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Stratégie de sécurité alimentaire et développement rural en Afrique de l'Ouest

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par Gora NDOYE
Université cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2008
  

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Introduction

Plus d'une dizaine d'année se sont écoulées depuis que les dirigeants du monde entier, réunis au sommet mondial de l'alimentation à Rome en 1996, se sont engagés à garantir la sécurité alimentaire pour tous. Les participants se sont fixés comme objectif l'éradication de la faim dans tous les pays, avec pour objectif intermédiaire quantifiable la réduction de moitie du nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015.Cinq ans après ils se sont réunis encore pour un sommet mondial de l'alimentation au siège de la FAO à Rome en Novembre 2001.Et en 2008 où nous sommes, la crise alimentaire mondialisée fait l'actualité. Celle-ci en effet n'épargne aucun pays du monde mais ses conséquences sont durement plus ressenties par les pays pauvres non producteurs de pétrole et dont les populations consacrent une bonne part de leurs revenus à acquérir à prix d'or des produits alimentaires généralement importés. Cela laisse à entendre que le chemin parcouru depuis 1996 n' a pas été aisé .Outre les difficultés intrinsèques de la réalisation de tels objectifs, les efforts des gouvernements et des organisations les plus déterminée ont souvent été entravés par des événements hors de leur contrôle , venant aggraver la situation déjà difficile de sécurité alimentaire .Les aléas climatiques , une série de sécheresses, les inondations , les ruissellements, des sites de stock alimentaires inadaptés ou inexistants, ont durement frappé certaines régions ,dont l' Afrique de L' Ouest se trouve parmi les plus touchées , où l' agriculture est la clé de voute de l' économie.

Si on considère la récolte annuelle totale de céréale- riz, blé, mais, et autres céréales brutes - et l'approche de la population en Afrique de l'Ouest totale, on fera découverte que grain converti en calories et en protéines disponibles par habitant et par jour obtenu est faible par rapport à la quantité d'éléments nutritifs nécessaire à la survie humaine. Contrairement à la production globale mondiale céréalière qui révèle des surplus et non moins de céréale par habitant chaque année des études faites révèlent des personnes qui sont contraintes à consommer moins de nourriture qu'elles ne voudraient à cause de leur condition économique ; des centaines de milliers de gens surtout en milieu rural voient leur activité physique réduits par une alimentation inappropriée .Et de cela pose un problème de répartition alimentaire des zones excédentaires vers ceux déficitaires.

Quelle que soit l'évaluation raisonnable des besoins journaliers en calories, l'Afrique de l'Ouest en a toujours produit moins et la plupart du temps moins que le nécessaire à sa population.

Donc la question fondamentale reste la faim dont la cause est une ration énergétique insuffisante à partir des éléments de base. Et à cela s' ajoute le caractère défavorable du monde rural avec son incapacité de produire suffisamment de nourriture appropriés, de créer assez de revenus pour permettre l' achat de ces denrées alimentaires ou d'éduquer les familles sur les types d' aliments à produire et à consommer.

Ainsi les politiques alimentaires et de développement rural englobent tous les efforts collectifs des gouvernements pour influencer les milieux responsables chez les agriculteurs pour pallier l' insécurité alimentaire .De telles politiques prennent en compte tous les facteurs relatifs à l' alimentation depuis les performances agricoles à travers des reformes ou innovations jusqu'à la mise à la disposition des producteurs des moyens matériels et financiers pouvant améliorer leur productivité et un accroissement de leur revenu.

Pour répondre à ces exigences, il est important d'abord d'avoir une compréhension de la nature des causes de la faim en Afrique de l'ouest. Une telle compréhension révèle qu'il existe deux problèmes distincts mais pas indépendants : le premier fait intervenir l'origine de la crise vivrière dans la zone ouest africaine et le second se situe aux caractères défavorables du monde rural en développement. 

A cela s'ajoute la politique agricole qui peut être une stratégie de croissance dynamique mais exige des investissements dans la recherche de disponibilité de financements des agriculteurs à travers la politique des crédits agricoles et également des réformes du secteur dans ses méthodes de production et des infrastructures. Et également le rôle positif qu'elle joue dans le capital humain et les incitations à la production au niveau de la population rurale importante, fréquemment appauvrie.

SECTION 1 : HISTORIQUE DE LA CRISE ALIMENTAIRE ET LES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST.

INTRODUCTION

Près d'un demi-siècle maintenant après l'avènement des indépendances, il est clair que la situation de l'Afrique n'est pas brillante. Les pays de l'Afrique de l'Ouest font tous partis presque des pays les plus pauvres de la planète. La sous-alimentation et la malnutrition y sont fréquentes et se font ressenties plus et particulièrement dans le monde rural où les capacités d'adaptation au nouvel rythme du monde moderne (mondialisation avec suppression des entraves commerciales) y sont très faibles voire inexistants d'une région à une autre. Celles-ci occasionnées par une agriculture qui ne répond plus aux attentes et des difficultés de financement des agriculteurs accusés par une baisse de leur revenu, combinées avec la répartition mal orientée des crédits et intrants agricoles.

Ainsi nous allons aborder en premier lieu la crise alimentaire avec ses débuts, et qui continue à entériner les économies Ouest Africaines et l'ensemble des facteurs qui favorisent sa persistance. Ensuite nous parlerons en deuxième lieu les problèmes en milieu rural avec la reconversion des paysans sur les produits de rentes au détriment de ceux vivriers et des tendances démographiques explosives.

I. L'origine de la crise vivrière

L'insécurité de l'approvisionnement et de la consommation alimentaire est un problème sérieux en Afrique de l'Ouest surtout depuis le début des années 70. Depuis cette date le déficit alimentaire de la région n'a fait qu'augmenter. Les importations de biens alimentaires, y compris l'aide alimentaire, ont augmenté rapidement alors que les exportations de biens alimentaires ont régressé. Donc l'origine de l'insécurité alimentaire réside dans les problèmes de l'offre et de la demande.

En outre les projets développements se complexifient de plus en plus avec les menaces de sécurité alimentaire .Cela prolonge la question fondamentale de la survie humaine. Sur le plan mondial, jusqu'en 1985, la production céréalière augmentait plus vite que la population. Mais depuis cette date elle augmente moins vite : les stocks diminuent, les prix du riz et du blé (produit importes pour l'Afrique de L'Ouest) s'envolent. Ces excédents de céréales qui fournissaient les aides alimentaires, diminuent vîtes. Du point de vue démographique, la croissance de la population dépasse celle des progrès agricoles. Les quels sont contraints par manque d'eau suffisant et surtout la dégradation des climats dont les pauvres enregistrent des externalités négatives. Les sécheresses, les inondations, ainsi que les feux de brousse se multiplient dans pratiquement toute la région Ouest africaine. De là, on peut parler d'une menace de crise alimentaire sans précèdent surtout dans nos pays où on a de faibles avantages comparatives dans la production vivrière. Celle-ci donne un surcroît d'intérêts aux projets de développement et oblige à leur donner une priorité grande encore.

Il serait normal que les paysans puissent vendre leurs produits alimentaires, céréales, viandes, légumes etc. dans les villages à des prix raisonnables. Cela est d'autant plus important que la proportion de population urbanisée augmente rapidement. Au début du XX ème siècle, en Afrique de l'ouest, la population représentait moins d'une personne sur vingt et en 2000 on a dépassé une personne sur trois. Pour que chaque pays parvienne à l'autosuffisance, alimentaire, il faudrait que les paysans vendent dans les villes des tonnages considérables, et en croissance rapide de céréales, de produits maraîchers, de viande etc. cela est nécessaire aussi pour que les paysans puissent accéder à un niveau de vie meilleur et disposer en plus de nourriture de chaque jour de ressources financières pour acheter en ville des articles industriels et artisanaux. C'est normalement la paysannerie qui sera demain le meilleur marché pour les produits de l'industrie et de l'artisanat ouest africain or, pendant des années et dans certains pays, jusqu'à maintenant, les paysans se sont trouvés pour vendre leurs produits vivriers , devant une très grande difficulté, qui était, et qui reste un problème majeur de la sous région ouest africaine : plusieurs produits alimentaires essentiels notamment le riz, la viande, le maïs, le blé arrivaient en Afrique à des prix extrêmement bas, et cela en raison de deux phénomènes simultanées : la politique commerciale agricole des Etats Unis et de l'U.E, et les politiques monétaires de la sous région.

En Afrique, l'agriculture devrait être prioritaire et ou les paysans sont nombreux, ils sont subi pendant des années des ponctions financières excessives. Par contre, dans les pays occidentaux très industrialisés où les paysans sont une infime minorité, ils bénéficient de subventions variables, souvent très fortes. D'où les prix bas (dumping) pratiqués sur le marché mondial pour défier la concurrence.

Or à peu près à la même époque, la plupart des monnaies de nos pays Ouest africain étaient surévaluées d'environs 75% par la Banque Mondiale, surtout le FCFA entre 1974 et 1984 alors que les monnaies asiatiques étaient sous évaluées environs de 25%.

Pour toutes ces raisons, les céréales du monde extérieur arrivaient en Afrique de l'ouest à des prix extrêmement bas en monnaie locale. Cela constitue une dés incitation à la culture locale vivrière et un recours massif à l'importation.

I-2- Effets des facteurs exogènes et endogènes à la production agricole : (sols, climats, érosions...)

« Le tiers monde tropical pourrait être le grenier du Monde. A condition que le développement et ses méthodes soient repensés. » Pierre Gourou (Terre de bonne espérance, op.cit., 1982, 4 ème page de couverture).

Quelque fois les effets peuvent s'agir de problèmes causés par un évènement précis comme le déclenchement d'un conflit, mais bien souvent, il s'agit de problèmes persistants, chroniques et structurels, qui exacerbent les difficultés existantes liées à la fragilité des écosystèmes et à la sévérité des conditions climatiques. Ceux-ci constituent une influence considérable sur la capacité de la population d'un pays à assurer elle-même son approvisionnement en denrées alimentaires.

Les climats sont très variés surtout en Afrique de l'ouest. Ils vont de l'extrême sécheresse avec de très fortes variations des températures. Ils sont tout de même marqués partout par rudesse, une violence dans les phénomènes : averses très brutales, sécheresses excessives avec des taux d'humidité de l'air qui descendent souvent au Sahel en dessous de 15%, vents très forts en pleine sécheresse. Et naturellement chaque climat a des incidences sur les possibilités de végétation, de culture et de fructification dans la zone considérée. D'abord le volume de récolte a diminué parfois d'un quart et parfois d'une moitié et cela remonte de la sécheresse éprouvée par le Sahel depuis les années 70. Des pâturages jusqu'alors prospères ont disparus et de nombreuses bêtes ont du être abattus faute de nourriture. Des nappes d'eau peu profondes ont baissées et des puits ont taris. Ainsi des populations surtout rurales ont souffert de la faim, et vu leurs ressources diminuer ou disparaître ; des centaines de milliers de personnes ont péri et d'autres biens plus nombreux auraient péri sans l'aide alimentaire internationale. A cela s'ajoute également l'érosion pluviale par le ruissellement qui agresse les sols. C'est un phénomène d'entraînement par la pluie d'une partie de la terre qui recouvre le sol. L'importance cette érosion dépend de plusieurs facteurs, la pente du sol, l'intensité de la pluie par heure ou par minute le couvert végétal. Il faut donc noter que l'intensité instantanée de la pluie pendant les grandes averses est sensiblement plus forte dans les régions surtout équatoriales avec des hauteurs d'eau deux à trois fois plus fortes pour les averses d'au moins trente minutes et une force de frappe de la pluie cinq à dix fois plus grande. A cet égard les climats entraînent une très forte agressivité contre les sols.

Cette érosion est d'autant plus nuisible que la pluie entraîne les particules les plus fines et notamment celles d'argile qui sont les plus utiles pour la qualité des sols et pour leur fertilité. Sur les terrains en faible pente, l'érosion diminue la fertilité, le couvert végétal se dégrade ; cela entraîne une augmentation du ruissellement, donc de l'érosion, et on se trouve dans cercle vicieux de production alimentaire.

- Le lessivage

Le lessivage résulte aussi des pluies, mais c'est un phénomène différent de l'érosion pluviale. C'est en somme le transport de certains aliments solubles du sol verticalement vers le bas lorsque l'eau traverse les couches superficielles du sol. Sa force et ses inconvénients dépendent naturellement de l'intensité de la pluie et de la nature du sol et de la saison où la pluie se produit.

Des expériences précises avec mesures de quantité faites dans le centre du Sénégal ont montré qu'il peut emporter dans ces régions, par an et par hectare 5 à 30 kg d'azote, 10à 20kg de potasse. C'est dire que le lessivage peut être vraiment désastreux pour les sols, d'autant plus que ces pertes importantes en éléments très utiles pour l'équilibre du sol le rendent plus perméable et augmentent encore le lessivage futur. Il y a encore là un véritable cercle vicieux.

- L'érosion éolienne

Il s'agit de l'arrachement par le vent des particules du sol, et du transport vers d'autres zones ; comme cette érosion enlève l'argile, elle laisse en place dans les régions sèches du sahel des sables plus ou moins grossiers.

Des mesures faites vers 1952 par le professeur Portières au Sénégal avaient montré que le pourcentage de sable grossier (0,2mm à 2mm) était plus de 60% au nord de Louga et de l'ordre de 30% au sud de la ligne Thiès- Diourbel là où les vents sont moins forts. Et ces régions sont actuellement en perte de vitesse de leur puissance agricole d'où la persistance de la pauvreté de la sous-alimentation. Un effet très visible et même spectaculaire de l'érosion éolienne existe au Sénégal : la longue période de sécheresse qui à frappé le pays de 1970 à 1983 à très fortement réduit dans tout le pays l'importance du couvert végétal, arbres, arbustes, herbes. Du coup, les vents trouvaient moins d'obstacle transportent plus facilement les sables fins ou moyens et les particules d'argile. En pleines saisons sèches dans certaines localités de décembre à mars, l'air est parfois chargé de sable créant une sorte de brume de sécheresse qui n'existait jusque vers les années 70. (Aménagement de l'économie agricole et rurale au Sénégal, par le professeur Portières ; centre de recherches agronomiques de Bambey, Sénégal 1952).

Les agressions liées à des activités humaines

La culture extensive

La culture extensive traditionnelle ou culture itinérante, telle qu'elle était pratiquée, jadis, n'était enrichissante pour les sols. Laissé à lui-même pendant vingt à trente ans, le sol se reconstituait ; la végétation, d'abord les herbes puis les arbustes, puis les arbres, recréaient l'humus structure teneur normale en azote. Mais l'augmentation de la population, en réduisant la durée de la jachère, perturbe complètement ce processus, dès l'instant où la culture extensive est accélérée, elle constitue pour le sol un très grave danger quand le cultivateur revient sur son champ après seulement trois ou cinq ans de jachère, le sol n'est pas reconstitué, il n'a pas retrouvé les qualités nécessaires pour une culture normale, en structure, humus et en azote, et outre dans le cercle vicieux appauvrissement des sols, baissent des rudiments, augmentation des surfaces cultivées et réduction du temps de jachère se succédant et s'aggravant mutuellement.

L e surpâturage

Ce type d'agression des sols concerne les zones où il ne pleut pas beaucoup mais où des hauteurs de 100, 300 ou 400mm créent de vastes pâturages propices à la circulation et au stationnement des troupeaux. Dans les années 50 et 60 il y avait un certain équilibre entre fourrage et nombre de bêtes qui les consommaient mais depuis lors cet équilibre est bouleversé par une augmentation de la population générale qui entraîne une augmentation parallèle des éleveurs avec la conservation des habitudes ancestrales d'élevage. Dans celui-ci, le but est non pas de vendre le plus possible de viande mais de d'augmenter le nombre de têtes de son troupeau, lequel est le trésor du pasteur et le symbole de sa richesse. Les bêtes nombreuses con sommes les fourrages dès que cela est possible et finissent par tondre l'herbe au ras du sol, empêchant une pousse normale. Dès lors le sol est dénudé et devient plus vulnérable devant l'érosion éolienne et pluviale, là encore le cercle vicieux est ainsi créé.

Le feu de brousse

Il est incontestable que sur un plan général, ces feux de brousses sont une catastrophe car ils détruisent à vitesse à accélérée le couvert végétal, diminuent la résistance de sols aux érosions qui les menaces et finalement les tuent. Donc c'est un phénomène qui nécessite une campagne de sensibilisation à l'endroit des agriculteurs. Ils emploient, en effet, des méthodes de défrichage ou de déboisement qui détruisent l'humus.

I. Faible accès au crédit agricole

Pour accomplir l'indispensable passage à la culture stabilisée, le paysan à besoin de quelques moyens dans la plupart des cas, il devra passer à la culture attelée et à la fumure animale ou compost végétal ; il lui faudrait bien acheter une paire de boeufs, une charrue, une charrette, un semoir. Si pour diverses raisons (impossibilité d'élevage des bovins du fait de la présence de tsé-tsé, terre excessivement lourde, excès d'herbes) il est obligé d'adopter la culture motorisée, il devra acheter un motoculteur ou un petit tracteur. Dans toutes les régions, maintenant ou un peu plus tard, il faudra se procurer des engrais chimiques et des produits phytosanitaires.

Or, en culture extensive, le paysan n'a pas d'argent devant lui. On se trouve devant un cercle vicieux : il faudrait de l'argent pour cultiver mieux ; et il faudrait cultiver mieux pour avoir de l'argent.

On est malheureusement obligé de constater que dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, le dispositif de crédit agricole s'est effondré et cela pour plusieurs raisons.

D'abord et avant tout à cause du volume élevé des crédits impayés. Les organismes de crédit agricole qui avaient au départ des disponibilités relativement importantes les ont vues fondre rapidement parce que les paysans ne remboursaient pas les emprunts qu'ils avaient souscrits, ou ne les remboursaient que partiellement.

De façon générale, on observe que les paysans sont peu enclins à rembourser l'argent qu'ils doivent aux banques ou aux organismes importants de crédit ou aux coopératives. Comme l'écrit Claude Guillemain «  Pourquoi le paysan rembourse -t-il peu ? L'argent qu'on lui prête vient de loin, il ne sait d'où, c'est de l'argent étranger ».

En outre le remboursement de dette de ce genre de caractère administratif, ne fait pas parti des impératifs de la morale villageoise ancestrale et le fait de ne pas rembourser apparaît comme une véritable faute morale.

Enfin, il y a un certain laxisme des gouvernements. Dans plusieurs cas, par le billet des coopératives ou par le canal des sociétés de développement ou à travers des banques de crédit agricole trop liées à l'Etat, des gouvernements ont accepté, plus ou moins ouvertement, que les paysans ne remboursement des dettes qu'ils avaient contractées auprès des organismes. Au Sénégal par exemple, le Gouvernement avait décidé, quatre reprises au cours des années 70 d'annuler les dettes de cultivateurs.

Devant les mesures de ce genre, les cultivateurs ont pris l'habitude de considérer que les emprunts contractés par eux pouvaient ne pas être remboursés. Les réserves des organismes de crédit agricole se sont taries et ceux-ci n'ont plus du tout d'argent ; dans plusieurs Etats de la sous région, il n'y a plus vraiment de possibilités de crédit.

Actuellement, instruits par des expériences ainsi faites u n certain nombre d'Etats sont entrain de reconstituer des systèmes de crédit agricole sur des bases entièrement nouvelles.

II. PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT DU MONDE RURAL

II 2. UNE AGRICULTURE DEPASSEE PAR LA REVOLUTION

DEMOGRAPHIQUE

Un fait fondamental, l'Afrique de l'Ouest a vécu depuis quelques dizaines voire vingtaines d'années une véritable révolution démographique. Historiquement c'est une population stable. Puis s'est instaurée une croissance qui s'est peu à peu accélérée pour atteindre environ 2% /an (Banque Mondiale) vers 1960 et 3% depuis les années 80. Et depuis 1940 la population a triplé dans presque tous les pays de la sous région.

Comme, pendant cette période, les rendements n'ont pratiquement pas augmenté, il a fallu, bien sur pour vivre, tripler aussi la surface cultivée. Cela rejoint la démarche de RICARDO pour expliquer son pessimisme. Car l'augmentation de la population entraîne la culture des terres de moins en moins fertiles ; ce qui réduit les rendements. De ce fait, dans de nombreuses localités la durée de la jachère est maintenant réduite. Là où la rotation de la culture se fait par exemple permet une reconstitution et la culture recommence normalement. Mais la culture recommence sur un sol moins performant que le précédant, ce qui limite le rendement. Cette baisse de productivité accompagnée par une augmentation forte de la population ne procure pas une situation alimentaire favorable.

Une des conséquences les plus notées est le phénomène d'exode rural ; les populations se déplacent vers les régions les plus rentables (exemple des burkinabés dans les plantations ivoiriennes) ou vers les centres urbains où l'insertion sociale pose des difficultés. Et plus intense encore avec le phénomène de l'émigration clandestine, les jeunes, bras valides de l'Afrique de l'Ouest, bravent les océans pour atteindre les pays de l'Europe.

II 2.CAUSES DE LA BAISSE DU REVENU DES PAYSANS

Apres les indépendances, le rythme, des économies Ouest Africaine, en terme de croissance, était proportionnelle aux normes de progression des cultures d'exportation (arachide, cacao, coton, bois, banane etc.).Mais cela s'est détruit depuis les années 70. En effet, la morosité de l'économie mondiale avec une baisse des cours mondiaux des matières premières combinées aux deux chocs pétroliers (1974 et 1978) affectent le bien être de l'agriculture africaine. Ainsi les prix proposes aux paysans deviennent de plus en plus faibles ce qui réduit leur pouvoir d'achat.

CONCLUSION

Les préoccupations relatives à la gestion des ressources naturelles et à la préservation des équilibres écologiques sont de plus en plus souvent prises en compte dans la définition des politiques de développement agricole. Nombreux sont les gouvernements qui perçoivent les dangers que représentent certaines pratiques agricoles pour l'environnement écologique de leur pays. L'exploitation minière des ressources naturelles et l'utilisation inadéquate de certains matériels et produits chimiques ont largement contribué à la simplification et la fragilisation des écosystèmes dans les pays pauvres. Ces évolutions se traduisent maintenant par de graves inconvénients pour les populations concernées : disparition du couvert arboré et diminution des ressources en bois, érosion progressive des sols et réduction des surfaces cultivables, disparition certains espèces végétales et animales, abaissement des nappes phréatiques, sédimentation dans les lacs de barrages, inondations brutales et incontrôlées.

Les raisons d'intervenir sur le développement agricole apparaissent donc multiples. Mais les ressources humaines, matérielles, et financières dont disposent les états sont très limitées.

SECTION 2 : LA RECHERCHE DE PALLIATIFS POUR L'INSECURITE ALIMENTAIRE

INTRODUCTION

La Banque mondiale a défini la sécurité alimentaire comme « l'accès à tout le monde et en tout moment à une alimentation suffisante pour une vie active et une bonne santé » (world Bank, povrety and hunger Washington DC, 1986).Pour certains pays, le problème principal et le plus élémentaire est celui de l'insécurité alimentaire : leur populations sont confrontées à des problèmes de nourriture, victimes de catastrophes soudaines ou de longues durée, naturelles ou causées par l'homme.

Cela dit que pour assurer la sécurité alimentaire il faut au préalable remplir certaines conditions qui rendent aptitude physique et mentale des populations. De cela il faut développer la recherche agricole ainsi que la formation des paysans, la satisfaction des besoins de santé et favoriser la culture vivrière. Comme le défini le « rapport sur le développement dans le monde de 2008 »,(2.1milliards d'individus ont moins de deux dollars et ,dans le cas de 880 millions d'entre eux, moins d'un dollar par jour pour vivre et la plupart tirent leur subsistance de l'agriculture).Donc, il faut promouvoir l'agriculture comme instrument fondamental du développement durable et de réduction de l'insécurité alimentaire même si elle n'est pas la seule à pouvoir réaliser un tel objectif ,mais elle s'est révélée avoir un impact unique et rapide.

I : LES PROJETS DE SATISFACTION DES BESOINS DE BASE :

a) Besoins et modalités de la recherche en agriculture

L'importance de la recherche pour le développement de agriculture Ouest africaine ne doit pas ni sous estimée, ni sur estimée. La recherche est bien une condition nécessaire d'un bon développement, et celle-ci est indispensable, mais elle ne suffit pas elle seule pour donner vraiment tout l'essor souhaitable à l'ensemble de l'agriculture.

Des prix attrayants et un système commercial souple et efficace, un dispositif de crédit agricole solide et implante dans tout le territoire, un régime foncier assurant au cultivateur la propriété durable de sa terre, sont des conditions fondamentales pour le progrès de toute l'agriculture.

Ceci dit, la recherche en agriculture est quelque chose de très importante. L'exemple de la mise au point par les chercheurs depuis avant même les indépendances ont augmenté le rendement moyen en riz dans d'immenses régions d'au moins 5q/ha et souvent de 10q et même nettement plus.

En même temps, des progrès significatifs ont été faite dans la réduction des aux exigences climatiques etc.

Dans une vue simplificatrice et même simpliste on peut séparer l'ensemble de la recherche agricole en deux grandes parties, d' une part la recherche sur les plantes, les animaux d'élevage, les arbres et le fonctionnement biologique du sol, des plantes, de l'eau et de l'air et d'autre part la recherche sir les systèmes de production, les exploitation agricole, et la pratique de agriculture.

a.1. LA RECHERCHE SUR LES PLANTES ET SUR LES ANIMAUX

Le champ d'étude est immense, et l'on est donc bien obligé de se fixer des priorités, de choisir des domaines dans lesquels les effets seront plus grands que dans d'autres.

- « Rendement alimentaire » de chaque type de culture.

Dans la mesure où on p veut partir des besoins réels des paysans, il faut tenir grand compte de ce que peut apporter chaque plante dans la rotation alimentaire. Comme nous l'avons constaté dans les régions où la nourriture de base est fournie surtout par des racines et des tubercules, il est indispensable de la compléter par des aliments riches en protéines et notamment haricot, niébé, soja. Il est donc souhaitable de développer spécialement les recherches sur ce genre de plante.

Autre considération, nous avons vu aussi que la ration alimentaire doit aussi être complétée, par des aliments riches en minéraux et en vitamines, que l'on trouve surtout les fruits et légumes. Il semble que l'on ait souvent tendance à considérer que ces plantes ont des intérêts secondaires. La nécessité d'avoir une alimentation bien équilibrée devrait conduire à passer les recherches ou ce qui les concerne, notamment pour créer de nouvelles variés plus résistantes et plus productives ou plus riches en certains éléments vitaux. Enfin, on sait que nous ne consommons pas trop de protéines animales (sauf les pécheurs).Il y a donc intérêt à développer l'élevage et les productions agro-alimentaires qui en découlent. Ce type de recherche ne doit pas être négligé pour une maîtrise de l'alimentation en Afrique de l'Ouest et éradiquer certaines maladies liées au manque de protéine comme le kwashiorkor ou avitaminose.

a.2)Des acquis opérationnels en matière de recherche thématique

Egalement nombreuses sont les proportions techniques qui peuvent fournir au développement les résultats des recherches thématiques ayant pour objectif l'amélioration des performances agricoles des producteurs.

Nous retiendrons ici, à titre illustratif, trois points significatifs : l'amélioration variétale des espèces cultivées, la disponibilité en matériel de traction attelée permettant d'envisager concrètement le passage de la culture manuelle à la culture mécanisée ( réalisée dans certaines situations comme le bassin arachidier au Sénégal) en fin les résultats disponibles sur le contrôle sanitaire du bétail.

-AMELIORATION VARIETALE

Nous reprenons une appréciation en matière d'amélioration variétale de l'arachide.

« Les résultats se traduisent par un renouvellement total du matériel végétal mis à disposition des agriculteurs en Afrique de l'ouest : passage de populations locales rampantes de 120 jours, peu productives et à petites graines, à une gamme de variétés érigées de 90 à 150 jours, productives, mieux adaptes à la sécheresse, tolérantes à certaines maladies ou pressentant des caractéristiques permettant de les écouler sur des marches plus rémunérateurs (arachide de bouche) ».

Sur les autres espèces notamment pour ce qui concerne les céréales, les mils, les sorghos, on peut souligner l'effort de sélection mené sur les populations locales dont les caractères d'adaptation au milieu sont particulièrement intéressants.

En bref, un écart important existe actuellement entre le potentiel des espèces améliorées disponibles et les performances de ce même matériel végétal. Si des améliorations sont bien sur possibles st souhaitables dans ce domaine, les acquis disponibles autorisent dans le court terme une amélioration des volumes produits, pour peu que soient adoptes des méthodes d'artificialisation du milieu et de conduite de la culture permettant une meilleure économie de l'eau et de la fertilité des sols.

-MATERIEL DE CULTURE ATTELEE

L'accès dans ce domaine est généralement significatif pour l'amélioration des rendements agricoles pour faire face à l'insuffisance alimentaire que la région est confrontée. Notons rapidement la mise au point de chaînes de matériel polyvalentes ou non ainsi que l'établissement de référentiels d'itinéraires techniques améliorés sur les principales cultures en traction bovine comme en traction équine.

-POLITIQUE D ELEVAGE ET PROTECTION SANITAIRE DU CHEPTEL

L'élevage permet la sécurité des familles d'éleveurs. Au plan alimentaire d'abord (sécurité alimentaire) compte tenue de la part importante d'autoconsommation qui permet aux membres de la famille de l'éleveur d'avoir accès à la protéine animale. L'élevage permet aussi la sécurisation de l'outil de travail et le maintien de la fertilité des sols par transfert des matières organiques animales vers les terres de culture.

Augmenter significativement la productivité animale ne peut donc résulter que d'une seule amélioration des pratiques. Il est sans doute plus judicieux d'opérer sur l'ensemble des facteurs visant non pas un niveau de productivité équivalent à ceux des pays occidentaux, mais plutôt l'acquisition d'un potentiel équilibre pour des espèces capables de produire suffisamment de lait et de viande. Cela valorise mieux une alimentation pauvre et apte à résister aux maladies et aux conditions climatiques. Donc l'objectif doit être l'acquisition d'un potentiel équilibré adapté aux contraintes alimentaires sanitaires et climatiques.

Les enjeux de productions animales dans nos pays sont d'accroître la productivité, de préserver l'environnement, de maintenir le tissu rural, de lutter contre la pauvreté et de favoriser l'intégration économique par le biais des échanges. Ces points essentiels engagent fortement la recherche au service du développement des productions animales.

La protection sanitaire des ruminants est une des conditions nécessaires pour la production d'une viande et d'un lait de qualité reposant sur des normes appropriées à la condition humaine. Vaccin mixte contre la peste et la pneumonie bovine, vaccin contre la peste bovine utilisable sur les petits ruminants, vaccin contre les charbons symptomatiques et bactéricides ainsi contre les pasteurelloses, en bref, des moyens peu coûteux, théoriquement disponibles, efficaces, adoptés massivement par les éleveurs lorsqu'ils leur sont proposés par les services vétérinaires ou les projets de développement.

Ces diverses propositions techniques, dont la plupart ont fait l'objet d'adoptions massives par certains producteurs ouest africains constituent un capital technique disponible qui apporte des réponses à certains des enjeux techniques et économiques de l'agriculture de la sous région ouest africaine.

Imitation des risques productifs (traitement des semences, vaccins, matériel de culture attelée, développement des périmètres hydro agricoles, matériel végétal de durées de cycle contrastées, matériel végétal tolérant aux maladies) ; amélioration de la productivité( variétés améliorés, techniques culturales mécanisées privilégiant la rapidité d'exécution des travaux, techniques d'embauche) ;amélioration des milieux physiques (des techniques d'aménagement du milieu physique, correspondant aux grands types de milieux agro écologiques, sont disponibles).

C'est dans ce domaine thématique que des efforts importants sont indispensables

b) BESOINS DE FORMATION ET DE SANTE DES PAYSANS

1) L'éducation de la population rurale

L'éducation est comprise toute action portant principalement sur les enfants, les adolescents et de manière plus croissante les adultes et qui a pour objet l'ensemble des habiletés intellectuelles ou manuelles. Donc l'éducation reste un outil irremplaçable à la communication. Dés lors, un minimum d'éducation et d'instruction devient une nécessite et un droit pour chaque individu pour mieux appréhender la question se l'insécurité alimentaire qui se pose sur tous les agendas des pays ouest africains.

Par ailleurs, l'éducation est indispensable pour un développement rapide et harmonieux. Sans doute des paysans analphabètes peuvent-ils pratiquer une agriculture riche ; mais l'instruction leur permet d'aller plus loin, de mesurer les surfaces, de calculer les rendements, de lire la notice du sac d'engrais, d'adopter plus facilement des méthodes nouvelles et fructueuses.

La question de la formation à la gestion surgit dés que le gouvernement a le stade d'une mini production artisanale qui s'accommode d'une «  petite caisse ».Elle concerne la gestion d'activités sectorielles (le maraîchage, une boutique ,une banque de céréales ) ; il s'agit aussi de recenser les besoins ( en semences , intrants), passer des commandes , récupérer les dettes , négocier des contrats de commercialisation, gagner ou conserver certains marchés, gérer des coopératives d'épargne, de crédits, autant d'actions qui commandent des compétences.

Le désengagement des états augmente les besoins en formation. Dans la plupart des pays l'orientation est dans le sens d'un transfert de responsabilités aux producteurs organisés. Pour que ce transfert de responsabilités soit effectif, efficace et durable. En d'autres termes les producteurs doivent acquérir les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour exercer les nouvelles responsabilités qui leur reviennent.

Cet accord unanime cache cependant des « nuances »importantes :

- tous les intervenants considèrent que les producteurs devraient exercer des responsabilités croissantes dans le domaine technique (maintenance des équipements, adoption de pratiques techniques nouvelles par exemple), cela se traduit dans la mise en oeuvre de programmes de formation permettant l'acquisition par les producteurs de savoir faire techniques ; et cela permet de cerner mieux la question de sécurité alimentaire.

- certains intervenants s'en tiennent là, alors que d'autres fixent un contenu plus large au transfert de responsabilités ; ils considèrent que les producteurs devraient retrouver un pouvoir de décision (sur la gestion des terroirs, des aménagements, hydro agricoles, sur le choix des productions) et acquérir un réel pouvoir de négociation avec leur partenaires (services étatiques et para- étatiques, secteur privé notamment).

Des compétences particulières sont alors nécessaires aux producteurs. Elles concernent l'analyse et le diagnostic de leur réalité à fin de définir des priorités, l'identification et l'expérimentation de solutions adaptées. La définition de formes d'organisation performantes, l'acquisition d'instruments et de méthodes de suivi- évaluation permettent de mesurer les résultats obtenus, les effets directs et indirects des actions menées et de réajuster les programmes.

La formation de producteurs est une condition nécessaire pour qu'ils maîtrisent le changement technologique, économique, social et culturel que leur impose l'environnement ou auxquels ils aspirent. Mais la formation n'est pas un «  don » de « ceux qui savent » (techniciens, formateurs) à des paysans dits « ignorants » ; il n'y a formation que s'il existe chez le bénéficiaire de la formation, la volonté d'acquérir des compétences afin de comprendre et d'agir conformément à ses intérêts.

Le rôle du formateur est avant tout de servir de médiateur entre le savoir des paysans et les savoirs extérieurs, de faciliter, de faciliter l'accès des paysans à des connaissances nouvelles qui alimentent leur propre créativité et les aident à des compétences accrues ou nouvelles. L `efficacité des actions est liée à plusieurs autres facteurs

- les diverses actions menées doivent être organisées et faire d'une stratégie cohérente qui permette la valorisation de chaque action de formation ponctuelle. La formation est inséparable de l'action ; cette formation doit être articulée en liant explicitement les efforts de planification locale, de mise en oeuvre des plans et programmes d'actions concertés et les efforts de formation. Concrètement cela signifie que les états et ses divers bailleurs de fonds devraient soutenir les programmes de formation définis par des organisations paysans (détachement de personnel, subvention, etc.), suivre et évaluer les résultats qu'ils obtiennent et s'en inspirer pour promouvoir des programmes adaptés (dans leurs objectifs, leurs contenus et leurs modalités de gestion) aux attentes des producteurs.

C'est à ces conditions que la formation peut permettre aux producteurs de devenir plus efficaces aux plans techniques et économiques plus autonomes tout en maintenant vivantes leurs valeurs sociales et culturelles. Il est important également que l'alphabétisation en langue locale doit être un axe prioritaire dans les programmes de formation destinés aux agriculteurs. L'alphabétisation est absolument nécessaire pour que les paysans soient en mesure de lire les brochures techniques, faire les comptes de leurs exploitations, mener à bien des expérimentations, etc. L'important est de procéder à une alphabétisation fonctionnelle de masse en partant de ce pourquoi les agriculteurs ont effectivement intérêt à savoir lire et écrire .C'est au niveau des mesures et du calcul que l'alphabétisation a plus le rôle à jouer. Les paysans ont toujours intérêt à savoir lire les poids inscrits sur une balance, évaluer leurs productions, jongler avec les règles de trois, calculer les rendements, etc. L'alphabétisation doit donc aller de pair avec l'apprentissage de ces notions élémentaires, indispensables pour le progrès technique.

- BESOINS DE SANTE

Un bon état de santé est essentiel à la qualité de vie et constitue donc un des objectifs majeurs de la stratégie de sécurité alimentaire. C'est aussi une condition du développement surtout rural, puisque les aptitudes physiques et intellectuelles de chacun lui sont étroitement liées.

Parmi les conditions indispensables de bonne santé de la population, on doit noter :

-l'eau de chaque jour, propre en quantité suffisante.

Chaque fois que l'on veut remplacer l'approvisionnement en eau dans une marre, derrière un barrage, ou dans une rivière par l'utilisation d'un puits ou d'un forage,

Il faut donc des progrès forts utiles. Restant également des précautions pour que l'eau soit propre jusqu'à la consommation, d'où il faut éventuellement, filtrage de l'eau, utilisation des récipients propres etc. Mais le premier effort reste le passage au puis ou au forage.

-Une quantité et en composante en nourriture convenable

Certaines maladies constatées surtout en milieu rural viennent de ce que l'organisme se trouve en état amoindri de résistance à cause d'une mauvaise composition de la ration au milieu de l'hivernage où les populations n'ont pas de revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins alimentaires et médicaux. Cela réduit considérablement la productivité agricole et affecte la production nationale ainsi que la sécurité alimentaire.

-la médecine collective

Il est évidemment fondamental de ne pas laisser s'effriter les acquis des campagnes qui ont permit en quelques décennies de juguler ou de fortement limiter les grandes endémies. L'état des connaissances statistiques ne permet malheureusement pas de savoir, pour chaque maladie, le nombre de décès qui lui sont imputables dans tel ou tel pays. Mais il semble au préalable que le paludisme et la rougeole sont actuellement en tête de ce triste palmarès.

- La fièvre jaune ; qui encore un hécatombe dans les années 1910-1930 et pratiquement vaincue depuis plusieurs décennies, mais il est certainement nécessaire d'être vigilant pour éviter son retour, notamment par le maintien de la vaccination.

-La maladie du sommeil ; comme presque éliminée vers 1960, connaissait une recrudescence dangereuse dans les années 90 et il devient indispensable de renforcer les organismes de lutte.

- Le paludisme reste un fléau très grave, par le nombre de morts qu'il engendre, et aussi par le nombre énorme de personnes dont il altère gravement la santé et l'activité. Il s'avère qu'il est presque impossible de supprimer totalement cette maladie par campagne systématique de pulvérisation d'insecticide. Il semble qu'un vaccin ait été découvert par un médecin Colombien, le docteur PATARROYO, mais faudra plusieurs années pour les mettre au point et de procéder à la distribution. Mais jusqu' à présent rien n'est fait en ce sens. Il est impératif maintenant de procéder à la surveillance des eaux stagnantes, et les précautions d'hygiènes signalées comme moustiquaire. Un des éléments fondamentaux de la lutte pour la santé réside dans les vaccinations systématiques `enfants et d'adultes.

En gros il faut élaborer une politique de santé qui se heurte très certainement à de difficiles problèmes de financiers. L'extension des soins de santé primaires à des villages de plus en plus nombreux est une excellente chose pour enrayer ou réduire les effets néfastes causes par les maladies à production vivrière. Mais le paradoxe est que les catégories sociales les plus aisées qui paient le moins et les pauvres paient le plus. Un basculement s'impose, pour payer normalement ceux qui le peuvent et le doivent notamment dans les hôpitaux et pour financer plus largement sur fonds public le système de santé dans les villages, les districts et les régions.

Pour améliorer la santé de tous surtout en milieu rural il faut avant même de soigner assurer à chacun une vie quotidienne meilleure, l'eau propre pour les besoins de chaque jour, une nourriture convenable, une meilleure hygiène dans les villages, un habitat protecteur, une limitation de la consommation d'alcool et de tabac. Les soins de santé primaires à la base sont indispensables, et faut porter attention spéciale aux villages trop long temps défavorisés .Mais le maintient d'une pyramide sanitaire reste nécessaire, tout en évitant les coûts excessifs de certains services.

C) FAVORISER LA CULTURE VIVRIERE OU CELLE D'EXPORTATION

Es cultures d'exportation (ou de rente) « imposées » aux paysans par les Etats colonisateurs, puis par les gouvernements indépendants avaient obligé les agriculteurs à réduire les surfaces exploitées en culture vivrière, et que l'occident avait ainsi acculé les pays pauvres, surtout ceux de l'Afrique de l'ouest, à la famine qui se manifeste plus particulièrement dans le monde rural, pour mieux se procurer les denrées qu'il désirait. C'est à dire de matières premières pour faire fonctionner ses industries ; par exemple le coton qui est le premier élément vital des entreprises textiles ou des produits de luxe comme le café, le cacao etc.

La question qui se pose maintenant c'est la cohabitation entre les deux types de culture.

Dans les années 80 le constat était que les zones de production de rentes étaient celles où les systèmes de production céréalières se développaient le plus. Par exemple dans la zone sénégambienne l'arachide qui permettait d'importer du riz ; les grands producteurs étaient mieux nourris que les autres sahéliens. Cela a été confirmé par le rapport de la banque mondiale de 1981où on lit que les zones du mali et du Burkina où avaient travaillé des sociétés de promotion de la culture du coton, les rendements du mil, du sorgho dépassaient ceux obtenus par la méthode traditionnelle. On constate ainsi de façon générale que les rendements des cultures vivrières sont nettement plus élevés dans les zones où on fait aussi la culture d'exportation que là où elles sont seules. Il est important de noter que dans les zones à cultures d'exportation, il y'a en général un encadrement plus solide, et les conseils et avis donnés aux paysans sont plus denses et mieux suivis. Et aussi grâce à la vente des produits d'exportation, l'agriculture dispose des ressources financières qui, même limitées, lui permettent d'acheter d'engrais charrette boeufs, produits phytosanitaires. La conséquence bénéfique est donc, la famille peut passer à la culture attelée et sans accroître la peine des hommes et des femmes, augmenter la surface cultivée totale, donc faire des cultures d'exportations sans diminuer la production vivrière. La population doit dans ce cas saisir l'opportunité des appuis et expériences pour augmenter leur offre en production de céréales et assurer leur autosuffisance.

Il est indispensable de développer parallèlement aux cultures vivrières les cultures d'exportation, parce que les paysans ont besoin d'argent pur acheter des vêtements des bicyclettes des matériaux pour aménager leur foyer etc., donc d'améliorer leur condition de vie accompagnant la sécurité alimentaire. Les producteurs ne peuvent pas vendre des produits vivriers dans les villes du fait de la concurrence anormale et d'accaparement du marché par les produits importés. Comme par exemple le mil et le sorgho face au blé importé ou l'huile d'arachide face aux huiles importés etc.

Mais également les Etats ont besoins de devises provenant des exportations leur procurant de nombreux articles nécessaires à leur vie et leur développement. Sidi Gaye affirmait cette assertion dans le journal « le soleil » parut en 1982 « Cette vision parcellaire du problème alimentaire des pays africains, qui voue aux génomes les cultures commerciales, ne comporte pas une solution acceptable permettant de couvrir les importants besoins en capitaux destinés à financer à la fois l'acquisition de biens d'équipement et les projets de développement ». « Que deviendrait l'économie sénégalaise si, du jour au lendemain, elle était privée des recettes d'exportations tirées de l'arachide ? »

Même si les réalités d'aujourd'hui ne sont pas comme celles des années 80 où parait l'article, du point de vue de la part des exportations d'arachides sur les entrées de devises, il est important de dire d'une manière globale que l'économie sénégalaise perdrait des ressources financières importantes si elle était prive d'exporter ses produits agricoles. Et c'est un constat presque similaire dans tous les pays d'Afrique de l'ouest avec tant soit peut la part des exportations dans leurs ressources financières.

-La combinaison de cultures vivrières de celles d'exportations permet souvent un meilleur assolement de nature à mieux maintenir la fertilité des sols.

-Une partie de certains produits habituellement exportés comme l'arachide et le coton, est consommée sur place et améliore sensiblement la nourriture des paysans en leur apportant de matières grasses protéines, vitamines etc. Il est donc souhaitable de laisser les paysans de pratiquer simultanément les deux sortes de cultures .Mais les gouvernements ont en toute époque, une fâcheuse tendance à mieux financer et encourager les sociétés de développement et les instituts de recherche orientés vers les cultures d'exportation que ceux destinés à améliorer les cultures vivrières. Il faut donc rétablir l'équilibre et consacrer d'importants efforts à ces derniers pour une meilleure maîtrise des cultures vivrières permettant d'assurer la sécurité alimentaire.

D) LES IMPORTATIONS DANS L'APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE

Dans le cadre des conditions attachées aux prêts dans les programmes d'ajustement structurels dont les pays de l' Afrique de l'ouest sont les premiers à y être soumis ;le conseil principal des donateurs est de se remettre aux importations pour satisfaire une partie de la consommation ;pour stabiliser l'offre pour les années où la récolte a été plus mauvaise que prévue .Ces recommandations supposent que les méthodes de production agricoles utilisées précédemment avaient découragé la production des cultures d'exportation au profit des cultures vivrières.

Par conséquent l'efficience dans l'allocation des ressources semble être plus la préoccupation des gouvernements et prend le pas sur les autres objectifs économiques et politiques.

Avec l'hypothèse de la concurrence parfaite sur le marché mondial chaque pays a un accès illimité à l'importation de biens alimentaires au prix du marché libre et qu'il ait absence de barrières douanière à l'exportation des produits de rente.

De là il y a une déformation du secteur alimentaire intérieur et extérieur. Par conséquent les difficultés naissent entre souvent les pays donateurs d'aides et les pays bénéficiaires sur la satisfaction des besoins alimentaires à partir de l'importation par ces derniers.

Les conséquences qui découlent de la stabilisation de l'offre alimentaire par les importations peuvent être à court terme un coût élevé en devises même si à long terme, il y aura un gain de devises par encouragement de la culture de rente à la place de la culture vivrière.

Le coût des devises à court terme est déterminé en partie par les avantages comparatifs internationaux du pays considéré mais aussi en partie par le model et les causes de l'instabilité de l'offre alimentaire. Pour les pays dont l'avantage comparatif internationaux se trouve dans les exportations agricole que dans les autres produits, les années de déficit alimentaire coïncideront avec les années de faibles cultures de rente et donc avec une baisse du revenu d'exportation. Donc l'importation alimentaire sera nécessaire au moment où il y aura une faible disponibilité en devises étrangères.

Les années de pénurie peuvent coïncider avec des cours élevés des produits alimentaires sur le marché mondial, comme nous le constatons cette année-ci, de sorte que les importations sont plus couteuses que d'habitude. Dans ce cas les pays donateurs d'aides vont tenter de les réduire pour profiter des cours soutenus sur le marché mondial.

S'il y a également déformation du marché mondial de céréales la conséquence est que les importations se font rarement au prix de référence du marché libre. Par exemple le prix des céréales importées de l'Union Européenne ou des Etats Unis reflète le nivaux élevé de subvention dont bénéficient les agriculteurs de ces pays ; même sur la viande et les autres denrées. Dans ce cas on doit inciter les producteurs de nos pays à se référer des prix du marché mondial qui en réalité sont déformés.

De ce fait se remettre aux importations d'aliments subventionnés à l'extérieur pour satisfaire l'offre alimentaire serait, saper à l'industrie alimentaire locale ou décourager la production locale.

Se remettre aux importations alimentaires peut être considéré comme une stratégie politiquement inacceptable car elle rend le pays vulnérable aux forces économiques et politiques extérieurs et elle réduit également la souveraineté nationale et son indépendance économiquement parlant.

II. LES REFORMES AGRAIRES

Les reformes agraires préconisées traduisent le développement des mouvements d'innovation pour rendre plus productif le secteur agricole dans toutes ces dimensions.

1.) Monétariser les productions et sécuriser les débouchés

L'analyse des expériences passées montre que la conjonction d'une forte monétarisation des productions agricoles et l'accès des producteurs aux crédits encourage vivement les producteurs à développer des stratégies offensives, et à entreprendre des innovations même si celles-ci sont coûteuses. Le développement du marche monétaire crée des besoins nouveaux, incite les producteurs à consentir des efforts plus grands pour les satisfaire en vendant des excédents de production, donc d'augmenter leur revenu.

Le recours au crédit permet à des producteurs le plus souvent dans l'incapacité de pré financer leurs investissements, d'accéder à des moyens de production qui augmentent la productivité de leur travail et, compte tenu des marchés existants, sa rémunération.

Dans un contexte d'extrême vulnérabilité économique des unités de production et de fort impact de l'aléa climatique, il est nécessaire que certaines conditions de sécurisation des débouchés et prix soient remplies pour que les producteurs décident d'entreprendre des innovations prometteuses de développement coûteuses et risquées.

Il est donc recommander de combiner un élargissement et un approfondissement du mouvement de monétarisation des productions à la fourniture de crédits adaptés aux besoins d'investissement des producteurs ainsi qu'à leur capacité de remboursement. La mise au point de formules de crédits diversifiées, adaptés aux besoins et capacités de divers acteurs est également à recommander. Et il faut aussi mettre en place les conditions d'une reproductibilité de cette combinaison à fin d'assurer la durabilité du mouvement d'innovation. Une vaste monétarisation de l'activité agricole passe par une reconnections de la demande urbaine avec l'offre rurale.

Les cultures céréalières sont donc à promouvoir en tant que spéculation monétaire visant à approvisionner la demande urbaine. Selon les situations, la mise en oeuvre de cet objectif peut être étalée dans le temps. Il est possible d'envisager dans certains cas, que cette requête parte des villes de l'intérieur pour petit à petit regagner les marches des capitales. Cela passe par l'encouragement des initiatives visant à adapter l'offre rurale à la demande urbaine tant en matière de produits demandés que leur présentation (conservation, transformation).

Ainsi on peut envisager de promouvoir :

- la monétarisation des productions de l'élevage pour les marchés urbains, vers les lieux de consommation en zones ouest africaine.

- des filières alimentaires de diversification (légumes, fruits, à l'état naturel, ou transformés) , en fonction des débouchés des marchés, mais aussi d'autres régions , voire l'exportation.

- des filières des cultures d'exportation rentables en prenant en considérant dans leur rentabilité les effets d'entraînement sur l'économie.

Il faut concevoir ce mouvement de développement de la monétarisation de l'économie agricole dans une perspective régionale visant à encourager les échanges en zones écologiques présentant des avantages de production différents mais pouvant se révéler complémentaires.

Et ainsi vers la constitution d'un espace économique unifié qui prendrait les contours de l'Afrique de l'Ouest mais pourrait s'élargir au delà, en harmonisant de manière concertée des états des politiques douanières concernant notamment les importations céréaliers et de viande.

2) ASURER LA SECURITE FONCIERE

L'indétermination foncière ou la non sécurisation foncière sont pour une part non négligeable, responsables d'une utilisation de l'espace aboutissant à compromettre la fertilité des champs et des pâturages, à la destruction des forets et à faire obstacle aux propositions d'innovations visant à préserver ou reconstruire cette fertilité.

La sécurisation foncière des producteurs sur le domaine familial et des groupements de producteurs sur des espèces communautaires - parties communes du terroir villageois, espaces pastoraux- constitue donc un objectif prioritaire.

La propriété privée des terres parait constituer un moyen particulièrement efficace d'aggraver l'insécurité foncière.

Dans un contexte de très grande vulnérabilité économique et alimentaire de la plus part des unités des unités de production familiales, que vient aggraver l'occurrence de sécheresses, favoriser le développement d'un marché de la terre peut entraîner l'expropriation de nombreux producteurs, l'exode de bon nombre d'entre eux vers des villes qui n'offrent pas de perspectives d'emploi industriel.

Pour aborder les problèmes liés à la gestion des terroirs et espaces pastoraux, une triple approche peut être utilement employée.

- Une maîtrise technique des problèmes d'aménagement foncier (lutte antiérosive, haies vives, régénération des pâturages, plantations foncières, prairies artificielles...)

- une prise en compte des contraintes socio-économiques de terrain à fin de trouver avec les populations les meilleures façons d'aborder les solutions techniques et de régler les problèmes fonciers (y compris les aspects ; cadastre et fiscalité).

- Une adaptation des règlements et règles juridiques aux différentes situations afin que l'état puisse jouer à la fois son rôle de sécurisation des droits fonciers et de régulation des conflits en donnant toute sa place aux apports du droit coutumier(Gentil et Micoiret 1991)

3) FAVORISER LES ORGANISATIONS SOCIO-PROFESSIONNELLES

« La réalisation d'une organisation nouvelle, note SCHUMPETER, constitue une innovation au même titre que la mise en oeuvre d'une combinaison nouvelle des facteurs de production »

Ce qui n'empêche pas que l'on puisse aussi considérer ici les besoins de l'analyse, l'innovation organisationnelle comme un facteur incitatif du mouvement proprement technique d'innovations.

La présence d'organisations socioprofessionnelles dynamiques peut, en divers domaines, jouer un rôle important dans la diffusion du mouvement d'innovation

L'existence de tels groupements contribue à dissiper les malentendus pouvant servir entre chercheurs - ceux qui offrent des solutions techniques innovantes - et réalisation d'innovations, c'est-à-dire les producteurs.

Il est en effet raisonnable de penser que ces derniers sont les mieux placés pour exprimer leurs propres besoins et donc formuler des demandes techniques qui, si elles sont correctement satisfaites, ont de fortes chances de se transformer en innovations.

Pour ce qui relève de la mise en oeuvre du processus de sécurisation foncière ou de l'aménagement de l'espace, la présence de groupements constitue dans des procédures faisant appel la concertation, un atout indéniable. A l'inverse, leur peut représenter un obstacle dirimant à ces types d'innovations. Enfin, l'existence de groupements de producteurs peut être une condition nécessaire à la mise en oeuvre d'opérations de crédit voire de commercialisation.

4) RENDE ACCESSIBLE LE MATERIEL ET LES INTRANTS

La plupart des solutions des techniques innovantes proposées par la recherche impliquent l'utilisation de matériel et/ ou d'intrants.

Cela est bien entendu vrai pour toutes les innovations coûteuses qui s'inscrivent dans les stratégies offensives que développent les producteurs, mais cela l'est aussi pour les innovations les quelles ont recours les producteurs pour leurs stratégies défensives : utilisation de semences, produits phytosanitaires, vaccins etc. Indépendamment même du problème d'accessibilité économique se pose celui de l'accessibilité matérielle : la disponibilité locale, de la proximité.

Les moyens de réaliser les innovations , même moins coûteuses, les plus modestes , doivent se trouver à la portée - c'est-à-dire à proximité- de tous les producteurs , y compris de ce que l'on considère , un peu cyniquement, installés dans des zones marginales.

Ce qui est en jeu ici c'est l'acceptation ou non d'une division de l'espace national en « zones utiles » et donc par opposition, bien qu'une pudeur de langage exclue cette formulation en «  zones utiles », avec les implications lourdes de menaces sociales et politiques que peut comporter l'acceptation même tacite d'une telle division.

L'Etat doit assumer dans la mesure de ses moyens, ses responsabilités. Si le secteur commercial privé ou les groupements socio- professionnels peuvent jouer ce rôle de pourvoyeur fiable en moyen d'innovation, tant mieux. Sinon l'Etat doit consentir l'effort nécessaire pour rendre matériellement accessibles tous les moyens d'innovation que les producteurs sont en mesure d'acquérir.

III) NOUVELLE POLITIQUE AUX CREDITS AGRICOLES

Pour le crédit (comme pour la commercialisation et comme pour les techniques agricoles), les paysans ne déploieront vraiment un zèle pour le développement qui, si on leur fait confiance, que s'ils peuvent prendre en, mains leurs propres affaires, s'ils en deviennent responsables.  C'est partant de cette idée fondamentale que devrait être bâtis ou restaurés les nouveaux organismes de crédit agricole. La qui a été assez souvent expérimentée, consiste à confier à une société locale le développement, chargée de la vulgarisation, le soin de faire des prêts aux paysans. L'expérience a été faite dans plusieurs pays, et à connu de fortunes diverses. Dans certains cas, il semble qu'elle ait bien réussi, par exemple dans les zones cotonnières du Mali et de la Cote d'Ivoire. Cette formule a en effet des avantages ; l'encadreur local connaît bien les paysans et obtient de bons taux de remboursement ; les frais de recouvrement sont réduit en raison de la présence locale de la société.

Une autre solution également préconisée est celle d'un organisme spécialisé .Dans plusieurs pays Ouest africains la reconstruction d'un système valable de crédit agricole se fait actuellement sur cette base. Une condition pour que cela marche est que l'agriculture sente bien que cette banque n'est pas un simple prolongement de l'Etat et qu'elle sera très ferme dans le recouvrement de ses créances.

Les principes pourraient être les suivants à la base, des regroupements villageois recevraient les crédits ensuite les rembourseraient ; ils seraient garants de la bonne fin des prêts. Dans chaque petite région, serait formée une caisse mutuelle régionale de crédit rural et d'épargne, administrée par un conseil dans lequel les agriculteurs seraient majoritaires. Groupement comme caisse régionale caisses régionale seraient à forme mutualiste. Les caisses régionales distribueraient des crédits, recueilleraient l'épargne, devraient être par nature proches des paysans par la langue comme par la géographie.

Au niveau national, un fonds de développement du crédit rural sera crée ; il aurait pour tache la centralisation financière des avances aux caisses régionales en personnel et en méthodes techniques etc.

Que l'on adopte une structure de ce genre, ou que l'on maintien une banque nationale de crédit agricole, ou la distribution crédit par une société de développement rural, il est clair que la voie de l'avenir est en tout cas dans une forte participation des paysans à la gestion de leurs propres affaires et notamment de leur crédit, seul moyen de construire un système durable, ayant la confiance des paysans, et dans lequel les remboursements viendront régulièrement reconstituer le fond de roulement .

L' de financement et d'acquisition de matériel à l'exploitation agricole. Tout change trè épargne paysanne constitue également un atout pour enrayer ou réduire ce déficit s vite en matière de crédit agricole, du fait de la naissance de nombreux groupements de paysans, qui veulent prendre en main leurs affaires et s'organiser en vu de leur développement économique social. De plus en plus que ces groupements interviennent pour contribuer à résoudre le problème du crédit agricole. Ils demandent à leurs membres des cotisations mensuelles faibles, à la mesure des ressources des familles et parviennent ainsi à créer une épargne, puis financer des investissements, soit collectifs (moulins à mil, forages pompes etc.) soit individuels pour l'achat du matériel de base nécessaire à chaque exploitation agricole. Les modes de fonctionnement, d'attribution des prêts et de remboursement, sont très variés. Bien souvent l'attribution de la somme nécessaire pour le matériel d'une exploitation se fait par tirage au sort. Les créateurs de ces groupements et les organismes qui les appuient, considèrent que les bases nécessaires au succès sont un réel esprit mutualiste, une formation assez poussée groupes et des paysans ou au moins d'une partie d'entre eux, et un dialogue permanant au sien des avec leurs interlocuteurs.

Quoi qu'il en soit, semble que, sauf dans les régions privilégiées (douées pour produire abondamment de cacao, café etc.) ces groupes ne puissent pas, grâce à leurs seules ressources, doter tous leurs adhérents en un temps raisonnable du matériel nécessaire. On constate du reste que leur tendance est de s'associer, soit aux organismes nationaux de crédit agricole lorsqu'ils existent et sont assez solides, soit à une ONG (organisation non gouvernementale) ayant une large assise et des ressources financières importantes.

Il est certainement souhaitable que ceux qui peuvent, gouvernement, caisses nationales ou régionales d'épargne et de crédit, ONG, encouragent, et soutiennent ces initiatives paysannes, qui ont tant d'importance pour l'avenir de l'agriculteur mais un moyen sur pour atteindre le bien être alimentaire des pays Ouest Africains.

Quelles que soient les structures des organismes qui en feront partie, il est indispensable que les caisses classiques de crédit et les groupements paysans d'origine locale collaborent pour former un ensemble harmonieux susceptible de procurer aux paysans des ressources financières suffisantes pour acheter le matériel et les bêtes dont ils ont besoin pour transformer leur exploitation et de répondre aux exigences alimentaires des populations.

SECTION3 : PENSER AU DEVELOPPEMENT RURAL

L'expansion de l'agriculture est le moteur du développement rural réussi, lequel à son tour crée des conditions d'une croissance largement repartie et capable de faire reculer la pauvreté. Les pauvres en bénéficient directement s'ils sont agriculteurs ou indirectement s'ils sont du secteur non agricole rural. Puisque l'agriculture constitue l'activité de base dans les pays pauvres surtout dans nos pays où elle emploie en gros 70à80% de la population active, le développement du monde rural ne peut se faire sans une agriculture qui répond favorablement aux besoins des populations qui s'y adonnent. Dés lors l'intervention publique pour influencer la productivité paysanne peut être conçue à la fois comme un acte de justice sociale mais également un moyen d'assurer la sécurité alimentaire à travers une meilleure rémunération des produits agricoles et le développement des activités non agricoles.

1) MIEUX REMUNERER LES PRODUCTEURS AGRICOLES

Ce qui intéresse le producteur c'est le rapport entre les prix sur les quels il peut vendre ses produits et les prix aux quels il achète ce qui lui est nécessaire ou agréable soit pour sa propre exploitation, soit pour la vie quotidienne de sa famille.

A) LA POLITIQUE DES PRIX

Dans ce domaine les pays africains ont été victimes dans la plupart entre 1960 et 1980 une ponction et injuste dans leur revenu. Les gouvernements fixaient des prix d'achat aux producteurs très inferieurs aux prix « normaux » que l'on peut définir comme ceux du marché mondial diminués des frais de commercialisation, de stockage et de transport intérieur, et éventuellement d'un léger impôt pour contribution aux charges de l' Etat.

La question a fait l'objet d'études et de calculs très précis qui ont montré que ces ponctions étaient très importantes, comprises le plus souvent de 1970 à 1980 entre 30% et 70% du prix que le producteur aurait dû normalement recevoir. C'est à dire que les gouvernements ont abusivement retenu entre un tiers et deux tiers des recettes que les paysans pouvaient escompter. Il n'est pas étonnant que ces politiques catastrophiques aient découragé les paysans de produire. Et ainsi l'agriculture est laissée en rade. Un alibi est parfois évoqué par certains gouvernements consistait à dire que les sommes prélevées sur les paysans alimenteraient des caisses de stabilisation et que les sommes d'argent ainsi considérables engagées permettraient en cas de fortes chutes des cours mondiaux, de maintenir une rémunération convenable des producteurs. Malheureusement les sommes énormes prélevées sur le dos des paysans furent souvent dépensées pour des investissements qui n'avaient aucun intérêt pour l'agriculture ; elles ne sont plus disponibles maintenant que les cours ont baisé.

Pourtant, malgré ces difficultés, les opinions ont évolué tant chez les dirigeants que dans le secteur public et tendent à la fixation de prix d'achat aux producteurs aussi rémunérateurs que possibles pour eux, compte tenus des cours mondiaux. Pendant la période 1970-1980 les paysans bénéficiaient des prix très élevés. Mais aujourd'hui la situation s'est inversée. Les baisses ont été si fortes notamment pour le café, le cacao, les oléagineux, que les gouvernements se sont trouvés dans l'impossibilité de continuer les ponctions sur les paysans et même ont été obligés d'accorder à ceux-ci des prix supérieurs aux prix  « normaux ».

B) LA COMMERCIALISATION

B.1) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES

Il s'agit ici de commerce des produits vivriers envoyés aux villes ou aux régions déficitaires, des produits agricoles d'exploitation et des intrants, engrais, produits phytosanitaires, charrue, charrette etc.

La question qui se pose maintenant est de savoir si ce commerce doit se faire dans un système de liberté des échanges, ou par l'intermédiaire de l'Etat.

Dans les politiques agricoles des ajustements structurelles entamées au début des années 80, on note le désengagement des Etats en ce concerne la libéralisation du marché agricole et de la fixation des prix des produits agricoles. Et ces ajustements n'ont pas abouti aux attentes bien au contraire comme le pensent d'aucuns qu'ils ont englouti les économies. Dans la zone franc depuis la dévaluation de 50%du franc CFA le 12 janvier 1994 il ya un doublement des prix de cette monnaie. Dans cette situation le risque se profile à nouveau de prix payés aux paysans qui seraient sensiblement inférieurs à ceux que l'Etat doit normalement leur garantir compte tenu des cours mondiaux et des frais intermédiaires entre le producteur et les destinataires. Pour la fixation des prix imposés en l'absence de marché libre ce qui est le plus fréquent comme au Sénégal avec la campagne arachidière, les producteurs devraient être consultés par l'intermédiaire des dirigeants de leur groupement. Et cela permettrait d'avoir un revenu acceptable leur permettant de financer au moins une partie de leur exploitation ou leurs besoins quotidiens familials

B.2) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS NON AGRICOLS

Le corollaire évident de l'analyse du marché est l'appui à la commercialisation, à l'organisation à la vente et à sa promotion. On retrouve ici, à des échelles diverses suivant les contextes, les activités classiques de cette fonction :

- démarrage directe de la clientèle ;

- recherche d'intermédiaire fiable ;

- création d'un label

- utilisation des médias

- recherche et utilisation des circuits informels ;

- présentation sur les marchés locaux périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations, concours etc.

- halls d'exposition permanant organisés par les groupements ou les professionnels ;

- élaboration de la fiche techno-commerciale

- édition de catalogue

Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'où la nécessité de susciter une organisation professionnelle des artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de production.

2) DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES NON AGRICOLES

Le développement rural a souvent été compris comme un développement purement agricole. Or, il faut bien considérer que la vie économique ne se limite pas à la seule production agricole. Artisans ruraux, marchands, transformateurs de produits contribuant, au même titre que les agriculteurs, au bien être global de la société. Dans un projet de développement, la prise en compte du secteur non agricole est essentielle à plusieurs titres :

- d'abord au bénéfice du développement agricole lui-même. Les agriculteurs ont besoin de charrettes, des harnais, des houes, de paniers, bref des moyens de production. La production de ces outils est parfois réalisée sur place, mais les productions locales sont de plus en plus concurrencées par des productions extérieurs, voire étrangères, qui bénéficient d'une meilleure réputation(ou d'un meilleur rapport qualité/prix)

Ils ont besoin d'écouler une partie de leur production, donc de marchés actifs et de commerçants dynamiques.

- Les agriculteurs ont besoin de l'entretien et de la maintenance des équipements individuels et collectifs soient assurés. S'agissant de matériels de plus en plus sophistiqués, le recours à des artisans spécialisés devient indispensable.

- Les revenus non agricoles sont de plus en plus souvent indispensables pour maintenir les agriculteurs sur place et éviter leur émigration définitive vers les villes.

- Enfin, un plan de développement équilibré doit, pour être complet, concerner tous les acteurs de production. A titre d'exemple nous prenons une filière comme celle de l'oignon :

CULTURE OIGNONS

Moyens d'exhaure semences

Grillage produits phytosanitaires

Arrosoir fumure compost

Binettes

Outils aratoires

TIGES

CONDITIONNEMENT

BULBES

Presse à levier

PRESSAGE

VENTE ET AUTO-CONSOMMATION

Séchoir

SECHAGE

EXPORTATION

Silo de stockage

STOCKAGE

STOCKAGE

Silo de stockage

SECHAGE

Séchoir

STCKAGE

Silo de stockage

EXPORTATO

CONS-LOCALE

2.1)UNITES DE PRODUCTION DE STATUTS TRES DIVERS

Les secteurs non agricoles du développement local recouvrent à notre sens, les activités de commerce (magasins de gros et de détail, boutiques, échoppes, étals de marché ...) et les activités de production de biens et services (métalliers, forgerons, menuisiers, boulangers, tanneurs, réparateurs en tous genres, gargotes, photographes, etc.)

En milieu villageois, la petite unité de service ou de transformation de type artisanal est évidemment la catégorie la plus rependue. Dans les petits centres et semi-urbains, difficilement indissociables du monde rural, existent des unités de production plus importantes, aux activités plus régulières et plus stables.

La configuration des unités qui relèvent de ce secteur est extrêmement diversifiée. Il peut s'agir d'unités tenues par un individu, un groupe familial, un groupement extra-familial, à structure coopérative ou autre. Elles peuvent être permanentes, comme c'est généralement le cas dans les petits centres ruraux semi-urbains, ou saisonniers, car dépendantes d'occupations liées à la production agricole ou à des emplois salariés périodiques.

Les moyens de production(le fond de commerce, l'atelier, les outils)et les stocks de matière première peuvent ou non la propriété du producteur .Les unîtes de production peuvent utiliser la main d'oeuvre salariée ou au contraire se satisfaire de la force de travail familiale éventuellement complétée par des apprentis.

2.2) LES ATOUTS DU SECTEUR NON AGRICOLE

Les atouts de ce secteur illustrent le rôle que le secteur joue, ou a vocation de jouer, dans le développement des populations rurales.

- Le faible montant du capital à investir et la quasi-absence d'obligations réglementaires confèrent au secteur non agricole une grande souplesse d'implantation (facilitation à l'entrée)

- Ce secteur est étroitement relié à la production agricole :

*il permet l'écoulement tout au long de l'année, des surplus agricoles souvent cédés par de très petites quantités et à mesure des besoins monétaires des familles.

* il approvisionne de la même façon les familles en bien de consommation essentiels (huiles, sels, savon)

* il assure localement la fabrication et la maintenance de l'outillage et les équipements qui lui sont nécessaires.

*il contribue aussi à abaisser les couts de production.

Ses faibles couts de production lui permettent de satisfaire les besoins domestiques (équipement des ménages, amélioration d l'habitat) d'une population à faibles revenus.

*il peut absorber et valoriser une part non négligeable de la main d'oeuvre disponible et contribuer ainsi, de façon significative, à freiner l'exode rural.

* pas ses systèmes diversifiés d'apprentissage, il a sa part (qui, dans certains pays, peut d'être capital) dans la formation des jeunes.

*L'environnement institutionnel lui est de plus en plus favorable.

Porté par le courant général qui, en matière de développement tend à privilégier la petite production, sa dimension et sa flexibilité le destinent à être intégré de plus en plus aux politiques et aux plans d'aménagement des territoires.

-La commercialisation des produits non agricoles

· Création d'un label

· Utilisation des médias

· Recherche et utilisation des circuits informels

· Présentation sur les marchés locaux périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations, concours etc.

· Halls d'exposition permanents organisés par les groupements ou les professionnels ;

· Elaboration de la fiche technico-commerciale

· Edition de catalogue

Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'ou la nécessité de susciter une organisation professionnelle des artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de production.

2.3) LES INTERVENTIONS AUPRES DES PRODUCTEURS NON AGRICOLES

Dans des conditions où le secteur connait certaines ; limites ; sa faible capacité à innover, les faibles capacités de l'artisan ou du commerçant à la gestion, l'inorganisation du circuit de vente et de promotion des produits etc.

La question fondamentale qui se pose à ce niveau est de savoir sur quels leviers peut-on imaginer s'appuyer pour une intervention de développement concernant le secteur non agricole ?

L'expérience conduit à mettre en garde contre la solution de facilité qui consiste le cycle d'approvisionnement, fabrication vente, à ne privilégier que la seule fabrication. Le plus souvent c'est en matière de fabrication que le potentiel des ressources pouvant être mie en oeuvre par l'artisan lui-même le plus grand ; c'est donc là qu'il est moins urgent d'intervenir

Pourtant les caractéristiques du secteur conduisent à bien s'appuyer sur les individus qui sont au centre de la production.

L'un des paramètres de la réussite d'une petite entreprise et peut être la condition fondamentale, est la personnalité du commerçant, de l'artisan, ou du patron. Créer vivifier un tissu artisanal impose de créer ou de perfectionner des unités qui servent de modèle, donc qui réussissent. D'ou l'importance à accorder à l'identification des hommes dont les compétences, en tant que patron d'unités, actuelles ou potentielles, s'évaluent par rapport non seulement aux capacités techniques, mais tout autant, sinon, d'avantage, aux motivations et à la volonté de réussir. L'expérience montre aussi qu'il doit se garder de tout vouloir produire sur place. Certains besoins peuvent plus facilement être couverts par des artisans urbains, mieux équipés et bénéficiant d'un marché plus important, que par des producteurs ruraux.

Quoi qu'il en soit toute intervention à l'endroit des unités artisanales, quelle qu'elles soient, se fonde d'abord sur la connaissance du système qu'elles constituent avec leur environnement .L'appui à la petite entreprise artisanale ou commerciale ne se conçoit donc pas de connecter des problèmes posés à cet ensemble.

De cette connaissance découlera l'identification des besoins, la mise en évidence des opportunités, le choix de priorités et en fin la sélection des formes d'appui les plus adaptés. Les interventions elles-mêmes porteront soit directement sur les unités de production de biens et services, soit sur leur environnement socio-économique.

2.4) CREDIT DES ACTIVITES NON AGRICOLES POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST

Le crédit est un besoin vital pour le petit producteur, qu'il s'agisse d'une création d'activité ou de son développement. Le point de vue des banques à l'égard des petits prêts à la petite entreprise est bien connu ; crédits sollicités souvent trop faibles, donc insuffisamment rentable pour la banque, cout disproportionné de la gestion des dossiers, secteur à haut risque garanties, garanties aléatoires.

L'inéligibilité des artisans au crédit bancaire impose bien souvent aux projets d'intervention en milieu rural qu'ils se substituent au système défaillant et qu'ils conçoivent et mettent en oeuvre des dispositifs mieux adaptés et plus flexibles. En effet il est indispensable, pour que le crédit accordé soit pleinement valorisé, d'accompagner les bénéficiaires dans la création ou l'extension de leur activité. Ce suivi indispensable et les comportements nécessaires à la maitrise de leurs affaires, apparait en outre aux financeurs comme un surcroit de garantie dans le recouvrement du montant des crédits.

Le dispositif d'accompagnement implique :

- La rigoureuse sélection des demandes ou projets, sur le critère de leur recevabilité au regard du marché, de la personnalité de celui qui veut entreprendre, de ses compétences et de ses motivations.

- L'appui à la mise en forme de la demande et au montage du dossier commercial, technique et financier qui doit être présenté au financeur ;

- L'appui au lancement de l'activité processionnelle qui a fait l'objet de prêt et le suivi rapproché, individualité de son fonctionnement.

Accompagner le petit patron dans l'obtention et le remboursement de sont crédit est une forme particulièrement concrète et efficace d'intervention au titre de formation à la gestion. En effet celle-ci devient pour lui nécessitée quand il découvre que lui sont fournis, par le canal, l'élément qui lui est indispensables pour maitriser le processus contraignant dans lequel il se sait engager. S'appliquant ainsi très directement à ses préoccupations, le conseil et la formation sont infiniment mieux perçus et leurs apports davantage intégrés.

3) TRANSFORMER LES VILLAGES

Parce que l'urbanisation coute cher et parce qu'une augmentation trop rapide de la population des villes pose de très grands problèmes financiers, économiques, techniques, et sociologiques. Il est évidemment souhaitable de ne pas accélérer l'exode rural et même de le contenir dans des limites acceptables.

Pour cela, il est nécessaire de faire la promotion du développement rural par nos Etats et mettre fin aux politiques économiques et sociale qui ont jusqu'à présent beaucoup trop favoriser les citadins au dépens des paysans.

De ce point de vue la première chose à faire et d'assurer aux paysans des revenus normaux .Quand les cours mondiaux des matières agricoles exportables sont élevés, il faut laisser aux paysans les recettes qui leur reviennent normalement et de maintenir les subventions, ce qui pas toujours fait. Par ailleurs des taxes à l'importation des céréales et de la viande devraient être mises en place si à l'avenir l'importation des subventions accordées par certains pays étrangers à l'exportation de ces produits le justifie.

· DOTATION EN EQUIPEMENT

Un immense effort d'équipement et d'animation des villages devrait être désormais prioritaire. Mais pour que cela soit possible dans de bonnes conditions, il y'a un préalable, car la plupart des équipements donnent lieu à des frais d'entretien et de fonctionnement qui doivent nécessairement être couvert par les villages. La présence dans chaque village dune sorte de groupement est donc indispensable, qui prendra en charge par exemple l'entretien d'une pompe de forage, le fonctionnement éventuel d'un moteur s'il y'a distribution d'eau, les frais de production d'électricité etc.

Il y'a heureusement maintenant dans très nombreux villages de l'Afrique de l'Ouest des groupements de ce genre .Pour faire bénéficier un village, de certains équipement, l'existence d'un tel groupement devrait être une condition rigoureusement exigée par tous les bailleurs de fonds extérieurs, Etat, Régions ou ONG.

· MESURES

Une fois ces préalables résolus, la première des mesures à prendre est l'extension d'urgence à tous les villages de l'enseignement primaire ou à défaut de l'éducation de base avec l'alphabétisation, car cela est nécessaire pour que les villages puissent promouvoir eux même leur développement économique et social, créer et faire fonctionner les groupements villageois et mieux se défendre au sien de la société .

Deuxième action fondamentale, car répondant à l'un des besoins essentiels des hommes, fournir à chacun l'eau de chaque jour, en quantité suffisante et d'une qualité convenable.

En général, les villages ne sont pas encore à l'heure des réseaux de distribution, chaque famille ne pouvant assumer la charge financière de l'abonnement et de la consommation. La politique actuelle pour encore des années à venir et dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, est celle de la construction de points d'eau, dans le cadre de ce que l'on appelle maintenant l'hydraulique villageoise.

C'est une question largement traitée dans la question de la politique de l'eau pour les programmes d'investissement aux travaux hydraulique villageoise.

Un problème très important est celui de l'hygiène et notamment de l'évacuation des eaux usées, des déchets humains et des eaux pluviales stagnantes. Normalement un village peut se passer en la matière d'ouvrages couteux, tuyaux, collecteurs, etc. Mais il est indispensable que les villages acquièrent des notions d'hygiène pour éliminer les eaux stagnantes, construire des latrines correctes, etc. Et sur ce point l'éducation de base devrait être profondément utile. Le problème d'électricité au village est délicat. Il serait évidemment plus gai pour les villageois d'avoir, au moins sur place du village et dans deux ou trois ruelles, un petit éclairage public et ensuite si possible d'avoir d'électricité chez eux. Mais l'opération est difficile à réaliser et à faire fonctionner, faut de techniciens sur place et de ressources financiers des villageois.

Il peut être promû dans les villages de zones de cultures riches comme le café ou le cacao. Ailleurs elle pourrait mise en place grâce à la formule des paiements anticipés.

Un point essentiel pour le développement des villages est celui des services aux entreprises ou plus précisément celui de la présence d'artisans, mécaniciens et électriciens pouvant entretenir et réparer les pompes de forage, les moulins à céréales (mil, maïs...), les charrues, les semoirs, éventuellement les motoculteurs etc. Il s'agit ou il doit s'agir d'artisans privés, mais l'Etat a un rôle de former des jeunes à ces métiers dans les zones rurales ; un enseignement technique bien adapté devrait leur être donné, de plus il serait utile de leur rendre pour eux possible de bénéficier des prêts bonifiés, pour le démarrage de leurs activités comme artisans.

Les services au particuliers, porte, école, dispensaire, téléphone, sont également une des formes de l'agrément de l'habitat de la localité. On ne peut bien sur pas demander qu'ils existent dans chaque village, mais on devrait au moins les trouver dans une bourgade voisine, ce qui permet un accès relativement facile à pied, en charrette ou à cheval ou à dos d'âne ou à bicyclette ou à vélomoteur ; lorsqu'il y'a des pistes pas trop sableuses .Les responsables de divers services publics devraient veiller de façon très attentive à cette déserte rapprochée des villages. Il faut des études plus systématiques.

Enfin un point essentiel est de remédier à l'insuffisance du réseau de transport qui peut empêcher ou ralentir le développement de certaines régions et de certaines activités. Mais avant tout investissement dans ce domaine il faut une très bonne connaissance de l'économie locale et des perspectives, de l'agriculteur, de l'industrie, du système des prix, des tendances de déplacements personnels de la population, des comportements des groupes socio-économiques. Car les erreurs coutent cher pendant long temps dans ce domaine parce que les infrastructures sont fort durables.

Pour résoudre ce genre de problème il faut évaluer avec soin les potentialités de chaque zone, nombre d'habitants, nature des sols, climat, genre de cultures possibles, prix probable pays aux producteurs etc. et tenter ainsi de prévoir ce qui se passera si l'on résout les problèmes de transport. Pour certains pays le désenclavement des zones rurales isolées est très important, car c'est tout le développement agricole de nombreuses localités qui est en cause. Dans un premier temps, on résout habituellement le problème par des justes améliorations peu couteuses ; bien entendu, si le trafic se développe on passe au besoin à des routes en terre modernes, et même plus tard à des routes bitumées.

CONCLUSION GENERALE

La question de la sécurité alimentaire et de développement rural occupe une place fondamentale dans la stratégie de réduction de la pauvreté dans le monde. A l'heure actuelle avec une crise pétrolière qui secoue la sphère économique mondiale dans sa globalité .les populations des pays non producteurs de pétrole sont exposées à une crise sans précédent, surtout celles de l'Afrique de l'Ouest. De ce point de vue le retour actif vers l'agriculture domine les discours des dirigeants politiques .En effet l'agriculture est un instrument de fondamental pour la réalisation de l'objectif de développement du millénaire qui consiste à réduire de moitié d'ici 2015 la proportion de la population vivant dans l'extrême pauvreté et souffrant de la faim chronique. Puisque les trois quarts des habitants pauvres des pays en développement surtout ceux de l'Afrique de l'Ouest, vivent dans les espaces ruraux, et la plupart d'entre eux tirent, directement ou indirectement, leur subsistance de l'agriculture. Le rapport entre agriculture et monde rural offre des directives aux gouvernements qui peuvent les aider de manière à avoir un réel effet sur la vie de centaines de milliers de ruraux pauvres.

Etant donné le rôle déterminant du secteur agricole la sécurité alimentaire et le développement ne peuvent être cernés en dehors de celui-ci. L'hypothèse le pus plausible qui se dégage de cette analyse est que le secteur agricole reste le point focal, aussi bien sur le plan alimentaire et sur le financement des autres secteurs et il est également un moyen d'allocation des ressources et aussi de freinage de l'exode rural.

Ainsi les réflexions, les propositions d'orientation et des solutions avancées ne suffisent pas ; il faut que nous comptons sur nous-mêmes, de s'avouer de nos faiblesses pour tirer meilleure parti de nos abondantes richesses. Il s'agit pas de constater les maux et de disposer des potentialités et d'espérer mais il faut que chacun (paysans, ingénieurs agronomes, gouvernement, organisations internationales, ONG, partenaires...) ait la volonté d'éliminer la racine du mal.

SECTION 1 : HISTORIQUE DE LA CRISE ALIMENTAIRE ET LES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST.

INTRODUCTION

Près d'un demi-siècle maintenant après l'avènement des indépendances, il est clair que la situation de l'Afrique n'est pas brillante. Les pays de l'Afrique de l'Ouest font tous partis presque des pays les plus pauvres de la planète. La sous-alimentation et la malnutrition y sont fréquentes et se font ressenties plus et particulièrement dans le monde rural où les capacités d'adaptation au nouvel rythme du monde moderne (mondialisation avec suppression des entraves commerciales) y sont très faibles voire inexistants d'une région à une autre. Celles-ci occasionnées par une agriculture qui ne répond plus aux attentes et des difficultés de financement des agriculteurs accusés par une baisse de leur revenu, combinées avec la répartition mal orientée des crédits et intrants agricoles.

Ainsi nous allons aborder en premier lieu la crise alimentaire avec ses débuts, et qui continue à entériner les économies Ouest Africaines et l'ensemble des facteurs qui favorisent sa persistance. Ensuite nous parlerons en deuxième lieu les problèmes en milieu rural avec la reconversion des paysans sur les produits de rentes au détriment de ceux vivriers et des tendances démographiques explosives.

I. L'origine de la crise vivrière

L'insécurité de l'approvisionnement et de la consommation alimentaire est un problème sérieux en Afrique de l'Ouest surtout depuis le début des années 70. Depuis cette date le déficit alimentaire de la région n'a fait qu'augmenter. Les importations de biens alimentaires, y compris l'aide alimentaire, ont augmenté rapidement alors que les exportations de biens alimentaires ont régressé. Donc l'origine de l'insécurité alimentaire réside dans les problèmes de l'offre et de la demande.

En outre les projets développements se complexifient de plus en plus avec les menaces de sécurité alimentaire .Cela prolonge la question fondamentale de la survie humaine. Sur le plan mondial, jusqu'en 1985, la production céréalière augmentait plus vite que la population. Mais depuis cette date elle augmente moins vite : les stocks diminuent, les prix du riz et du blé (produit importes pour l'Afrique de L'Ouest) s'envolent. Ces excédents de céréales qui fournissaient les aides alimentaires, diminuent vîtes. Du point de vue démographique, la croissance de la population dépasse celle des progrès agricoles. Les quels sont contraints par manque d'eau suffisant et surtout la dégradation des climats dont les pauvres enregistrent des externalités négatives. Les sécheresses, les inondations, ainsi que les feux de brousse se multiplient dans pratiquement toute la région Ouest africaine. De là, on peut parler d'une menace de crise alimentaire sans précèdent surtout dans nos pays où on a de faibles avantages comparatives dans la production vivrière. Celle-ci donne un surcroît d'intérêts aux projets de développement et oblige à leur donner une priorité grande encore.

Il serait normal que les paysans puissent vendre leurs produits alimentaires, céréales, viandes, légumes etc. dans les villages à des prix raisonnables. Cela est d'autant plus important que la proportion de population urbanisée augmente rapidement. Au début du XX ème siècle, en Afrique de l'ouest, la population représentait moins d'une personne sur vingt et en 2000 on a dépassé une personne sur trois. Pour que chaque pays parvienne à l'autosuffisance, alimentaire, il faudrait que les paysans vendent dans les villes des tonnages considérables, et en croissance rapide de céréales, de produits maraîchers, de viande etc. cela est nécessaire aussi pour que les paysans puissent accéder à un niveau de vie meilleur et disposer en plus de nourriture de chaque jour de ressources financières pour acheter en ville des articles industriels et artisanaux. C'est normalement la paysannerie qui sera demain le meilleur marché pour les produits de l'industrie et de l'artisanat ouest africain or, pendant des années et dans certains pays, jusqu'à maintenant, les paysans se sont trouvés pour vendre leurs produits vivriers , devant une très grande difficulté, qui était, et qui reste un problème majeur de la sous région ouest africaine : plusieurs produits alimentaires essentiels notamment le riz, la viande, le maïs, le blé arrivaient en Afrique à des prix extrêmement bas, et cela en raison de deux phénomènes simultanées : la politique commerciale agricole des Etats Unis et de l'U.E, et les politiques monétaires de la sous région.

En Afrique, l'agriculture devrait être prioritaire et ou les paysans sont nombreux, ils sont subi pendant des années des ponctions financières excessives. Par contre, dans les pays occidentaux très industrialisés où les paysans sont une infime minorité, ils bénéficient de subventions variables, souvent très fortes. D'où les prix bas (dumping) pratiqués sur le marché mondial pour défier la concurrence.

Or à peu près à la même époque, la plupart des monnaies de nos pays Ouest africain étaient surévaluées d'environs 75% par la Banque Mondiale, surtout le FCFA entre 1974 et 1984 alors que les monnaies asiatiques étaient sous évaluées environs de 25%.

Pour toutes ces raisons, les céréales du monde extérieur arrivaient en Afrique de l'ouest à des prix extrêmement bas en monnaie locale. Cela constitue une dés incitation à la culture locale vivrière et un recours massif à l'importation.

I-2- Effets des facteurs exogènes et endogènes à la production agricole : (sols, climats, érosions...)

« Le tiers monde tropical pourrait être le grenier du Monde. A condition que le développement et ses méthodes soient repensés. » Pierre Gourou (Terre de bonne espérance, op.cit., 1982, 4 ème page de couverture).

Quelque fois les effets peuvent s'agir de problèmes causés par un évènement précis comme le déclenchement d'un conflit, mais bien souvent, il s'agit de problèmes persistants, chroniques et structurels, qui exacerbent les difficultés existantes liées à la fragilité des écosystèmes et à la sévérité des conditions climatiques. Ceux-ci constituent une influence considérable sur la capacité de la population d'un pays à assurer elle-même son approvisionnement en denrées alimentaires.

Les climats sont très variés surtout en Afrique de l'ouest. Ils vont de l'extrême sécheresse avec de très fortes variations des températures. Ils sont tout de même marqués partout par rudesse, une violence dans les phénomènes : averses très brutales, sécheresses excessives avec des taux d'humidité de l'air qui descendent souvent au Sahel en dessous de 15%, vents très forts en pleine sécheresse. Et naturellement chaque climat a des incidences sur les possibilités de végétation, de culture et de fructification dans la zone considérée. D'abord le volume de récolte a diminué parfois d'un quart et parfois d'une moitié et cela remonte de la sécheresse éprouvée par le Sahel depuis les années 70. Des pâturages jusqu'alors prospères ont disparus et de nombreuses bêtes ont du être abattus faute de nourriture. Des nappes d'eau peu profondes ont baissées et des puits ont taris. Ainsi des populations surtout rurales ont souffert de la faim, et vu leurs ressources diminuer ou disparaître ; des centaines de milliers de personnes ont péri et d'autres biens plus nombreux auraient péri sans l'aide alimentaire internationale. A cela s'ajoute également l'érosion pluviale par le ruissellement qui agresse les sols. C'est un phénomène d'entraînement par la pluie d'une partie de la terre qui recouvre le sol. L'importance cette érosion dépend de plusieurs facteurs, la pente du sol, l'intensité de la pluie par heure ou par minute le couvert végétal. Il faut donc noter que l'intensité instantanée de la pluie pendant les grandes averses est sensiblement plus forte dans les régions surtout équatoriales avec des hauteurs d'eau deux à trois fois plus fortes pour les averses d'au moins trente minutes et une force de frappe de la pluie cinq à dix fois plus grande. A cet égard les climats entraînent une très forte agressivité contre les sols.

Cette érosion est d'autant plus nuisible que la pluie entraîne les particules les plus fines et notamment celles d'argile qui sont les plus utiles pour la qualité des sols et pour leur fertilité. Sur les terrains en faible pente, l'érosion diminue la fertilité, le couvert végétal se dégrade ; cela entraîne une augmentation du ruissellement, donc de l'érosion, et on se trouve dans cercle vicieux de production alimentaire.

- Le lessivage

Le lessivage résulte aussi des pluies, mais c'est un phénomène différent de l'érosion pluviale. C'est en somme le transport de certains aliments solubles du sol verticalement vers le bas lorsque l'eau traverse les couches superficielles du sol. Sa force et ses inconvénients dépendent naturellement de l'intensité de la pluie et de la nature du sol et de la saison où la pluie se produit.

Des expériences précises avec mesures de quantité faites dans le centre du Sénégal ont montré qu'il peut emporter dans ces régions, par an et par hectare 5 à 30 kg d'azote, 10à 20kg de potasse. C'est dire que le lessivage peut être vraiment désastreux pour les sols, d'autant plus que ces pertes importantes en éléments très utiles pour l'équilibre du sol le rendent plus perméable et augmentent encore le lessivage futur. Il y a encore là un véritable cercle vicieux.

- L'érosion éolienne

Il s'agit de l'arrachement par le vent des particules du sol, et du transport vers d'autres zones ; comme cette érosion enlève l'argile, elle laisse en place dans les régions sèches du sahel des sables plus ou moins grossiers.

Des mesures faites vers 1952 par le professeur Portières au Sénégal avaient montré que le pourcentage de sable grossier (0,2mm à 2mm) était plus de 60% au nord de Louga et de l'ordre de 30% au sud de la ligne Thiès- Diourbel là où les vents sont moins forts. Et ces régions sont actuellement en perte de vitesse de leur puissance agricole d'où la persistance de la pauvreté de la sous-alimentation. Un effet très visible et même spectaculaire de l'érosion éolienne existe au Sénégal : la longue période de sécheresse qui à frappé le pays de 1970 à 1983 à très fortement réduit dans tout le pays l'importance du couvert végétal, arbres, arbustes, herbes. Du coup, les vents trouvaient moins d'obstacle transportent plus facilement les sables fins ou moyens et les particules d'argile. En pleines saisons sèches dans certaines localités de décembre à mars, l'air est parfois chargé de sable créant une sorte de brume de sécheresse qui n'existait jusque vers les années 70. (Aménagement de l'économie agricole et rurale au Sénégal, par le professeur Portières ; centre de recherches agronomiques de Bambey, Sénégal 1952).

Les agressions liées à des activités humaines

La culture extensive

La culture extensive traditionnelle ou culture itinérante, telle qu'elle était pratiquée, jadis, n'était enrichissante pour les sols. Laissé à lui-même pendant vingt à trente ans, le sol se reconstituait ; la végétation, d'abord les herbes puis les arbustes, puis les arbres, recréaient l'humus structure teneur normale en azote. Mais l'augmentation de la population, en réduisant la durée de la jachère, perturbe complètement ce processus, dès l'instant où la culture extensive est accélérée, elle constitue pour le sol un très grave danger quand le cultivateur revient sur son champ après seulement trois ou cinq ans de jachère, le sol n'est pas reconstitué, il n'a pas retrouvé les qualités nécessaires pour une culture normale, en structure, humus et en azote, et outre dans le cercle vicieux appauvrissement des sols, baissent des rudiments, augmentation des surfaces cultivées et réduction du temps de jachère se succédant et s'aggravant mutuellement.

L e surpâturage

Ce type d'agression des sols concerne les zones où il ne pleut pas beaucoup mais où des hauteurs de 100, 300 ou 400mm créent de vastes pâturages propices à la circulation et au stationnement des troupeaux. Dans les années 50 et 60 il y avait un certain équilibre entre fourrage et nombre de bêtes qui les consommaient mais depuis lors cet équilibre est bouleversé par une augmentation de la population générale qui entraîne une augmentation parallèle des éleveurs avec la conservation des habitudes ancestrales d'élevage. Dans celui-ci, le but est non pas de vendre le plus possible de viande mais de d'augmenter le nombre de têtes de son troupeau, lequel est le trésor du pasteur et le symbole de sa richesse. Les bêtes nombreuses con sommes les fourrages dès que cela est possible et finissent par tondre l'herbe au ras du sol, empêchant une pousse normale. Dès lors le sol est dénudé et devient plus vulnérable devant l'érosion éolienne et pluviale, là encore le cercle vicieux est ainsi créé.

Le feu de brousse

Il est incontestable que sur un plan général, ces feux de brousses sont une catastrophe car ils détruisent à vitesse à accélérée le couvert végétal, diminuent la résistance de sols aux érosions qui les menaces et finalement les tuent. Donc c'est un phénomène qui nécessite une campagne de sensibilisation à l'endroit des agriculteurs. Ils emploient, en effet, des méthodes de défrichage ou de déboisement qui détruisent l'humus.

II. Faible accès au crédit agricole

Pour accomplir l'indispensable passage à la culture stabilisée, le paysan à besoin de quelques moyens dans la plupart des cas, il devra passer à la culture attelée et à la fumure animale ou compost végétal ; il lui faudrait bien acheter une paire de boeufs, une charrue, une charrette, un semoir. Si pour diverses raisons (impossibilité d'élevage des bovins du fait de la présence de tsé-tsé, terre excessivement lourde, excès d'herbes) il est obligé d'adopter la culture motorisée, il devra acheter un motoculteur ou un petit tracteur. Dans toutes les régions, maintenant ou un peu plus tard, il faudra se procurer des engrais chimiques et des produits phytosanitaires.

Or, en culture extensive, le paysan n'a pas d'argent devant lui. On se trouve devant un cercle vicieux : il faudrait de l'argent pour cultiver mieux ; et il faudrait cultiver mieux pour avoir de l'argent.

On est malheureusement obligé de constater que dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, le dispositif de crédit agricole s'est effondré et cela pour plusieurs raisons.

D'abord et avant tout à cause du volume élevé des crédits impayés. Les organismes de crédit agricole qui avaient au départ des disponibilités relativement importantes les ont vues fondre rapidement parce que les paysans ne remboursaient pas les emprunts qu'ils avaient souscrits, ou ne les remboursaient que partiellement.

De façon générale, on observe que les paysans sont peu enclins à rembourser l'argent qu'ils doivent aux banques ou aux organismes importants de crédit ou aux coopératives. Comme l'écrit Claude Guillemain «  Pourquoi le paysan rembourse -t-il peu ? L'argent qu'on lui prête vient de loin, il ne sait d'où, c'est de l'argent étranger ».

En outre le remboursement de dette de ce genre de caractère administratif, ne fait pas parti des impératifs de la morale villageoise ancestrale et le fait de ne pas rembourser apparaît comme une véritable faute morale.

Enfin, il y a un certain laxisme des gouvernements. Dans plusieurs cas, par le billet des coopératives ou par le canal des sociétés de développement ou à travers des banques de crédit agricole trop liées à l'Etat, des gouvernements ont accepté, plus ou moins ouvertement, que les paysans ne remboursement des dettes qu'ils avaient contractées auprès des organismes. Au Sénégal par exemple, le Gouvernement avait décidé, quatre reprises au cours des années 70 d'annuler les dettes de cultivateurs.

Devant les mesures de ce genre, les cultivateurs ont pris l'habitude de considérer que les emprunts contractés par eux pouvaient ne pas être remboursés. Les réserves des organismes de crédit agricole se sont taries et ceux-ci n'ont plus du tout d'argent ; dans plusieurs Etats de la sous région, il n'y a plus vraiment de possibilités de crédit.

Actuellement, instruits par des expériences ainsi faites u n certain nombre d'Etats sont entrain de reconstituer des systèmes de crédit agricole sur des bases entièrement nouvelles.

II. PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT DU MONDE RURAL

II 2. UNE AGRICULTURE DEPASSEE PAR LA REVOLUTION

DEMOGRAPHIQUE

Un fait fondamental, l'Afrique de l'Ouest a vécu depuis quelques dizaines voire vingtaines d'années une véritable révolution démographique. Historiquement c'est une population stable. Puis s'est instaurée une croissance qui s'est peu à peu accélérée pour atteindre environ 2% /an (Banque Mondiale) vers 1960 et 3% depuis les années 80. Et depuis 1940 la population a triplé dans presque tous les pays de la sous région.

Comme, pendant cette période, les rendements n'ont pratiquement pas augmenté, il a fallu, bien sur pour vivre, tripler aussi la surface cultivée. Cela rejoint la démarche de RICARDO pour expliquer son pessimisme. Car l'augmentation de la population entraîne la culture des terres de moins en moins fertiles ; ce qui réduit les rendements. De ce fait, dans de nombreuses localités la durée de la jachère est maintenant réduite. Là où la rotation de la culture se fait par exemple permet une reconstitution et la culture recommence normalement. Mais la culture recommence sur un sol moins performant que le précédant, ce qui limite le rendement. Cette baisse de productivité accompagnée par une augmentation forte de la population ne procure pas une situation alimentaire favorable.

Une des conséquences les plus notées est le phénomène d'exode rural ; les populations se déplacent vers les régions les plus rentables (exemple des burkinabés dans les plantations ivoiriennes) ou vers les centres urbains où l'insertion sociale pose des difficultés. Et plus intense encore avec le phénomène de l'émigration clandestine, les jeunes, bras valides de l'Afrique de l'Ouest, bravent les océans pour atteindre les pays de l'Europe.

II 2.CAUSES DE LA BAISSE DU REVENU DES PAYSANS

Apres les indépendances, le rythme, des économies Ouest Africaine, en terme de croissance, était proportionnelle aux normes de progression des cultures d'exportation (arachide, cacao, coton, bois, banane etc.).Mais cela s'est détruit depuis les années 70. En effet, la morosité de l'économie mondiale avec une baisse des cours mondiaux des matières premières combinées aux deux chocs pétroliers (1974 et 1978) affectent le bien être de l'agriculture africaine. Ainsi les prix proposes aux paysans deviennent de plus en plus faibles ce qui réduit leur pouvoir d'achat.

CONCLUSION

Les préoccupations relatives à la gestion des ressources naturelles et à la préservation des équilibres écologiques sont de plus en plus souvent prises en compte dans la définition des politiques de développement agricole. Nombreux sont les gouvernements qui perçoivent les dangers que représentent certaines pratiques agricoles pour l'environnement écologique de leur pays. L'exploitation minière des ressources naturelles et l'utilisation inadéquate de certains matériels et produits chimiques ont largement contribué à la simplification et la fragilisation des écosystèmes dans les pays pauvres. Ces évolutions se traduisent maintenant par de graves inconvénients pour les populations concernées : disparition du couvert arboré et diminution des ressources en bois, érosion progressive des sols et réduction des surfaces cultivables, disparition certains espèces végétales et animales, abaissement des nappes phréatiques, sédimentation dans les lacs de barrages, inondations brutales et incontrôlées.

Les raisons d'intervenir sur le développement agricole apparaissent donc multiples. Mais les ressources humaines, matérielles, et financières dont disposent les états sont très limitées.

SECTION 2 : LA RECHERCHE DE PALLIATIFS POUR L'INSECURITE ALIMENTAIRE

INTRODUCTION

La Banque mondiale a défini la sécurité alimentaire comme « l'accès à tout le monde et en tout moment à une alimentation suffisante pour une vie active et une bonne santé » (world Bank, povrety and hunger Washington DC, 1986).Pour certains pays, le problème principal et le plus élémentaire est celui de l'insécurité alimentaire : leur populations sont confrontées à des problèmes de nourriture, victimes de catastrophes soudaines ou de longues durée, naturelles ou causées par l'homme.

Cela dit que pour assurer la sécurité alimentaire il faut au préalable remplir certaines conditions qui rendent aptitude physique et mentale des populations. De cela il faut développer la recherche agricole ainsi que la formation des paysans, la satisfaction des besoins de santé et favoriser la culture vivrière. Comme le défini le « rapport sur le développement dans le monde de 2008 »,(2.1milliards d'individus ont moins de deux dollars et ,dans le cas de 880 millions d'entre eux, moins d'un dollar par jour pour vivre et la plupart tirent leur subsistance de l'agriculture).Donc, il faut promouvoir l'agriculture comme instrument fondamental du développement durable et de réduction de l'insécurité alimentaire même si elle n'est pas la seule à pouvoir réaliser un tel objectif ,mais elle s'est révélée avoir un impact unique et rapide.

I : LES PROJETS DE SATISFACTION DES BESOINS DE BASE :

a) Besoins et modalités de la recherche en agriculture

L'importance de la recherche pour le développement de agriculture Ouest africaine ne doit pas ni sous estimée, ni sur estimée. La recherche est bien une condition nécessaire d'un bon développement, et celle-ci est indispensable, mais elle ne suffit pas elle seule pour donner vraiment tout l'essor souhaitable à l'ensemble de l'agriculture.

Des prix attrayants et un système commercial souple et efficace, un dispositif de crédit agricole solide et implante dans tout le territoire, un régime foncier assurant au cultivateur la propriété durable de sa terre, sont des conditions fondamentales pour le progrès de toute l'agriculture.

Ceci dit, la recherche en agriculture est quelque chose de très importante. L'exemple de la mise au point par les chercheurs depuis avant même les indépendances ont augmenté le rendement moyen en riz dans d'immenses régions d'au moins 5q/ha et souvent de 10q et même nettement plus.

En même temps, des progrès significatifs ont été faite dans la réduction des aux exigences climatiques etc.

Dans une vue simplificatrice et même simpliste on peut séparer l'ensemble de la recherche agricole en deux grandes parties, d' une part la recherche sur les plantes, les animaux d'élevage, les arbres et le fonctionnement biologique du sol, des plantes, de l'eau et de l'air et d'autre part la recherche sir les systèmes de production, les exploitation agricole, et la pratique de agriculture.

a.1. LA RECHERCHE SUR LES PLANTES ET SUR LES ANIMAUX

Le champ d'étude est immense, et l'on est donc bien obligé de se fixer des priorités, de choisir des domaines dans lesquels les effets seront plus grands que dans d'autres.

- « Rendement alimentaire » de chaque type de culture.

Dans la mesure où on p veut partir des besoins réels des paysans, il faut tenir grand compte de ce que peut apporter chaque plante dans la rotation alimentaire. Comme nous l'avons constaté dans les régions où la nourriture de base est fournie surtout par des racines et des tubercules, il est indispensable de la compléter par des aliments riches en protéines et notamment haricot, niébé, soja. Il est donc souhaitable de développer spécialement les recherches sur ce genre de plante.

Autre considération, nous avons vu aussi que la ration alimentaire doit aussi être complétée, par des aliments riches en minéraux et en vitamines, que l'on trouve surtout les fruits et légumes. Il semble que l'on ait souvent tendance à considérer que ces plantes ont des intérêts secondaires. La nécessité d'avoir une alimentation bien équilibrée devrait conduire à passer les recherches ou ce qui les concerne, notamment pour créer de nouvelles variés plus résistantes et plus productives ou plus riches en certains éléments vitaux. Enfin, on sait que nous ne consommons pas trop de protéines animales (sauf les pécheurs).Il y a donc intérêt à développer l'élevage et les productions agro-alimentaires qui en découlent. Ce type de recherche ne doit pas être négligé pour une maîtrise de l'alimentation en Afrique de l'Ouest et éradiquer certaines maladies liées au manque de protéine comme le kwashiorkor ou avitaminose.

a.2)Des acquis opérationnels en matière de recherche thématique

Egalement nombreuses sont les proportions techniques qui peuvent fournir au développement les résultats des recherches thématiques ayant pour objectif l'amélioration des performances agricoles des producteurs.

Nous retiendrons ici, à titre illustratif, trois points significatifs : l'amélioration variétale des espèces cultivées, la disponibilité en matériel de traction attelée permettant d'envisager concrètement le passage de la culture manuelle à la culture mécanisée ( réalisée dans certaines situations comme le bassin arachidier au Sénégal) en fin les résultats disponibles sur le contrôle sanitaire du bétail.

-AMELIORATION VARIETALE

Nous reprenons une appréciation en matière d'amélioration variétale de l'arachide.

« Les résultats se traduisent par un renouvellement total du matériel végétal mis à disposition des agriculteurs en Afrique de l'ouest : passage de populations locales rampantes de 120 jours, peu productives et à petites graines, à une gamme de variétés érigées de 90 à 150 jours, productives, mieux adaptes à la sécheresse, tolérantes à certaines maladies ou pressentant des caractéristiques permettant de les écouler sur des marches plus rémunérateurs (arachide de bouche) ».

Sur les autres espèces notamment pour ce qui concerne les céréales, les mils, les sorghos, on peut souligner l'effort de sélection mené sur les populations locales dont les caractères d'adaptation au milieu sont particulièrement intéressants.

En bref, un écart important existe actuellement entre le potentiel des espèces améliorées disponibles et les performances de ce même matériel végétal. Si des améliorations sont bien sur possibles st souhaitables dans ce domaine, les acquis disponibles autorisent dans le court terme une amélioration des volumes produits, pour peu que soient adoptes des méthodes d'artificialisation du milieu et de conduite de la culture permettant une meilleure économie de l'eau et de la fertilité des sols.

-MATERIEL DE CULTURE ATTELEE

L'accès dans ce domaine est généralement significatif pour l'amélioration des rendements agricoles pour faire face à l'insuffisance alimentaire que la région est confrontée. Notons rapidement la mise au point de chaînes de matériel polyvalentes ou non ainsi que l'établissement de référentiels d'itinéraires techniques améliorés sur les principales cultures en traction bovine comme en traction équine.

-POLITIQUE D ELEVAGE ET PROTECTION SANITAIRE DU CHEPTEL

L'élevage permet la sécurité des familles d'éleveurs. Au plan alimentaire d'abord (sécurité alimentaire) compte tenue de la part importante d'autoconsommation qui permet aux membres de la famille de l'éleveur d'avoir accès à la protéine animale. L'élevage permet aussi la sécurisation de l'outil de travail et le maintien de la fertilité des sols par transfert des matières organiques animales vers les terres de culture.

Augmenter significativement la productivité animale ne peut donc résulter que d'une seule amélioration des pratiques. Il est sans doute plus judicieux d'opérer sur l'ensemble des facteurs visant non pas un niveau de productivité équivalent à ceux des pays occidentaux, mais plutôt l'acquisition d'un potentiel équilibre pour des espèces capables de produire suffisamment de lait et de viande. Cela valorise mieux une alimentation pauvre et apte à résister aux maladies et aux conditions climatiques. Donc l'objectif doit être l'acquisition d'un potentiel équilibré adapté aux contraintes alimentaires sanitaires et climatiques.

Les enjeux de productions animales dans nos pays sont d'accroître la productivité, de préserver l'environnement, de maintenir le tissu rural, de lutter contre la pauvreté et de favoriser l'intégration économique par le biais des échanges. Ces points essentiels engagent fortement la recherche au service du développement des productions animales.

La protection sanitaire des ruminants est une des conditions nécessaires pour la production d'une viande et d'un lait de qualité reposant sur des normes appropriées à la condition humaine. Vaccin mixte contre la peste et la pneumonie bovine, vaccin contre la peste bovine utilisable sur les petits ruminants, vaccin contre les charbons symptomatiques et bactéricides ainsi contre les pasteurelloses, en bref, des moyens peu coûteux, théoriquement disponibles, efficaces, adoptés massivement par les éleveurs lorsqu'ils leur sont proposés par les services vétérinaires ou les projets de développement.

Ces diverses propositions techniques, dont la plupart ont fait l'objet d'adoptions massives par certains producteurs ouest africains constituent un capital technique disponible qui apporte des réponses à certains des enjeux techniques et économiques de l'agriculture de la sous région ouest africaine.

Imitation des risques productifs (traitement des semences, vaccins, matériel de culture attelée, développement des périmètres hydro agricoles, matériel végétal de durées de cycle contrastées, matériel végétal tolérant aux maladies) ; amélioration de la productivité( variétés améliorés, techniques culturales mécanisées privilégiant la rapidité d'exécution des travaux, techniques d'embauche) ;amélioration des milieux physiques (des techniques d'aménagement du milieu physique, correspondant aux grands types de milieux agro écologiques, sont disponibles).

C'est dans ce domaine thématique que des efforts importants sont indispensables

b) BESOINS DE FORMATION ET DE SANTE DES PAYSANS

1) L'éducation de la population rurale

L'éducation est comprise toute action portant principalement sur les enfants, les adolescents et de manière plus croissante les adultes et qui a pour objet l'ensemble des habiletés intellectuelles ou manuelles. Donc l'éducation reste un outil irremplaçable à la communication. Dés lors, un minimum d'éducation et d'instruction devient une nécessite et un droit pour chaque individu pour mieux appréhender la question se l'insécurité alimentaire qui se pose sur tous les agendas des pays ouest africains.

Par ailleurs, l'éducation est indispensable pour un développement rapide et harmonieux. Sans doute des paysans analphabètes peuvent-ils pratiquer une agriculture riche ; mais l'instruction leur permet d'aller plus loin, de mesurer les surfaces, de calculer les rendements, de lire la notice du sac d'engrais, d'adopter plus facilement des méthodes nouvelles et fructueuses.

La question de la formation à la gestion surgit dés que le gouvernement a le stade d'une mini production artisanale qui s'accommode d'une «  petite caisse ».Elle concerne la gestion d'activités sectorielles (le maraîchage, une boutique ,une banque de céréales ) ; il s'agit aussi de recenser les besoins ( en semences , intrants), passer des commandes , récupérer les dettes , négocier des contrats de commercialisation, gagner ou conserver certains marchés, gérer des coopératives d'épargne, de crédits, autant d'actions qui commandent des compétences.

Le désengagement des états augmente les besoins en formation. Dans la plupart des pays l'orientation est dans le sens d'un transfert de responsabilités aux producteurs organisés. Pour que ce transfert de responsabilités soit effectif, efficace et durable. En d'autres termes les producteurs doivent acquérir les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour exercer les nouvelles responsabilités qui leur reviennent.

Cet accord unanime cache cependant des « nuances »importantes :

- tous les intervenants considèrent que les producteurs devraient exercer des responsabilités croissantes dans le domaine technique (maintenance des équipements, adoption de pratiques techniques nouvelles par exemple), cela se traduit dans la mise en oeuvre de programmes de formation permettant l'acquisition par les producteurs de savoir faire techniques ; et cela permet de cerner mieux la question de sécurité alimentaire.

- certains intervenants s'en tiennent là, alors que d'autres fixent un contenu plus large au transfert de responsabilités ; ils considèrent que les producteurs devraient retrouver un pouvoir de décision (sur la gestion des terroirs, des aménagements, hydro agricoles, sur le choix des productions) et acquérir un réel pouvoir de négociation avec leur partenaires (services étatiques et para- étatiques, secteur privé notamment).

Des compétences particulières sont alors nécessaires aux producteurs. Elles concernent l'analyse et le diagnostic de leur réalité à fin de définir des priorités, l'identification et l'expérimentation de solutions adaptées. La définition de formes d'organisation performantes, l'acquisition d'instruments et de méthodes de suivi- évaluation permettent de mesurer les résultats obtenus, les effets directs et indirects des actions menées et de réajuster les programmes.

La formation de producteurs est une condition nécessaire pour qu'ils maîtrisent le changement technologique, économique, social et culturel que leur impose l'environnement ou auxquels ils aspirent. Mais la formation n'est pas un «  don » de « ceux qui savent » (techniciens, formateurs) à des paysans dits « ignorants » ; il n'y a formation que s'il existe chez le bénéficiaire de la formation, la volonté d'acquérir des compétences afin de comprendre et d'agir conformément à ses intérêts.

Le rôle du formateur est avant tout de servir de médiateur entre le savoir des paysans et les savoirs extérieurs, de faciliter, de faciliter l'accès des paysans à des connaissances nouvelles qui alimentent leur propre créativité et les aident à des compétences accrues ou nouvelles. L `efficacité des actions est liée à plusieurs autres facteurs

- les diverses actions menées doivent être organisées et faire d'une stratégie cohérente qui permette la valorisation de chaque action de formation ponctuelle. La formation est inséparable de l'action ; cette formation doit être articulée en liant explicitement les efforts de planification locale, de mise en oeuvre des plans et programmes d'actions concertés et les efforts de formation. Concrètement cela signifie que les états et ses divers bailleurs de fonds devraient soutenir les programmes de formation définis par des organisations paysans (détachement de personnel, subvention, etc.), suivre et évaluer les résultats qu'ils obtiennent et s'en inspirer pour promouvoir des programmes adaptés (dans leurs objectifs, leurs contenus et leurs modalités de gestion) aux attentes des producteurs.

C'est à ces conditions que la formation peut permettre aux producteurs de devenir plus efficaces aux plans techniques et économiques plus autonomes tout en maintenant vivantes leurs valeurs sociales et culturelles. Il est important également que l'alphabétisation en langue locale doit être un axe prioritaire dans les programmes de formation destinés aux agriculteurs. L'alphabétisation est absolument nécessaire pour que les paysans soient en mesure de lire les brochures techniques, faire les comptes de leurs exploitations, mener à bien des expérimentations, etc. L'important est de procéder à une alphabétisation fonctionnelle de masse en partant de ce pourquoi les agriculteurs ont effectivement intérêt à savoir lire et écrire .C'est au niveau des mesures et du calcul que l'alphabétisation a plus le rôle à jouer. Les paysans ont toujours intérêt à savoir lire les poids inscrits sur une balance, évaluer leurs productions, jongler avec les règles de trois, calculer les rendements, etc. L'alphabétisation doit donc aller de pair avec l'apprentissage de ces notions élémentaires, indispensables pour le progrès technique.

- BESOINS DE SANTE

Un bon état de santé est essentiel à la qualité de vie et constitue donc un des objectifs majeurs de la stratégie de sécurité alimentaire. C'est aussi une condition du développement surtout rural, puisque les aptitudes physiques et intellectuelles de chacun lui sont étroitement liées.

Parmi les conditions indispensables de bonne santé de la population, on doit noter :

-l'eau de chaque jour, propre en quantité suffisante.

Chaque fois que l'on veut remplacer l'approvisionnement en eau dans une marre, derrière un barrage, ou dans une rivière par l'utilisation d'un puits ou d'un forage,

Il faut donc des progrès forts utiles. Restant également des précautions pour que l'eau soit propre jusqu'à la consommation, d'où il faut éventuellement, filtrage de l'eau, utilisation des récipients propres etc. Mais le premier effort reste le passage au puis ou au forage.

-Une quantité et en composante en nourriture convenable

Certaines maladies constatées surtout en milieu rural viennent de ce que l'organisme se trouve en état amoindri de résistance à cause d'une mauvaise composition de la ration au milieu de l'hivernage où les populations n'ont pas de revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins alimentaires et médicaux. Cela réduit considérablement la productivité agricole et affecte la production nationale ainsi que la sécurité alimentaire.

-la médecine collective

Il est évidemment fondamental de ne pas laisser s'effriter les acquis des campagnes qui ont permit en quelques décennies de juguler ou de fortement limiter les grandes endémies. L'état des connaissances statistiques ne permet malheureusement pas de savoir, pour chaque maladie, le nombre de décès qui lui sont imputables dans tel ou tel pays. Mais il semble au préalable que le paludisme et la rougeole sont actuellement en tête de ce triste palmarès.

- La fièvre jaune ; qui encore un hécatombe dans les années 1910-1930 et pratiquement vaincue depuis plusieurs décennies, mais il est certainement nécessaire d'être vigilant pour éviter son retour, notamment par le maintien de la vaccination.

-La maladie du sommeil ; comme presque éliminée vers 1960, connaissait une recrudescence dangereuse dans les années 90 et il devient indispensable de renforcer les organismes de lutte.

- Le paludisme reste un fléau très grave, par le nombre de morts qu'il engendre, et aussi par le nombre énorme de personnes dont il altère gravement la santé et l'activité. Il s'avère qu'il est presque impossible de supprimer totalement cette maladie par campagne systématique de pulvérisation d'insecticide. Il semble qu'un vaccin ait été découvert par un médecin Colombien, le docteur PATARROYO, mais faudra plusieurs années pour les mettre au point et de procéder à la distribution. Mais jusqu' à présent rien n'est fait en ce sens. Il est impératif maintenant de procéder à la surveillance des eaux stagnantes, et les précautions d'hygiènes signalées comme moustiquaire. Un des éléments fondamentaux de la lutte pour la santé réside dans les vaccinations systématiques `enfants et d'adultes.

En gros il faut élaborer une politique de santé qui se heurte très certainement à de difficiles problèmes de financiers. L'extension des soins de santé primaires à des villages de plus en plus nombreux est une excellente chose pour enrayer ou réduire les effets néfastes causes par les maladies à production vivrière. Mais le paradoxe est que les catégories sociales les plus aisées qui paient le moins et les pauvres paient le plus. Un basculement s'impose, pour payer normalement ceux qui le peuvent et le doivent notamment dans les hôpitaux et pour financer plus largement sur fonds public le système de santé dans les villages, les districts et les régions.

Pour améliorer la santé de tous surtout en milieu rural il faut avant même de soigner assurer à chacun une vie quotidienne meilleure, l'eau propre pour les besoins de chaque jour, une nourriture convenable, une meilleure hygiène dans les villages, un habitat protecteur, une limitation de la consommation d'alcool et de tabac. Les soins de santé primaires à la base sont indispensables, et faut porter attention spéciale aux villages trop long temps défavorisés .Mais le maintient d'une pyramide sanitaire reste nécessaire, tout en évitant les coûts excessifs de certains services.

C) FAVORISER LA CULTURE VIVRIERE OU CELLE D'EXPORTATION

Es cultures d'exportation (ou de rente) « imposées » aux paysans par les Etats colonisateurs, puis par les gouvernements indépendants avaient obligé les agriculteurs à réduire les surfaces exploitées en culture vivrière, et que l'occident avait ainsi acculé les pays pauvres, surtout ceux de l'Afrique de l'ouest, à la famine qui se manifeste plus particulièrement dans le monde rural, pour mieux se procurer les denrées qu'il désirait. C'est à dire de matières premières pour faire fonctionner ses industries ; par exemple le coton qui est le premier élément vital des entreprises textiles ou des produits de luxe comme le café, le cacao etc.

La question qui se pose maintenant c'est la cohabitation entre les deux types de culture.

Dans les années 80 le constat était que les zones de production de rentes étaient celles où les systèmes de production céréalières se développaient le plus. Par exemple dans la zone sénégambienne l'arachide qui permettait d'importer du riz ; les grands producteurs étaient mieux nourris que les autres sahéliens. Cela a été confirmé par le rapport de la banque mondiale de 1981où on lit que les zones du mali et du Burkina où avaient travaillé des sociétés de promotion de la culture du coton, les rendements du mil, du sorgho dépassaient ceux obtenus par la méthode traditionnelle. On constate ainsi de façon générale que les rendements des cultures vivrières sont nettement plus élevés dans les zones où on fait aussi la culture d'exportation que là où elles sont seules. Il est important de noter que dans les zones à cultures d'exportation, il y'a en général un encadrement plus solide, et les conseils et avis donnés aux paysans sont plus denses et mieux suivis. Et aussi grâce à la vente des produits d'exportation, l'agriculture dispose des ressources financières qui, même limitées, lui permettent d'acheter d'engrais charrette boeufs, produits phytosanitaires. La conséquence bénéfique est donc, la famille peut passer à la culture attelée et sans accroître la peine des hommes et des femmes, augmenter la surface cultivée totale, donc faire des cultures d'exportations sans diminuer la production vivrière. La population doit dans ce cas saisir l'opportunité des appuis et expériences pour augmenter leur offre en production de céréales et assurer leur autosuffisance.

Il est indispensable de développer parallèlement aux cultures vivrières les cultures d'exportation, parce que les paysans ont besoin d'argent pur acheter des vêtements des bicyclettes des matériaux pour aménager leur foyer etc., donc d'améliorer leur condition de vie accompagnant la sécurité alimentaire. Les producteurs ne peuvent pas vendre des produits vivriers dans les villes du fait de la concurrence anormale et d'accaparement du marché par les produits importés. Comme par exemple le mil et le sorgho face au blé importé ou l'huile d'arachide face aux huiles importés etc.

Mais également les Etats ont besoins de devises provenant des exportations leur procurant de nombreux articles nécessaires à leur vie et leur développement. Sidi Gaye affirmait cette assertion dans le journal « le soleil » parut en 1982 « Cette vision parcellaire du problème alimentaire des pays africains, qui voue aux génomes les cultures commerciales, ne comporte pas une solution acceptable permettant de couvrir les importants besoins en capitaux destinés à financer à la fois l'acquisition de biens d'équipement et les projets de développement ». « Que deviendrait l'économie sénégalaise si, du jour au lendemain, elle était privée des recettes d'exportations tirées de l'arachide ? »

Même si les réalités d'aujourd'hui ne sont pas comme celles des années 80 où parait l'article, du point de vue de la part des exportations d'arachides sur les entrées de devises, il est important de dire d'une manière globale que l'économie sénégalaise perdrait des ressources financières importantes si elle était prive d'exporter ses produits agricoles. Et c'est un constat presque similaire dans tous les pays d'Afrique de l'ouest avec tant soit peut la part des exportations dans leurs ressources financières.

-La combinaison de cultures vivrières de celles d'exportations permet souvent un meilleur assolement de nature à mieux maintenir la fertilité des sols.

-Une partie de certains produits habituellement exportés comme l'arachide et le coton, est consommée sur place et améliore sensiblement la nourriture des paysans en leur apportant de matières grasses protéines, vitamines etc. Il est donc souhaitable de laisser les paysans de pratiquer simultanément les deux sortes de cultures .Mais les gouvernements ont en toute époque, une fâcheuse tendance à mieux financer et encourager les sociétés de développement et les instituts de recherche orientés vers les cultures d'exportation que ceux destinés à améliorer les cultures vivrières. Il faut donc rétablir l'équilibre et consacrer d'importants efforts à ces derniers pour une meilleure maîtrise des cultures vivrières permettant d'assurer la sécurité alimentaire.

D) LES IMPORTATIONS DANS L'APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE

Dans le cadre des conditions attachées aux prêts dans les programmes d'ajustement structurels dont les pays de l' Afrique de l'ouest sont les premiers à y être soumis ;le conseil principal des donateurs est de se remettre aux importations pour satisfaire une partie de la consommation ;pour stabiliser l'offre pour les années où la récolte a été plus mauvaise que prévue .Ces recommandations supposent que les méthodes de production agricoles utilisées précédemment avaient découragé la production des cultures d'exportation au profit des cultures vivrières.

Par conséquent l'efficience dans l'allocation des ressources semble être plus la préoccupation des gouvernements et prend le pas sur les autres objectifs économiques et politiques.

Avec l'hypothèse de la concurrence parfaite sur le marché mondial chaque pays a un accès illimité à l'importation de biens alimentaires au prix du marché libre et qu'il ait absence de barrières douanière à l'exportation des produits de rente.

De là il y a une déformation du secteur alimentaire intérieur et extérieur. Par conséquent les difficultés naissent entre souvent les pays donateurs d'aides et les pays bénéficiaires sur la satisfaction des besoins alimentaires à partir de l'importation par ces derniers.

Les conséquences qui découlent de la stabilisation de l'offre alimentaire par les importations peuvent être à court terme un coût élevé en devises même si à long terme, il y aura un gain de devises par encouragement de la culture de rente à la place de la culture vivrière.

Le coût des devises à court terme est déterminé en partie par les avantages comparatifs internationaux du pays considéré mais aussi en partie par le model et les causes de l'instabilité de l'offre alimentaire. Pour les pays dont l'avantage comparatif internationaux se trouve dans les exportations agricole que dans les autres produits, les années de déficit alimentaire coïncideront avec les années de faibles cultures de rente et donc avec une baisse du revenu d'exportation. Donc l'importation alimentaire sera nécessaire au moment où il y aura une faible disponibilité en devises étrangères.

Les années de pénurie peuvent coïncider avec des cours élevés des produits alimentaires sur le marché mondial, comme nous le constatons cette année-ci, de sorte que les importations sont plus couteuses que d'habitude. Dans ce cas les pays donateurs d'aides vont tenter de les réduire pour profiter des cours soutenus sur le marché mondial.

S'il y a également déformation du marché mondial de céréales la conséquence est que les importations se font rarement au prix de référence du marché libre. Par exemple le prix des céréales importées de l'Union Européenne ou des Etats Unis reflète le nivaux élevé de subvention dont bénéficient les agriculteurs de ces pays ; même sur la viande et les autres denrées. Dans ce cas on doit inciter les producteurs de nos pays à se référer des prix du marché mondial qui en réalité sont déformés.

De ce fait se remettre aux importations d'aliments subventionnés à l'extérieur pour satisfaire l'offre alimentaire serait, saper à l'industrie alimentaire locale ou décourager la production locale.

Se remettre aux importations alimentaires peut être considéré comme une stratégie politiquement inacceptable car elle rend le pays vulnérable aux forces économiques et politiques extérieurs et elle réduit également la souveraineté nationale et son indépendance économiquement parlant.

II. LES REFORMES AGRAIRES

Les reformes agraires préconisées traduisent le développement des mouvements d'innovation pour rendre plus productif le secteur agricole dans toutes ces dimensions.

1.) Monétariser les productions et sécuriser les débouchés

L'analyse des expériences passées montre que la conjonction d'une forte monétarisation des productions agricoles et l'accès des producteurs aux crédits encourage vivement les producteurs à développer des stratégies offensives, et à entreprendre des innovations même si celles-ci sont coûteuses. Le développement du marche monétaire crée des besoins nouveaux, incite les producteurs à consentir des efforts plus grands pour les satisfaire en vendant des excédents de production, donc d'augmenter leur revenu.

Le recours au crédit permet à des producteurs le plus souvent dans l'incapacité de pré financer leurs investissements, d'accéder à des moyens de production qui augmentent la productivité de leur travail et, compte tenu des marchés existants, sa rémunération.

Dans un contexte d'extrême vulnérabilité économique des unités de production et de fort impact de l'aléa climatique, il est nécessaire que certaines conditions de sécurisation des débouchés et prix soient remplies pour que les producteurs décident d'entreprendre des innovations prometteuses de développement coûteuses et risquées.

Il est donc recommander de combiner un élargissement et un approfondissement du mouvement de monétarisation des productions à la fourniture de crédits adaptés aux besoins d'investissement des producteurs ainsi qu'à leur capacité de remboursement. La mise au point de formules de crédits diversifiées, adaptés aux besoins et capacités de divers acteurs est également à recommander. Et il faut aussi mettre en place les conditions d'une reproductibilité de cette combinaison à fin d'assurer la durabilité du mouvement d'innovation. Une vaste monétarisation de l'activité agricole passe par une reconnections de la demande urbaine avec l'offre rurale.

Les cultures céréalières sont donc à promouvoir en tant que spéculation monétaire visant à approvisionner la demande urbaine. Selon les situations, la mise en oeuvre de cet objectif peut être étalée dans le temps. Il est possible d'envisager dans certains cas, que cette requête parte des villes de l'intérieur pour petit à petit regagner les marches des capitales. Cela passe par l'encouragement des initiatives visant à adapter l'offre rurale à la demande urbaine tant en matière de produits demandés que leur présentation (conservation, transformation).

Ainsi on peut envisager de promouvoir :

- la monétarisation des productions de l'élevage pour les marchés urbains, vers les lieux de consommation en zones ouest africaine.

- des filières alimentaires de diversification (légumes, fruits, à l'état naturel, ou transformés) , en fonction des débouchés des marchés, mais aussi d'autres régions , voire l'exportation.

- des filières des cultures d'exportation rentables en prenant en considérant dans leur rentabilité les effets d'entraînement sur l'économie.

Il faut concevoir ce mouvement de développement de la monétarisation de l'économie agricole dans une perspective régionale visant à encourager les échanges en zones écologiques présentant des avantages de production différents mais pouvant se révéler complémentaires.

Et ainsi vers la constitution d'un espace économique unifié qui prendrait les contours de l'Afrique de l'Ouest mais pourrait s'élargir au delà, en harmonisant de manière concertée des états des politiques douanières concernant notamment les importations céréaliers et de viande.

2) ASURER LA SECURITE FONCIERE

L'indétermination foncière ou la non sécurisation foncière sont pour une part non négligeable, responsables d'une utilisation de l'espace aboutissant à compromettre la fertilité des champs et des pâturages, à la destruction des forets et à faire obstacle aux propositions d'innovations visant à préserver ou reconstruire cette fertilité.

La sécurisation foncière des producteurs sur le domaine familial et des groupements de producteurs sur des espèces communautaires - parties communes du terroir villageois, espaces pastoraux- constitue donc un objectif prioritaire.

La propriété privée des terres parait constituer un moyen particulièrement efficace d'aggraver l'insécurité foncière.

Dans un contexte de très grande vulnérabilité économique et alimentaire de la plus part des unités des unités de production familiales, que vient aggraver l'occurrence de sécheresses, favoriser le développement d'un marché de la terre peut entraîner l'expropriation de nombreux producteurs, l'exode de bon nombre d'entre eux vers des villes qui n'offrent pas de perspectives d'emploi industriel.

Pour aborder les problèmes liés à la gestion des terroirs et espaces pastoraux, une triple approche peut être utilement employée.

- Une maîtrise technique des problèmes d'aménagement foncier (lutte antiérosive, haies vives, régénération des pâturages, plantations foncières, prairies artificielles...)

- une prise en compte des contraintes socio-économiques de terrain à fin de trouver avec les populations les meilleures façons d'aborder les solutions techniques et de régler les problèmes fonciers (y compris les aspects ; cadastre et fiscalité).

- Une adaptation des règlements et règles juridiques aux différentes situations afin que l'état puisse jouer à la fois son rôle de sécurisation des droits fonciers et de régulation des conflits en donnant toute sa place aux apports du droit coutumier(Gentil et Micoiret 1991)

3) FAVORISER LES ORGANISATIONS SOCIO-PROFESSIONNELLES

« La réalisation d'une organisation nouvelle, note SCHUMPETER, constitue une innovation au même titre que la mise en oeuvre d'une combinaison nouvelle des facteurs de production »

Ce qui n'empêche pas que l'on puisse aussi considérer ici les besoins de l'analyse, l'innovation organisationnelle comme un facteur incitatif du mouvement proprement technique d'innovations.

La présence d'organisations socioprofessionnelles dynamiques peut, en divers domaines, jouer un rôle important dans la diffusion du mouvement d'innovation

L'existence de tels groupements contribue à dissiper les malentendus pouvant servir entre chercheurs - ceux qui offrent des solutions techniques innovantes - et réalisation d'innovations, c'est-à-dire les producteurs.

Il est en effet raisonnable de penser que ces derniers sont les mieux placés pour exprimer leurs propres besoins et donc formuler des demandes techniques qui, si elles sont correctement satisfaites, ont de fortes chances de se transformer en innovations.

Pour ce qui relève de la mise en oeuvre du processus de sécurisation foncière ou de l'aménagement de l'espace, la présence de groupements constitue dans des procédures faisant appel la concertation, un atout indéniable. A l'inverse, leur peut représenter un obstacle dirimant à ces types d'innovations. Enfin, l'existence de groupements de producteurs peut être une condition nécessaire à la mise en oeuvre d'opérations de crédit voire de commercialisation.

4) RENDE ACCESSIBLE LE MATERIEL ET LES INTRANTS

La plupart des solutions des techniques innovantes proposées par la recherche impliquent l'utilisation de matériel et/ ou d'intrants.

Cela est bien entendu vrai pour toutes les innovations coûteuses qui s'inscrivent dans les stratégies offensives que développent les producteurs, mais cela l'est aussi pour les innovations les quelles ont recours les producteurs pour leurs stratégies défensives : utilisation de semences, produits phytosanitaires, vaccins etc. Indépendamment même du problème d'accessibilité économique se pose celui de l'accessibilité matérielle : la disponibilité locale, de la proximité.

Les moyens de réaliser les innovations , même moins coûteuses, les plus modestes , doivent se trouver à la portée - c'est-à-dire à proximité- de tous les producteurs , y compris de ce que l'on considère , un peu cyniquement, installés dans des zones marginales.

Ce qui est en jeu ici c'est l'acceptation ou non d'une division de l'espace national en « zones utiles » et donc par opposition, bien qu'une pudeur de langage exclue cette formulation en «  zones utiles », avec les implications lourdes de menaces sociales et politiques que peut comporter l'acceptation même tacite d'une telle division.

L'Etat doit assumer dans la mesure de ses moyens, ses responsabilités. Si le secteur commercial privé ou les groupements socio- professionnels peuvent jouer ce rôle de pourvoyeur fiable en moyen d'innovation, tant mieux. Sinon l'Etat doit consentir l'effort nécessaire pour rendre matériellement accessibles tous les moyens d'innovation que les producteurs sont en mesure d'acquérir.

III) NOUVELLE POLITIQUE AUX CREDITS AGRICOLES

Pour le crédit (comme pour la commercialisation et comme pour les techniques agricoles), les paysans ne déploieront vraiment un zèle pour le développement qui, si on leur fait confiance, que s'ils peuvent prendre en, mains leurs propres affaires, s'ils en deviennent responsables.  C'est partant de cette idée fondamentale que devrait être bâtis ou restaurés les nouveaux organismes de crédit agricole. La qui a été assez souvent expérimentée, consiste à confier à une société locale le développement, chargée de la vulgarisation, le soin de faire des prêts aux paysans. L'expérience a été faite dans plusieurs pays, et à connu de fortunes diverses. Dans certains cas, il semble qu'elle ait bien réussi, par exemple dans les zones cotonnières du Mali et de la Cote d'Ivoire. Cette formule a en effet des avantages ; l'encadreur local connaît bien les paysans et obtient de bons taux de remboursement ; les frais de recouvrement sont réduit en raison de la présence locale de la société.

Une autre solution également préconisée est celle d'un organisme spécialisé .Dans plusieurs pays Ouest africains la reconstruction d'un système valable de crédit agricole se fait actuellement sur cette base. Une condition pour que cela marche est que l'agriculture sente bien que cette banque n'est pas un simple prolongement de l'Etat et qu'elle sera très ferme dans le recouvrement de ses créances.

Les principes pourraient être les suivants à la base, des regroupements villageois recevraient les crédits ensuite les rembourseraient ; ils seraient garants de la bonne fin des prêts. Dans chaque petite région, serait formée une caisse mutuelle régionale de crédit rural et d'épargne, administrée par un conseil dans lequel les agriculteurs seraient majoritaires. Groupement comme caisse régionale caisses régionale seraient à forme mutualiste. Les caisses régionales distribueraient des crédits, recueilleraient l'épargne, devraient être par nature proches des paysans par la langue comme par la géographie.

Au niveau national, un fonds de développement du crédit rural sera crée ; il aurait pour tache la centralisation financière des avances aux caisses régionales en personnel et en méthodes techniques etc.

Que l'on adopte une structure de ce genre, ou que l'on maintien une banque nationale de crédit agricole, ou la distribution crédit par une société de développement rural, il est clair que la voie de l'avenir est en tout cas dans une forte participation des paysans à la gestion de leurs propres affaires et notamment de leur crédit, seul moyen de construire un système durable, ayant la confiance des paysans, et dans lequel les remboursements viendront régulièrement reconstituer le fond de roulement .

L' de financement et d'acquisition de matériel à l'exploitation agricole. Tout change trè épargne paysanne constitue également un atout pour enrayer ou réduire ce déficit s vite en matière de crédit agricole, du fait de la naissance de nombreux groupements de paysans, qui veulent prendre en main leurs affaires et s'organiser en vu de leur développement économique social. De plus en plus que ces groupements interviennent pour contribuer à résoudre le problème du crédit agricole. Ils demandent à leurs membres des cotisations mensuelles faibles, à la mesure des ressources des familles et parviennent ainsi à créer une épargne, puis financer des investissements, soit collectifs (moulins à mil, forages pompes etc.) soit individuels pour l'achat du matériel de base nécessaire à chaque exploitation agricole. Les modes de fonctionnement, d'attribution des prêts et de remboursement, sont très variés. Bien souvent l'attribution de la somme nécessaire pour le matériel d'une exploitation se fait par tirage au sort. Les créateurs de ces groupements et les organismes qui les appuient, considèrent que les bases nécessaires au succès sont un réel esprit mutualiste, une formation assez poussée groupes et des paysans ou au moins d'une partie d'entre eux, et un dialogue permanant au sien des avec leurs interlocuteurs.

Quoi qu'il en soit, semble que, sauf dans les régions privilégiées (douées pour produire abondamment de cacao, café etc.) ces groupes ne puissent pas, grâce à leurs seules ressources, doter tous leurs adhérents en un temps raisonnable du matériel nécessaire. On constate du reste que leur tendance est de s'associer, soit aux organismes nationaux de crédit agricole lorsqu'ils existent et sont assez solides, soit à une ONG (organisation non gouvernementale) ayant une large assise et des ressources financières importantes.

Il est certainement souhaitable que ceux qui peuvent, gouvernement, caisses nationales ou régionales d'épargne et de crédit, ONG, encouragent, et soutiennent ces initiatives paysannes, qui ont tant d'importance pour l'avenir de l'agriculteur mais un moyen sur pour atteindre le bien être alimentaire des pays Ouest Africains.

Quelles que soient les structures des organismes qui en feront partie, il est indispensable que les caisses classiques de crédit et les groupements paysans d'origine locale collaborent pour former un ensemble harmonieux susceptible de procurer aux paysans des ressources financières suffisantes pour acheter le matériel et les bêtes dont ils ont besoin pour transformer leur exploitation et de répondre aux exigences alimentaires des populations.

SECTION3 : PENSER AU DEVELOPPEMENT RURAL

L'expansion de l'agriculture est le moteur du développement rural réussi, lequel à son tour crée des conditions d'une croissance largement repartie et capable de faire reculer la pauvreté. Les pauvres en bénéficient directement s'ils sont agriculteurs ou indirectement s'ils sont du secteur non agricole rural. Puisque l'agriculture constitue l'activité de base dans les pays pauvres surtout dans nos pays où elle emploie en gros 70à80% de la population active, le développement du monde rural ne peut se faire sans une agriculture qui répond favorablement aux besoins des populations qui s'y adonnent. Dés lors l'intervention publique pour influencer la productivité paysanne peut être conçue à la fois comme un acte de justice sociale mais également un moyen d'assurer la sécurité alimentaire à travers une meilleure rémunération des produits agricoles et le développement des activités non agricoles.

1) MIEUX REMUNERER LES PRODUCTEURS AGRICOLES

Ce qui intéresse le producteur c'est le rapport entre les prix sur les quels il peut vendre ses produits et les prix aux quels il achète ce qui lui est nécessaire ou agréable soit pour sa propre exploitation, soit pour la vie quotidienne de sa famille.

A) LA POLITIQUE DES PRIX

Dans ce domaine les pays africains ont été victimes dans la plupart entre 1960 et 1980 une ponction et injuste dans leur revenu. Les gouvernements fixaient des prix d'achat aux producteurs très inferieurs aux prix « normaux » que l'on peut définir comme ceux du marché mondial diminués des frais de commercialisation, de stockage et de transport intérieur, et éventuellement d'un léger impôt pour contribution aux charges de l' Etat.

La question a fait l'objet d'études et de calculs très précis qui ont montré que ces ponctions étaient très importantes, comprises le plus souvent de 1970 à 1980 entre 30% et 70% du prix que le producteur aurait dû normalement recevoir. C'est à dire que les gouvernements ont abusivement retenu entre un tiers et deux tiers des recettes que les paysans pouvaient escompter. Il n'est pas étonnant que ces politiques catastrophiques aient découragé les paysans de produire. Et ainsi l'agriculture est laissée en rade. Un alibi est parfois évoqué par certains gouvernements consistait à dire que les sommes prélevées sur les paysans alimenteraient des caisses de stabilisation et que les sommes d'argent ainsi considérables engagées permettraient en cas de fortes chutes des cours mondiaux, de maintenir une rémunération convenable des producteurs. Malheureusement les sommes énormes prélevées sur le dos des paysans furent souvent dépensées pour des investissements qui n'avaient aucun intérêt pour l'agriculture ; elles ne sont plus disponibles maintenant que les cours ont baisé.

Pourtant, malgré ces difficultés, les opinions ont évolué tant chez les dirigeants que dans le secteur public et tendent à la fixation de prix d'achat aux producteurs aussi rémunérateurs que possibles pour eux, compte tenus des cours mondiaux. Pendant la période 1970-1980 les paysans bénéficiaient des prix très élevés. Mais aujourd'hui la situation s'est inversée. Les baisses ont été si fortes notamment pour le café, le cacao, les oléagineux, que les gouvernements se sont trouvés dans l'impossibilité de continuer les ponctions sur les paysans et même ont été obligés d'accorder à ceux-ci des prix supérieurs aux prix  « normaux ».

B) LA COMMERCIALISATION

B.1) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES

Il s'agit ici de commerce des produits vivriers envoyés aux villes ou aux régions déficitaires, des produits agricoles d'exploitation et des intrants, engrais, produits phytosanitaires, charrue, charrette etc.

La question qui se pose maintenant est de savoir si ce commerce doit se faire dans un système de liberté des échanges, ou par l'intermédiaire de l'Etat.

Dans les politiques agricoles des ajustements structurelles entamées au début des années 80, on note le désengagement des Etats en ce concerne la libéralisation du marché agricole et de la fixation des prix des produits agricoles. Et ces ajustements n'ont pas abouti aux attentes bien au contraire comme le pensent d'aucuns qu'ils ont englouti les économies. Dans la zone franc depuis la dévaluation de 50%du franc CFA le 12 janvier 1994 il ya un doublement des prix de cette monnaie. Dans cette situation le risque se profile à nouveau de prix payés aux paysans qui seraient sensiblement inférieurs à ceux que l'Etat doit normalement leur garantir compte tenu des cours mondiaux et des frais intermédiaires entre le producteur et les destinataires. Pour la fixation des prix imposés en l'absence de marché libre ce qui est le plus fréquent comme au Sénégal avec la campagne arachidière, les producteurs devraient être consultés par l'intermédiaire des dirigeants de leur groupement. Et cela permettrait d'avoir un revenu acceptable leur permettant de financer au moins une partie de leur exploitation ou leurs besoins quotidiens familials

B.2) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS NON AGRICOLS

Le corollaire évident de l'analyse du marché est l'appui à la commercialisation, à l'organisation à la vente et à sa promotion. On retrouve ici, à des échelles diverses suivant les contextes, les activités classiques de cette fonction :

- démarrage directe de la clientèle ;

- recherche d'intermédiaire fiable ;

- création d'un label

- utilisation des médias

- recherche et utilisation des circuits informels ;

- présentation sur les marchés locaux périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations, concours etc.

- halls d'exposition permanant organisés par les groupements ou les professionnels ;

- élaboration de la fiche techno-commerciale

- édition de catalogue

Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'où la nécessité de susciter une organisation professionnelle des artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de production.

2) DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES NON AGRICOLES

Le développement rural a souvent été compris comme un développement purement agricole. Or, il faut bien considérer que la vie économique ne se limite pas à la seule production agricole. Artisans ruraux, marchands, transformateurs de produits contribuant, au même titre que les agriculteurs, au bien être global de la société. Dans un projet de développement, la prise en compte du secteur non agricole est essentielle à plusieurs titres :

- d'abord au bénéfice du développement agricole lui-même. Les agriculteurs ont besoin de charrettes, des harnais, des houes, de paniers, bref des moyens de production. La production de ces outils est parfois réalisée sur place, mais les productions locales sont de plus en plus concurrencées par des productions extérieurs, voire étrangères, qui bénéficient d'une meilleure réputation(ou d'un meilleur rapport qualité/prix)

Ils ont besoin d'écouler une partie de leur production, donc de marchés actifs et de commerçants dynamiques.

- Les agriculteurs ont besoin de l'entretien et de la maintenance des équipements individuels et collectifs soient assurés. S'agissant de matériels de plus en plus sophistiqués, le recours à des artisans spécialisés devient indispensable.

- Les revenus non agricoles sont de plus en plus souvent indispensables pour maintenir les agriculteurs sur place et éviter leur émigration définitive vers les villes.

- Enfin, un plan de développement équilibré doit, pour être complet, concerner tous les acteurs de production. A titre d'exemple nous prenons une filière comme celle de l'oignon :

CULTURE OIGNONS

Moyens d'exhaure semences

Grillage produits phytosanitaires

Arrosoir fumure compost

Binettes

Outils aratoires

TIGES

CONDITIONNEMENT

BULBES

Presse à levier

PRESSAGE

VENTE ET AUTO-CONSOMMATION

Séchoir

SECHAGE

EXPORTATION

Silo de stockage

STOCKAGE

STOCKAGE

Silo de stockage

SECHAGE

Séchoir

STCKAGE

Silo de stockage

EXPORTATO

CONS-LOCALE

2.1)UNITES DE PRODUCTION DE STATUTS TRES DIVERS

Les secteurs non agricoles du développement local recouvrent à notre sens, les activités de commerce (magasins de gros et de détail, boutiques, échoppes, étals de marché ...) et les activités de production de biens et services (métalliers, forgerons, menuisiers, boulangers, tanneurs, réparateurs en tous genres, gargotes, photographes, etc.)

En milieu villageois, la petite unité de service ou de transformation de type artisanal est évidemment la catégorie la plus rependue. Dans les petits centres et semi-urbains, difficilement indissociables du monde rural, existent des unités de production plus importantes, aux activités plus régulières et plus stables.

La configuration des unités qui relèvent de ce secteur est extrêmement diversifiée. Il peut s'agir d'unités tenues par un individu, un groupe familial, un groupement extra-familial, à structure coopérative ou autre. Elles peuvent être permanentes, comme c'est généralement le cas dans les petits centres ruraux semi-urbains, ou saisonniers, car dépendantes d'occupations liées à la production agricole ou à des emplois salariés périodiques.

Les moyens de production(le fond de commerce, l'atelier, les outils)et les stocks de matière première peuvent ou non la propriété du producteur .Les unîtes de production peuvent utiliser la main d'oeuvre salariée ou au contraire se satisfaire de la force de travail familiale éventuellement complétée par des apprentis.

2.2) LES ATOUTS DU SECTEUR NON AGRICOLE

Les atouts de ce secteur illustrent le rôle que le secteur joue, ou a vocation de jouer, dans le développement des populations rurales.

- Le faible montant du capital à investir et la quasi-absence d'obligations réglementaires confèrent au secteur non agricole une grande souplesse d'implantation (facilitation à l'entrée)

- Ce secteur est étroitement relié à la production agricole :

*il permet l'écoulement tout au long de l'année, des surplus agricoles souvent cédés par de très petites quantités et à mesure des besoins monétaires des familles.

* il approvisionne de la même façon les familles en bien de consommation essentiels (huiles, sels, savon)

* il assure localement la fabrication et la maintenance de l'outillage et les équipements qui lui sont nécessaires.

*il contribue aussi à abaisser les couts de production.

Ses faibles couts de production lui permettent de satisfaire les besoins domestiques (équipement des ménages, amélioration d l'habitat) d'une population à faibles revenus.

*il peut absorber et valoriser une part non négligeable de la main d'oeuvre disponible et contribuer ainsi, de façon significative, à freiner l'exode rural.

* pas ses systèmes diversifiés d'apprentissage, il a sa part (qui, dans certains pays, peut d'être capital) dans la formation des jeunes.

*L'environnement institutionnel lui est de plus en plus favorable.

Porté par le courant général qui, en matière de développement tend à privilégier la petite production, sa dimension et sa flexibilité le destinent à être intégré de plus en plus aux politiques et aux plans d'aménagement des territoires.

-La commercialisation des produits non agricoles

· Création d'un label

· Utilisation des médias

· Recherche et utilisation des circuits informels

· Présentation sur les marchés locaux périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations, concours etc.

· Halls d'exposition permanents organisés par les groupements ou les professionnels ;

· Elaboration de la fiche technico-commerciale

· Edition de catalogue

Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'ou la nécessité de susciter une organisation professionnelle des artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de production.

2.3) LES INTERVENTIONS AUPRES DES PRODUCTEURS NON AGRICOLES

Dans des conditions où le secteur connait certaines ; limites ; sa faible capacité à innover, les faibles capacités de l'artisan ou du commerçant à la gestion, l'inorganisation du circuit de vente et de promotion des produits etc.

La question fondamentale qui se pose à ce niveau est de savoir sur quels leviers peut-on imaginer s'appuyer pour une intervention de développement concernant le secteur non agricole ?

L'expérience conduit à mettre en garde contre la solution de facilité qui consiste le cycle d'approvisionnement, fabrication vente, à ne privilégier que la seule fabrication. Le plus souvent c'est en matière de fabrication que le potentiel des ressources pouvant être mie en oeuvre par l'artisan lui-même le plus grand ; c'est donc là qu'il est moins urgent d'intervenir

Pourtant les caractéristiques du secteur conduisent à bien s'appuyer sur les individus qui sont au centre de la production.

L'un des paramètres de la réussite d'une petite entreprise et peut être la condition fondamentale, est la personnalité du commerçant, de l'artisan, ou du patron. Créer vivifier un tissu artisanal impose de créer ou de perfectionner des unités qui servent de modèle, donc qui réussissent. D'ou l'importance à accorder à l'identification des hommes dont les compétences, en tant que patron d'unités, actuelles ou potentielles, s'évaluent par rapport non seulement aux capacités techniques, mais tout autant, sinon, d'avantage, aux motivations et à la volonté de réussir. L'expérience montre aussi qu'il doit se garder de tout vouloir produire sur place. Certains besoins peuvent plus facilement être couverts par des artisans urbains, mieux équipés et bénéficiant d'un marché plus important, que par des producteurs ruraux.

Quoi qu'il en soit toute intervention à l'endroit des unités artisanales, quelle qu'elles soient, se fonde d'abord sur la connaissance du système qu'elles constituent avec leur environnement .L'appui à la petite entreprise artisanale ou commerciale ne se conçoit donc pas de connecter des problèmes posés à cet ensemble.

De cette connaissance découlera l'identification des besoins, la mise en évidence des opportunités, le choix de priorités et en fin la sélection des formes d'appui les plus adaptés. Les interventions elles-mêmes porteront soit directement sur les unités de production de biens et services, soit sur leur environnement socio-économique.

2.4) CREDIT DES ACTIVITES NON AGRICOLES POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST

Le crédit est un besoin vital pour le petit producteur, qu'il s'agisse d'une création d'activité ou de son développement. Le point de vue des banques à l'égard des petits prêts à la petite entreprise est bien connu ; crédits sollicités souvent trop faibles, donc insuffisamment rentable pour la banque, cout disproportionné de la gestion des dossiers, secteur à haut risque garanties, garanties aléatoires.

L'inéligibilité des artisans au crédit bancaire impose bien souvent aux projets d'intervention en milieu rural qu'ils se substituent au système défaillant et qu'ils conçoivent et mettent en oeuvre des dispositifs mieux adaptés et plus flexibles. En effet il est indispensable, pour que le crédit accordé soit pleinement valorisé, d'accompagner les bénéficiaires dans la création ou l'extension de leur activité. Ce suivi indispensable et les comportements nécessaires à la maitrise de leurs affaires, apparait en outre aux financeurs comme un surcroit de garantie dans le recouvrement du montant des crédits.

Le dispositif d'accompagnement implique :

- La rigoureuse sélection des demandes ou projets, sur le critère de leur recevabilité au regard du marché, de la personnalité de celui qui veut entreprendre, de ses compétences et de ses motivations.

- L'appui à la mise en forme de la demande et au montage du dossier commercial, technique et financier qui doit être présenté au financeur ;

- L'appui au lancement de l'activité processionnelle qui a fait l'objet de prêt et le suivi rapproché, individualité de son fonctionnement.

Accompagner le petit patron dans l'obtention et le remboursement de sont crédit est une forme particulièrement concrète et efficace d'intervention au titre de formation à la gestion. En effet celle-ci devient pour lui nécessitée quand il découvre que lui sont fournis, par le canal, l'élément qui lui est indispensables pour maitriser le processus contraignant dans lequel il se sait engager. S'appliquant ainsi très directement à ses préoccupations, le conseil et la formation sont infiniment mieux perçus et leurs apports davantage intégrés.

3) TRANSFORMER LES VILLAGES

Parce que l'urbanisation coute cher et parce qu'une augmentation trop rapide de la population des villes pose de très grands problèmes financiers, économiques, techniques, et sociologiques. Il est évidemment souhaitable de ne pas accélérer l'exode rural et même de le contenir dans des limites acceptables.

Pour cela, il est nécessaire de faire la promotion du développement rural par nos Etats et mettre fin aux politiques économiques et sociale qui ont jusqu'à présent beaucoup trop favoriser les citadins au dépens des paysans.

De ce point de vue la première chose à faire et d'assurer aux paysans des revenus normaux .Quand les cours mondiaux des matières agricoles exportables sont élevés, il faut laisser aux paysans les recettes qui leur reviennent normalement et de maintenir les subventions, ce qui pas toujours fait. Par ailleurs des taxes à l'importation des céréales et de la viande devraient être mises en place si à l'avenir l'importation des subventions accordées par certains pays étrangers à l'exportation de ces produits le justifie.

· DOTATION EN EQUIPEMENT

Un immense effort d'équipement et d'animation des villages devrait être désormais prioritaire. Mais pour que cela soit possible dans de bonnes conditions, il y'a un préalable, car la plupart des équipements donnent lieu à des frais d'entretien et de fonctionnement qui doivent nécessairement être couvert par les villages. La présence dans chaque village dune sorte de groupement est donc indispensable, qui prendra en charge par exemple l'entretien d'une pompe de forage, le fonctionnement éventuel d'un moteur s'il y'a distribution d'eau, les frais de production d'électricité etc.

Il y'a heureusement maintenant dans très nombreux villages de l'Afrique de l'Ouest des groupements de ce genre .Pour faire bénéficier un village, de certains équipement, l'existence d'un tel groupement devrait être une condition rigoureusement exigée par tous les bailleurs de fonds extérieurs, Etat, Régions ou ONG.

· MESURES

Une fois ces préalables résolus, la première des mesures à prendre est l'extension d'urgence à tous les villages de l'enseignement primaire ou à défaut de l'éducation de base avec l'alphabétisation, car cela est nécessaire pour que les villages puissent promouvoir eux même leur développement économique et social, créer et faire fonctionner les groupements villageois et mieux se défendre au sien de la société .

Deuxième action fondamentale, car répondant à l'un des besoins essentiels des hommes, fournir à chacun l'eau de chaque jour, en quantité suffisante et d'une qualité convenable.

En général, les villages ne sont pas encore à l'heure des réseaux de distribution, chaque famille ne pouvant assumer la charge financière de l'abonnement et de la consommation. La politique actuelle pour encore des années à venir et dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, est celle de la construction de points d'eau, dans le cadre de ce que l'on appelle maintenant l'hydraulique villageoise.

C'est une question largement traitée dans la question de la politique de l'eau pour les programmes d'investissement aux travaux hydraulique villageoise.

Un problème très important est celui de l'hygiène et notamment de l'évacuation des eaux usées, des déchets humains et des eaux pluviales stagnantes. Normalement un village peut se passer en la matière d'ouvrages couteux, tuyaux, collecteurs, etc. Mais il est indispensable que les villages acquièrent des notions d'hygiène pour éliminer les eaux stagnantes, construire des latrines correctes, etc. Et sur ce point l'éducation de base devrait être profondément utile. Le problème d'électricité au village est délicat. Il serait évidemment plus gai pour les villageois d'avoir, au moins sur place du village et dans deux ou trois ruelles, un petit éclairage public et ensuite si possible d'avoir d'électricité chez eux. Mais l'opération est difficile à réaliser et à faire fonctionner, faut de techniciens sur place et de ressources financiers des villageois.

Il peut être promû dans les villages de zones de cultures riches comme le café ou le cacao. Ailleurs elle pourrait mise en place grâce à la formule des paiements anticipés.

Un point essentiel pour le développement des villages est celui des services aux entreprises ou plus précisément celui de la présence d'artisans, mécaniciens et électriciens pouvant entretenir et réparer les pompes de forage, les moulins à céréales (mil, maïs...), les charrues, les semoirs, éventuellement les motoculteurs etc. Il s'agit ou il doit s'agir d'artisans privés, mais l'Etat a un rôle de former des jeunes à ces métiers dans les zones rurales ; un enseignement technique bien adapté devrait leur être donné, de plus il serait utile de leur rendre pour eux possible de bénéficier des prêts bonifiés, pour le démarrage de leurs activités comme artisans.

Les services au particuliers, porte, école, dispensaire, téléphone, sont également une des formes de l'agrément de l'habitat de la localité. On ne peut bien sur pas demander qu'ils existent dans chaque village, mais on devrait au moins les trouver dans une bourgade voisine, ce qui permet un accès relativement facile à pied, en charrette ou à cheval ou à dos d'âne ou à bicyclette ou à vélomoteur ; lorsqu'il y'a des pistes pas trop sableuses .Les responsables de divers services publics devraient veiller de façon très attentive à cette déserte rapprochée des villages. Il faut des études plus systématiques.

Enfin un point essentiel est de remédier à l'insuffisance du réseau de transport qui peut empêcher ou ralentir le développement de certaines régions et de certaines activités. Mais avant tout investissement dans ce domaine il faut une très bonne connaissance de l'économie locale et des perspectives, de l'agriculteur, de l'industrie, du système des prix, des tendances de déplacements personnels de la population, des comportements des groupes socio-économiques. Car les erreurs coutent cher pendant long temps dans ce domaine parce que les infrastructures sont fort durables.

Pour résoudre ce genre de problème il faut évaluer avec soin les potentialités de chaque zone, nombre d'habitants, nature des sols, climat, genre de cultures possibles, prix probable pays aux producteurs etc. et tenter ainsi de prévoir ce qui se passera si l'on résout les problèmes de transport. Pour certains pays le désenclavement des zones rurales isolées est très important, car c'est tout le développement agricole de nombreuses localités qui est en cause. Dans un premier temps, on résout habituellement le problème par des justes améliorations peu couteuses ; bien entendu, si le trafic se développe on passe au besoin à des routes en terre modernes, et même plus tard à des routes bitumées.

CONCLUSION GENERALE

La question de la sécurité alimentaire et de développement rural occupe une place fondamentale dans la stratégie de réduction de la pauvreté dans le monde. A l'heure actuelle avec une crise pétrolière qui secoue la sphère économique mondiale dans sa globalité .les populations des pays non producteurs de pétrole sont exposées à une crise sans précédent, surtout celles de l'Afrique de l'Ouest. De ce point de vue le retour actif vers l'agriculture domine les discours des dirigeants politiques .En effet l'agriculture est un instrument de fondamental pour la réalisation de l'objectif de développement du millénaire qui consiste à réduire de moitié d'ici 2015 la proportion de la population vivant dans l'extrême pauvreté et souffrant de la faim chronique. Puisque les trois quarts des habitants pauvres des pays en développement surtout ceux de l'Afrique de l'Ouest, vivent dans les espaces ruraux, et la plupart d'entre eux tirent, directement ou indirectement, leur subsistance de l'agriculture. Le rapport entre agriculture et monde rural offre des directives aux gouvernements qui peuvent les aider de manière à avoir un réel effet sur la vie de centaines de milliers de ruraux pauvres.

Etant donné le rôle déterminant du secteur agricole la sécurité alimentaire et le développement ne peuvent être cernés en dehors de celui-ci. L'hypothèse le pus plausible qui se dégage de cette analyse est que le secteur agricole reste le point focal, aussi bien sur le plan alimentaire et sur le financement des autres secteurs et il est également un moyen d'allocation des ressources et aussi de freinage de l'exode rural.

Ainsi les réflexions, les propositions d'orientation et des solutions avancées ne suffisent pas ; il faut que nous comptons sur nous-mêmes, de s'avouer de nos faiblesses pour tirer meilleure parti de nos abondantes richesses. Il s'agit pas de constater les maux et de disposer des potentialités et d'espérer mais il faut que chacun (paysans, ingénieurs agronomes, gouvernement, organisations internationales, ONG, partenaires...) ait la volonté d'éliminer la racine du mal.

SECTION 1 : HISTORIQUE DE LA CRISE ALIMENTAIRE ET LES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST.

INTRODUCTION

Près d'un demi-siècle maintenant après l'avènement des indépendances, il est clair que la situation de l'Afrique n'est pas brillante. Les pays de l'Afrique de l'Ouest font tous partis presque des pays les plus pauvres de la planète. La sous-alimentation et la malnutrition y sont fréquentes et se font ressenties plus et particulièrement dans le monde rural où les capacités d'adaptation au nouvel rythme du monde moderne (mondialisation avec suppression des entraves commerciales) y sont très faibles voire inexistants d'une région à une autre. Celles-ci occasionnées par une agriculture qui ne répond plus aux attentes et des difficultés de financement des agriculteurs accusés par une baisse de leur revenu, combinées avec la répartition mal orientée des crédits et intrants agricoles.

Ainsi nous allons aborder en premier lieu la crise alimentaire avec ses débuts, et qui continue à entériner les économies Ouest Africaines et l'ensemble des facteurs qui favorisent sa persistance. Ensuite nous parlerons en deuxième lieu les problèmes en milieu rural avec la reconversion des paysans sur les produits de rentes au détriment de ceux vivriers et des tendances démographiques explosives.

I. L'origine de la crise vivrière

L'insécurité de l'approvisionnement et de la consommation alimentaire est un problème sérieux en Afrique de l'Ouest surtout depuis le début des années 70. Depuis cette date le déficit alimentaire de la région n'a fait qu'augmenter. Les importations de biens alimentaires, y compris l'aide alimentaire, ont augmenté rapidement alors que les exportations de biens alimentaires ont régressé. Donc l'origine de l'insécurité alimentaire réside dans les problèmes de l'offre et de la demande.

En outre les projets développements se complexifient de plus en plus avec les menaces de sécurité alimentaire .Cela prolonge la question fondamentale de la survie humaine. Sur le plan mondial, jusqu'en 1985, la production céréalière augmentait plus vite que la population. Mais depuis cette date elle augmente moins vite : les stocks diminuent, les prix du riz et du blé (produit importes pour l'Afrique de L'Ouest) s'envolent. Ces excédents de céréales qui fournissaient les aides alimentaires, diminuent vîtes. Du point de vue démographique, la croissance de la population dépasse celle des progrès agricoles. Les quels sont contraints par manque d'eau suffisant et surtout la dégradation des climats dont les pauvres enregistrent des externalités négatives. Les sécheresses, les inondations, ainsi que les feux de brousse se multiplient dans pratiquement toute la région Ouest africaine. De là, on peut parler d'une menace de crise alimentaire sans précèdent surtout dans nos pays où on a de faibles avantages comparatives dans la production vivrière. Celle-ci donne un surcroît d'intérêts aux projets de développement et oblige à leur donner une priorité grande encore.

Il serait normal que les paysans puissent vendre leurs produits alimentaires, céréales, viandes, légumes etc. dans les villages à des prix raisonnables. Cela est d'autant plus important que la proportion de population urbanisée augmente rapidement. Au début du XX ème siècle, en Afrique de l'ouest, la population représentait moins d'une personne sur vingt et en 2000 on a dépassé une personne sur trois. Pour que chaque pays parvienne à l'autosuffisance, alimentaire, il faudrait que les paysans vendent dans les villes des tonnages considérables, et en croissance rapide de céréales, de produits maraîchers, de viande etc. cela est nécessaire aussi pour que les paysans puissent accéder à un niveau de vie meilleur et disposer en plus de nourriture de chaque jour de ressources financières pour acheter en ville des articles industriels et artisanaux. C'est normalement la paysannerie qui sera demain le meilleur marché pour les produits de l'industrie et de l'artisanat ouest africain or, pendant des années et dans certains pays, jusqu'à maintenant, les paysans se sont trouvés pour vendre leurs produits vivriers , devant une très grande difficulté, qui était, et qui reste un problème majeur de la sous région ouest africaine : plusieurs produits alimentaires essentiels notamment le riz, la viande, le maïs, le blé arrivaient en Afrique à des prix extrêmement bas, et cela en raison de deux phénomènes simultanées : la politique commerciale agricole des Etats Unis et de l'U.E, et les politiques monétaires de la sous région.

En Afrique, l'agriculture devrait être prioritaire et ou les paysans sont nombreux, ils sont subi pendant des années des ponctions financières excessives. Par contre, dans les pays occidentaux très industrialisés où les paysans sont une infime minorité, ils bénéficient de subventions variables, souvent très fortes. D'où les prix bas (dumping) pratiqués sur le marché mondial pour défier la concurrence.

Or à peu près à la même époque, la plupart des monnaies de nos pays Ouest africain étaient surévaluées d'environs 75% par la Banque Mondiale, surtout le FCFA entre 1974 et 1984 alors que les monnaies asiatiques étaient sous évaluées environs de 25%.

Pour toutes ces raisons, les céréales du monde extérieur arrivaient en Afrique de l'ouest à des prix extrêmement bas en monnaie locale. Cela constitue une dés incitation à la culture locale vivrière et un recours massif à l'importation.

I-2- Effets des facteurs exogènes et endogènes à la production agricole : (sols, climats, érosions...)

« Le tiers monde tropical pourrait être le grenier du Monde. A condition que le développement et ses méthodes soient repensés. » Pierre Gourou (Terre de bonne espérance, op.cit., 1982, 4 ème page de couverture).

Quelque fois les effets peuvent s'agir de problèmes causés par un évènement précis comme le déclenchement d'un conflit, mais bien souvent, il s'agit de problèmes persistants, chroniques et structurels, qui exacerbent les difficultés existantes liées à la fragilité des écosystèmes et à la sévérité des conditions climatiques. Ceux-ci constituent une influence considérable sur la capacité de la population d'un pays à assurer elle-même son approvisionnement en denrées alimentaires.

Les climats sont très variés surtout en Afrique de l'ouest. Ils vont de l'extrême sécheresse avec de très fortes variations des températures. Ils sont tout de même marqués partout par rudesse, une violence dans les phénomènes : averses très brutales, sécheresses excessives avec des taux d'humidité de l'air qui descendent souvent au Sahel en dessous de 15%, vents très forts en pleine sécheresse. Et naturellement chaque climat a des incidences sur les possibilités de végétation, de culture et de fructification dans la zone considérée. D'abord le volume de récolte a diminué parfois d'un quart et parfois d'une moitié et cela remonte de la sécheresse éprouvée par le Sahel depuis les années 70. Des pâturages jusqu'alors prospères ont disparus et de nombreuses bêtes ont du être abattus faute de nourriture. Des nappes d'eau peu profondes ont baissées et des puits ont taris. Ainsi des populations surtout rurales ont souffert de la faim, et vu leurs ressources diminuer ou disparaître ; des centaines de milliers de personnes ont péri et d'autres biens plus nombreux auraient péri sans l'aide alimentaire internationale. A cela s'ajoute également l'érosion pluviale par le ruissellement qui agresse les sols. C'est un phénomène d'entraînement par la pluie d'une partie de la terre qui recouvre le sol. L'importance cette érosion dépend de plusieurs facteurs, la pente du sol, l'intensité de la pluie par heure ou par minute le couvert végétal. Il faut donc noter que l'intensité instantanée de la pluie pendant les grandes averses est sensiblement plus forte dans les régions surtout équatoriales avec des hauteurs d'eau deux à trois fois plus fortes pour les averses d'au moins trente minutes et une force de frappe de la pluie cinq à dix fois plus grande. A cet égard les climats entraînent une très forte agressivité contre les sols.

Cette érosion est d'autant plus nuisible que la pluie entraîne les particules les plus fines et notamment celles d'argile qui sont les plus utiles pour la qualité des sols et pour leur fertilité. Sur les terrains en faible pente, l'érosion diminue la fertilité, le couvert végétal se dégrade ; cela entraîne une augmentation du ruissellement, donc de l'érosion, et on se trouve dans cercle vicieux de production alimentaire.

- Le lessivage

Le lessivage résulte aussi des pluies, mais c'est un phénomène différent de l'érosion pluviale. C'est en somme le transport de certains aliments solubles du sol verticalement vers le bas lorsque l'eau traverse les couches superficielles du sol. Sa force et ses inconvénients dépendent naturellement de l'intensité de la pluie et de la nature du sol et de la saison où la pluie se produit.

Des expériences précises avec mesures de quantité faites dans le centre du Sénégal ont montré qu'il peut emporter dans ces régions, par an et par hectare 5 à 30 kg d'azote, 10à 20kg de potasse. C'est dire que le lessivage peut être vraiment désastreux pour les sols, d'autant plus que ces pertes importantes en éléments très utiles pour l'équilibre du sol le rendent plus perméable et augmentent encore le lessivage futur. Il y a encore là un véritable cercle vicieux.

- L'érosion éolienne

Il s'agit de l'arrachement par le vent des particules du sol, et du transport vers d'autres zones ; comme cette érosion enlève l'argile, elle laisse en place dans les régions sèches du sahel des sables plus ou moins grossiers.

Des mesures faites vers 1952 par le professeur Portières au Sénégal avaient montré que le pourcentage de sable grossier (0,2mm à 2mm) était plus de 60% au nord de Louga et de l'ordre de 30% au sud de la ligne Thiès- Diourbel là où les vents sont moins forts. Et ces régions sont actuellement en perte de vitesse de leur puissance agricole d'où la persistance de la pauvreté de la sous-alimentation. Un effet très visible et même spectaculaire de l'érosion éolienne existe au Sénégal : la longue période de sécheresse qui à frappé le pays de 1970 à 1983 à très fortement réduit dans tout le pays l'importance du couvert végétal, arbres, arbustes, herbes. Du coup, les vents trouvaient moins d'obstacle transportent plus facilement les sables fins ou moyens et les particules d'argile. En pleines saisons sèches dans certaines localités de décembre à mars, l'air est parfois chargé de sable créant une sorte de brume de sécheresse qui n'existait jusque vers les années 70. (Aménagement de l'économie agricole et rurale au Sénégal, par le professeur Portières ; centre de recherches agronomiques de Bambey, Sénégal 1952).

Les agressions liées à des activités humaines

La culture extensive

La culture extensive traditionnelle ou culture itinérante, telle qu'elle était pratiquée, jadis, n'était enrichissante pour les sols. Laissé à lui-même pendant vingt à trente ans, le sol se reconstituait ; la végétation, d'abord les herbes puis les arbustes, puis les arbres, recréaient l'humus structure teneur normale en azote. Mais l'augmentation de la population, en réduisant la durée de la jachère, perturbe complètement ce processus, dès l'instant où la culture extensive est accélérée, elle constitue pour le sol un très grave danger quand le cultivateur revient sur son champ après seulement trois ou cinq ans de jachère, le sol n'est pas reconstitué, il n'a pas retrouvé les qualités nécessaires pour une culture normale, en structure, humus et en azote, et outre dans le cercle vicieux appauvrissement des sols, baissent des rudiments, augmentation des surfaces cultivées et réduction du temps de jachère se succédant et s'aggravant mutuellement.

L e surpâturage

Ce type d'agression des sols concerne les zones où il ne pleut pas beaucoup mais où des hauteurs de 100, 300 ou 400mm créent de vastes pâturages propices à la circulation et au stationnement des troupeaux. Dans les années 50 et 60 il y avait un certain équilibre entre fourrage et nombre de bêtes qui les consommaient mais depuis lors cet équilibre est bouleversé par une augmentation de la population générale qui entraîne une augmentation parallèle des éleveurs avec la conservation des habitudes ancestrales d'élevage. Dans celui-ci, le but est non pas de vendre le plus possible de viande mais de d'augmenter le nombre de têtes de son troupeau, lequel est le trésor du pasteur et le symbole de sa richesse. Les bêtes nombreuses con sommes les fourrages dès que cela est possible et finissent par tondre l'herbe au ras du sol, empêchant une pousse normale. Dès lors le sol est dénudé et devient plus vulnérable devant l'érosion éolienne et pluviale, là encore le cercle vicieux est ainsi créé.

Le feu de brousse

Il est incontestable que sur un plan général, ces feux de brousses sont une catastrophe car ils détruisent à vitesse à accélérée le couvert végétal, diminuent la résistance de sols aux érosions qui les menaces et finalement les tuent. Donc c'est un phénomène qui nécessite une campagne de sensibilisation à l'endroit des agriculteurs. Ils emploient, en effet, des méthodes de défrichage ou de déboisement qui détruisent l'humus.

III. Faible accès au crédit agricole

Pour accomplir l'indispensable passage à la culture stabilisée, le paysan à besoin de quelques moyens dans la plupart des cas, il devra passer à la culture attelée et à la fumure animale ou compost végétal ; il lui faudrait bien acheter une paire de boeufs, une charrue, une charrette, un semoir. Si pour diverses raisons (impossibilité d'élevage des bovins du fait de la présence de tsé-tsé, terre excessivement lourde, excès d'herbes) il est obligé d'adopter la culture motorisée, il devra acheter un motoculteur ou un petit tracteur. Dans toutes les régions, maintenant ou un peu plus tard, il faudra se procurer des engrais chimiques et des produits phytosanitaires.

Or, en culture extensive, le paysan n'a pas d'argent devant lui. On se trouve devant un cercle vicieux : il faudrait de l'argent pour cultiver mieux ; et il faudrait cultiver mieux pour avoir de l'argent.

On est malheureusement obligé de constater que dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, le dispositif de crédit agricole s'est effondré et cela pour plusieurs raisons.

D'abord et avant tout à cause du volume élevé des crédits impayés. Les organismes de crédit agricole qui avaient au départ des disponibilités relativement importantes les ont vues fondre rapidement parce que les paysans ne remboursaient pas les emprunts qu'ils avaient souscrits, ou ne les remboursaient que partiellement.

De façon générale, on observe que les paysans sont peu enclins à rembourser l'argent qu'ils doivent aux banques ou aux organismes importants de crédit ou aux coopératives. Comme l'écrit Claude Guillemain «  Pourquoi le paysan rembourse -t-il peu ? L'argent qu'on lui prête vient de loin, il ne sait d'où, c'est de l'argent étranger ».

En outre le remboursement de dette de ce genre de caractère administratif, ne fait pas parti des impératifs de la morale villageoise ancestrale et le fait de ne pas rembourser apparaît comme une véritable faute morale.

Enfin, il y a un certain laxisme des gouvernements. Dans plusieurs cas, par le billet des coopératives ou par le canal des sociétés de développement ou à travers des banques de crédit agricole trop liées à l'Etat, des gouvernements ont accepté, plus ou moins ouvertement, que les paysans ne remboursement des dettes qu'ils avaient contractées auprès des organismes. Au Sénégal par exemple, le Gouvernement avait décidé, quatre reprises au cours des années 70 d'annuler les dettes de cultivateurs.

Devant les mesures de ce genre, les cultivateurs ont pris l'habitude de considérer que les emprunts contractés par eux pouvaient ne pas être remboursés. Les réserves des organismes de crédit agricole se sont taries et ceux-ci n'ont plus du tout d'argent ; dans plusieurs Etats de la sous région, il n'y a plus vraiment de possibilités de crédit.

Actuellement, instruits par des expériences ainsi faites u n certain nombre d'Etats sont entrain de reconstituer des systèmes de crédit agricole sur des bases entièrement nouvelles.

II. PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT DU MONDE RURAL

II 2. UNE AGRICULTURE DEPASSEE PAR LA REVOLUTION

DEMOGRAPHIQUE

Un fait fondamental, l'Afrique de l'Ouest a vécu depuis quelques dizaines voire vingtaines d'années une véritable révolution démographique. Historiquement c'est une population stable. Puis s'est instaurée une croissance qui s'est peu à peu accélérée pour atteindre environ 2% /an (Banque Mondiale) vers 1960 et 3% depuis les années 80. Et depuis 1940 la population a triplé dans presque tous les pays de la sous région.

Comme, pendant cette période, les rendements n'ont pratiquement pas augmenté, il a fallu, bien sur pour vivre, tripler aussi la surface cultivée. Cela rejoint la démarche de RICARDO pour expliquer son pessimisme. Car l'augmentation de la population entraîne la culture des terres de moins en moins fertiles ; ce qui réduit les rendements. De ce fait, dans de nombreuses localités la durée de la jachère est maintenant réduite. Là où la rotation de la culture se fait par exemple permet une reconstitution et la culture recommence normalement. Mais la culture recommence sur un sol moins performant que le précédant, ce qui limite le rendement. Cette baisse de productivité accompagnée par une augmentation forte de la population ne procure pas une situation alimentaire favorable.

Une des conséquences les plus notées est le phénomène d'exode rural ; les populations se déplacent vers les régions les plus rentables (exemple des burkinabés dans les plantations ivoiriennes) ou vers les centres urbains où l'insertion sociale pose des difficultés. Et plus intense encore avec le phénomène de l'émigration clandestine, les jeunes, bras valides de l'Afrique de l'Ouest, bravent les océans pour atteindre les pays de l'Europe.

II 2.CAUSES DE LA BAISSE DU REVENU DES PAYSANS

Apres les indépendances, le rythme, des économies Ouest Africaine, en terme de croissance, était proportionnelle aux normes de progression des cultures d'exportation (arachide, cacao, coton, bois, banane etc.).Mais cela s'est détruit depuis les années 70. En effet, la morosité de l'économie mondiale avec une baisse des cours mondiaux des matières premières combinées aux deux chocs pétroliers (1974 et 1978) affectent le bien être de l'agriculture africaine. Ainsi les prix proposes aux paysans deviennent de plus en plus faibles ce qui réduit leur pouvoir d'achat.

CONCLUSION

Les préoccupations relatives à la gestion des ressources naturelles et à la préservation des équilibres écologiques sont de plus en plus souvent prises en compte dans la définition des politiques de développement agricole. Nombreux sont les gouvernements qui perçoivent les dangers que représentent certaines pratiques agricoles pour l'environnement écologique de leur pays. L'exploitation minière des ressources naturelles et l'utilisation inadéquate de certains matériels et produits chimiques ont largement contribué à la simplification et la fragilisation des écosystèmes dans les pays pauvres. Ces évolutions se traduisent maintenant par de graves inconvénients pour les populations concernées : disparition du couvert arboré et diminution des ressources en bois, érosion progressive des sols et réduction des surfaces cultivables, disparition certains espèces végétales et animales, abaissement des nappes phréatiques, sédimentation dans les lacs de barrages, inondations brutales et incontrôlées.

Les raisons d'intervenir sur le développement agricole apparaissent donc multiples. Mais les ressources humaines, matérielles, et financières dont disposent les états sont très limitées.

SECTION 2 : LA RECHERCHE DE PALLIATIFS POUR L'INSECURITE ALIMENTAIRE

INTRODUCTION

La Banque mondiale a défini la sécurité alimentaire comme « l'accès à tout le monde et en tout moment à une alimentation suffisante pour une vie active et une bonne santé » (world Bank, povrety and hunger Washington DC, 1986).Pour certains pays, le problème principal et le plus élémentaire est celui de l'insécurité alimentaire : leur populations sont confrontées à des problèmes de nourriture, victimes de catastrophes soudaines ou de longues durée, naturelles ou causées par l'homme.

Cela dit que pour assurer la sécurité alimentaire il faut au préalable remplir certaines conditions qui rendent aptitude physique et mentale des populations. De cela il faut développer la recherche agricole ainsi que la formation des paysans, la satisfaction des besoins de santé et favoriser la culture vivrière. Comme le défini le « rapport sur le développement dans le monde de 2008 »,(2.1milliards d'individus ont moins de deux dollars et ,dans le cas de 880 millions d'entre eux, moins d'un dollar par jour pour vivre et la plupart tirent leur subsistance de l'agriculture).Donc, il faut promouvoir l'agriculture comme instrument fondamental du développement durable et de réduction de l'insécurité alimentaire même si elle n'est pas la seule à pouvoir réaliser un tel objectif ,mais elle s'est révélée avoir un impact unique et rapide.

I : LES PROJETS DE SATISFACTION DES BESOINS DE BASE :

a) Besoins et modalités de la recherche en agriculture

L'importance de la recherche pour le développement de agriculture Ouest africaine ne doit pas ni sous estimée, ni sur estimée. La recherche est bien une condition nécessaire d'un bon développement, et celle-ci est indispensable, mais elle ne suffit pas elle seule pour donner vraiment tout l'essor souhaitable à l'ensemble de l'agriculture.

Des prix attrayants et un système commercial souple et efficace, un dispositif de crédit agricole solide et implante dans tout le territoire, un régime foncier assurant au cultivateur la propriété durable de sa terre, sont des conditions fondamentales pour le progrès de toute l'agriculture.

Ceci dit, la recherche en agriculture est quelque chose de très importante. L'exemple de la mise au point par les chercheurs depuis avant même les indépendances ont augmenté le rendement moyen en riz dans d'immenses régions d'au moins 5q/ha et souvent de 10q et même nettement plus.

En même temps, des progrès significatifs ont été faite dans la réduction des aux exigences climatiques etc.

Dans une vue simplificatrice et même simpliste on peut séparer l'ensemble de la recherche agricole en deux grandes parties, d' une part la recherche sur les plantes, les animaux d'élevage, les arbres et le fonctionnement biologique du sol, des plantes, de l'eau et de l'air et d'autre part la recherche sir les systèmes de production, les exploitation agricole, et la pratique de agriculture.

a.1. LA RECHERCHE SUR LES PLANTES ET SUR LES ANIMAUX

Le champ d'étude est immense, et l'on est donc bien obligé de se fixer des priorités, de choisir des domaines dans lesquels les effets seront plus grands que dans d'autres.

- « Rendement alimentaire » de chaque type de culture.

Dans la mesure où on p veut partir des besoins réels des paysans, il faut tenir grand compte de ce que peut apporter chaque plante dans la rotation alimentaire. Comme nous l'avons constaté dans les régions où la nourriture de base est fournie surtout par des racines et des tubercules, il est indispensable de la compléter par des aliments riches en protéines et notamment haricot, niébé, soja. Il est donc souhaitable de développer spécialement les recherches sur ce genre de plante.

Autre considération, nous avons vu aussi que la ration alimentaire doit aussi être complétée, par des aliments riches en minéraux et en vitamines, que l'on trouve surtout les fruits et légumes. Il semble que l'on ait souvent tendance à considérer que ces plantes ont des intérêts secondaires. La nécessité d'avoir une alimentation bien équilibrée devrait conduire à passer les recherches ou ce qui les concerne, notamment pour créer de nouvelles variés plus résistantes et plus productives ou plus riches en certains éléments vitaux. Enfin, on sait que nous ne consommons pas trop de protéines animales (sauf les pécheurs).Il y a donc intérêt à développer l'élevage et les productions agro-alimentaires qui en découlent. Ce type de recherche ne doit pas être négligé pour une maîtrise de l'alimentation en Afrique de l'Ouest et éradiquer certaines maladies liées au manque de protéine comme le kwashiorkor ou avitaminose.

a.2)Des acquis opérationnels en matière de recherche thématique

Egalement nombreuses sont les proportions techniques qui peuvent fournir au développement les résultats des recherches thématiques ayant pour objectif l'amélioration des performances agricoles des producteurs.

Nous retiendrons ici, à titre illustratif, trois points significatifs : l'amélioration variétale des espèces cultivées, la disponibilité en matériel de traction attelée permettant d'envisager concrètement le passage de la culture manuelle à la culture mécanisée ( réalisée dans certaines situations comme le bassin arachidier au Sénégal) en fin les résultats disponibles sur le contrôle sanitaire du bétail.

-AMELIORATION VARIETALE

Nous reprenons une appréciation en matière d'amélioration variétale de l'arachide.

« Les résultats se traduisent par un renouvellement total du matériel végétal mis à disposition des agriculteurs en Afrique de l'ouest : passage de populations locales rampantes de 120 jours, peu productives et à petites graines, à une gamme de variétés érigées de 90 à 150 jours, productives, mieux adaptes à la sécheresse, tolérantes à certaines maladies ou pressentant des caractéristiques permettant de les écouler sur des marches plus rémunérateurs (arachide de bouche) ».

Sur les autres espèces notamment pour ce qui concerne les céréales, les mils, les sorghos, on peut souligner l'effort de sélection mené sur les populations locales dont les caractères d'adaptation au milieu sont particulièrement intéressants.

En bref, un écart important existe actuellement entre le potentiel des espèces améliorées disponibles et les performances de ce même matériel végétal. Si des améliorations sont bien sur possibles st souhaitables dans ce domaine, les acquis disponibles autorisent dans le court terme une amélioration des volumes produits, pour peu que soient adoptes des méthodes d'artificialisation du milieu et de conduite de la culture permettant une meilleure économie de l'eau et de la fertilité des sols.

-MATERIEL DE CULTURE ATTELEE

L'accès dans ce domaine est généralement significatif pour l'amélioration des rendements agricoles pour faire face à l'insuffisance alimentaire que la région est confrontée. Notons rapidement la mise au point de chaînes de matériel polyvalentes ou non ainsi que l'établissement de référentiels d'itinéraires techniques améliorés sur les principales cultures en traction bovine comme en traction équine.

-POLITIQUE D ELEVAGE ET PROTECTION SANITAIRE DU CHEPTEL

L'élevage permet la sécurité des familles d'éleveurs. Au plan alimentaire d'abord (sécurité alimentaire) compte tenue de la part importante d'autoconsommation qui permet aux membres de la famille de l'éleveur d'avoir accès à la protéine animale. L'élevage permet aussi la sécurisation de l'outil de travail et le maintien de la fertilité des sols par transfert des matières organiques animales vers les terres de culture.

Augmenter significativement la productivité animale ne peut donc résulter que d'une seule amélioration des pratiques. Il est sans doute plus judicieux d'opérer sur l'ensemble des facteurs visant non pas un niveau de productivité équivalent à ceux des pays occidentaux, mais plutôt l'acquisition d'un potentiel équilibre pour des espèces capables de produire suffisamment de lait et de viande. Cela valorise mieux une alimentation pauvre et apte à résister aux maladies et aux conditions climatiques. Donc l'objectif doit être l'acquisition d'un potentiel équilibré adapté aux contraintes alimentaires sanitaires et climatiques.

Les enjeux de productions animales dans nos pays sont d'accroître la productivité, de préserver l'environnement, de maintenir le tissu rural, de lutter contre la pauvreté et de favoriser l'intégration économique par le biais des échanges. Ces points essentiels engagent fortement la recherche au service du développement des productions animales.

La protection sanitaire des ruminants est une des conditions nécessaires pour la production d'une viande et d'un lait de qualité reposant sur des normes appropriées à la condition humaine. Vaccin mixte contre la peste et la pneumonie bovine, vaccin contre la peste bovine utilisable sur les petits ruminants, vaccin contre les charbons symptomatiques et bactéricides ainsi contre les pasteurelloses, en bref, des moyens peu coûteux, théoriquement disponibles, efficaces, adoptés massivement par les éleveurs lorsqu'ils leur sont proposés par les services vétérinaires ou les projets de développement.

Ces diverses propositions techniques, dont la plupart ont fait l'objet d'adoptions massives par certains producteurs ouest africains constituent un capital technique disponible qui apporte des réponses à certains des enjeux techniques et économiques de l'agriculture de la sous région ouest africaine.

Imitation des risques productifs (traitement des semences, vaccins, matériel de culture attelée, développement des périmètres hydro agricoles, matériel végétal de durées de cycle contrastées, matériel végétal tolérant aux maladies) ; amélioration de la productivité( variétés améliorés, techniques culturales mécanisées privilégiant la rapidité d'exécution des travaux, techniques d'embauche) ;amélioration des milieux physiques (des techniques d'aménagement du milieu physique, correspondant aux grands types de milieux agro écologiques, sont disponibles).

C'est dans ce domaine thématique que des efforts importants sont indispensables

b) BESOINS DE FORMATION ET DE SANTE DES PAYSANS

1) L'éducation de la population rurale

L'éducation est comprise toute action portant principalement sur les enfants, les adolescents et de manière plus croissante les adultes et qui a pour objet l'ensemble des habiletés intellectuelles ou manuelles. Donc l'éducation reste un outil irremplaçable à la communication. Dés lors, un minimum d'éducation et d'instruction devient une nécessite et un droit pour chaque individu pour mieux appréhender la question se l'insécurité alimentaire qui se pose sur tous les agendas des pays ouest africains.

Par ailleurs, l'éducation est indispensable pour un développement rapide et harmonieux. Sans doute des paysans analphabètes peuvent-ils pratiquer une agriculture riche ; mais l'instruction leur permet d'aller plus loin, de mesurer les surfaces, de calculer les rendements, de lire la notice du sac d'engrais, d'adopter plus facilement des méthodes nouvelles et fructueuses.

La question de la formation à la gestion surgit dés que le gouvernement a le stade d'une mini production artisanale qui s'accommode d'une «  petite caisse ».Elle concerne la gestion d'activités sectorielles (le maraîchage, une boutique ,une banque de céréales ) ; il s'agit aussi de recenser les besoins ( en semences , intrants), passer des commandes , récupérer les dettes , négocier des contrats de commercialisation, gagner ou conserver certains marchés, gérer des coopératives d'épargne, de crédits, autant d'actions qui commandent des compétences.

Le désengagement des états augmente les besoins en formation. Dans la plupart des pays l'orientation est dans le sens d'un transfert de responsabilités aux producteurs organisés. Pour que ce transfert de responsabilités soit effectif, efficace et durable. En d'autres termes les producteurs doivent acquérir les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour exercer les nouvelles responsabilités qui leur reviennent.

Cet accord unanime cache cependant des « nuances »importantes :

- tous les intervenants considèrent que les producteurs devraient exercer des responsabilités croissantes dans le domaine technique (maintenance des équipements, adoption de pratiques techniques nouvelles par exemple), cela se traduit dans la mise en oeuvre de programmes de formation permettant l'acquisition par les producteurs de savoir faire techniques ; et cela permet de cerner mieux la question de sécurité alimentaire.

- certains intervenants s'en tiennent là, alors que d'autres fixent un contenu plus large au transfert de responsabilités ; ils considèrent que les producteurs devraient retrouver un pouvoir de décision (sur la gestion des terroirs, des aménagements, hydro agricoles, sur le choix des productions) et acquérir un réel pouvoir de négociation avec leur partenaires (services étatiques et para- étatiques, secteur privé notamment).

Des compétences particulières sont alors nécessaires aux producteurs. Elles concernent l'analyse et le diagnostic de leur réalité à fin de définir des priorités, l'identification et l'expérimentation de solutions adaptées. La définition de formes d'organisation performantes, l'acquisition d'instruments et de méthodes de suivi- évaluation permettent de mesurer les résultats obtenus, les effets directs et indirects des actions menées et de réajuster les programmes.

La formation de producteurs est une condition nécessaire pour qu'ils maîtrisent le changement technologique, économique, social et culturel que leur impose l'environnement ou auxquels ils aspirent. Mais la formation n'est pas un «  don » de « ceux qui savent » (techniciens, formateurs) à des paysans dits « ignorants » ; il n'y a formation que s'il existe chez le bénéficiaire de la formation, la volonté d'acquérir des compétences afin de comprendre et d'agir conformément à ses intérêts.

Le rôle du formateur est avant tout de servir de médiateur entre le savoir des paysans et les savoirs extérieurs, de faciliter, de faciliter l'accès des paysans à des connaissances nouvelles qui alimentent leur propre créativité et les aident à des compétences accrues ou nouvelles. L `efficacité des actions est liée à plusieurs autres facteurs

- les diverses actions menées doivent être organisées et faire d'une stratégie cohérente qui permette la valorisation de chaque action de formation ponctuelle. La formation est inséparable de l'action ; cette formation doit être articulée en liant explicitement les efforts de planification locale, de mise en oeuvre des plans et programmes d'actions concertés et les efforts de formation. Concrètement cela signifie que les états et ses divers bailleurs de fonds devraient soutenir les programmes de formation définis par des organisations paysans (détachement de personnel, subvention, etc.), suivre et évaluer les résultats qu'ils obtiennent et s'en inspirer pour promouvoir des programmes adaptés (dans leurs objectifs, leurs contenus et leurs modalités de gestion) aux attentes des producteurs.

C'est à ces conditions que la formation peut permettre aux producteurs de devenir plus efficaces aux plans techniques et économiques plus autonomes tout en maintenant vivantes leurs valeurs sociales et culturelles. Il est important également que l'alphabétisation en langue locale doit être un axe prioritaire dans les programmes de formation destinés aux agriculteurs. L'alphabétisation est absolument nécessaire pour que les paysans soient en mesure de lire les brochures techniques, faire les comptes de leurs exploitations, mener à bien des expérimentations, etc. L'important est de procéder à une alphabétisation fonctionnelle de masse en partant de ce pourquoi les agriculteurs ont effectivement intérêt à savoir lire et écrire .C'est au niveau des mesures et du calcul que l'alphabétisation a plus le rôle à jouer. Les paysans ont toujours intérêt à savoir lire les poids inscrits sur une balance, évaluer leurs productions, jongler avec les règles de trois, calculer les rendements, etc. L'alphabétisation doit donc aller de pair avec l'apprentissage de ces notions élémentaires, indispensables pour le progrès technique.

- BESOINS DE SANTE

Un bon état de santé est essentiel à la qualité de vie et constitue donc un des objectifs majeurs de la stratégie de sécurité alimentaire. C'est aussi une condition du développement surtout rural, puisque les aptitudes physiques et intellectuelles de chacun lui sont étroitement liées.

Parmi les conditions indispensables de bonne santé de la population, on doit noter :

-l'eau de chaque jour, propre en quantité suffisante.

Chaque fois que l'on veut remplacer l'approvisionnement en eau dans une marre, derrière un barrage, ou dans une rivière par l'utilisation d'un puits ou d'un forage,

Il faut donc des progrès forts utiles. Restant également des précautions pour que l'eau soit propre jusqu'à la consommation, d'où il faut éventuellement, filtrage de l'eau, utilisation des récipients propres etc. Mais le premier effort reste le passage au puis ou au forage.

-Une quantité et en composante en nourriture convenable

Certaines maladies constatées surtout en milieu rural viennent de ce que l'organisme se trouve en état amoindri de résistance à cause d'une mauvaise composition de la ration au milieu de l'hivernage où les populations n'ont pas de revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins alimentaires et médicaux. Cela réduit considérablement la productivité agricole et affecte la production nationale ainsi que la sécurité alimentaire.

-la médecine collective

Il est évidemment fondamental de ne pas laisser s'effriter les acquis des campagnes qui ont permit en quelques décennies de juguler ou de fortement limiter les grandes endémies. L'état des connaissances statistiques ne permet malheureusement pas de savoir, pour chaque maladie, le nombre de décès qui lui sont imputables dans tel ou tel pays. Mais il semble au préalable que le paludisme et la rougeole sont actuellement en tête de ce triste palmarès.

- La fièvre jaune ; qui encore un hécatombe dans les années 1910-1930 et pratiquement vaincue depuis plusieurs décennies, mais il est certainement nécessaire d'être vigilant pour éviter son retour, notamment par le maintien de la vaccination.

-La maladie du sommeil ; comme presque éliminée vers 1960, connaissait une recrudescence dangereuse dans les années 90 et il devient indispensable de renforcer les organismes de lutte.

- Le paludisme reste un fléau très grave, par le nombre de morts qu'il engendre, et aussi par le nombre énorme de personnes dont il altère gravement la santé et l'activité. Il s'avère qu'il est presque impossible de supprimer totalement cette maladie par campagne systématique de pulvérisation d'insecticide. Il semble qu'un vaccin ait été découvert par un médecin Colombien, le docteur PATARROYO, mais faudra plusieurs années pour les mettre au point et de procéder à la distribution. Mais jusqu' à présent rien n'est fait en ce sens. Il est impératif maintenant de procéder à la surveillance des eaux stagnantes, et les précautions d'hygiènes signalées comme moustiquaire. Un des éléments fondamentaux de la lutte pour la santé réside dans les vaccinations systématiques `enfants et d'adultes.

En gros il faut élaborer une politique de santé qui se heurte très certainement à de difficiles problèmes de financiers. L'extension des soins de santé primaires à des villages de plus en plus nombreux est une excellente chose pour enrayer ou réduire les effets néfastes causes par les maladies à production vivrière. Mais le paradoxe est que les catégories sociales les plus aisées qui paient le moins et les pauvres paient le plus. Un basculement s'impose, pour payer normalement ceux qui le peuvent et le doivent notamment dans les hôpitaux et pour financer plus largement sur fonds public le système de santé dans les villages, les districts et les régions.

Pour améliorer la santé de tous surtout en milieu rural il faut avant même de soigner assurer à chacun une vie quotidienne meilleure, l'eau propre pour les besoins de chaque jour, une nourriture convenable, une meilleure hygiène dans les villages, un habitat protecteur, une limitation de la consommation d'alcool et de tabac. Les soins de santé primaires à la base sont indispensables, et faut porter attention spéciale aux villages trop long temps défavorisés .Mais le maintient d'une pyramide sanitaire reste nécessaire, tout en évitant les coûts excessifs de certains services.

C) FAVORISER LA CULTURE VIVRIERE OU CELLE D'EXPORTATION

Es cultures d'exportation (ou de rente) « imposées » aux paysans par les Etats colonisateurs, puis par les gouvernements indépendants avaient obligé les agriculteurs à réduire les surfaces exploitées en culture vivrière, et que l'occident avait ainsi acculé les pays pauvres, surtout ceux de l'Afrique de l'ouest, à la famine qui se manifeste plus particulièrement dans le monde rural, pour mieux se procurer les denrées qu'il désirait. C'est à dire de matières premières pour faire fonctionner ses industries ; par exemple le coton qui est le premier élément vital des entreprises textiles ou des produits de luxe comme le café, le cacao etc.

La question qui se pose maintenant c'est la cohabitation entre les deux types de culture.

Dans les années 80 le constat était que les zones de production de rentes étaient celles où les systèmes de production céréalières se développaient le plus. Par exemple dans la zone sénégambienne l'arachide qui permettait d'importer du riz ; les grands producteurs étaient mieux nourris que les autres sahéliens. Cela a été confirmé par le rapport de la banque mondiale de 1981où on lit que les zones du mali et du Burkina où avaient travaillé des sociétés de promotion de la culture du coton, les rendements du mil, du sorgho dépassaient ceux obtenus par la méthode traditionnelle. On constate ainsi de façon générale que les rendements des cultures vivrières sont nettement plus élevés dans les zones où on fait aussi la culture d'exportation que là où elles sont seules. Il est important de noter que dans les zones à cultures d'exportation, il y'a en général un encadrement plus solide, et les conseils et avis donnés aux paysans sont plus denses et mieux suivis. Et aussi grâce à la vente des produits d'exportation, l'agriculture dispose des ressources financières qui, même limitées, lui permettent d'acheter d'engrais charrette boeufs, produits phytosanitaires. La conséquence bénéfique est donc, la famille peut passer à la culture attelée et sans accroître la peine des hommes et des femmes, augmenter la surface cultivée totale, donc faire des cultures d'exportations sans diminuer la production vivrière. La population doit dans ce cas saisir l'opportunité des appuis et expériences pour augmenter leur offre en production de céréales et assurer leur autosuffisance.

Il est indispensable de développer parallèlement aux cultures vivrières les cultures d'exportation, parce que les paysans ont besoin d'argent pur acheter des vêtements des bicyclettes des matériaux pour aménager leur foyer etc., donc d'améliorer leur condition de vie accompagnant la sécurité alimentaire. Les producteurs ne peuvent pas vendre des produits vivriers dans les villes du fait de la concurrence anormale et d'accaparement du marché par les produits importés. Comme par exemple le mil et le sorgho face au blé importé ou l'huile d'arachide face aux huiles importés etc.

Mais également les Etats ont besoins de devises provenant des exportations leur procurant de nombreux articles nécessaires à leur vie et leur développement. Sidi Gaye affirmait cette assertion dans le journal « le soleil » parut en 1982 « Cette vision parcellaire du problème alimentaire des pays africains, qui voue aux génomes les cultures commerciales, ne comporte pas une solution acceptable permettant de couvrir les importants besoins en capitaux destinés à financer à la fois l'acquisition de biens d'équipement et les projets de développement ». « Que deviendrait l'économie sénégalaise si, du jour au lendemain, elle était privée des recettes d'exportations tirées de l'arachide ? »

Même si les réalités d'aujourd'hui ne sont pas comme celles des années 80 où parait l'article, du point de vue de la part des exportations d'arachides sur les entrées de devises, il est important de dire d'une manière globale que l'économie sénégalaise perdrait des ressources financières importantes si elle était prive d'exporter ses produits agricoles. Et c'est un constat presque similaire dans tous les pays d'Afrique de l'ouest avec tant soit peut la part des exportations dans leurs ressources financières.

-La combinaison de cultures vivrières de celles d'exportations permet souvent un meilleur assolement de nature à mieux maintenir la fertilité des sols.

-Une partie de certains produits habituellement exportés comme l'arachide et le coton, est consommée sur place et améliore sensiblement la nourriture des paysans en leur apportant de matières grasses protéines, vitamines etc. Il est donc souhaitable de laisser les paysans de pratiquer simultanément les deux sortes de cultures .Mais les gouvernements ont en toute époque, une fâcheuse tendance à mieux financer et encourager les sociétés de développement et les instituts de recherche orientés vers les cultures d'exportation que ceux destinés à améliorer les cultures vivrières. Il faut donc rétablir l'équilibre et consacrer d'importants efforts à ces derniers pour une meilleure maîtrise des cultures vivrières permettant d'assurer la sécurité alimentaire.

D) LES IMPORTATIONS DANS L'APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE

Dans le cadre des conditions attachées aux prêts dans les programmes d'ajustement structurels dont les pays de l' Afrique de l'ouest sont les premiers à y être soumis ;le conseil principal des donateurs est de se remettre aux importations pour satisfaire une partie de la consommation ;pour stabiliser l'offre pour les années où la récolte a été plus mauvaise que prévue .Ces recommandations supposent que les méthodes de production agricoles utilisées précédemment avaient découragé la production des cultures d'exportation au profit des cultures vivrières.

Par conséquent l'efficience dans l'allocation des ressources semble être plus la préoccupation des gouvernements et prend le pas sur les autres objectifs économiques et politiques.

Avec l'hypothèse de la concurrence parfaite sur le marché mondial chaque pays a un accès illimité à l'importation de biens alimentaires au prix du marché libre et qu'il ait absence de barrières douanière à l'exportation des produits de rente.

De là il y a une déformation du secteur alimentaire intérieur et extérieur. Par conséquent les difficultés naissent entre souvent les pays donateurs d'aides et les pays bénéficiaires sur la satisfaction des besoins alimentaires à partir de l'importation par ces derniers.

Les conséquences qui découlent de la stabilisation de l'offre alimentaire par les importations peuvent être à court terme un coût élevé en devises même si à long terme, il y aura un gain de devises par encouragement de la culture de rente à la place de la culture vivrière.

Le coût des devises à court terme est déterminé en partie par les avantages comparatifs internationaux du pays considéré mais aussi en partie par le model et les causes de l'instabilité de l'offre alimentaire. Pour les pays dont l'avantage comparatif internationaux se trouve dans les exportations agricole que dans les autres produits, les années de déficit alimentaire coïncideront avec les années de faibles cultures de rente et donc avec une baisse du revenu d'exportation. Donc l'importation alimentaire sera nécessaire au moment où il y aura une faible disponibilité en devises étrangères.

Les années de pénurie peuvent coïncider avec des cours élevés des produits alimentaires sur le marché mondial, comme nous le constatons cette année-ci, de sorte que les importations sont plus couteuses que d'habitude. Dans ce cas les pays donateurs d'aides vont tenter de les réduire pour profiter des cours soutenus sur le marché mondial.

S'il y a également déformation du marché mondial de céréales la conséquence est que les importations se font rarement au prix de référence du marché libre. Par exemple le prix des céréales importées de l'Union Européenne ou des Etats Unis reflète le nivaux élevé de subvention dont bénéficient les agriculteurs de ces pays ; même sur la viande et les autres denrées. Dans ce cas on doit inciter les producteurs de nos pays à se référer des prix du marché mondial qui en réalité sont déformés.

De ce fait se remettre aux importations d'aliments subventionnés à l'extérieur pour satisfaire l'offre alimentaire serait, saper à l'industrie alimentaire locale ou décourager la production locale.

Se remettre aux importations alimentaires peut être considéré comme une stratégie politiquement inacceptable car elle rend le pays vulnérable aux forces économiques et politiques extérieurs et elle réduit également la souveraineté nationale et son indépendance économiquement parlant.

II. LES REFORMES AGRAIRES

Les reformes agraires préconisées traduisent le développement des mouvements d'innovation pour rendre plus productif le secteur agricole dans toutes ces dimensions.

1.) Monétariser les productions et sécuriser les débouchés

L'analyse des expériences passées montre que la conjonction d'une forte monétarisation des productions agricoles et l'accès des producteurs aux crédits encourage vivement les producteurs à développer des stratégies offensives, et à entreprendre des innovations même si celles-ci sont coûteuses. Le développement du marche monétaire crée des besoins nouveaux, incite les producteurs à consentir des efforts plus grands pour les satisfaire en vendant des excédents de production, donc d'augmenter leur revenu.

Le recours au crédit permet à des producteurs le plus souvent dans l'incapacité de pré financer leurs investissements, d'accéder à des moyens de production qui augmentent la productivité de leur travail et, compte tenu des marchés existants, sa rémunération.

Dans un contexte d'extrême vulnérabilité économique des unités de production et de fort impact de l'aléa climatique, il est nécessaire que certaines conditions de sécurisation des débouchés et prix soient remplies pour que les producteurs décident d'entreprendre des innovations prometteuses de développement coûteuses et risquées.

Il est donc recommander de combiner un élargissement et un approfondissement du mouvement de monétarisation des productions à la fourniture de crédits adaptés aux besoins d'investissement des producteurs ainsi qu'à leur capacité de remboursement. La mise au point de formules de crédits diversifiées, adaptés aux besoins et capacités de divers acteurs est également à recommander. Et il faut aussi mettre en place les conditions d'une reproductibilité de cette combinaison à fin d'assurer la durabilité du mouvement d'innovation. Une vaste monétarisation de l'activité agricole passe par une reconnections de la demande urbaine avec l'offre rurale.

Les cultures céréalières sont donc à promouvoir en tant que spéculation monétaire visant à approvisionner la demande urbaine. Selon les situations, la mise en oeuvre de cet objectif peut être étalée dans le temps. Il est possible d'envisager dans certains cas, que cette requête parte des villes de l'intérieur pour petit à petit regagner les marches des capitales. Cela passe par l'encouragement des initiatives visant à adapter l'offre rurale à la demande urbaine tant en matière de produits demandés que leur présentation (conservation, transformation).

Ainsi on peut envisager de promouvoir :

- la monétarisation des productions de l'élevage pour les marchés urbains, vers les lieux de consommation en zones ouest africaine.

- des filières alimentaires de diversification (légumes, fruits, à l'état naturel, ou transformés) , en fonction des débouchés des marchés, mais aussi d'autres régions , voire l'exportation.

- des filières des cultures d'exportation rentables en prenant en considérant dans leur rentabilité les effets d'entraînement sur l'économie.

Il faut concevoir ce mouvement de développement de la monétarisation de l'économie agricole dans une perspective régionale visant à encourager les échanges en zones écologiques présentant des avantages de production différents mais pouvant se révéler complémentaires.

Et ainsi vers la constitution d'un espace économique unifié qui prendrait les contours de l'Afrique de l'Ouest mais pourrait s'élargir au delà, en harmonisant de manière concertée des états des politiques douanières concernant notamment les importations céréaliers et de viande.

2) ASURER LA SECURITE FONCIERE

L'indétermination foncière ou la non sécurisation foncière sont pour une part non négligeable, responsables d'une utilisation de l'espace aboutissant à compromettre la fertilité des champs et des pâturages, à la destruction des forets et à faire obstacle aux propositions d'innovations visant à préserver ou reconstruire cette fertilité.

La sécurisation foncière des producteurs sur le domaine familial et des groupements de producteurs sur des espèces communautaires - parties communes du terroir villageois, espaces pastoraux- constitue donc un objectif prioritaire.

La propriété privée des terres parait constituer un moyen particulièrement efficace d'aggraver l'insécurité foncière.

Dans un contexte de très grande vulnérabilité économique et alimentaire de la plus part des unités des unités de production familiales, que vient aggraver l'occurrence de sécheresses, favoriser le développement d'un marché de la terre peut entraîner l'expropriation de nombreux producteurs, l'exode de bon nombre d'entre eux vers des villes qui n'offrent pas de perspectives d'emploi industriel.

Pour aborder les problèmes liés à la gestion des terroirs et espaces pastoraux, une triple approche peut être utilement employée.

- Une maîtrise technique des problèmes d'aménagement foncier (lutte antiérosive, haies vives, régénération des pâturages, plantations foncières, prairies artificielles...)

- une prise en compte des contraintes socio-économiques de terrain à fin de trouver avec les populations les meilleures façons d'aborder les solutions techniques et de régler les problèmes fonciers (y compris les aspects ; cadastre et fiscalité).

- Une adaptation des règlements et règles juridiques aux différentes situations afin que l'état puisse jouer à la fois son rôle de sécurisation des droits fonciers et de régulation des conflits en donnant toute sa place aux apports du droit coutumier(Gentil et Micoiret 1991)

3) FAVORISER LES ORGANISATIONS SOCIO-PROFESSIONNELLES

« La réalisation d'une organisation nouvelle, note SCHUMPETER, constitue une innovation au même titre que la mise en oeuvre d'une combinaison nouvelle des facteurs de production »

Ce qui n'empêche pas que l'on puisse aussi considérer ici les besoins de l'analyse, l'innovation organisationnelle comme un facteur incitatif du mouvement proprement technique d'innovations.

La présence d'organisations socioprofessionnelles dynamiques peut, en divers domaines, jouer un rôle important dans la diffusion du mouvement d'innovation

L'existence de tels groupements contribue à dissiper les malentendus pouvant servir entre chercheurs - ceux qui offrent des solutions techniques innovantes - et réalisation d'innovations, c'est-à-dire les producteurs.

Il est en effet raisonnable de penser que ces derniers sont les mieux placés pour exprimer leurs propres besoins et donc formuler des demandes techniques qui, si elles sont correctement satisfaites, ont de fortes chances de se transformer en innovations.

Pour ce qui relève de la mise en oeuvre du processus de sécurisation foncière ou de l'aménagement de l'espace, la présence de groupements constitue dans des procédures faisant appel la concertation, un atout indéniable. A l'inverse, leur peut représenter un obstacle dirimant à ces types d'innovations. Enfin, l'existence de groupements de producteurs peut être une condition nécessaire à la mise en oeuvre d'opérations de crédit voire de commercialisation.

4) RENDE ACCESSIBLE LE MATERIEL ET LES INTRANTS

La plupart des solutions des techniques innovantes proposées par la recherche impliquent l'utilisation de matériel et/ ou d'intrants.

Cela est bien entendu vrai pour toutes les innovations coûteuses qui s'inscrivent dans les stratégies offensives que développent les producteurs, mais cela l'est aussi pour les innovations les quelles ont recours les producteurs pour leurs stratégies défensives : utilisation de semences, produits phytosanitaires, vaccins etc. Indépendamment même du problème d'accessibilité économique se pose celui de l'accessibilité matérielle : la disponibilité locale, de la proximité.

Les moyens de réaliser les innovations , même moins coûteuses, les plus modestes , doivent se trouver à la portée - c'est-à-dire à proximité- de tous les producteurs , y compris de ce que l'on considère , un peu cyniquement, installés dans des zones marginales.

Ce qui est en jeu ici c'est l'acceptation ou non d'une division de l'espace national en « zones utiles » et donc par opposition, bien qu'une pudeur de langage exclue cette formulation en «  zones utiles », avec les implications lourdes de menaces sociales et politiques que peut comporter l'acceptation même tacite d'une telle division.

L'Etat doit assumer dans la mesure de ses moyens, ses responsabilités. Si le secteur commercial privé ou les groupements socio- professionnels peuvent jouer ce rôle de pourvoyeur fiable en moyen d'innovation, tant mieux. Sinon l'Etat doit consentir l'effort nécessaire pour rendre matériellement accessibles tous les moyens d'innovation que les producteurs sont en mesure d'acquérir.

III) NOUVELLE POLITIQUE AUX CREDITS AGRICOLES

Pour le crédit (comme pour la commercialisation et comme pour les techniques agricoles), les paysans ne déploieront vraiment un zèle pour le développement qui, si on leur fait confiance, que s'ils peuvent prendre en, mains leurs propres affaires, s'ils en deviennent responsables.  C'est partant de cette idée fondamentale que devrait être bâtis ou restaurés les nouveaux organismes de crédit agricole. La qui a été assez souvent expérimentée, consiste à confier à une société locale le développement, chargée de la vulgarisation, le soin de faire des prêts aux paysans. L'expérience a été faite dans plusieurs pays, et à connu de fortunes diverses. Dans certains cas, il semble qu'elle ait bien réussi, par exemple dans les zones cotonnières du Mali et de la Cote d'Ivoire. Cette formule a en effet des avantages ; l'encadreur local connaît bien les paysans et obtient de bons taux de remboursement ; les frais de recouvrement sont réduit en raison de la présence locale de la société.

Une autre solution également préconisée est celle d'un organisme spécialisé .Dans plusieurs pays Ouest africains la reconstruction d'un système valable de crédit agricole se fait actuellement sur cette base. Une condition pour que cela marche est que l'agriculture sente bien que cette banque n'est pas un simple prolongement de l'Etat et qu'elle sera très ferme dans le recouvrement de ses créances.

Les principes pourraient être les suivants à la base, des regroupements villageois recevraient les crédits ensuite les rembourseraient ; ils seraient garants de la bonne fin des prêts. Dans chaque petite région, serait formée une caisse mutuelle régionale de crédit rural et d'épargne, administrée par un conseil dans lequel les agriculteurs seraient majoritaires. Groupement comme caisse régionale caisses régionale seraient à forme mutualiste. Les caisses régionales distribueraient des crédits, recueilleraient l'épargne, devraient être par nature proches des paysans par la langue comme par la géographie.

Au niveau national, un fonds de développement du crédit rural sera crée ; il aurait pour tache la centralisation financière des avances aux caisses régionales en personnel et en méthodes techniques etc.

Que l'on adopte une structure de ce genre, ou que l'on maintien une banque nationale de crédit agricole, ou la distribution crédit par une société de développement rural, il est clair que la voie de l'avenir est en tout cas dans une forte participation des paysans à la gestion de leurs propres affaires et notamment de leur crédit, seul moyen de construire un système durable, ayant la confiance des paysans, et dans lequel les remboursements viendront régulièrement reconstituer le fond de roulement .

L' de financement et d'acquisition de matériel à l'exploitation agricole. Tout change trè épargne paysanne constitue également un atout pour enrayer ou réduire ce déficit s vite en matière de crédit agricole, du fait de la naissance de nombreux groupements de paysans, qui veulent prendre en main leurs affaires et s'organiser en vu de leur développement économique social. De plus en plus que ces groupements interviennent pour contribuer à résoudre le problème du crédit agricole. Ils demandent à leurs membres des cotisations mensuelles faibles, à la mesure des ressources des familles et parviennent ainsi à créer une épargne, puis financer des investissements, soit collectifs (moulins à mil, forages pompes etc.) soit individuels pour l'achat du matériel de base nécessaire à chaque exploitation agricole. Les modes de fonctionnement, d'attribution des prêts et de remboursement, sont très variés. Bien souvent l'attribution de la somme nécessaire pour le matériel d'une exploitation se fait par tirage au sort. Les créateurs de ces groupements et les organismes qui les appuient, considèrent que les bases nécessaires au succès sont un réel esprit mutualiste, une formation assez poussée groupes et des paysans ou au moins d'une partie d'entre eux, et un dialogue permanant au sien des avec leurs interlocuteurs.

Quoi qu'il en soit, semble que, sauf dans les régions privilégiées (douées pour produire abondamment de cacao, café etc.) ces groupes ne puissent pas, grâce à leurs seules ressources, doter tous leurs adhérents en un temps raisonnable du matériel nécessaire. On constate du reste que leur tendance est de s'associer, soit aux organismes nationaux de crédit agricole lorsqu'ils existent et sont assez solides, soit à une ONG (organisation non gouvernementale) ayant une large assise et des ressources financières importantes.

Il est certainement souhaitable que ceux qui peuvent, gouvernement, caisses nationales ou régionales d'épargne et de crédit, ONG, encouragent, et soutiennent ces initiatives paysannes, qui ont tant d'importance pour l'avenir de l'agriculteur mais un moyen sur pour atteindre le bien être alimentaire des pays Ouest Africains.

Quelles que soient les structures des organismes qui en feront partie, il est indispensable que les caisses classiques de crédit et les groupements paysans d'origine locale collaborent pour former un ensemble harmonieux susceptible de procurer aux paysans des ressources financières suffisantes pour acheter le matériel et les bêtes dont ils ont besoin pour transformer leur exploitation et de répondre aux exigences alimentaires des populations.

SECTION3 : PENSER AU DEVELOPPEMENT RURAL

L'expansion de l'agriculture est le moteur du développement rural réussi, lequel à son tour crée des conditions d'une croissance largement repartie et capable de faire reculer la pauvreté. Les pauvres en bénéficient directement s'ils sont agriculteurs ou indirectement s'ils sont du secteur non agricole rural. Puisque l'agriculture constitue l'activité de base dans les pays pauvres surtout dans nos pays où elle emploie en gros 70à80% de la population active, le développement du monde rural ne peut se faire sans une agriculture qui répond favorablement aux besoins des populations qui s'y adonnent. Dés lors l'intervention publique pour influencer la productivité paysanne peut être conçue à la fois comme un acte de justice sociale mais également un moyen d'assurer la sécurité alimentaire à travers une meilleure rémunération des produits agricoles et le développement des activités non agricoles.

1) MIEUX REMUNERER LES PRODUCTEURS AGRICOLES

Ce qui intéresse le producteur c'est le rapport entre les prix sur les quels il peut vendre ses produits et les prix aux quels il achète ce qui lui est nécessaire ou agréable soit pour sa propre exploitation, soit pour la vie quotidienne de sa famille.

A) LA POLITIQUE DES PRIX

Dans ce domaine les pays africains ont été victimes dans la plupart entre 1960 et 1980 une ponction et injuste dans leur revenu. Les gouvernements fixaient des prix d'achat aux producteurs très inferieurs aux prix « normaux » que l'on peut définir comme ceux du marché mondial diminués des frais de commercialisation, de stockage et de transport intérieur, et éventuellement d'un léger impôt pour contribution aux charges de l' Etat.

La question a fait l'objet d'études et de calculs très précis qui ont montré que ces ponctions étaient très importantes, comprises le plus souvent de 1970 à 1980 entre 30% et 70% du prix que le producteur aurait dû normalement recevoir. C'est à dire que les gouvernements ont abusivement retenu entre un tiers et deux tiers des recettes que les paysans pouvaient escompter. Il n'est pas étonnant que ces politiques catastrophiques aient découragé les paysans de produire. Et ainsi l'agriculture est laissée en rade. Un alibi est parfois évoqué par certains gouvernements consistait à dire que les sommes prélevées sur les paysans alimenteraient des caisses de stabilisation et que les sommes d'argent ainsi considérables engagées permettraient en cas de fortes chutes des cours mondiaux, de maintenir une rémunération convenable des producteurs. Malheureusement les sommes énormes prélevées sur le dos des paysans furent souvent dépensées pour des investissements qui n'avaient aucun intérêt pour l'agriculture ; elles ne sont plus disponibles maintenant que les cours ont baisé.

Pourtant, malgré ces difficultés, les opinions ont évolué tant chez les dirigeants que dans le secteur public et tendent à la fixation de prix d'achat aux producteurs aussi rémunérateurs que possibles pour eux, compte tenus des cours mondiaux. Pendant la période 1970-1980 les paysans bénéficiaient des prix très élevés. Mais aujourd'hui la situation s'est inversée. Les baisses ont été si fortes notamment pour le café, le cacao, les oléagineux, que les gouvernements se sont trouvés dans l'impossibilité de continuer les ponctions sur les paysans et même ont été obligés d'accorder à ceux-ci des prix supérieurs aux prix  « normaux ».

B) LA COMMERCIALISATION

B.1) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES

Il s'agit ici de commerce des produits vivriers envoyés aux villes ou aux régions déficitaires, des produits agricoles d'exploitation et des intrants, engrais, produits phytosanitaires, charrue, charrette etc.

La question qui se pose maintenant est de savoir si ce commerce doit se faire dans un système de liberté des échanges, ou par l'intermédiaire de l'Etat.

Dans les politiques agricoles des ajustements structurelles entamées au début des années 80, on note le désengagement des Etats en ce concerne la libéralisation du marché agricole et de la fixation des prix des produits agricoles. Et ces ajustements n'ont pas abouti aux attentes bien au contraire comme le pensent d'aucuns qu'ils ont englouti les économies. Dans la zone franc depuis la dévaluation de 50%du franc CFA le 12 janvier 1994 il ya un doublement des prix de cette monnaie. Dans cette situation le risque se profile à nouveau de prix payés aux paysans qui seraient sensiblement inférieurs à ceux que l'Etat doit normalement leur garantir compte tenu des cours mondiaux et des frais intermédiaires entre le producteur et les destinataires. Pour la fixation des prix imposés en l'absence de marché libre ce qui est le plus fréquent comme au Sénégal avec la campagne arachidière, les producteurs devraient être consultés par l'intermédiaire des dirigeants de leur groupement. Et cela permettrait d'avoir un revenu acceptable leur permettant de financer au moins une partie de leur exploitation ou leurs besoins quotidiens familials

B.2) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS NON AGRICOLS

Le corollaire évident de l'analyse du marché est l'appui à la commercialisation, à l'organisation à la vente et à sa promotion. On retrouve ici, à des échelles diverses suivant les contextes, les activités classiques de cette fonction :

- démarrage directe de la clientèle ;

- recherche d'intermédiaire fiable ;

- création d'un label

- utilisation des médias

- recherche et utilisation des circuits informels ;

- présentation sur les marchés locaux périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations, concours etc.

- halls d'exposition permanant organisés par les groupements ou les professionnels ;

- élaboration de la fiche techno-commerciale

- édition de catalogue

Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'où la nécessité de susciter une organisation professionnelle des artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de production.

2) DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES NON AGRICOLES

Le développement rural a souvent été compris comme un développement purement agricole. Or, il faut bien considérer que la vie économique ne se limite pas à la seule production agricole. Artisans ruraux, marchands, transformateurs de produits contribuant, au même titre que les agriculteurs, au bien être global de la société. Dans un projet de développement, la prise en compte du secteur non agricole est essentielle à plusieurs titres :

- d'abord au bénéfice du développement agricole lui-même. Les agriculteurs ont besoin de charrettes, des harnais, des houes, de paniers, bref des moyens de production. La production de ces outils est parfois réalisée sur place, mais les productions locales sont de plus en plus concurrencées par des productions extérieurs, voire étrangères, qui bénéficient d'une meilleure réputation(ou d'un meilleur rapport qualité/prix)

Ils ont besoin d'écouler une partie de leur production, donc de marchés actifs et de commerçants dynamiques.

- Les agriculteurs ont besoin de l'entretien et de la maintenance des équipements individuels et collectifs soient assurés. S'agissant de matériels de plus en plus sophistiqués, le recours à des artisans spécialisés devient indispensable.

- Les revenus non agricoles sont de plus en plus souvent indispensables pour maintenir les agriculteurs sur place et éviter leur émigration définitive vers les villes.

- Enfin, un plan de développement équilibré doit, pour être complet, concerner tous les acteurs de production. A titre d'exemple nous prenons une filière comme celle de l'oignon :

CULTURE OIGNONS

Moyens d'exhaure semences

Grillage produits phytosanitaires

Arrosoir fumure compost

Binettes

Outils aratoires

TIGES

CONDITIONNEMENT

BULBES

Presse à levier

PRESSAGE

VENTE ET AUTO-CONSOMMATION

Séchoir

SECHAGE

EXPORTATION

Silo de stockage

STOCKAGE

STOCKAGE

Silo de stockage

SECHAGE

Séchoir

STCKAGE

Silo de stockage

EXPORTATO

CONS-LOCALE

2.1)UNITES DE PRODUCTION DE STATUTS TRES DIVERS

Les secteurs non agricoles du développement local recouvrent à notre sens, les activités de commerce (magasins de gros et de détail, boutiques, échoppes, étals de marché ...) et les activités de production de biens et services (métalliers, forgerons, menuisiers, boulangers, tanneurs, réparateurs en tous genres, gargotes, photographes, etc.)

En milieu villageois, la petite unité de service ou de transformation de type artisanal est évidemment la catégorie la plus rependue. Dans les petits centres et semi-urbains, difficilement indissociables du monde rural, existent des unités de production plus importantes, aux activités plus régulières et plus stables.

La configuration des unités qui relèvent de ce secteur est extrêmement diversifiée. Il peut s'agir d'unités tenues par un individu, un groupe familial, un groupement extra-familial, à structure coopérative ou autre. Elles peuvent être permanentes, comme c'est généralement le cas dans les petits centres ruraux semi-urbains, ou saisonniers, car dépendantes d'occupations liées à la production agricole ou à des emplois salariés périodiques.

Les moyens de production(le fond de commerce, l'atelier, les outils)et les stocks de matière première peuvent ou non la propriété du producteur .Les unîtes de production peuvent utiliser la main d'oeuvre salariée ou au contraire se satisfaire de la force de travail familiale éventuellement complétée par des apprentis.

2.2) LES ATOUTS DU SECTEUR NON AGRICOLE

Les atouts de ce secteur illustrent le rôle que le secteur joue, ou a vocation de jouer, dans le développement des populations rurales.

- Le faible montant du capital à investir et la quasi-absence d'obligations réglementaires confèrent au secteur non agricole une grande souplesse d'implantation (facilitation à l'entrée)

- Ce secteur est étroitement relié à la production agricole :

*il permet l'écoulement tout au long de l'année, des surplus agricoles souvent cédés par de très petites quantités et à mesure des besoins monétaires des familles.

* il approvisionne de la même façon les familles en bien de consommation essentiels (huiles, sels, savon)

* il assure localement la fabrication et la maintenance de l'outillage et les équipements qui lui sont nécessaires.

*il contribue aussi à abaisser les couts de production.

Ses faibles couts de production lui permettent de satisfaire les besoins domestiques (équipement des ménages, amélioration d l'habitat) d'une population à faibles revenus.

*il peut absorber et valoriser une part non négligeable de la main d'oeuvre disponible et contribuer ainsi, de façon significative, à freiner l'exode rural.

* pas ses systèmes diversifiés d'apprentissage, il a sa part (qui, dans certains pays, peut d'être capital) dans la formation des jeunes.

*L'environnement institutionnel lui est de plus en plus favorable.

Porté par le courant général qui, en matière de développement tend à privilégier la petite production, sa dimension et sa flexibilité le destinent à être intégré de plus en plus aux politiques et aux plans d'aménagement des territoires.

-La commercialisation des produits non agricoles

· Création d'un label

· Utilisation des médias

· Recherche et utilisation des circuits informels

· Présentation sur les marchés locaux périodiques, à l'occasion des foires ou autres manifestations, concours etc.

· Halls d'exposition permanents organisés par les groupements ou les professionnels ;

· Elaboration de la fiche technico-commerciale

· Edition de catalogue

Autant d'activités que la petite entreprise artisanale ou commerciale ne peut souvent assurer par elle-même. D'ou la nécessité de susciter une organisation professionnelle des artisans pour pallier ce handicap, et organiser des services communs de production.

2.3) LES INTERVENTIONS AUPRES DES PRODUCTEURS NON AGRICOLES

Dans des conditions où le secteur connait certaines ; limites ; sa faible capacité à innover, les faibles capacités de l'artisan ou du commerçant à la gestion, l'inorganisation du circuit de vente et de promotion des produits etc.

La question fondamentale qui se pose à ce niveau est de savoir sur quels leviers peut-on imaginer s'appuyer pour une intervention de développement concernant le secteur non agricole ?

L'expérience conduit à mettre en garde contre la solution de facilité qui consiste le cycle d'approvisionnement, fabrication vente, à ne privilégier que la seule fabrication. Le plus souvent c'est en matière de fabrication que le potentiel des ressources pouvant être mie en oeuvre par l'artisan lui-même le plus grand ; c'est donc là qu'il est moins urgent d'intervenir

Pourtant les caractéristiques du secteur conduisent à bien s'appuyer sur les individus qui sont au centre de la production.

L'un des paramètres de la réussite d'une petite entreprise et peut être la condition fondamentale, est la personnalité du commerçant, de l'artisan, ou du patron. Créer vivifier un tissu artisanal impose de créer ou de perfectionner des unités qui servent de modèle, donc qui réussissent. D'ou l'importance à accorder à l'identification des hommes dont les compétences, en tant que patron d'unités, actuelles ou potentielles, s'évaluent par rapport non seulement aux capacités techniques, mais tout autant, sinon, d'avantage, aux motivations et à la volonté de réussir. L'expérience montre aussi qu'il doit se garder de tout vouloir produire sur place. Certains besoins peuvent plus facilement être couverts par des artisans urbains, mieux équipés et bénéficiant d'un marché plus important, que par des producteurs ruraux.

Quoi qu'il en soit toute intervention à l'endroit des unités artisanales, quelle qu'elles soient, se fonde d'abord sur la connaissance du système qu'elles constituent avec leur environnement .L'appui à la petite entreprise artisanale ou commerciale ne se conçoit donc pas de connecter des problèmes posés à cet ensemble.

De cette connaissance découlera l'identification des besoins, la mise en évidence des opportunités, le choix de priorités et en fin la sélection des formes d'appui les plus adaptés. Les interventions elles-mêmes porteront soit directement sur les unités de production de biens et services, soit sur leur environnement socio-économique.

2.4) CREDIT DES ACTIVITES NON AGRICOLES POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL EN AFRIQUE DE L'OUEST

Le crédit est un besoin vital pour le petit producteur, qu'il s'agisse d'une création d'activité ou de son développement. Le point de vue des banques à l'égard des petits prêts à la petite entreprise est bien connu ; crédits sollicités souvent trop faibles, donc insuffisamment rentable pour la banque, cout disproportionné de la gestion des dossiers, secteur à haut risque garanties, garanties aléatoires.

L'inéligibilité des artisans au crédit bancaire impose bien souvent aux projets d'intervention en milieu rural qu'ils se substituent au système défaillant et qu'ils conçoivent et mettent en oeuvre des dispositifs mieux adaptés et plus flexibles. En effet il est indispensable, pour que le crédit accordé soit pleinement valorisé, d'accompagner les bénéficiaires dans la création ou l'extension de leur activité. Ce suivi indispensable et les comportements nécessaires à la maitrise de leurs affaires, apparait en outre aux financeurs comme un surcroit de garantie dans le recouvrement du montant des crédits.

Le dispositif d'accompagnement implique :

- La rigoureuse sélection des demandes ou projets, sur le critère de leur recevabilité au regard du marché, de la personnalité de celui qui veut entreprendre, de ses compétences et de ses motivations.

- L'appui à la mise en forme de la demande et au montage du dossier commercial, technique et financier qui doit être présenté au financeur ;

- L'appui au lancement de l'activité processionnelle qui a fait l'objet de prêt et le suivi rapproché, individualité de son fonctionnement.

Accompagner le petit patron dans l'obtention et le remboursement de sont crédit est une forme particulièrement concrète et efficace d'intervention au titre de formation à la gestion. En effet celle-ci devient pour lui nécessitée quand il découvre que lui sont fournis, par le canal, l'élément qui lui est indispensables pour maitriser le processus contraignant dans lequel il se sait engager. S'appliquant ainsi très directement à ses préoccupations, le conseil et la formation sont infiniment mieux perçus et leurs apports davantage intégrés.

3) TRANSFORMER LES VILLAGES

Parce que l'urbanisation coute cher et parce qu'une augmentation trop rapide de la population des villes pose de très grands problèmes financiers, économiques, techniques, et sociologiques. Il est évidemment souhaitable de ne pas accélérer l'exode rural et même de le contenir dans des limites acceptables.

Pour cela, il est nécessaire de faire la promotion du développement rural par nos Etats et mettre fin aux politiques économiques et sociale qui ont jusqu'à présent beaucoup trop favoriser les citadins au dépens des paysans.

De ce point de vue la première chose à faire et d'assurer aux paysans des revenus normaux .Quand les cours mondiaux des matières agricoles exportables sont élevés, il faut laisser aux paysans les recettes qui leur reviennent normalement et de maintenir les subventions, ce qui n'est pas toujours fait. Par ailleurs des taxes à l'importation des céréales et de la viande devraient être mises en place si à l'avenir l'importation des subventions accordées par certains pays étrangers à l'exportation de ces produits le justifie.

· DOTATION EN EQUIPEMENT

Un immense effort d'équipement et d'animation des villages devrait être désormais prioritaire. Mais pour que cela soit possible dans de bonnes conditions, il y'a un préalable, car la plupart des équipements donnent lieu à des frais d'entretien et de fonctionnement qui doivent nécessairement être couvert par les villages. La présence dans chaque village dune sorte de groupement est donc indispensable, qui prendra en charge par exemple l'entretien d'une pompe de forage, le fonctionnement éventuel d'un moteur s'il y'a distribution d'eau, les frais de production d'électricité etc.

Il y'a heureusement maintenant dans très nombreux villages de l'Afrique de l'Ouest des groupements de ce genre .Pour faire bénéficier un village, de certains équipement, l'existence d'un tel groupement devrait être une condition rigoureusement exigée par tous les bailleurs de fonds extérieurs, Etat, Régions ou ONG.

· MESURES

Une fois ces préalables résolus, la première des mesures à prendre est l'extension d'urgence à tous les villages de l'enseignement primaire ou à défaut de l'éducation de base avec l'alphabétisation, car cela est nécessaire pour que les villages puissent promouvoir eux même leur développement économique et social, créer et faire fonctionner les groupements villageois et mieux se défendre au sien de la société .

Deuxième action fondamentale, car répondant à l'un des besoins essentiels des hommes, fournir à chacun l'eau de chaque jour, en quantité suffisante et d'une qualité convenable.

En général, les villages ne sont pas encore à l'heure des réseaux de distribution, chaque famille ne pouvant assumer la charge financière de l'abonnement et de la consommation. La politique actuelle pour encore des années à venir et dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, est celle de la construction de points d'eau, dans le cadre de ce que l'on appelle maintenant l'hydraulique villageoise.

C'est une question largement traitée dans la question de la politique de l'eau pour les programmes d'investissement aux travaux hydraulique villageoise.

Un problème très important est celui de l'hygiène et notamment de l'évacuation des eaux usées, des déchets humains et des eaux pluviales stagnantes. Normalement un village peut se passer en la matière d'ouvrages couteux, tuyaux, collecteurs, etc. Mais il est indispensable que les villages acquièrent des notions d'hygiène pour éliminer les eaux stagnantes, construire des latrines correctes, etc. Et sur ce point l'éducation de base devrait être profondément utile. Le problème d'électricité au village est délicat. Il serait évidemment plus gai pour les villageois d'avoir, au moins sur place du village et dans deux ou trois ruelles, un petit éclairage public et ensuite si possible d'avoir d'électricité chez eux. Mais l'opération est difficile à réaliser et à faire fonctionner, faut de techniciens sur place et de ressources financiers des villageois.

Il peut être promû dans les villages de zones de cultures riches comme le café ou le cacao. Ailleurs elle pourrait mise en place grâce à la formule des paiements anticipés.

Un point essentiel pour le développement des villages est celui des services aux entreprises ou plus précisément celui de la présence d'artisans, mécaniciens et électriciens pouvant entretenir et réparer les pompes de forage, les moulins à céréales (mil, maïs...), les charrues, les semoirs, éventuellement les motoculteurs etc. Il s'agit ou il doit s'agir d'artisans privés, mais l'Etat a un rôle de former des jeunes à ces métiers dans les zones rurales ; un enseignement technique bien adapté devrait leur être donné, de plus il serait utile de leur rendre pour eux possible de bénéficier des prêts bonifiés, pour le démarrage de leurs activités comme artisans.

Les services au particuliers, porte, école, dispensaire, téléphone, sont également une des formes de l'agrément de l'habitat de la localité. On ne peut bien sur pas demander qu'ils existent dans chaque village, mais on devrait au moins les trouver dans une bourgade voisine, ce qui permet un accès relativement facile à pied, en charrette ou à cheval ou à dos d'âne ou à bicyclette ou à vélomoteur ; lorsqu'il y'a des pistes pas trop sableuses .Les responsables de divers services publics devraient veiller de façon très attentive à cette déserte rapprochée des villages. Il faut des études plus systématiques.

Enfin un point essentiel est de remédier à l'insuffisance du réseau de transport qui peut empêcher ou ralentir le développement de certaines régions et de certaines activités. Mais avant tout investissement dans ce domaine il faut une très bonne connaissance de l'économie locale et des perspectives, de l'agriculteur, de l'industrie, du système des prix, des tendances de déplacements personnels de la population, des comportements des groupes socio-économiques. Car les erreurs coutent cher pendant long temps dans ce domaine parce que les infrastructures sont fort durables.

Pour résoudre ce genre de problème il faut évaluer avec soin les potentialités de chaque zone, nombre d'habitants, nature des sols, climat, genre de cultures possibles, prix probable pays aux producteurs etc. et tenter ainsi de prévoir ce qui se passera si l'on résout les problèmes de transport. Pour certains pays le désenclavement des zones rurales isolées est très important, car c'est tout le développement agricole de nombreuses localités qui est en cause. Dans un premier temps, on résout habituellement le problème par des justes améliorations peu couteuses ; bien entendu, si le trafic se développe on passe au besoin à des routes en terre modernes, et même plus tard à des routes bitumées.

CONCLUSION GENERALE

La question de la sécurité alimentaire et de développement rural occupe une place fondamentale dans la stratégie de réduction de la pauvreté dans le monde. A l'heure actuelle avec une crise pétrolière qui secoue la sphère économique mondiale dans sa globalité .les populations des pays non producteurs de pétrole sont exposées à une crise sans précédent, surtout celles de l'Afrique de l'Ouest. De ce point de vue le retour actif vers l'agriculture domine les discours des dirigeants politiques .En effet l'agriculture est un instrument de fondamental pour la réalisation de l'objectif de développement du millénaire qui consiste à réduire de moitié d'ici 2015 la proportion de la population vivant dans l'extrême pauvreté et souffrant de la faim chronique. Puisque les trois quarts des habitants pauvres des pays en développement surtout ceux de l'Afrique de l'Ouest, vivent dans les espaces ruraux, et la plupart d'entre eux tirent, directement ou indirectement, leur subsistance de l'agriculture. Le rapport entre agriculture et monde rural offre des directives aux gouvernements qui peuvent les aider de manière à avoir un réel effet sur la vie de centaines de milliers de ruraux pauvres.

Etant donné le rôle déterminant du secteur agricole la sécurité alimentaire et le développement ne peuvent être cernés en dehors de celui-ci. L'hypothèse le pus plausible qui se dégage de cette analyse est que le secteur agricole reste le point focal, aussi bien sur le plan alimentaire et sur le financement des autres secteurs et il est également un moyen d'allocation des ressources et aussi de freinage de l'exode rural.

Ainsi les réflexions, les propositions d'orientation et des solutions avancées ne suffisent pas ; il faut que nous comptons sur nous-mêmes, de s'avouer de nos faiblesses pour tirer meilleure parti de nos abondantes richesses. Il s'agit pas de constater les maux et de disposer des potentialités et d'espérer mais il faut que chacun (paysans, ingénieurs agronomes, gouvernement, organisations internationales, ONG, partenaires...) ait la volonté d'éliminer la racine du mal.






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