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Télédétection du manteau neigeux et modélisation de la contribution des eaux de fonte des neiges aux débits des oueds du haut atlas de Marrakech

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par Abdelghani Boudhar
Université Cadi Ayyad - Doctorat National 2009
  

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· Conclusion et Perspectives

Une grande partie du territoire Marocain est soumise à un climat aride à semi-aride. En conséquence, les ressources en eau sont limitées et subissent une forte exploitation sous l'effet des changements environnementaux dus essentiellement aux périodes de sécheresse et à la croissance des besoins en eau. C'est le cas de la région de Tensift où l'accroissement démographique très fort des villes et l'extension des périmètres irrigués et ainsi que le développement du tourisme sont à l'origine d'une grande mobilisation des ressources hydriques. C'est donc vers une optimisation de la gestion de l'eau qu'il faut tendre. Ce travail de thèse s'inscrit dans ce contexte global de caractérisation des ressources hydriques de la région de Tensift mené dans le cadre du projet de recherche franco-marocain SUDMED. Ce projet, coordonné par le CESBIO et l'UCAM, a été lancé en 2002 avec l'appui des organismes régionaux chargés de la gestion des ressources hydro-agricoles (ORMVAH et ABHT). La région d'étude principale de ce projet est le bassin versant semi-aride du Tensift autour de la ville de Marrakech, région où les enjeux relatifs à la gestion de la ressource hydrique sont particulièrement forts.

Notre travail s'est focalisé sur les sous bassins versants de la chaîne montagneuse du Haut Atlas de Marrakech. Grâce à ses hautes altitudes, cette chaîne constitue une barrière orographique naturelle face aux masses d'air chaud venues du Sud (Sahara) et reçoit plus du triple des précipitations habituellement enregistrées en plaine. Ces grandes altitudes représentent le principal facteur qui contrôle les variations des paramètres climatiques (température et précipitations). Une part importante des précipitations tombe sous forme neigeuse et constitue un manteau qui reste stocké temporairement avant d'être libéré dans les cours d'eau et participer ainsi à soutenir les étiages. Ces montagnes constituent donc un château d'eau pour la région et sont aussi la principale zone de production des ressources hydriques.

La problématique abordée au cours de cette thèse consiste en une meilleure caractérisation des ressources en eau disponibles en montagne et en particulier l'apport de la fonte des neiges aux débits. Pour cela, nous avons utilisé une approche méthodologique combinant les données issues des images satellites et les données mesurées in situ lors des compagnes de mesures et collectées par les stations météorologiques. Ces données ont été utilisées pour calibrer et valider les différents modèles appliqués au cours de cette étude.

Les images satellites basse résolution issues des capteurs MODIS et VEGETATION nous ont permis de cartographier les surfaces de neige dans le Haut Atlas. Les cartes de neige produites à la base d'un indice de neige modifié sont utilisées pour décrire la variabilité spatio-temporelle de l'enneigement dans le Haut Atlas et en particulier sur les cinq sous bassins versants les plus actifs hydrologiquement dans la région de Marrakech (Nfis, Rheraya, Ourika, Zat et R'Dat). Ces cartes d'enneigement ont permis de quantifier les variations temporelles du taux d'enneigement d'un bassin versant à un autre, selon l'exposition et par tranche d'altitude. La chute de neige commence généralement aux mois d'octobre ou novembre et la fonte totale se fait au mois d'avril ou mai avec des périodes de fonte au milieu de la saison. Les altitudes qui reçoivent plus de neige sont supérieures à 2600 mètres et les premières neiges tombent sur les altitudes supérieures à 3800 mètres et persistent jusqu'à la fin de la saison. On a classé les cinq sous bassins versants en deux catégories : deux bassins (Ourika et Rheraya) dont le fonctionnement a une forte composante nivale, se caractérisant par des surfaces neigeuses maximales importantes (60 à 80% de l'aire totale) et des périodes de présence de neige qui dépasse parfois cinq mois, et les bassins de Zat, R'Dat et Nfis à la composante nivale moins marquée, avec des surfaces neigeuses maximales qui ne dépassent pas 60% et des périodes de présence de neige comprises entre un et quatre mois. Les versants orientés vers le Nord reçoivent plus de neige par rapport aux versants orientés vers le Sud. Les taux de variations de l'enneigement sont comparables avec les données hydro-climatiques disponibles sur la région (précipitation, hauteurs de neige, température et débit à l'exutoire). Ces informations sont un indicateur de qualité pour le suivi des ressources hydriques neigeuses et peuvent renforcer de manière significative les réseaux d'observation hydro-climatiques et aider à la spatialisation de la pluie en haute montagne semi-aride.

Ces cartes d'enneigement constituent la seule information disponible pour analyser les résultats des modèles de fonte via une simulation des surfaces de neige. Afin de valider ces modèles à l'échelle du bassin versant, une meilleure spatialisation des paramètres climatiques est nécessaire. Vu la faible densité du réseau hydro-climatique dans notre zone et la complexité de la topographie, les méthodes d'interpolation classiques sont difficiles à appliquer. Pour cela, nous avons développé un modèle de spatialisation de la température de l'air (MSPAT). La bande thermique des images Landsat ETM+ a été utilisée pour calculer les températures maximales de l'air dans tous les pixels pour chaque image ETM+. Cette information est utilisée pour caractériser la variation spatiale de la température de l'air en fonction des facteurs topographiques (altitude, pente et exposition) et l'angle d'élévation solaire. A partir de cela, nous avons initialisé le modèle MSPAT à l'échelle temporelle en utilisant les données enregistrées dans une station météorologique de référence. Les résultats obtenus par les deux modèles MSPAT et le gradient d'altitude (GRAD) sont similaires à l'échelle des stations météorologiques disponibles. Tandis qu'à l'échelle du bassin versant de Rheraya, dont le relief est très contrasté, les modèles sont évalués par les surfaces de neige (SCA) estimées. Ces dernières sont comparées avec les SCA calculées à partir des données MODIS. Les résultats montrent que le modèle MSPAT améliore significativement les simulations des SCA.

Comprendre les processus de fonte et d'accumulation des neiges à l'échelle locale constitue une étape intéressante vers une modélisation des débits à l'échelle du bassin versant. La seule station nivale dont on dispose dans la région est la station d'Oukaimden localisée à 3200 mètres d'altitude. Celle-ci comprend des instruments de mesures des différents paramètres nécessaires à une modélisation de fonte des neiges à un pas de temps semi-horaire (température et l'humidité de l'air, vitesse du vent, rayonnement solaire global, cumuls de précipitations et de hauteur de neige). La qualité de ces données peut être qualifiée de bonne sauf pour les relevés de hauteur de neige et de cumul de précipitations qui présentent des artefacts, qu'il convient de corriger. En plus des mesures continues de la station nivale, des mesures ponctuelles des densités et des hauteurs de neige on été effectuées durant la saison 2007/2008 au sommet d'Oukaimden à environ 3200m d'altitude. Ces données ont été utilisées pour calibrer le modèle de transformation des hauteurs des neiges en équivalent en eau par un modèle simulant l'évolution temporelle des densités.

Deux types de modèle ont été utilisés pour étudier les processus de la fonte des neiges dans la station d'Oukaimden. Il s'agit d'un modèle à base physique de bilan d'énergie (ISBA-ES) et de plusieurs modèles simples de type degré-jour. Pour ces derniers, nous avons testé trois formules largement utilisées pour obtenir le facteur de fonte ; la relation empirique de Martinec, la relation linéaire suggérée par Kuustisto et la relation intégrant le rayonnement comme facteur de fonte « RAD ». La calibration des modèles a été effectuée avec les données de l'année 2007/2008 et la validation sur les autres saisons. Les résultats des simulations des équivalents en eau (SWE) à l'échelle locale montrent que la formule Kuustusto est plus efficace que les deux autres modèles degré jour. Ces résultats sont comparables avec ceux obtenus par le modèle ISBA-ES. Ce dernier reproduit bien les équivalents en eau pour les saisons à longue période hivernal où le manteau neigeux subis plus de transformation (exemple des deux saisons 2003/2004 et 2007/2008). Les densités de la neige sont globalement bien simulées avec une surestimation à la fin du mois de février 2008 due à la forte quantité d'eau liquide contenue dans le manteau neigeux. Les albédos modélisés par ISBA-ES sont surestimés par rapport à celles enregistrées dans la station météorologique et surtout dans les périodes de faibles hauteurs de neige où la fraction sol peut influencer la réflexion des rayonnements. ISBA-ES nous a permis de mieux comprendre l'interaction des processus d'ablation de neige dans le Haut Atlas. Les pertes par sublimation constituent une part non négligeable d'eau, variant de 16 à 37%. Le phénomène de sublimation se produit d'une manière stable le long de la saison. La libération des eaux par le processus de la fonte se fait pendant des courtes périodes.

A l'échelle locale, le modèle ISBA-ES est plus efficace pour caractériser les processus influençant la dynamique et l'état du manteau neigeux. En raison de la difficulté à spatialiser certaines données d'entrée d'ISBA-ES, notamment le vent et l'humidité, il est très difficile d'utiliser ce modèle pour évaluer la fonte à l'échelle régionale. Dans ce contexte, les modèles degré-jour, basés sur des variables climatiques plus facilement spatialisables (température et rayonnement) restent privilégiés pour estimer la variabilité spatiotemporelle de la fonte. La comparaison des différentes formules à l'échelle du bassin versant de Rheraya, montre que l'utilisation du taux de perte due à la sublimation obtenue par ISBA-ES dans la station nivale améliore les surfaces de neige simulées. On conclue aussi qu'une calibration d'un modèle simple à l'échelle local n'est pas nécessaire pour une application à l'échelle spatiale. La formule de Martinec est performante pour générer des SCA (surface de neige) dans notre zone. Cette formule est d'ailleurs celle utilisée par le modèle hydrologique Snowmelt Runoff Model « SRM » souvent appliqué à des fins opérationnelles.

Les surfaces des neiges obtenues par la télédétection et celles simulées par le modèle degré-jour simple ont été utilisées à l'entrée du modèle SRM. La performance de ce modèle a été analysée au niveau des cinq sous bassins versants atlasiques. En générale, les simulations sont bonnes pour les sous bassins versant de Rheraya et Ourika où les processus nivaux sont importants et les données hydrométéorologiques sont relativement disponibles. De l'autres coté, les simulations des débits sont moins efficaces pour les sous bassins de Nfis, Zat et R'Dat où la neige joue un rôle moins important dans le bilan hydrologique. Les réponses rapides des débits générées par des événements pluvieux à caractère torrentiel non mesurés par les stations météorologiques sont mal simulées par SRM. L'utilisation des surfaces de neige issues de la télédétection améliore la prédiction des débits par rapport aux surfaces simulées par le modèle degré-jour. Cela est peut être expliqué par les précipitations tombées aux hautes altitudes et difficiles à enregistrer par le manque de stations de mesures. Ce type d'événement peut être vu par les satellites sous forme d'extension neigeuse. En utilisant les surfaces neigeuses issues de la télédétection à l'entrée du modèle SRM, nous avons montré qu'environ 25% des ressources hydriques écoulées depuis les versants nord du Haut Atlas de Marrakech sont proviennent de la fonte des neiges.

La voie de recherche initiée dans cette thèse, qui n'avait d'ailleurs pas été employée jusqu'à présent au Maroc, a débouché sur des résultats qui sont primordiaux pour les gestionnaires des ressources en eau du bassin versant de Tensift. Nous avons mis en évidence l'intérêt d'utiliser les données de télédétection pour estimer l'apport des eaux de fonte de neige aux débits à l'exutoire des bassins versants du Haut Atlas de Marrakech. Ainsi, nous avons attaché, au cours de cette thèse, beaucoup d'importance au caractère opérationnel du travail. Les images satellite basses résolution, nécessaires pour cartographier l'extension du manteau neigeux, sont accessibles gratuitement. Cette information est utilisable à l'entrée de plusieurs modèles hydrologiques comme SRM, utilisée dans ce travail. Les modèles de fonte utilisés ont été adaptés aux caractéristiques de notre région concernant la faiblesse du réseau d'acquisition des données hydro-climatiques. Cette démarche méthodologique peut être appliquée dans des bassins versants montagneux non jaugés. Nous espérons que la méthodologie développée ici pourra être mise en oeuvre dans d'autres sous bassins versants montagneux du Maroc à caractère nival.

En perspective de ce travail et pour une connaissance approfondie du cycle hydrique et plus particulièrement la relation fonte des neiges et débits, il reste certainement des voies de recherche à explorer. Une prospection plus détaillée à l'échelle spatiale et temporelle de la dynamique du manteau neigeux par l'utilisation d'autres produits satellitaire à haute résolution et haute répétitivité, par exemple les données du capteur FORMOSAT (<10m de résolution et revisite de quatre jour) sera envisagée. Ces données seront utilisées afin d'améliorer l'estimation des surfaces d'enneigement à l'aide d'un modèle de fonte. Le suivi à long terme des surfaces enneigées prend également toute son importance pour évaluer l'impact des changements climatique sur la ressource en eau (évolution de la distribution des précipitations sous forme liquide et solide).

La disponibilité des données in situ et ses qualités représentent une limite de ce travail. Pour une meilleure connaissance des processus d'ablation des neiges à l'échelle du bassin par un modèle physique, nous recommandons à la mise en place des stations météorologiques à différentes altitudes représentatives du bassin. Ainsi que la mise en place d'un système de mesure des quantités de neige tombées qui permet de quantifier le taux de fonte et de sublimation (coussin à neige, pluviomètre à pesée, lysimètre à neige...). Vu la nature irrégulière des précipitations, parfois torrentielles, et la géomorphologie (hautes altitudes, pentes élevées..), de la région, la section et les lits des oueds se modifient plusieurs fois dans une saison. Dans ce contexte, l'entretien des sections de mesure des hauteurs d'eau dans chaque station hydrologique est prioritaire. La fréquence des jaugeages des débits des Oueds des différents bassins versants avec un pas court et régulier sont également un point intéressant dans des études de modélisation hydrologique.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo