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Les causes du développement des communautés de prière en milieu pentecôtiste. Cas de la région de Ouagadougou

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par Charles Joseph GUIBLA
Institut biblique supérieur des assenblées de dieu du Burkina Faso - Licence en théologie 2009
  

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Les Causes Religieuses et Spirituelles

Les causes religieuses et spirituelles que nous avons identifiées peuvent être situées à trois niveaux : les églises, les prieurs et les chrétiens. La première dimension est la responsabilité du leadership des églises.

Les Eglises en Question

On peut tout d'abord relever que le manque d'enseignement est crucial dans les églises. Cette situation explique en partie le non enracinement de certains dans la foi. La maturité spirituelle faisant défaut, les chrétiens vivent comme des bébés spirituels. Beaucoup n'ont pas une capacité de décision.

38 Sandra Fancello, « Un ethnologue chez les pentecôtistes du pays mossi. A propos de : P.-J. Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso. Mariage, pouvoir et guérison, Paris, Karthala, 2003 », dans CIVILISATIONS vol. LI 1-2 - Religions transnationales, 186.

39 Ibid., 186-187.

40 Idid., 187-188.

41 Ibid.

Face à un problème donné, il leur faut recourir par exemple à leur pasteur pour lui demander son avis. Mais ce dernier ne peut être à leur côté en tout temps, et peut ne pas être aussi un bon conseiller spirituel.

Les raisons explicatives du développement des communautés de prière sont aussi en relation avec la vie spirituelle des églises. Il y a l'affaiblissement de la puissance spirituelle des églises. L'expression puissance spirituelle fait allusion à l'exercice des dons spirituels (dons de guérison, de prophétie et de miracles...). Il est vrai que le christianisme ne se résume pas à ce paramètre. Mais soulignons que les manifestations de l'Esprit dans une église constituent un indicateur de son état spirituel. En effet, comme l'a souligné l'apôtre Paul, notre parole et notre prédication ne sauraient reposer « sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que notre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2. 4-5). C'est cette onction de l'Esprit qui manque dans beaucoup d'églises, et qui fait «courir» des chrétiens.

La responsabilité des pasteurs est engagée, à telle enseigne que certains parlent de leur démission en matière de prière et d'exercice des dons spirituels. C'est la responsabilité des pasteurs d'encourager, d'inciter et de faire la promotion des dons spirituels par l'enseignement et la mise en pratique dans les églises. Si cette responsabilité n'est pas assumée les conséquences peuvent être graves. Beaucoup de prieurs reprochent aux pasteurs leur intellectualisme, leur théologie, leur inaptitude en matière de prière. Récemment au cours d'une semaine de prière dans la ville de Ouagadougou, le pasteur prieur dénonçait l'attitude de certains pasteurs en ces termes : «Ils disent que c'est le Seigneur qui les a appelés.

Ils vont à l'école biblique et quand ils reviennent, ils s'habillent en veste alors qu'ils ne peuvent même pas faire voler une mouche par leur prière. Ils ne peuvent pas prier, et ils refusent que ceux qui veulent prier dans leurs églises prient. Si ces gens partent ailleurs, ils commencent à critiquer...''.

Ces reproches sont parfois sévères ; mais elles ne sont pas sans fondement. Un fait notable est qu'en milieu urbain, certaines grandes églises ne prient plus pour les malades en fin de culte dominical. La puissance de Dieu dont parle l'apôtre Paul, n'a pas été trouvée dans la sagesse humaine, mais dans une démonstration d'Esprit et de puissance. La question qu'il faut se poser est celle de savoir si cette puissante est chez beaucoup. Ces propos d'une soeur en Christ, relatifs à l'attitude de son pasteur sont symptomatiques de ce renoncement : «Lorsqu'un fidèle va le voir pour une question spirituelle, il demande de faire vite parce qu'il n'a pas le temps. Mais quand il s'agit d'un problème d'ordre séculier, il est prêt à vous aider». Malheureusement, des serviteurs de Dieu font de plus en plus preuve d'une telle inaptitude en ce qui concerne les questions spirituelles.

De ce qui précède, il en découle que lorsque les besoins des chrétiens en matière de relation d'aide ne sont pas satisfaits par les églises, le recours à une aide extérieure est probable. Les prieurs les accueillent. Ils arrivent parfois à mettre leur «client» en confiance plus que ne peut le faire le pasteur. Le devoir de tout pasteur est entre autre d'affermir les croyants. A Pierre, Jésus-Christ avait dit : « affermis tes frères » (Lc 22. 32). Lorsque des chrétiens manquent d'affermissement, ils peuvent recourir à une aide extérieure pour s'en sortir. Les besoins des chrétiens sont là. Peu de pasteurs sont à la hauteur de leurs attentes. Faut-il alors que les chrétiens restent dans les églises quand leurs responsables spirituels ne sont même pas capables de leur consacrer cinq minutes d'écoute ?

Faute d'avoir mieux dans leurs églises, beaucoup préfèrent explorer ailleurs, et ce parfois à leurs risques et périls. La deuxième dimension est la responsabilité des prieurs dans le développement du phénomène.

L'Affirmation de l'Ego Spirituel

L'exercice de certains dons spirituels offre une plus grande visibilité dans la sphère religieuse. De ces dons, on peut relever les dons de puissance (dons de guérison, de miracles et de prophétie). Par la possession ou la prétendue possession de ces dons, certains prieurs affirment leurs compétences spirituelles. Pour Pierre-Joseph Laurent, le croyant guérisseur se définit

comme un fidèle ayant reçu de l'Esprit Saint le don de guérison, auquel s'ajoutent fréquemment, selon les cas, le don de discernement, le don de parler en langues (la glossolalie), les dons de puissance, d'interprétation et de prophétie. Il se distingue généralement par son ardeur missionnaire42.

La volonté d'affirmation de soi sur le plan spirituel se traduit dans les pratiques et discours. Evoquons d'abord la stratégie de déconsidération sinon d'anéantissement de l'autre sur le plan spirituel. Elle se traduit par le fait que le discours spirituel tenu est fait d'attaques et de contre-attaques. Grâce à la possibilité que la plupart a de s'adresser aux fidèles, les prophètes - prieurs et les pasteurs s'adonnent à des attaques ciblées entre eux.

La double position de pasteur et de prophète (prieur) offre sans doute une facilité, sinon une liberté dans l'exercice de l'activité de prière. Celui qui se retrouve dans une telle position est en effet sans aucune couverture hiérarchique directe, étant fondateur de l'église. Sinon dans certains cas, le ministère du prophète peut être remis en cause par les responsables spirituels. C'est le cas notamment de ce Monsieur qui était dans la cour d'une église de la capitale. Il organisait des séances de prière.

A plusieurs reprises, il a été interpellé par son pasteur. Il a passé outre les remarques qui lui étaient faites. Le pasteur lui a alors demandé de quitter la cour de l'église. Aujourd'hui, il n'est plus membre de cette communauté. Il a pris une maison en location dans le même quartier où il reçoit. Sa renommée grandit dans le quartier et beaucoup de personnes vont vers lui. Laurent cite dans son ouvrage l'exemple de cette prophétesse qui « se méfie du pasteur qui a toujours douté de son don »43. Celle-ci a quitté l'église pour tenir dans son domicile un groupe de prière. Même dans les cas où les concernés ne quittent pas leur église, le fait d'exercer des dons de puissance les amènent ipso facto à être mise en exergue, parfois à leur corps défendant.

Mais il y a aussi des exemples de personnes qui exercent leur activité tout en restant sous le couvert de leur église. C'est le cas de cette femme qui possède des dons de prophétie, de guérison, de langue...Sa particularité est qu'elle les a mis à la disposition de l'église. Elle participe aux réunions de prière et d'intercession de l'église. Les responsables reconnaissent son activité, et elle a la possibilité de recevoir des gens chez elle avec la bénédiction de ses responsables spirituels. Elle met ses dons à la disposition des croyants, et exercent son activité en collaborant avec d'autres membres de son église.

L'affirmation de soi n'est pas seulement à l'intérieur de la communauté. Même à l'extérieur, le besoin de mettre en évidence ses compétences spirituelles est réel. C'est le cas notamment du défi lancé à l'encontre des forces du monde des ténèbres.

C'est dans ce même ordre d'idées que Laurent relève le cas du «croyant guérisseur» qui

défie les féticheurs qu'il identifie à de simples sorciers et par extension au démon, au même titre, dans une généralisation saisissante, que les tenants des cultes ancestraux (...) il provoque de nombreuses conversions qu'il théâtralise

par des autodafés, dans lesquels il procède à la destruction, en public, des fétiches déclassés44.

La responsabilité des chrétiens mérite d'être mise en évidence en troisième lieu. Les Chrétiens en Question

Aujourd'hui, les chrétiens sont à la recherche de solutions «prêt-à-porter». Il s'agit d'une génération qui veut tout, tout de suite. Peu sont prêts au sacrifice. L'invitation de Christ à porter sa croix et à le suivre (Mt 16. 24) ne fait plus recette. On prétend aimer le Seigneur, mais en réalité, on aime beaucoup plus les choses que le Seigneur donne. On a des besoins, et on veut avoir des réponses à ceux-ci, non pas selon la volonté du Seigneur, mais selon sa propre volonté.

Le renoncement à la vie de prière personnelle est une illustration parfaite de la vie du chrétien du XXI ème . En effet, le choix délibéré de certains chrétiens est de renoncer à la prière. Pour eux, la prière est une tâche trop exigeante. Pour ce faire, il «achètent des prières» ; ils demandent qu'on prie pour eux. C'est un renoncement à la piété, à une relation personnelle avec le Seigneur. C'est une démission de ses responsabilités de chrétien. Etre chrétien et ne pas prier, et vouloir que des gens prient pour soi, c'est prendre Dieu comme un «pneu de secours»; c'est vouloir une chose et ne pas accepter le sacrifice pour son obtention. Comment alors peut-on avoir une bonne perspective des bienfaits de Dieu si ces bienfaits ne nous ont rien coûté ?

Certains chrétiens vivent dans des inquiétudes, et comme solution ont recours aux prophètes prieurs.

Quand bien même la Parole de Dieu invite à marcher par la foi et non par la vue (2 Co 5. 7), beaucoup ont renoncé à vivre par la foi. En ayant recours aux prieurs, il y a un désir de sonder l'avenir, de savoir ce que l'avenir réserve. Pour beaucoup, le vrai prophète prieur est celui qui est à même de faire des prédictions.

La quête de prière des chrétiens pourrait trouver son origine aussi dans le fait que de plus en plus, la vie spirituelle de beaucoup est affaiblie. Cet affaiblissement de la vie spirituelle se manifeste de plusieurs manières. Il y a le manque d'une totale consécration au Seigneur. Beaucoup mènent une vie chrétienne tiède, veulent aller au ciel, mais ne sont pas prêts à vivre une vie de renoncement et de sacrifice. Ils proclament aimer le Seigneur, mais il ne s'agit pas d'un amour réel. Ils recherchent Dieu quand ils sont dans le besoin, un Dieu parapluie. Comme les trois rois en campagne dans 2 Rois 3 à la recherche d'un prophète à cause d'un manque d'eau,

ces chrétiens sont à la recherche de solutions à leurs problèmes.

Un fait important est le caractère non authentique des conversions. En effet, une remarque générale que l'on peut faire aux églises africaines, particulièrement à l'église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso est le fait que de plus en plus il s'agit d'une église de multitude et non de professants. Malheureusement beaucoup ne sont pas nés de nouveau. Les tendances sont diverses : il y a ceux qui sont des chrétiens de la deuxième ou troisième génération, et qui vivent sur la foi de leurs parents ou grands-parents sans avoir préalablement eu une expérience personnelle avec le Seigneur. Il y a aussi ceux qui ont un arrière-plan animiste mais qui n'ont pas rejeté ce qu'ils étaient autrefois. Il y a aussi ceux qui ont réellement eu une expérience personnelle avec le Seigneur, mais qui, au fil du temps se sont endormis. Toutes ces catégories de personnes ne vivent pas une vie chrétienne authentique. Elles sont sujettes à se laisser emporter à tout vent de doctrine (Ep 4. 14).

Le caractère non authentique des conversions se conjugue facilement avec le manque d'enracinement dans la foi chrétienne. Certains chrétiens croient qu'il suffit de se convertir pour devenir chrétien. Ils oublient qu'un bébé a besoin d'être nourri pour grandir. Le chrétien africain qui n'a pas une bonne connaissance de la Parole de Dieu et qui se contente de la prédication du dimanche ne peut grandir dans la foi. Il viendra à l'église par formalisme, pour faire comme Monsieur Tout le monde, et peut se laisser entraîner facilement dans le mouvement général à cause de l'effet de groupe.

Il y a aussi le fait que les conversions peuvent être superficielles. En effet,

beaucoup de ceux qui s'engagent à suivre Christ le font sans savoir

exactement qui il est et pourquoi ils le suivent (...). Ils ne mesurent pas que Christ seul est en mesure de faire bien plus que simplement répondre aux besoins les plus cruciaux qu'ils peuvent rencontrer un jour, ou les aider à sortir des graves crises de l'existence45.

Ces conversions superficielles sont à l'origine d'une vie chrétienne superficielle, fondée sur la recherche de la satisfaction de besoins plutôt que sur un réel enracinement dans la foi chrétienne et la recherche de la volonté de Dieu. Relevons en quatrième point l'attrait du phénomène miraculeux.

L'Attrait du Phénomène Miraculeux

Le phénomène miraculeux attire. L'homme a toujours été à la recherche du sensationnel. Dans cette recherche, il peut certes parfois connaître des désillusions. Mais quelque soit l'époque, même dans le milieu chrétien, même après avoir connu Christ, on est parfois à la recherche de quelque chose de nouveau. Comme quelqu'un le disait, ce qui pousse les chrétiens à déserter leurs églises pour les lieux de prière, c'est qu'on leur propose quelque chose d'autre qui sort de l'ordinaire. Chaque année, dans plusieurs lieux du Burkina Faso, a lieu des rallyes de prière.

27 Au cours de cette année 2009, il y aura plusieurs semaines de prière dont les rendez-

vous les plus emblématiques auront lieu à Boulmiougou Barrage, Bourou, Ramonggho. Ces rendez-vous drainent parfois plus de trente mille personnes avec le chiffre record de 600 pasteurs parfois. Jamais le Lagengo n'a atteint de tels chiffres dans ses manifestations, souligne un pasteur. On peut à juste titre s'interroger s'il s'agit d'une recherche de Dieu ou du surnaturel ?

Fédor Dostoïevskyi souligne :

L'homme ne recherche pas Dieu, mais le surnaturel. Parce qu'il ne supporte pas de vivre sans miracles, il se créera de nouveaux prodiges et glorifiera les actes de puissances occultes et d'exorcisme, bien qu'à l'égard de Dieu il soit manifestement rebelle, hérétique et infidèle.46

Il est vrai que beaucoup ne savent pas faire la différence entre ce qui vient de Dieu et ce qui vient du Malin. Mais, Dieu se manifeste aussi dans le surnaturel, et on ne peut pas rejeter le miracle par un revers de la main. En effet, comme le disait Lukasse,

Nous ne devons pas rechercher les miracles, mais sommes-nous suffisamment offensifs vis-à-vis du royaume des ténèbres ? Car dans ce cas, nous nous trouverons parfois dans ces situations où il s'agira de savoir qui est le plus fort ! Les gens recherchent le surnaturel.47

Cela veut tout simplement dire que le fait que nous ne sommes pas appelés à rechercher les miracles ne saurait être une raison pour manquer d'être offensifs à l'égard de l'ennemi. La Parole de Dieu nous offre des armes défensives et une arme offensive (l'épée de l'Esprit).

46 Fédor Dostoïevskyi, The Brothers Karamazov, `The Grand Inquisitor' (s.l.: s.p., sd), cité dans Anthon Campolo, It's Friday but Sunday's Coming (Waco: Word Books, 1984), 74, cité dans Johan Lukasse, Mission possible! Implantation d'églises dans une Europe post-chrétienne (Bruxelles-SaintLégier: Le Bon livre-Emmaüs, 1993), 81.

47 Johan Lukasse, Mission possible! Implantation d'églises dans une Europe post-chrétienne (Bruxelles - Saint-Légier : Le Bon Livre - Emmaüs, 1993), 80.

Nous devons savoir que nous sommes dans un contexte africain où beaucoup parviennent à la foi à la suite d' « une rencontre de puissances ». Il y a des situations où les rapports de forces s'imposent à nous qu'on le veuille ou non. Il s'agit alors de savoir discerner ces moments afin de demander à Dieu de manifester sa puissance. Comme au temps de Jésus où la foule « le suivait, parce qu'elle voyait les miracles qu'il opérait sur les malades » (Jn 6. 2), aujourd'hui encore, beaucoup sont attirés par le miracle. Christ cependant, ne s'est pas seulement contenté de faire des miracles.

A ces causes religieuses et spirituelles viennent se greffer des causes sociales et économiques.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore