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Ferdinand Léopold OYONO: le diplomate

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par Georges Patrice ETOA OYONO
Université de Yaoundé I - mémoire de maà®trise en histoire 2004
  

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A-la formation intellectuelle et professionnelle au Cameroun et en France

1- La formation au Cameroun: Du Cours Primaire Supérieure au Lycée de

Nkongsamba.

Très autoritaire, madame Agnès Mvodo BELINGA n'a aucune peine à faire régner la discipline chez elle. Active et habile couturière, elle parvient à subvenir aux besoins de première nécessité de ses enfants. En 1934, Ferdinand OYONO est inscrit à l'école officielle régionale d'Ebolowa. Débordant d'activité, il s'inscrit également au mouvement des éclaireurs (scout). Trop jeune et peut être mal préparé à ces débuts à l'école, Ferdinand OYONO va reprendre son cours préparatoire en 1935 sous la conduite de M. Emile NKOLO (30). Nul n'imagine qu'à cette période, le climat d'agitation qui règne entre les grandes nations déclenchera une autre guerre mondiale qui causera d'énormes pertes humaines et matérielles. La psychose dans laquelle le monde entier est plongé, le milieu peu propice et surtout les multiples activités (31) d'OYONO ne favorisent pas ses progrès scolaires. Ce n'est qu'en 1944 qu'il se présente à l'examen du Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires, OYONO est reçu 2e du centre d'Ebolowa tout comme deux de ses camarades NTIMBAN et ONDOA.

Bien mieux, il passe aussi le concours d'entrée au Cours de sélection d'Ebolowa et fait partie de la 3e promotion de cette institution que dirige le

camerounais François SOUN sous la supervision de M. CHABEUF(32). Ferdinand OYONO va passer moins d'un an au cours de sélection d'Ebolowa de mars à décembre de l'année 1945, période au cours de laquelle Il est reçu à l'examen d'entrée à l'Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé dont M. Antoine GALEAZZI assurait la direction (33) entre temps on assiste à un règlement de la crise mondiale. En 1946, après la naissance de l'Organisation des Nations Unies, et la transformation du régime de mandat en régime de tutelle, sous lequel était placée l'administration Française au Cameroun, un autre champ d'expérience s'ouvre à Ferdinand OYONO avec cette admission.

En effet, l'Ecole Primaire Supérieure de Yaoundé étant le seul établissement public d'enseignement secondaire du territoire ; l'admission en son sein était sélective. Cette dernière, créée le 25 juillet 1921 par un arrêté du gouvernement de la République Française, précise dans l'article 2 du texte organique que l'institution comprend cinq sections :

- la section enseignement ;

- la section administrative ;

- la section postale ;

- la section géomètre-topographe ;

- la section médecine (34)

La ville de Yaoundé est plus grande et plus importante qu'Ebolowa, mais le jeune OYONO ne s'y perd pas après avoir opté pour la section administration. Il passe par le meilleur moule de fonctionnaires du Cameroun, en compagnie de la future élite intellectuelle, administrative et politique du pays à l'instar de Ferdinand KOUNGOU EDIMA, Bayart NNAZE, Fritz ONDOA, OKONO ABESSOLO, etc. OYONO s'y montre bon élève malgré le train de réformes observées après la deuxième guerre mondiale, qui va entraîner une transformation rapide de ladite école. En effet, les élèves de cette école des cadres administratifs sont transférés au

Lycée de Nkongsamba qui vient d'ouvrir ses portes et dont Ferdinand OYONO est de la deuxième promotion de ce Lycée. En 1949, cette promotion est présentée à l'examen du Brevet Elémentaire auquel OYONO n'est pas reçu. Dépité, son père s'impose le lourd sacrifice de l'envoyer continuer ses études en France à ses frais(35); une éventualité assez rare mais possible pour une certaine catégorie de fonctionnaires.

Il y'a lieu de noter que c'est dans la langue française que Ferdinand L. OYONO se distingue par rapport aux différentes matières et vis-à-vis de ses camarades. Taquin et moqueur, il n'épargne personne, élèves et enseignants. L'une de ses victimes favorites, fut un adjudant retraité M. SOUA NDOUM qui aimait se pavaner, la poitrine bardée de toutes ses médailles acquises dans l'armée française. OYONO s'en prenait également à tous les vieux qui ambitionnaient de se faire décorer par l'administration coloniale. Toutes ces farces et railleries étaient sans grande méchanceté ; mais elles présageaient déjà les qualités artistiques du personnage. Entre temps, Ferdinand OYONO prépare un roman dont lui-même n'imagine pas le succès qu'il connaîtra. Dans l'ouvrage intitulé Le Vieux nègre et la médaille,(36) qui fait allusion à la colonisation, l'auteur apporte un démenti abondamment illustré qui se présente comme un acte d'accusation, contre tous ceux qui voient en elle une oeuvre de civilisation, de bienfaisance. Ferdinand OYONO pense que pour juger la colonisation il faut y vivre; c'est pourquoi dans son tout premier roman tout comme dans celui intitulé Une vie de boy, il fait participer le lecteur à la vie coloniale. On découvre que la politique coloniale est fondée sur le mensonge ou la violence injuste, parfois sur l'égoïsme ou la jalousie mesquine; ainsi mentionne-t-il: Gosier d'oiseau, ce Commissaire si célèbre, n'est jamais aussi actif ni aussi efficace que quand il faut défendre les intérêts des Blancs.

La société que décrit OYONO dans ses deux premiers romans est bien celle de son enfance; de même que ses héros en dénoncent l'atmosphère étouffante

et les injustices révoltantes, de même par son oeuvre Ferdinand OYONO la dénonce, la condamne.(37) Ainsi, on peut dire qu'avant de se rendre en France poursuivre ses études, Ferdinand OYONO a précisément fait du monde colonial la matière de ses romans en chantier; le combat qu'il a mené a poussé Sainville à dire que : " Dans Une vie de boy, OYONO Ferdinand est particulièrement amer, et ce roman est en soi un des plus violents réquisitoires qui aient été prononcés contre la colonisation Française "(38)

2- La formation en France

C'est en août 1950 que Ferdinand OYONO prend le chemin de l'Europe. Il va s'inscrire dans un lycée de Provins, petite ville de Seine et marne (France) en classe de seconde. Une nouvelle phase de sa formation est entamée, semée d'aventures et d'incidents que tout étudiant noir en France a connu surtout en cette période de la colonisation. Ferdinand Léopold OYONO achève ce cycle secondaire par l'obtention du Baccalauréat moderne de Philosophie (39).

Ce succès au Baccalauréat en 1954 lui ouvre les portes des études supérieures à la Faculté de Droit et de Sciences Economiques de Paris Sorbonne. Paris et la Sorbonne étaient outre des lieux d'études de droit, de sciences politiques et économiques, ceux de nombreuses et enrichissantes rencontres et fréquentations. Ferdinand OYONO a comme proches Camara LAYE, Alexandre BIYIDI (Mongo Beti), François SENGAT KUO, William Aurélien ETEKI MBOUMOUA, pour ne citer que ceux-là. L'une des principales fréquentations d'OYONO est l'écrivain camerounais et camarade Mongo Beti avec qui il s'entend beaucoup ; celui-ci se souvient de ces années passées en France malgré la rupture de leur entente (140) dès l'accession du Cameroun à l'indépendance et déclare `'... OYONO et moi avons été de grands amis... `'(41)

Entre temps, Ferdinand L. OYONO entreprend le Cycle d'études sur l'économie du développement sous l'égide du Professeur François Perroux. Au Collège de France. Licencié en 1957, il se converti en qualité de chercheur à l'Orsom de Paris. C'est le statut que présente OYONO avant la date du 15 septembre 1959, juste avant la signature de l'arrêté (42) du premier ministre Ahmadou Ahidjo, portant désignation de trois camerounais(43) à effectuer un stage de formation diplomatique de six mois, au ministère des affaires étrangères du Gouvernement de la République française à Paris et dans les missions diplomatiques françaises à l'étranger. Ferdinand OYONO se rendra respectivement au Quai d' Orsay, au consulat Général de France à Gênes en Italie, enfin à l'Ambassade de France en Italie (Palais Farnèse à Rome) pour ces stages. C'est l'occasion pour lui de s'imprégner des réalités et surtout des canons qui régissent la profession de diplomate. Le 19 juin de la même année au Cameroun, on note un changement dans la situation administrative et politique. En effet, la loi-cadre fait évoluer le statut politique du Cameroun en accordant à ce pays la possibilité de devenir un territoire autonome. Elle accorde aussi le suffrage universel à tous les Camerounais adultes (44).

C'est un tournant important dans la formation intellectuelle de Ferdinand OYONO que l'on va observer. Avant cette proposition du Premier Ministre camerounais AHIDJO de faire de lui un futur Diplomate, l'ancien élève taquin et moqueur du Cameroun est devenu discret et plus conscient. Il se distingue par ses prises de position contre la colonisation. Nul n'imagine cet étudiant discret et courageux être l'auteur de deux livres en ce moment là. En effet, le monde entier découvre un jeune romancier camerounais au grand talent : Ferdinand OYONO publie en 1956, en l'espace d'un mois, ses deux chefs d'oeuvre littéraires apprêtés en partie au cours de son dernier séjour avant la France : Une Vie de boy et Le Vieux nègre et la médaille (45)4. Ces romans mettent en scène des blancs en régime

colonial. Ferdinand OYONO décrit avec cet humour qui lui est propre et dans un style sans complaisance certains abus de la colonisation. Comme le dit Philippe Gaillard :

`' ...tableaux de la vie du colonisé, les romans d'OYONO sont des réquisitoires contre la double oppression de l'administration et des missions égayées par les astuces des indigènes pour tromper le blanc...» (146).

Au cours de cette même année (1956), OYONO vit dans un milieu artificiel et précaire ; celui de l'étudiant noir en Europe aux côtés de son frère du Sud- Cameroun Alexandre BIYIDI qui affirme :

`'

... OYONO habitait au quartier Latin, moi je n'habitais pas au quartier Latin, j'habitais dans un quartier beaucoup plus éloigné. Mais on se voyait souvent, on buvait beaucoup ensemble, on allait au cinéma ... `' (47).

Cette époque est marquée en France par des problèmes sociaux et politiques. La guerre d'Algérie vient d'éclater, simple soulèvement d'ambitieux et de factieux rebelles pense-t-on au pouvoir central, et qu'une opération de police ou de gendarmerie suffira à réduire. Ce soulèvement va peser de façon lourde et déterminante sur toute l'histoire de la France pendant près d'une décennie . Ferdinand Léopold OYONO se trouve au coeur du problème, occupé à ses études, certes, mais mal à l'aise. Il est partagé entre la communauté d'expériences et d'aspirations qui le lie aux Algériens et le respect dû au pays qui l'accueille, la France.

Parallèlement, dans son pays d'origine, une évolution décisive s'accomplit lentement et douloureusement au cours des mêmes années ; la pression des

syndicats, la création des partis politiques et l'affirmation de ces derniers à l'instar de l'Union des populations du Cameroun (U.P.C) de UM NYOBE. Mieux structuré, ce parti déclenchera à Douala, à Yaoundé et ailleurs au Sud Cameroun en 1955 des troubles dont la répression sera sanglante à Yaoundé et Douala notamment (48).

1956 marque les premières années de la décolonisation, une période transitoire où F.L. OYONO, bien qu'étant loin du Cameroun, suit les ténors du moment échanger des arguments pour ou contre l'indépendance. OYONO à cette époque ne trouve pas nécessaire de s'engager dans la lutte politique comme son camarade et ami Mongo Beti qui déclare à propos : « ...On ne parlait pas de politique OYONO et moi, on était copains... »( 49).

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984