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Communication politique et logique d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'union pour la nation en république démocratique du Congo

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par Jacques Yves MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Licence 2009
  

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II.2.4. Stratégie de communication

Comme nous l'avons précédemment mentionné, la stratégie est l'art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un objectif, Pombo Ngunza pour sa part pense que la stratégie est « un ensemble cohérent de décision qu'on propose de prendre face aux diverses éventualités qu'on est conduit à envisager tant du fait des circonstances extérieures qu'en vertu d'hypothèse portant sur le comportement d'autres agents intéressés par des telles décisions61(*) ».

Il transparaît de toutes ces définitions une idée de mise en commun de conception, d'idée et d'action en vue de l'obtention d'une satisfaction eu égard à ses objectifs. Employer alors ce schème dans le domaine de l'organisation, il désigne toute planification d'opération d'une certaine envergure à chaque niveau de commandement au sein de l'organisation. C'est alors qu'on peut parler de la stratégie de communication.

Soulignons cependant que l'organisation d'une société est le fait de la communication qui circule dans ce système. C'est ce que Aimé Kayembe qualifie de théorie de l'organisation par la communication62(*). En effet, la bonne gestion de la communication au sein d'une société définie la structure qui y est développée. La communication permet la bonne marche de chaque structure au sein de la société. Elle régule les relations existantes entre les membres. Elle donne la possibilité à chaque membre d'émettre ses idées, ses ambitions, ses entendements, sa vision afin de contribuer à la bonne marche de l'organisation.

La bonne gestion de la communication permet, par ailleurs, une bonne relation entre la base, c'est-à-dire les membres effectifs et la classe dirigeante. La circulation de la bonne information au sein d'une organisation oriente les actions des uns et des autres et coordonne les activités de l'organisation dans le souci majeur d'atteinte des objectifs assignés. Il s'agit au faite qu'à chaque niveau hiérarchique de l'organisation, l'information soit la même pour éviter certains malentendus qui peuvent conduire à la déstructuration de l'organisation. Chaque individu du groupe doit connaître, par les informations qu'il a, ce que l'organisation attend de lui. Quelle est sa part de responsabilité dans la conjugaison d'effort commun pour l'atteinte du but de l'organisation. Que doit-il faire ou ne pas faire ? De quelle nature doit être sa participation ? Ce qui revient à ce que nous baptisons ici «La gestion des ambitions des uns et des autres ».

Cette étape est très cruciale pour toute organisation, d'autant plus qu'à chaque niveau de responsabilité si un individu ne saisi pas le pourquoi de sa présence, cela risquerait de compromettre ses actions. Le danger serait de voir les actions entreprises se tourner contre l'idéal de l'organisation et tendre vers la chute de celle-ci. D'où, il convient de retenir que gérer les actions, les ambitions, les desiderata des uns et des autres revient à jouer à l'homéostasie, c'est-à-dire, gérer les tendances de changement des uns et les tendances de maintien des autres dans le but évidemment de la pérennisation de l'organisation.

Ainsi, en scrutant la documentation de l'UN nous nous sommes aperçus de prime abord que la plate forme a été mise sur pied par la force des choses avant la campagne du second tour de l'élection présidentielle de 2006. Ce faisant, tous les membres avaient pour mission de conjuguer des efforts afin de mobiliser la majorité de la population à voter pour le candidat de l'Union pour la Nation. La mission incombait donc à tout militant de tous les partis alliés de l'UN où qu'il se trouvait de sensibiliser ses compatriotes pour voter « utile ». Il était donc question de mettre en application l'agir téléologique qui voudrait à ce que l'homme politique repère les détours, les contours de toutes les circonstances politiques et cherche à en tirer profit afin de maximiser ses chances.

Ainsi, la stratégie de communication politique de l'UN n'était pas toute faite. Cependant, c'est dans la construction du sens dans les actions menées par la plate forme que nous nous sommes rendus compte que pendant cette campagne la stratégie jugée la plus efficace pour l'UN était celle de responsabiliser chaque leader des partis membres afin de maximiser ses atouts dans son fief d'origine où il est censé occuper la place du leader d'opinion le mieux écouter.

Il s'agissait donc de miser sur la notoriété de chaque leader dans sa province d'origine afin de donner un caractère national au candidat de l'UN.

Ainsi, au-déla du fait que l'UN rassemblait au moins dix candidats malheureux au premier tour des présidentielles, ce qui était d'un poids non négligeable eu égard à leur représentativité sur l'échelle national, l'UN avait aussi largué sur le terrain des candidats députés provinciaux avec la même mission.

C'est ce qui, quelque part, a justifié la nomination d'Olenga Nkoy au poste de directeur de Campagne de Jean Pierre Bemba. L'UN faisait foi à la force mobilisatrice du leader du Fonus dans la capitale.

Par ailleurs, pour le katanga le leader du MLC a placé sa confiance sur le Pasteur Théodore Ngoy.

Conscient du poids de son challenger au Katanga, le leader du MLC et candidat de l'UN Jean Pierre Bemba a adjoint au Pasteur Théodore Ngoy, une autre personnalité de taille, non seulement, par le fait qu'il soit l'un des challenger à la magistrature suprême au premier tour, mais surtout par sa notoriété sur le plan politique dans le pays. Il s'agit de l'ancien premier ministre Vincent de Paul Lunda Bululu.

La bataille dans la partie Est du pays et plus particulièrement dans les deux kivu, se présageait rude pour l'UN. La stratégie consistait à utiliser un fils du terroir avec la possibilité d'entrer en contact avec les autochtones dans les coins et recoins de la province. Pour se faire, le candidat de l'UN avait confié cette lourde charge à l'ancien ministre de l'environnement pendant la transition Anselme Enerunga. Son choix s'étant justifié par son statut d'un des leaders de l'alliance des patriotes mai mai, un mouvement très présent dans les deux provinces.

Au centre du pays, c'est-à-dire dans les deux Kasaï, les deux candidats au second tour des présidentielles devraient s'expliquer devant une population acquise, presque en majorité, à la cause de l'Udps d'Etienne Tshisekedi wa Mulumba pourtant écarté de la course. La situation se compliquait d'autant plus que pour la population kasaïenne, l'éviction de leur leader naturel était l'oeuvre de ceux qui venaient solliciter leur mandat. C'est ce qui a expliqué quelque part le vote sanction au profit d'Oscar Kashala au premier tour de l'élection présidentielle. D'où, pour le MLC et l'Union pour la Nation, la stratégie au second tour était de mettre au devant de la scène les lieutenants qui pouvaient avoir la possibilité de drainer la population au profit de son leader.

Jean Pierre Bemba avec sa plate forme Union pour la Nation pouvait, d'une part, compter sur le soutient de l'Urec d'Oscar Kashala qui n'a pas adhéré à l'UN mais a lancé un mot d'ordre de vote à ses partisans au profit de Jean Pierre Bemba. Et aussi compter sur l'Udps qui ne s'étant pas prononcer officiellement, mais on a vu sa bannière flotter aux côtés des autres bannières de l'UN lors de la sortie officielle de la plate forme à la foire internationale de kinshasa. Toutefois, l'Union a aligné, dans sa stratégie aux Kasaï, au premier plan Roger Lumbala le patron du RCD/N et candidat malheureux au premier tour des présidentielles. Ayant perdus au premier tour, Roger Lumbala a pourtant été voté député national dans son fief, ce qui a prouvé a suffisance sa place auprès de ses frères du Kasaï. Ce dernier avait la charge de convaincre ses pairs que les temps ont changé et que le moment était venu pour confier la destinée du pays entre les mains de quelqu'un aux origines non douteuses.

L'Union a part ailleurs misé sur la notoriété de son secrétaire général François Mwamba qui se trouve être en même temps le coordonnateur de la plate forme Union pour la Nation. François Mwamba constituait la force du MLC dans le Kasaï oriental.

La stratégie de l'UN consistait également à ratisser au sein de l'opposition dite radicale du lider maximo Etienne Tshisekedi. Et pour se faire, la présence de Bomanza aux côtés de Jean Pierre Bemba en tant que conseiller était d'un atout majeur dans cette entreprise.

Nous l'avons susmentionné, la stratégie de l'Union pour la Nation consistait à responsabiliser chaque leader pour mener la campagne au nom du candidat de la plate forme dans son fief.

A cet effet, tout au long de sa campagne, l'Union pour la Nation a développé en son sein, une stratégie de communication laquelle tournait autour de la personne de son leader Jean Pierre Bemba. Il s'agissait d'enrober la personnalité du candidat au vu des membres de tel enseigne que tous intériorisent le fait que l'image de Jean Pierre Bemba ne peut souffrir d'aucune faille dans les esprits des uns et des autres. On faisait passer par-dessus tout, l'essentiel d'information en rapport avec la victoire recherchée de leur candidat. Ainsi donc, il s'agissait plus d'une valorisation de Jean Pierre Bemba au-delà même de la plate forme. Toute la communication était construite sur le leadership de Jean Pierre Bemba, de tel enseigne que son propre discours était considéré comme un discours fédérateur à l'égard de la plate forme Union pour la Nation. Les éléments du prestige personnel de Jean Pierre Bemba notamment son niveau intellectuel, ses avoirs économiques, son passé politique, son identité politique et sociale, sa vision du futur de la RDC, ses ambitions dans la gestion de la chose publique ont imprimé à la communication politique de la structure, ses marques, et déterminé la portée stratégique de l'Union pour la Nation. Ceci typifie en quelque sorte les stratégies de communication des partis politiques congolais pendant la période préélectorale et la période électorale, où presque toute la communication a été individualisée. C'est ce que nous déballerons dans notre troisième chapitre lorsque nous scruterons l'actualisation de la communication de l'UN pendant la campagne électorale.

Toutefois, l'Union pour la Nation qui a misé sur la stratégie de mettre en évidence le poids politique de ses membres afin de soigner son image à l'extérieur pendant la campagne, devrait en principe mieux structurer son système de communication à l'intérieur du champ. Cela d'autant plus que, comme nous l'avons précédemment, évoqué un champ ne peut fonctionner que s'il trouve des individus socialement prédisposés à se comporter en agents responsables, à risquer leur argent, leur temps, parfois leur honneur ou leur vie, pour poursuivre les enjeux et obtenir les profits qu'il propose.

Cependant, cela ne peut advenir que si les objectifs poursuivis sont clairement définis et compris par tous les membres et aussi, si les intérêts des uns et des autres sont pris en compte.

Il s'est avéré qu'au sein de l'UN ce qui a primé c'est ce que nous avions évoqué. Ceux qui dominent dans un champ donné sont en position de le faire fonctionner à leur avantage. En effet, tout concourait au bien de Jean Pierre Bemba candidat à la présidence. Tous les membres avaient l'insigne honneur de faire la part du Lion au candidat président et par ricochet à son parti le MLC. Une logique qui a même prévalu pendant les élections des gouverneurs des provinces. On a vu que de trois provinces où l'UN avait la majorité aux assemblées provinciales elle a pourtant perdu deux provinces au profit de l'AMP. Ceci s'explique par le fait que ceux qui dominent doivent, en tout état de cause, toujours compter avec la résistance, la contestation, les revendications, les ambitions et les prétentions politiques ou non des dominés. Si Jean Pierre Bemba quand bien même vaincu au second tour, a su maximiser son score qui est passé de 20 à 42%, d'aucuns pensent qu'il le doit à la coalition. Ainsi, ce qui de droit devrait leur revenir en guise de récompense serait de voir une représentation substantielle des membres de l'UN dans les listes des candidats au gouvernorat. Cela n'a pas été le cas.

Ainsi le disions nous, si un individu ne saisi pas le pourquoi de sa présence au sein d'un champ cela risquerait de compromettre ses actions. La suite n'a été plus que logique, les membres de l'UN qui n'ont plus retrouvé leurs intérêts ont carrément tourné le dos au MLC. Le cas le plus flagrant était celui de Kinshasa où l'UN détenait la majorité à l'assemblée provinciale. Le même scénario de la mauvaise gestion des ambitions s'est déroulé au Bas Congo et dans le Kasaï orientale.

Ainsi, nous le rappelons, gérer les actions, les ambitions, les desiderata des uns et des autres revient à jouer à l'homéostasie, à l'équilibre, c'est-à-dire, gérer les tendances de changement des uns et les tendances de maintien des autres dans le but évidemment de la pérennisation de l'organisation.

Ce qui précède prouve à suffisance que la gestion de la communication n'était pas à la hauteur des attentes. En effet, la bonne gestion de la communication au sein d'une société définie la structure qui y est développée, car comme nous le disions un peu plus haut, la bonne communication régule les relations existantes entre les membres, elle donne la possibilité à chaque membre d'émettre ses idées, ses ambitions, ses entendements et sa vision.

* 61 Pombo Ngunza, Stratégies de communication des organisations, cours inédit, deuxième licence en communication des organisations. Ifasic. 2008.

* 62 Kayembe, A., Théories systémiques de la communication, kratos, Kinshasa 2008, pp5-6.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand