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Les causes du développement des communautés de prière en milieu pentecôtiste. Cas de la région de Ouagadougou

( Télécharger le fichier original )
par Charles Joseph GUIBLA
Institut biblique supérieur des assenblées de dieu du Burkina Faso - Licence en théologie 2009
  

Disponible en mode multipage

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LES CAUSES DU DEVELOPPEMENT DES COMMUNAUTES DE PRIERE EN MILIEU

PENTECOTISTE. CAS DE LA REGION DE OUAGADOUGOU

Par :
Charles Joseph GUIBLA

Un Mémoire
Présenté au corps enseignant de
l'Institut Biblique Supérieur Des Assemblées de Dieu
En Accomplissement Partiel Des Exigences
De la Licence en Théologie
Sous la Direction du
Pasteur Moïse SAWADOGO

Institut Biblique Supérieur des Assemblées de Dieu (IBS / AD)
Ouagadougou - Burkina Faso
Juin 2009

INSTITUT BIBLIQUE SUPERIEUR DES ASSEMBLEES DE DIEU
OUAGADOUGOU - BURKINA FASO

Sur recommandation du Directeur de l'IBS/AD et du Directeur de Mémoire, le
projet de mémoire est accepté comme satisfaction partielle des exigences
requises pour la Licence en Théologie

Directeur de l'IBS / AD

Maître de Mémoire

Date

DEDICACE
Je dédie ce mémoire :

A Mes Très Chères mamans Rabinda et Anne et à Yaaba pour leur persévérance
dans la prière,

A Ma Bien-Aimée Ariane, pour une vie de prière plus fervente,

A Rose, Emmanuel, Paul, Marc, Lydie, Nathanaël et Lydia, je vous en supplie dans
le Seigneur, restez toujours attachés à Celui qui est le Rocher des âges,

A Bertrand, Evelyne et Steve, pour leur amour pour le Seigneur,
Et
A tous ceux qui aiment prier.

REMERCIEMENTS

Gloire soit rendue à Dieu pour cette oeuvre qu'Il a inspirée du début jusqu'à la fin et pour ma formation biblique dans cet Institut.

Je tiens à remercier les églises suivantes et leurs responsables qui m'ont soutenu pendant ma formation biblique : Les Pasteurs Jean-Baptiste Sawadogo, Samuel Kaboré et Paul Bonkoungou et les Eglises des Assemblées de Dieu de Cissin I, Gueswendé et Bread of Life de Kumasi et leurs fidèles.

Ma reconnaissance va aussi à ceux qui ont répondu à mes questions et qui m'ont apporté leur appui technique et des suggestions dans ce travail : le Docteur Etienne Zongo, les pasteurs Moïse Sawadogo, William Luj, Modeste Kouraogo, Mlle Béatrice Druart, mes camarades de classe.

Ma gratitude à ceux qui m'ont apporté leur aide spirituelle, matérielle et financière pendant mes études : les familles Sauret, So et Guinko, Sarambé, Mme Boly Asséta, le Département Enfant et la Jeunesse des Assemblées de Dieu de Cissin I.

Je ne saurais oublier tous ceux qui m'ont soutenu dans l'anonymat.

Que le Seigneur vous bénisse abondamment !

TABLE DES MATIERES
DEDICACE iiiREMERCIEMENTS iv

CHAPITRE I iINTRODUCTION 1

Raisons du Choix du Sujet 1

Problématique 2

Délimitation du Sujet 4

Objectif de l'Etude 4

Méthodologie 5

Hypothèse 5

Définitions 6

Prière 6

Prieur 6

Aperçu de la Thèse 7

CHAPITRE II 8

DEVELOPPEMENT 8

Les Racines du Phénomène 8

Le Montanisme 8

Les Mouvements Pentecôtistes 9

Les Spécificités du Pentecôtisme Africain 11

Un Pentecôtisme Délocalisé 11

Un Pentecôtisme Remède 12

Les Dérapages du Pentecôtisme Africain 13

Le Recours Systématique à la Délivrance 13

La Reprise de la Théologie de la Prospérité et de la Guérison 13

La Théologie Africaine et les Religions Traditionnelles Africaines (RTA) 15

Les Tendances Pentecôtistes au Burkina Faso 17

Les Causes Religieuses et Spirituelles 19

Les Eglises en Question 19

L'Affirmation de l'Ego Spirituel 22

Les Chrétiens en Question 24

L'Attrait du Phénomène Miraculeux 26

Les Causes Sociales et Economiques 28

La Résurgence de la Société Animiste 28

La Prière, une Entreprise 31

Examen Biblique du Phénomène 33

Le Chrétien et la Prière 33

Une Vision Déformée de la Prière 33

La Prière à la Lumière de la Parole de Dieu 35

Le Sacerdoce Universel des Croyants 38

Le Ministère Prophétique Aujourd'hui 39

Examen Biblique du Ministère de la Délivrassnce 41

Vous Avez Reçu Gratuitement, Donnez Gratuitement 46

Esquisse de Solutions au Problème 47

Le Discernement des Esprits 47

Au-delà des Dons de l'Esprit 49

La Reconnaissance des Ministères et des Dons par l'Eglise 50

Cultiver une Relation Personnelle Avec Dieu 52

CHAPITRE III 54

CONCLUSION 54

BIBLIOGRAPHIE 58

ANNEXES 61

CHAPITRE I

INTRODUCTION

La Parole de Dieu affirme l'importance de la prière : « Faites en tout temps par l'Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. » (Ep 6. 18) Cette activité spirituelle a une importance particulière aux yeux de Dieu, et en lisant les Saintes Ecritures, il y a des prières qui venant de toutes sortes de personnes (serviteurs, rois, prophètes, disciples, chrétiens, le Fils de Dieu...) se sont élevées vers le Père. Dans l'histoire de la chrétienté, la prière va prendre plusieurs formes ou manifestations.

Raisons du Choix du Sujet

Phénomène religieux, la prière peut sans doute être qualifiée de mouvement social. Elle est loin d'être un fait isolé et individuel. On peut l'inscrire dans le cadre du mouvement collectif de masse ou de mobilisation sociale. Il s'agit d'un fait à la fois religieux et social.

L'une des plus grandes manifestations du pentecôtisme africain est la prière. Le chrétien africain a-t-on l'habitude de dire, prie et prie fort. Plusieurs auteurs sont revenus sur la question. On pourrait citer entre autres : Pierre Joseph Laurent, Ludovic Lado, Bernard Urlacher, Sandra Francello ou Albert de Surrgy. Le Burkina Faso n'est pas en marge de cette tendance, loin s'en faut. Plusieurs indicateurs montrent qu'il est au devant de la scène en la matière.

En effet, le milieu pentecôtiste burkinabé est de plus en plus confronté à un mouvement dont l'ampleur n'est jamais égalée : le développement des communautés de prière. Ce phénomène se manifeste sous plusieurs facettes. On a l'image du prophète prieur qui se retrouve sous son hangar. On a aussi, celle des communautés de prière qui se transforment parfois en des véritables «camps de prière». Quelque que soit son modèle de manifestation, le phénomène est d'actualité : organisation de rallye de prière, de semaine de prière, de jeûne d'Esther...De ce fait, nous pouvons dire que le prophétisme au Burkina Faso nous offre un véritable laboratoire d'observation d'un fait dont les contours, les motivations, sinon les véritables mobiles restent à définir, à explorer, à étudier. Alors, qu'est ce qui ne va pas dans ce phénomène et qui suscite en moi des interrogations ?

Problématique

D'abord, le constat que je fais est qu'il existe dans la Région de Ouagadougou de nombreux prieurs et communautés de prière. Dit autrement, le phénomène n'est pas à son début. Il prend de plus en plus d'ampleur avec diverses formes d'expression. Les prieurs ne se contentent plus d'exercer leur activité au sein des communautés

religieuses ou des églises. On les retrouve parfois dans les quartiers, dans des maisons, dans des domiciles privés, et parfois même dans des logements collectifs. Soulignons cependant que les communautés du Nouveau Testament se réunissaient dans les maisons et il existe aujourd'hui des cellules de maisons. Mais ces communautés de prière ont des caractéristiques particulières : elles drainent parfois des foules, les consultations sont individualisées et certaines séances de prière sont exubérantes.

L'exercice de l'activité est fait de façon libérale. L'église a peu ou pas d'emprise sur les prieurs. Certains prieurs exercent leur activité en faisant fi des églises.

Le droit de regard ou de contrôle de l'église sur ces derniers est limité. Certains prieurs se sont rebellés contre leur église d'origine parce que cette dernière voulait les contrôler ou les discipliner. D'autres demeurent cependant toujours sous la coupe de l'église. Quoiqu'il en soit, il existe un conflit qui est sous jacent à l'éclosion de cette activité : le vrai faux conflit entre les pasteurs et les prieurs. Dit autrement, n'y a-t-il pas lieu de se poser la question du leadership, de l'autorité, et même de reconnaissance de ministère entre pasteurs et prieurs ? Les prieurs considèrent leur activité comme un ministère (don) qu'ils ont reçu de Dieu, et veulent l'exercer sans aucune restriction ecclésiastique. Mais ce manque d'encadrement ecclésiastique, estil vraiment en faveur de ceux qui exercent cette activité ?

Un autre problème que cette question soulève est celui du vrai ou du faux prophète. Le phénomène ne se limite pas à la prière seulement. Il est aussi et surtout question de prophéties, de miracles ou de guérisons. Dans un tel contexte, les frontières entre le vrai et le faux se côtoient allègrement. C'est ainsi que dans le milieu chrétien, il n'est pas rare d'entendre des témoignages de certains chrétiens qui discréditent des meneurs de cette activité. Ces témoignages font parfois état d'escroquerie, de fausses prophéties, d'exigences financières. En effet, comme nous venons de le souligner, beaucoup de ces prieurs s'érigent en prédicateurs de l'avenir. Malheureusement ou heureusement, nombreuses de leurs prophéties sont restées lettres mortes. On peut alors se poser la question de l'authenticité du ministère prophétique de certains «prieurs-prophètes».

Ces dérapages sont bien loin de porter un frein quelconque au phénomène. Les chrétiens ont recours aux prieurs. Déçus par les églises locales, des chrétiens préfèrent se référer aux prieurs que de se confier à leur pasteur.

Le comble est que très peu d'églises locales s'investissent pour encadrer cette activité ou pour répondre aux attentes des chrétiens. Mais on reçoit aussi des témoignages de guérisons miraculeuses, de conversions, de renouveau spirituel dans la vie de certains chrétiens. Bref, dans ces communautés de prière, Dieu est à l'oeuvre malgré les faiblesses inhérentes à la nature humaine. De ce fait, je me pose cette question: Quelles sont les causes du développement des communautés de prières en milieu pentecôtiste dans la Région de Ouagadougou ?

Délimitation du Sujet

Cette recherche connaît deux délimitations. Une délimitation géographique : la Région de Ouagadougou. Le concept de «Région de Ouagadougou» renvoie aux églises qui se trouvent dans la ville de Ouagadougou. Il est emprunté au découpage géographique de l'Eglise des Assemblées de Dieu du Burkina Faso qui est divisée en 26 régions dont la Région de Ouagadougou. La seconde délimitation est que l'étude concerne le milieu pentecôtiste. Nous entendons par ce terme les églises nées des dénominations pentecôtistes, les chrétiens qui fréquentent ces églises et les

responsables spirituels qui dirigent ces églises. Soulignons que la grande majorité des églises pentecôtistes sont les églises des Assemblées de Dieu et les dénominations issues des Assemblées de Dieu.

Objectif de l'Etude

Cette étude a pour objet de faire ressortir les motivations spirituelles, religieuses, sociales et économiques qui sont à l'origine du développement des communautés de prière. Pour ce faire, je propose de les identifier au niveau des églises (les responsables ecclésiastiques sont les premiers responsables de la vie spirituelle des églises locales), des chrétiens qui vont vers les prieurs, et les prieurs eux-mêmes qui sont les exerçants de cette activité.

Je garderais tout au long de mon analyse une perspective biblique. Par cette étude, je pourrais apporter un modeste éclairage sur les raisons majeures du développement des communautés de prière et proposer des solutions à ce problème en me référant en particulier à un cas d'école.

Méthodologie

Pour mener à bien cette étude, j'ai adopté la démarche suivante. D'abord, j'ai effectué une recherche documentaire en bibliothèque et à l'Internet sur ledit sujet, suivie d'entretiens avec des responsables spirituels qui m'ont aidé à mieux cerner le sujet. Ensuite, j'ai adressé un questionnaire et un guide d'entretien respectivement aux chrétiens et aux prieurs. Enfin, j'ai pu observer sur le terrain le déroulement de certaines séances de prière. C'est la somme de la collecte de ces différentes données qui constitue l'économie du présent mémoire.

Hypothèse

La thèse défendue dans ce travail est que le développement des communautés de prière en milieu pentecôtiste est dû à des raisons religieuses et spirituelles, sociales et économiques que je situe à trois niveaux.

L'offre de prière : des prieurs se réclament aujourd'hui de certains dons particuliers, particulièrement en ce qui concerne la prière, la prophétie et la délivrance. Certains les appellent des prophètes prieurs. Cela peut être authentique chez certains, mais ne signifie pas qu'il n'a pas de loups dans la bergerie. Tous n'ont pas forcement les dons dont ils se réclament.

La demande de prière : La responsabilité des chrétiens est aussi engagée dans le développement de ce phénomène. Il prend d'ampleur parce que beaucoup de chrétiens ne sont pas enseignés sur les fondamentaux de la foi chrétienne.

Ce qui fait que certains vivent une vie chrétienne superficielle, et ne sont que « des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine » (Ep 4. 14).

L'absence de prière dans les églises : Nous pensons que ça ne va pas parce que les églises locales ont démissionné en matière de prière. Dans l'Eglise primitive, la prière et l'enseignement ont été menés de front (Ac 6. 4). La tendance aujourd'hui chez certains responsables spirituels est à dissocier les deux activités spirituelles.

Le schéma biblique est clair. Dans la perspective néotestamentaire, il n' y a plus des personnes mises à part au sein du peuple de Dieu pour le sacerdoce. Tous y ont accès (1 P 2. 9). Toutefois, pour ce qui est des dons, Dieu est souverain (1 Co 12. 11) et les dons sont pour l'utilité commune (1 Co 12. 7). De ce fait, Dieu peut utiliser des hommes et des femmes, des laïcs dans les églises pour être des instruments de bénédiction pour le peuple de Dieu en les conférant des dons particuliers. Ces personnes qui se sont parfois constituées en communautés de prière pourraient apporter une contribution à un renouveau spirituel de l'église et au niveau des chrétiens.

Définitions

Prière

La prière est une activité spirituelle qui consiste à s'approcher de Dieu et à lui parler. C'est la communion avec Dieu comme un enfant s'approche de son père. C'est ouvrir son coeur devant Dieu. La prière, c'est l'expression personnelle de coeur entre celui qui prie et celui à qui la prière est adressée.

Prieur

Dans le cadre de ce travail, le prieur est celui qui prie pour les autres. Il reçoit des requêtes d'une tierce personne et se charge de les transmettre à Dieu. Il apporte une aide spirituelle, surtout en matière de prière à ceux qui lui soumettent des sujets.

Le prieur ne se contente pas seulement de prier. Il annonce parfois l'avenir (prophète). La plupart du temps, le prieur se réclame de plusieurs dons : don de guérison, don de prophétie, dons de miracles, don de langues...Il exerce son activité en dehors du cadre conventionnel des églises, ou avec leur accord. Il se dit parfois être détenteur de la puissance, du feu (Saint-Esprit), de l'onction ; ce qui le particularise.

Aperçu de la Thèse

A la suite de l'introduction au chapitre premier, le chapitre deuxième porte sur le développement. J'étudierai d'abord les racines du développement des communautés de prière. J'évoquerai ensuite les différentes causes : religieuses et spirituelles, sociales et économiques. J'examinerai enfin notre question à la lumière de l'Ecriture afin de proposer des solutions. Le troisième chapitre est la conclusion. Je ferai une récapitulation des idées développées et, une ouverture sur des pistes de recherche.

CHAPITRE II

DEVELOPPEMENT

Les Racines du Phénomène

Notre sujet d'étude a des racines profondes que nous pouvons situer dans le montanisme, au niveau du mouvement pentecôtiste et ses interprétations en Afrique et au Burkina Faso. Examinons-les.

Le Montanisme

Le phénomène de personnes « qui se disent inspirés n'est pas une nouveauté »1. Le développement des communautés de prieurs pourrait trouver racines dans un mouvement qui avait des manifestations analogues : le montanisme. Au cours du deuxième siècle, un certain Montanus s'était arrogé le titre de Paraclet. Les montanistes se vantaient de leurs prophéties et visions. Le Mouvement a connu une grande ampleur et a été surtout discrédité par ses excès. Certaines de leurs pratiques ne sont pas loin de celles qui ont cours aujourd'hui si on se réfère à Bénédict Pictet qui notait :

Montanus et Priscille et Maximille, les deux femmes qui l'accompagnaient,

tombaient dans des extases et paraissaient hors d'eux-mêmes. Parmi leurs rêveries, ils prédisaient qu'il ne se lèverait plus de prophète après eux. Ils dépouillaient les êtres crédules de leur argent, de leurs objets précieux et vêtements de qualité.2

1 Bénédict Pictet, Lettre sur ceux qui se croient inspirés (Chalon-sur-Saône : Europresse, 1993),

26.

2 Ibid., 27.

En deuxième point, voyons les mouvements pentecôtistes.

Les Mouvements Pentecôtistes

Le mouvement du Saint-Esprit qui a commencé à se manifester aux débuts des années 1900 aux Etats-Unis, à Azuza Street, est analysé par plusieurs auteurs sous forme de vagues. La première vague est celle du mouvement de Pentecôte en 1910 à Azuza Street, avec le parler en langue comme signe initial du baptême dans le Saint-Esprit. Il a donné naissance à des églises pentecôtistes. La deuxième vague a eu lieu au cours des années 1960 au sein des églises protestantes libres et des églises catholiques. Ces églises ont fait l'expérience du baptême dans le Saint-Esprit. Ce mouvement est connu sous l'appellation «Mouvement charismatique» : « Le mouvement charismatique avait pour but, non de former de nouvelles églises charismatiques, mais de répandre les expériences charismatiques dans toutes les églises officielles et libres existantes. »3 La troisième vague est celle de l'évangélisation de puissance avec Peter Wagner et John Wimber. Elle a concerné les fondamentalistes et les évangéliques conservateurs. Les idées théologiques développées par les tenants de cette vague ont beaucoup influencé les africains. Examinons-en quelques unes.

Ils affirment que deux sources de révélation sont valables : la Bible et l'expérience chrétienne. Selon John Wimber par exemple :

Dieu utilise donc nos expériences pour mieux nous faire comprendre ce qu'il

nous enseigne dans la Bible. Et souvent il nous amène, par l'expérience, à rejeter par-dessus bord ou à modifier certains aspects de notre théologie ou de notre vision du monde.4

3 Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 14.

4 John Wimber et K. Springer, Die Dritte Welle (Hochheim : Projektion J., 1998), 93, cité dans Wolfgang, Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 28.

10 Il faut selon eux communier avec Jésus pour recevoir des révélations. Ils pratiquent des séances de guérison et d'exorcisme au cours de leurs réunions, et adhèrent à une évangélisation de puissance définie comme une

évangélisation qui est précédée et sous-tendue par des manifestations surnaturelles de la présence de Dieu...Cela se fait le plus souvent au travers des

paroles de connaissance...de guérisons, des prophéties ou de délivrances d'esprits mauvais. Dans l'évangélisation de puissance, la résistance à l'évangile est vaincue par la démonstration de la puissance de Dieu au travers d'événements surnaturels.5

Ils développent une certaine théologie sur le ministère de la guérison et de la délivrance. La guérison est perçue comme un ministère au même titre que l'évangélisation : « Oui, les chrétiens sont appelés à guérir les malades de la même façon qu'ils sont appelés à évangéliser »6. Et la guérison est un puissant outil d'évangélisation. Pour eux, la guérison est un facteur qui favorise l'évangélisation ; « elle est un «promoteur de l'évangile» »7.Quant à la délivrance, elle est perçue comme une lutte contre les démons, chose aussi naturelle que l'opposition entre le royaume de Dieu et celui de Satan. Wimber, tout en affirmant « son devoir de chasser les démons qui ont élu domicile chez des chrétiens et des non - chrétiens »8 définit trois nivaux de délivrance : l'auto - délivrance, la délivrance fraternelle et la délivrance pastorale.

5 John Wimber et K. Springer, Allez...évangélisez (Rouen : Ménor, 1989), 47-48, cité dans Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 31.

6 John Wimber et K. Springer, Allez...guérissez (Rouen : Ménor, 1989), 64, cité dans Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 34.

7 Ibid., 59.

8 Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 44.

La théologie développée par Paul Yonghi Cho n'a pas été sans conséquence sur le pentecôtisme africain. Elle a particulièrement insisté sur les idées suivantes :

- La pensée, la motivation et le succès avec un accent sur l'évangile de la prospérité; - la visualisation (rêves et visions) et la quatrième dimension ;

- le pouvoir créateur de la parole exprimée : « Revendiquez et parlez le langage de l'assurance car vos paroles sont appelées à créer. Dieu a parlé, et le monde entier a été créé. Votre parole est la matière dont l'Esprit se sert pour créer. »9 Ces différentes expressions du pentecôtisme bien qu'elles ne soient pas totalement bibliques ont eu des accents particuliers en Afrique.

Les Spécificités du Pentecôtisme Africain

Un Pentecôtisme DélocaliséLes manifestations du pentecôtisme vont faire l'objet d'une adaptation locale,

d'où la notion de pentecôtisme délocalisé. Selon Mayrargue, il y a « une trajectoire propre du pentecôtisme en Afrique, faite de processus de réinterprétation, d'autonomisation et d'innovation »10. Ce pentecôtisme s'intègre en qualité de

« religion ancrée dans les sociétés locales, portée par des acteurs locaux »11.

9 Paul Yonggi Cho, La quatrième dimension (Floride : VIDA, 1990), 123, cité dans Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 65.

10 Cédric Mayrague, Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique (Paris : Ifri, 2008),

5.

Pour Moïse Sawadogo, cette adaptation locale du pentecôtisme se traduit notamment comme « un mouvement qui refaçonne le religieux »12 et se caractérisant par le principe de l'expérimentalisme défini comme « un effort commun pour restaurer l'expérience comme dimension clef de la foi »13. En effet, « ce qui intéresse les gens, c'est souvent la pratique et non la doctrine. Ici on prie bien, les pasteurs prêchent bien (...). La parole du pasteur a plus d'emprise sur les fidèles que celle de la

Bible »14. C'est donc un pentecôtisme qui présente un visage syncrétique, et qui tente de remédier aux problèmes des chrétiens.

Un Pentecôtisme Remède

La société africaine dans laquelle le pentecôtisme s'intègre est une société désintégrée socialement et économiquement. Cette dégénérescence a pour conséquence une perte de repère sur tous les plans. Beaucoup sont à la recherche de leur identité : sociale et culturelle, économique, religieuse...Le discours pentecôtiste fait parfois miroiter des lendemains qui chantent. On se souvient que les politiciens post-indépendances avaient tenu le même discours. Ces derniers ayant échoué, le religieux est devenu la nouvelle attraction. Dans ce contexte, « le pentecôtisme peut apparaître comme un recours face aux problèmes »15. Dans les zones urbaines très dégradées avec la paupérisation et l'insécurité, beaucoup semblent percevoir une lueur d'espoir, sinon d'espérance auprès de ces nouveaux prophètes.

12 Moïse Sawadogo, «Les communautés de prière : Un chemin vers le réveil ou le retour au sacré» (Lomé : FATAD, mai 2006), 53.

13 Ibid.

14 Daniel Bourdanné, L'Evangile de la prospérité : Une menace pour l'Eglise africaine (Abidjan : Presses Bibliques Africaines), 1999, 34.

15 Cédric Mayrague, Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique (Paris : Ifri, 2008),

Ceux-ci font d'ailleurs office de dernier recours, comme si après avoir tout essayé, on s'en remet à Dieu. Le danger est que ce type de pentecôtisme n'est pas sans dérapages.

Les Dérapages du Pentecôtisme Africain

Le Recours Systématique à la Délivrance

Le recours systématique des prieurs à la délivrance est sans doute un moyen qui maintient beaucoup de chrétiens en Afrique dans une certaine peur, dans une certaine dépendance avec le prieur en question. La délivrance est un moyen par excellence pour pérenniser le système. En effet, le recours à la délivrance vise à établir un lien entre celui qui l'exerce et celui qui y a recours. Ce sont « des liens très forts, au point que des gens parcourent parfois pendant des années des distances considérables pour rencontrer celui auquel ils doivent leur guérison et se soumettre encore à des séances de délivrance »16. Le discours développé sur l'argent et la maladie mérite aussi notre attention.

La Reprise de la Théologie de la Prospérité et de la Guérison

L'Evangile de la prospérité et de la guérison selon Bourdanné « gravite autour de 3 éléments clés : la prospérité matérielle, la guérison divine et la confession

positive »17. Il trouve sa source dans le mouvement pentecôtiste, particulièrement dans les idées développées par Kenneth Hagin. Ce dernier est perçu comme étant à la fois le père spirituel et le prophète de ce mouvement. Il se serait servi des idées de E. W. Kenyon.

16 Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bielefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 158.

17 Daniel Bourdanné, L'Evangile de la prospérité : Une menace pour l'Eglise africaine (Abidjan : Presses Bibliques Africaines), 1999, 16.

14 Les bases théologiques sont à identifier dans les « courants spiritualistes, mystiques et philosophiques »18 en vogue à l'époque. Il s'agirait d' « une simple pentecôtisation de la Science Chrétienne de Mary Baker Eddy »19. De ce fait, cet Evangile « est assis dès son origine sur une base syncrétiste et éthiquement fragile »20.

A propos de Kenneth Hagin, soulignons qu'il a débuté comme pasteur au sein des Assemblées de Dieu à l'âge de 20 ans où il est resté jusqu'en 1949. Il a été perçu au sein « des évangélistes guérisseurs indépendants »21. Il commence un ministère prophétique en 1963 avec la diffusion à grande échelle de son journal « Word of Faith » en 1966.

C'est cette théologie frelatée qui, aux débuts des années 90 a gagné les pays francophones comme le Burkina Faso, par la porte des pays anglophones. Elle s'est répandue sur le continent à travers de brochures et de cassettes vidéo. Elle a été reprise par de nombreux prédicateurs. Plusieurs facteurs l'ont favorisée.

La théologie de la prospérité était comme une réponse à l'

aspiration des pauvres à un avenir meilleur, qui ne trouve d'autre espace pour s'exprimer que celui du religieux, sous la houlette habile de certains « entrepreneurs en culte » ... ou comme auto-justification morale des plus riches à le demeurer dans un contexte politique où les inégalités se creusent.22

Il y a certes la situation socio-économique très dégradée en Afrique. Mais aussi, l'attrait de la théologie de la prospérité est dû à un fait historique important : pendant longtemps, les Africains ont été bercés par un certain discours venant du fondamentalisme évangélique américain qui se résumait à un évangile de la pauvreté.

18 Ibid., 45.

19 Ibid.

20 Ibid.

21 Elisabeth Dorier-Apprill, Robert E Ziavoula, 2005, « La diffusion de la culture évangélique en Afrique centrale : Théologie, éthique, et réseaux », in revue Hérodote, n° 119, La Découverte, 4e trimestre 2005, p138. pp.129-156

Il en est sorti la théologie de la malédiction de l'Afrique. Dans un tel contexte, l'évangile de la prospérité apparaît comme un libérateur de la malédiction et de la pauvreté. Reconnaissons qu'un tel message ne peut qu'avoir des adeptes.

Cette théologie a été soutenue par les néo-pentecôtistes de la troisième vague et les tenants de la bénédiction de Toronto. Ainsi, la théologie développée par Yonggi Cho sur la maladie à partir de son expérience personnelle est particulièrement saisissante. Ainsi pour lui, elle est une manifestation de la malédiction de la loi. Et, il est impossible d' « être complètement libérés de la maladie tant que nous ne serons pas libérés de la malédiction de la loi »23 parce que la maladie en est la conséquence. Selon lui, pour être « naturellement libéré de la malédiction de sa maladie »24, il faut préalablement la confession, le pardon et le salut. Et si certains chrétiens malgré leur conversion demeurent dans les liens de la maladie, cela est dû au fait « qu'ils ne comprennent pas complètement cette vérité, et que le diable profite de leur

ignorance »25. Une telle théologie ne peut qu'aboutir à des déviations dangereuses. Relevons aussi quelques tendances de la théologie africaine.

La Théologie Africaine et les Religions Traditionnelles Africaines (RTA)

De nos jours, beaucoup de personnes soulignent le fait que les religions traditionnelles africaines ont leur place dans la théologie africaine. Ainsi, les religions africaines traditionnelles (RTA) ont des défenseurs même dans le milieu chrétien.

23 David Yonggi Cho, Le chrétien face à la maladie (Floride : VIDA, 1986), 20.

24 Ibid., 21.

25 Ibid.

Ils affirment que :

Dans la vision africaine du monde, Dieu est perçu comme un être distant et inaccessible. Il semble donc raisonnable que les gens s'adressent à des divinités ou à des esprits subalternes pour des questions ordinaires de la vie, et n'aillent pas importuner Dieu avec leurs problèmes. Dans certains cas, le développement

d'une théologie africaine sert simplement à justifier les pratiques des cultes traditionnels et à les présenter comme une préparation d'origine divine à l'Evangile de Christ.26

Il faut souligner, une telle « conception est totalement étrangère à la Bible »27. Ces penseurs vont malgré tout loin. Pour eux, « toutes les pratiques religieuses [africaines] faisaient partie de la révélation de Dieu à l'homme »28, et « le christianisme n'a fait qu'ajouter certains aspects à leur culte traditionnel »29. De telles thèses ne peuvent qu'encourager les pratiques syncrétiques.

La théologie libérale influence énormément la théologie africaine dans sa conception. Cette théologie « qui s'est infiltrée dans de nombreuses dénominations ecclésiastiques en Afrique a agi sur les mentalités »30 à telle enseigne que pour certains, on peut tout croire, on peut tout tolérer. Il suffit seulement d'être sincère. Ces conceptions ont été exploitées par plusieurs théologiens libéraux africains pour élaborer une certaine théologie africaine qui se veut plus adaptée, c'est-à-dire plus proche des réalités africaines. Mais malheureusement, elle a entraîné beaucoup de chrétiens à une confusion de genre. Examinons avec intérêt des manifestations du pentecôtisme au Burkina Faso.

26 Elisabeth Dorier-Apprill, Robert E Ziavoula, « La diffusion de la culture évangélique en Afrique centrale : Théologie, éthique, et réseaux », dans revue Hérodote, n° 119, La Découverte, 4e trimestre 2005, 138.

27 Ibid.

28 Karl Grebe et Wilfred Fon, Religion traditionnelle africaine et relation d'aide (Abidjan : CPE, 2000), 20.

29 Ibid.

30 Wilbur O'Donovan, Pour un christianisme biblique en Afrique (Abidjan : CPE, 1998), 394.

Les Tendances Pentecôtistes au Burkina Faso

Ces tendances générales du pentecôtisme africain sont confirmées par plusieurs études faites au Burkina Faso. Les aspects de pentecôtisme remède sont clairement mis en évidence comme le relève Pierre-Joseph Laurent :

les Eglises protestantes s'affirment aujourd'hui comme un lieu de grande socialité et se montrent capables, à travers les manifestations miraculeuses de l'Esprit relayées par des croyants guérisseurs, de résoudre solitude, maladies, souffrance, chômage et adversité31.

Pour Moïse Sawadogo, cette adaptation locale du pentecôtisme se traduit notamment comme « un mouvement qui refaçonne le religieux »32, et se caractérise par le principe de l'expérimentalisme défini comme « un effort commun pour restaurer l'expérience comme dimension clef de la foi »33.

La situation historique d'apparition du phénomène peut-être située autour des années 1980 dans un contexte urbain de prolifération des lieux de culte dont la thématique majeure est la délivrance. Ce « développement correspond à l'émergence d'un pôle de légitimité purement charismatique dans une Eglise qui, en dépit de ses fondements pentecôtistes, présente un caractère fortement institutionnalisé »34. C'est donc en marge du cadre institutionnel de l'église - particulièrement de l'église des Assemblées de Dieu qui constitue la grande majorité des pentecôtistes - qui ce phénomène s'inscrit.

31 Pierre-Joseph Laurent, « En guise de réponse : les Assemblées de Dieu du Burkina Faso et la trans-nationalité du pentecôtisme », dans CIVILISATIONS vol. LI n° 1-2 - Religions transnationales, 202.

32 Moïse Sawadogo, «Les communautés de prière : Un chemin vers le réveil ou le retour au sacré» (Mémoire de Maîtrise, FATAD, 2006), 53.

33 Ibid.

34 Joël Noret, « Les Assemblées de Dieu du Burkina Faso en contexte. A propos de : P.-J. Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso. Mariage, pouvoir et guérison, Paris, Karthala, 2003 », dans CIVILISATIONS vol. LI 1-2 - Religions transnationales, 173.

Ainsi donc, l'activité des prieurs est clairement perçue comme étant informelle, par rapport à l'église officielle. L'exercice des dons se fait parfois « à la lisière de l'Eglise instituée »35.

En plus de ces données, on pourrait voir comment des ministères de puissance ont été exercés dans l'histoire récente du pentecôtisme burkinabé. Il ressort selon André Brisset qu'il existe une relation étroite entre l'exercice des dons de puissance et l'évangélisation. Des serviteurs de Dieu tels que les pasteurs Baré Soré de Yilou, Koudrema et Silamane Rouamba ont été des puissants outils entre les mains du Seigneur. Les dons de puissance étaient un puissant outil d'évangélisation. Et pour le pasteur Baré Soré, « ces guérisons sont très souvent le moyen de la création d'une Eglise dans un village »36. Leur ministère de délivrance était tourné vers des personnes non converties. Quant à leurs propos, ils étaient emprunts d'une profonde reconnaissance à Dieu : « Nous bénissons Dieu pour Son grand travail. Je n'arrive pas à dire toutes les choses qui se passent. Mais Dieu est là. Il fait son travail »37 disait le pasteur Baré. Nous pensons qu'il y a une différence entre ces exemples et ceux qui ont cours chez les prieurs aujourd'hui.

Il est important aussi de souligner le fait qu'il existe des logiques locales en ce qui concerne les conversions, particulièrement celles de ceux qui vivaient dans l'animisme.

35 Pierre-Joseph Laurent, « En guise de réponse : les Assemblées de Dieu du Burkina Faso et la trans-nationalité du pentecôtisme », dans CIVILISATIONS vol. LI n° 1-2 - Religions transnationales, 210.

36 André Brisset, Trois Ministères de Puissance en Afrique (Yverdon : AMI, 1977), 30.

37 Ibid., 35.

Selon Fancello, « la conversion vient au terme d'épreuves successives, de périodes d'errances ou d'un épisode de vie désordonnée (...), de maladie ou de ``folie» »38. Dans un tel contexte, la guérison est synonyme de « l'intervention d'un pouvoir supérieur (...) et salvateur »39. En effet, guérison et conversion vont parfois de pairs. Ainsi, « la demande de guérison étant souvent au centre de la démarche de conversion, celle-ci s'exprime comme une libération de la souffrance et du Mal, libération temporaire, car la lutte, elle, est permanente »40. Elle souligne les deux aspects de la conversion pentecôtiste en ces termes : « elle est à la fois, une forme de distanciation du monde traditionnel et des contraintes liées aux règles coutumières, et une protection contre ses pouvoirs magiques »41.

A la lumière de ces référents historiques, situons les causes religieuses et spirituelles du développement de l'activité de prière.

Les Causes Religieuses et Spirituelles

Les causes religieuses et spirituelles que nous avons identifiées peuvent être situées à trois niveaux : les églises, les prieurs et les chrétiens. La première dimension est la responsabilité du leadership des églises.

Les Eglises en Question

On peut tout d'abord relever que le manque d'enseignement est crucial dans les églises. Cette situation explique en partie le non enracinement de certains dans la foi. La maturité spirituelle faisant défaut, les chrétiens vivent comme des bébés spirituels. Beaucoup n'ont pas une capacité de décision.

38 Sandra Fancello, « Un ethnologue chez les pentecôtistes du pays mossi. A propos de : P.-J. Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso. Mariage, pouvoir et guérison, Paris, Karthala, 2003 », dans CIVILISATIONS vol. LI 1-2 - Religions transnationales, 186.

39 Ibid., 186-187.

40 Idid., 187-188.

41 Ibid.

Face à un problème donné, il leur faut recourir par exemple à leur pasteur pour lui demander son avis. Mais ce dernier ne peut être à leur côté en tout temps, et peut ne pas être aussi un bon conseiller spirituel.

Les raisons explicatives du développement des communautés de prière sont aussi en relation avec la vie spirituelle des églises. Il y a l'affaiblissement de la puissance spirituelle des églises. L'expression puissance spirituelle fait allusion à l'exercice des dons spirituels (dons de guérison, de prophétie et de miracles...). Il est vrai que le christianisme ne se résume pas à ce paramètre. Mais soulignons que les manifestations de l'Esprit dans une église constituent un indicateur de son état spirituel. En effet, comme l'a souligné l'apôtre Paul, notre parole et notre prédication ne sauraient reposer « sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que notre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2. 4-5). C'est cette onction de l'Esprit qui manque dans beaucoup d'églises, et qui fait «courir» des chrétiens.

La responsabilité des pasteurs est engagée, à telle enseigne que certains parlent de leur démission en matière de prière et d'exercice des dons spirituels. C'est la responsabilité des pasteurs d'encourager, d'inciter et de faire la promotion des dons spirituels par l'enseignement et la mise en pratique dans les églises. Si cette responsabilité n'est pas assumée les conséquences peuvent être graves. Beaucoup de prieurs reprochent aux pasteurs leur intellectualisme, leur théologie, leur inaptitude en matière de prière. Récemment au cours d'une semaine de prière dans la ville de Ouagadougou, le pasteur prieur dénonçait l'attitude de certains pasteurs en ces termes : «Ils disent que c'est le Seigneur qui les a appelés.

Ils vont à l'école biblique et quand ils reviennent, ils s'habillent en veste alors qu'ils ne peuvent même pas faire voler une mouche par leur prière. Ils ne peuvent pas prier, et ils refusent que ceux qui veulent prier dans leurs églises prient. Si ces gens partent ailleurs, ils commencent à critiquer...''.

Ces reproches sont parfois sévères ; mais elles ne sont pas sans fondement. Un fait notable est qu'en milieu urbain, certaines grandes églises ne prient plus pour les malades en fin de culte dominical. La puissance de Dieu dont parle l'apôtre Paul, n'a pas été trouvée dans la sagesse humaine, mais dans une démonstration d'Esprit et de puissance. La question qu'il faut se poser est celle de savoir si cette puissante est chez beaucoup. Ces propos d'une soeur en Christ, relatifs à l'attitude de son pasteur sont symptomatiques de ce renoncement : «Lorsqu'un fidèle va le voir pour une question spirituelle, il demande de faire vite parce qu'il n'a pas le temps. Mais quand il s'agit d'un problème d'ordre séculier, il est prêt à vous aider». Malheureusement, des serviteurs de Dieu font de plus en plus preuve d'une telle inaptitude en ce qui concerne les questions spirituelles.

De ce qui précède, il en découle que lorsque les besoins des chrétiens en matière de relation d'aide ne sont pas satisfaits par les églises, le recours à une aide extérieure est probable. Les prieurs les accueillent. Ils arrivent parfois à mettre leur «client» en confiance plus que ne peut le faire le pasteur. Le devoir de tout pasteur est entre autre d'affermir les croyants. A Pierre, Jésus-Christ avait dit : « affermis tes frères » (Lc 22. 32). Lorsque des chrétiens manquent d'affermissement, ils peuvent recourir à une aide extérieure pour s'en sortir. Les besoins des chrétiens sont là. Peu de pasteurs sont à la hauteur de leurs attentes. Faut-il alors que les chrétiens restent dans les églises quand leurs responsables spirituels ne sont même pas capables de leur consacrer cinq minutes d'écoute ?

Faute d'avoir mieux dans leurs églises, beaucoup préfèrent explorer ailleurs, et ce parfois à leurs risques et périls. La deuxième dimension est la responsabilité des prieurs dans le développement du phénomène.

L'Affirmation de l'Ego Spirituel

L'exercice de certains dons spirituels offre une plus grande visibilité dans la sphère religieuse. De ces dons, on peut relever les dons de puissance (dons de guérison, de miracles et de prophétie). Par la possession ou la prétendue possession de ces dons, certains prieurs affirment leurs compétences spirituelles. Pour Pierre-Joseph Laurent, le croyant guérisseur se définit

comme un fidèle ayant reçu de l'Esprit Saint le don de guérison, auquel s'ajoutent fréquemment, selon les cas, le don de discernement, le don de parler en langues (la glossolalie), les dons de puissance, d'interprétation et de prophétie. Il se distingue généralement par son ardeur missionnaire42.

La volonté d'affirmation de soi sur le plan spirituel se traduit dans les pratiques et discours. Evoquons d'abord la stratégie de déconsidération sinon d'anéantissement de l'autre sur le plan spirituel. Elle se traduit par le fait que le discours spirituel tenu est fait d'attaques et de contre-attaques. Grâce à la possibilité que la plupart a de s'adresser aux fidèles, les prophètes - prieurs et les pasteurs s'adonnent à des attaques ciblées entre eux.

La double position de pasteur et de prophète (prieur) offre sans doute une facilité, sinon une liberté dans l'exercice de l'activité de prière. Celui qui se retrouve dans une telle position est en effet sans aucune couverture hiérarchique directe, étant fondateur de l'église. Sinon dans certains cas, le ministère du prophète peut être remis en cause par les responsables spirituels. C'est le cas notamment de ce Monsieur qui était dans la cour d'une église de la capitale. Il organisait des séances de prière.

A plusieurs reprises, il a été interpellé par son pasteur. Il a passé outre les remarques qui lui étaient faites. Le pasteur lui a alors demandé de quitter la cour de l'église. Aujourd'hui, il n'est plus membre de cette communauté. Il a pris une maison en location dans le même quartier où il reçoit. Sa renommée grandit dans le quartier et beaucoup de personnes vont vers lui. Laurent cite dans son ouvrage l'exemple de cette prophétesse qui « se méfie du pasteur qui a toujours douté de son don »43. Celle-ci a quitté l'église pour tenir dans son domicile un groupe de prière. Même dans les cas où les concernés ne quittent pas leur église, le fait d'exercer des dons de puissance les amènent ipso facto à être mise en exergue, parfois à leur corps défendant.

Mais il y a aussi des exemples de personnes qui exercent leur activité tout en restant sous le couvert de leur église. C'est le cas de cette femme qui possède des dons de prophétie, de guérison, de langue...Sa particularité est qu'elle les a mis à la disposition de l'église. Elle participe aux réunions de prière et d'intercession de l'église. Les responsables reconnaissent son activité, et elle a la possibilité de recevoir des gens chez elle avec la bénédiction de ses responsables spirituels. Elle met ses dons à la disposition des croyants, et exercent son activité en collaborant avec d'autres membres de son église.

L'affirmation de soi n'est pas seulement à l'intérieur de la communauté. Même à l'extérieur, le besoin de mettre en évidence ses compétences spirituelles est réel. C'est le cas notamment du défi lancé à l'encontre des forces du monde des ténèbres.

C'est dans ce même ordre d'idées que Laurent relève le cas du «croyant guérisseur» qui

défie les féticheurs qu'il identifie à de simples sorciers et par extension au démon, au même titre, dans une généralisation saisissante, que les tenants des cultes ancestraux (...) il provoque de nombreuses conversions qu'il théâtralise

par des autodafés, dans lesquels il procède à la destruction, en public, des fétiches déclassés44.

La responsabilité des chrétiens mérite d'être mise en évidence en troisième lieu. Les Chrétiens en Question

Aujourd'hui, les chrétiens sont à la recherche de solutions «prêt-à-porter». Il s'agit d'une génération qui veut tout, tout de suite. Peu sont prêts au sacrifice. L'invitation de Christ à porter sa croix et à le suivre (Mt 16. 24) ne fait plus recette. On prétend aimer le Seigneur, mais en réalité, on aime beaucoup plus les choses que le Seigneur donne. On a des besoins, et on veut avoir des réponses à ceux-ci, non pas selon la volonté du Seigneur, mais selon sa propre volonté.

Le renoncement à la vie de prière personnelle est une illustration parfaite de la vie du chrétien du XXI ème . En effet, le choix délibéré de certains chrétiens est de renoncer à la prière. Pour eux, la prière est une tâche trop exigeante. Pour ce faire, il «achètent des prières» ; ils demandent qu'on prie pour eux. C'est un renoncement à la piété, à une relation personnelle avec le Seigneur. C'est une démission de ses responsabilités de chrétien. Etre chrétien et ne pas prier, et vouloir que des gens prient pour soi, c'est prendre Dieu comme un «pneu de secours»; c'est vouloir une chose et ne pas accepter le sacrifice pour son obtention. Comment alors peut-on avoir une bonne perspective des bienfaits de Dieu si ces bienfaits ne nous ont rien coûté ?

Certains chrétiens vivent dans des inquiétudes, et comme solution ont recours aux prophètes prieurs.

Quand bien même la Parole de Dieu invite à marcher par la foi et non par la vue (2 Co 5. 7), beaucoup ont renoncé à vivre par la foi. En ayant recours aux prieurs, il y a un désir de sonder l'avenir, de savoir ce que l'avenir réserve. Pour beaucoup, le vrai prophète prieur est celui qui est à même de faire des prédictions.

La quête de prière des chrétiens pourrait trouver son origine aussi dans le fait que de plus en plus, la vie spirituelle de beaucoup est affaiblie. Cet affaiblissement de la vie spirituelle se manifeste de plusieurs manières. Il y a le manque d'une totale consécration au Seigneur. Beaucoup mènent une vie chrétienne tiède, veulent aller au ciel, mais ne sont pas prêts à vivre une vie de renoncement et de sacrifice. Ils proclament aimer le Seigneur, mais il ne s'agit pas d'un amour réel. Ils recherchent Dieu quand ils sont dans le besoin, un Dieu parapluie. Comme les trois rois en campagne dans 2 Rois 3 à la recherche d'un prophète à cause d'un manque d'eau,

ces chrétiens sont à la recherche de solutions à leurs problèmes.

Un fait important est le caractère non authentique des conversions. En effet, une remarque générale que l'on peut faire aux églises africaines, particulièrement à l'église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso est le fait que de plus en plus il s'agit d'une église de multitude et non de professants. Malheureusement beaucoup ne sont pas nés de nouveau. Les tendances sont diverses : il y a ceux qui sont des chrétiens de la deuxième ou troisième génération, et qui vivent sur la foi de leurs parents ou grands-parents sans avoir préalablement eu une expérience personnelle avec le Seigneur. Il y a aussi ceux qui ont un arrière-plan animiste mais qui n'ont pas rejeté ce qu'ils étaient autrefois. Il y a aussi ceux qui ont réellement eu une expérience personnelle avec le Seigneur, mais qui, au fil du temps se sont endormis. Toutes ces catégories de personnes ne vivent pas une vie chrétienne authentique. Elles sont sujettes à se laisser emporter à tout vent de doctrine (Ep 4. 14).

Le caractère non authentique des conversions se conjugue facilement avec le manque d'enracinement dans la foi chrétienne. Certains chrétiens croient qu'il suffit de se convertir pour devenir chrétien. Ils oublient qu'un bébé a besoin d'être nourri pour grandir. Le chrétien africain qui n'a pas une bonne connaissance de la Parole de Dieu et qui se contente de la prédication du dimanche ne peut grandir dans la foi. Il viendra à l'église par formalisme, pour faire comme Monsieur Tout le monde, et peut se laisser entraîner facilement dans le mouvement général à cause de l'effet de groupe.

Il y a aussi le fait que les conversions peuvent être superficielles. En effet,

beaucoup de ceux qui s'engagent à suivre Christ le font sans savoir

exactement qui il est et pourquoi ils le suivent (...). Ils ne mesurent pas que Christ seul est en mesure de faire bien plus que simplement répondre aux besoins les plus cruciaux qu'ils peuvent rencontrer un jour, ou les aider à sortir des graves crises de l'existence45.

Ces conversions superficielles sont à l'origine d'une vie chrétienne superficielle, fondée sur la recherche de la satisfaction de besoins plutôt que sur un réel enracinement dans la foi chrétienne et la recherche de la volonté de Dieu. Relevons en quatrième point l'attrait du phénomène miraculeux.

L'Attrait du Phénomène Miraculeux

Le phénomène miraculeux attire. L'homme a toujours été à la recherche du sensationnel. Dans cette recherche, il peut certes parfois connaître des désillusions. Mais quelque soit l'époque, même dans le milieu chrétien, même après avoir connu Christ, on est parfois à la recherche de quelque chose de nouveau. Comme quelqu'un le disait, ce qui pousse les chrétiens à déserter leurs églises pour les lieux de prière, c'est qu'on leur propose quelque chose d'autre qui sort de l'ordinaire. Chaque année, dans plusieurs lieux du Burkina Faso, a lieu des rallyes de prière.

27 Au cours de cette année 2009, il y aura plusieurs semaines de prière dont les rendez-

vous les plus emblématiques auront lieu à Boulmiougou Barrage, Bourou, Ramonggho. Ces rendez-vous drainent parfois plus de trente mille personnes avec le chiffre record de 600 pasteurs parfois. Jamais le Lagengo n'a atteint de tels chiffres dans ses manifestations, souligne un pasteur. On peut à juste titre s'interroger s'il s'agit d'une recherche de Dieu ou du surnaturel ?

Fédor Dostoïevskyi souligne :

L'homme ne recherche pas Dieu, mais le surnaturel. Parce qu'il ne supporte pas de vivre sans miracles, il se créera de nouveaux prodiges et glorifiera les actes de puissances occultes et d'exorcisme, bien qu'à l'égard de Dieu il soit manifestement rebelle, hérétique et infidèle.46

Il est vrai que beaucoup ne savent pas faire la différence entre ce qui vient de Dieu et ce qui vient du Malin. Mais, Dieu se manifeste aussi dans le surnaturel, et on ne peut pas rejeter le miracle par un revers de la main. En effet, comme le disait Lukasse,

Nous ne devons pas rechercher les miracles, mais sommes-nous suffisamment offensifs vis-à-vis du royaume des ténèbres ? Car dans ce cas, nous nous trouverons parfois dans ces situations où il s'agira de savoir qui est le plus fort ! Les gens recherchent le surnaturel.47

Cela veut tout simplement dire que le fait que nous ne sommes pas appelés à rechercher les miracles ne saurait être une raison pour manquer d'être offensifs à l'égard de l'ennemi. La Parole de Dieu nous offre des armes défensives et une arme offensive (l'épée de l'Esprit).

46 Fédor Dostoïevskyi, The Brothers Karamazov, `The Grand Inquisitor' (s.l.: s.p., sd), cité dans Anthon Campolo, It's Friday but Sunday's Coming (Waco: Word Books, 1984), 74, cité dans Johan Lukasse, Mission possible! Implantation d'églises dans une Europe post-chrétienne (Bruxelles-SaintLégier: Le Bon livre-Emmaüs, 1993), 81.

47 Johan Lukasse, Mission possible! Implantation d'églises dans une Europe post-chrétienne (Bruxelles - Saint-Légier : Le Bon Livre - Emmaüs, 1993), 80.

Nous devons savoir que nous sommes dans un contexte africain où beaucoup parviennent à la foi à la suite d' « une rencontre de puissances ». Il y a des situations où les rapports de forces s'imposent à nous qu'on le veuille ou non. Il s'agit alors de savoir discerner ces moments afin de demander à Dieu de manifester sa puissance. Comme au temps de Jésus où la foule « le suivait, parce qu'elle voyait les miracles qu'il opérait sur les malades » (Jn 6. 2), aujourd'hui encore, beaucoup sont attirés par le miracle. Christ cependant, ne s'est pas seulement contenté de faire des miracles.

A ces causes religieuses et spirituelles viennent se greffer des causes sociales et économiques.

Les Causes Sociales et Economiques

Il s'agit en occurrence de certains aspects relatifs à la société animiste et des motivations économiques des prieurs.

La Résurgence de la Société Animiste

Le recours des chrétiens à des médiateurs trouve son origine aussi dans les sociétés dans lesquelles le phénomène se développe. D'une manière générale, les sociétés traditionnelles africaines ont leurs conceptions du monde. Même si celles-ci sont différentes les unes des autres, on est unanime aujourd'hui à reconnaître une certaine conception dite conception animiste du monde. Selon cette conception, l'homme africain vit entouré par « les esprits des ancêtres, les esprits des sorciers, les dieux de la nature et diverses puissances mystiques »48. Ces forces exerceraient des influences sur la vie des individus.

Le fait de croire à une telle conception a des conséquences profondes dans la vie des adhérents. Il résulte une vie marquée par trois phénomènes.

D'abord, la peur : « La relation que les gens entretiennent avec ces esprits est déterminée par-dessus tout par la PEUR. N'importe quel esprit peut provoquer le malheur dans la vie de l'individu, de la famille ou de la tribu dans son ensemble. »49 Ensuite, l'esclavage : « Pour avoir de l'espoir dans cette conception du monde, on se tourne vers l'intérieur du système »50, c'est-à-dire, la divination, les sacrifices, les offrandes...L'individu s'insère ainsi dans un cercle vicieux qui le lie ; il est pris comme un poison dans un filet sans possibilité de s'en sortir. Enfin, il va de soi qu'un tel système offre des solutions pour se pérenniser. Ces solutions offertes se situent au niveau des valeurs du groupe social qu'il faut préserver à tout prix telles que l'unité, la pureté rituelle, la paix. Il s'agit naturellement de solutions superficielles.

La tentation est grande chez beaucoup de chrétiens de redonner un contenu à cette conception animiste du monde par le recours à des médiateurs pour s'approcher de Dieu. Force est de reconnaître que ce qui se passe dans nos milieux n'est pas foncièrement différent de ce qui se pratiquait dans la société animiste. Beaucoup de chrétiens vivent dans la peur. Il suffit d'un rêve pour que certains aient recours à un prieur pour demander la signification, et sa prière afin de chasser le prétendu mauvais sort qui le guetterait.

Comme dans le schème animiste, on assiste à une sorte d'esclavage. Il n'est pas rare de voir des chrétiens liés à un prieur à telle enseigne qu'ils ne peuvent rien entreprendre sans demander son avis. Certains parcourent parfois de longues distances, uniquement pour se rendre chez leur prieur. On n'est donc pas loin des pratiques de la société animiste.

De la même manière que les solutions offertes dans l'animisme ont un caractère superficiel, au niveau de certains prieurs, nous assistons à une même logique. Les chrétiens ont parfois leurs problèmes résolus, en tout cas momentanément. Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce qui les avaient emmenés chez le prieur va encore les y emmener, lorsque les mêmes problèmes se poseront. Comme le disait un théologien africain, l'animiste est en train de récupérer dans le fond ce qu'il avait perdu dans la forme.

Ainsi, l'accent mis sur la délivrance par beaucoup de pentecôtistes africains est un indicateur du fait que beaucoup sont préoccupés par le monde des esprits. La perception de beaucoup est que

la foi devient une puissance de résistance contre les puissances du monde dans lequel ils vivent. Vivant sous l'autorité de Christ, ils sont puissants sur les sorciers, résistent aux mauvais sorts et aux empoisonnements. Ils deviennent puissants. 51

Une autre cause inhérente aux sociétés africaines, est le fait du mythe du chef. Dans les sociétés centralisées comme celui des Moose par exemple, le chef est déifié. Cet aspect de la culture se reproduit dans la vie des églises en Afrique. Ainsi, « le pasteur dirige, et les gens suivent tout ce qu'il dit, souvent sans émettre aucune critique »52. C'est ce que Tite Tiènou appelle le cléricalisme évangélique. Cela est synonyme de mise au premier plan du pasteur, prêtre ou conducteur spirituel avant Dieu et sa Parole. Cette tendance est à l'origine du succès en Afrique des églises indépendantes. Elle est dangereuse, parce qu'anti-scripturaire. La primauté donnée au leader religieux peut facilement occasionner des déviations.

51 Daniel Bourdanné, L'Evangile de la prospérité : Une menace pour l'Eglise africaine (Abidjan : Presses Bibliques Africaines, 1999), 49.

52 Tite Tiènou, Tâche théologique de l'Eglise en Afrique (Abidjan : CPE, 1973), 34.

Dans de nombreuses églises, les pratiques syncrétiques en relation avec la prière trouvent leur origine même au niveau des responsables spirituels. Relevons en plus, la motivation économique qui est loin d'être négligeable.

La Prière, une Entreprise

Les personnes exerçant l'activité de la prière récusent l'idée selon laquelle leur activité serait pour eux source de gain. Ils prétendent avoir reçu le don de Dieu, et n'avoir rien demandé. Ils mettent ainsi en avant leur désir de servir le Seigneur et le peuple de Dieu par les dons qu'ils ont reçu, plutôt qu'une quelconque recherche de profit personnel. Une telle attitude n'est pas étonnante. Pierre-Joseph Laurent souligne: « Un bon croyant - guérisseur ne demande jamais d'argent. L'efficacité de la guérison divine repose sur le désintérêt : il témoigne de l'élection divine et de son utilisation, par l'Esprit, pour le bien-être de tous. »53

Cependant, à observer les pratiques qui sont autour de la personne qui reçoit des gens indistinctement de leur religion, même si certains sont sincères, on peut déceler des traces de professionnalisation de l'activité de prière.

Plusieurs exemples peuvent soutenir cette affirmation. Il y a d'abord de plus en plus l'organisation des semaines de prière. C'est une occasion de rencontre spirituelle certes, mais c'est aussi et surtout une opportunité de promotion visant à offrir une plus grande visibilité à la personne ou à la communauté qui l'organise.

Soulignons aussi que l'action de grâce, le fait de revenir remercier le prieur - une expression imagée signifiant les dons en nature ou en espèces faits au prieur - est de plus en plus développée. C'est une norme respectée par des chrétiens sans se faire prier. Mais beaucoup de prieurs en font une exigence.

La professionnalisation de l'activité de prière est aussi perceptible dans le style de ces leaders spirituels : déplacements à l'extérieur, cartes de visite, réception sur rendez-vous. Beaucoup « gagnent leur vie grâce à la réputation que leur confère leur don »54. C'est ainsi que la plupart des prieurs ne travaillent pas ou refusent de travailler. S'en remettant à Dieu quant à leur survie, ils disent exercer la foi. Ils se mettent de facto dans une situation de dépendance envers leurs «patients». Et

comme l'a souligné Laurent, « le refus de rémunération du croyant-guérisseur - iin'est que l'instrument de Dieu et n'exerce que pour servir son oeuvre - instaure un

lien de dépendance avec le patient »55. Ce lien de dépendance n'est pas sans conséquence. La dépendance, faut-il le souligner n'est pas une dépendance spirituelle seulement. Elle se traduit en dépendance économique. C'est à ces personnes que beaucoup de chrétiens destinent leurs dîmes et offrandes.

On ne peut éluder le fait que l'activité de la prière est pour beaucoup source de gain. Du néant, beaucoup ont connu une ascension sociale fulgurante. Les intéressés eux-mêmes ne s'en cachent pas. Certains, las d'attendre les «bénédictions» de Dieu, les réclament. En 2008 par exemple, au cours d'une semaine de prière à Ouagadougou, une personne du sérail s'est publiquement plaint du fait que ses autres confrères se sont vus octroyer des «Nissan Patrol», alors que lui, n'aurait rien reçu.

Dans un tel contexte, on peut légitimement s'interroger sur les véritables motivations des uns et des autres. Il est vrai et nous l'admettons, Dieu agit par l'intermédiaire de ces instruments. Mais, on peut se demander s'il n'a pas de sérieux risques de déviations théologiques et spirituelles chez les prieurs par des pratiques de tout genre, notamment en relation avec l'argent.

Dit autrement, la motivation à exercer ce genre d'activité est-elle aujourd'hui essentiellement spirituelle ou foncièrement économique ?

Nous reconnaissons que le spirituel est certes là. Mais le domaine économique n'est pas à négliger, surtout quand certains prieurs sont prêts à prophétiser à leur propre compte pour des intérêts économiques personnels s'il vous plaît. C'est le cas notamment de cette prophétesse que Laurent relève :

La vieille Sita, qui, à la suite d'une série de visites que je lui avait rendues, désespérait sans doute d'en retirer quelque avantage, se mit, durant un entretien, à parler en langue. Elle interpréta aussitôt, elle-même, la révélation : le Seigneur me demandait si j'avais oublié le problème de sa cour.56

Au regard de ces différents aspects mis en évidence, il est nécessaire de les examiner à la lumière de la Parole de Dieu.

Examen Biblique du Phénomène

Le Chrétien et la Prière

Une Vision Déformée de la Prière

Beaucoup de gens perçoivent la prière comme étant un don ou un ministère. Ceux qui l'exercent sont ceux qui ont le potentiel spirituel. Ce sont ces personnes qui doivent prier. A l'impossible donc, nul n'est tenu, semblent dire certains. C'est le faux-fuyant qui est habituellement employé par certains, même parmi les serviteurs de Dieu pour ne pas mener une vie de prière efficace et y engager leur église.

La perception de la prière comme un don ou un ministère a pour conséquence l'idée selon laquelle elle est «une chasse gardée», une sphère exclusivement réservée à une certaine catégorie de personnes. C'est ainsi que dans des églises, la prière est devenue l'activité d'un certain groupe : les intercesseurs. Lorsqu'une église confie la prière à un groupe de personnes, les autres membres peuvent penser qu'il y a des gens qui sont là pour prier et prier pour eux.

La prière est à tort vue comme un gain, un moyen d'obtenir les bienfaits de Dieu ou d'accéder à une position sociale élevée. C'est ainsi qu'en relation avec la théologie de la prospérité, beaucoup s'intéressent aujourd'hui aux bénédictions financières et matérielles plus qu'aux bénédictions spirituelles. Comme l'a si bien relevé Lukasse, « la prière est souvent considérée dans l'opinion populaire comme une démarche qui permet d'obtenir quelque chose de manière surnaturelle et surtout à bon marché »57.

Beaucoup de prieurs ont tendance à donner des modèles de prière, des paroles à réciter comme des incantations. Cette manière de prier n'est pas biblique. Le drame est que beaucoup croit que la prière du prieur vaut mieux que leur prière, et sont ainsi prêt à répéter des phrases ou mots dont ils ne comprennent pas le sens. Dans ce contexte, la prière du prophète devient comme un moyen pour accéder à l'exaucement des requêtes.

La prière constitue pour certains un moyen de pression sur Dieu. La volonté de certains est d'essayer d'obtenir de Dieu ce qu'ils veulent à tout prix. Beaucoup renversent ainsi les priorités, mettent leurs désirs au premier plan. Ils se présentent à Dieu avec un cahier de charges comme un syndicat face au patronat.

La prière n'est pas une puissance. C'est une erreur de dire que la prière constitue une puissance. Cela conduit des chrétiens à dire qu'ils n'ont pas la puissance, donc à recourir à certaines personnes pour rechercher cette puissance. Ainsi, la puissance serait chez certains, pas chez d'autres. En croyant que la prière est une puissance, on compte ainsi sur la prière et sur celui qui prie, sans pour autant compter sur Dieu.

57 Johan Lukasse, Mission possible! Implantation d'églises dans une Europe post-chrétienne (Bruxelles-Saint-Légier: Le Bon livre-Emmaüs, 1993), 21-22.

C'est croire que tout nous arrive par la prière et non par Dieu. Bref, c'est l'idolâtrie de la prière.

La prière est perçue comme un remède. La prière est pour beaucoup un moyen pour résoudre des problèmes (sociaux, économiques, spirituels...). On a recours au prieur de manière circonstancielle, quand on fait face à un problème. Le chrétien va chez le prieur parce qu'il a un besoin. Le besoin l'appelle vers le prieur et non autre chose. On ne prie pas parce qu'on doit prier, mais on est forcé à prier ou demander la prière en dehors d'autre alternative.

Le phénomène de l'action de grâce, qui est le fait revenir auprès du prieur avec un don, est de plus en plus développé. Cette pratique constitue une déformation de la prière. Il se pose alors la question de l'exaucement des prières. Souscrire à une telle idée, c'est comme si c'est le prieur qui exauce les prières. Il est nécessaire que ces fausses conceptions soient examinées selon les Saintes Ecritures.

La Prière à la Lumière de la Parole de Dieu

La prière n'est pas un don encore moins un ministère. C'est une activité spirituelle vivement recommandée par la Parole de Dieu (1 Th 5. 17). Parler de don ou de ministère de la prière, suppose qu'on l'a reçu de Dieu. Or, la Parole de Dieu ne classe pas la prière dans les dons ou les ministères. Cette erreur est à corriger. C'est une conception non biblique. De ce fait, aucun chrétien ne peut se prévaloir de n'avoir pas ou d'avoir un don ou un ministère de la prière, parce que la prière n'en est pas un.

On ne peut appliquer à un groupe de personnes l'exclusivité de la prière. Les ordonnances bibliques relatives à la prière sont adressées à tous et à chacun, et non pas à certains en particulier. C'est pourquoi 1 Timothée 2. 8 dit : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu ».

Aucun croyant ne doit dire que Dieu ne peut pas écouter ou exaucer sa prière, si tant est qu'il élève vers Dieu « des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées » (1 Tm 2. 8). L'exemple d'Elie est là pour nous inciter à prier : « un homme de la même nature que nous : il pria avec insistance pour qu'il ne pleuve point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois » (Jc 5. 17). Et remarquons que dans l'Eglise primitive l'église entière priait. Dans le cas de l'arrestation de Pierre (Ac 12), il est dit que « beaucoup de personnes étaient réunies et priaient » (Ac 12. 12). C'est la responsabilité de tous, donc de chacun en particulier.

Il n'y a pas dans la Parole de Dieu de modèle type de prière par lequel le chrétien peut avoir telle ou telle chose. Jésus-Christ nous a laissé un modèle de prière (la prière dominicale de Matthieu 6. 9-13) certes, mais n'en faisons pas une prière incantatoire. Il y a beaucoup de prières dans la Parole de Dieu, mais elles ne doivent pas non plus être transformées en incantations. Nous pouvons nous en inspirer, mais ayons la sagesse de voir le contexte dans lequel chaque prière s'inscrit. La vraie prière du croyant doit être une effusion du coeur devant Dieu.

Le chrétien ne doit pas non plus prier selon un prieur ou un prophète. Il doit prier selon la Parole de Dieu. La véritable prière, c'est celle qui prend appui sur la Parole de Dieu. La Parole de Dieu aide à bien prier, à prier efficacement. Il y a un danger lorsque la prière n'est pas équilibrée par la Parole, je dirais même, orientée selon la Parole de Dieu. Il est préférable d'orienter les chrétiens vers des prières fondées sur la Parole de Dieu. La Parole de Dieu et la prière sont inséparables. Les deux vont ensemble. Il faut les distinguer sans les séparer.

Voir la prière comme un moyen de pression sur Dieu, c'est perdre de vue le fait que Dieu est souverain. Nous ne pouvons pas forcer la main à Dieu.

Certes, Dieu peut nous mettre à l'épreuve pour que notre foi en lui puisse grandir, en nous poussant à nous humilier davantage devant sa face avant de nous répondre. Mais ce n'est pas pour autant que nous aurions forcé la main à Dieu. Il fait ce qu'il veut (Ps 115. 3). Il ne se pliera pas à nos désirs si ceux-ci ne sont pas conformes à sa volonté. Le Cossec disait : « La prière ne dicte pas d'ordre à Dieu, mais elle s'approprie ce que Dieu promet et offre dans sa grâce en Jésus-Christ. »58

Nous ne devons donc pas renverser les priorités de Dieu qui veut d'abord un coeur tout entier à lui. Comme le disait le psalmiste, « fais de l'Eternel tes délices, et il te donnera ce que ton coeur désire » (Ps 37. 4). Et Jésus-Christ disait dans son sermon sur la montagne : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Mt 6. 33) Il est donc clair que la prière ne doit pas être une « simple expression de besoins temporels »59, mais une « recherche de la volonté et de la gloire de Dieu »60. C'est là toute notre responsabilité.

La prière n'est pas un remède, une question de circonstance ou de besoin ; c'est une vie toute entière. En la matière, Jésus-Christ constitue un exemple. Il a enseigné « qu'il faut toujours prier, et ne point se relâcher » (Lc 18. 1). Il a non seulement enseigné, mais surtout il a mis en pratique son enseignement. Dans le choix des 12, il est dit que la veille, « Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. » (Lc 6. 12) La prière était aussi son activité quotidienne (Mt 14.

23 ; Mc 1. 35 ; Lc 5. 16). Il fut aussi un intercesseur. Il a prié pour ses disciples, en particulier pour Pierre réclamé par Satan pour cribler comme le froment (Lc 22. 31) : « j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » (Lc 22. 32b).

58 C. Le Cossec, La guérison et la santé selon l'Evangile (Rennes : Imprimerie Générale, s.d.), 44.

59 José Martinez, Théologie de la Prière (Valence : Ligue pour la Lecture de la Bible, 1995), 26.

60 Ibid.

Face à l'épreuve de la croix, il a non seulement prié (Lc 22. 41-42) mais aussi, il a voulu amener ses disciples à la prière (Lc 22. 40, 46). Même sur la croix, Sa voix retentissait toujours pour pardonner à ses bourreaux (Lc 23. 34).

Nous devons remercier. Mais la Parole de Dieu ne nous demande pas de rendre grâce à des hommes. Nous devons rendre grâce à Dieu et à Lui seul (Ep 5. 20), parce que c'est Lui, et non une personne qui répond aux prières. Rendre grâce à des hommes ne peut qu'aboutir à une idolâtrie de la personne. C'est une déviation claire de la Parole de Dieu. Il est vrai que pour avoir été source de bénédictions pour certains, on peut être l'objet de certaines largesses. Mais, il reste que cela ne doit pas être érigé comme une norme à respecter. Le faire, c'est s'attribuer le droit à exaucer les prières. C'est se faire dieu à la place de Dieu. Cela est contraire à la doctrine biblique. Il s'avère important de relever la doctrine du « sacerdoce universel des croyants » réaffirmée par Luther en 1520 dans son ouvrage A la noblesse allemande. Le Sacerdoce Universel des Croyants

Nous ne devons plus revenir en arrière comme si nous étions dans l'Ancienne Alliance où une catégorie de personnes (prêtres et sacrificateurs) avaient accès à Dieu et étaient des médiateurs entre Dieu et le peuple. Nous ne devons pas non plus emprunter les pratiques de l'Eglise catholique qui met entre Dieu et les fidèles, des médiateurs. Nous sommes « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis » (1 P 2. 9). Dit autrement, « nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu'il a inaugurée pour nous au travers du voile, c'est-à-dire de sa chair » (Hé 10. 19-20), Christ étant notre souverain sacrificateur « établi sur la maison de Dieu » (Hé 10. 21).

Nous sommes pour Dieu un royaume de sacrificateurs (Ap 5. 10 ; 20. 6).

Par ce biais, la Parole de Dieu affirme de manière claire notre libre accès au Père : nous n'avons plus besoin de médiateur sinon Christ et Christ seul : « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous. » (1 Tm 2. 5-6a) Par Christ donc, nous avons un libre accès au Père. Chaque chrétien peut en vertu de sa position en Christ s'approcher avec assurance du trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans ses besoins (Hé 4. 16).

En tant que prêtres et sacrificateurs, Dieu exige encore de ceux qui désirent s'approcher de lui des conditions. Celles mises en évidence dans Hé 10. 22 sont : le coeur sincère, la plénitude de la foi, les coeurs purifiés d'une mauvaise conscience, et le corps lavé d'une eau pure. Ces qualités sont essentielles pour nous approcher de Dieu, et sont soulignées à plusieurs reprises dans l'Ecriture sainte (Ep 3. 12 ; Hé 11. 6 ; Jc 4. 8). Tout chrétien peut donc s'approcher de Dieu sans intermédiaire ou médiateur. Ce point important de la doctrine chrétienne a été rappelé par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante, dans un contexte où beaucoup de croyants se confiaient à des médiateurs pour bénéficier des grâces divines.

Dans le cadre néotestamentaire, une définition du ministère prophétique s'impose.

Le Ministère Prophétique Aujourd'hui

Il est nécessaire d'examiner ce qu'est le ministère prophétique aujourd'hui, parce que les prieurs ne se contentent pas seulement d'exercer une activité de prière, ils font également office de prophète. Le paradoxe est que la plupart des églises dont ils sont issus ne reconnaissent pas ce ministère. Pour ce faire, remarquons déjà que dans l'Ecriture, le ministère prophétique n'est pas exclusivement restreint à l'Ancien Testament.

Dans le cadre néotestamentaire, « nous pouvons constater à partir de la Pentecôte, non seulement une continuation des interventions de Dieu par la prophétie, mais encore un élargissement de ce ministère »61.

Il y a une relation nette entre Pentecôte et prophétie. Malheureusement, en lisant Joël 2. 28-29, on est plus prompt à voir la promesse de l'Esprit que celle de la prophétie. Or, dans la nouvelle économie néotestamentaire, l'exercice des dons prophétiques va au-delà du cadre restrictif de l'Ancien Testament pour se répandre sur toute chair. En principe, notre ère est celle du développement de l'Esprit et de la prophétie. Cela est attesté d'une part par la Parole de Dieu qui relève la prophétie dans les Actes des Apôtres, les épîtres, et d'autre part dans les écrits des Pères de l'Eglise, les réveils ayant jalonnés la vie de l'Eglise, le pentecôtisme et les réveils charismatiques. Cela veut dire qu'on ne peut pas balayer d'un revers de la main le ministère prophétique aujourd'hui.

Dans le Nouveau Testament, nous voyons deux moyens d'expression du ministère prophétique dans l'Eglise. Ce sont : le don de prophétie et le ministère de prophète. Dans 1 Corinthiens 12. 8-10, la prophétie est citée comme un don spirituel; la prophétie est donc un charisme. Dans Ep 4. 11, elle est citée au sein d'une liste de fonctions ; la prophétie est donc un ministère. Comme l'a si bien souligné Gloaguen, même si « l'exercice d'un don spirituel est un élément du ministère, (...) le fait de prophétiser, même fréquemment, [ne] confère [pas] automatiquement un ministère de prophète »62. Et 1 Corinthiens 12. 28 établit clairement dans le même verset une distinction entre ministère et don.

61Jacques Gloaguen, Apôtres et Prophètes aujourd'hui (Le Havre et Mont-sur-Lausanne : Foi et Victoire, 1990), 59.

62 Ibid., 66.

La différence entre don et ministère ne peut qu'être située au niveau de l'instrument de Dieu, c'est-à-dire, de l'homme. Particulièrement, « le ministère de prophète a son origine dans une oeuvre d'élection de Dieu qui se manifeste concrètement par une plus grande réceptivité, une plus grande maîtrise de soi et une plus grande foi »63. Il est donc opportun pour l'Eglise comme pour les chrétiens de faire la différence entre un don et un ministère, entre un don et un ministère en formation. Pour ce faire, il n'y a pas d'autre alternative que l'écoute, car c'est en écoutant qu'on peut reconnaître le bon violoniste du virtuose.

Le ministère prophétique aujourd'hui n'a rien à apporter à la révélation qui est complète. Mais il peut être un outil efficace entre les mains de l'Esprit pour remettre à jour les vérités bibliques dans un contexte d'apostasie. Il est susceptible d'intervenir dans tous les domaines de la vie de l'Eglise sans restriction aucune. La question de la délivrance mérite aussi une attention particulière.

Examen Biblique du Ministère de la Délivrance

Ayant été arraché par le Seigneur Jésus-Christ du royaume des ténèbres pour accéder au royaume de lumière, le chrétien n'est pas exempté des attaques de l'ennemi, puisque notre adversaire, « le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1 P 5. 8). C'est pourquoi la Parole de Dieu nous invite à la sobriété et à la vigilance. Ephésiens 6. 12 révèle qui sont nos adversaires spirituels. Et il nous est invité à nous fortifier dans le Seigneur (Ep 6. 10) et à nous revêtir de toutes les armes de Dieu (Ep 6. 11). Cela veut dire qu'il y a un combat spirituel auquel le chrétien est appelé.

Malheureusement, il existe de faux enseignements tendant à faire croire que dès que l'on devient chrétien, Satan ne peut plus nous toucher parce que nous sommes entre les mains de Dieu. Je pense que c'est le contraire. Il n'y a pas de plus grande cible, de plus grand ennemi de Satan que le vrai croyant.

Mais le combat spirituel auquel le chrétien est engagé appelle l'exercice du discernement spirituel. Ce n'est pas au chrétien de chercher comme les Don Quichotte et les matamores à chasser les démons. Il doit avoir la plénitude de l'Esprit, la sagesse divine et revêtir les armes spirituelles pour avancer sur le chemin de la vie chrétienne. C'est alors qu'il pourra dans le discernement identifier les traits enflammés du Malin, et, lorsqu'il se présentera à lui, il se défendra. Nous ne sommes pas appelés à voir dans toutes choses des manifestations démoniaques, quand il ne s'agit que des problèmes médicaux ou psychologiques.

Beaucoup soutiennent que le ministère de la délivrance ne peut être exercé sur des croyants. Je ne veux pas m'engager dans ce débat, mais simplement souligner quelques faits bibliques qui méritent notre réflexion. Comme l'a si bien relevé Henri Viaud-Murat, « le combat spirituel, ce n'est pas de la délivrance, mais il peut y avoir de la délivrance dans un combat spirituel »64.

D'abord, le Seigneur Jésus-Christ a exercé un puissant ministère de délivrance. Ce ministère s'est déroulé dans un contexte particulier où il y avait affaire à des enfants d'Israël non à des chrétiens.

A la suite de Christ les apôtres ont emboîté le même pas. Le nom de Jésus était le nom par lequel les malades étaient guéris et les démons chassés. Mais est-ce pour autant qu'on puisse prendre cela pour de la délivrance ?

43 Le Seigneur avait dit à ses disciples : « Voici les miracles qui accompagneront ceux

qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris. » (Mc 16. 17-18) Les apôtres n'ont vu dans les maladies des possessions démoniaques et ils ne s'adonnaient pas non plus à des séances d'exhibition. Bien au contraire,

ceux-ci rassemblaient des foules non pas uniquement pour les guérir ou pour

exhiber leur puissance de délivrance, mais ils en avaient senti l'importance pour les malades (cf. Act 3, 6). Ils l'avaient aussi pratiquée pour faire avancer

la cause du Royaume inauguré par Jésus lorsque la puissance démoniaque contredisait et dénigrait celle du Christ65.

La Parole de Dieu dit de Simon le magicien qu'il a cru au Seigneur et a été baptisé (Ac 8. 13). Il était donc chrétien. Cependant, il a voulu acheter la puissance de la transmission du Saint-Esprit avec de l'argent (Ac 8. 19). La réponse de l'apôtre Pierre montre en fait que Simon n'avait pas un coeur droit : il était « dans un fiel amer et dans les liens de l'iniquité » (Ac 8. 23) qui ne sont rien d'autre - je pense - que des liens démoniaques.

Face à ce cas pratique, la méthode de Pierre pour le faire sortir de cette situation a été la suivante : la repentance et la prière (Ac 8. 22). Dit autrement, Simon avait besoin de la révélation de la Parole de Dieu dans son intelligence. Il avait besoin de la délivrance certainement. Mais cette délivrance ne consistait pas à chasser des démons, mais à recevoir la vérité de Dieu dans son esprit : « vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jn 8. 32). C'est là la plus grande délivrance, la délivrance de l'esclavage du péché. C'est celle dont a besoin un bon nombre de prétendus chrétiens.

65 Jean Masamba Ma Mpolo, Le Saint-Esprit interroge les esprits (Yaoundé : Editions CLE, 2002), 129.

44 Ce ne sont pas les séances de délivrances qui libèrent, mais c'est la vérité, la Parole

de Dieu qui libère. Si nous entrions dans cette logique qui consiste à chasser des démons, des démons seront effectivement chassés. Mais les problèmes de ces personnes ne seront résolus que momentanément ou superficiellement. Tant que la vérité de Dieu n'a pas pénétré dans les coeurs, les démons qui ont été chassés reviendront en plus grand nombre (Mt 12. 43-45).

La Parole de Dieu est puissante pour libérer des liens. A Ephèse, la vérité de la Parole de Dieu a fait qu' « un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde » (Ac 19. 19). Mais avant de faire cet acte public, ils ont d'abord cru, puis ont confessé et enfin, ont déclaré ce qu'ils avaient fait. La solution biblique est qu'

il faut un travail d'enseignement de la parole de Dieu, (...) de prière pour que la vérité pénètre et quand la vérité a pénétré dans un coeur qui la reçoit et qui croit, à ce moment là, elle a une puissance de vie et de libération qui ne permet pas à Satan de s'accrocher66.

Ce modèle biblique de la délivrance est exigeant. Et la délivrance telle qu'elle est conçue aujourd'hui est une activité très facile et non exigeante, et beaucoup de prieurs s'en donnent à coeur joie. En effet,

Il est plus facile de se soumettre à une séance de «délivrance» de prétendus démons que de reconnaître son propre péché, de le confesser, de le condamner

et de le rejeter. Très souvent, on rejette la responsabilité du péché ou d'un mauvais comportement sur des démons immanents à soi ou sur des ancêtres, ce qui rend plus difficile, voire impossible, la repentance spirituelle. 67

Ce que la Parole de Dieu enseigne est aux antipodes des pratiques qui ont cours dans les séances de délivrance. Jésus-Christ a refusé de recevoir l'attestation des démons.

66 Henri Viaud-Murat, «Comment être délivré des oppressions démoniaques», Source de vie, [en ligne]. http://www.sourcedevie.com/22, 15/07/2006.

67 Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bilefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 157-158.

En effet, dans sa pratique pastorale, « lors des exorcismes, Jésus n'emploie pas de formules liturgiques ou magiques. Il donne simplement un ordre péremptoire à l'esprit, le menaçant au besoin »68. Aussi nous pouvons remarquer que malgré la reconnaissance de Jésus par les démons, il a refusé de s'engager dans des échanges avec eux ou de recevoir leur attestation comme dans Marc 1. 24-25 ou Luc 4. 34-35. Et l'apôtre Paul, face à la déclaration de la femme animée d'un esprit de Python, a dit : « Je t'ordonne, au nom de Jésus-Christ, de sortir d'elle. » (Ac 16. 17) Remarquons que dans la Parole de Dieu, nous ne voyons pas de serviteurs de Dieu qui aient passé leur temps à échanger avec des démons ! Gardons-nous de nous faire des illusions. Nous ne sommes pas tout-puissants devant le diable. C'est le Seigneur qui l'est. La Parole de Dieu établit clairement que « nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ep 6. 12). Cela ne fait pas que le diable va se soumettre à nous. Nous ne devons pas injurier les gloires (Jude 8). L'archange Michel en contestation avec le diable n'osa lui porter de jugement injurieux (Jude 9).

En fait, chaque croyant doit savoir que le combat spirituel est une réalité. Tout dépend en fait de comment la vie spirituelle est vécue. L'ennemi cherche des portes d'entrée pour avoir les chrétiens. Ephésiens 4. 26 nous invite à ne pas donner accès au diable. Il appartient à tout un chacun de ne pas prêter le flanc, et de savoir que « le Seigneur c'est l'Esprit ; et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3. 17). Dit autrement, la liberté que Christ nous confère devrait nous oblige à nous offrir à Christ nos membres comme des instruments de justice (Rm 6. 13b), ce qui est synonyme d'obéissance et de fidélité à Christ.

68 Jean Masamba Ma Mpolo, Le Saint-Esprit interroge les esprits (Yaoundé : Editions CLE, 2002), 128.

La question du ministère de la délivrance soulève à mon avis une autre question, celle de l'authenticité de la nouvelle naissance chez bon nombre de personnes qui fréquentent nos églises. Malheureusement, la vie menée par certains chrétiens ne témoigne pas d'une nouveauté de vie. Dans un tel contexte, je pense qu'il n'est pas étonnant que des gens qu'on croit être chrétiens aient des liens démoniaques.

La Parole de Dieu souligne en plus que ce qui est gratuitement reçu doit être gratuitement donné.

Vous Avez Reçu Gratuitement, Donnez Gratuitement

Les pratiques de certains prieurs relatives à leurs motivations économiques peuvent être assimilées à un commerce des biens spirituels. Elles remettent en question la grâce imméritée manifestée par Christ. En effet, nous sommes sauvés par grâce. Par nature, la grâce ne peut faire l'objet d'un usage commercial. En effet, c'est se livrer à un commerce éhonté que de s'adonner à la vente des biens symboliques, notamment, les biens spirituels.

La bénédiction de Dieu, ses miracles et ses guérisons ne sont pas des biens spirituels monnayables à merci. Le péché de Guéhazi appelle aujourd'hui à faire preuve de discernement (2 R 5. 16, 26-27). L'exercice des dons spirituels est pour l'édification du corps de Christ, et non pour satisfaire à des intérêts personnels. Jésus-Christ en envoyant ses disciples en mission leur avait dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Mt 10. 8b). Il est important de relever que cette déclaration faisait suite à une invitation aux disciples à l'exercice des dons de puissance : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. » (Mt 10. 8b)

Soulignons que dans son essence, le mot «don» est évocateur. Le mot grec utilisé par l'apôtre Paul est «charisma». « Un charisma est un don fait par charis, c.- à-d. par grâce (...). [C'est] tout ce que l'on avait reçu gratuitement. »69 Il s'agit

donc d'une manifestation grandiloquente de la grâce de Dieu à l'égard de son Eglise. Les dons sont en effet des charismes, des grâces ; donc chaque manifestation est une grâce particulière. Les dons ne sont pas des capacités que l'on peut utiliser à volonté. Ils diffèrent donc en cela des manifestations spirites de sorcellerie ou démoniaques, car le diable a tout intérêt à contrefaire Dieu en faisant passer ses miracles (ceux du diable) pour des miracles de Dieu.

Les faveurs de Dieu ne peuvent s'acheter. Simon le magicien, voulant acquérir l'Esprit ou le pouvoir de communiquer l'Esprit à prix d'argent, a été maudit : « Que ton argent aille à la perdition avec toi, puisque tu as pensé acquérir le don de Dieu à prix d'argent » (Ac 8. 20). C'est de qui a donné naissance au mot simonie définie comme une « volonté réfléchie d'acheter ou vendre à prix temporel une chose spirituelle (ou assimilable à une chose spirituelle). »70

A la lumière de ce qui précède, il convient de proposer des solutions afin d'atténuer les effets négatifs de ce phénomène au niveau des différents acteurs en question. Pour ce faire, mes propositions sont les suivantes.

Esquisse de Solutions au Problème

Le Discernement des Esprits

Le Seigneur appelle son Eglise à exercer le discernement spirituel. Cette tâche n'est pas de la responsabilité unique des ecclésiastiques ; elle est celle de tous les chrétiens.

69 «Charisme» dans Nouveau Dictionnaire Biblique révisé et augmenté, Ed. 2004.

70 «Simonie» dans Le Nouveau Petit Robert de la langue française, Ed. 2007.

C'est pourquoi, l'apôtre Paul s'adressant aux chrétiens de Thessalonique les invita à examiner toutes choses et de retenir ce qui est bon (1 Th 5. 21). Examiner

signifier «discerner», «éprouver», «sonder». C'est « le procédé qui consiste à éprouver quelque chose afin de révéler son authenticité »71. C'est une invitation aux chrétiens « à examiner minutieusement tout ce qu'ils entendent afin de déterminer si cela est authentique, de distinguer entre le vrai et le faux, de séparer le bon du mauvais »72. Il faut cependant faire la différence entre le discernement recommandé par Paul et le jugement proscris par Jésus (Mt 7. 2-5). Le discernement n'est pas en effet synonyme de jugement.

James A. Beverley propose une méthode d'évaluation appelée « les dix tests de la vérité »73. Le test de Dieu : il faut se demander si le groupe ou la personne concerné (e) reconnaît le Dieu qui s'est révélé en trois personnes. Le test christologique porte sur Christ : Sa personne, Son oeuvre Sa gloire, Son enseignement, Sa mort, Sa résurrection et Son retour. Le test biblique porte sur la confession de l'autorité de la Parole de Dieu. Le test de l'amour moral est l'expression verticale et horizontale de l'amour selon 1 Corinthiens 13. Le test de la spiritualité pose la question de l'aspiration à la direction du Saint-Esprit et à la pureté. Le test de la liberté : la liberté est-elle offerte aux individus ? Les dirigeants acceptent-ils de se soumettre à la correction et à la discipline ?

71 John MacArthur, Spiritualité en crise. Comment discerner le vrai du faux (CH Préverenges : La Maison de la Bible, 1996), 94.

72 Ibid.

73 James A. Beverley, La bénédiction de Toronto. Enquête (Floride : VIDA, 1995), 29.

Le test de l'église pose des questions telles que : « Le groupe religieux en question s'inscrit-il dans la continuité avec la foi classique ? Ou bien se montre-t-il sectaire, rigide et étroit d'esprit ? »74 Le test socio - politique : la jonction entre l'action sociale et l'évangélisation est-elle effective ? Le test prophétique consiste à se demander : « les dirigeants du groupe ont-ils été de faux prophètes, dans le sens qu'ils ont énoncé de fausses prophéties ou qu'ils se sont rendus coupables de dogmatisme prophétique insouciant ? »75 Le test de la raison : « Une idée ou une pratique donnée semble-elle raisonnable, et en accord avec le sentier de la sagesse et de la vérité76. Je pense qu'il est nécessaire de ne pas s'en tenir seulement aux dons spirituels.

Au-delà des Dons de l'Esprit

En mettant l'accent sur les dons spirituels, les prieurs ont tendance à négliger le fruit de l'Esprit et la sanctification. Or, s'il est vrai que le dernier est preuve de maturité spirituelle, on ne saurait en dire autant du premier. Il peut se trouver au niveau des pentecôtistes un certain orgueil « fondé sur un sentiment de supériorité à cause des révélations et de leur expérience »77. Cela a pour conséquence de les éloigner d'autres aspects des Saintes Ecritures qui appellent le chrétien à la maturité spirituelle. À mon avis, il faut aller au-delà des dons de l'Esprit.

Je pense qu'un équilibre est nécessaire entre dons de l'Esprit et fruit de l'Esprit. Rien ne sert de mettre l'accent sur les dons spirituels si leur exercice n'est pas accompagné du fruit de l'Esprit et d'une sainteté de vie.

74 Ibid., 30.

75 Ibid.

76 Ibid.

77 Frank Bartleman, Azusa Street - 1906. Une autre vague déferle (Saint-Hubert : Ministères Multilingues, 1997), 165.

L'enseignement des apôtres, particulièrement celui de l'apôtre Paul a consisté à mettre entre deux chapitres parlant des dons spirituels (1 Co 12 et 14), un chapitre sur l'amour (1 Co 13). L'exercice des dons spirituels doit être effectué dans l'amour : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. » (1 Co 13. 1). On ne peut parler de 1 Corinthiens 13 sans se référer à Galates 5. 22, parce que l'amour est la porte par laquelle le chrétien peut vivre la sainteté et développer tous les paramètres du fruit de l'Esprit.

Le fruit de l'Esprit est une oeuvre spirituelle de longue haleine. Il demande de la part du chrétien une vie éprouvée, une vie de communion avec le Seigneur, un abandon de sa propre vie afin que se développe en lui la vie du Seigneur. JésusChrist, le vrai cep avait dit que tout sarment qui porte du fruit doit être émondé « afin qu'il porte encore plus de fruit » (Jn 15. 2). C'est par cet émondage que le chrétien peut porter le fruit de l'Esprit. Soulignons à présent la question relative à la reconnaissance des dons et/ou ministères par l'église.

La Reconnaissance des Ministères et des Dons par l'Eglise

J'ai relevé le fait que la prière n'est pas un ministère. Mais, j'ai aussi souligné le fait que les prieurs ne s'occupent pas uniquement de la prière ; ils font parfois office de recours en matière de relation d'aide. Ils prétendent exercer aussi les ministères de prophète et de délivrance. Il est vrai, la Parole de Dieu ne fait en aucun moment cas d'un certain ministère de délivrance. Encore, faut-il que les uns et les autres soient enseignés et en arrivent à une telle compréhension des choses. Dans ce contexte, on ne peut passer sous silence le rôle important qu'ils jouent auprès des chrétiens.

C'est pourquoi, je pense qu'il est nécessaire pour les églises de reconnaître leurs ministères dans un cadre biblique ou si l'on veut leurs activités spirituelles, dans le cas où l'appellation ministère peut porter à confusion. Cela pourrait permettre un investissement de manière pratique dans leur encadrement et leur formation afin que des erreurs soient évitées. Selon Wolfgang Bühne, « l'église peut avertir et reprendre un ouvrier du Seigneur, elle peut exprimer des voeux et faire des recommandations, mais elle ne doit jamais s'interposer entre le serviteur et son Maître »78. Elle peut et doit discipliner quand il y a une faute doctrinale. En effet, lorsque l'Eglise reconnaît les ministères comme les dons, elle a aussi un droit de regard sur la manière dont ils sont exercés.

Quoiqu'il en soit, l'ouvrier ne doit en aucun cas avoir un esprit vindicatif. La reconnaissance du ministère ou du don d'un frère ou d'une soeur n'est pas une obligation pour une église. Elle peut le faire comme dans Actes 13. 3 ; mais, elle peut pour des raisons précises, soit attendre que la personne en question ait produit des aptitudes claires accréditant son don et/ou ministère, soit ne même pas les reconnaître79.

A cet effet, l'exemple de la Région de Koudougou est un cas d'école. Elle a tenté de réglementer le développement des communautés de prière sous l'impulsion du Pasteur Zongo Etienne. Cette tentative qui s'est avérée un succès a été motivée par plusieurs raisons. Selon le Docteur Zongo, des plaintes avaient été exprimées de la part des chrétiens dont les églises sont dirigées par des pasteurs prieurs. Selon ces chrétiens, leurs églises seraient sans berger, leur pasteur étant chaque fois en déplacement pour des prières.

78 Wolfgang Bühne, La troisième vague...le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise ? (Bilefeld : Editions Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), 125.

La deuxième raison est que les prieurs qui se déplaçaient dans les églises ou qui recevaient les chrétiens chez eux, se seraient adonnés à des pratiques indécentes pour avoir de l'argent. Aussi, ils détourneraient à leur profit les dîmes et les offrandes des églises. La troisième motivation est qu'il y aurait en leur sein des pratiques qui allaient à l'encontre de l'éthique chrétienne.

Pour parer à tous ces facteurs négatifs, la Région de Koudougou a convoqué tous les prieurs. Dans un premier temps, ceux-ci n'ont pas répondu à l'appel. Une seconde convocation leur fut adressée avec l'obligation d'obtempérer sous peine d'exclusion de l'Eglise des Assemblées de Dieu. Ils ont alors répondu à l'appel. La Région, tout en reconnaissant leur ministère, les invita à l'exercer sous le contrôle des églises.

Les conditions étaient les suivantes. D'abord, que tous les prieurs qui occupent la fonction de pasteur principal dans une église acceptent recevoir à leurs côtés un pasteur assistant qui va les aider dans le ministère pastoral au regard de leurs fréquents déplacements. Ensuite, qu'il soit mis fin à l'exercice de la prière à domicile pour que tout se fasse dans les églises. Enfin, que ces derniers acceptent collaborer avec des pasteurs qui s'occuperont du volet enseignement. Certes, tous les prieurs n'ont pas accepté ces conditions. Mais la majorité d'entre eux exercent aujourd'hui leur ministère avec la bénédiction de la Région. A l'endroit des chrétiens, il convient de réaffirmer la nécessité d'une relation personnelle avec Dieu.

Cultiver une Relation Personnelle Avec Dieu

La prière occupe une place importante dans la Parole de Dieu, si bien qu'on peut parler de priorité de la prière : « je veux donc que les hommes prient en tout lieu » (1 Tm 2. 8), « priez sans cesse » (1 Th 5. 17). Dans Matthieu 6. 6, Jésus-Christ a dit :

« quand tu pries... ».

Cela sous entend « lorsque tu pries... », et non « si tu pries... ». Pour le chrétien, la prière n'est pas une option, mais une activité spirituelle qui découle de sa vie, d'une relation personnelle avec Dieu. La prière nécessite une régularité. Nous ne pouvons donc que l'inscrire dans le cadre d'une relation entretenue et enrichie avec le Seigneur.

A mon avis, si chaque chrétien avait une vie de prière et de méditation personnelle de la Parole de Dieu, le développement de l'activité des prieurs n'aurait pas aujourd'hui une telle ampleur. C'est justement parce que cet aspect personnel de la vie chrétienne manque que beaucoup ont recours aux prieurs. Cela ne veut pas dire qu'il est malséant de demander une aide dans la prière auprès d'une personne qui jouit d'une grande proximité avec le Seigneur ou qui connaît une plus grande maturité spirituelle. Cela est possible. Mais cela ne doit pas devenir une règle, un modus vivendi. En effet, lorsqu'on se promène de lieu de prière en lieu de prière, il y a un danger à se confier plus à des hommes qu'à Dieu.

Il n'existe aucune relation privilégiée avec le Seigneur que la relation personnelle. C'est ce à quoi chaque chrétien doit parvenir. Déjà dans l'Ancien Testament, le jeune serviteur de Moïse, Josué nous donne un exemple frappant. Il est le seul avec Moïse dans la tente d'assignation dressée hors du camp (Ex 33. 7). Mais quand Moïse quittait la tente pour retourner au camp, Josué cependant « ne sortait pas du milieu de la tente » (Ex 33. 11). Par cet exemple, nous voyons un serviteur qui marche sur les pas de son maître, en ayant cependant les yeux rivés sur Celui qui conduit son maître, le Divin Maître. Pour lui, sa relation personnelle avec Dieu primait sur toute autre chose. Quel bel exemple pour nous aujourd'hui !

CHAPITRE III
CONCLUSION

D'un point de vue méthodologique, cette recherche sur le développement des communautés de prière en milieu pentecôtiste burkinabé, plus précisément, dans la Région de Ouagadougou a été faite de manière théorique et pratique. Sur le plan théorique, j'ai recherché des données documentaires en utilisant les recherches antérieures qui expliquent dans une certaine mesure le sujet. Au niveau pratique, les données empiriques recueillies sur le terrain auprès des prieurs et des chrétiens qui les fréquentent ont apporté un éclairage nouveau sur la question, particulièrement en ce qui concerne ses tendances locales au Burkina Faso. Les outils d'investigation ont été essentiellement : l'observation directe, le questionnaire et l'entretien semi - directif. L'ensemble de ces données m'a permis d'organiser mon travail en fonction de la thèse selon laquelle le développement des communautés de prière en milieu pentecôtiste dans la Région de Ouagadougou peut être mis en relation avec trois principaux facteurs : l'offre de prière, la demande de prière et l'affaiblissement de la puissance spirituelle des églises.

Pour me résumer, j'ai identifié dans un premier temps les racines du phénomène qui, à mon avis, s'étendent jusque dans le montanisme et les mouvements pentecôtistes. Les mouvements pentecôtistes en Afrique ont leurs spécificités et ont connu des dérapages tels que le recours systématique à la délivrance et la théologie de la prospérité et de la guérison. J'ai aussi mis en évidence certains aspects de la théologie libérale africaine et les tendances du pentecôtisme au Burkina Faso.

En sus de ces données théoriques, les données empiriques m'ont permis de relever deux causes principales liées au développement des communautés de prière dans la Région de Ouagadougou : d'une part, les causes religieuses et spirituelles qui se situent au niveau des chrétiens, des églises et des prieurs ; d'autre part, les causes sociales et économiques, qui sont en relation avec l'arrière-plan animiste des chrétiens et la motivation économique des prieurs. Au regard de ces différentes causes, il m'est paru opportun de tirer les enseignements qui s'imposent. Il y a, de la part des acteurs en question, une vision déformée de la prière, d'où la nécessité de retourner à la Parole de Dieu afin de développer une théologie digne de ce nom, qui se veut biblique sur la prière et l'exercice du ministère prophétique et de la délivrance.

J'ai esquissé des réponses aux questions que je m'étais posées afin de maîtriser le phénomène. Il s'agit en occurrence du fait que chaque chrétien né de nouveau et baptisé du Saint-Esprit est appelé à discerner, à faire la part des choses entre ce que vient de Dieu et ce qui est du Malin. En plus, il faut aussi cultiver une relation personnelle avec Dieu par une vie quotidienne de prière et de méditation de la Parole de Dieu. J'ai aussi souligné pour ce qui est des prieurs, la nécessité pour ceux-ci d'avoir une vie spirituelle équilibrée. Dit autrement, l'accent ne doit pas être mis sur les dons de l'Esprit au détriment du fruit de l'Esprit. Sans cet équilibre spirituel, leur ministère souffrirait de bien de manquements. Pour ce qui est des églises, la reconnaissance des ministères et des dons exercés par des chrétiens pourrait être un moyen pour mieux contrôler cette activité de prière et créer de facto un cadre officiel d'expression de ces ministères et dons dans les églises en lieu et place du caractère informel de l'activité.

Relativement à ma problématique, les données recueillies apportent des réponses aux questions que je m'étais posées. Ainsi, la question des vrais et des faux prophètes nécessite une définition claire par l'église du ministère prophétique aujourd'hui. Pour ce qui est du manque d'encadrement spirituel de l'activité des prieurs, il serait opportun que l'église se prononce de manière officielle vis-à-vis de ses membres qui ont des dons et qui les exercent. Les écarts souvent rencontrés au niveau des prieurs appellent chaque croyant à la vigilance, au discernement et les responsables spirituels à l'exercice du discernement (don de discernement). Ils interpellent chaque prieur à mener une vie chrétienne sanctifiée de peur d'être rejeté après avoir prêché aux autres ou accompli des miracles (Mt 7. 21-23). Quant à l'ampleur que prend le phénomène, j'ai mis en évidence l'importance de retourner au schéma biblique de la prière où chaque chrétien a une relation personnelle avec Dieu. Aussi, chaque pasteur est berger du troupeau de Dieu. Il devrait en principe, accorder un intérêt particulier aux besoins des chrétiens en matière de relation d'aide.

En définitive, je pense que dans l'analyse causale du développement des communautés de prière, il faut éviter tout sectarisme ou esprit sectaire. En effet, nous ne devons pas être prompts à empêcher les Eldad et Médad (Nb 11. 26)

d'aujourd'hui de prophétiser et d'accomplir des miracles ou des prodiges, à la seule raison qu'ils ne sont pas des nôtres. Au contraire, nous devons dire comme Moïse : « Puisse tout le peuple de l'Eternel être composé de prophètes ; et veuille l'Eternel mettre son Esprit sur eux ! » (Nb 11. 29) Dans le même sens, Jésus disait : « il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi » (Mc 9. 39). Sachons donc raison gardée, pour ne pas se mettre à dos des personnes que le Seigneur n'a pas rejetées.

Cette recherche m'a permis de me pencher sur un sujet dont l'actualité n'est plus à démontrer. En effet, dans un contexte religieux marqué en milieu urbain par la prolifération des dénominations et des lieux de culte, s'il y a un phénomène majeur qui y émerge, c'est sans conteste celui des prieurs. Cette recherche se veut un début d'explication. Le regard que j'ai porté sur la question est panoramique. Cela est dû à des contraintes techniques, financières et de temps. De ce fait, elle mérite d'être approfondie par des études ultérieures. L'accent pourrait être mis en particulier sur chaque acteur : les prieurs, les chrétiens, les leaders d'église. Quelles sont les logiques des acteurs ? Quelles sont les conditions d'exercice des dons spirituels dans les églises ?

Aussi, il est pertinent qu'au-delà de la perspective biblique, une perspective sociologique du sujet soit adoptée. En effet dans cette étude, j'ai adopté essentiellement une perspective biblique. Or, au regard du fait qu'il s'agit d'un fait aussi bien social que religieux, la démarche sociologique apporterait un éclairage sur des logiques qui sont certainement religieuses, mais aussi socio-anthropologiques. Il ressort que beaucoup d'aspects culturels sont imbriqués dans ce phénomène. Et un oeil de sociologue ou d'anthropologue pourrait permettre de saisir certaines données qui ne sont pas perceptibles à première vue.

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Ressources en Ligne

Mayrague, Cédric. Les dynamiques paradoxales du pentecôtisme en Afrique. Paris : Ifri, 2008.

ANNEXES

Annexe

1. QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHRETIENS

2. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX PRIEURS

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHRETIENS

Identification

1. Age : 2.Sexe : 3. Eglise fréquentée :

4. Dénomination : 4. Date de conversion :

5. Date de baptême d'eau : 6. Date de baptême du Saint-Esprit :
Le chrétien et le prieur

7. Etes-vous déjà allé chez un prieur ou un groupe de prieurs ? Oui ? Non ?

8. Combien de fois ? Une fois ? Deux fois ? Plusieurs fois ?

9. A quelle fréquence partez-vous chez le (s) prieur (s) ?

Une fois le mois ? Une fois l'an ? Autre fréquence ? Préciser

Pas de fréquence ?

10. Pour quelle (s) raison (s) y êtes-vous parti ?

· Spirituelle ? (préciser) .

· problème social ? (préciser)

· Autres ? (préciser)

11. Avez-vous été satisfait ? Oui ? Non ?

12. Si oui, quelle a été votre satisfaction ?

13. Si non, pourquoi

14. Le prieur avait-il des exigences particulières ? Oui ? Non ?

15. Si oui, lesquelles ?

16. Avez-vous un prieur préféré chez qui vous partiez à chaque fois ? ? Ou en avezvous plusieurs ? ?

17. Pourquoi ce choix ?

18. À quelle occasion partez-vous chez le prieur ?


· Quand j'ai un problème : Economique ? Sociale ? Scolaire Spirituel ?

Autres ? Préciser

· Lorsque je me sens menacé par des agents du monde spirituel ? Préciser la menace

· Quand je voyage ?

· Autre occasion ? Préciser .

Le chrétien et son église locale

19. Fréquentez-vous une église fixe ? ou plusieurs églises ? ?

20. Sont-elles d'une même dénomination ? ou de dénominations différentes ? ?

21. Pour quelles raisons avez-vous choisi ce type de fréquentations ?

22. Participez-vous régulièrement aux cultes de dimanche ? Oui ? Non ?

23. Si non pourquoi ne prenez vous pas part régulièrement ?

24. Où êtes-vous quand vous n'êtes pas dans votre église locale ?

25. Combien de cultes prenez-vous part dans la semaine au sein de votre église locale ? Toutes ? Deux ? Une seule ? Aucune ?

26. Avez-vous des besoins en matière de prière ? Oui ? Non ?

27. Avez-vous recours à la cellule d'intercession de votre église ? Oui ? Non ?

28. Si oui, quelles sont impressions ? Bonnes ? Mauvaises ?

Mitigées ? Autres ?

29. Expliquez

30. Si non, pourquoi ne prenez-vous pas part ?

31. Avez-vous recours à votre pasteur pour vos besoins de relation d'aide ? Oui ? Non ?

32. Si oui, à quelle fréquence ? Quelque fois ? Souvent ? Rarement ?

Expliquez vos impressions

33. Si non, pourquoi vous n'y avez pas recours ?

34. Quelles sont vos attentes relatives à votre église locale ?

35. Qu'attendez-vous de votre pasteur ?

Le chrétien face à lui-même

36. Avez-vous une vie de prière personnelle ?

Tous les jours ? Une fois par semaine ? 2 ou 3 fois la semaine ?

37. Avez-vous une méditation quotidienne de la Parole de Dieu ? Oui ? Non ?

38. Comment cela se passe t-il ?

39. Que pensez-vous du développement des communautés de prière ?

GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX PRIEURS

Identification

· Age : Sexe : Eglise fréquentée : Dénomination :

· Date de conversion : Date de baptême d'eau :

Date de baptême du Saint-Esprit : Lieu exercé :

· Conditions de vie :

Le prieur et son activité

· Nature de l'activité exercée

· Dons exercés et réclamés

· Conditions de leur exercice : cadre : celibaterium, église, cour ; individuel ou collectif ? intra muros ou extra muros ?

· Motivation de l'exercice de l'activité : spirituel, rentabilité...

· Publicité de l'activité

· Moyens de survie

Le prieur et le chrétien

· Types de personnes reçues : chrétiens ? Non chrétiens ? Tranche d'âge ? Niveau social

· Motivations de ces consultations

· Nombre de consultations : par jour, par semaine, par mois...

· Ce qui est dit aux chrétiens

· Les exigences de la consultation

Le prieur et l'église

· Membre d'une église locale ou indépendant ?

· Les Indépendants : Origine ecclésiastique : rupture avec l'autorité. Rébellion : Raisons et motivations

· Prieur étant dans une église : types de relations avec l'autorité : soumission ou rébellion ?

· Droit de regard de l'église sur l'activité exercée ? Jusqu'où l'église peut aller ? Sanctions possibles : soumission ou rébellion ?






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway