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L'engouement des nouveaux bacheliers pour les écoles de BTS au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé - Maà®trise en sciences de l'éducation 2009
  

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I-5 Cadre théorique de la recherche

Le déterminisme social selon Emile Durkheim

Emile Durkheim fut l'un des premiers sociologues à s'attacher à la notion de socialisation, notion centrale dans sa conception holiste de l'univers social. C'est à son ouvrage paru en 1922, intitulé Education et Sociologie, qu'Emile Durkheim fait référence. (DURKHEIM Emile ; 1922.). Selon lui, la socialisation correspond à l'élément fondateur de l'être social. C'est en d'autres termes, par la socialisation que l'être humain se construit. Cette construction s'effectue progressivement par l'acquisition d'un système d'idées, d'habitudes, de sentiments, propres aux groupes d'appartenance de la personne. La socialisation traduirait de ce fait, la transmission d'un certain nombre de normes, de croyances collectives, d'opinions, de manière de penser et d'agir, constituant les fondements de cette entité transcendante qu'est la société. Elle prépare et éduque à la vie collective. Elle permet et perpétue la vie en société. La socialisation est ce par quoi se transmettent de génération en génération les fondements de l'existence sociale, les bases inhérentes à la vie en collectivité, et par la même occasion, à la survivance de la cohésion sociale. Ce sont des règles, des normes, une certaine manière de vivre ensemble, des habitudes de pensée et d'action qui sont transmises, puis intériorisées par la personne au point de devenir partie constituante de son être personnel. En ce sens, la socialisation consiste en la construction de l'être social, par l'intériorisation du social comme constitutif de l'être singulier, du psychisme de chacun de nous. C'est sans doute pourquoi, selon Emile Durkheim, l'action individuelle est subordonnée au social, cette subordination étant inconsciente la plupart du temps. La société, définie comme transcendante, s'affirme comme puissance coercitive et déterminante de l'action et de la pensée humaine.

Durkheim E. donne à l'éducation ce rôle essentiel de socialisation. L'éducation, l'école, a pour principe de transmettre l'expérience et les biens culturels accumulés par les générations passées à la jeune génération. L'éducation prend donc ce rôle important de structure socialisatrice en transmettant à la nouvelle génération les bases culturelles et sociales qui assure la vie en société et ainsi font perdurer l'existence de la société. « Bien que l'éducation ait pour objet unique et principal l'individu et ses intérêts, elle est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence » (DURKHEIM E. ; 1967). Durkheim conçoit donc l'éducation comme la transmission, puis l'intériorisation du modèle culturel des générations précédentes.

La socialisation chez Emile Durkheim peut être définie par rapport aux concepts de conscience collective et de contrainte collective. Cette conscience collective, qui prédomine à la conscience individuelle, se veut être la matrice essentielle de la cohésion sociale dans nos sociétés organisées par la division sociale du travail. La socialisation induit l'intériorisation de la contrainte sociale et des modèles culturels. Dans le cadre de cette étude, la réflexion de Durkheim sur le déterminisme social et la socialisation est intéressante. Dans cette recherche, la transmission de pensées et d'actions, de certaines manières de penser, d'agir, de voir et de sentir sont autant d'aspects à prendre en considération dans le processus de décision des choix d'orientation scolaire et professionnelle. En cela l'influence du social sur les singularités est évidente.

Cependant, le déterminisme quasi univoque du social, me semble contestable. L'étudiant qui se trouve face à ces questions de l'orientation scolaire et professionnelle ne se voit pas pour autant totalement déterminé par le social. On ne peut parler que d'influences du social sur l'action et la perception individuelle. Mais il existe une réelle marge de manoeuvre où la singularité de l'acteur s'exprime.

La socialisation et le concept d'habitus de Pierre Bourdieu

Dans la continuité du courant holiste, Pierre Bourdieu parle de  la socialisation par l'intermédiaire du concept de l'habitus. Selon Bourdieu, les attitudes, les jugements personnels, les motivations, et les actions des individus sont très largement déterminés par la structure, à savoir la place qu'occupe la personne dans le système des hiérarchies. La structure sociale est au principe des comportements et des perceptions. Dans sa conception de l'univers social, Bourdieu se montre à la fois proche d'une conception holiste et d'une conception marxiste. Le déterminisme social est bien présent, seulement l'accent est davantage porté sur un déterminisme de classe (confère BOURDIEU P., 1970). Dès lors, la socialisation se ramène à l'intériorisation de l'extériorité, c'est-à-dire à l'intériorisation par l'individu des normes de la société, et surtout des normes de comportements et de perceptions appartenant à sa position au sein de la structure sociale hiérarchisée. L'individu socialisé se voit donc déterminé dans ses pensées et ses actions par l'habitus de sa classe sociale. Dans l'habitus, la socialisation prend forme par l'intériorisation des structures dans la conscience individuelle. Ainsi, l'habitus désignera un ensemble de dispositions acquises des chaînes de perception, d'appréciation, d'action, inculqué par le contexte social à un moment donné et à une place particulière. L'habitus est un système de dispositions acquises. Il est producteur des pratiques à l'origine des perceptions et des actions. L'habitus est le fruit d'une socialisation spécifique à chaque classe, socialisation dont les tenants principaux sont, selon Bourdieu : la famille, le contexte social et l'école. A travers cette analyse, il est aisément facile de percevoir l'un des principes centraux de la pensée de Bourdieu qu'est la reproduction sociale. Cette dernière correspond à la reproduction du système de classe et affirme l'invariance des positions sociales et des structures.

Encore une fois, le concept d'habitus est en relation direct avec notre sujet. De part l'origine socioprofessionnelle des parents, la position de l'étudiant est à même d'intervenir comme dimension socialisatrice. Sur ce point il est important de mesurer l'influence du pouvoir socialisateur de la famille sur les choix des étudiants, sur leur rapport aux études et au monde du travail. L'origine socioprofessionnelle de l'étudiant infléchit les représentations des études, du monde de travail, les choix et le rapport au monde.

Le courant holiste a su donner à ce sujet sa légitimité et surtout l'acheminer dans une réflexion fructueuse de l'univers social. Cependant, les comportements et les perceptions des individus ne peuvent s'expliquer par la seule référence à une force sociale déterminante et déterminée. Dans la continuité de Max WEBER, (1968), les partisans de l'individualisme méthodologique semble avoir sonné le glas du renouveau de l'acteur. Le déterminisme holiste laisserait la place à la rationalité de l'action, à la liberté d'action, à l'individu rationnel. Le phénomène social serait ainsi le résultat de l'agrégation des comportements individuels, par le biais des effets de combinaison, des effets émergeants, des effets pervers ou des effets d'agrégation.

L'individualisme méthodologique de Raymond Boudon  

L'individualisme méthodologique est une approche qui recherche, au niveau des comportements individuels et de leur agrégation, le principe des explications de l'action sociale. La pensée de Raymond BOUDON s'est affirmée en opposition avec ce qu'il appelle « le paradigme déterministe ». Contrairement aux théories déterministes qui mettent l'accent sur les contraintes sociales, l'influence des structures et systèmes sociaux sur le comportement individuel, la démarche de l'individualisme méthodologique consiste tout d'abord à interroger les individus et leurs comportements sans présupposer leurs déterminations. A la suite de Max Weber, Boudon affirme qu'on ne peut expliquer les phénomènes sociaux qu'à la condition de partir des individus, de leurs motivations, et de leurs actions. Les individus sont rationnels. Boudon accorde au concept de rationalité un sens beaucoup plus large que celui que lui conférait Weber. Il estime qu'une action est rationnelle pour peu qu'elle soit orientée par un intérêt, une valeur, ou même la tradition. L'action d'un individu est rationnelle, si celui-ci « a de bonnes raisons d'agir ». Dès lors, tout phénomène social se constitue par agrégation (par sommation) des comportements individuels. Boudon parle « d'effet émergent » pour désigner le phénomène social résultant de l'agrégation des comportements individuels. Bien souvent ces effets émergents sont des effets pervers, ce qui signifie qu'ils ne correspondent pas aux intentions originelles des individus. L'exemple donné par Raymond Boudon concerne la dévalorisation des diplômes. Alors qu'il est rationnel pour chaque étudiant de rechercher à obtenir le diplôme le plus élevé, afin d'accéder à un emploi qualifié et bien rémunéré, l'adoption de cette stratégie par des dizaines de milliers d'étudiants aboutit à une dévalorisation de diplômes quand l'offre d'emploi n'augmente pas suffisamment.

Toutefois, s'il est vrai que le comportement de l'individu est rationnel, cette rationalité est limitée par l'impossibilité d'opérer des choix optimaux due à l'impossibilité de réunir toutes les informations relatives à une situation. Cela dit, l'individualisme méthodologique reconnaît que l'action individuelle n'échappe intégralement pas aux contraintes sociales. « Car il est rare d'agir à sa fantaisie ». Mais comme Boudon le souligne, « ces contraintes délimitent le champ du possible, et non le champ du réel ».

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld