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Le christ comme médiateur du salut, essai d'herméneutique africaine du message chrétien à  la lumière de la christologie de karl Rahner

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par Thomas RAINCHOU
Grand séminaire notre dame de l'espérance de Bertoua - Attestation de fin d'étude de théologie 2006
  

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1.3.2. L'Incarnation du Verbe comme événement du salut

Pour Karl Rahner, dire que le Verbe de Dieu s'est fait chair, c'est-à-dire Dieu est devenu homme, nécessite que soit expliquée la possibilité pour l'homme de recevoir Dieu et le sens du « devenir » appliqué à Dieu qui, par définition, est immuable. Partant alors de l'expérience transcendantale chez l'homme, Rahner définit l'Incarnation comme « le cas suprême et unique de l'achèvement de l'humaine réalité »71(*), c'est-à-dire le moment ultime où Dieu se communique et donne à l'homme de réaliser son ouverture permanente au Mystère Infini. Cette manière de voir se comprend dans la mesure où Rahner perçoit « l'essence de l'homme, d'une façon ontologique existentiale, comme la transcendance ouverte sur l'être Absolu de Dieu »72(*). La portée salvifique de l'Incarnation réside dans le fait qu'en elle Jésus, autocommunication de type Absolu, réalise l'immédiateté de Dieu avec l'homme. Walter Kasper dira plus tard que « puisque Dieu lui-même vient avec Jésus christ, l'homme entre physiquement avec lui dans le voisinage de Dieu. La venue du Christ offre (...) à tous les homme (...) une nouvelle possibilité du salut »73(*). Le fait que Dieu se soit incarné en Jésus-Christ est décisif dans l'histoire du salut et ne doit pas être compris seulement en soi, mais à l'intérieur de ce qu'il veut être pour nous : « la constitution d'un homme nouveau que nous avons à devenir »74(*). Cette portée sotériologique de l'Incarnation par laquelle « le temps est rattaché à l'éternité, l'histoire humaine du salut à la vie intratrinitaire »75(*), se traduit concrètement dans les événements de la vie de Jésus.

1.3.3. La vie, la Mort la Résurrection et la Glorification de Jésus

Jésus-Christ, disait le Concile, par toute son existence, par tout ce qu'il montre de lui-même, par ses paroles, par ses oeuvres, par ses signes, par ses miracles, mais surtout par sa mort et sa glorieuse Résurrection et enfin par l'envoie qu'il fait de l'Esprit de vérité, donne à la révélation son dernier achèvement et la confirme par le témoignage divin : Jésus-Christ c'est Dieu avec nous pour que nous soyons délivrés des ténèbres du péché et de la mort et que nous soyons ressuscités pour la vie éternelle76(*) 

C'est ce qui constitue le sens profond de cette étape de la christologie de Rahner : montrer en quoi, l'Incarnation, la vie, la mort et la Résurrection de Jésus réalisent le salut de l'homme.

a) La vie de Jésus comme événement du salut

Karl Rahner pense que le tout n'est pas de pouvoir montrer la nécessité et la possibilité d'un médiateur du salut, mais il faut davantage montrer en quoi Jésus de Nazareth et seulement lui, est-il ce Médiateur. C'est la question traditionnelle du lien entre le Jésus de la foi et le Jésus de l'histoire77(*). Rahner la résout dans sa réflexion christologique à partir d'une série de thèse sur l'existence terrestre de Jésus. Il admet d'abord la difficulté qu'il y a à croire en Jésus-Christ comme sauveur en étant indifférent à son histoire et reconnaît que l'autocompréhension de Jésus avant Pâques « ne contredit pas l'autocompréhension chrétienne de sa signification salvifique »78(*). En effet, Jésus, fils de Marie, conçu du Saint Esprit et né à Bethléem, a vécu dans un environnement religieux et culturel spécifique qu'il a assumé et essayé de reformer du dedans. Il s'est montré un réformateur radical en combattant le légalisme de son temps et en se solidarisant aux personnes socialement et religieusement déclassées à qui il accorde expressément le pardon des péchés. Tandis que ses actions le conduisaient progressivement dans une mésentente fatale avec la société religieuse et politique, il s'y avançait résolument et a assumé la mort comme conséquence de sa mission salvifique. Son enseignement radical sur la conversion, fondé sur la proximité du Royaume de Dieu, il l'a proposé comme une décision face au salut radical. Ainsi donc, dans sa vie et dans toute son existence, on ne l'a jamais vu nulle part ailleurs79(*), Dieu s'est manifesté comme celui qui vient à la rencontre de l'homme, pour partager sa condition et le délivrer ; et l'on peut dire avec Bernard Sesboué : « Jésus est l'exégèse même de Dieu, l'interprétation de l'être de Dieu. Cette exégèse nous est livrée par sa liberté souveraine, aimante, obéissante, plus forte que toutes les aliénations humaines »80(*). Cette dimension salvifique de la vie de Jésus trouve sons sens plénier dans sa mort et sa Résurrection.

b) La Mort, la Résurrection et la Glorification du Christ

La valeur rédemptrice de la mort et de la Résurrection de Jésus n'est pas un thème nouveau dans la christologie. Ce thème est positivement abordé par les évangiles et soutenu au cours des siècles aussi bien par la tradition de l'Eglise81(*) que par des théologiens particuliers. Le Catéchisme de l'Eglise Catholique affirme que « la mort du Christ est à la foi le sacrifice pascal qui accomplit la rédemption définitive des hommes (...) et le sacrifice de la Nouvelle Alliance qui remet l'homme en communion avec Dieu »82(*). Pour sa part, Rahner réalise un dépassement de la théorie traditionnelle de la satisfaction par laquelle l'on a souvent justifié le caractère salvifique de la mort du Christ83(*). Cette théorie, pense-t-il, laisse ouverte la question de savoir pourquoi est-ce précisément par la mort du Christ que nous sommes rachetés. Il soutient que l'Incarnation du Christ l'a plongé dans la condition humaine qui ne parvient à son accomplissement plénier qu'en passant par la mort. En mourrant donc, Le Christ n'a pas simplement fournit la satisfaction pour nos péchés, « il a agi et souffert la mort elle-même »84(*). Etant donné que « dans la mort, et en elle seule, l'homme acquiert un rapport d'ouverture à la totalité de l'univers, que son être total, exercé dans la vie et dans la mort, détermine désormais d'une façon habituelle et permanente le cosmos entier »85(*), par la mort du Christ, son être spirituel s'est ouvert à l'univers pénétrant tout le cosmos et devenant pour celui-ci une détermination permanente et radicale. Il devient évident que par la mort du Christ, l'univers tout entier devient ce qu'il n'aurait pu être sans celle-ci ; et que le Christ lui-même devient « vraiment, dans son humanité même, ce que par sa dignité il était depuis toujours : le coeur du monde, le centre intime de toute réalité créée »86(*). Ici, se dégage plus que jamais la valeur universelle et exclusive du salut opéré par le Christ : « Notre vie personnelle spirituelle, est toujours confrontée, que nous le voulions ou non, que nous l'acceptions ou le refusions, à cette profondeur du monde que le Christ a occupé »87(*). Sa mort manifeste de façon radicale sa Seigneurie sur l'univers ; « Par son acte de mourir, Jésus est entré en contact existentiel avec tous les hommes quels qu'ils soient et cette rencontre constitue pour tous ces hommes une offre de salut »88(*) et Hans Miessen dira que : « La mort est vaincue et morte parce que Jésus, totalement homme et en même temps Fils de Dieu l'a traversé et l'a habité de son amour »89(*). Cette valeur salvifique de la mort de Jésus offre aussi une clé pour la compréhension de la dimension rédemptrice de sa Résurrection.

D'après Karl Rahner, la dimension rédemptrice de la Résurrection de Jésus tient de ce qu'elle authentifie toute sa vie et ses prétentions et permet de le saisir avec certitude comme Celui qui apporte absolument le salut. En effet, par sa Résurrection, « Jésus a été fait Seigneur et Messie, sans que par là soit contesté qu'en vertu du dessein de Dieu dès toujours réalisé, cela fut vrai dès le début de son existence humaine ; mais à l'inverse, cela justement ne s'est accompli historiquement, de façon réelle et pour nous, que dans sa Résurrection »90(*). Dans l'expérience de la Résurrection, Jésus est particulièrement éprouvé comme ayant valeur permanente en tant que « dernier prophète » qui a tout révélé sur Dieu et qui achève l'oeuvre de la Rédemption. La Résurrection inaugure alors le temps de l'éternité et signifie que l'histoire est parvenue à son sommet indépassable : « Le dépassement de soi le plus glorieux et définitif de la part du monde matériel, dit Rahner, est déjà effectué ; le monde a franchi ses limites et pénétré dans l'infini, la transcendance de Dieu pur esprit »91(*). En d'autres termes, la Résurrection du Christ signifie le salut définitif, l'abîme qui nous séparait de Dieu est franchi sans que notre intégrité en soit dissoute, nous sommes désormais couverts de la félicité infinie.

* 71 K. RAHNER, « Réflexion théologique sur l'Incarnation », dans ETIII, p. 87.

* 72 K. RAHNER, cité par R. LACHENSCHMID, « Christologie et sotériologie », dans BTX2, p. 344.

* 73 W. KASPER, Jésus le Christ, Traduit de l'Allemand par J. DESIGAUX et A. LIEFOOGHE, Coll. « Cogitatio fidei » n° 88, 5ème éd., Paris, Cerf, 1996, p. 307.

* 74 Y. CONGAR, Jésus-Christ, notre Médiateur, notre Seigneur, Coll. « Foi vivante » n° 80, Paris, Cerf, 1965, p. 16.

* 75 A. FEUILLET, Le prologue du quatrième évangile. Etude de théologie johannique, Paris, Desclée de Brouwer, 1968, p. 284.

* 76 DV, n° 4.

* 77 Christian Duquoc rapporte les échos de cette question dans son ouvrage Christologie, essai dogmatique, Tome I, L'homme Jésus, Paru aux éditions du cerf, en 1968 (pp. 97-109.). Cette question prend son origine dans l'autonomie que l'exégèse adopta à l'égard de la dogmatique. Le premier ton fut donné en 1821 avec F. Schleiermacher qui voulait élever en discipline théologique la « vie de Jésus » en soutenant qu' « écrire une vie de Jésus c'est dresser un portrait purement historique du Christ, indépendamment de toute référence dogmatique » (pp. 97-98.). Plus tard avec la théologie libérale, des penseurs tels Bultmann et Gogarten en viennent à soutenir que toute affirmation ontologique sur le Christ ne concerne la foi que si celle-ci est interprétée existentiellement dans son implication sur l'existence du croyant. Par conséquence, une connaissance purement scientifique et phénoménale sur Jésus serait insuffisante. En 1965, Urs Von Balthasar participe à ce débat avec son ouvrage La Gloire et la Croix en montrant que la gloire du Christ est humainement apparu sur notre terre, elle ne se trouve pas seulement dans son message ni dans ses miracles.

* 78 TFF, p.

* 79 Jean Potin pense même qu'il est impossible d'abandonner un sujet aussi passionnant que la personne de Jésus qui continue d'intéresser aussi bien les congrès, les revues que les ouvrages (cf. Jésus, l'histoire vraie, Paris, le Centurion, 1994, p. 12).

* 80 B. SESBOUE, Op. cit., p. 228.

* 81 Cf. B. SESBOUE, Op. cit., p. 228.

* 82 CEC 613.

* 83 D'après cette théorie, le mépris et l'offense se mesurant à la dignité de la personne offensée et non de celle qui offense, le péché de la créature pourvu de liberté devient une offense infinie à la sainte majesté de Dieu. La satisfaction d'une simple créature ne peut suffire à réparer cette offense. Il n'y a donc que le Verbe de Dieu incarné qui, en raison de la dignité de sa personne puisse accomplir pour nous, dans sa nature humaine cette oeuvre de satisfaction. L'action morale dont dépend le recouvrement de la grâce, c'est la libre acceptation de la mort par le Christ. (Voir à ce propos K. RAHNER, « La théologie de la mort », dans ETIII, p. 143).

* 84 K. RAHNER, « Théologie de la mort », dans ETIII, p. 151.

* 85 Ibidem, p. 153.

* 86 Ibidem, p. 155.

* 87 Ibidem, p. 155.

* 88 L. DUVIEUSART, Je crois en Jésus-Christ... Commentaire de la deuxième partie du Symbole des Apôtres, Kinshasa, saint Paul Afrique, 1988, p. 120.

* 89 H. MIESSEN, « Le sens de l'expression ``pour nous'' de la mort du Christ », dans Le semeur sortit pour semer, Grand séminaire de Liège 1592-1992, Dricot, p. 194.

* 90 TFF, p. 312.

* 91 UFAM, p. 69.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci