés économiques et financières auxquelles se sont confrontés la plupart des pays d'Afrique Subsaharienne ont été aggravées par une crise du système bancaire qui a touché presque tous les secteurs de la vie économique. Lorsqu'un pays est amputé d'une intermédiation financière appropriée, cela cause des dégâts énormes dans le processus de reproduction de la richesse nationale et empêche surtout le système bancaire d'accomplir ses fonctions vitales qui consistent à recueillir et à redistribuer l'épargne autochtone, d'attirer les capitaux étrangers et de faciliter les transactions commerciales.

Dans le courant des années 80, l'acuité de la crise bancaire au Sénégal a précipité la reforme de l'ensemble du système financier. Cette reforme avait pour objectif déclaré de doter le pays d'un système financier viable apte à faire face aux exigences d'une économie qui gagnait en complexité.

Pour la résorption de cette crise, les autorités monétaires, en collaboration avec les politiques, ont dû mettre en oeuvre une série de mesures condensée dans un plan de restructuration.

Un plan est un projet élaboré, comportant une suite ordonnée et cohérente d'opérations, destiner à atteindre un objectif défini au préalable.

Dans le cas d'espèce, le plan se subdivise en deux parties : l'une affectée à l'assainissement et l'autre à la réorganisation, le tout constituant la restructuration. Comme s'il agissait d'un malade dont la première partie de la cure prévoyait la désintoxication et la seconde la réhabilitation.

Les réformes entreprises n'ont pas été circonscrites dans un cadre théorique que les réalités auraient débordé. Les autorités ont adopté une attitude pragmatique et proposé des remèdes en fonction du mal que l'on voulait enrayer.

Section 1 Les Programmes d'assainissement

Juillet 89/juin 90

Les autorités avaient initialement divisé les institutions du système bancaire en trois catégories:

a) les banques qui devaient faire l'objet d'une réorganisation structurelle et / ou financières mais devant poursuivre leurs opérations.

b) les banques qui devaient fermer leurs portes

c) les nouvelles institutions qui devaient être créées.

A)la restructuration des banques

Parmi ces banques, la BIAO-S. Elle a été intensément perfusée avec d'importantes injections en ressources financières et d'un train de mesures visant à réduire ses coûts d'exploitation. Par ailleurs, la participation de l'Etat a été réduite de 35et 18%.Un appel a été lancé aux privés. Cependant, ces actions devaient être poursuivies dans la seconde partie de la réforme.

Le même principe a été retenu pour deux banques privées à savoir le BSK et MFIS, sous réserve de mobilisation des fonds nécessaires, promises par les actionnaires, dans des délais raisonnables.

B) La liquidation des banques

A l'origine, il a été prévu de liquider six banques et un établissement financier.

Ces établissements de crédits ont connu des situations financières difficilement redressables à des coûts raisonnables. Il s'agit essentiellement de la BNDS, de l'USB... Quelques d'entre elles ont été des instruments de l'appareil d'Etat en vue de financer prioritairement les programmes nationaux de développement entamés depuis les indépendances.

Dans cette optique, l'éradication de l'USB a été effective vers le milieu de 1989. Le Crédit Lyonnais a repris ses prêts productifs et ses engagements correspondants.

Trois banques du secteur public ont été fermées et une procédure de liquidation a été entamée pour la BNDS et une banque commerciale privée.

Leurs prêts productifs devaient être repris par une banque à créer et dont le nom devait être: Crédit National du Sénégal (CNS). Le recouvrement de leurs avoirs non productifs allaient revenir à différentes institutions.

C) la création de nouvelles banques

Pour cette catégorie, un principe fut retenu : ces banques devront être essentiellement constituées de capitaux privés avec une participation minime de l'Etat. Cependant pour mobiliser ces fonds, il fallait augmenter la crédibilité du système par la poursuite jusqu'à terme du plan de restructuration.

Section 2 La Réorganisation du Système Bancaire.

Au bout de l'assainissement du secteur financier, devait surgir le réorganisation. Celle-ci consiste à poser de nouvelles bases dans le fonctionnement et le contrôle du système bancaire.

A l'origine, des plans avaient été concoctés. Cependant, ils durent être modifiés en raison du décalage constaté entre les prévisions et les résultats; surtout en termes de ressources financières.

Les apports attendus en capitaux privés ne se sont matérialisés qu'en partie. Certaines banques dont la situation financière catastrophique pouvaient être redressé grâce à ses fonds durent fermer pour de bon . II s'agit essentiellement de la Banque Sénégalo-Koweitienne et la Massaraf Fayçal Al Islami du Sénégal ( MFIS) dont les activités avaient été suspendues depuis la première étape. Après leurs révocations, en plus de la BNDS, des liquidateurs avaient été nommés et leurs avoirs transférés à une institution financière. Le Crédit National Sénégalais qui, jusqu'en 1990 n'était qu'une société commerciale, n'a pu se transformer en membre à part entière du système, faute de capitaux. Il se devait d'être la continuation des banques en faillite. N'ayant pu souscrire aux capitaux, la BCEAO a fini par vendre la majeure partie des avoirs productifs des banques liquidées et par réescompter le reliquat.

L'Etat, pour sa part, largement responsable de la situation, était tenu de restreindre sa participation. Cette exigence provenait des bailleurs de fonds étrangers.

Dans le contexte du processus de désengagement de l'Etat, ce dernier a réduit ses parts en capital dans les banques commerciales en cédant ses actions à des investisseurs du secteur privé, et notamment aux employés des banques ( la meilleure motivation étant constituée par l'intérêt immédiat ). Ses parts passaient souvent de plus de 45% à moins de 25%. La même attitude a été adoptée pour la Banque de Crédit Agricole. L'objectif était de réduire à moyen terme la participation de l'Etat dans cette institution de 68 à 25%

Par ailleurs, l'Etat a pris l'engagement de ne plus intervenir dans la gestion des banques et a assuré que les candidats aux postes d'administration qui lui reviendront en sa qualité d'actionnaire seraient proposés sur la base de critère de compétence, d'expérience et d'intégrité.

La restructuration de la BIAO-S a pu être menée à terme durant cette période. Elle faisait partie du groupe des banques devant faire l'objet d'une réorganisation. Ceci a permis de procéder à une capitalisation supplémentaire, de réduire encore la participation de l'Etat à 10%.

Cette deuxième phase de la restructuration a permis une recherche intense de partenaires privés et surtout étrangers. Ils devaient grâce à leurs expertises en la matière et leur bonne implantation dans le système financier mondial, favoriser l'essor du système bancaire national. On attendait surtout d'eux, des compétences et des ressources. Ils ont été d'origine Française, Allemande, Américaine, Italienne...

Les ressources espérées pour l'autofinancement de la restructuration n'ont pu se matérialiser qu'en partie car le processus de recouvrement se poursuivait avec lenteur. Cela était dû à l'éparpillement des institutions de recouvrement dont chacune était très peu outillée pour ce travail.

En février 1991, elles durent se regrouper dans la Société Nationale de Recouvrement (SNR).

Dans son cahier des charges, il est précisé que la SNR devra réaliser les actifs des établissements liquidés en vue de rembourser leurs passifs selon l'ordre de priorité suivant.

- Petits épargnants, Créanciers autres que l'Etat et l'Etat

L'autorité publique lui a dotée de privilèges exceptionnels allant jusqu'à la saisie de biens meubles en quelque lieu qu'ils se trouvent. Les poursuites pour le recouvrement s'exercent comme en matière d'impôts, permettant à la SNR d'émettre des avis à tiers détenteurs et l'exemptant de formalités d'enregistrement. De plus, ces agents sont habilités à dresser des procès verbaux en cas de résistance. Son comité de contrôle, qui compte un représentant de la Banque Centrale, a adopté un document définissant la stratégie générale de recouvrement, les critères de remboursement des dépôts bloqués, suivi du processus de recouvrement et limitation des coûts d'exploitation à 5% des montants nets recouvrés.

I LE FINANCEMENT DE LA RESTRUCTURATION

La restructuration du système a nécessité l'injection d'importantes ressources financières. Elles ont essentiellement été fournies par la BCEAO,l'Etat, les partenaires bilatéraux ( France, Union Européenne) et Multilatéraux ( Banque Mondiale)

La BCEAO, dans son rôle de banque des banques, a fait preuve d'une immense mansuétude à travers une importante assistance technique et financière.

La partie technique s'est matérialisée par la participation effective des autorités monétaires de l'identification des problèmes, à la conception du plan et à son enrichissement par des volets suivis et évaluations. Elle a, par ailleurs, procédé à une consolidation de créances gelées et des engagements des établissements ciblés par l'assainissement dans ses livres.

L'Etat pour sa part a dû puiser dans des maigres ressources pour assainir une situation pour laquelle il est largement responsable. Sa contribution financière à l'effort de guerre a surtout servi au dégel d'une partie des créances et au financement du coût social de l'assainissement.

L'apurement des créances gelées était une condition sine que non pour le redémarrage d'un secteur chez qui, la confiance accordée par le public, est déterminante..

Par ailleurs, des ressources étrangères sont venues compléter celles qui ont été mobilisées sur le plan local.

La Fonds Monétaire International, dans le cadre du programme d'ajustement structurel renforcé a déboursé d'importantes sommes à des conditions d'octroi adoucies ( taux bonifiés, subventions...........). La Banque Mondiale a octroyé des prêts à l'ajustement.

Les partenaires multilatéraux ont agi par le truchement de leurs agences de développement, la France à travers l'Agence Française de Développement et les .Etats Unis à travers l'USAID

Toutes ces contributions étrangères doivent être relativisées et surtout considérées comme des encouragements à l'imitation du fonctionnement bancaire en vigueur dans leurs territoires. Aussi en ces périodes, les pays d'Afrique étaient courtisés et faisaient l'objet d'enchères idéologiques ( guerre froide).

II LA REVISION DU CADRE INSTITUTIONNEL

-Révision du dispositif institutionnel de contrôle du système bancaire

- Révision du cadre de la politique de la monnaie et du crédit

.Réglementations relatives au crédit et aux opérations bancaires

-élimination du taux d'escompte préférentiel

suppression du mécanisme de l'autorisation des prêts préalables

-instauration de la politique des réserves obligatoires.

-Politique d'open market

Priorité accordée au marché monétaire

Liquidation, Restructuration et Création ont été les termes de référence des réformes. Cependant pour consolider les acquis, il fallait les accompagner d'un train de mesures visant à modifier le cadre institutionnel, l'ordre préexistant. C'est ce qui fut fait à travers la déclaration de politique sur le secteur bancaire prévoyant une révision du dispositif de contrôle bancaire et de la politique de la monnaie et du crédit.

A)le contrôle du système

Cette tâche revenait désormais à la Commission Bancaire, active dans toute l'UEMOA en lieu et place des anciennes Commissions Nationales de Contrôle des Banques et Etablissements Financiers qui ont péché de rigueur.

Organisation indépendante, présidée par le Gouverneur de la BCEAO, elle procède à un contrôle, au moins une fois par dix huit mois, donne un avis conforme avant tout agrément et influence la désignation des commissaires aux comptes.

Les sanctions qu'elle prononce prennent effets dès leur notification. Pour le retrait d'agrément, l'avis du Ministre est important. En cas de désaccord persistant, il devra faire recours à l'arbitrage du Conseil des Ministres.

Un plan comptable bancaire en vue d'améliorer l'information comptable et faciliter la lecture et la comparabilité des situations des établissements de crédit dans l'Union est en vigueur depuis 1996.

La Loi bancaire a été resserrée et le nouveau dispositif prudentiel s'est élargi aux standards internationaux.

B) Les instruments de la politique de la monnaie et du crédit

La politique de la monnaie et du crédit est l'action par laquelle les autorités monétaires interviennent dans l'ambiance bancaire. Elle est très décisive dans le fonctionnement du système. Ainsi une révision du dispositif de gestion monétaire s'avérait nécessaire pour accompagner la restructuration du secteur.

A cet endroit, il a été substitué des instruments de contrôle plus souples en lieu et place du dispositif très administré antérieurement en vigueur. L'encadrement du crédit a été remplacé par le contrôle indirect de la liquidité avec la mise en place du système des réserves obligatoires. le marché monétaire a été rénové avec l'introduction de la politique d'open market qui consiste à acheter ou vendre des titres publics sous l'impulsion de la Banque Centrale.

Par ailleurs, les établissements de crédits ne sont plus soumis au mécanismes d'autorisation préalable des prêts. Il est remplacé par le dispositif de contrôle à posteriori dit d'accord de classement.

Par ce dispositif, tous les prêts supérieurs à 200 millions de FCFA doivent être déclarés à posteriori à la BCEAO qui dispose d'un délai de 60 jours pour se prononcer d'un point de vue financier. A l'issue d'une période transitoire de 3 ans, au moins 60% des portefeuilles des banques devaient être constitués par des prêts approuvés.

Ces modifications devaient permettre de protéger les déposants (réserves obligatoires) et le système bancaire (déclaration des prêts d'un montant de 200 millions).

C)Présentation du nouveau système bancaire

Les réformes ont eu à modifier considérablement le paysage bancaire. Leurs manifestations se sont traduites par la suppression de certaines banques, la restructuration de quelques unes et la création de nouvelles. Le système devenait ainsi composé:

-Les banques commerciales

.Société Générale des Banques du Sénégal, BICIS,. Compagnie des Banques de l'Afrique de l'Ouest,. CITIBANK,. Crédit Lyonnais Sénégal,. ECO BANK,. Banque Ouest Africaine

-Banques spécialisées

. CNCAS,.BHS,.Banque Islamique du Sénégal

Les établissements financiers

SFE: Société Financière d'Equipement ( crédit bail, financement de vente à crédit, véhicule auto, mobilier, matériel)

SOCRES,LOCAFRIQUE, SENINVEST: Société financière d'investissement ( prise de participation, garantie).

Le Crédit Sénégalais, établissement financier, a vu son agrément retiré le 18/11/2000 et mis en liquidation

En Décembre 2001, les banques totalisaient un réseau de 64 agences qui sont réparties dans le territoire national. Dakar rafle la mise alors que Touba devient de plus en plus fertile à l'activité bancaire du fait de la concentration d'une importante quantité de liquidité.

.

Aux termes de l'article 59 de la loi bancaire, les banques et établissements financiers sont tenus d'adhérer à l'Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers ( APBEF):

" Cette structure nationale organise et entretient les relations entre ses adhérents, initient des rencontres et concertations avec les autorités monétaires en vue de faciliter l'exercice par les établissements de crédit de leurs activités, présente au gouvernement toute suggestion dans ce domaine, étudie toutes les questions intéressant la profession.

D'autres structures peuvent être considérées comme prolongeant ou complétant l'activité bancaire classique. Il s'agit du Trésor Public, du Centre des Chèques Postaux, des Systèmes Financiers Décentralisés, de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l'UEMOA ...

D) Evolution de la situation du système bancaire

Selon Mario de Zamoraczy, Economiste au département Afrique du FMI, les réformes avaient pour objectif de doter l'économie Sénégalaise d'un système bancaire indépendant, efficace et bien géré, capable de créer un environnement propice aux affaires, tout en favorisant l'application des politiques des autorités monétaires. Elles visaient aussi la réduction de l'intervention de l'Etat ainsi que l'érection d'une série de mesures susceptibles de consolider les acquis.

Le système bancaire Sénégalais, d'avant les réformes était assimilable, à bien des égards, à un château de cartes. Il se composait de seize banques dont la plupart, n'était plus solvable.

Après les réformes, le nombre s'est réduit à neuf banques et cinq établissements financiers dont chacune présentait une situation financière satisfaisante. Les indicateurs de performance révélaient une santé de fer et les établissements étaient tous en règle par rapport aux règlements de base .

Un processus d'extension et d'activation des services bancaires s'est déclenché avec de nombreuses innovations en termes de produits offerts. Seule une banque connaissait quelques difficultés surmontables. L'Etat s'est sensiblement retiré de la scène financière avec des participations ne dépassant pas 10% dans les capitaux. Il ne participait plus à la gestion directe et ses nominations se faisaient sur des bases républicaines.

Cette modification de l'environnement bancaire qui était devenu libéralisé a suscité une participation beaucoup plus active des banques étrangères. Pour ce qui concerne les établissements dont les agréments ont été étirés, leurs actifs continuaient d'être réalisés. Une bonne partie des crédits gelés devait être récupérée permettant l'apurement de certaines créances, surtout celles de la petite clientèle.

Ces mutations intervenues dans le secteur bancaire sénégalais se sont matérialisées par le fait que le Sénégal, de débiteur net en 1988, devenait créditeur net dans l'UMOA.

Cependant, la suppression des banques de développement laissait une partie non négligeable de la société à l'écart du financement bancaire. Leur réintégration allait nécessiter la revalorisation de la micro finance.

Revalorisation de la Micro finance

Avant les réformes, la micro finance existait sous forme embryonnaire. Cependant, elle est apparue comme indispensable après les réformes lorsque le secteur bancaire classique ne pouvait que satisfaire une partie de la demande adressée par le secteur formel. Au même moment, le pays disposait d'un secteur non encore maîtrisé, appelé informel, plein d'imagination et ne demandant que des produits adaptés à ses spécificités.

La promotion de la micro finance allait permettre la réintégration de cette couches. Par elle, les exclus du financement bancaire et qui représentent plus 90% des populations du sud pouvaient accéder à de micro- crédits.

Il s'agit d'un crédit de montant faible offert à ceux qui ne peuvent pas accéder à aux crédits bancaires, faute de pouvoir apporter les garanties matérielles exigées: salaire, maison, terre...

Cette politique, dont les relais sont constitués par les SFD, a été conçue pour être complémentaire au financement bancaire. Ce dernier connaît des contraintes dans la fourniture de produits à la fois attractifs pour l'épargne et le crédit et qui serait destinés à l'informel.

Du point de vue de la collecte de fonds prêtables, la micro finance devait essentiellement se constituer en alternative à la thésaurisation, à l'épargne en nature (bétail). Cependant, elle devait être aussi assez proche des populations pour les assister en cas de besoin, respectant ainsi une logique traditionnelle. Par ailleurs, un travail de sape devait être effectué en vue d'installer l'esprit de banque dans un milieu qui, pour des raisons historiques, tenant de la religion et de la culture, y est très hostile.

Le micro crédit, en tant qu'instrument de lutte contre la pauvreté a connu un énorme succès en Asie, en Amérique Latine, et même en Europe. Des problèmes identiques aux nôtres, et nés de la libéralisation, ont eu à se poser et des solutions radicales ont été mises en oeuvre. Par exemple, dans certains pays asiatiques, les BSR sont tenues d'avoir 10% de leurs portefeuilles sous forme de crédits accordés aux pauvres...

Dans cette dernière partie nous essaierons de faire une présentation générale de la micro finance au Sénégal, des relations entre banques et SFD et d'essayer de donner une contribution pour l'essor de cette nouvelle finance

LES SYSTEMES DE FINANCEMENT DECENTRALISES AU SENEGAL.

Les SFD ont commencé à voir le jour au Sénégal à partir des années 90 suite à l'exclusion des couches défavorisées du financement bancaire.

Données Générales

Présentation

Les SFD ou IFD sont une variété d'expérience d'épargne et /ou de crédit destinée à l'auto promotion économique et sociale des populations touchées par la pauvreté. Leur fonctionnement est réglementé dans un cadre juridique défini par la Loi n° 95-03 du 5 Janvier 1995 et sur décret d'application n° 97-11-06 du 11 Novembre 1997 Deux catégories de structures y sont distinguées : les Institutions Mutualistes ou Coopératives d'épargne et de crédit et les autres Institutions. Elles ont toutes pour objectif de fournir des crédits à moyen et long terme à un grand nombre de personnes sans ressource ou presque, à des coûts très faibles.

Les Institutions d'épargne et de crédit ( IEC) sont des expériences basées sur le rôle central de l'épargne pour alimenter le crédit. Elles insistent sur la responsabilité de l'emprunteur( individuel ou groupe d'individus) et une épargne est généralement préalable à tout accès au crédit. Au Sénégal, les structures de ce genre sont le Crédit Mutuel Sénégalais, (CMS) et le Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit au Sénégal (PAMECAS).

A côté d'elles, se développent d'autres expériences dans lesquelles l'épargne n'est pas obligatoire pour nourrir les crédits. A cet effet, il est recours à des financements extérieurs.

Leurs structures relèvent essentiellement de la spécificité des groupes cible.

Les autres institutions regroupent les organisations ayant comme activité unique ou principale la distribution du crédit et celles qui l'ont comme activité accessoire.

Les premières sont des expériences de crédit direct, non liées, obligatoirement à une épargne préalable. Elles font souvent appel à un système contraignant fondé sur la responsabilité solidaire de chacun au sein du groupe d'emprunteurs.

Les autres sont des projets à volets de crédit; ne faisait du crédit qu'à titre accessoire.

1-2 Evolution du Nombre de SFD

Type d'organisation

1995

1997

1998

1999

2000

Epargne/crédit

20

26

26

119

117

Crédit/Direct

3

4

3

3

4

Projets à volet crédit

14

11

1

0

0

Total

37

41

30

122

121

Banque de données sur les SFD (1998 et 2000) recensés par le PASMEC.

Ces deux documents (banques de données) n'ont concerné que les SFD qui se sont conformés aux instructions de la BCEAO dans la communication de leurs états financiers.

Le nombre de SFD s'est rétréci entre 1995 et 1998 du fait du recul des projets à volet de crédit, le plus souvent arrivés à terme. Cependant ils ont connu une hausse fulgurante en 1999 en passant de 30 à 122. Cette hausse est surtout due à celle des expériences épargne / crédit.

En 2000, peu de changement ont été observés dans leur évolution. A cette date, on recensait 324 institutions de base.

C) Evolution de la situation juridique

Vu la sensibilité du secteur, financier qui l'englobe et dont le principal atout est constitué par la confiance du public, les activités de la micro finance devaient être assujetties à une réglementation.

En 1992, la BCEAO et le Bureau International du Travail ont initié le Programme d'Appui aux Structures Mutualistes ou Coopératives d'Epargne et de Crédit (PA- SMEC) qui, depuis le 01er Août 1999, est intégré dans la Mission pour la Réglementation et le Développement de la Micro finance (MRDM). Les objectifs de ce programme visent à assurer, avec une certaine flexibilité ( compte tenu de l'état de développement des institutions), la protection des déposants, la sécurité des opérations ainsi que l'autonomie financière des SFD.

Un cadre juridique s'adressant en premier aux institutions mutualistes mais prévoyant des dispositions pour les non - mutualises assujetties au régime de la convention a été érigé. Selon lui, la tutelle de ces institutions revient au Ministre des Finances qui délivre un agrément en contrepartie d'une communication régulière des informations sur leurs activités.

Au plan du fonctionnement, il est requis que les fonctions de gestion et de contrôle soient séparées et exercées par des entités autonomes en vue d'une meilleure surveillance de la gestion.

D) Les bénéficiaires des services des SFD

 

1998

1999

2000

Femmes

78.271

91.706

102.846

hommes

88459

116.765

140.046

Groupements

17.983

23.897

36914

Usagers

31.979

37.022

11.240

S / TOTAL

216.692

269.360

291.046

Autres bénéficiaire

0

12.495

282

TOTAL

216.692

281.885

291.328

Banque de données sur les SFD - 2000

Au cours des trois dernières années, le nombre de bénéficiaires des services de SFD est passé de 216.692 en 1988 à 291.328 en 2000, soit une hausse de 34,4 %. Cette évolution est imputable à la percée de l'UM - PAME CAS et du CMS dont les membres ont respectivement augmenté de 157 % et 33 % durant la période.

Pour ce qui est de l'aspect genre, la place des femmes est relativement plus faible que celle des hommes qui représentaient 58 % des bénéficiaires alors que les femmes restaient avec 42 %. Néanmoins cette part est plus importante que la leur dans le vie active. Cela est une matérialisation des faveurs accordées aux femmes dans le secteur.

E) Evolution du sociétariat

Le sociétariat concerne les expériences basées sur une épargne avant tout crédit.

Paramètres

1998

199

2000

Nombre de membres

184.713

226.131

267.207

Dont femmes

78.271

85.487

93.911

Pourcentage

42 %

38 %

35 %

Dont hommes

88.459

116.747

138.050

Pourcentage

48 %

52 %

52 %

Dont groupement

17.983

23.897

32.246

Pourcentage

10 %

10 %

13 %

B - De données sur les SFD Sénégal en 2000.

En termes absolus, le nombre de femmes dans ce type d'expérience a connu une hausse régulière (78.271 en 19998 à 93.911). Cependant, celle des hommes est plus marquée. Globalement, le nombre de sociétaires a sensiblement augmenté, traduisant une plus grande confiance du public et les groupements connaissent une évolution : 17.983 en 1998 et 32.246 en 2000.

En 2000, la clientèle des SFD du Sénégal était composée à 90 % par les membres des institutions d'épargne / crédit.

Les cinq plus importants en nombre de membres

SFD

Nombre de membres

En % de l'ensemble

CMS

116.995

46,5 %

UM - PAMECAS

64.432

25,6 %

ACEP

13.534

5,4 %

MUSO -FENAGIE - PECHE

10.690

4,2 %

UMECU

9.657

3,8 %

Total des 5 SFD

215.308

85,7%

Ensemble des SFD

Ep / cred

251.322

100%

Banque de données sur les SFD Sénégal 2000

Ainsi nous voyons une forte concentration de la micro finance : Cinq SFD concentrent plus de 85 % des expériences « Epargne préalable au Crédit ». Le CMS reste l'institution forte de la micro finance sénégalaise avec 47 % de l'ensemble des membres

II) Analyse de l'activité financière des SFD

A) L'évolution des ressources

Tableau : évolution des ressources (en millions)

Années

1998

1999

2000

Ressources

18.285

26.238

31.906

Progression en %

- 0,9 %

43,5 %

21,6 %

Banque de données sur les SFD Sénégal 2000.

Les ressources des SFD, ont connu une croissance continue en passant de 18.285 millions en 1998 à 31.906 millions en 2000. Cette hausse des ressources est due à l'accroissement des dépôts qui a gonflé les ressources internes.

Par ailleurs, les ressources externes, dont les refinancements bancaires, ont connu une baisse relative en passant de 14 % en 1998 à 11 % en 2000. Cependant en termes absolus, on a pu noter une hausse.

Les hausses enregistrées dans les dépôts sont la traduction matérielle d'une plus grande confiance qui leur est accordée mais aussi le résultat d'une politique de l'épargne adoptée aux spécifiés des milieux ciblés.

En effet, les SFD, mettent à la disposition de leurs membres une gamme variée de produits qui répondent à des besoins spécifiques : plan épargne entrepreneur, plan épargne- projet, plan - tabaski. Les taux de rémunération varient entre 2 % et 8 %.

Le Crédit Mutuel rafle la mise avec près de 50% des membres et il existe une très forte concentration de la micro finance (5 institutions concentrent 87% du marché

C) Les opérations financières des SFD

La situation des opérations financières des SFD est décrite par le tandem ressources/emplois.

Les ressources sont constituées des fonds propres, des subventions des dépôts et des lignes de crédit que fournissent les partenaires financiers( Etat, banque, bailleurs de fonds).

Ce prochain tableau retrace leur évolution en millions de FCFA.

Années

Ressources

Progression en %

1996

13 469

94,1%

1997

1998

19372

17332

43,8%

-10,5%

Banque de données sur les SFD Sénégal 1998

L'évolution des ressources s'est effectuée en dents de scie.

En 1996,les ressources ont presque doublé ( 94,1%) avant d'augmenter de moitié en 1997. En 1998, l'évolution négative (-10,5%) s'expliquerait par la diminution des projets à volets de crédit qui bénéficiaient d'importantes lignes de crédit.

D) Décomposition des ressources

 

31-12-96

(millions de FCFA

%

31-12-97

(millions de FCFA

%

31-12-98

(millions de FCFA

%

Fonds propres

6668

49,5

8437

43,5

6432

37,0

Dépôts

5176

38,4

8521

44,0

9854

57,0

Ligues de crédit

1625

12,1

2414

12,5

1046

6

Ressources

13469

100,0

19372

100,0

17 332

100,0

Le tableau ci-dessus relate l'évolution de la structure des ressources. Les fonds propres connaissent une tendance à la baisse (49,5% en 1996 et 37% en 1998) tandis que les dépôts ont connu une tendance évolutive (38,4% en 1996 et 57% en 1998). Cette évolution est un critère fiable pour mesurer la confiance du public.

E) Evolution des dépôts

Les hausses enregistrées dans les dépôts au niveau des SFD sont la traduction d'une plus grande confiance qui leur est accordée mais aussi d'une politique de l'épargne adaptée aux spécificités des milieux défavorisées.

Les institutions d'épargne mettent à la disposition de leurs membres une gamme variée de produits qui répondent à des besoins spécifiques : plan épargne entrepreneur, plan épargne-projet, plan épargne -tabaski...Les taux de rémunération de l'épargne collectée varient entre 2% et 8%

Projet à volet de crédit

259

5,0

378

4,4

76

0,8

Total

5176

8521

8521

100,0

9855

100,0

Le taux de croissance des dépôts est de 64,6% en 1997 et 15,6% en 1997. Ce fléchissement dans la classe s'explique par le recul des projets à volet de crédit. Les SFD ( épargne/crédit) avaient enregistré une nette progression dans les dépôts (72,2% en 97 et26% en 1998). Par contre les autres types d'expérience avaient connu une chute dans l'épargne collectée.

Section 2) RELATIONS SFD-BANQUES

Avant les réformes, les IFD existaient, mais sous forme embryonnaire :3% par rapport au nombre actuel. Cependant, constater leur présence en même temps que les banques de développement qui faisaient un travail similaire, pousse à penser que le problème essentiel à résoudre se condense dans les conditions d'octroi de crédit.

Durant cette période d'avant réforme, les SFD n'étaient pas structurés. Ils relevaient de l'informel et ne faisaient l'objet d'aucune attention de la part des autorités; c'est pourquoi aucune statistique fiable relative à leurs activités, durant cette période, n'est disponible.

Cependant, aux lendemains des réformes, ils se sont imposés comme alternative au financement bancaire qui excluait une partie non négligeable de la société. Et c'est dés lors qu'ils ont commencé à être suivis; surtout par comparaison aux banques et dans leurs relations directes avec les banques.

I) Analyse comparative de l'activité financière des SFD et banques

Tableau comparatif de l'activité financière des SFD et Banques (en milliards)

Paramètres

1998- BANQ

1998- SFD

1999- BANQ

1999- SFD

2000- BANQ

2000- SFD

Dépôts

467,6

9,8

529,7

13,6

614,0

18,4

% des dépôts

98,0%

2%

97,5%

2,5%

97,1%

2,9%

Crédits

440,4

11,4

486,2

14,9

62(,1

20,3

% des crédits

97,5%

2,5%

97%

3%

96,8%

3,2%

Guichets

63

233

66

285

73

324

% des guichets

21,3%

78,7%

18,9%

81,1%

18,4%

81,6%

B- de données sur les SFD au SENEGAL en 2000

Le tableau ci dessus matérialise la montée en valeur absolue, des crédits, dépôts et guichets pour les deux institutions.

Durant cette période, les dépôts ont progressé de 31,3% dans le système bancaire alors que ceux des SFD se sont accrus de 87,7% en passant de 9,8 milliards en1998 à 18,4 milliards en 2000.

Pour ce qui concerne les crédits, le taux de croissance dans le classique est de 42% tandis que celui des SFD est de 78%.Cette évolution, dans la collecte et la distribution des fonds, s'est répercuté dans le partage du marché. Les SFD ont gagné du terrain par rapport aux banques (dépôt, 2% en 1998 contre 2,9% en 2000; Crédit 2,5% en 1998 contre 3,2% en 2000).

Cet accroissement de la part des SFD est, en partie, le résultat de changements opérés par certaines catégories sociales qui ferment leurs comptes auprès des banques pour en ouvrir dans les SFD qui offrent des services qui leur sont mieux adaptés.

L'évolution des guichets montre un taux de pénétration plus élevé chez les SFD qui assurent d'énormes services de proximité aux populations non bancarisées. Le nombre de guichet des SFD est quatre fois plus important que celui des banques (324 contre 73 en 2000).

Par ailleurs, malgré l'importance des crédits octroyés, les SFD sont parvenus à mobiliser assez de liquidités qu'ils ont placées dans les banques. En contrepartie, les banques leur octroient des refinancements.

II La Complémentarité

Selon, M. Fodé Ndiaye, agroéconomiste, le SFD est assimilable à toute structure, quelle que soit sa nature institutionnelle, qui fournit des services financiers à des populations, qui, de par la faiblesse de leurs revenus ou leur inaccessibilité géographique ou sociale, n'y auraient pas accès autrement.

Dans le cadre de leur développement, certains SFD ont jugé plus opportun d'entretenir des relations de solidarité avec les banques. Ce partenariat traduit une volonté d'articulation dans le système financier.

Concept d'articulation

" L'articulation des banques avec les SFD est la mise en synergie de deux types d'entités institutionnelles ayant des compétences distinctes leur conférant la capacité de se pourvoir mutuellement,en produits et services financiers ayant pour but d'améliorer au moindre coût la viabilité de chaque structure dans le cadre de l'amélioration de la construction de marchés intégrés et efficaces."

Cette articulation a engendré plusieurs avantages autant du coté des SFD que de celui des banques.

A) Les avantages pour les SFD

Les SFD se trouvent entre le marteau et l'enclume: ils doivent fournir des services financiers à des populations pauvres en croissance, difficilement accessibles et avoir une autonomie financière. Ces deux objectifs, tendanciellement, ne vont pas dans la même direction et l'expérience des banques de développement en Afrique l'atteste.

Cependant, par le biais de la complémentarité les SFD tirent deux avantages qui leur permettent de poursuivre dans des conditions incitatives leur mission. Ces avantages sont d'ordre financier et institutionnel.

1) Les avantages financiers

A l'origine, les SFD déposaient leurs ressources dans les banques, lorsque celles ci atteignaient un certain seuil, pour des raisons de sécurité.

Cependant, avec un taux moyen de transformation des ressources en crédits de 84,7% dans l'UEMOA, les SFD ont pris l'habitude de placer leurs excédents auprès des banques.

Ces placements génèrent des produits financiers qui, permettent une meilleure rémunération de l'épargne, qui incite au dépôt donc à l'accroissement de la collecte de fonds et du niveau d'activité pour un secteur qui connaît des économies d'échelle. Ces effets positifs sont d'autant plus significatifs que le différentiel d'intérêt entre le taux de rentabilité des placements et le taux de rémunération de l'épargne est élevé.

Globalement, dans l'UEMOA, l'épargne couvre les crédits. Le ratio épargne/crédit pour les systèmes Epargne-Crédit est 115%, celui des volets de crédit 34% et celui des crédits directs 7%.Le recours aux ressources bancaires s'est avéré nécessaire pour les deux dernières structures. Ces ressources permettent d'augmenter les prêts et leurs durées qui sont souvent à court terme.

Cette connexion permet aux SFD d'accéder à d'autres types de clientèle ayant des activités financières consistantes (producteurs ruraux, gros commerçants...) et un accroissement de la capitalisation des SFD grâce à une amélioration des résultats d'exploitation.

2) Les avantages institutionnels

Les SFD en conformité avec les règles de la BCEAO ne sont pas très nombreuses. Le partenariat permet l'accès à des appuis : formation aux techniques bancaires, à la gestion comptable, administrative, financière, la fourniture de logiciels et l'assistance au développement de programmes adéquats.

Ce compagnonnage institutionnel permet l'amélioration des relations entre banques et SFD considérés dans la mesure où l'information nécessaire à l'analyse du risque est disponible et fiable. Par ailleurs, il rend moins urgent la création d'une banque des SFD qui requérrait d'importantes ressources financières et humaines sans garantie d'efficacité.

B) Avantages pour les banques

Les avantages pour les banques prennent diverses formes. Elles parviennent à accroître leurs activités tout en réduisant les risques et les coûts de transaction. Elles parviennent ainsi à développer un portefeuille sain avec des marges consistantes.

Pour les banques, fournir des services d'épargne et de crédit dans les zones reculées à des coûts de transaction compatibles avec les gains attendus est pratiquement impossible à moins que des changements ne s'opèrent dans leur structuration actuelle.

Cependant, les SFD, de par la spécificité de leur implantation géographique parviennent à offrir des services adaptés et à recouvrer plus de 90% des crédits octroyés dans ces milieux. Cette mise en relation avec les SFD entraîne un plus grand dynamisme dans la production financière des banques lorsqu'elles cherchent à satisfaire la demande des SFD

III) La Concurrence

Conçus à l'origine pour compléter l'action des banques, certains SFD ont commencé à se positionner comme alternative dés lors qu'ils ont commencé à fournir des crédits d'un certain montant ( cinq millions pour le Bénin). Devant cette situation, les banques dénoncent une concurrence déloyale car elles n'ont aucune faveur de l'Etat contrairement aux SFD.

Pour ce qui est des services offerts par les deux sous secteurs, ceux des SFD sont plus attractifs car leurs coûts sont plus allégés. Cela se matérialise dans le fait que certains clients des banques ferment leurs comptes pour en ouvrir dans les SFD. Par ailleurs, dans le but d'une plus grande autonomie financière, des SFD tendent à se regrouper afin d'échapper à la domination bancaire. Dans cette optique, la création d'une banque des SFD semble faire l'objet d'un accord de principe.

Conclusion

Durant les années 80, le Sénégal s'est confronté à une crise bancaire d'une très grande acuité. A cet effet, d'importantes mesures ont été mises en oeuvre en vue de sa résorption.

Les causes de cette crise ont été l'importance des prêts non productifs et l'intervention à outrance de l'Etat.

Des progrès considérables ont été réalisés dotant ainsi le pays d'une structure simple mais rigoureuse appuyée par une politique de la monnaie et du crédit adaptée aux réalités. Le nouveau système, sous le contrôle de la Commission Bancaire, fonctionnait convenablement. Les réformes entreprises dans le secteur bancaire ont permis une amélioration des services et des établissements de crédits. Elles ont entraîné la réduction de l'intervention de l'Etat et l'élimination des prêts non productifs qui constituaient les principales causes de la débâcle financière.

Cependant en mettant au rebut les institutions nationales de crédit, pour des raisons de rentabilité économique, l'Etat laissait de côté une partie non négligeable de la société sans ressource, ni espoir de ressource.

Cette exclusion est une conséquence négative des réformes et des correctifs devaient y être apportés. Pour ce, il fallait de nouvelles structures, poursuivant les mêmes objectifs que les banques de développement mais instruites des erreurs commises dans la gestion de ces établissements.

Par ailleurs, l'ampleur des besoins en capitaux d'une économie moderne suppose un système de financement adapté qui ne peut reposer uniquement sur le système bancaire.

La revalorisation de la micro finance semblait être la panacée à ce dilemme.

Par elle, ces couches accédaient à nouveau aux financements dans une forme taillée sur mesure. Par ailleurs, les mêmes problèmes constatés dans le fonctionnement des banques de développement restaient sans solution. Dans cette optique, les SFD ont tenté de prouver leurs originalités en entretenant des relations diverses avec les banques classiques.. Ces relations sont concurrentielles et complémentaires.

Pour ce qui est de la complémentarité, elle a entraîné une plus grande viabilité financière et institutionnelle des SFD. Et du point de vue du secteur dans sa totalité, l'articulation, en s'imposant à la segmentation, a augmenté l'efficacité: ces relations, en assurant une synergie entre les différents intermédiaires financiers, développent une certaine continuité dans l'offre de services et produits financiers. Ces relations gagneraient à être sauvegardées et consolidées davantage.

Un cadre de concertation et de parrainage pourrait être érigé par l'Etat en vue de réduire le déficit communicationnel entre banques et SFD. Chaque SFD pourrait être suivi de très près par une banque. Ce parrainage pourrait être prolongé jusqu'à une « obligation » pour les banques de disposer d'au moins 10% de leurs portefeuilles sous forme de participation dans les SFD qui seront en règle.

Néanmoins, ce n'est pas pour autant que la concurrence ne devrait pas être promue. Et pour cause, selon HEGEL, toute existence déterminée est engagée dans un processus d'évolution et astreinte à sortir de soi; elle est ce qu'elle est mais a l'infini en elle. Cependant, son évolution nécessite l'activation de la contradiction, c'est à dire deux déterminations opposées et nécessaires, l'action de l'une n'entravant celle de l'autre mais suscitant une volonté de surpassement. Cette contradiction pousse chaque terme au-delà de lui-même, l'arrachant de sa finitude et l'insérant dans le mouvement total menant vers l'infinitude.

Cependant, la lutte contre la pauvreté ne passerait-elle pas par une croissance durable et cumulative des ressources et leurs répartitions équitables entre les différentes catégories sociales ? L'Etat ne devrait-il pas s'atteler à venir suppléer les insuffisances du privé dans le processus de production, sans remettre en cause le processus de libéralisation ?

A notre sens, des études sur ces thèmes pourraient positivement contribuer à la réduction de la pauvreté.

BIBLIOGRAPHIE

- Etude sur les difficultés rencontrées par le système bancaire sénégalais dans le financement des crédits de campagne.

CHARBEL ZARBOUR, Août 1988

-Etat des relations entre Banques et Institutions financières décentralisées au Bénin : concurrence ou complémentarité?

Didier Djoi, Août 2001

- Banques de données sur les SFD Sénégal parues en 1998 et 2000.

- Publication de la BCEAO

- Banque d'Afrique, Juillet 1999 : Analyse de Fodé Ndiaye, Ingénieur Agro Economiste.

Séminaire sur la contribution du secteur financier mécanisme régional

( www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/pages/dco2)

Le Soleil " Spécial Banques et Assurances" Février - Mars 1998

-Finances et Développement/ Mars 1992

-Pouvoir financier et Indépendance économique en Afrique: Le cas du Sénégal

Guy Rochetau

La Restructuration du Système Bancaire

BCEAO, 1992






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld