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Problématique de la mise en œuvre du règlement cemac/cobac dans le paysage de la microfinance au Cameroun

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par Didace ELOUNA
Université africaine pour le déloppement, Bénin - Master de microfinance 2007
  

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TABLEAU N°1 : POIDS DE LA MICROFINANCE DANS LE PAYSAGE

FINANCIER DU CAMEROUN 21

TABLEAU N°2 : PRESENTATION SYNOPTIQUE DES AXES DE LA REGLEMENTATION

DES EMF 22

TABLEAU N°3 : GRILLE D'ANALYSE DES HYPOTHESES 36

TABLEAU N°4 : ECHANTILLONNAGE 39

TABLEAU N°5 : ILLUSTRATION DU CADRE REGLEMENTAIRE 44

TABLEAU N°6 : RESUME DE LA REGLEMENTATION 45

TABLEAU N°7 : REPARTITION PAR PROVINCE DES EMF 46

TABLEAU N°8 : REPARTITION DES EMF INDEPENDANTS 46

TABLEAU N°9 : ANALYSE DE QUELQUES INDICATEURS DE SANTE/ELEMENTS D'APPRECIATION DE LA STRUTURE DE SUPERVISION ET DES STUCTURES D'APPUI A LA REGLEMENTATION 50

TABLEAU N°10 : CONTRÔLES EFFECTUES PAR LA COBAC EN 2004 52

TABLEAU N°11 : EVOLUTION DES ACTIVITES D'EPARGNE ET DE

CREDIT AU CAMEROUN DE 1998 A2006 53

TABLEAU N°12 : NIVEAU D'UTILISATION DE CERTAINS DOCUMENTS DE GESTION 57

TABLEAU N°13 : RECONNAISSANCE DU PPMF 58

TABLEAU N°14 : ANALYSE DES ATOUTS ET CONTRAINTES DE L'OFFRE

DE LA MICROFINANCE PAR CATEGORIE D'ACTEURS 59

TABLEAU N°15 : FORCES DE LA REGLEMENTATION DU SECTEUR

DE LA MICROFINANCE 64

TABLEAU N°16 : FAIBLESSES DE LA REGLEMENTATION DU

SECTEUR DE LA MICROFINANCE 64

TABLEAU N°17 : VERIFICATION DE L'YPOTHESE N°1 69

TABLEAU N°18 : VERIFICATION DE L'HYPOTHESE N°2 71

TABLEAU N°19 : VERIFICATION DE LA TROISIEME 73

LISTE DES SCHEMAS ET GRAPHIQUES

LISTE DES SCHEMAS

SCHEMA N°1 : REPARTITION DES EMF PAR PROVINCE 47

SCHEMA N°2 : ARBRE A PROBLEMES 49

SCHEMA N°3 : ORGANIGRAMME DETAILLE DE LA NOUVELLE

DIRECTION NATIONALE DE SUPERVISION 78

LISTE DES GRAPHIQUES

GRAPHIQUE N°1 : EVOLUTION DE L'EPARGNE MOBILISEE, DE

L'ENCOURS DU CREDIT ET DES EFFECTIFS DE MEMBRES ..... 54

GRAPHIQUE N°2 : EVOLUTION DU NOMBRE DES EMF 55

GRAPHIQUE N°3 : EVOLUTION DU TAUX DE REMBOURSEMENT 55

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ACEP : Agence de Crédit pour l'Entreprise privée

ADAF: Appropriete Development for Africa Fondation

ANEMCAM: Association Nationale des Etablissements de la Microfinance

AFD : Agence Française de Développement

APECAM : Association Professionnelle des Etablissements de Crédit au Cameroun

BAD : Banque Africaine de Développement

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BDEAC : Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale

BIT : Bureau International du Travail

DSRP : Document de Stratégie de Lutte Contre la Pauvreté

CAMCCUL: Cameroon Cooperative Credit Union League

CDV: Comité de Développement Villageois

CCA: Crédit Communautaire d'Afrique

CEC-PROM: Coopérative d'épargne et de crédit des promotrices

CDC : Cameroon Dévelopment Cooporation

CEMAC : Communauté Economique des Etat de l'Afrique Centrale

CMEC : Caisse Mutuelle d'Epargne et de Crédit

COBAC : Commission Bancaire d'Afrique Centrale

COOPEC : Coopérative d'Epargne et de Crédit

COFINEST : Compagnie Financière de l'Estuaire

COMDOC : Compagnie Documentaire de Crédit

COMECI : Compagnie Equatoriale Pour l'Epargne et le Crédit d'Investissement

COOP/GIC : Coopératives et Groupement d'Initiative Commune

CNMF : Comite National de la Microfinance

CVECA : Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Auto- gérée

CRETES : Centre de Recherche et d'Etudes en Economie et Sondage

EMF : Etablissement de Microfinance

FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FIDA : Fonds International Pour le Développement Agricole

FIMAC : Financement d'Investissements des Micro-réalisations Agricoles et Communautaires

FMI : Fonds Monétaire International

FNE : Fonds National de l'Emploi

FTSL: First Trust Saving and Loans

CGAP: Groupe Consultatif d'Assistance aux plus pauvres

IMF: Institution de Microfinance

ISPEC: Institut Supérieur Panafricain d'Economie Coopérative

M: Mutuelle Communautaire de Croissance

MIFED : Microfinance et Développement

MINADER : Ministère d'Agriculture et du Développement Rural

MINEFI : Ministère de l'Economie et des Finances

MINFI : Ministère des Finances

NTIC : Nouvelle Technologie de l'Information et de Communication

OHADA : Organisation Pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PADC : Programme d'Appui au Développement Communautaire

PADER : Programme d'Appui au Développement Rural

PARMEC : Projet D'appui à la Réglementation des Institutions Mutuelles ou Coopératives

d'Epargne et de Crédit

PED : Pays en Voie de Développement

PNUD : Programme des Nations Unies Pour le Développement

PPMF : Projet d'Appui au Programme National de Microfinance

PSSA : Programme Spécial de Sécurisation Alimentaire

PPTE : Pays Pauvre Très Endettées

SA : Société Anonyme

SCECOC : Société Coopérative d'Epargne et de Crédit Ouest Cameroun

SGBC : Société Générale de Banque au Cameroun

SIG : Système d'Information de Gestion

SOCAPALM : Société Camerounaise de la Palmeraie

SODECOTON : Société de Développement du Coton

TIC : Technique d'Information et de Communication

TPE : Toutes Petites Entreprises

UMAC : Union Monétaire d'Afrique Centrale

DEDICACE

A mon Seigneur Jésus Christ, à qui revient toute la gloire et l'honneur.

A mon père MESSANGA Benoît « in memoriam » qui n'a ménagé aucun effort pour assurer mon éducation et ma réussite sociale.

A mon épouse GWET Hortense Aimée Débora pour tout le sacrifice consenti durant cette formation et le soutien moral qu'elle n'a cessé de m'apporter depuis notre union.

A mes enfants, dont les naissances ont déclanché en moi, la volonté de braver toutes les difficultés.

A mes beaux parents pour les conseils qu'ils n'ont cessé de me prodiguer.

A mon petit frère NGA Darie et son épouse, pour le soutien qu'ils n'ont cessé de m'apporter durant ma formation à l'ISPEC.

A toutes mes petites soeurs Suzane, Zite, Marie, Ameline et Seconde pour leur soutien indéfectible.

Au terme de ce travail de fin d'études, ma pensée va d'abord vers mon financeur, le Ministre des Finances et à travers lui l'Etat Camerounais qui a supporté la totalité des dépenses inhérentes à cette formation.

Mes remerciements vont deuxièmement vers le Docteur Martial LIPEB qui m'a aider personnellement d'une part à bénéficier de cette formation et d'autre part à comprendre l'importance de la microfinance, voire celle de la réglementation dans le processus de développement.

Un grand merci au corps enseignant, aux assistants et personnel administratif de l'ISPEC qui nous ont soutenu tout le long de cette année et contribué à rendre notre séjour agréable.

Je remercie spécialement le Docteur Boniface TIOTSOP Spécialiste en Microfinance, notre formateur monsieur COUTHON Maurice, mes amis KAMWA Théodore, le pasteur Pascal, le couple pastoral François et Antoinette, le frère Félix SOGBEDJI et la soeur WANDJI Julienne pour leur soutien formel à mon endroit.

Un merci chaleureux à tous mes camarades de l'ISPEC, particulièrement de Master en Microfinance sans oublier les statisticiens LELE et ZOMAHOUN TCHALA S. ROMEO.

Je ne peux fermer cette page sans faire un clin d'oeil à tous mes frères et soeurs en Christ du monde entier pour vos prières et soutiens pendant mes moments difficiles.

REMERCIEMENTS

INTRODUCTION

« La pauvreté est une insulte. Elle diminue, elle déshumanise, elle détruit le corps et l'esprit, sinon l'âme. C'est la plus mortelle des violences. Le pis de tout, c'est qu'elle persiste, en dépit des stratégies, aussi créatives soient-elles, déployées pour venir à bout » affirmait Mahamat GANDI au début de ce siècle.

Cette affirmation de GANDI est encore d'actualité dans les pays africains au sud du Sahara qui, pendant plus de quarante ans de développement ne sont pas parvenus à asseoir un système économique efficace. Cela illustre bien le manque de performance chronique qui a conduit PIZANI (1988 :18) à faire ce triste constat du continent. « L'Afrique semble maudite, condamnée à n'être que le tiers monde du tiers monde, le pôle négatif de l'univers, sa mauvaise conscience ». La pauvreté ne fait que s'accentuer en dépit des stratégies mises en oeuvre ici et là et l'Afrique est plus que jamais marginalisée dès lors que la préférence du monde industrialisé est tournée vers les pays d'Europe de l'Est et les pays performants d'Asie de l'Est appelés encore pays émergents ».Le nouveau cadre de développement qui est entrain de se dessiner risque de poser de nouveaux défis au continent. Pendant longtemps nos économies sont soutenues par les ressources extérieures occasionnant ainsi une dépendance quasi permanente vis-à-vis des pays du nord.

Pour TEVOEDJRE (1982 : 28) « l'aumône, on le sait, ne règle pas les problèmes, ne corrige pas les structures. Pire, l'histoire nous enseigne qu'elle conduit à des compromis dangereux et les institutions sont vulnérables et l'église en tête n'y ont pas échappé ». Le continent a de tout temps fondé son espoir sur l'aide des pays du nord qui n'est pas du tout désintéressée.

Pour relever ces défis et lutter efficacement contre la pauvreté, les pays africains sont plus que jamais appelés à rechercher les solutions les plus pertinentes en créant un nouveau cadre institutionnel et organisationnel de développement apte à mettre en oeuvre des mécanismes de gestion adaptés aux exigences socioculturelles et économiques.

C'est ainsi que la microfinance apparaît comme une alternative susceptible d'atténuer les effets pervers de la pauvreté et de l'économie libérale en impliquant davantage les populations locales au processus de relance du développement.

Conscient, le gouvernement Camerounais a pris des mesures énergiques pour faire face à cette situation. Dans son plan d'orientation, l'accent est mis sur la stratégie de promotion de développement humain par la formation et l'éducation. Ainsi, une politique d'appui aux initiatives communautaires (la création des coopératives et groupements) est mise en place à travers la sous-direction de la microfinance du Ministère des Finances (MINFI) et le Projet d'Appui au Programme National de la Microfinance (PPMF).

Ce projet est l'aide sollicitée par le gouvernement Camerounais auprès des partenaires au développement pour soutenir les actions entreprises afin d'opérer des changements quantités et d'améliorer le niveau de vie des populations.

Malheureusement, comme le dit GANDI, ces efforts ne sont pas toujours couronnés de succès attendus. La pauvreté persiste et constitue le lot quotidien de près de soixante dix (70) % de la population camerounaise selon les données de l'Institut National des Statistiques de Yaoundé.

Par ailleurs, l'un des problèmes pour lequel la microfinance a toujours fait face est celui de l'application de la réglementation prudentielle.

Cette situation a pour conséquences, la mauvaise interprétation de la réglementation due à l'insuffisance de sa vulgarisation et du professionnalisme. Mais aussi, la déficience de l'application des normes prudentielles et la fragilité de tout le système financier sont susceptibles d'entraîner les mauvais résultats enregistrés par le secteur et d'occasionner la faillite d'EMF voire de tout le secteur mettant ainsi en péril l'épargne des déposants

Les questions de réglementation et de supervision ont pris au cours des dernières années une importance croissante en microfinance. Dans tous les pays concernés par la microfinance, cette question est presque systématiquement abordée, mais souvent motivée par des objectifs différents voire contradictoires :

· les ONG espèrent améliorer, par un agrément légal, leurs activités et leur accès à des fonds externes (crédits commerciaux, autorisation à collecter les fonds) ;

· les EMF, pensent parfois que le fait d'être réglementés favorisera les affaires et améliorera leurs activités ;

· les bailleurs de fonds espèrent que la réglementation va accélérer l'émergence d'institutions viables;

· les gouvernements veulent à travers un cadre légal, limiter le niveau des taux d'intérêt appliqués par les EMF en vue de protéger les petits emprunteurs et sécuriser les dépôts.

Il apparaît clairement aujourd'hui qu'une course à la réglementation se soit engagée dans le secteur de la microfinance.

C'est pour cette raison que nous avons entrepris nos recherches sur la problématique du règlement n°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC Relatif aux Conditions d'Exercice et de Contrôle de l'Activité de Microfinance dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, ainsi que les stratégies réelles à mettre en oeuvre pour rendre le secteur efficace et lui permettre d'accomplir ses objectifs prudentiels qui sont :

- La protection du système financier du pays par la prévention des faillites 

- La protection des petits déposants qui ne sont pas en position de surveiller eux mêmes la

solvabilité des institutions financières.

Pour ce faire, le thème de « Problématique de la mise en oeuvre du règlement CEMAC/COBAC dans le paysage de la microfinance au Cameroun », est alors retenu pour servir de prétexte à ces recherches dont les résultats et les approches de solutions ont fait l'essentiel du présent mémoire structuré autour de quatre (4) chapitres selon un plan qui correspond à ses objectifs pratiques.

Le premier chapitre est la microfinance, pauvreté et réglementation financière, le deuxième, la problématique et la méthodologie de l'étude, le troisième chapitre, la présentation et analyse des résultats de l'étude, et enfin nous terminons par le quatrième chapitre qui est intitulé vérification des hypothèses et recommandations.

CHAPITRE I

MICROFINANCE ET REGLEMENTATION FINANCIERE

1-1. CLARIFICATION DES CONCEPTS

1-1-1. MICROFINANCE

D'origine anglo-saxonne, le terme microfinance désigne tous les systèmes de financement de proximité Elle peut se définir comme une offre de services financiers (micro crédit, micro assurance, épargne, caution, aval, etc.) aux populations exclues du système bancaire classique (1er Sommet National de la Microfinance au Bénin, 2003). Elle se caractérise par la proximité des acteurs en présence, par le faible niveau des montants en cause et la durée assez courte des transactions généralement limitée dans l'année.

Les structures qui offrent ces services sont communément appelées institutions de microfinance (IMF), systèmes financiers décentralisés (SFD) ou banques des pauvres. Elles sont au départ inspirées du système informel et encouragent souvent les bénéficiaires à former des groupes solidaires, le groupe étant la garantie de remboursement de chacun de ses membres.

Les EMF sont souvent créées sous forme de coopératives, d'associations, d'ONG à but non lucratif, d'initiatives gouvernementales de microfinance ou encore de sociétés commerciales.

1-1-2. PAUVRETE

La pauvreté est un état de privation d'un niveau de bien être jugé adéquat pour mener une vie décente dans une société (PNUD, 2003). Elle traduit non seulement une situation de faiblesse de revenu, mais aussi la malnutrition, l'analphabétisme, la courte espérance de vie et le manque de confiance en soi (FIDA, 2002). Aussi, elle se caractérise par une vulnérabilité et une forte exposition aux risques et l'absence de pouvoir. D'une part, la vulnérabilité et l'exposition aux risques peuvent transformer une situation de pauvreté conjoncturelle à un état plus constant. D'autre part, l'absence de pouvoir : `'fait que le pauvre n'a aucune prise sur les décisions qui concernent son propre avenir, génère un niveau de dépendance psychologique néfaste et conduit au désespoir. L'exclusion et le mauvais traitement qu'ils reçoivent des institutions privées et publiques sont des facteurs qui limitent la capacité du corps social à réduire la pauvreté'' (CLED, 2003 : 113). La pauvreté est donc un phénomène multidimensionnel et complexe qui dans la majorité des cas affecte des petits exploitants, des travailleurs agricoles sans terre et autres groupes ruraux vivants souvent dans des zones isolées, de peu de ressources. Parmi les éléments qui président à la persistance de cette situation figurent le manque d'accès à des ressources productives, technologiques, les services financiers et des marchés équitables. Lutter contre la pauvreté revient à s'attaquer à ces facteurs qui maintiennent les pauvres dans cet état d'exclusion tout en facilitant leur autonomisation pour qu'ils puissent devenir les acteurs de leur propre développement.

1-1-3. LA REGLEMENTATION

La réglementation est définie comme étant l'ensemble des règles ayant force obligatoire et régissant le comportement des personnes morales et physiques. Elles sont adoptées par le corps législatif (lois) ou ordonnées par l'exécutif ?règlements, ordonnances, décrets? (C.ROBERT, 2000).

« Le rôle de la réglementation dans le secteur financier est entrain d'évoluer. De la seule fonction de préservation de la stabilité et de correction des défaillances du marché, il passe à la promotion active du développement des marchés financiers et, plus particulièrement, de l'intégration des consommateurs disposant d'un accès insuffisant ou nul aux services financiers. Il s'agit d'exercer des influences nouvelles et encore méconnues sur le marché financier, ce qui renforce le rôle des décideurs politiques » (G. ENESIS, 2004).

Un ancien gouverneur de la Banque Centrale bolivienne souligne : « les responsables doivent aborder les systèmes de réglementation et de supervision pour la microfinance avec un esprit neuf, car ils ne pourront pas se contenter d'adapter quelques règlements appliqués au secteur financier traditionnel » (T. LOUBIERE, 2004 : 30).

1-1-4. SUPERVISION

La supervision peut être définie comme étant la surveillance externe visant à déterminer le respect de la réglementation et à la faire appliquer. Dans un but de simplification, le terme « supervision » fait ici uniquement référence à la supervision prudentielle. Il convient de noter que la supervision en zone CEMAC est assurée par le département de la microfinance de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (C. ROBERT, 2000).

1-1-5. REGLEMENT

Le règlement peut se définir comme un sous-ensemble de la réglementation adopté par un organe exécutif, tel qu'un ministère ou une banque centrale (C. ROBERT, 2000).

1-1-6. AGREMENT

L'agrément est l'autorisation officielle, délivrée par l'Etat, de se livrer à la prestation

de services financiers et qui soumet l'établissement détenteur de l'agrément à la réglementation et à la supervision prudentielle (C. ROBERT, 2000).

1-1-7. AUTO-SUPERVISION/REGLEMENTATION

L'auto-supervision/réglementation est la réglementation ou supervision effectuée par un organe placé de fait sous la supervision des entités faisant l'objet de la réglementation ou de la supervision. « Auto-réglementation » désigne toute réglementation et/ou supervision effectuée par un organisme effectivement placé sous la supervision des institutions faisant l'objet de la réglementation et non sous la supervision de l'instance publique de supervision (C. ROBERT, 2000).

1-1-8. RECONNAISSANCE

La reconnaissance est la permission officielle, délivrée par l'Etat, de se livrer à une activité de micro crédit non assortie de dépôts de fonds et qui ne soumet pas l'établissement détenteur de l'autorisation à la réglementation et à la supervision prudentielles (C. ROBERT, 2000). Mais la reconnaissance n'existe pas en zone CEMAC.

1-1-9. INSTITUTION DE MICROFINANCE (IMF)

L'institution de microfinance est une organisation formelle dont la microfinance représente l'activité principale (C. ROBERT, 2000).

1-1-10. INTERMEDIATION FINANCIERE

L'intermédiation financière est le processus consistant à mobiliser des fonds remboursables (tels que les fonds reçus sous forme de dépôts ou autres emprunts) et à les utiliser pour accorder des prêts (C. ROBERT, 2000).

1-2. REGLEMENTATION ET INTERMEDIATION FINANCIERE

AU CAMEROUN

1-2-1. PROMOTION DE L'INTERMEDIATION FINANCIERE

L'assainissement du secteur des établissements de Microfinance (EMF) s'est appuyé sur les dispositions du règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC du 13 avril 2002 relatif

aux conditions d'exercice et de contrôle de l'activité de la microfinance dans la CEMAC. Ainsi, celles des EMF existant avant l'entrée en vigueur de ce règlement disposaient d'un délai de 3 ans expirant le 14 avril 2005 pour se mettre en conformité. Depuis lors, le secteur de la microfinance a été entièrement assaini. Environ 250 EMF ont été suspendues ou dissoutes. Au 31 décembre 2005, le Cameroun comptait 364 EMF agréés. Les dossiers de 182 EMF étaient en cours d'instruction, 157 étaient à la COBAC et 25 au niveau du MINEFI pour signature. Dans la même période, un projet de mise en place des EMF dans les provinces septentrionales était en cours de finalisation avec l'appui de la Banque islamique de développement.

Par ailleurs, les autorités ont procédé à un recensement des EMF en mai 2005. Il en ressort des statistiques de la sous-direction de la microfinance du MINFI, que les EMF comptent un peu plus de 260.000 adhérents et plus de 1.000 employés. Les EMF disposent de plus de 43 milliards de francs CFA de dépôts. 72% de dépôts, soit 31 milliards sont octroyés en crédits dont 35% sont destinés au secteur agricole, 34% au petit commerce, 20% à l'artisanat, PME et PMI, 11% aux salariés et autres activités diverses.

Dans le cadre de la promotion des relations entre les EMF et les banques commerciales, le Comité National de la Microfinance (CNMF) a reçu mandat, en janvier 2004 de proposer les orientations nécessaires à cet effet. Depuis lors, les actions ci-après ont été réalisées :

- la constitution d'une association professionnelle des EMF (ANEMCAM) ;

- le parrainage de 5 conventions entre EMF et Banques ;

- diverses conventions conclues sous seing privé, en particulier dans le cadre des

opérations de transfert de fonds et des instruments de paiement hors place avec des organismes internationaux tels que Western Union, Money Gram, etc.,

- l'appui à l'extension du réseau M affilié à Afriland First bank par le biais d'un

projet à financer sur fonds PPTE et FIDA (PPMF) dont le démarrage a été prévu en 2006 ;

- plusieurs EMF ont conclu des contrats d'assistance technique et financière avec

Planet Finance. Aujourd'hui, cinq cent vingt trois (523) établissements de microfinance répondent aux normes d'agrément exigées par la COBAC, c'est-à-dire qu'ils sont soient agrées, soient en cours d'agrément. Ces EMF ont distribué un volume de crédits de plus de 31 milliards de FCFA. On note également la poursuite du recouvrement des crédits FIMAC de première génération et leur transfert aux EMF.

En ce qui concerne la promotion du développement des structures et mécanismes de financement adaptés au secteur rural, il a été proposé la création d'une banque agricole et les premières estimations des besoins de financement se chiffrent pour le court terme à 20 milliards de FCFA par an et à 25 milliards pour le moyen terme. Cette banque devrait être à capital majoritairement privé et intégrer un opérateur de référence. Le Conseil National du Crédit devrait siéger à la mi janvier 2006 en session extraordinaire, pour proposer des modalités de création de cette institution. Par ailleurs, la promotion de l'ouverture de guichets spécialisés dans les banques commerciales se poursuit de même que le renforcement de l'intermédiation financière en milieu rural.

Dans le cadre de la promotion des systèmes financiers décentralisés, le Programme d'Appui au Développement Communautaire (PADC) a appuyé la mise en place de 34 cautions tournantes de 1 million de FCFA chacune dans les EMFs, pour le compte des Comités de Développement Villageois (CDV), entre 2004 et 2005. La condition d'accès à cette caution est la mobilisation préalable d'une épargne par les CDV bénéficiaires. Il convient également de signaler la poursuite de la mise en oeuvre de la convention MINADER/MIFED en vue de l'extension du réseau des caisses villageoises autogérées. Un appui ponctuel de 109 millions a été accordé aux 7 réseaux existants. Ces réseaux totalisent 142 caisses pour 44 184 adhérents. 35 nouvelles caisses sont en cours de création et une ligne de crédit a été financée à hauteur de 125 millions de FCFA.

Environ 65 opérateurs ont bénéficié de crédits d'un montant total de 58 077 000 FCFA dans le cadre du Projet de Développement de l'Elevage et de la Pêche du Sud-Ouest, 95 micros crédits d'un montant maximum de 300 000 FCFA ont été octroyés aux petits éleveurs et pisciculteurs dans le cadre du projet « Appui à la composante diversification du Programme Spécial de Sécurité Alimentaire (PSSA) ». Des crédits en nature ont également été fournis. Par ailleurs, le Fonds National d'Emploi (FNE) a débloqué dans le cadre du Programme d'Appui au Développement Rural (PADER) 139 millions de FCFA au bénéfice de 200 groupements, soit près de 2.500 femmes et jeunes dans les départements du Nkam, du Wouri et du Moungo.

Au niveau du Projet de Réduction de la Pauvreté en Faveur de la Femme dans la Province de l'Extrême Nord, la composante « crédits pour les micros réalisations » a été transformée en Fonds Provincial de Financement, espèce d'établissement de micro finance de troisième catégorie devant ravitailler à faible taux d'intérêt les EMF locaux.

1-2-2. L'INTERMEDIATION MICROFINANCIERE

L'intermédiation microfinancière s'effectue suivant deux modes combinés, imposés par la nature de sa clientèle et le besoin de pérenniser son action. Il s'agit de l'intermédiation sociale et de l'intermédiation financière proprement dite que nous allons examiner tour à tour.

1-2-2-1. L'intermédiation sociale par les EMF.

Selon la Banque Mondiale (2001), la microfinance est `'autant offre d'argent que livraison des services intégrés d'aide, d'information, d'éducation, de conseils et de formation''. Telles sont définis les principes généraux de l'intermédiation sociale qui est parfois une condition préalable à l'exercice de l'intermédiation financière classique comme le montrera l'examen détaillé de ses fondements et les axes empruntés.

a) Les fondements de l'intermédiation sociale.

Les crédits des EMF sont souvent précédés ou suivis d'un appui destiné à créer ou à renforcer une opportunité d'affaires, à accroître le revenu des usagers qui se transformeront plus tard en dépôts dans les caisses de l'EMF, à favoriser le remboursement régulier des crédits accordés. Cette mission de la microfinance est d'autant plus cruciale que son activité cible `'un public de manque'' ne possédant ni revenu, ni épargne, ni crédit, ni emploi permanent, ni opportunités d'affaires (Banque Mondiale, 2001). De nombreux EMF se sont créés autour de cette philosophie qui s'inspire de celle des groupes de tontine. Mais, contrairement aux groupes de tontine où la solidarité est l'aiguillon essentiel, l'intermédiation sociale par les EMF camerounais trouve son véritable fondement dans l'obligation pour ces structures de renforcer les capacités de leur clientèle pour en faire des opérateurs économiques `'bancable''. Par ce procédé, la microfinance `'fabrique'' sa clientèle ou la renforce quand elle existe déjà, contrairement à la banque qui ne participe pas à la création des affaires et sélectionne sa clientèle uniquement dans le haut de gamme.

b) Les différents axes de l'intermédiation sociale.

L'intermédiation sociale peut épouser des formes variées suivant les objectifs visés : il peut s'agir d'aider l'usager à créer un capital productif pour le faire passer du stade d'opérateur économique occasionnel à celui de permanent. C'est le cas de l'épargne quotidienne avec collecte des fonds chez le client par les agents de l'EMF. Le client acquiert ainsi le réflexe d'épargne et se retrouve au bout de quelque temps propriétaire d'un capital. L'intérêt accordé ne réussit cependant pas à constituer une motivation suffisante à la discipline des clients et les cas de défection ne sont pas rares. C'est ce qui justifie le succès des plans Epargne/Crédit pratiqué par de nombreux EMF. Il s'agit d'un système de cotisation à très faible taux pendant une durée contractuelle généralement courte (3 à 6 mois) au bout de laquelle un crédit correspondant à 2 ou 3 fois le montant cotisé est mis à la disposition du cotisant pour lui permettre de créer ou renforcer son fonds de commerce. Ce produit s'adresse généralement aux micro entrepreneurs qui n'ont aucun autre moyen d'accéder au système financier officiel. Les crédits qui leur sont accordés en récompense d'un effort préalable d'épargne leur permettent de relever progressivement leur niveau d'activité et d'ouvrir à terme un compte `'normal''. C'est ce qui lui vaut l'appellation de `'crédit promotion sociale'' dans certains établissements.

Un autre objectif peut être d'aider l'usager à améliorer le rendement de son activité en lui fournissant l'assistance technique nécessaire. C'est généralement le cas dans le financement des projets agricoles où le crédit est accompagné de l'encadrement technique du bénéficiaire par l'EMF lui-même ou par un organisme plus outillé, partenaire de l'EMF. Le but visé est d'accroître la productivité afin que le bénéficiaire du prêt puisse générer un revenu suffisant pour la couverture des remboursements du crédit et de ses autres dépenses.

Il peut également être question pour l'EMF de trouver les débouchés commerciaux et suivre l'encaissement des ventes des produits de l'usager. Ce service est généralement le pendant du précédent. L'EMF cherche par cette voie à assurer un rapide retour de son financement.

Il peut enfin s'agir d'appuyer la constitution des groupes de solidarité. L'EMF appuie l'organisation de ses usagers en groupes de 5 à 10 membres autour d'un programme commun d'activité économique. Cette aide part des actions de formation sur la notion de groupe jusqu'à l'assistance administrative de constitution tels la rédaction et l'enregistrement des statuts ou l'animation de la vie du groupe. Ces groupes deviendront autant des groupes de garantie mutuelle facilitant l'octroi des prêts groupés ou prêts en bloc (Germidis, 1991).

Il est difficile de quantifier l'impact de l'intermédiation sociale par les EMF camerounais mais d'emblée, on peut relever qu'elle constitue un important vecteur de cohésion sociale en renforçant les pratiques communautaires chez ses usagers. Nous devons également relever son importance en tant qu'instrument d'encadrement et de promotion socio-économique des populations. Guérin et Roesch (2005) confirment l'indispensable nécessité de l'intermédiation sociale en faveur des pauvres : `'L'accompagnement, la formation, l'aide à la commercialisation et à l'information sont autant d'éléments tout autant, sinon plus importants que le crédit''. Nous sommes toutefois obligés de reconnaître que cette forme est surtout pratiquée par les ONG, les volets financiers des projets de développement et quelques EMF à vocation communautaire. Les Coopec d'affaires des nationaux et les EMF qui sont des Sociétés Anonyme (SA) manquent de moyens humains et financiers pour s'y investir et force est de reconnaître que nombre d'entre eux sont des initiatives à visée capitaliste, se préoccupant davantage des intérêts des promoteurs au détriment de toute considération sociale.

1-2-2-2. L'intermédiation financière par les EMF.

L'intermédiation financière par les EMF diffère de celle effectuée par les banques commerciales. Il s'agit d'une part de collecter et de sécuriser l'épargne des agents économiques à capacité de financement et d'autre part, d'accorder des financements aux agents à besoin de financement. Nous nous intéresserons ici davantage au profil des bénéficiaires et à la mesure des performances comparées à celles de l'intermédiation bancaire.

a) La clientèle des EMF

La clientèle des EMF se recrute dans toutes les couches sociales, le principe du secteur étant de s'ouvrir sans aucune discrimination à toutes les sollicitations. Il n'est pas rare d'y rencontrer des opérateurs économiques de premier ordre, clients des banques commerciales, qui utilisent les EMF pour relayer leurs opérations vers les zones non bancarisées. D'autres opérateurs obéissent à des motivations essentiellement affectives. Il s'agit par exemple de soutenir l'initiative d'un villageois promoteur d'un EMF ou alors de mettre à la disposition de sa communauté d'origine un fonds de prêt rotatif à travers un EMF qui en assure la gestion. Des opérateurs économiques moyens, déjà clients des banques commerciales viennent auprès des EMF rechercher des financements complémentaires à ceux reçus auprès des banques (Assiga Ateba, 2002). Mais en règle générale, la clientèle des EMF est constituée de tous ceux qui ne peuvent accéder aux banques pour des raisons de taille (TPE), de forme organisationnelle (entreprises du secteur informel) et de type d'activité (agriculture, artisanat, petit négoce). Quand bien même quelques-uns réussissent à ouvrir un compte en banque, ils y obtiennent difficilement de crédits (PME, agriculture, artisanat). Le secteur des EMF se présente ainsi comme le refuge de tous les exclus du système bancaire et comme un puissant moteur d'intégration sociale. Sur le plan numérique, il tient la comparaison avec le secteur bancaire en matière de clientèle avec 230 000 clients recensés au 30 décembre 2003, ainsi que l'atteste le rapport de la Banque de France de 2003 sur la Zone Franc contre environ 280 000

pour l'ensemble des banques (extrapolation à partir du recensement de la COBAC (2000) qui

en dénombrait 250 000).

b) L'activité d'épargne- crédit par les EMF

La majorité des structures que nous avons visitées ont pour activités principales la collecte de l'épargne et l'octroi du crédit, c'est-à-dire l'intermédiation financière traditionnelle qui occupe le premier rang avec un total de 60 points sur 100 sur le volume global des activités. Les services accessoires à l'épargne-crédit comme les transferts ou le change sont marginaux, faisant à peine 10% du volume global d'activité. Les 30% restant représentent les services de crédit sans collecte de l'épargne, les autres prestations financières (assurances, domiciliations diverses...) et les prestations non financières. Dans les établissements opérant l'intermédiation financière complète, les performances de l'activité `'collecte de l'épargne'' déterminent celles d' `'octroi des crédits'' car, contrairement aux banques commerciales, les EMF ne font pas de la création monétaire. Les crédits sont accordés à partir des ressources effectivement disponibles en caisse. Le non accès aux sources de financement autres que les dépôts clientèle (marché monétaire, réescompte, marchés financiers, correspondants étrangers) explique cette contrainte et partant, la faiblesse de l'activité `'épargne -crédit'' considérée sur le seul plan quantitatif. Sur le plan qualitatif toutefois, on peut mesurer l'effort de la microfinance à travers le taux de transformation calculé ici par le ratio :

Crédits accordés

Fonds propres + dépôts reçus

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery