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Exploitation et gestion des ressources naturelles dans l'ile à  Morphil. Etude de cas: l'arrondissement de Cas-Cas (département de Podor)

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par Aliou Wane
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Mémoire de MAITRISE

THEME

Présenté par :

ALIOU WANE

Sous la direction de

Guilgane Faye

Maître Assistant

SOMMAIRE

AVANT PROPOS 3

ACRONYMES 4

INTRODUCTION GENERALE 6

I. PROBLEMATIQUE 9

1.1 Contexte et justification de l'étude 9

1.2 Analyse conceptuelle 12

1.3 Objectifs de l'étude 14

1.4 Hypothèses de recherche 15

II. METHODOLOGIE 15

2.1 Etat de la question 15

2.2 Le travail de terrain 17

2.3 Le traitement des données 19

PREMIERE PARTIE : LE CADRE PHYSIQUE

CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 21

I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE 21

II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 24

CHAPITRE II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION 27

I. LE CLIMAT 27

II.LA VEGETATION 34

CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE 38

I. LES COURS D'EAU 38

II.LES RESSOURCES HYDRIQUES 39

DEUXIEME PARTIE : LES CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES

CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES 46

I. L'HISTORIQUE DU PEUPLEMENT ET L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE 46

II.LA REPARTITION DE LA POPULATION 49

CHAPITRE II : L'EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES 52

I.L'EXPLOITATION DES EAUX DE SURFACE PAR LA PECHE 52

II. L'EXPLOITATION DES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 55

III.L'EXPLOITATION DES RESSOURCES VEGETALES 63

CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DES CONTRAINTES 71

I.LES CONTRAINTES HYDRIQUES 71

II.LES CONTRAINTES PEDOLOGIQUES 73

III.LA DEGRADATION DES RESSOURCES VEGETALES 76

TROIXIEME PARTIE : LES STRATEGIES DE GESTION DES RESSOURCES

NATURELLES

CHAPITRE I : LES STRUCTURES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES. 80

I.LES ACTEURS LOCAUX 80

II. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES 84

III.LES PARTENAIRES EXTERIEURS 87

CHAPITRE II : LES STRATEGIES DE GESTIONS DES RESSOURCES NATURELLES

ET LEURS IMPACTS DANS L'ARRONDISSEMENT 90

I.LES MODES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES 90

II.LES IMPACTS DES FORMES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES 98

CONCLUSION GENERALE 103

BIBLIOGRAPHIE 105

TRADUCTION DES TERMES LOCAUX 108

LISTE DES CARTES 110

LISTE DES PHOTOS 110

LISTES DES GRAPHIQUES 110

LISTES DES TABLEAUX 110

ANNEXES 112

TABLE DES MATIERES 118

AVANT PROPOS

Au mois de septembre 2OOO la Déclaration millénaire des Nations Unies établissait huit objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ces objectifs visaient à donner à la communauté internationale une vision élargie du développement et un cadre référentiel qui lui permettait de mesurer le progrès accompli en matière de développement. Au premier rang de ces mesures, réduire l'extrême pauvreté et la faim, par la gestion des ressources naturelles.

Ce travail d'étude et de recherche (TER), notre premier du genre sanctionne, d'une part des années d'apprentissage au Département de Géographie de l'UCAD, d'autre part, il est une modeste contribution à la recherche sur le développement rural, développement qui rime avec sauvegarde de l'environnement par la réhabilitation des écosystèmes et la gestion des ressources naturelles.

Au Sénégal en général et dans l'île à Morphil en particulier, l'espace rural est caractérisé par une crise écologique compromettant tout développement. L'exploitation des ressources naturelles est exposée à une pression humaine agissant de concert avec les aléas climatiques.

Dés lors, une étude sur la gestion des ressources naturelles dans un tel contexte pour mieux gérer les écosystèmes indispensables aux habitants de l `île à Morphil, permet d'éclairer sur les enjeux actuels et de contribuer à poser les jalons d'un développement durable.

La réalisation de cette étude a été possible grâce à l'appui de Monsieur Guilgane Faye. Nous lui adressons nos remerciements les plus chaleureux et les plus sincères. A ces remerciements, nous associons l'ensemble des professeurs du Département de Géographie. Ceux-là, qui ont participé à notre formation par la qualité de leurs enseignements. Nos remerciements vont également à l'ensemble des personnes qui de prés ou de loin, ont contribué à la réalisation de cette étude.

ACRONYMES

ANA : Agence Nationale de l'Aquaculture

ASC : Association Sportive et Culturelle

ASFO : Action Sanitaire pour le Fouta

AVD : Association Villageoise de Développement

CADL : Centre d'Appui au Développement Local

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CERP : Centre d'Expansion Rurale et Polyvalent

COGEFOR : Comité de Gestion du Forage

CPV : Chef de Poste Vétérinaire

CR : Communauté Rurale

CRDI : Centre de Recherche pour le Développement International

CSE : Centre de Suivi Ecologique

FED : Fonds Européen pour le Développement

FNPJ : Fonds National pour la Promotion de la Jeunesse

FUGIAM : Fédération des Unions de GIE de l'Ile à Morphil

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

GMP : Groupe Motopompe

GOANA : Grande Offensive pour l'Agriculture, la Nourriture et l'Abondance

GPF : Groupement de Promotion Féminine

GRN : Gestion des Ressource Naturelles

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

MARP : Méthode Active de la Recherche Participative

MEPN : Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature

NEPAD : Nouveau Partenaire pour le Développement de l'Afrique

OCB : Organisation Communautaire de Base

ODA : Organisation de Développement Agricole

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PAPFIM : Projet d'Appui aux Femmes de l'Ile à Morphil

PAPEL : Projet d'Appui à l'Elevage

PIP : Projet Intégré de Podor

PIV : Périmètre Irrigué Villageois

PNAE : Plan National d'Action pour l'Environnement

PNAT : Plan National d'Aménagement du Territoire

PNIR : Programme National d'Infrastructure Rurale

POAS : Plan d'Occupation et d'Affection des Sols

RADI : Réseau Africain de Développement Intégré

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RIAD : Réseau d'Initiative et d'Appui au Développement

RN : Ressources Naturelles

SAED : Société d'Aménagement des Eaux du Delta

SODEFITEX : Société de Développement des Fibres Textiles

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

ZAPA : Zone Agro - pastorale à Priorité Agricole

ZAPE : Zone Agro - pastorale à Priorité Elevage

INTRODUCTION GENERALE

Le Sénégal, à l'instar des pays sous-développés très vulnérable au changement climatique mondial, est confronté depuis des décennies à une crise environnementale, provoquée par des phénomènes physiques :

· une dégradation des sols qui entraîne la diminution de leur potentiel agronomique,

· un déficit hydrique qui favorise la raréfaction des points d'eau et la baisse des niveaux des nappes phréatiques,

· une régression progressive du couvert végétal et une disparition de certaines espèces animales (perte de biodiversité animale et végétale).

A ces phénomènes, s'ajoute l'action de l'homme. En effet, la pression humaine, réduit d'une part, les terres cultivables (diminution de 13,33% entre 1980 et 1990 d'après le PNAT de 1994), d'autre part, elle entraîne une augmentation des besoins de consommation et une surexploitation des terres. Ceux qui favorisent l'appauvrissement des sols et un recul de la végétation.

Le Département de Podor, plus précisément l'arrondissement de Cas-Cas, le plus sahélien du Sénégal et qui forme une partie de l'île à Morphil, n'a pas été épargné par cette situation. Il a été fortement touché par les sécheresses successives entraînant une dégradation des ressources naturelles. La mise en service des barrages de Diama en 1986 et de Manantali en 1988, a été perçue comme une nouvelle dynamique positive. Mais l'écologie de la vallée est modifiée par le contrôle des crues et la régulation du débit. La réduction progressive des cultures de décrue et l'extension des aménagements impliquent le recentrage des activités et des économies familiales sur les cultures irriguées.

Par ailleurs, ces problèmes ont déclenché des réactions de la part des populations, des collectivités locales, de l'Etat et des partenaires au développement pour une gestion intégrée. Ainsi, des actions non pas ponctuelles mais pour un développement durable se développent au niveau des trois collectivités locales (Aéré lao, Madina Ndiathbé et Mboumba) que compose l'Arrondissement. L'ile à Morphil est un espace particulier par rapport au reste du Sénégal, où la permanence de l'eau caractérise ce milieu. (Carte 1 : l'ile à Morphil).

Situé dans la région administrative de Saint Louis et dans le département de Podor, l'arrondissement de Cas-Cas s'étend sur une superficie de 3.089 hectares. Il est compris entre les 16°05 et 16°58 latitude nord et les 14°06 et 14°55 longitude Ouest avec les limites suivantes :

· Au Nord par le fleuve Sénégal,

· A l'Est par la communauté rurale de Pété

· A l'Ouest par les communautés rurales de Dodel et de Gamadji Saré,

· Au Sud par la communauté rurale de Lougué Thioly

Existant depuis le XVIII siècle, l'appellation Cas-Cas serait une déformation du nom originel « kasga» (utilisé par les villageois) par l'administration coloniale. En 1960 avec l'indépendance, l'ancien canton devient un arrondissement, d'ailleurs, il est avec Saldé (arrondissement) et Podor (commune) les seules structures administratives de l'île à Morphil marquée par l'inaccessibilité pendant une partie de l'année.

En effet, l'arrondissement de Cas-Cas a une vocation essentiellement agricole en raison de ses importantes potentialités hydriques et foncières. Les populations dépendent de l'exploitation des ressources naturelles (eau, sol et végétation) qui assure la couverture de l'essentiel de leurs besoins.

Les résultats de la recherche sont ainsi présentés dans trois parties. La première partie est consacrée au cadre physique pour faire une présentation de la zone d'étude ainsi que le diagnostic de ses ressources naturelles. La deuxième partie examine les caractéristiques socio-économiques : la population, l'exploitation des ressources naturelles et leurs contraintes ; les stratégies de gestion des ressources naturelles font l'objet de la dernière partie.

I. PROBLEMATIQUE

1.1 Contexte et justification de l'étude

Les ressources naturelles ont une grande importance dans le développement des sociétés et leur mise en valeur constitue un véritable enjeu. En effet, ce sont des éléments du milieu physique que les hommes utilisent pour satisfaire directement ou indirectement leurs besoins alimentaires domestiques et monétaires (Mercoiret, 1994)1(*).

Aujourd'hui, la question de l'environnement est d'actualité en raison des menaces (érosion, sécheresse, inondation ...) qui pèsent sur les ressources naturelles et les populations qui en sont tributaires. En l'occurrence, elle se manifeste dans le Sahel par une fréquence des années déficitaires en eau météorique (déficit spatio-temporel) entraînant des conséquences graves sur le milieu physique. Il s'y ajoute les actions anthropiques notamment les activités, que sont : l'agriculture, la pêche, la chasse et l'élevage contribuant à la destruction du potentiel naturel selon le degré d'exploitation.

Le Sénégal, pays essentiellement agricole du fait de, l'importance de la population occupée par le secteur primaire (plus de 60 %) et la part importante de ce secteur dans le PIB national, n'est pas épargné par cette crise environnementale. Selon une étude faite en 1997 par le MEPN (Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature), l'état des ressources naturelles est désolant. Le diagnostic révèle les résultats suivants :

- un appauvrissement des sols lié aux cultures de rente,

- une dégradation des forêts,

- une régression de la faune,

- une diminution en eau.

Entre autres, les espaces riverains du fleuve Sénégal inclus dans le domaine climatique Sahélien ont présenté depuis longtemps une situation similaire. Pendant la période 1968 - 1985, la péjoration climatique qui s'accentue, se traduit d'une part par une réduction de la pluviométrie, d'autre part par une faiblesse de la crue. Ceci est à l'origine des modifications perceptibles dans le fonctionnement du milieu naturel mais elles ont affecté aussi les activités primaires par une réduction de leur potentialité. D'ailleurs, c'est ce qui a justifié l'édification des deux ouvrages hydrauliques à savoir : le barrage de Diama (en 1986) et celui de Manantali (en 1988) pour répondre aux préoccupations des populations et la transformation des écosystèmes originels.

Seulement, cette mise en valeur a rendu la vie de bien des habitants de la vallée plus précaire encore que par le passé ; ceux que les coûts élevés des cultures irriguées excluent des périmètres ne trouvent plus de recours dans le Walo, alors que cultures, pâturages et reproduction des poissons sont perturbés.

Cette dégradation dramatique de l'environnement qui n'a fait qu'évoluer dans le temps, a progressivement occasionné une prise de conscience de l'humanité dans ses rapports avec la nature. L'homme se pose désormais des questions sur son avenir et celles des ressources naturelles auxquelles, il dépend. La préservation de l'environnement, la lutte contre la pauvreté et le développement économique forment ensemble un élément incontournable.

Ainsi, l'émergence des préoccupations liées aux problèmes environnementaux se matérialise par de multiples conventions et traités dont la finalité est de promouvoir, non pas des actions ponctuelles mais un développement durable. Parmi les conventions les plus significatives, on peut citer à l'échelle planétaire :

- la Convention Internationale de Londres du 06 novembre 1933 suivit par celle d'Alger de 1968 qui avait longuement statué sur les crises environnementales,

- le rapport de Brundtland publié en 1987 par la commission mondiale sur l'environnement qui a défini la politique nécessaire pour parvenir à un développement durable,

- récemment, la Conférence de la terre de Rio en 1992, l'Assemblée Générale de l'UICN en Mars 1997, la signature du Protocole de Kyoto et le plan d'action sur l'environnement du NEPAD (2002), sont un gage d'un équilibre entre l'homme et la nature.

Au plan local, la protection et la gestion des ressources naturelles se traduisent, d'abord par une signature à ces différents traités, ensuite par l'élaboration et l'adoption de politiques nationales, pour une meilleure gestion des problèmes environnementaux. On peut citer en exemple :

- le transfert des compétences en matière de gestion des ressources naturelles avec la loi sur la décentralisation de 1996.

- des instruments ou documents de planification : le PNAT, le PNAE, le PAN/LCD, le document d'orientation générale du Ministère de l'environnement et de la protection de la nature.

Ces actions, projets ou programmes, conçus et mis en oeuvre pour inverser la tendance, malgré quelques résultats encourageants n'ont pu stopper ce processus de dégradations de l'environnement d'une manière définitive. Dés lors, l'adoption d'un processus participatif et décentralisé en matière de gestion des ressources naturelles et de l'environnement, en phase avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), établi par les Nations Unies en vue de réduire la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie d'ici à 2015, s'impose.

C'est cela qui explique le choix du sujet de notre mémoire d'étude intitulé :

« Exploitation et gestion des ressources naturelles dans l'île à Morphil. Etude de cas : l'arrondissement de Cas-Cas ».

Il se veut comme plusieurs études, une contribution au combat pour la sauvegarde de l'environnement, par la réhabilitation des écosystèmes. La gestion des ressources naturelles de l'environnement est loin d'être une théorie encore moins une option. Elle est la seule voie possible, tant les atteintes à l'environnement aggravent la pauvreté et l'insécurité alimentaire, les conflits d'accès et d'usages des ressources alimentent l'instabilité sociale, politique et économique. Ainsi, la Vallée du fleuve Sénégal a fait l'oeuvre des études scientifiques tant des chercheurs et spécialistes que de disciplines satellites (sociologie, histoire, géographie...). Toutefois, peu d'auteurs ont accordé une importance particulière à l'île à Morphil incluse dans la moyenne vallée.

Coeur historique du Fouta, enfermée entre le fleuve Sénégal au nord et la rivière de Doué au sud, l'île à Morphil est la plus grande île du Sénégal avec une superficie de 1250 km2. Ainsi, le Doué principal défluent (bras d'un cours d'eau) du Sénégal, long de plus de 200km est un cours d'eau permanent parallèle au cours du fleuve en aval de Kaédi, avant de le rejoindre à Podor. La zone prise en tenaille entre les eaux douces « hakkuddé  majjé » est notre zone d'étude. La toponymie « île à Morphil » révèle d'ailleurs l'ancien commerce de l'ivoire signe d'une grande diversité floristique et faunistique. Elle se distingue par la disponibilité de deux ressources : la terre et l'eau. Mais la pauvreté et la dégradation des ressources naturelles stagnent l'essor de ce milieu.

Du point vue administratif, notre espace d'étude se circonscrit à une partie de l'île localisée dans le département de Podor et plus précisément l'arrondissement de Cas-Cas formant même le coeur de ce milieu. Elle regroupe 88 583 habitants répartis en trois communautés rurales (carte 2) : Aéré Lao (38 967 habitants), Mboumba (19 505 habitants) et Madina Ndiathbé (30 113 habitants).

Carte 2: Situation de l'Arrondissement de Cas-Cas

Source : CSE, 2009

Notre choix se porte volontairement aux villages situés à l'intérieur de l'île pour prolonger ainsi, la recherche et le débat sur le développement rural et ou local.

1.2 Analyse conceptuelle

La question de la gestion des ressources naturelles est devenue l'axe central du débat sur le développement rural face aux multiples mutations enregistrées durant ces deux dernières décennies au Sénégal et plus particulièrement dans la moyenne vallée du fleuve.

Cependant, les concepts et les définitions utilisés en liaison avec le développement rural en général et la gestion des ressources naturelles en particulier au Sénégal, se trouvent en pleine mutation et peuvent se prêter à des confusions, voire à des interprétations différentes. C'est pourquoi dans le cadre de notre étude, nous entendons les définir.

Dans un passé récent, la notion de ressources naturelles (RN) retenait surtout la composante végétale telle que la végétation arborée, arbustive, ainsi que les plantes annuelles ou vivaces. Cette situation était due à l'appropriation du terme par les forestiers.

Alors que, les économistes s'intéressant plus à la notion de rentabilité et de productivité, distinguent deux types de ressources naturelles en fonction des données fondamentales de l'écologie : les ressources renouvelables (eau, vent et soleil) et les ressources non renouvelables (gisement minier, sol...). Mais cette distinction n'est pas toujours aussi nette. En matière agricole, les récoltes peuvent se répéter d'années en années, à condition que la fertilité des sols se maintienne.

Ibrahim Nahal (1998)2(*) offre une vision plus globale qui englobe l'ensemble des ressources naturelles d'un pays, qui sont :

- les ressources physiques : climat, sol, eau,

- les ressources biologiques : population humaine, végétation, animaux,

- les ressources en énergie : humaine, solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, nucléaire et aussi l'énergie de source minérale et la biomasse,

- les ressources humaines et institutionnelles.

La plupart des ressources naturelles sont, au moins en partie, renouvelables. Les ressources minérales de la Terre sont considérées comme non renouvelables.

Dans le cadre de notre étude, la notion des ressources naturelles retient : la végétation, la faune, l'eau et le sol qui composent les écosystèmes vivants. Ce sont par essence, des ressources communes dont l'exploitation et surtout la préservation, incombent à la communauté.

Le concept de gestion des ressources naturelles fait davantage référence aux façons dont les ressources sont utilisées par une communauté ou un Etat pour des objectifs de productions forestières, agricoles, halieutiques ou pastorales. Il s'apparente aux notions d'aménagement du territoire ou d'organisation de l'espace, tout en ayant une portée plus vaste. Il inclut toutes les formes d'interventions dans l'environnement ayant pour finalité l'utilisation optimale d'un environnement donné, dans la perspective d'un développement durable, qui permettra de satisfaire les besoins actuels tout en préservant ceux des générations futures.

L'expression « exploitation des ressources naturelles » souvent employé au sujet de tout un ensemble des ressources extraites de l'environnement naturel, désigne ici les formes de mise en valeur développées dans l'île à Morphil. En effet, l'exploitation des ressources naturelles constitue à la fois un important levier pour l'amélioration des revenus des familles pauvres, un enjeu d'aménagement du territoire et un défi en termes de préservation des ressources renouvelables.

1.3 Objectifs de l'étude

A- Objectif général

Cette étude a pour objectif essentiel de s'intéresser au savoir et savoir-faire des populations de cette localité, en matière d'exploitation et de gestion des ressources naturelles. Il s'agit d'analyser les stratégies qu'elles ont élaborées en rapport avec leur situation économique et leur mode de vie. Car la mise en valeur de ces ressources y demeure toujours un des principaux enjeux de développement. Ce qui permettra de rendre intelligibles les modes d'organisation de l'île à Morphil, de mettre en évidence les logiques d'actions propres aux exploitants, ainsi que les capacités de réactions et d'innovations des ruraux face à des modifications environnementales, économiques et socioculturelles.

B- Objectifs spécifiques

De façon spécifique, cette étude vise trois objectifs :

- faire un diagnostic des ressources naturelles par un inventaire et une évaluation à travers le processus de dégradation et les contraintes qu'elles ont subies,

- montrer la relation qui existe entre les populations et les ressources tout en tenant compte des modes d'exploitation développés,

- dégager les stratégies de gestion adoptées par les acteurs présents susceptibles de s'insérer dans une orientation non seulement écologiquement mais socialement durable.

1.4 Hypothèses de recherche

Pour atteindre ces objectifs, on a retenu les hypothèses suivantes :

- l'île à Morphil a subi les effets néfastes de la crise écologique liée aux changements naturels et l'intervention de l'homme qui ont affecté les sols, la végétation, la faune ainsi que la santé humaine et animale,

- il existe des procédés traditionnels d'exploitation des ressources qui ont survécu et se sont adaptés à ces bouleversements,

- des actions de gestion ont nécessité une approche participative en matière de gestion des ressources naturelles.

Ces hypothèses ont conduit à la méthodologie suivante.

II. METHODOLOGIE

En vue de réaliser ce travail, nous avons adopté une méthodologie, une démarche en trois phases.

2.1 Etat de la question

Il s'est effectué dans les différents centres de recherches comme : la Bibliothèque Universitaire, le CRDI, le Centre Suivi Ecologique, le Laboratoire de géographie humaine, l'Agence Nationale des Statistiques et de la Démographie, la Direction de la météorologie nationale et l'IRD (ex : ORSTOM). Au cours de cette étape, nous avons consulté des documents se rapportant à notre thème et zone d'étude.

Cette première phase, nous a permis de comprendre l'état des ressources naturelles dans le monde en général et au Sénégal en particulier, ainsi que la nécessité de mettre en place une stratégie de gestion concertée. La plupart des auteurs ont lancé un véritable cri d'alarme face au stade avancé de la détérioration de ce support des sociétés.

Le principal constat par rapport à cette question, est l'abondance de la littérature sur les ressources naturelles. Cela s'explique sans doute, par l'ancienneté de la question par la dépendance des populations à ces ressources.

Les divers auteurs expliquent que les motivations pour la gestion des ressources naturelles comme étant les principes fondamentaux des populations rurales, il y va de leur survie (les ressources naturelles assurent la satisfaction des besoins humains et animaux).

Ainsi, il existe des interactions dynamiques entre l'être humain et la biosphère, qui sont en perpétuelle évolution. C'est le cas notamment, des trois volumes sur la : « Conservation et utilisation durable de la biodiversité agricole », publié en 2005 par le CIP-UPWARD. Dans le même ordre d'idée, nous pouvons citer l'ouvrage de Baechler en 1996 : «  Recherche Sahélienne : analyse d'un monde en mutation ».

D'une manière plus engagée, d'autres évoquent la domination croissante de l'homme sur son environnement, qui suscite de nombreux conflits entre les objectifs humains et les processus naturels. Il arrive souvent que s'opposent des plans axés sur les profits à court terme et des projets à long terme. A ce titre, ces soucis ont été développés par Brian Adams en 2000, dans son ouvrage : «  Quel avenir pour la Vallée ? », de même que Philippe Engelhard et Taoufik ben Abdallah en 1986 dans : «  Les enjeux de l'Après barrage : vallée du Sénégal ». La mise en oeuvre des barrages dans le fleuve Sénégal, loin de favoriser un développement harmonieux des populations autochtones, a déstabilisé le milieu et la complémentarité entre les trois secteurs : agriculture, élevage et la pêche.

Les obstacles à la gestion de ces ressources ont été abordés par la plupart des mémoires de Maîtrise relatif à ce sujet, à l'instar de celui de Thiao (2006) : «  La gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Ndiaffate » et de Diatta (2001) : «  Gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Kounkané ». Selon ces auteurs, le non prise en compte des populations dans la gestion des ressources naturelles a accentué leur dégradation.

Cependant, les auteurs ne se sont pas seulement limités à l'identification des obstacles. Mieux, ils ont tenu à proposer un certain nombre de solutions parmi lesquelles la prise en compte de la dimension endogène dans les politiques de conservation de la biodiversité. C'est ainsi que, Guy Bésette (2007) prône la communication participative pour le développement et la gestion des ressources naturelles. Les outils de communication tels que : la radio, la télévision, le théâtre, le sketch devraient relancer les processus de gestion des ressources par un partage d'expérience. Abordant dans le même sens, en 2006, Stephen Tyler dans : «  La cogestion des ressources naturelles : réduire la pauvreté par l'apprentissage local » exige un accord de collaboration par lequel les collectivités utilisatrices des ressources locales, les instances gouvernementales supérieures et locales, d'autres intervenants notamment de l'extérieur partagent la responsabilité et l'autorité de la gestion des ressources naturelles en question par une gamme d'entente, allant des accords juridiques officiels négociés à l'échelon politique, aux engagements pragmatiques pris à l'amiable.

Cette phase a aussi permis de comprendre la nature des ressources et de mieux assurer leur protection sur ce point également la littérature est très abondante et la plupart des ouvrages consultés mettent l'accent sur la distinction entre ressource renouvelable et ressource non renouvelable.

Par ailleurs, cet état de la question a permis de faire une analyse conceptuelle. Et dans cet exercice. Les ouvrages de  Nahal (Ibrahim) en 1998 : « Principes d'agriculture durable », de Yves Colombel (1998) : «  L'agriculture dans le monde », ainsi que les encyclopédies et les dictionnaires de géographies, dont ceux de Yves Lacoste (2003) et de Pierre George (1993) ont été d'un grand apport, car ils ont facilité la compréhension de certains termes.

Il convient de souligner le manque d'ouvrage spécifique, à notre zone d'étude. Cependant des publications sur la moyenne Vallée sont assez nombreuses, ainsi les ouvrages de : Bovin et al (1995) : « Nianga : Laboratoire de l'agriculture irriguée dans la Moyenne Vallée du Fleuve Sénégal » ; Déme (1991) : « Evolution climatique et processus de mise en place du peuplement dans l'ile à Morphil », nous ont permis d'avoir quelques informations sur notre localité.

La deuxième étape de cette étude a été la collecte des données

2.2 Le travail de terrain

Nous l'avons scindé en deux étapes :

- La première étape est celle de la visite de prospection et d'enquête en même temps qui s'est déroulée en juillet 2009, ce fut l'occasion de prendre contact avec les personnes ressources en particulier : le sous-préfet, le chef de CADL, les présidents de communautés rurales et les chefs de villages.

- La deuxième étape qui a eu lieu en Octobre a permis de réorienter et de valider certaines questions.

ü La méthodologie d'enquête

En vue de réaliser ce travail sur le terrain, les instruments de collecte de données que sont les outils de la Méthode Active de la Recherche Participative (MARP), ont été adoptés :

· L'interview semi structurée.

Il concerne directement les personnes ressources (chef de village, sous-préfet, président de communauté rurale) de la zone. Nous avons fait un échantillonnage au 1/5 pour choisir 15 villages parmi les 75 que polarise l'arrondissement de Cas-Cas. Ce choix fut guidé par les critères tels que :

- Village se situant à l'intérieur de l'île à Morphil,

- La taille de la population et sa situation socio-économique,

- La présence d'une activité et ou d'une ressource naturelle spécifique.

Tableau 1 : Les villages cibles pour le guide d'entretien

Villages cibles

Population (habitants)

Aéré lao

9 039

Barangol

549

Boki

2009

Cas-Cas

3 324

Dioudé Diabé

1 743

Dounguel

1 452

Fondé Elimane

616

Madina Ndiathbé

3 503

Mboumba

4 376

Saré-Souki

636

Siouré

884

Souraye

421

Thioubalel lao

1 725

Wallaldé

2 071

Windou Boki

228

· L'enquête ménage

Elle a permis d'avoir des réponses sur la question des ressources naturelles. Du fait que, les trois communautés rurales (Aéré lao, Madina Ndiathbé et Mboumba) qui regroupent l'Arrondissement de Cas-Cas sont situées en dehors de l'île à Morphil, l'enquête ménage ne les concernent pas. Ainsi, nous avons échantillonné dans les 12 villages cibles pour obtenir le nombre de chefs de ménage à interroger. Sur 1 884 chefs de ménage, nous avons choisi 1/12 soit : 157 chefs de ménages répartis comme suit :

Tableau 2 : Les villages de l'échantillon enquête ménage

Villages cibles

Nombre de chefs de ménages

Nombre de chefs de ménage à interroger

Barangol

55

4

Boki

213

18

Cas-Cas

422

35

Dioudé Diabé

218

18

Dounguel

166

14

Fondé Elimane

71

6

Saré-Souki

80

7

Siouré

92

8

Souraye

63

5

Thioubalel lao

249

21

Wallaldé

233

19

Windou Boki

22

2

Total

1 884

157

Ces deux instruments sont complétés par le diagramme de Venn, la pyramide des problèmes, la matrice de classification des espèces végétales, le diagramme des flux et des observations directes.

2.3 Le traitement des données

Les données quantitatives recueillies sur le terrain ont été traitées à l'aide du logiciel SPHINX et du tableur EXCEL, notamment pour le calcul des pourcentages, fréquences et moyennes. Ils ont également servi dans la confection des graphiques et des tableaux. Pour la rédaction du document, c'est principalement le traitement de texte WORD qui a été utilisé.

La vallée du fleuve Sénégal est caractérisée par une variété des paysages. Et « l'île à Morphil » partie très septentrionale, incluse dans ce milieu, apparaît comme une sorte d'immense oasis au milieu du Sahel,  Dans cette première partie, nous traiterons le cadre physique pour faire un diagnostic des ressources naturelles. Le relief et la géologie sont étudiés au chapitre I, tandis que le chapitre II fait état du climat et de la végétation. L'hydrographie est l'objet du chapitre III.

CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES

Le Quaternaire se caractérise par des changements climatiques, des variations du niveau marin, plusieurs cycles d'érosion pluviale et des dépôts alluvionnaires, qui ont donné à de nombreux changements dans le cours du fleuve Sénégal et dans la dynamique, qui distinguent la morphogenèse de la moyenne vallée. L'évolution géomorphologique de l'île à Morphil est strictement liée aux paléoclimats et aux variations du niveau de la mer, qui ont déterminé plusieurs épisodes morphoclimatiques.

Les conséquences de cette évolution ont été étudiées par Pierre Michel (1973).Plus tard M.Sall (1982), Sow (1984), récemment A.Diagne (1995) et Corréa (2006) ont repris certaines conclusions de ces études géomorphologiques pour caractériser l'écoulement dans le bassin du fleuve Sénégal.

Ces différents travaux vont être nos principales sources pour retracer l'histoire géomorphologique de cette zone.

I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE

C'est durant le Quaternaire ancien que le fleuve a creusé sa vallée et c'est surtout au cours du Quaternaire récent que les différentes unités géomorphologiques se sont individualisées pour donner à la vallée une topographie très basse mais aussi très diversifiée.

1.1 L'évolution géomorphologique ancienne

Le bassin versant du fleuve Sénégal présente une diversité de roches, de natures et d'âges différents. Il laisse apparaître deux ensembles définis par l'âge et la mise en place des roches affleurantes : dans le haut bassin (Fouta Djalon, Bakel) domine des roches du socle précambrien et de sa couverture paléozoïque, dans la moyenne vallée les roches sédimentaires du secondaire et du tertiaire sont souvent masquées par des dépôts quaternaires.

Au cours du Quaternaire ancien, l'incursion de la mer est assez limitée. L'épisode y est représenté par des grès et des calcaires à stratification entrecroisée riches en foraminifère. Il est caractérisé par une mer peu profonde, chaude et agitée dans laquelle se développe une faune abondante et variée (huître, oursins, balanes).

Le sommet du pléistocène (40 000 ans BP - 14 000 BP) est marqué par la succession d'un pluvial et d'un aride. La phase humide est intervenue entre 40 000 ans BP et 30 000 ans BP. Elle accompagne la transgression Inchirienne. Le niveau marin se releva jusqu'à - 20 m au cours de cette transgression (40 000 ans BP - 30 000 ans BP). Les dépôts sont de type margino-littoral, à faune côtière. L'épisode aride correspond à la transgression post-Inchirienne (20 000BP - 12 000BP), le fleuve creuse son lit dans les grès du Continental Terminal. Durant cet épisode climatique sec, l'entaille atteint - 28 m et se forme la nappe alluviale et des graviers de sous berge.

1.2 Le Quaternaire récent

Le Quaternaire récent est de loin la période la mieux connue. Il a été marqué par d'importants changements climatiques associés à des variations du niveau marin (holocène). L'évolution s'établit de la manière suivante :

· La période aride de l'Ogolien (20 000 ans BP). Des dunes longitudinales d'orientation nord-est / sud-ouest barrent la vallée à la hauteur de Kaédi, rendant le régime du fleuve endoréique. C'est le premier remblai sableux.

· La période plus humide du Tchadien (12 000 à 7 300 ans BP). Le climat redevient humide et favorise une formation des lacs et des marécages. Dans les dépressions interdunaires, il se forme des dépôts de tourbes ligneuses continentales. Le retour de pluies favorise la ferrugination des sols, notamment sur les dépôts Ogoliens et un second remblai sableux s'ensuit,

· La transgression Nouakchottienne (7 000 ans BP - 4 000 ans BP) va créer de nombreux golfes dans les vallées et les interdunes. Elle déplacera et positionnera le littoral des fonds de -50 m jusqu'à des côtes voisines du niveau actuel. Les matériels mis en place sont remodelés, formant ainsi les dépôts des hautes levées et des terrasses du Nouakchottien. Ces dépôts sont caractérisés par une faune avec en particulier un développement important des mollusques tels que : Anadara senelis, Dosinia isocardra, Cerasoderma edule. Le rivage est bordé de mangroves dont le développement est favorisé par des eaux troubles, faiblement agitées, par des températures de l'ordre de 20°C et un bon ensoleillement. Durant cette période marine, une importante terrasse de sable fin s'est mise en place dans la vallée alluviale, que l'on rencontre vers 1 m de profondeur dans toute la moyenne vallée avale. Le Tafolien (4 200 ans BP) édifie des cordons littoraux riches en minéraux lourds sur le littoral du Sénégal,

· Vers 2 500 ans BP le fleuve remplace la mer dans la moyenne vallée aval et dans la basse vallée, tandis que des dépôts fluvio-deltaiques se forment dans le delta qu'une lagune occupe à l'ouest. La régression qui a suivi aurait à peine abaissé le niveau marin en dessous du niveau actuel. Cette phase sèche s'est manifestée aussi par une recrudescence de l'action éolienne favorisant la formation des dunes littorales semi-fixes. Simultanément, le fleuve a considérablement accru ses sinuosités. Les dunes littorales sub-actuelles ont été fixées par la végétation dans leur migration vers le Sud-est lors d'une légère pulsation qui se serait produite au Moyen Age. A l'actuel, une nouvelle donne modifie le fonctionnement du fleuve : les barrages qui tempèrent les conditions de sédimentation et l'érosion fluviale dans des proportions encore difficile à évaluer. (Albert Diagne, 1995)3(*).

1. 3 Les modelés actuels

Ces différents épisodes ont permis la mise en place d'un micro-relief très enchevêtré qui compartimente le lit majeur du fleuve en de multiples cuvettes plus ou moins vastes. Ces changements climatiques et les comportements du fleuve qui leur ont été associés, permettent de distinguer les unités géomorphologiques suivantes :

- les cordons dunaires de Diéri, d'orientation NNE-SSW, héritage de l'Ogolien. Ces formations dunaires sont entrecoupées par de larges dépressions,

- les terrasses Nouakchottiennes ou « Jéjégol », ce sont des bas glacis désignant des formations de transition entre Diéri et Walo, correspondant à des terres rarement inondées,

- les hautes levées anciennes ou « fondé », elles ont été mises en place pendant la période Tchadienne. Ce sont des bourrelets de berges, c'est à dire des levées fluviatiles édifiées par le fleuve,

- les levées récentes ou « Diacré » et « Falo », elles correspondent respectivement à des formations sub-actuelles et à des formations actuelles. Elles sont issues du sapement des levées qui gainent les lits du fleuve Sénégal et de ses défluents et se localisent généralement dans les parties concaves des méandres.

- les cuvettes de décantation ou « hollaldé », elles sont issues en contrebas des hautes levées et occupent d'assez grandes superficies pouvant dépasser des dizaines, voire des centaines de km2. Sur le terrain, nous pouvons remarquer que les cuvettes ont des topographies différenciées. C'est ainsi qu'il est possible de les subdiviser en parties « basses » (centre de la cuvette), « moyenne » et « haute » (périphérie au contact avec les levées).

II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES

La différenciation des sols dans l'arrondissement de Cas-Cas est essentiellement basée sur leur position topographique (drainage, déflation, accumulation), elle se traduit directement par des variations de texture illustrées par la carte des sols (carte 2).

Carte 3 : Les sols de l'Arrondissement de Cas-Cas

Source : CSE, 2009

2.1 Les sols hydromorphes à pseudo-gley

Il s'agit des sols situés dans les petites levées et les cuvettes de décantation que les habitants appellent familièrement « Hollaldé ». Selon la SAED4(*), ils renferment 70% de la zone Walo (ensemble des terres inondables situés entre le fleuve Sénégal et le Doué). Sièges de décantation des sédiments apportés par la crue (sols saisonnièrement soumis à l'inondation), les « hollaldé » sont composés de vertisols. Le taux d'argile est très élevé.

A cause de leur texture fine, leur comportement hydrique est marqué par une rétraction à l'état sec et un gonflement à l'état humide. Il existe également un sol qui tire vers le « hollaldé » dénommé « faux hollaldé », car caractérisé par une texture limoneuse argileuse à argileuse ferrugineuse avec une forte proportion de sables fins et de sables grossiers.

2.2 Les sols bruns subarides

Il s'agit de sols silico-argileux humifères (sols de fondé) qui occupent 30 % de l'île à Morphil selon la SAED. Bruns à bruns clairs, ces sols sont constitués de sable fin et de limons. Le taux d'argile, qui est moyen en surface devient faible dans les horizons médians et de profondeur.

2.3 Les sols bruns rouges subarides

Ces terres se développent sur d'anciens cordons dunaires, héritage de l'Ogolien. Ils représentent l'ensemble des terres non inondables de la moitié sud du territoire de l'arrondissement. Du fait de leur porosité et leur potentialité en eau très faible, ces sols sont meubles et sableux.

2.4 Les autres types de sols

Il s'agit des sols moins représentés et parfois dispersés dans l'espace. A ce titre, on note les sols sablo-argileux localisés dans les « Diacré » (formations subactuelles), ainsi que les sols sableux dans les « Falo » (les berges de fleuve). Ces sols sont particulièrement utilisés dans les constructions.

Par ailleurs, des sols un peu particuliers se distinguent par taches dans l'espace : le « wakadjidiou » (sol brun rouge), le « ndoudaldi » (brun clair), le « korbalé » (sablo-argileux), le « walléré » (sol noir clair). Ils ont un caractère en commun : l'infertilité.

*

* *

La géomorphologie et la pédogenèse de la vallée du Sénégal sont intimement liées. Du Quaternaire ancien au Quaternaire récent, de l'Ogolien (21 000 ans BP - 13 000 ans BP) au Tafolien (2 500 ans BP), l'île à Morphil a connu des fluctuations climatiques marquées par l'alternance de séquences arides et de séquences humides.

Ces changements climatiques et les bouleversements du régime hydrologique ont mis en place des unités géomorphologiques (cordons dunaires, hautes levées, cuvette de décantation), qui portent des sols variés adaptés à certains systèmes et types de cultures. Le tableau 3 met en corrélation ces différents éléments.

Tableau 3 : Sols et aptitudes culturales

Localisation

Topographie

Sols

Aptitude culturale

Bourrelet de berges (Fondé)

Hautes levées (topographie régulière rarement inondée)

Fondé texture moyenne à légère

Polyculture

Zone intermédiaire entre les cuvettes et les hautes levées

Topographie régulière moyennement haute parfois inondée

Texture moyenne

Polyculture et riziculture

Cuvette de décantation

Terres basses topographies irrégulières

Hollaldé texture fine à très fine, argilo limoneuse

Riziculture

Source : enquête de terrain 2009

En somme, l'île à Morphil est un milieu peu contrasté de par sa géomorphologie et ses ressources pédologiques, qui supportent une végétation variée et un climat sahélien.

CHAPITRE II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION

Le climat est une donnée fondamentale des ressources naturelles. Il joue un grand rôle dans la vie des hommes et sur l'évolution du milieu physique. Facteur écologique de grande importance, le climat influence directement la végétation, ainsi que les activités rurales. L'île à Morphil insérée dans le domaine climatique sahélien, est caractérisée par une pluviométrie irrégulière.

Notre étude se portera en premier lieu sur le climat et son évolution, et dans un second temps, sur les ressources végétales de l'île à Morphil.

I. LE CLIMAT

« Le climat est un élément variable dans le temps et dans l'espace ...Le climat est un élément régulateur de la vie sur terre. Il favorise le développement de plusieurs activités : agriculture, élevage, pêche » (Sagna, 2005)5(*). Dés lors, il conditionne l'existence des ressources naturelles. La moyenne vallée du Sénégal où se localise l'arrondissement de Cas-Cas, se particularise par un climat de type sahélien.

Ici, le climat se singularise par : l'alternance d'une saison sèche de 9 à 10 mois et d'une courte saison pluvieuse concentrée sur 2 à 3 mois (juillet - septembre), des températures relativement élevées pouvant atteindre 40 ° C et des précipitations annuelles faibles largement inférieur à 500 mm.

1.1 Les mécanismes du climat

Trois centres d'actions déterminent ce climat : les deux premiers (anticyclone des Açores et de Saint Hélène) d'origine dynamique, se trouvent dans l'océan Atlantique nord et sud, le troisième d'origine thermique et saisonnier (anticyclone Saharo-libyen), se situe au-dessus du Sahara.

Au Nord-Ouest, l'anticyclone des Açores envoie un vent frais et humide qui, au fur et à mesure, qu'il pénètre dans le pays, devient chaud et sec, mais pendant l'hiver grâce au renforcement de la circulation dans l'hémisphère nord, le centre d'action s'active davantage et envoie de la fraîcheur dans l'ensemble du pays. C'est ainsi que, pendant cette période de l'année, le climat est dans l'ensemble frais et sec dans l'Arrondissement.

Par ailleurs, à partir du mois de Mars, le climat subit l'influence de l'anticyclone Saharo-libyen. Pendant cette période, le climat se caractérise par la chaleur, et cela à cause de la présence de l'harmattan, un vent chaud et sec en provenance de l'Est.

En plus, de la présence de l'harmattan, cet espace est souvent balayé par des rafales de vent qui s'accompagnent de poussières rouges rendant la visibilité très délicate.

A partir du mois de Juin, le climat est sous l'influence de l'anticyclone de Saint Hélène au Sud, qui avec les lignes de grains provenant de l'Est, entraînent la pluie si toutes les conditions sont réunies. Ces différents centres d'actions caractérisent les éléments du climat.

1.2 Les éléments du climat

Les éléments qui déterminent le climat sont : les vents, les températures, l'humidité relative, l'évaporation et l'insolation.

1.2.1 Les vents

Les centres d'actions donnent naissance à deux types de vents qui arrivent dans l'arrondissement selon deux secteurs : Nord-est et l'Ouest.

Tableau 4 : Direction et vitesse moyenne du vent à la station de Podor normale 1979 - 2008

Source : Direction Nationale de la Météorologie

Il ressort de l'analyse du tableau 4, que les moyennes les plus élevées se rencontrent en saison sèche. Le maximum est étalé sur 5 mois (Décembre à Avril) avec une moyenne supérieure à 2,8 m/s (période de l'harmattan) où les vents de Nord à Nord-est dominent. Un maximum secondaire est enregistré au début de la saison des pluies (juin et juillet avec respectivement 3,1 et 3,4 m/s) avec le développement des flux de la mousson. Le minimum se situe en Octobre, avec 2,1 m/s. Cependant, deux flux d'air intéressent notre zone d'étude.

1.2.1.1 Les Alizés

Il s'agit de deux Alizés de natures différentes : l'Alizé maritime issu de l'anticyclone des Açores qui amène fraîcheur et humidité dans l'arrondissement et l'Alizé continental qui est saisonnier. Mais l'impact de l'Alizé continental, issu de l'anticyclone Saharo - libyen, chaud et sec avec des températures élevées, est plus déterminant. Dénommé, Harmattan ce vent est responsable « des vents de sable » qui entraîne une intense déflation éolienne.

1.2.1.2 La Mousson

Le flux de mousson originaire de Saint Hélène, traverse notre zone d'étude chargée d'humidité susceptible de déclencher des pluies. Cette masse d'air détient une hygrométrie importante et c'est d'elle que provienne la majorité des précipitations.

1.2.2 Les températures

Le tableau des températures moyennes mensuelles affiche des valeurs élevées. Elles sont toujours supérieur à la moyenne (22,5°C) de Mai à Octobre et atteignent des maxima de 25°C à 27°C pour les mois d'Août et Septembre : l'île à Morphil est un milieu de chaleur constante.

De Novembre à Avril correspondant à la saison sèche (minimum en Janvier et Février), la température diminue pour connaître une hausse, au fur et à mesure, que la saison pluvieuse s'installe. Cette chaleur permanente avec une pluviométrie faible influent sur le milieu.

Tableau 5 : Température moyenne mensuelle (en°C) à la station de Podor la normale

1979 à 2008

Périodes

Janv

Fev

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Sept

Oct

Nov

Déc.

Moyenne

1979/1988

17,7

17,7

21,5

24,5

27,1

27,4

27,3

27,7

27,9

26,9

22,7

18,7

23,9

1989/1998

16,5

18,8

20,0

21,4

24,3

24,9

24,9

25,1

25,4

24,5

21,0

17,6

22,0

1999/2008

15,8

17,5

20,2

22,4

23,8

24,6

24,9

25,1

25,5

24,7

20,9

17,7

21,9

Moyenne

16,6

18

20,5

22,7

25,0

25,6

25,7

25,9

26,2

25,3

21,5

18

22,5

Source : Direction de la Météorologie nationale

1.2.3 L'humidité relative

L'humidité relative de l'air (figure 1) est conditionnée par les vents et la température. Les variations sont régulières dans l'année. Les valeurs les plus faibles se situent en saison sèche, de Décembre (37%) à Mai (34%), elles augmentent progressivement de Mai à Septembre coïncidant avec l'arrivée de la mousson. On note que, la valeur la plus forte se trouve en Septembre alors que le maximum pluviométrique se situe en Aout.

Figure 1 : Evolution de l'humidité relative moyenne mensuelle à la station de Podor

normale 1979-2008

Source : direction de la météorologie nationale

1.2.4 L'évaporation

Les valeurs de l'évaporation sont relativement élevées. En fait, les variations moyennes mensuelles (tableau 6) montrent un maximum en fin de saison sèche (323 mm à 355 mm moyenne décennale en Avril et Mai). L'Alizé qui entre en activité à partir de Mars, ainsi que la quasi-permanence du soleil, peuvent expliquer cette forte évaporation.

En revanche, les faibles valeurs de l'insolation, l'écran nuageux et les vents de mousson sont entre autres des facteurs participant à la baisse des valeurs de l'évaporation, un minimum est observé, de l'ordre 168 mm en Août à 153 mm en Septembre.

Ceci ne manque pas de conséquences négatives sur l'écosystème, en particulier sur les ressources en eau.

Tableau 6: La moyenne mensuelle de l'évaporation (en mm) à la station de Podor

normale 1979 - 2008

Périodes

Janv

Fev

Mar

Avr

Mai

Juin

Jllt

Août

Sept

Oct

Nov

Déc

Moyenne

1979-1988

244

272

306

331

351

293

240

181

170

252

254

243

261

1989-1998

261

265

358

359

407

310

241

183

163

230

251

260

274

1999-2008

222

240

274

280

307

241

189

140

127

185

206

206

218

Moyenne

242

259

313

323

355

281

223

168

153

222

237

236

251

Source : Direction de la Météorologie Nationale

1.2.5 L'insolation

Elle est plus forte en saison sèche (ciel dégagé) qu'en saison pluvieuse (écran nuageux). Les mois de Mars et Avril sont plus ensoleillés de la période 1981 - 2000 avec respectivement 270 et 260 heures supérieurs à la moyenne (238 heures). Enfin la décennie 1981 - 1990 connaît une insolation plus élevée avec une moyenne mensuelle de 245 heures.

6(*)Tableau 7 : Moyenne mensuelle de l'insolation (en heure) de la période 1981 à 2000

Périodes

Janv

Fev

Mar

Avr

Mai

Juin

Jllt

Aout

Sept

Oc

Nov

Déc

Moyenne

1981-1990

214

207

301

258

251

228

254

260

231

254

240

236

245

1991-2000

229

221

239

261

245

180

226

239

225

257

231

214

231

Moyenne

222

214

270

260

248

204

246

250

228

256

236

225

238

Source : Direction de la Météorologie Nationale

1.2.6 Les précipitations

L'arrondissement de Cas-Cas est situé climatiquement dans le domaine Sahélien. Ici les pluies de Mousson (été) représentent la quasi-totalité des précipitations du milieu, même si des pluies « heug » peuvent survenir. La quantité d'eau précipitée par année est variable comme le tableau 8 permet de l'illustrer.

Tableau 8 : Moyenne annuelle des précipitations (en mm) à la station de Aéré lao

période 1979-2008

Année

Moyenne annuelle

Nombres de jours de pluies

1979

7(*)

DM

DM

1980

DM

DM

1981

DM

DM

1982

226,6

14

1983

46,2

7

1984

91,1

10

1985

129,6

16

1986

368,9

17

1987

235,9

21

1988

361,4

18

Moyenne 1979-1988

209 mm

15 jours

1989

388,8

30

1990

212,8

22

1991

70,8

15

1992

132,1

18

1993

275,4

25

1994

199,4

13

1995

374,4

28

1996

244,9

22

1997

259,0

10

1998

340,5

18

Moyenne 1989-1998

250 mm

20 jours

1999

365,0

25

2000

337,8

25

2001

199,8

18

2002

105,2

18

2003

368,6

26

2004

273,3

23

2005

543,2

27

2006

231,7

20

2007

182,1

18

2008

204,3

22

Moyenne 1999-2008

281 mm

22 jours

Source : CADL de Aéré lao

La période 1988-1998 est marquée par un maximum de précipitations de 388,8 mm en 1989 et un minimum de 46,2 mm en 1983, alors que la moyenne décennale est entre 209 mm et 250 mm. Ce qui illustre des variations interannuelles très marquées. Toutefois, la décennie 1999-2008 offre une situation plus clémente avec une reprise normale des précipitations. Ce qui est confirmé par une légère hausse de la moyenne décennale qui plafonne à 281 mm. Des pluies record ont été enregistrées en 2005 avec 543,2 mm soit le quintuple du minimum observé en 2002 : 105,2 mm.

Il apparaît que, dans cette zone comprise entre les isohyètes 300 et 500 mm de pluies, certaines années enregistrent des précipitations inférieures à 300 mm.

II. LA VEGETATION

L'Arrondissement de Cas-Cas s'inscrit dans le domaine phyto-géographique sahélien distingué par une steppe arbustive et arborée. Cette végétation ouverte, varie selon les saisons et le type de sols, nous y rencontrons les strates suivantes :

§ la strate arborée

§ la strate arbustive

§ la strate herbacée

Ces différentes strates définissent les ressources végétales (tableau 9) du territoire et se répartissent dans trois biotopes :

- sur les dunes sableuses du « Diéri », les familles les mieux représentées de la steppe arborée sont les mimosacées parmi lesquelles s'imposent : Acacia raddiana (Thillouky), Acacia seyal (boulbi), Acacia Sénégal (patouki), Acacia albida (thiassky) et Acacia nilotica (Gawdé). D'autres espèces subsistent comme les capparidacées dominés par : Calotropis procera (bamwami), Maerua crassifolia (déguéwi) et Boscia senegalensis (guidjilé). Nous notons des espèces moins représentées comme : Fovia biolor (kélly), Mitragina inermis (koyli), Euphorbia convolouloides (éry).

Le tapis herbacé est caractérisé par les graminées : Aristida mutabilis (selbéré), Schoenefeldia gracilis, Cenchrus biflorus, Brachiaria ramosa (paguiri),

- sur les zones de transition (jéjégol), nous relevons une forêt mixte très variée avec des arbres tels que : Celtis integrifolia, Balatines aegyptica (mourtodé), Tamarindus indica (diamoulé), Faidherbia albida, des arbustes comme : Guiera senegalensis (guéloki), Maytenus senegalensis et quelques herbacées dont le vetiver (vetivera nigritana),

- dans la vallée humide (Walo) la végétation herbacée est très clairsemée au niveau des « fondé », alors que dans les « falo », la strate herbacée est très fournie et dominée par : Tribubus terrestris (toupéré) et Ingofera oblongifolia (balboré) qui apparaîssent souvent en formation exclusive de la disposition arbustive du Walo. Les cuvettes de décantations sont colonisées par une steppe arbustive où s'associent : Acacia nilotica et Brachiara ramosa (paguiri). Les strates arborées plus représentatives de ce terroir sont : Ziziphus mauritania (diabé) - Piliostigma reticulata - Acacia nilotica - Tamarindus indica.

Ces différentes ressources végétales se scindent dans un domaine forestier de deux types : le domaine forestier classé et le domaine forestier protégé.

Tableau 9 : Liste des plantes observées dans l'île à Morphil

Familles

Noms scientifiques

Noms vernaculaires

Biotopes

Asclépiadacée

Calotropis procera

Banwami(P),paftan(W)

Bord de fleuve

Bombacacée

Adansonia digitata

Boki (P),gouy (W)

Fondé

Capparidacée

Grataewa religiosa

Nayko (P)

Dépression

Capparidacée

Boscia senegalensis

Guidjildé(P),niandam(W)

Fondé

Capparidacées

Tamarindus indica

Diamoulé (P),dakhar(W)

Fondé

Capparidacées

Maeru crassifolia

Déguéwi(P),ndébarka(W)

Fondé

Celastracées

Maytenus senegalensis

Guialgoti (P),gengidek(W)

Fondé

Césalpianiacées

Bauhinia resfeaceus

Namaji(P)

Fondé

Césalpianiacées

Piliostigma reticulata

Barkédji (W)

Fondé

Combrétacée

Guiera senegalensis

Guéloki (P)

Fondé

composée

Senecio perottetu

Ganki (P)

Terre exondé

Euphorbiacée

Euphorbia convolouloides

Ery (P)

Fondé sablo-dunaire

Graminacée

Arista mutabilis

Selbéré (P)

 

graminacée

Brachia ramosa

Paguiri (P)

 

Méliacées

Azadirachta indica

Nim (W)

Reboisée

Mimosacées

Acacia nilotica

Gawdé(P),ngonakier(w)

Depression inondée

Mimosacées

Acacia seyal

Boulbi (P), sourour (W)

Dépression, fondé

Mimosacées

Acacia albida

Tiasski(P), kad(W)

Fondé,dépréssion inondé

Mimosacées

Acacia raddiana

Thilouki (P),seng (W)

Fondé, jéjégol

Mimosacées

Acacia senegal

Patouki(P),werek(W)

Fondé,jéjégol

Myrtacés

Eucalyptus

Hotouboutel (W)

Reboisée

Papilionacée

Aeschynomene indica

Goudi (P), pak (W)

Fondé

Papilionacées

Ingofera oblongifolia

Balboré (P)

Fondé

Rhamnacées

Ziziphus mucronata

Diabigouloum(P),démbouki(W)

Fondé

Rhamnacées

Ziziphus mauritania

Diabé (P),sidém (W)

Fondé

Rubiaceae

Verticilllata borreria

Tiamtarlé (P)

Dunes sableuse

Rubiacées

Mitragina inermis

Koyli (P)

Cuvette, berge de fleuve

Tiliacée

Fovia biolor

Kelly (P),kel (W)

Fondé

Zygophyllacées

Balinites aegyptiaca

Mourtodé(P),soump(W)

Fondé, jéejégol

Zygopillacée

Tribubus terrestris

Toupéré (P)

Sous bois acacia

Légende : P : puular, W : wolof

Source : enquête de terrain 2009

2.1 Le domaine forestier classé

Avec la volonté de l'Etat du Sénégal de préserver et de conserver un échantillon représentatif de ces écosystèmes, certaines forêts sont ainsi classées. L'arrondissement de Cas-Cas abrite deux forêts classées reconnues officiellement depuis 1948 (tableau 10).

Ainsi, ces forêts classées d'une superficie de 1.330 ha sont des zones de terroirs non cultivés couvertes par des formations boisées en voie de disparition. Elles appartiennent à l'Etat (Wallaldé et Boki) et sont placées sous la tutelle du service des Eaux et Forêts et de la brigade forestière de Cas-Cas.

Elles sont peuplées par des espèces très sollicitées des populations dont les agents forestiers (brigade forestière de Cas-Cas) tentent de sauvegarder les lambeaux. Les essences les plus caractéristiques sont :

Acacia albida, Acacia raddiana, Acacia senegal, Acacia nilotica, Ziziphus mauritania, Adan sonia digitata, Bauhinia resfeaceus et Balanites aegyptiaca.

Tableau 10 : Les forêts classées de l'Arrondissement de Cas-Cas

Forêts classées

Références de classement

Superficie (ha)

Observations

Wallaldé

4362 du 22 septembre 1948

200

Steppe arborée sur fondé

Boki

4361 du 22 septembre 1948

1 130

Steppe arborée sur fondé

Source : brigade forestière de Cas-Cas

2.2 Le domaine forestier protégé

Ce domaine englobe les zones forestières non classées couvertes ou non, pouvant être exploitées. Tous les 15 villages de l'arrondissement enquêtés disposent d'une forêt naturelle fortement dégradée parfois largement dénudée surtout dans la zone Walo où l'espace cultural s'étend ; seule la forêt naturelle de Dioudé est fortement préservée.

Il s'y ajoute deux réserves protégées (réserve protégée de Seydou yobou Bâ à Barangol et réserve protégée de Seydou Sy à Saré-Souki) qui sont des initiatives privées que les agents des Eaux et Forêts ont encouragées. Il s'agit de « Falo » présentant une végétation un peu dense que les propriétaires ont défendue de la coupe.

Trois espèces sont surtout introduites par les populations grâce aux activités de reboisement : prosepys - azadirachta indica et eucalyptus. Toutefois, les épineux et les arbustes dominent ces forêts, même si des espèces aquatiques (plante hydrophile) sont observées telles que : « kélélé mayo -djaldjalbè -dubirubi et siwré ».

2.3 La faune

La toponymie « île à Morphil » ou « île aux éléphants », selon les premiers explorateurs Européens, illustre l'ancien commerce de l'ivoire dans la vallée. Certains auteurs évoquent à l'aube de notre ère, un paysage boisé et fortement peuplé : de phacochères, d'oryx, d'antilope, d'hippopotame, de lion, de girafes ...L'éléphant était encore répandu au siècle dernier : en 1833 de nombreux individus étaient observés au Lac de Guiers, à la limite Est du Fouta.

D'ailleurs, certains vieux rencontrés à Thioubalel sont témoins de cette diversité faunistique dont la présence de certains prédateurs (lions et léopards) y était visible vers 1920. A Saré-Souki, on a mémoire de cette faune dont l'extinction du zèbre « sélaba » est récente.

Actuellement, la faune sauvage de l'Arrondissement très décimée, n'est composée que de quelques mammifères : loups, phacochères, écureuils, chacals, singes ; des reptiles, d'oiseaux granivores et migrateurs : « tioulou, cathia, guass... ».

*

* *

La distribution de la végétation est en grande partie liée à celle de la pluviométrie dont la répartition temporelle se distingue par une irrégularité et une baisse significative au cours des dernières années. Les ressources végétales correspondantes sont composées essentiellement d'épineux, d'arbustes et de vastes espaces dénudés. Aux Balanites aegyptiaca qui dominent sur les vastes dunes sableuses, l'Acacia nilotica fortement sollicité, se raréfie dans la vallée alluviale. La faune qui se développe dans ces forêts, est faite d'espèces très aléatoires.

Faible précipitation, végétation dégradée, faune décimée tels sont les caractères de l'île à Morphil dont la zonalité est bouleversée par l'hydrographie.

CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE

A partir de ce que les Grecs disaient de l'Egypte, à savoir que : « l'Egypte est un don du Nil » (C.A.Diop, 1954).On peut dire de même, pour les Halpular de l'île à Morphil que : « le Fouta est un don du fleuve Sénégal ». Toute la vie économique, sociale et culturelle est rythmée par la crue, qui a délimité la topographie et la pédologie, où les hommes héritiers d'une certaine culture ont inventé un mode spécifique d'exploitation de la nature.

Dans cette partie, nous traiterons les cours d'eau notamment le fleuve Sénégal doublé par un bras secondaire important le Doué, qui forme avec lui l'île à Morphil et constitue notre zone d'étude. Ce potentiel hydrique est doublé par une diversité des ressources en eau.

I. LES COURS D'EAU

L'arrondissement de Cas-Cas est traversé par deux cours d'eau permanents :

- le fleuve Sénégal qui longe le territoire de l'arrondissement sur quelque 165km

- le Doué qui le traverse sur environ 175 km

Partant sur des facteurs hydrologiques généraux, nous ferons un large emprunt aux études déjà réalisées dans le fleuve Sénégal par les géographes : A. Sow (1984), A. Diagne (1995) et Corréa (2005). Cependant nous mettrons l'accent sur notre zone d'étude.

1.1 Le fleuve Sénégal

Le fleuve Sénégal, long d'environ 1.800 km, formé de la jonction du Bafing avec le Bakoy, prend sa source des hauteurs du Fouta Djallon. Dans l'île à Morphil enserré dans la moyenne vallée, sa dénivellation n'est pas plane. A partir de Kaédi, jusqu'à Richard-Toll, le fleuve décrit une boucle d'orientation presque Est - Ouest marquant une frontière naturelle avec la Mauritanie. Cette partie est typiquement alluvionnaire.

Cette zone est sujette à deux types de crues : une crue naturelle « ilam » qui n'apparaît que vers la première décade du mois d'octobre et une crue artificielle réalisée par les barrages, souvent dévastatrice (vidange de Manantali) dégradant les premiers semis. Cependant, les barrages (Diama et Manantali) ont bouleversé le régime hydrologique normal qui est devenu artificiel. Les étiages ont disparu, constat général de tous les riverains du terroir.

1.2 Le Doué

Bras secondaire du Sénégal, c'est le second cours d'eau qui délimite l'île à Morphil vers le Sud-Est. Il serait né d'un épisode transgressif vers 2 000 ans BP, qui a formé une énorme ria s'étendant jusqu'à Bogué à 250 km de la côte (M.M Sall, 1982)8(*).

Le Doué, à la fois affluent et défluent, est un bras parallèle au cours du fleuve Sénégal sur prés de 200 km, avec lequel il délimite l'île à Morphil. C'est un cours d'eau permanent très calme et poissonneux. Il fournit également grâce aux pompages, l'eau d'irrigation des périmètres rizicoles.

II. LES RESSOURCES HYDRIQUES

Le potentiel hydrique de l'île à Morphil est formé par les eaux de surface, les eaux météoriques et les eaux souterraines.

2.1 Les eaux de surface

C'est l'ensemble des eaux stagnantes en surface. Elles sont constituées par le fleuve Sénégal limitant l'île à Morphil au nord et au sud le Doué. Principal facteur de concentration des populations au niveau de cet espace, ce potentiel en eau de surface s'est accru depuis la mise en service des barrages de Diama (1986) et de Manantali (1988). En effet, le débit interannuel du fleuve est actuellement de 732 m3/s soit un volume correspondant à 23 milliards de m3 contre 432 m3/s pour un volume d'eau correspondant à 13 milliards de m3 avant la mise en service des barrages. L'eau de la crue qui dépend de la quantité d'eau reçue, alimente les populations environ 4 à 5 mois.

Nous avons également des eaux douces de surface constituées par des mares et marigots qui sont temporaires (tableau 11) se remplissant en hivernage. Ils constituent une ressource vitale convoitée surtout pour l'abreuvement du bétail pendant cette période. Ils sont devenus aléatoires avec la baisse constante de la pluviométrie.

Tableau 11 : Des mares et villages polarisés

Villages polarisés

Noms des mares

Cas-Cas

Der, Mangou, Tioumangol, Daiwel mawdo, Barangol

Barangol

Barangol, Mawdou, Jongadé, Tialombi, Bari-talbé, Mouttoul, Fidio wélli

Dounguel

Barangol

Dioudé-diabé

Lougué-laurel, Diamoul tokosel, Barangol, Diamoul mawdo

Thioubalel lao

Thioffol, Diacré, Khoya

Souraye

Windou diahré, Windou koumanti

Fondé Elimane

Hamadi bolla, Dianel

Saré- Souki

Bollel

Souraye

Thioffol, Bitouki, Guadiélol

Boki

Balérou, Koylel

Wallaldé

Vordé, Balal

Madina Ndiathbé

Mangol, Tokosel, Alkayrou, Sappéne, Horowel

Windou Ery

Dougué babayel

Source : enquête de terrain, 2009

2.2 Les eaux météoriques

Elles sont ressources en ce sens qu`elles alimentent les cours d'eau (eau de surface), les nappes (eaux souterraines), conditionnent la régénération de la végétation ou destinées à de multiples usages : consommation humaine, animale, etc. La pluviométrie affiche un profil erratique, nous assistons de plus en plus à des déficits pluviométriques et à une irrégulière répartition spatio-temporelle de la pluie (tableau 12).

Tableau 12: Pluviométrie moyenne annuelle de la station de Aéré lao de 1999 à 2008

Année

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

MOYENNE

Cumul (en mm)

365

368

200

105

369

273

543

231

182

204

281

Nombre de jour de pluie

25

25

18

18

26

23

27

20

18

22

22

Source : CADL de Aéré lao

La hauteur d'eau précipitée est irrégulière (tableau 12) et le nombre de jour de pluies est variable (minimum 18 jours et maximum 27 jours). Dans cette logique, sur la période de la décennie (1999 à 2008), la pluviométrie moyenne annuelle (281 mm) est un peu au-dessus de la moyenne départementale (262 mm).

Figure 2 : Evolution de la pluviométrie de 1999 à 2008

Source : CADL de Aéré lao

La quantité d'eau précipitée par année est variable (figure 2). Ces variations suivent une évolution en dents de scie, avec des « pics » très marquées des années excédentaires (2003 et 2005) et les « creux » des années déficitaires (2002 et 2007).

Ainsi, avec une pluviométrie moyenne de 281 mm, les cours d'eau, les mares et les marigots sont remplis pendant l'hivernage, le fleuve Sénégal ainsi que le Doué connaissent une hausse de leur niveau et les nappes se rechargent. Toutefois, une longue saison sèche avec l'harmattan, vent chaud et sec, soufflant d'Est vers l'Ouest, du Mars au Juin, en dehors des rares et irrégulières pluies « heug », entraînent une forte diminution des eaux de surface.

2.3 Les eaux souterraines

Les eaux souterraines sont dans l'ensemble, abondantes et constituées de plusieurs types selon leur situation à l'intérieur de la structure géologique et de leur position même par rapport au cours d'eau.

2.3.1 La nappe superficielle

Elle est encore appelée nappe phréatique, c'est une nappe alluviale liée à la crue du fleuve avec une profondeur très faible. Le rapport EQUESEN (1993)9(*) distingue deux types de nappe phréatique alluviale : « un modelé aquifère multicouches » entre Bakel et Kaédi, un autre « modelé aquifère mono- ou bicouches » pouvant constituer des nappes perchées dans l'arrondissement.

La nappe aquifère s'accumule dans les alluvions quaternaires de la vallée, argileuse à argilo-sableuse en surface, sableuse à sablo-argileuse, en profondeur. L'épaisseur de ces formations augmente de 15 m en bordure de la vallée (zone île à Morphil) à 35 m au centre de vallée. La profondeur des puits y varie entre 12 et 20 m mais à Saré-Souki (village sur un Fondé) la profondeur de la nappe atteint 50 m selon le gestionnaire.

2.3.2 La nappe profonde

Ce système occupe les sables du Mæstrichtien (crétacé supérieur) présents sur l'ensemble du bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien. Sa limite supérieur est variable, entre 20 et 100 m et son épaisseur moyenne est de 400 m. Il semble qu'elle soit alimentée par les eaux du fleuve. Sur les 15 villages enquêtés 12 ont des forages qui captent l'eau de cette nappe avec une profondeur variable. L'eau est de bonne qualité avec une salinité et une teneur en fluor très faible.

Ces nappes sont d'autant plus importantes que le cours inférieur du fleuve se trouve dans des régions soumises à un régime hydrologique sahélien.

*

* *

Les ressources hydriques de l'île à Morphil sont formées par trois éléments : les eaux de la pluie, les eaux de surface et les eaux souterraines. Le climat de type Sahélien est marqué par le caractère aléatoire et insuffisant de l'apport pluvial, quantité laquelle dépend les eaux de surface constituées par le fleuve Sénégal et son réservoir annexe (le Doué), ainsi que les nombreux mares et marigots temporaires. Les eaux souterraines sont dans l'ensemble abondantes, elles sont constituées de plusieurs types dont les nappes phréatiques peu profondes et l'importante nappe du Mæstrichtien.

Ces eaux denrées rares dans le Sahel, sont des facteurs de développement dans l'arrondissement de Cas-Cas.

Conclusion partielle

Au terme de cette première partie, le cadre physique offre une entité géographique parfaitement individualisée avec une interconnexion des ressources naturelles (eau, sol et végétation).

Les mécanismes du climat sont bien connus, ils permettent d'opposer « saison des pluies » et « saison sèche ». L'influence de la Mousson s'atténue du sud vers le nord, ce qui explique la diminution générale des pluies (2 à 3 mois) et l'accroissement de la durée de la saison sèche (9 à 10 mois) dans l'île à Morphil. Ces précipitations irrégulières ont fortement approuvé la diminution des ressources hydriques dont le fleuve Sénégal et son artère le Doué, de même que les eaux souterraines.

Partant, le paysage de l'arrondissement, entaillé dans les grés du Continental Terminal, a subi les nombreux fluctuations climatiques qui ont marqué le Quaternaire récent, notamment pendant la période allant de l`Ogolien (21 000 ans - 13 000 ans BP) au Tafolien (2 500 ans BP) avant d'acquérir sa configuration actuelle.

Il s'y ajoute, une étroite relation entre les formes géomorphologiques, les formations pédologiques et les ressources végétales.

Les terrasses Nouakchottiennes ou « Jéjégol » constituées de sables fins et grossiers supportent les acacias (environ 6 variétés se distinguent). Dans les hautes levées ou « fondé », sablo-limoneuses, la végétation plus dense est colonisée par des arbustes alors que les levées récentes ou « Diacré » plus limoneuses, la végétation plus dense est dominée par des acacias et le vetivera. Les cuvettes de décantation argileuses sont parsemées par une végétation d'Acacias nilotica très dégradée.

A la désolation de ce domaine Sahélien de plus en plus aride, s'oppose l'île à Morphil qui est un espoir de développement pour les populations insulaires. L'exploitation de ces ressources autorise une double culture, associée à l'élevage et à la pêche, ce qui fait de l'arrondissement un grenier de la région.

L'île à Morphil est un milieu différencié au regard de son environnement, ce terroir offre en effet, des attraits remarquables avec des ressources végétales variées, des réserves hydrauliques soutenables, une sédimentation alluviale et un micro relief favorable à l'habitat. Elle ne pouvait manquer d'attirer et de fixer des populations. Ce qui nous impose à étudier les caractéristiques démographiques de cette population. (Chapitre I).

Cette population tire parti de tout ce qui, dans la nature, peut l'aider à atteindre son but car : « chaque milieu possède des richesses potentielles, dont la mise en oeuvre dépend du type de société, de son degré de développement, et de ses possibilités d'intervention » (Vidal de la Blache, 1922). Ainsi, l'analyse des systèmes de production, par de là, de l'exploitation des ressources naturelles est une nécessité. (Chapitre II).

Mais, l'homme par son action et ses pratiques, ainsi que des facteurs physiques contribuent à la destruction du potentiel naturel, nous poussant à faire un diagnostic des contraintes. (Chapitre III)

CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES

Ce chapitre permet de connaître la dynamique démographique de l'arrondissement. Tous les chercheurs qui ont travaillé sur la culture Halpuular de la moyenne vallée, ont eu à noter l'importance accordée par ces populations à l'histoire. (Ibrahima Dia, 1988)10(*).

Ce passé encore présent, parce que justifiant la place de chacun dans le jeu social, continue de servir de repères au niveau des relations inter-villageoises, entre les familles et entre les groupes statuaires. L'accent sera alors mis particulièrement sur :

· L'historique du peuplement et son évolution démographique,

· La répartition de la population :répartition spatiale et répartition socioprofessionnelle

I. L'HISTORIQUE DU PEUPLEMENT ET L'EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE

L'île à Morphil fait parti de l'un des foyers de peuplement les plus anciens du Sénégal. Vestige de l'une des plus vieilles organisations sociales et politiques, elle est le bastion du royaume de Fouta Toro, ancien Tékrour. Elle a connu une rapide évolution démographique qui a vu plusieurs ethnies se succéder sur son trône.

I.1 L'historique du peuplement

L'histoire de l'arrondissement de Cas-Cas est celle du Tékrour, où les événements majeurs sont agraires, d'ailleurs selon la tradition orale (Siré Abbas Soh) la capitale de Tékrour se situerait prés de Cas-Cas et Abû Bakr qui aurait islamisé Tékrour, serait enterré à Mboumba.

La terre et le fleuve impriment un cachet particulier à l'économie, à la politique et à l'organisation sociale des différentes dynasties, qui se sont succédées sur le trône. Dés lors, l'île à Morphil de par son inaccessibilité, fut le point de repli principal des populations Halpular, d'après les travaux de Bocoum (en 2000)11(*) et de Chavane (1985), les grands traits historiques de ce terroir se résument comme suit :

La première dynastie qui régna sur le Fouta s'appelait les Dia-Ogo (508 - 720) en provenance de la vallée du Nil (Egypte). Forgerons, ils mirent en place une organisation politique et administrative. Puis le trône passe entre les mains des pécheurs-agriculteurs Sérères les Tonjons (720 - 826) qui forment la deuxième dynastie, ils sont les maîtres d'oeuvres de la première civilisation agraire. Ensuite, le pouvoir revient à la troisième dynastie les Manna (826 - 1082) : ce sont des commerçants Sarakhollés qui font entrer la vallée dans un circuit commercial international (le commerce transsaharien). Ce qui induit un début d'islamisation du Tékrour par les Berbères qui forment d'ailleurs la quatrième dynastie, celle des Laam Taga (102 - 1456). Le séjour de ces maures Almoravides fut écourté par les Fulbés Jawbé, peuple venu du sud, qui forme la cinquième dynastie, celle des Lam Termes (1122 - 1456). Ils ont intégré les cultures de décrue aux cultures pluviales et à l'élevage, entraînant ainsi, des phénomènes de migrations pendulaires et un dédoublement de la toponymie entre la vallée et ses bordures. Durant ce règne, le Farba Wallaldé gouvernait toute l'île à Morphil. Mais le pouvoir fut affaiblit par le Burba Djolof et le Tékrour devient vassal de son royaume. Vingt ans d'anarchie s'ensuivirent avant l'arrivée de la dynastie Peul des Déniyankobé (1512 - 1776) conduit par Koli Tenguella. C'est lui qui changea la dénomination Tékrour en Fouta (en hommage à son guerrier Fouta). Cependant les marabouts mécontents de ce règne animiste se coalisèrent sous la direction de Thierno Sileymane Baal pour effectuer la révolution Torodo (1778 - 1881). L'Almamiyat instauré, Fouta fut divisé en six provinces (feccéré Fouta) : lao, Ebiyabé, Yirlabé, Damga, Ngenaar, et Bosséa gouvernées chacune par un Almamy et accompagnées d'une modification importante à l`affectation des terres. D'ailleurs, notre zone d'étude se situe entièrement dans la province lao. Toutefois, en 1881, les Torobé perdent le pouvoir au profit de l'expansion coloniale en cours. L'île à Morphil a participé au commerce Atlantique, les villages de Dioudé, de Wallaldé, de Thoiubalel et surtout de Cas-Cas étaient des escales et des points de traite.

D'ailleurs, Cas-Cas fut chef de canton dépendant du cercle de Podor (l'appellation Cas-Cas) serait une déformation du nom originel Kasga par l'administration coloniale. A l'indépendance en 1960, il devient un chef lieu d'arrondissement.

En somme, les origines du peuplement de l'arrondissement sont diverses. Un fort métissage caractérise l'ethnie Halpular, considéré comme « autochtone » et qui se définit comme une société fortement hiérarchisée, laquelle est organisée en familles et en lignages regroupé au sein d'un village. Elle est répartie en trois grandes catégories :

· Les rimbé ou hommes libres dirigent la vie socio-économique: au premier rang ce sont

les Torobé qui dirigent les villages (Thioubalel, Cas-Cas, Fondé) ou bien leurs alliés les Soubalbés (Boki, Dioudé, Dounguel...) et les Sébbés (Wallaldé),

· Les nyéembé (artisans et griots) sont des hommes de second rang,

· Les Jiyaabé (captifs) dépendent des hommes libres.

Dans l'ensemble, la société fonctionne sur la base d'une parfaite symbiose entre les différentes classes avec le respect de l'individu.

I.2 L'Evolution démographique

Le village de Cas-Cas compte 3.324 habitants et est le plus peuplé de l'île à Morphil en dehors de la ville de Podor. Il est le siège d'un arrondissement qui compte trois Communautés Rurales : Communauté rurale de Aéré lao - Communauté rurale de Madina Ndiathbé et Communauté rurale de Mboumba, érigées depuis 1980, allongées perpendiculairement à la vallée, associant à chaque fois une partie du Walo à une partie du Diéri.

La population de l'arrondissement connaît une évolution rapide à l'image de la population Sénégalaise. Le recensement de 1988 illustre, qu'elle était de 44.942 habitants et celui de 2002 le plafonne à 75.552 habitants, ce qui laisse penser à une tendance au doublement de la population tous les 20 ans. D'ailleurs, la projection en 2005 qui serait de 96.239 habitants concrétise cette dynamique (tableau 13). Derrière ces chiffres, se cache la jeunesse de la population caractérisée par une forte natalité et une mortalité en baisse.

Tableau 13 : Répartition de la population par communauté rurale

Arrondissement

Communauté Rurale

Populations issues des recensements

Population estimée

RGPH12(*) 1988

RGPH 2002

2004

2005

Cas-Cas

Aéré lao

23.047

33.081

40.501

42.206

Madina Ndiathbé

11.678

17.045

24.618

25.655

Mboumba

10.217

25.426

27.394

28.378

Total

44.942

75.552

92.513

96.239

Source : service régional de la statistique

Selon le recensement de 2002, le département de Podor plus rural de la région de Saint-Louis, présente une pyramide des âges dont la base est large et les rebords concaves. La population active ne représente que 32 ,5% de la population rurale qui doit supporter 67,6% de la population (avec 48 % de moins de 15 ans et 59% de moins de 20 ans). D'après nos enquêtes sur une population de 157 personnes les jeunes représentent 67,9%.

Le sex-ratio révèle une prédominance des femmes sur les hommes, d'autant plus que cette zone est soumise à une forte émigration.

II. LA REPARTITION DE LA POPULATION

La répartition spatiale de la population ainsi que la répartition socioprofessionnelle révèlent des disparités entre espace et activité.

2.1 La répartition spatiale

Avec une population totale de 75.552 habitants (RGPH 2002), répartis dans 75 établissements humains parmi lesquels des villages officiels et des hameaux rattachés, la taille moyenne des villages est de 1007,3 habitants. Seulement, ce chiffre cache des disparités. La plupart des villages ou hameaux dans la zone Diéri, ont une population inférieure à 100 habitants. Par contre, pour certains villages de l'île à Morphil, elle dépasse 1.000 habitants (Cas-Cas, Wallaldé, Thioubalel, Dioudé ...). La population est inégalement répartie dans l'espace.

La densité de l'arrondissement est de 120 habitants/km2 avec la Communauté rurale de Mboumba qui présente la densité la plus élevée (63 habitants / km2). (Tableau 14). Cependant les villages de la zone Walo (île à Morphil) concentre plus de 50% des habitants des communautés rurales sur moins de 30% du territoire. La taille moyenne des localités y est plus de deux fois supérieure à celle du Diéri (moins de 1 habitants/km2).La convoitise des terres de Walo explique la forte concentration aux abords du fleuve, l'habitation y est plus concentrée du fait, de la pression foncière exercée par les autres usages, agricoles principalement.

Tableau 14 : La situation démographique par collectivités locales en 2007

Collectivités locales

Superficies

(ha)

Nombres de villages

Population en 2007

Population CL / par région

Densité

(hts/km²)

Hommes

Femmes

Totale

 
 

CR Aéré lao

1970

29

18.269

20.698

38.967

5%

20

CR Mboumba

309

18

8.922

10.583

19.505

2%

63

CR Madina Ndiathbé

810

28

14.401

15.712

30.113

4%

37

Totale

3.089

75

44.563

46.993

88585

11%

120

Source : ANDS, ARD, Saint Louis

2.2 La répartition socioprofessionnelle

Dans les villages constitutifs de notre échantillon, trois activités (agriculture, pêche et élevage) occupent les populations (tableau 15). En gros, la majorité exerce soit l'agriculture associée à l'élevage (47%), soit l'agriculture uniquement (34%). L'agriculture demeure la principale activité d'occupation de l'espace. Elle concerne la totalité des ménages ruraux soit 94% (151 / 157) de la population du terroir.

Par ailleurs, dans toutes les maisons l'élevage domestique est pratiqué alors que l'élevage de grande transhumance (Walo et Diéri) ne concerne que 1% de la population car dans la majorité des cas les populations confient leurs bovins aux bergers recrutés dans la zone pour effectuer les déplacements saisonniers des troupeaux.

La pêche est toujours exercée par certains ménages ruraux comme seule activité génératrice de revenus (3%). Outre cela, les trois activités primaires que sont : l'agriculture, l'élevage et la pêche se pratiquent en complémentarité 13% de la population l'exercent simultanément.

Toutefois, cette zone est sous l'emprise d'importants flux commerciaux du fait de sa position limitrophe avec la Mauritanie.

Tableau 15 : Répartition socioprofessionnelle des ménages de l'île à Morphil

 

Agriculteur

Eleveur

Pécheur

Agriculteur et Eleveur

Agriculteur et Pêcheur

Exerçant trois activités

Total

Populations

53

2

4

74

3

21

157

Pourcentage

34%

1%

3%

47%

2%

13%

100%

Source : enquête de terrain 2009

*

* *

Le contexte historique dans lequel, s'est formée la population de l`île à Morphil permet de comprendre la formation de l'organisation sociale et sa répartition dans l'espace. La dynamique du peuplement (variation démographique) révèle une croissance de cette population même si l'émigration y exerce une ponction notable surtout au niveau des actifs.

Toutefois, les habitants de l'île à Morphil ont tissé des liens avec le milieu, dont ils tirent profit par l'exploitation des ressources naturelles. Et depuis le XII siècle, elle se calquait sur les grandes divisions du paysage : élevage extensif et culture pluviale dans le Diéri, culture de décrue et pêche dans le Walo.

CHAPITRE II : L'EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES

Le système de production des Halpular de l'île à Morphil est le mode par lequel différents groupes sociaux utilisent les facteurs écologiques à travers d'activités primaires. Ces activités qui caractérisent essentiellement l'économie de l'arrondissement, sont tributaires des disponibilités en ressources naturelles que sont : les sols, la biomasse et l'eau. Il convient ainsi, de faire l'analyse de cette production dont les animateurs évoluent dans des milieux presque cloisonnés mais complémentaires.

I. L'EXPLOITATION DES EAUX DE SURFACE PAR LA PECHE

L'eau est un facteur de la production dont dépend l'économie rurale (l'agriculture, l'élevage et la pêche), mais en tant qu'activité nécessitant l'intervention de l'élément liquide uniquement, la pêche occupe un point focal dans l'arrondissement de Cas-Cas. Toutefois, elle est la troisième activité productrice avec un système resté très traditionnel.

I.1 Les caractéristiques de la pêche dans l'île à Morphil

A l'instar, des autres activités traditionnelles, la pêche constituait une source importante de revenus pour les ménages ruraux. Son recul est lié à la baisse continue des prises et à l'irrégularité du niveau de l'eau consécutive à la mise en eau des barrages de Diama et de Manantali.

Face à cette situation, beaucoup d'actifs se sont progressivement tournés vers d'autres secteurs, en particulier l'agriculture. A Boki, village de pécheurs par excellence trois maisons continuent à le pratiquer comme l'unique activité du ménage (Gallé Djibéri Abdoul, Gallé Daray Abdoul et Gallé Seydou Ali).

Cependant, selon la répartition des ménages ruraux engagés dans la pêche dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé (recensement national de l'agriculture, 2000), elle concerne encore 570 ménages ruraux de l'ethnie Soubalbé majoritairement, soit une proportion de 20%.

Son atout réside dans la diversité des lieux de pêche que sont : le lit mineur du Sénégal, le Doué, les eaux des cuvettes et des marigots (dont le Barangol, lieu de pontes des poissons est le plus poissonneux).Les ressources pélagiques sont variées : « Gaddial » (poisson chien), « Thiddéré » (carpe), « Guithier » (fretin), « Balérou » (silure), « Hoddandou », « Balla » et « Besso » (Gymnarchus niloticus). (Voir photo 1). Elles sont plus nombreuses en hivernage grâce à l'apport pluvial et les moments de pêche demeurent surtout le matin ou le crépuscule.

De l'avis des sages rencontrés à Dounguel, les eaux de la crue remplies de nutriments sont plus poissonneuses, en effet grâce au courant Est - Ouest, les poissons effectuent des migrations latérales du lit mineur vers la plaine d'inondation pour y trouver des lieux propices à la ponte. Par bonne prise, la quantité peut atteindre 50 kg de poissons. La production étant essentiellement destinée à l'autoconsommation avec des techniques rudimentaires.

PHOTO 1 : Les types de poissons plus répandus dans le terroir

I.2 Les techniques de pêche

La pêche se fait au sein des « foyré » mais peut nécessiter une coopération élargie, quelque fois jusqu'à plusieurs villages. Différents appareils et techniques sont utilisés conformément au cycle écologique de reproduction des poissons (elle se pratique à plusieurs endroits selon les périodes de l'année). Des procédés simples servent à appâter les poissons : enduire du savon dans l'hameçon - charcuter de la chaire fraîche des poissons ou répandre du son de mil dans les eaux. Des instruments et techniques anciens sont toujours d'actualité (tableau 16).

Tableau 16 : Instruments et techniques de pêche dans l'île à Morphil

Noms de l'appareil de pêche

Caractéristiques techniques

Nombre de pécheurs

Technique de pêche

Impact écologique

Gubbol

Grand filet de mailles étroites et larges

10 à 20 personnes

Pratiqué sur le Sénégal et le Doué, le filet est retiré après 4 heures de mise en eau.

Pratique qui ravage les eaux. Il était interdit dans les lieux de reproduction des poissons.

Thiambal

Filets à mailles variables selon le type de poissons recherché

Une personne

Filet fixé transversalement au cours d'eau, pendant 1 à 4 semaines, chaque jour le pécheur passe vérifier si le piège a pris, relève le poisson et nettoie le filet.

Ne prends pas tous les poissons. Mais peut détruire l'habitat des poissons.

Félé-félé

Même caractéristique que le Thiambal

1 à 2 personnes

Ce filet suit le courant d'eau que le pécheur ne perd pas des yeux en pirogue et s'arrête aux intersections où le courant change de direction pour relever les poissons capturés en chemin.

Est utilisé seulement pendant la période des hautes eaux (crue) fleuve et marigots.

Mbaala (épervier)

Les mailles sont variables

1 à 2 personnes

Une seule personne située sur la rive peut lancer l'épervier

Est utilisé surtout pendant la crue.

Mbakkal

Filet très long

2 personnes

Les deux personnes tiennent les extrémités de chaque coté et survolent les eaux.

Pendant la crue mais dans les marigots de faible profondeur

Mbissou

Filet avec deux longs bâtons au deux bouts

1 à 2 personnes

Utilisé dans de petit cours d'eau

Prend tous genres de poissons.

Dolingué

Filet avec plusieurs hameçons 5 à 6 genres variables

1 personne

L'engin est mis dans l'eau pendant plusieurs heures avant d'être relevé.

Utilisé en toute période

Kotio-kotio

Très petit filet

Une personne

Procédé qui consiste à émettre des cris pour attirer les poissons, ou allumer une lumière.

Utilisé pendant la crue mais peut déstabiliser le milieu

Source : Enquête de terrain, 2009

L'île à Morphil étant essentiellement une région de cuvette entourée par le fleuve Sénégal et le Doué, le comportement de ces cours d'eau y joue un grand rôle. C'est un terreau fertile pour le développement de la pêche dans la mesure où les capacités de renouvellement des poissons sont très importantes (un poisson peut produire jusqu'à 500 alevins). A Saré-Souki, la pêche assure la survie des populations alors que dans d'autres villages, elle est associée à l'agriculture.

II. L'EXPLOITATION DES RESSOURCES PEDOLOGIQUES

L'utilisation des ressources pédologiques en vue de la production des plantes destinées à la nourriture de la population ou à la vente, constitue la principale activité économique de l'île à Morphil. L'agriculture occupe prés de 94% des populations du terroir (enquête de terrain). Elle doit cette position à deux facteurs essentiels pour la production :

· L'eau : disponible grâce aux différents cours d'eau malgré la pluviométrie déficitaire,

· La terre : fertile et caractérisée par une grande variété.

Les agriculteurs adoptent un système cultural sous trois formes principalement qui tient compte des types de sols et de leurs aptitudes agronomiques.

2.1 Les systèmes de cultures traditionnels

Dans l'île à Morphil, nous assistons à deux systèmes traditionnels de cultures : celui de décrue (Walo) et celui pluviale (Diéri). Avec les sécheresses persistantes de ces dernières années, la culture sous pluie recule face à la culture de décrue qui reste encore la pratique non négligeable.

2.1.1 La culture de décrue

Elle est étroitement dépendante de la crue dont : l'amplitude qui détermine la superficie cultivable, la durée de submersion et la date de retrait des eaux. Elle revêt deux formes : le Walo et les Palle (culture de berges). Les « hollaldé »sont des terres de prédilections pour les cultures de Walo. La production dominante est le sorgho (Sorgum cernuum) appelé « sammé » en Pular. La couleur des graines et le cycle végétatifs (cycle de 130 à 160 jours) expliquent la variété des « sammé » (sammé mbodéri : sorgho rouge, sammé danéri : sorgho blanc, niédico). La seconde céréale produite sur le Walo est le Maïs. Les « Palé » portent « des cultures de case » et le maraîchage. La patate y domine.

Constituant jadis la principale ressource vivrière, elle garde encore une réelle importance, malgré la concurrence de l'agriculture irriguée et la diminution de la superficie cultivable consécutive à la mise en eau des barrages.

2.1.2 La culture sous pluie

Elle est pratiquée dans le Diéri principalement mais ayant subi les effets de la sécheresse et la baisse continue de la pluviométrie. En outre, la plupart des villages enquêtés ont leurs champs de Diéri en Mauritanie dont les incidents de 1989 ont interdit l'exploitation transfrontalière. Ce qui explique que, les exploitants de l'île à Morphil ont adopté une stratégie efficace qui consiste à réduire cette activité sur les terres de Fondé, au niveau des dépressions où l'eau est longtemps retenue.

Cette nouvelle forme de Diéri est appelée « mballa »13(*), elle est complétée par d'autres stratégies comme : « Aboji » (plaine à forte pente), « Chaino » (plaine sableuse) ou « Houddou » (petit barrage pour stagner les eaux pluviales). Les champs de Diéri produisent surtout le sorgho blanc (fêla), le niébé et le mil (sounna)

2.2 L'agriculture moderne

L'irrigation s'est développée dans ce terroir durant la sécheresse des années 1970, qui a dévasté les cultures pluviales, fortement rétrécie les surfaces cultivables en décrue, éliminé une grande partie du cheptel et des ressources halieutiques. Les cultures irriguées sont alors pour les paysans de la zone la seule activité possible (Adams, 2000).

Les aménagements hydro agricoles se sont insérés dans l'espace des terroirs et des parcours traditionnels sans rupture brutale avec l'organisation sociale de la production. Longtemps resté modérée (1975), le rythme d'aménagement s'est presque complètement stagné au milieu des années 1990 dont trois formes se distinguent.

2.2.1 Les périmètres irrigués villageois (PIV)

Ce sont des aménagements sommaires, au coût de production peu élevé. Généralement d'initiative villageoise, ils sont réalisés et financés par la SAED avec l'appui de la mission Hollandaise et la participation de la main d'oeuvre villageoise notamment dans le défrichage. Les périmètres irrigués villageois se situent sur des terres de Walo que les villageois ont accepté de donner (photo 3).

PHOTO 2 : GMP en panne à Siwré PHOTO 3 : Pépinière de riz sur les PIV à Thioubalel

La superficie moyenne des PIV est d'environ 20 hectares (selon la SAED) et chaque « foyré » a droit à une parcelle dont la taille varie entre 20 ares et 40 ares selon les villages, Barangol est le seul village à disposer 40 ares.

Depuis 1984, une loi a transformé les PIV en GIE (groupement d'intérêt économique) pour permettre aux paysans d'avoir accès au crédit et la SAED de se désengager progressivement. Actuellement une centaine de GIE se dénombre dans le terroir avec une moyenne de trois GIE par villages. La riziculture occupe une place de choix sur ces PIV avec deux variétés : le sahel 108 (durée courte : 3 mois) et le saya ou sahel 222 (durée longue : 4 à 5 mois).

Le principal handicap de ces GIE est la panne des groupes motopompes ou un déficit d'intrants. (Photo 2).

2.2.2 Les jardins des Femmes

En marge des PIV, les femmes gèrent des jardins organisés sous la forme d'un groupement de promotion féminine (GPF). Tous les villages de l'île à Morphil enquêtés ont leurs jardins des femmes dont les parcelles qui tournent autour de 5 ares, sont attribuées uniquement aux femmes mariées.

Les rendements sont bons selon les exploitantes mais la commercialisation reste l'obstacle majeur. En fonction des possibilités des GPF, deux à trois campagnes s'effectuent : campagne hivernage (piment et arachide), campagne contre saison froide (piment, choux, carotte et oignons) et campagne contre saison chaude (piment, manioc et aubergines).

2.2.3 Les périmètres privés

Il s'agit d'aménagements conçus en dehors de toute structure administrative. Autrement dit, des individus détenteurs de droit foncier traditionnel aménagent eux mêmes leurs propres terres en ayant ou non recours à des crédits. La communauté rurale accorde l'affectation dans tous les cas. De nos enquêtes, il y'a huit aménagements de ces types dans le terroir.

Les cultures sont différentes de celles choisies dans les PIV avec un esprit d'innovation et d'expérimentation agronomique de leur part. L'arboriculture est très développée à Dioudé le GIE privé de Gory présente plus de 250 espèces d'arbres fruitiers. L'expérimentation de la culture du coton par le GIE privé « Mbamtaré hakkundé majjé », en partenariat avec la SODEFITEX à Dounguel a eu des résultats positifs, d'ailleurs des ingénieurs de cette société ont augmenté le planage du périmètre de 6 hectares. Actuellement beaucoup de familles s'organisent pour mettre en valeur leur terre sous cette nouvelle forme.

2.2.4 L'intervention de la SAED

La SAED (société d'aménagement des eaux du delta) est l'acteur principal de l'irrigation dans la vallée. Société créée depuis 1965 en remplacement de l'Organisation Autonome de la Vallée (OAV), elle est la promotrice des aménagements hydro-agricoles dans notre zone d'étude. Après plusieurs décennies d'intervention, les actions de la SAED perdent d'ampleur d'année en année à partir de 1984. La SAED intervient dans l'arrondissement de Cas-Cas en trois zone : zone Madina Ndiathbé - zone Cas-Cas et zone Thioubalel. Dans chaque zone, il existe un bureau de la SAED avec un chef de zone, un mécanicien, un intendant et quelques vulgarisateurs.

Actuellement, la SAED ne joue qu'un rôle d'appui - conseillé, notamment :

· Indiquer des fournisseurs agrées par l'Etat pour la vente de l'engrais subventionné,

· Appuyer dans la réhabilitation des PIV et la réparation des GMP (dont les GIE ne contribuent qu'à la hauteur de 10%),

· Donner des renseignements sur les semences et fixer le calendrier agricole.

Dans l'ensemble, les agriculteurs du terroir apprécient diversement cette intervention. Pour le GIE Dounguel 2, les paysans se félicitent de la contribution de la SAED pour une valeur de 1.000.000 FCFA dans la réparation du GMP, de même qu'à Mboumba l'extension des PIV a été fortement saluée alors que d'autres se plaignent toujours d'être rangés dans les oubliettes.

2.2 Méthodes culturales et productions agricole

2.3.1 Les méthodes culturales

A l'image de la subdivision du secteur agricole dans l'île à Morphil en deux parties entre agriculture moderne et agriculture traditionnelle, les méthodes culturales adoptent la même répartition.

Au niveau des cultures de décrue et pluviales, les outils utilisés remontent à des temps reculés et n'ont subi aucune modification : la hache (jambéré) sert à nettoyer les champs (écorchage, abattage des arbres etc.), le pieu plantoir (luugal) permet de faire des trous pour les semis alors que le houe (njidangu) sert pour le semis et le sarclage. Le travail des terres de Walo exige une collaboration et mobilise obligatoirement quatre personnes au moins :

- le « diabbowo » qui écrase le sol avec la houe,

- le « louhowo » le suit de prés et perce des trous avec le pieu plantoir,

- le « hawoowo » vient en troisième lieu pour semer les grains,

- le « béckowo » vient en dernier lieu avec un seau remplit de sable dont il recouvre les trous avec quelques poignées.

Les hommes effectuent, le travail le plus pénible (défrichement et sarclage), les femmes et les enfants s'occupent du semis direct et du gardiennage. Pour l'irrigation, des techniques modernes sont utilisées : elle est d'abord conditionnée par un GMP (de 20 chevaux) géré par un pompiste puis la préparation des pépinières et le repiquage mobilisent jeunes, adultes et femmes. Enfin, l'épandage d'engrais, des produits phytosanitaires et le suivi des rizières jusqu'à la récolte sont gérés par les membres du GIE. Dans l'ensemble, l'agriculture mobilise les paysans pendant toute l'année (Juillet à mi-Mai) et se fait grâce à une parfaite intégration des calendriers de culture de décrue, de Diéri et de l'irrigation (tableau 17 : le calendrier agricole), qui permet aux différents membres du foyré d'assurer leurs fonctions respectives.

Les cultures de Diéri mobilisent les paysans dés le début des pluies, de Juillet à Novembre et quand la crue commence à se retirer (Octobre à Novembre), ils ont déjà fait le sarclage et récolté le Diéri, ce qui laisse libre cours aux cultures de décrue (Octobre à Décembre). Toutefois, la culture irriguée (maraîchage et riziculture) apparaît comme le mode d'exploitation dominant, elle se pratique 12 mois sur 12 avec trois campagnes (Doungou, Daboundé et Tiédou) qui se succèdent dans certains villages : riz ou Maïs en hivernage, maraîchage en contre saison fraîche et riz en contre saison chaude.

Tableau 17 : Le calendrier agricole

MOIS

Juillet

Août

Sept

Octobr

Novembre

Décem

Janv.

Févr.

Mars

Avril

Mai

Juin

Spéculation

Activités agricoles

Culture de Diéri

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Mil, pastèque, niébé et fêla

Culture de décrue

Walo

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sorgho et Mais

Pallé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Patate

Irrigation

Campagne doungou

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Riz

Campagne daboundé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Maïs

Campagne Tiédou

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Arachide et maraîchage

NB : campagne doungou : campagne hivernage, campagne daboundé : campagne contre saison froide, campagne Tiédou : campagne contre

Saison chaude

En gros, l'agriculture reste le moteur de la production paysanne et le chevauchement des différentes campagnes de culture exige de la part des producteurs un effort physique soutenu. La culture irriguée gagne du terrain au détriment des systèmes de culture de décrue qui sont devenus secondaires et la culture pluviale risque d'être enrayée.

2.3.2 La production agricole

Les principales productions de l'île à Morphil sont : le sorgho et le niébé dans le Walo, la patate et le Maïs dans les Pallé, le mil (sounna) dans le Diéri, le riz et la polyculture dans les PIV (photo 4 et 5).

PHOTO 4 : Production agricole dans les champs PHOTO 5 : Production maraîchère

Par ailleurs, la décision concernant la date de la récolte est prise en commun par les ménages du village, afin d'éviter que la récolte ne se fasse très tôt sur certains champs, laissant les autres devenir la proie des oiseaux et autres ravageurs.

Sur les 148 chefs de ménages qui pratiquent l'agriculture, seuls 114 ont été en mesure de fournir des informations sur leur production. Les autres ont estimé soit, leurs récoltes étaient insignifiantes, soit qu'ils n'ont rien récolté : « les sauterelles ont tout dévoré ». Le bilan céréalier révèle que le riz, pratiqué par tous les ménages, assure la part la plus importante de la production destinée à l'autoconsommation, ce qui confirme la place de l'irrigation au niveau du terroir. Les rendements varient entre 2 tonnes à l'hectare et 8 tonnes à l'hectare, selon les villages et la réussite de la campagne. Les cultures de décrue : maïs et patates restent toujours d'actualité (figure 3).

La répartition de la récolte est déséquilibrée mais nous constatons une relative autosuffisance céréalière que permettent l'irrigation et les cultures d'appoint en bonne campagne, mais son contraire peut provoquer le sinistre et la disette, si les populations ne disposent pas d'autres possibilités comme des transferts de fonds issus de l'émigration.

Figure 3 : Répartition de la production céréalière dans l'île à Morphil

III. L'EXPLOITATION DES RESSOURCES VEGETALES

Les ressources forestières sont d'usages multiples au niveau du terroir. Au premier niveau, elles constituent un facteur clé de l'élevage par la production du fourrage d'appoint. Au second plan, elles participent largement à l'approvisionnement alimentaire et vitaminique des populations rurales.

3.1 L'Elevage

Semi sédentaire car pratiqué en grande partie en association avec l'agriculture, l'élevage constitue sans nul doute la deuxième activité de l'économie rurale. Selon, le dernier Recensement National de l'Agriculture, il concerne 2.449 sur les 2.637 ménages ruraux agricoles de la Communauté Rurale de Madina Ndiathbé, soit une proportion de 93%.

Jadis, il s'intégrait harmonieusement avec l'agriculture de décrue dans les zones inondables du Walo. Le bétail pâturait dans les poches inoccupées, pendant la saison des cultures et dans les champs, une fois ceux-ci récoltés. Avec, le développement de l'agriculture irriguée, cette harmonie a été rompue et la part de l'espace pastoral s'est retrouvée fortement réduite dans le Walo. En outre, la baisse constante de la pluviométrie a entraîné l'appauvrissement progressif du potentiel fourrager du Diéri.

3.1.1 Les zones de concentration de l'élevage

Le système de l'élevage n'admet pas ici une occupation continue de l'espace, à la recherche de pâturage et l'eau, les points permanents de concentration pastorale sont :

· Les ouvertures sur le fleuve et le Doué (au niveau des Toufndé : rampes d'abreuvement) utilisées par le bétail pour accéder à l'eau et les couloirs qui y mènent.

· Les mares d'hivernage dont des centaines existent dans le terroir (leur durée varie entre 1 et 3 mois), ils n'assurent l'abreuvement du bétail que de Juillet à Novembre,

· Les forages dont 10 sont situés dans l'arrondissement, fortement concurrencés par les autres usages,

· Les parcs de vaccinations dont deux existent dans la zone (Cas-Cas et Thioubalel).

· Les forêts classées et naturelles restent des bastions de l'élevage avec plusieurs variétés de fourrages : Brachiara ramosa (paguiri), Bergia suffuticosa (nippéré), Tamarix senegalensis (belweldi), Tribubuc terrestris (toupéré)...

Hormis, les quelques poches exploitées en agriculture pluviale environ 3 mois sur 12, tout l'espace du Diéri constitue une vaste zone de pâturage naturel.

3.1.2 Les types d'élevage

Nous distinguons deux catégories d'élevage dans l'île à Morphil : l'élevage domestique et l'élevage de transhumance.

3.1.2.1 L'élevage domestique 

Il concerne surtout les ovins et caprins. La presque totalité des « Gallé » ont des enclos dans lesquels, nous pouvons compter une moyenne de 15 ovins et caprins. Cet élevage sert de caisse d'épargne et à faire face aux fêtes et cérémonies sociales. Toute la famille s'occupe de cette activité. Très facile à gérer en période de difficulté, ces ovins et caprins sont remis aux jeunes bergers qui les font paître toute la journée. L'élevage d'asins est aussi un fait remarquable dans le terroir où cet animal assure les fonctions de transport, surtout pendant les récoltes. En vue de développer ce petit élevage, un mélange de race est pratiqué depuis quelques temps, à l'instar de l'introduction de la chèvre « gouwayra », très productive ou du mélange de race entre « toi-bir et balli-balli »

3.1.2.2 L'élevage de transhumance 

Il concerne le groupe statuaire Peul qui est décomposé en deux sous groupes. Les uns sédentaires appelés « Foulbé Saré » ou « Foulbé Walo » et les autres « Fulbé Diéri » dont le village de résidence principal se trouve dans le Diéri. Dans la réalité tous les groupes Fulbés éleveur sont mobiles.

Cet élevage Peul concerne surtout les bovins. L'objectif de production est le lait et ses dérivés et non la viande. Dans ce système d'élevage : « la bête est un capital, le lait est la production » (Santoir, 1983)

Le mouvement Walo - Diéri (transhumance) suit la progression de la pluie et constitue une solution aux contraintes de fourrage. Le jééjégol est d'abord le point de chute, si les conditions ne s'améliorent pas, le berger prolonge jusqu'au Diéri lointain : Ranérou ou Ourossogui. Depuis, l'érection de Matam en région cette piste offre beaucoup de possibilités (louma, foirails, boucherie...) au détriment des anciennes pistes (Dahra, Labgar).

Ce secteur bénéficie des projets d'appui comme le PAPEL (Programme d'Appui à l'Elevage), le soutien du CORAD et le Féddé Aynabé (structure très dynamique dans la zone).

Il convient de signaler une nouvelle forme d'élevage intensive14(*) développée par la GPF de Cas-Cas qui consiste à l'embouche d'un veau en vue d'une haute productivité.

3.2 La valorisation des ressources forestières

Naturels ou plantés, locaux ou introduits, l'arbre et l'arbuste assurent des fonctions multiples et diversifiées au bénéfice des populations rurales et particulièrement celle de l'île à Morphil. L'exploitation forestière se fait à l'heure actuelle dans les forêts classées et ou naturelles autorisées par l'agent des Eaux et Forêts de l'arrondissement, moyennant une redevance.

L'exploitation du bois villageois est assez répandue dans la zone : les GPF et les GIE en sont les principaux acteurs, le « jardin Béllé » à Thioubalel fournit l'essentiel du bois d'oeuvre du village.

L'arbre présente un intérêt particulier pour les riverains du terroir. Il joue un rôle de production (bois, fourrage, aliments, gommes, produits pharmaceutiques) ou de structuration de l'espace rural (délimitation foncière).Il présente aussi une dimension économique (revenus, capitalisation) et sociale (arbre à palabres). Les pratiques les plus visibles demeurent :

· La consommation domestique : à travers la cueillette et le ramassage du produit de certaines espèces ligneuses en vue de l'alimentation. Plusieurs espèces sont domestiquées : Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Adansonia digitata, Zizyphus mauritania

· Le bois de chauffe ou de construction : les mimosacées ubiquistes sont particulièrement utilisées dans le terroir pour leur charbon ou leur bois : Acacia raddiana, Acacia Seyal, Acacia Senegal, Acacia nilotica.

· L'exploitation du gommier est pratiquée par certaines femmes : une section anatomique est réalisée sur les rameaux qui produisent un matériau gommeux (gomme arabique) plus ou moins épais qui durcit progressivement au contact de l'air. La production débute en Novembre après l'arrêt des pluies et consécutivement à une chute brutale de l'humidité relative. (Mamadou Dione et al, 1998)

Par leur racines, écorces et feuilles, les arbres sont sollicités par la pharmacopée traditionnelle, aucune partie n'est épargnée15(*) (tableau 18).

Tableau 18 : Matrice de classification de quelques espèces végétales

Espèces / noms scientifiques

Noms en Puular

Parties utilisées

Usages

Racines

Troncs

Branches

Feuilles

Fruits

Ecorces

Domestiques

Pharmacopée

Autres

Adansonia digitata

Boki

 
 
 

+

+

+

+++

+

 

Eucalyptus

Kotoulbitel

 

+

+

+

 
 

+

+

+

Balanites aegyptiaca

Mourtodé

 
 

+

+

+

 

+++

 
 

Prosopis africana

Prosopis

 

+

+

 
 
 
 

++

+

Acacia albida

Tiasski

 

+

+

 

++

 

+++

++

 

Acacia nilotica

Gawdé

 
 

+

+

 
 

+++

++

 

Acacia raddiana

Thillouki

+

 
 
 

++

 

+++

++

 

Acacia senegal

Patouki

++

 
 
 
 

++

+++

+++

 

Acacia seyal

Boulbi

 
 
 

+

 

+

+++

+++

 

Bauhinia resfeacius

Namaji

+

 
 

+

+

 

+++

 
 

Piliostigma reticulatum

Barkédji

+

 
 

+

+

+

+++

+++

 

Tamarindus indica

Diamoulé

+

 
 

++

+++

+

+++

 
 

Azdirachta indica

Nim

 
 
 

+

+

+

 

++

+

Légende : + utilisation rare, ++ utilisation peu abondante, +++ utilisation abondante

Source : enquête terrain 2009

En somme, les possibilités d'approvisionnement en produits ligneux à partir des peuplements naturels s'épuisent d'autant plus que, l'Acacia nilotica, espèce la plus adaptée au cloisonnement de la plaine alluviale, du fait de sa localisation essentiellement dans les cuvettes et dépressions, demeure l'espèce la plus exposée aux conséquences de l'irrigation. Mais, l'intégration de l'arbre dans les systèmes de production hydro-agricoles sous forme de brise-vent (Eucalyptus, Prosopis ...) assure un double objectif de production de ligneux et de protection des cultures.

3.3 La commercialisation

Cette activité du secteur tertiaire occupe une bonne place dans l'économie rurale de l'arrondissement. Elle doit son importance à deux facteurs principaux : la route nationale (N2) où le siége des trois Communautés rurales se situe et la disponibilité des produits agricoles, forestiers, pastoraux, halieutiques dans le milieu.

Une grande mobilité des personnes et des biens se développe dans ce terroir suivant une double orientation : d'une part, les villages du « jééjégol » (Mboumba, Aéré lao et Madina Ndiathbé) situé sur le goudron (nationale 2) exercent leurs activités commerciales sur les axes routiers en relation avec les villages du Diéri. D'autre part, ceux de l'île à Morphil très enclavés et caractérisés par l'inaccessibilité (en voiture) pendant deux mois de l'année, ont une orientation commerciale vers la Mauritanie. Une véritable dynamique transfrontalière (relations quotidiennes d'échanges) se réalise entre les villages de l'île à Morphil respectivement : Boki - Wallaldé - Dioudé avec ceux de l'autre rive : Boghé - Wothie - Bababé.

Bien que, tous les gros villages disposent des marchés quotidiens, les « dougguéré » (marché hebdomadaire) sont de véritable lieu d'échanges et d'interrelation spatiale (Diéri, Walo et Mauritanie). En effet trois « dougguéré » se déroulent dans l'arrondissement et permettent aux différentes populations d'écouler leurs produits par troc ou en espèce : les Wolofs en provenance de Dagana ou Richard Toll vendent des produits vestimentaires, les Maures de Bababé ou Boghé achètent du riz en gros, puis les Peuls et Halpular de l'île à Morphil vendent des produits agricoles et pastoraux. A ce titre, le chef lieu de la communauté rurale de Madina Ndiathbé exerce un attrait impressionnant sur les villages environnants (figure 4 : diagramme de polarisation).

Depuis l'arrêt de la commercialisation du riz par la SAED, ce marché hebdomadaire gagne de l'ampleur.

FIGURE 4 : Diagramme de polarisation Wallaldé

Weldé béye Hothiéré

. Wothie

Saré-Souki

Madina Ndiathbé

Cas-Cas

Wala Bababé

Dounguel

Dioudé

Barangol

Thioubalel

LEGENDE

Chef lieu de CR Madina Ndiathbé

Villages environnants

Soins médicaux

Produits forestiers

Produits halieutiques

Produits agricoles et pastoraux

Produits Manufacturé

*

* *

L'exploitation des ressources naturelles assure la couverture de l'essentiel des besoins des populations et dans l'arrondissement, elle occupe une place centrale dans le fonctionnement du terroir. Les systèmes de production des agricultures, pécheurs et pasteurs s'articulent entre eux et forment ensemble la mise en valeur de l'île à Morphil. Car « l'écologie de la vallée du fleuve Sénégal a étroitement conditionné les systèmes traditionnels » (Boutillier, 1962).

Cependant, cette exploitation est marquée par un déséquilibre entre un secteur traditionnel en léthargie (agriculture traditionnelle, élevage, pêche, et exploitation forestière) et un secteur moderne (irrigation) orienté vers les aménagements hydro agricoles.

La manière dont ces ressources sont utilisées aboutit à un processus de dégradation.

CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DES CONTRAINTES

L'île à Morphil est un terroir essentiellement rural caractérisé par une économie de vallée, axée sur l'exploitation des ressources naturelles dont : une culture traditionnelle pluviale et de décrue, l'élevage et la pêche fluviale. Pendant des siècles, les habitants ont vécu en équilibre avec la nature, mais depuis quelques décennies, une crise environnementale dont la dégradation de l'environnement est le symbole vivant, a durement secoué cette zone.

Ces contraintes se manifestent par une disparition du couvert végétal, un appauvrissement des sols, une diminution des ressources en eau et l'extension de la déforestation. Ainsi des facteurs physiques et humains sont indexés.

I. LES CONTRAINTES HYDRIQUES

La pluviométrie et l'écoulement fluvial sont les deux sources essentielles d'approvisionnement en eau dans l'île à Morphil. Ils constituent un important potentiel hydraulique, mais sujet à la fois aux contraintes naturelles liées à la variabilité des précipitations et aux contraintes anthropiques.

I.1 La péjoration climatique

Depuis de longues années, la moyenne vallée, à l'image du Sénégal a connu plusieurs grandes crises pluviométriques dont les plus significatives sont celles de : 1913 - 1915, 1941 - 1945, 1968 et la dernière sécheresse qui a débuté à la fin des années 1970 dont les effets se font encore sentir. Le niveau pluviométrique présente dans la zone un profil erratique. La courbe de la pluviométrie des années 1999 à 2008 montre que, l'arrondissement enregistre des déficits pluviométriques fréquents d'autant plus que, les précipitations irrégulières et insuffisantes se concentrent sur 2 à 3 mois.

L'agriculture étant plus vulnérable à cette contrainte climatique à travers les températures et l'humidité relative de l'air. Trop basses en Décembre et Janvier, elles peuvent entraîner une stérilité importante dans les cultures du riz et de l'arachide. Respectivement trop élevées et trop basses en période Harmattan, de Mars à Mai, elles s'accompagnent de très fortes demande évaporatives. Trop élevées au cours de l'hivernage, elles sont défavorables à la mise à fruit de la tomate.

Par ailleurs, l'élevage étant le secteur le plus affecté de cette baisse des eaux pluviales. Les fortes variations saisonnières et interannuelles de la pluviométrie affectent la recharge des nappes souterraines qui diminuent leurs potentialités, alors que l'écoulement des cours d'eau qui dépend des précipitations reçues, s'affaiblit.

I.2 Les impacts des aménagements hydro agricoles

Pour palier aux contraintes hydriques, un vaste programme d'aménagement hydro-agricole a été réalisé afin de soutenir un débit d'écoulement intéressant. Ces ouvrages hydrauliques (barrages de Diama et de Manantali) ont par de là même bouleversé l'écologie de la vallée, de l'île à Morphil, avec un développement des maladies hydriques, la prolifération des plantes aquatiques nocives et une importante invasion acridienne et aviaire.

· Dans cet environnement marqué par la sécheresse, toute la population se tourne à un moment ou un autre de l'année, vers le fleuve. Avec l'avènement des grands barrages, il est patent que le risque sanitaire majeur soit lié aux maladies à transmission hydrique. La présence de l'eau dans les périmètres irrigués pendant toute l'année a entraîné une endémicité du paludisme dans la zone, qui est devenu la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Sur les 157 personnes enquêtées, 150 désignent le paludisme comme le premier facteur de la mortalité. La bilharziose est la seconde maladie endémique parasitaire qui touche particulièrement les enfants. Des foyers de bilharziose urinaires sont localisés dans certains villages (Boki, Saré-Souki...), selon l'avis des infirmiers de la zone.

· Ces aménagements ont développé dans leur sillage des végétaux aquatiques envahissantes : « kélélé - dubirubi - jaljalbé ». Cet enherbement a stagné le développement de la pêche et le pourrissement des tiges de végétaux, ainsi que l'envasement altèrent aussi la qualité de l'eau. Les zones de développement des végétaux aquatiques constituent des lieux privilégiés pour la prolifération des oiseaux granivores.

· Depuis le développement des PIV, l'île à Morphil est exposée à de fréquents prédateurs et parasites. Les attaques d'oiseaux sur épis sont fréquemment observées : la perruche, le tisserin et l'ignicolore présentent un certain danger pour le riz. Les insectes foreurs de tiges comme Scarabacidae et Malvidae (les coléoptères) sont les principales familles attaquant les organes reproducteurs du Maïs, sorgho et mil. L'action des acridiens est encore plus sensible sur ce, le péril acridien de 2004 est toujours d'actualité.

II. LES CONTRAINTES PEDOLOGIQUES

Les ressources édaphiques supports des activités agricoles présentent une grande variété dans l'arrondissement. Mais, elles sont confrontées à une baisse temporaire ou permanente de la productivité relative à des facteurs physiques et anthropiques.

2.1 Les facteurs physiques

Les facteurs physiques jouent un grand rôle dans la dégradation des sols et trois phénomènes sont particulièrement constatés :

· L'érosion éolienne

Les vents de l'harmattan qui soufflent dans la zone durant toute la saison sèche avec des vitesses comprises entre 2,5 et 4,29 m/s, exercent une forte dynamique sur les transformations morphologiques des unités du paysage et accélèrent la dessiccation des sols et le déchaussement des racines.

Les sols à texture sableuses (zone Diéri, Fondé et Pallé) y sont plus sensibles, ainsi que les zones dépourvues de végétation. La poussière et les « vents de sables» sont les phénomènes climatiques les plus fréquents de l'île à Morphil rendant la visibilité délicate. En gros, ces vents augmentent l'évaporation et l'évapotranspiration qui contribuent à accentuer le déficit hydrique et l'assèchement des sols.

· L'érosion hydrique

L'érosion hydrique sévit de manière importante dans l'île à Morphil et les berges des cours d'eau sont les plus exposées. En raison de la faiblesse de la couverture végétale et de la violence des précipitations, un ravinement se déclenche escarpant les bordures de la vallée (Photo 5).

L'extraction du sable pour la construction a accéléré l'action du fleuve dont la variation est très sensible dans le terroir. L'inondation est courante, d'ailleurs la quasi-totalité des sites originels des villages de l'île à Morphil se trouve actuellement sous les eaux. Le plus spectaculaire est l'ancienne école primaire de Dounguel complètement déchiquetée par les eaux, par suite du creusement des côtes et l'élargissement du lit mineur, une partie témoin subsiste encore. (Photo 6)

PHOTO 6 : Les effets du ravinement PHOTO 7 : L'école primaire de

à Fondé Elimane Dounguel emportée par l'érosion fluviale

· La dégradation chimique :

La salinisation et l'acidification constituent les principaux processus qui animent la dégradation chimique. L'irrigation dans l'île à Morphil place le sol dans une situation différente du régime pluvial. La modification du régime hydrique a changé les conditions de pédogenèse.

Une remontée des sels par percolation est observée sur les PIV du constat des exploitants (tableau 19), dont les aménagements mal planés, mal entretenus et sujets à de fréquents débordements, ne disposent en général pas de drains. Le manque de drainage entraîne une alcalisation des sols dont l'acidification compromet le développement de la végétation.

Tableau 19 : Nature et importance de la dégradation des sols par biotope

Biotope

Erosion hydrique

Erosion éolienne

Dégradation chimique

Observations

Berges des cours d'eau

TE

M

F

Ravinement des sols

Bourrelets de berges

F

E

F

Harmattan et tempêtes de sable

Périmètres irrigués

E

F

E

Salinisation des sols mal drainés

Légende : F : faible, M : modéré, E : élevé, TE : très élevé

Source : enquête de terrain, 2009

2.2 Les facteurs anthropiques

L'utilisation des sols par l'homme est la première origine de leur usure. Elle est accentuée par l'épuisement conséquence de la répétition des cultures. A Dioudé, l'érosion des terres est ostensible, après 7 ans de monoculture du riz la récolte a considérablement chuté la huitième année. A Fondé Elimane sur les 20 hectares irrigués, les 5 hectares sont abandonnés à cause de l'infertilité. En effet, cette dégradation se manifeste par une baisse des capacités physiques du sol (baisse de la teneur en argile sur les hollaldé).

Une forte pression foncière s'exerce sur les sols des zones inondables : la quasi-totalité des interrogés affirment que, le manque de terre est leurs soucis majeurs, la jachère a complètement disparu de la zone. En outre, la transhumance a aggravé l'érosion des berges. Le piétinement des troupeaux a eu des effets néfastes sur les sols.

2.3 Les contraintes économiques

Des contraintes liées aux systèmes de production sont manifestes. En effet, chaque famille dispose d'un PIV de 22 ares regroupant 5 à 12 personnes ou plus, la première priorité du paysan est de produire du riz pour la nourriture de la famille. La deuxième, liée à la précédente est de financer la mise en place de ses cultures du riz : intrants parmi lesquels : les engrais, les semences, l'eau, le gasoil ...et de régler les dettes du ménage. Le reste, il le consacre à la culture du Walo et du Diéri. Pour couvrir leurs besoins pendant toute l'année, ils vendent le riz, le petit bétail ou bénéficiers des revenus extérieurs.

Les contraintes macro-économiques sont beaucoup plus importantes, l'économie rurale repose sur l'agriculture en déclin et les revenus par tête sont faibles. (Figure 5). A l'unanimité, jaloux des énormes possibilités qu'offre l'île à Morphil les populations indexent les problèmes d'intrants et de financement comme l'unique contrainte de l'exploitation des ressources pédologiques.

FIGURE 5 : Pyramide des problèmes agricoles

Source : enquête de terrain, 2009

III. LA DEGRADATION DES RESSOURCES VEGETALES

Les ressources végétales conditionnent un maintien des processus écologiques et constituent une source substantielle de ressources alimentaires, énergétiques et pharmaceutiques pour les populations de l'arrondissement. Mais sous l'emprise de la pression anthropique et la péjoration climatique, ces formations végétales ont beaucoup évolué.

3.1 L'impact des facteurs physiques sur la végétation

L'île à Morphil est une partie du Sahel, qui a sévèrement subi les effets des aléas climatiques. Ainsi, se sont installées des conditions de semi aridité avec une longue sécheresse annuelle, qui a abouti à la sélection du peuplement végétal qui, du mésophile à l'origine, est devenu de plus en plus xérophile. Plusieurs espèces ligneuses ont disparu parmi lesquelles : Fovia biolor - Euphorbia convolouloides - Acacia senegal - Mitragina inermis - Tamarindus indica ...

L'action de l'érosion éolienne participe à la dégradation de la végétation par le déchaussement des racines, alors que certaines espèces reboisées (Eucalyptus - Prosopis et Azdirachta indica) ont un système racinaire très développé qui étouffe les plantes. Certaines espèces végétales typiques de bas-fond, étroitement liées aux drainages et à la durée de l'inondation, sont en voie de disparition suite au manque d'eau. Beaucoup d'arbres morts sont rencontrés dans les forêts classées.

3.2 Les actions anthropiques

Les effets néfastes de la crise climatique ont été cependant exacerbés par l'action anthropique qui a imprimé sa marque sur la physionomie du paysage actuel.

· La déforestation est l'effet le plus visible dans le terroir avec deux causes majeures : d'une part, l'expansion agricole responsable du quasi disparition des peuplements du Gonakier (Acacia nilotica) par suite des aménagements hydro agricoles. D'autre part, la pression foncière fait du défrichement de nouvelles terres un mode d'utilisation des terres hautement prioritaire par rapport à leur défense. Les forêts constituent dés lors de véritable zone à risque. la coupe abusive des arbres (la section des parties sensibles comme : le tronc et les racines) demeure une pratique plus redoutable (Photo 6), d'autant plus que le bois est l'unique combustible domestique des populations du milieu dont le niveau de pauvreté et l'enclavement ne permettent pas d'accéder aux autres formes d'énergies (seules les 3 CR et l'arrondissement disposent l'électricité)

PHOTO 8 : La coupe abusive des arbres PHOTO 9 : L'impact des caprins sur la végétation

· Les pratiques pastorales sont marquées par la réduction de l'espace de parcours qui restreint la mobilité du bétail aboutissant à une surexploitation des ressources forestières avec l'augmentation des charges animales. Le constat est l'émondage sauvage des espèces ligneuses appétées et le broutage des jeunes ligneux, qui provoquent la mortalité de nombreux sujets et réduisent, voire annihilent la régénération (Photo 7). L'action des caprins en particulier y est plus sensible.

Par ailleurs, les feux de brousses constituent un autre fléau de cet écosystème, la strate herbacée étant la plus exposée avec le défrichement par le feu très répandu.

*

* *

Au demeurant, les facteurs naturels de dégradation des ressources naturelles les plus importants dans l'arrondissement sont constitués par la sécheresse et la baisse de la pluviométrie. Cependant, les facteurs anthropiques aggravés par la situation de pauvreté dans le milieu risquent à long terme, de provoquer une dégradation irréversible. Les activités primaires étant plus exposées.

Conclusion partielle :

La proximité de l'eau conditionne l'implantation humaine et l'île à Morphil partie du lit majeur, est une zone inondable où la crue joue un grand rôle. Depuis le Moyen Age, elle a été l'objet d'une cristallisation de l'habitat et la production du territoire qui aujourd'hui est marquée par une population très jeune en croissance rapide. Cette population vit d'activité primaire à travers l'exploitation des ressources naturelles.

Par sa technologie adaptée à l'écologie, par l'organisation de la production adaptée aux structures sociales et par son autosuffisance en intrants agricoles (fertilisation naturelle par la crue), le système de culture de décrue est resté longtemps en dehors du système de productions monétaires dominant. L'élevage et la pêche s'intégraient harmonieusement à cette mise en valeur. Mais les aménagements hydro agricoles se sont greffés à cette dynamique dont ils ont fini de devenir le monopole.

Par ailleurs, depuis quelques décennies, ces supports de la société sont confrontés à plusieurs contraintes dont la croissance démographique et les facteurs physiques qui compromettent la satisfaction des besoins alimentaires des populations.

Dés lors, le défi qui se pose dans l'île à Morphil, consiste à trouver une meilleure articulation entre les exigences des populations du terroir et les trajectoires de développement au niveau national. Ce qui s'opère par une dynamique organisationnelle et une gestion des ressources naturelles

Dans l'île à Morphil, où les systèmes de production agricole et animale sont tributaires des ressources naturelles et des systèmes fonciers en vigueur (contrôle social et politique, accessibilité aux ressources), le problème de la dégradation des ressources naturelles est au coeur des débats sur le développement local. La dynamique organisationnelle est perçue comme l'une des conditions de succès des programmes d'aménagement et de gestion durable des ressources naturelles.

Dans ce contexte, nous avons décelé ce que les populations de l'arrondissement savent, vivent et sont capables de faire pour une gestion non conflictuelle des ressources naturelles. Car, comme l'a exprimé Jacques Weber : « les hommes font partie intégrante de l'écosystème que l'on entend préserver : on n'y arrivera pas sans eux ».

Il sera dès lors, question d'analyser les structures s'affairant autour de la gestion des ressources naturelles (chapitre I) pour identifier les modes mis en oeuvre dans la gestion des ressources naturelles, ainsi que l'impact de ces éléments sur les ressources (chapitre II).

CHAPITRE I : LES STRUCTURES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Il s'agit de structures endogènes ou exogènes fédérant diverses forces, mentalités ou ressources pour faire face au défi du développement dans plusieurs domaines, en particulier la gestion des ressources naturelles. Le transfert de compétences en matière de gestion des ressources naturelles et d'environnement a fini de responsabiliser les populations dont les actions, dans la genèse et la mise en oeuvre d'activité de préservation, sont d'une dimension incontournable.

Ainsi, les actions des organisations communautaires de base appuyées par les structures administratives, en partenariat avec la coopération décentralisée et des acteurs extérieurs, sont les triptyques du développement local de l'île à Morphil.

I. LES ACTEURS LOCAUX

Ce sont des organisations communautaires de base (OCB) qui rassemblent les populations du même terroir. Elles sont bâties en fonction des intérêts des paysans (GIE et GPF), d'un besoin (association d'entraide) ou de développement sur tous les plans. Les villages sont caractérisés par une dynamique organisationnelle à tous les niveaux.

1.1 Les organisations de développement agricole

Elles sont la charpente des activités de développement économique et l'avenir des villages dépend de ces structures très dynamiques au niveau de l'arrondissement. Elles rassemblent pour la plupart du temps des « Jom foyré » à l'exception du « Féddé aynabé ». En considérant, les objectifs, de ces organisations dans la production et l'échelle de leurs interventions, nous pouvons procéder à une typologie pour mieux les caractériser :

1.1.1 Les groupements d'intérêts économiques de base

Ces GIE centrés autour des PIV, leurs objectifs principaux et directs sont la production. Actuellement, prés de 36 groupements d'intérêts économiques se dénombrent dans la zone d'études avec une réalité organisationnelle (bureau composé de président, trésorier, secrétaire général et les membres). Il s'agit de groupements pluri-acteurs ayant, pour la plupart, adopté le statut juridique de GIE pour accéder au crédit, ils servent de relais entre les exploitants et la SAED ou les ONG. En principe, tout habitant des villages marié est naturellement membre.

Ces groupements en partenariat avec le CADL assurent toutes les activités de gestion en agriculture.

1.1.2 Les groupements de promotion féminine

C'est un maillon important dans le domaine de l'organisation, par la détermination des femmes, leur capacité d'initiative, d'action et de présence dans la zone. Prés de 30 GPF sont recensés dans le terroir. Pratiquement chaque village en dispose au moins un. Ces actrices du développement local investissent dans plusieurs domaines comme : l'embouche bovine, le maraîchage, le petit commerce, la teinture et la couture.

Le GPF de Cas-Cas (GIE Thierno Samba Amadou Bal) est la plus dynamique de l'île à Morphil (figure 6) avec plus de 258 femmes réparties dans plusieurs volets : maraîchage, élevage, pêche, commerce, teinture... En plus, de leur fonction de production économique, les GPF jouent un rôle d'intégration (regroupent toutes les catégories de la population), ils sont soutenus par plusieurs partenaire dont : PIP, PAPFIM, CONTERPART International...

Figure 6 : La grappe des activités du GPF de Cas-Cas

Source : Enquête de terrain, 2009

1.1.3 Les organismes fédératifs inter villageois

Ces organisations sont l'aboutissement d'un effet de coordination, pour répondre aux défis multiples que pose le désengagement de l'Etat et la privatisation aux paysans de l'île à Morphil. Ainsi, l'action de quatre groupements volontaristes se distingue au niveau de l'arrondissement :

- FUGIAM (Fédération des unions de GIE de l'île à Morphil).

Cette structure est née d'un constat d'une floraison de GIE et de la nécessité de les unir en une association. Basée à Wallaldé, elle regroupe tous les GIE de l'île à Morphil et intervient uniquement dans l'agriculture irriguée, par des dons de GMP et de semences. Grâce aux partenaires, elle a récemment octroyé un GMP au GIE Dounguel 2.

- La fédération lao 

C'est une puissante fédération qui existe depuis 1984 et regroupe 37 villages (de Fondé Gandé à Diomandou). Logée à Aram, elle fonctionne de façon autonome (elle n'a pas de budget) grâce à un programme qu'elle négocie avec des partenaires au développement (FNPJ, OXFAM, Agence national de l'aquaculture). Elle intervient dans l'entreprenariat féminin, le micro finance, la création de magasin de stockage, la fourniture de GMP et d'intrants. Son résultat le plus satisfaisant est la gestion des ressources halieutiques à Aram à travers le projet de pisciculture.

- PAPFIM : (programme d'appui aux femmes de l'île à Morphil)

C'est un programme qui existe depuis 2003 et regroupe la quasi-totalité des GPF (on dénombre quelque 95 GPF membres). L'intervention se déroule dans quatre domaines : agriculture, élevage, teinture et activité de promotion féminine, à travers des plans d'actions. Actuellement, nous sommes dans le quatrième plan d'action qui consiste au renforcement des capacités des GPF. Basée à Cas-Cas, il a réussi à initier l'insémination artificielle avec l'appui du CORAD, l'embouche bovine et la réalisation de petit financement.

- Le « Féddé aynabé »

C'est un regroupement très actif qui défend les intérêts des éleveurs. Actuellement, il regroupe 65 membres et l'adhésion se fait par l'achat d'une carte éleveur. Cette structure à des partenaires comme le PAPEL et le service vétérinaire. Mais, les actions se limitent à l'emmagasinement d'aliments de bétail ou à l'achat de fourrage (15 tonnes de fourrages ont été récemment distribués entre les éleveurs), à la vaccination et l'insémination artificielle récemment effectuée avec des résultats mitigés.

En gros, ces organismes fédératifs sont dynamiques et tentent de gérer efficacement les contraintes de la zone. Ils sont fortement liés à des structures d'encadrement étatiques et de crédit comme : SAED, FED, CNCAS...

1.2 Les associations villageoises de développement (AVD)

Le phénomène d'émergence de mouvements associatifs qui décident de prendre en charge eux-mêmes certains aspects du développement de leur terroir, prennent depuis quelques années une ampleur non négligeable dans l'arrondissement.

Selon nos enquêtes, tous les villages du terroir disposent de ces genres d'organisations qui tentent de couvrir toutes les activités rurales, mais pour la plupart du temps, elles poursuivent des objectifs surtout sociaux. Ces associations sont un instrument de développement. Certaines ont cherché le statut juridique de GIE pour accéder au crédit (cas de l'association pour le développement de Cas-Cas ou de l'union pour le développement économique et social de Thioubalel). Structures très dynamiques dans la gestion des ressources naturelles, elles sont connectées à des réseaux d'ONG (ressortissant en extérieur ou des particuliers comme des politiciens) et des projets, à l'instar du projet de la gestion des ressources naturelles (PROGRENA) qui a débuté depuis 1998 avec le reboisement communautaire. Ce sont les forces vives des villages qui interviennent dans les activités de sensibilisation, de la création de digue de protection ou d'infrastructure (école, route, puits ou forage).

Par ailleurs, nous intégrons dans cette mouvance, les associations sportives et culturelles (ASC) axées essentiellement sur le théâtre et le sport au début, mais actuellement elles évoluent et se transforment en Association Villageoise de Développement (AVD). Ce changement est lié au désengagement de l'Etat, les villageois devant prendre en charge les écoles, les dispensaires, leurs puits ou forages et leur agriculture. Les ASC réorientent donc leurs activités dans le domaine social et économique.

1.3 Les associations traditionnelles

La vie associative est très ancienne dans l'île à Morphil, à l'exemple de « Féddé Caisse » à Thioubalel qui date de 1927. C'est une structure dont la gestion passe d'une classe d'âge à une autre. Lieux d'apprentissage et de formation, ces associations regroupent des jeunes filles ou garçons de même âge et leurs domaines d'intervention sont particulièrement l'entraide et la solidarité.

Ces associations traditionnelles revêtent de multiples formes : classe d'âge, de caste, de lignage, de quartier.

II. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES

Ce sont des structures étatiques décentralisées ou pas, découpées en unités territoriales. (Tableau 20). L'arrondissement de Cas-Cas demeure une entité déconcentrée de l'Etat, scindée en trois communautés rurales (entité décentralisée) qui constituent une réponse aux carences de participation des ruraux aux structures administratives.

Tableau 20 : La structure administrative de l'arrondissement de Cas-Cas

Unité territoriale

Exécutif

Organe de coordination et de planification

Organe de délibération

Arrondissement

Sous-préfet (nommé)

Comité Local de planification

Conseil d'arrondissement

Communauté rurale

Président (élu)

CADL

Conseil rural

Villages

Chef de village

(nommé)

Notable

 

Source : Ministère de la décentralisation

2.1 La sous - préfecture

Pilier de l'administration locale et basée au niveau du chef-lieu de l'arrondissement de Cas-Cas, elle coordonne toutes les actions, motive la participation des populations aux activités de développement et supervise toutes les activités de gestion des ressources naturelles. Elle approuve la délibération du conseil rural et appuie les communautés rurales sur le volet administratif. Dans l'île à Morphil, elle est le plus souvent remplacée par le CADL dont elle délègue la représentativité.

En effet, le CADL (Centre d'Appui au Développement Local) basé à Aéré lao, est une transformation du CERP (Centre d'Expansion Rural et Polyvalent) en 2005 par le décret 2005 - 575. Il est dirigé par le chef de CADL assisté par une équipe pluridisciplinaire (service déconcentré de l'Etat) avec notamment : un agent technique de l'agriculture, un agent technique de l'élevage et un agent technique des Eaux et Forêts.

· Le service de l'agriculture

Il s'agit des agents de la SAED recrutés par l'Etat en vue de renforcer les capacités des paysans. Nous avons deux agents agricoles à Cas-Cas qui interviennent au niveau de l'arrondissement. Leur action se limite à fixer le calendrier agricole dans les PIV, les instructions dans l'utilisation des engrais et produits phytosanitaires, ainsi que la variété de culture qui s'adapte à la campagne en vue (après étude pédologique)

· Le service de l'élevage

Dans l'arrondissement, nous avons trois chefs de postes vétérinaires (CPV) qui collaborent avec l'inspecteur de l'élevage de Podor. Basé dans les sièges des Communautés Rurales leurs interventions sont saisonnières et se limitent dans les campagnes de vaccinations :

- Les bovins sont vaccinés en premier lieu contre le bouthilisme et la maladie du charbon pendant la période d'Octobre à Décembre. La zone de concentration demeure les deux parcs de vaccination de l'île à Morphil (Thioubalel et Cas-Cas)

- Les ovins et les caprins sont les catégories traitées en second lieu, mais de plus en plus délaissées en raison de leurs effectifs pléthoriques. Ils sont surtout préservés contre la trypanosomiase à cause de la crue.

- Les équins sont immunisés contre la peste équine grâce à une communication dans les « Dougguéré »

- La volaille est prémunie pendant l'hiver avec des produits dilués dans leur breuvage.

Ce service est complété par les quatre cabinets vétérinaires privés du terroir. Il existe une étroite collaboration entre ces structures privées, l'inspecteur d'élevage de Podor et les chefs de postes vétérinaires (CPV).

· Le service des Eaux et Forêts

L'intervention de la brigade forestière (basée à Cas - Cas) est très remarquable au niveau de l'île à Morphil. En effet, le seul agent des Eaux et Forêts de la zone effectue des patrouilles quotidiennes dans les différents villages, en vue de parer à l'exploitation clandestine ou à la divagation. Il est surtout épaulé par les deux techniciens horticoles basés respectivement à Aéré lao et à Mboumba où des pépinières de 2 hectares existent. Ces techniciens travaillent avec l'agent forestier et les populations.

Cette équipe pluridisciplinaire accompagne et guide les populations dans toutes les actions relatives à l'environnement, ce sont des partenaires de la communauté rurale.

2.2 Les communautés rurales

L'arrondissement de Cas-Cas est découpé en trois communautés rurales (Aéré lao, Mboumba et Madina Ndiathbé). Les CR sont des collectivités locales, personne morale de droit public, dotée de l'autonomie financière. Elles constituent un certain nombre de villages appartenant au même territoire et gérés par des conseils ruraux.

Dans un élan de décentralisation, la loi 96-07 du 22 Mars 1996 consacre le transfert de 9 domaines de compétences aux CR :

- Le domaine

- Environnement et gestion des ressources naturelles

- Santé, population et Action sociale

- Jeunesse, sport et loisirs

- Culture 

- Education

- Planification

- Aménagement du territoire

- Urbanisme et habitat

Nous notons une réelle implication des populations (les chefs de villages sont les premiers partenaires des CR) notamment à travers les ateliers de formation. Les actions les plus concrètes, exécutées par les CR sont : les parcs de vaccination, création de puits ou forages, création de pistes de production, appuyer les activités sportives et culturelles, la construction d'écoles.

2-3 Les commissions de gestion des ressources naturelles au niveau des CR

Pour une meilleur gestion des compétences transférées spécifiquement dans le volet environnement et gestion des ressources naturelles ainsi que les domaines, il existe au niveau des conseils ruraux de chaque CR deux commissions essentielles :

2.3.1 La commission environnement

Par elle, la collectivité locale entend gérer l'environnement surtout dans son contexte actuel de dégradation. C'est ainsi qu'en plus de prendre des mesures réglementaires contre les auteurs d'actes tendant à déstabiliser l'équilibre écologique, elle lutte contre la coupe de bois dans les forêts grâce à l'intervention de la brigade des Eaux et Forêts.

2-3-2 La commission domaniale

Elle réglemente l'accès des populations aux terres dites « zone de terroir » par la loi sur le domaine national. Cette commission est la seule détentrice des compétences en matière d'affectations et de désaffection foncières.

Les difficultés d'intégration des systèmes agricoles et pastoraux ont abouti à l'application du Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS) qui définit deux zones de vocation des terres :

- la zone agro-pastorale à priorité agricole (ZAPA) dans la zone Walo,

- la zone agro-pastorale à priorité élevage (ZAPE) dans la zone Diéri.

Les territoires des CR se répartissent ainsi, en fonction de ces deux types de zone et des commissions de suivi du POAS sont créées avec les chefs de village de la zone, les conseillers résidents, un représentant des agriculteurs et un représentant des éleveurs.

III. LES PARTENAIRES EXTERIEURS

Les communautés rurales du Sénégal étant généralement pauvres et confrontées à des problèmes de revenus financiers et de déséquilibre écologique, l'Etat ou les populations sollicitent les bonnes oeuvres des ONG et des projets.

Les communautés rurales de l'arrondissement de Cas-Cas n'échappent pas à cette situation et sont le théâtre d'un jeu pluri acteur parmi lequel l'intervention de plusieurs partenaires dans le domaine de la GRN comme en atteste le diagramme de Venn (figure 7).

Ainsi, il existe des interrelations entre les structures villageoises et les structures d'encadrement à plusieurs niveaux. Ce diagramme illustre une dynamique organisationnelle entre les organisations paysannes recentrées sur l'irrigation (GIE et GPF) et les organismes fédératifs inter-villageois (FUGIAM, Fédération lao...). Dans la majorité des cas des structures exogènes ont collaboré avec les populations ou le conseil rural dans une ou des actions ayant trait avec l'environnement et les ressources naturelles (forages, reboisement, parcs de vaccinations...).

Dans cette collaboration aucune organisation locale n'est épargnée, cependant les GPF et GIE ont beaucoup plus bénéficié de l'appui des partenaires extérieurs, tandis que les autres structures ne collaborent pas beaucoup entre elles.

Par ailleurs, la quasi-totalité des personnes interrogées reconnaissent que les obstacles à la décentralisation dans les CR sont liés :

- à l'incompréhension des populations qui ne s'acquittent pas des taxes rurales ou des contre parties,

- l'enclavement est le second problème, le siège des trois CR se trouve dans le Diéri sur la nationale 2 et leurs effets ne sont apparents dans le Walo que pendant les campagnes électorales.

Dans tous les cas, face à la dégradation continue de l'environnement, plusieurs actions de GNR sont déjà initiées par les populations. Celles-ci ne manquent pas d'impacts sur le milieu physique et la société.

Figure 7 : Le diagramme de Venn de Cas - Cas

Légende :

Structures internes

Partenaires au développement

*

* *

L'arrondissement de Cas-Cas est un pôle de développement où s'imbriquent plusieurs échelons (du local au global). Par conséquent, dans le cadre de la pérennité du développement local, une solide interrelation entre les différents acteurs, à la faveur d'une concertation et d'un échange d'expériences, se crée pour favoriser une gestion des ressources naturelles.

La diversité des organisations dans l'île à Morphil est certainement une manifestation des stratégies des différents acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais aussi se positionner sur le champ de la gestion.

CHAPITRE II : LES STRATEGIES DE GESTIONS DES RESSOURCES

NATURELLES ET LEURS IMPACTS DANS L'ARRONDISSEMENT

L'analyse des systèmes de production a révélé que l'arrondissement de Cas-Cas subit de plein fouet les effets néfastes de l'action anthropique et des facteurs physiques sur les ressources naturelles. Ce constat a alerté les populations, les collectivités locales et les partenaires au développement pour l'application de mesures protectrices. Pour s'adapter à ces changements, ils ont individuellement ou collectivement adopté des modes de gestion pour sauvegarder l'écosystème.

Ces actions constituent dés lors, des réponses aux problèmes de dégradation de l'environnement et ont des impacts sur le milieu.

I. LES MODES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

La gestion est un mode d'intervention tendant à utiliser les ressources naturelles dans le but de les valoriser pour satisfaire des objectifs (de survie) sans compromettre leurs possibilités et capacités de renouvellement. Il s'agit des procédés qui permettent de répondre aux besoins des populations et de garantir la préservation de la base des ressources.

En fonction des acteurs, des moyens ou de la ressource, les modes de gestion sont traditionnels ou modernes.

I.1 Les méthodes traditionnelles de gestion des ressources naturelles

Elles sont initiées par les populations locales et s'appuient généralement sur des techniques et valeurs traditionnelles. En effet, les habitants de l'île à Morphil dépendent essentiellement de l'exploitation des ressources naturelles pour satisfaire leurs besoins vitaux. La dégradation de cet écosystème leur a obligé de s'adapter en mettant en place des stratégies pour mieux gérer l'espace de manière durable. C'est ainsi que différents modes de gestions naturels sont utilisés :

1.1.1 Action d'économie de l'eau

Dans cette logique de raréfaction des précipitations et de la réduction des activités agricoles surtout dans le système traditionnel, les paysans effectuent des actions d'économie de l'eau, qui permettent une gestion de l'eau en vue des cultures de Diéri. C'est ce qui explique l'émergence de techniques particulières pour répondre aux exigences de production. Nous avons noté à ce titre :

· Le « mballa », c'est une technique qui consiste à recueillir les eaux pluviales dans les champs du Diéri. L'exploitant crée ou cherche une dépression où l'eau stagne qu'il encercle avec une clôture naturelle (photo 7). Actuellement le Diéri se résume à ces « mballa ».

· Le « Houddou », c'est une pratique similaire au « mballa » mais celui-ci se particularise par la réalisation de petits barrages pour stagner l'eau pluviale. Il est surtout effectué pendant les périodes de déficit pluviométrique. Ainsi, la culture du mil est très répandue avec ce système.

· Le « Aboji », cette pratique est exercée dans les mares pour palier l'insuffisance en eau. Il se fait en fin d'hivernage notamment sur le Walo pour profiter au maximum de l'humidité du sol.

Ces procédés traditionnels permettent de maintenir une agriculture pluviale même avec des années de déficit pluviométrique. Ce technique de captage des eaux est gratuite et n'exige guère d'investissement autre que le travail. C'est un précieux recours pour des paysans pauvres.

Photo 10 : L'exemple d'un « mballa » qui se remplit progressivement en fonction des pluies

Dans cette lancée, des formes traditionnelles de gestions des eaux de surface sont réalisées par les populations du terroir. La pratique la plus répandue est le curage des cours d'eau et puits que les associations villageoises de développement (AVD) et les associations traditionnelles (Féddé wouro, légual...) organisent fréquemment. Par delà, des mesures protectrices sont adoptées pour éviter une pollution domestique : interdiction de faire la lessive dans les cours d'eau, interdiction d'y jeter des ordures ou d'y laver des ustensiles de cuisine.

I.1.1 Les actions de fertilisation des terres

La logique paysanne, fondée sur une tradition ancestrale et une expérience locale, développe des stratégies pour s'adapter aux impératifs du milieu physique :

· La fertilisation par le fumier organique

Il s'agit de l'usage du fumier animal pour enrichir les sols appauvris par les cultures et le déficit d'eau ou l'érosion éolienne. Cette fertilisation organique ne concerne que les systèmes de cultures traditionnelles notamment la culture sous pluie (Diéri) et les cultures de décrue. D'habitude, après les récoltes du Walo ou Diéri le bétail pâture régulièrement dans les champs (niayko) et de ce fait assure la production de fumier.

Ainsi, au moment du défrichage (saison des pluies) les déjections sont minutieusement remuées avec la terre. Du fait que, la quasi-totalité des populations entretiennent un élevage domestique, ce système est largement pratiqué pour pallier à l'épuisement des sols dans la mesure où l'engrais chimique n'est pas utilisé dans ce type de cultures.

·  Le paillage ou le maintien des résidus de récolte sur les champs

Cette technique de conservation des sols, consiste à abandonner les tiges de sorgho ou de mil sur pieds, les feuilles de patates ou fanes d'arachides sur place. Ce qui protège le sol de la forte insolation en saison sèche, des effets néfastes du ruissellement ou de l'action destructrice de l'érosion éolienne. Ces débris de végétaux laissés à la surface des champs, constituent un apport important en humus.

·  La subdivision culturale et l'alternance des cultures

L'association de plusieurs cultures sur le même champ (sorgho, niébé, pastèque...) assure la stabilité du champ et permet une bonne couverture du sol en réduisant l'érosion. En outre, l'alternance de cultures entre le sorgho et le maïs dans le Walo ou la tomate et la patate dans les Pallé, ou dans le Diéri : fêla, sounna et niédico, vise à éviter qu'un type de culture unique épuise à la longue la fertilité du sol.

I.1.2 Les actions de fertilisations par l'intégration de la végétation et de l'élevage aux cultures

· L'association des arbres aux cultures

Les paysans aménagent très souvent des arbres comme : Acacia albida, Zizyphus mauritania ou Verticillata borreria dans les champs de Diéri ou Walo. Ces arbres freinent la vitesse du vent, fournissent l'ombrage et leur litière protège le sol contre l'érosion. Dans les réserves protégées (Saré-Souki et Barangol qui sont en même temps des falos), nous observons une forte intégration de l'arbre aux cultures.

Par ailleurs, dans certains champs du Walo le recours à la jachère est largement effectué au profit de l'agriculture irriguée. Cette jachère permet la reconstruction naturelle des éléments nutritifs du sol.

· La dépendance de l'élevage à l'agriculture

L'élevage est un système qui s'intègre harmonieusement dans la production agricole. Le premier bénéficier des récoltes est le bétail. La quasi-totalité des paysans interrogés affirment pratiquer l'agriculture pour garantir une disponibilité de foins (fanes d'arachides, épis de mil, paille de riz...) aux animaux.

Ainsi, après les récoltes l'herbe est soigneusement stockée dans des abris alors qu'une partie est abandonnée dans les champs pour la vaine pâture. La transhumance constitue une alternative en cas de déficits d'herbes pour une gestion rationnelle du pâturage.

I.2 Les formes modernes de gestions des ressources naturelles

Elles sont généralement l'oeuvre des projets, ONG et autres partenaires au développement ou structures d'encadrement en matière de développement rural.

1.2.1 L'accès aux ressources en eau

Les ressources en eau, sont gérées principalement par le COGEFOR, cependant avec la raréfaction des ressources halieutiques dans l'arrondissement, une nouvelle initiative (la pisciculture) est développée dans le village de Aram sur le Doué.

· La diversification des méthodes d'accès à l'eau

La gestion des ressources en eau est une donnée incontournable dans le terroir. Les forages occupent une place notable dans la satisfaction des exigences hydriques.

C'est ainsi que, pour réglementer l'exploitation de l'eau, un comité de gestion du forage (COGEFOR) est mis en place dans tous les villages disposant cette infrastructure. Nous avons constaté une extension du réseau avec chaque maison qui dispose un compteur volumétrique. La distribution des eaux se fait par un pompage à l'aide des groupes électrogènes dans les villages de l'île à Morphil. Par un pompage électrique à Cas-Cas et les trois villages sièges de CR qui disposent des stations multifonctionnelles qui draine et recycle l'eau.

· La gestion des ressources halieutiques à Aram

Pour contrer la dégradation du milieu aquatique et faire face à la raréfaction des ressources halieutiques durement ressentie dans le village de Aram, la fédération lao en partenariat avec l'agence nationale de l'aquaculture basée à Richard-Toll, a initié la pisciculture dans ce village de pécheurs.

Ainsi, 10 cages flottantes de 10m3 chacun (carré de 2,5 m côté sur une profondeur de 1,65m) sont aménagés sur le Doué avec une densité de 1.000 alevins par cage, constitué par une seule espèce « Oréochromys niloticus » ou tilapia (thiddéré ranéré) très résistant aux conditions du milieu (température de l'eau et climat). En effet, le technicien de pêche recruté et appuyé par un comité de gestion, se charge de l'empoissonnement et de l'alimentation des alevins avec de la farine de poissons quatre fois par jour. (Photo 11)

Photo 11 : Le projet de pisciculture à Aram

Après 6 mois d'élevage (taille marchande 250g), la récolte de la phase test s'est réalisée en Décembre 2008 avec 668 kg de poisons obtenus et commercialisés en raison de 1.000 CFA / kg. Vu la réussite de cette première campagne, actuellement une seconde est amorcée.

En somme, le projet de pisciculture d'Aram est la plus grande activité de gestion des ressources naturelles dans l'arrondissement. D'ailleurs la fédération lao envisage l'extension de ce projet dans d'autres villages.

· L'assainissement

La canalisation des eaux de pluies est effectuée dans certains villages. Pendant l'hivernage, les villages sont caractérisés par l'insalubrité avec la stagnation des eaux pluviales au niveau des quartiers, ce qui peut être vecteur de maladies. Ainsi, à Thioubalel lao l'UDEST16(*) a réussi à effectuer un système de canalisation rudimentaire mais efficace qui draine les eaux pluviales vers le fleuve.

1.2.2 Les actions de gestion des terres

1.2.2.1 Actions pour augmenter le rendement des récoltes

Il s'agit des mesures appliquées dans la fertilisation des sols principalement dans les aménagements hydro-agricoles soumis régulièrement à la culture et l'utilisation de l'engrais chimique.

La culture irriguée est actuellement la principale préoccupation des agriculteurs de l'île à Morphil, deux à trois campagnes agricoles sont régulièrement pratiquées dans les PIV ou les jardins des femmes.

Dans ce cas, l'épuisement des sols est toujours solutionné par la fumure minérale (engrais blanc ou urée). Cette fertilisation chimique permet l'usage continu des périmètres irrigués.

· Les cultures intercalaires ou cultures mixtes

La culture intercalaire désigne deux ou plusieurs plantes cultivées en même temps dans le même champ. Elle est l'apanage des GPF tournés vers le maraîchage, cultivant en même temps : tomate, oseille, piment, gombo et aubergines pour la campagne « Daboundé », légumes et arachides pour la campagne « Ndougou ».

Cette culture mixte permet différentes combinaisons : une rangée de piment et une rangée de gombo, suivies d'une autre rangée de piment, sur les pourtours du périmètre une rangée de tomate s'élabore. Ainsi, ces différentes combinaisons diminuent le risque de perte des récoltes : si la production de l'arachide est affectée, les agricultrices peuvent compter sur les légumes pour assurer un palliatif.

· La pratique de culture à cycle végétatif adapté aux aléas climatiques.

Dans l'île à Morphil les agriculteurs adoptent des variétés de cultures adaptées au climat. Ainsi, pour la riziculture : une variété de riz de cycle court en saison chaude (Tiédou) comme le Sahel 108 est cultivé alors qu'en hivernage, une variété de cycle moyen (Jaya ou IRI 529) se pratique. Dans les cultures traditionnelles de plus en plus, les paysans adoptent des variétés peu exigeantes en eau notamment un choix de mil, de sorgho dont le cycle végétatif est relativement court et adapté aux manques de pluies.

1.2.2.2 La gestion dans l'occupation des sols

L'élaboration d'un plan d'occupation et d'affectation des sols (POAS) dans les trois CR est un instrument pour une sécurisation du foncier. Il permet également la réglementation et l'intégration des systèmes agricoles et pastoraux.

Ce plan définit deux types de zones de vocation des terres :

- la zone agro-pastorale à priorité agricole (ZAPA) qui concerne la zone île à Morphil où l'agriculture domine,

- la zone agro-pastorale à priorité élevage (ZAPE) qui concerne la zone Diéri où l'élevage est la forme de gestion qui régente l'espace.

Le territoire des CR se répartit en fonction de ces types de zone. Ainsi la réglementation suivante est adoptée :

- les points d'abreuvement du bétail : d'une part, les ouvertures suivantes sur le fleuve Sénégal (Toufndé Baydi à hauteur de Siouré, Tounfdé Tantaadji à hauteur de Cas-Cas...), d'autre part sur le Doué (Tounfdé Gokhiyel à hauteur de Aram, Tounfdé Diakel à l'Est de Madina Ndiathbé...), de même que les mares d'hivernage sont des lieux où l'accès du bétail est un droit reconnu et garanti en toute saison.

- Les pistes de bétail (voies de passages reconnues officiellement) comme celle qui arrive directement de Windou Boki, longe la route qui relie la Nationale 2 à Madina et allant à Tounfdé Diakel, ainsi que la piste qui arrive de Daka, passant par Wouro Diabi et va à Tounfdé Sibiri... doivent respecter une largeur d'au moins 100 mètre et la circulation du bétail y est officiellement reconnue.

Le POAS constitue un solide moyen pour l'arbitrage des conflits entre les différents usagers du sol.

1.2.3 Les actions de restaurations du milieu

1.2.3.1 Le reboisement

Il est pratiqué dans l'arrondissement en réaction contre la dégradation des sols et surtout des ressources végétales. Nous avons deux pépinières (Mboumba et Aéré lao) qui fournissent aux populations l'essentiel des essences plantées dont trois formes se singularisent :

- les haies vives : elles sont reboisées par les GPF et les GIE de riziculture. La création de haies vives permet un quadrillage de l'espace cultivé et délimite les chemins de circulation du bétail (la divagation) tout en brisant la vitesse du vent. Constituées d'essences à croissance rapide : Prosopis juliflora, Eucalyptus camaldulensis, elles représentent une source importante de bois communautaire. Ainsi, l'intégration de l'arbre dans le système de production hydro-agricole sous forme de brise-vent a un double objectif : de production ligneuse (production de perche pour le bois de service) et de protection des cultures.

- le reboisement des rues et des axes routiers : c'est une nouvelle forme initiée pendant les vacances 2009 grâce au partenariat avec le RIAD. Cette structure travaille étroitement avec les associations de développement villageois. Ainsi, une ligne qui suit l'axe routier de Cas-Cas à Souballo Mboumba a été reboisée.

- Le reboisement individuel : cette forme de plantation d'arbre se développe timidement au niveau des CR, seul le GPF de Cas-Cas pratique un système de parrainage d'arbres très efficace car assurant l'entretien et le suivi. En revanche, le reboisement des arbres fruitiers dans les maisons est très courant. Par ailleurs, les vergers individuels offrent une meilleure illustration de ce type de reboisement, d'autant plus que le code forestier revisité en 1993 fait des populations des propriétaires de plantations.

Ces pratiques de reboisement sont renforcées par les actions du programme en foresterie rurale. A ce titre, le projet gommier en 1984 a initié les populations dans la foresterie avant d'être relayé par le projet de restauration du milieu naturelle (PROMINA) en 1991 et le projet de gestion des ressources naturelles (PROGRENA) en 1998 financé par le FED. Tous les villages de l'arrondissement étaient cibles notamment les associations de développement.

1.2.3.2 Action de préservation des forêts

La protection des forêts contre l'emprise humaine s'est traduite par l'élaboration d'instruments juridiques qui ont divisé le domaine forestier de l'arrondissement en deux zones : le domaine protégé et le domaine classé.

Alors que, le domaine protégé existe dans tous les villages et englobe les formations forestières naturelles non comprises dans les terres de terroir aménagé à des fins agricoles. Les forêts classées ne sont qu'au nombre de deux et recouvrent des impératifs de constitutions des réserves de bois, de conservation des sols et de préservation de la végétation (code forestier)

Ces deux formations sont gérées par la brigade forestière établie à Cas-Cas qui veille rigoureusement à leur protection : tournée en moto, répression par amende, délivrance d'un permis de coupe. (Tableau 21)

Tableau 21 : Les mesures de protection des ressources naturelles

Ressources

Mesures préventives

Mesures curatives

Fonciers de types agricoles

- éviter de laisser les animaux en divagation,

- éviter de passer avec sa charrette ou ses animaux dans la zone de culture,

- concertation dans l'utilisation des types de cultures.

- mise en fourrière des animaux (errant ou ayant saccagé),

- paiement d'une amende de 20.000 CFA,

- application du POAS.

Ressources forestières

- Interdiction de couper les arbres sans autorisation de l'agent forestier,

- Délivrance d'un permis de coupe pour exploiter les branches mortes moyennant 2.000 CFA,

- Eviter le défrichage avec le feu.

- tournée quotidienne en moto,

- répression par une amende en fonction de la gravité de la pénalité : 20 000 à 500.000 CFA,

- reboisement avec introduction de nouvelles espèces.

Ressources hydriques

- éviter la pollution des cours d'eau : par le lavage des ustensiles de cuisine, la lessive,

- canalisation des eaux pluviales,

- création de digues de protection.

- implorer le pardon de Dieu par des séances de prière, donner des offrandes pour espérer une pluie,

- création de dépressions pour recueillir les eaux pluviales.

Source : enquête de terrain, 2009

II. LES IMPACTS DES FORMES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Il s'agit des résultats ou des conséquences que ces différentes formes de gestion ont provoquées. En effet, elles sont fondées essentiellement sur la réduction des risques d'insécurité alimentaire et de vulnérabilité des populations, qui par la même centrent leurs efforts sur une meilleure connaissance de l'état des ressources naturelles. Cette faculté de réaction, que manifestent les habitants de l'île à Morphil, a des impacts se traduisant sur le milieu physique et socio-économique, de façon concrète ou abstraite.

2.1 Les impacts sur le milieu physique 

Les actions anthropiques en vue d'atténuer les effets des conditions écologiques défavorables, ont des impacts sur l'eau, le sol et la végétation.

2.1.1 Les impacts sur l'eau 

La gestion de l'eau dans l'île à Morphil s'apparente au phénomène de résilience17(*), en effet la réalisation de techniques efficaces permettant la rétention de l'eau pluviales (mballa, Aboji, Houddou), a autorisé malgré les aléas climatiques, vivement ressentis par les cultures de Diéri, d'avoir un alternatif au coût de production élevé des PIV.

En outre, le curage des cours d'eau ou puits et les mesures protectrices, constituent une réponse à la pollution des eaux, alors que la gestion des eaux des forages (COGEFOR) a aidé les populations de l'arrondissement à avoir accès à l'eau potable pendant toute l'année, et de constituer une solution aux maladies liées à l'eau.

Enfin, le projet de pisciculture d'Aram est une condition de régénération du peuplement aquatique car selon le technicien de pêche, il a permis d'attirer plusieurs espèces de poissons (à la recherche de proie) sur les abords des cages flottants.

2.1.2 Les impacts sur sol

La gestion de la fertilité par : le fumier organique, le paillage, la subdivision culturale, l'association de plusieurs espèces culturales ou le recours à la jachère, ainsi que l'utilisation de l'engrais chimique ont été susceptibles de valoriser les sols et d'y accroître les rendements. Ils permettent aux ménages d'utiliser leur terre de façon optimale.

2.1.3 Les impacts sur la végétation

Les différentes formes de reboisement ont eu des impacts positifs sur l'environnement : à l'instar de la disponibilité de réserve en bois, la conservation des sols et la préservation de la végétation.

La protection des forêts a également permis la régénération de certaines espèces végétales notamment dans les boisements privés, qui sont une illustration de l'appropriation par les populations de la démarche de la foresterie rurale.

La gestion des ressources forestières a apporté divers avantages aux populations de l'arrondissement en même temps, qu'elle contribue à l'équilibre écologique de la zone.

2.2 Les impacts sur le milieu socio - économique

Ces différentes actions ont modifié les comportements des populations envers les ressources naturelles dont elles sont plus sensibles dans la dégradation. Désormais, les populations sont conscientes que la racine du mal est d'abord l'homme. Par conséquent, toute action de gestion doit prendre en compte l'homme. Ainsi, les impacts les plus caractéristiques sont :

2.2.1 Une meilleure adéquation entre agriculture et élevage

Le POAS, en est le plus important, par son implication directe sur le système de tenure foncière, la délimitation des zones de pâturages, le tracé des pistes d'accès à ces pâturages, aux points d'eaux et l'équilibre entre agriculture et élevage.

Une véritable symbiose des efforts s'est réalisée dans l'élaboration de ce plan. Malgré que, les PIV aient cloisonné l'accès aux cours d'eau, les éleveurs disposent avec cette nouvelle législation, une ouverture sur les eaux reconnues officiellement.

2.2.2 La restructuration foncière

Les PIV qui sont devenus aujourd'hui un nouveau mode de gestion des terres du terroir, s'accompagnent d'un bouleversement du régime foncier. Alors que, dans les champs du Walo et du Diéri le patrimoine foncier appartient toujours aux familles lignagères des hommes libres (Rimbé), les aménagements hydro-agricoles créent une démocratisation de la terre. Actuellement, toutes les catégories sociales se retrouvent pour cultiver les périmètres irrigués, côté à côté sur un même pied d'égalité, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ce qui explique le dynamisme de cette activité regroupant la majorité de la population.

2.2.3 L'évolution de la situation économique

Les différentes actions sur la GRN ont un impact positif, du point de vue économique car la maîtrise de certains facteurs physiques permet d'appuyer les moyens de subsistances et de production agricole. Au-delà, les femmes de l'île à Morphil, à travers les GPF, sont les premières à bénéficier de ces impacts positifs dans la gestion rationnelle des ressources. Ces différents projets de maraîchages leur aident à diversifier la production et même d'innover de nouvelles activités génératrices de revenus.

Etant les grandes utilisatrices des ressources naturelles, leur influence à l'intérieur des foyré étant plus large que généralement admise, elles pourraient être le moteur visible, dans l'espace public, d'un changement culturel relatif à la relation entre l'homme et la terre dans l'île à Morphil.

*

* *

D'une manière générale, les ressources naturelles sont gérées selon les normes de conduite mises en place depuis la nuit des temps dans cette aire culturelle. Et les techniques traditionnelles relativement efficaces ne demandent qu'à être améliorées puisqu'elles sont inféodées au milieu.

Cependant, ces nouvelles actions de protection méritent d'être encouragées dans l'optique de favoriser de nouvelles dynamiques.

Au demeurant, ces multiples formes de GRN initiées et exécutées par de nombreux acteurs ont eu un impact généralement positif tant sur le plan physique que socio-économique de l'arrondissement.

Conclusion partielle

L'arrondissement de Cas-Cas regroupe un ensemble d'acteurs avec des ambitions, des importances et des objectifs différents. Mais, aboutissant aux défenses des intérêts de chaque groupe. Par conséquent, il est caractérisé par une dynamique organisationnelle à plusieurs niveaux.

D'abord, les acteurs locaux sont très hiérarchisés passant de l'échelle villageoise, à travers les associations traditionnelles (classe d'âge, de caste, de lignage, de quartier), les organisations de développement agricoles (GPF et GIE) et les associations villageoises de développement (regroupant les forces vives des villages), à l'échelle inter-villageoise (FUGIAM, Fédération lao, PAPFIM, Féddé aynabé). Ils sont au premier rang de la solution de leurs difficultés.

Ensuite, l'Etat intervient à deux niveaux : par ses structures déconcentrées (sous-préfet et CADL) et ces structures décentralisées (les communautés rurales) qui accompagnent les populations et fournissent des services de proximité. Enfin, l'intervention des partenaires extérieurs appuie ces différents échelons.

De cette manière, ces acteurs grâce au développement participatif, parviennent à la gestion des ressources naturelles. Et, les organisations communautaires de base ont une claire perception des ressources du milieu et de leur évolution.

Malgré, les conditions climatiques défavorables, un milieu fragile et hostile, les habitants de l'île à Morphil ont réussi à faire face à ces contraintes et à élaborer des stratégies de survie (technique de gestion traditionnelle ou moderne) qui se sont adaptées à l'écosystème.

Entre autres, assurer une utilisation continue des terres, soit en intégrant l'agriculture à l'élevage, soit en utilisant des produits de fertilisations chimiques, avec des variétés de semences compatibles aux exigences du milieu. Concernant le besoin en eau des plantes, ils ont su élaborer des techniques de collecte des eaux pluviales qui augmentent l'infiltration de l'eau et son stockage dans le sol. Et la pisciculture est une nouvelle dynamique entreprenante qui réplique à la raréfaction des ressources halieutiques.

La gestion des ressources végétales se traduit par le reboisement mais surtout par la réalisation de 1.330 hectares de forêts classées et la création de réserves protégées.

En gros, les impacts de ces formes de gestions ont eu des retombées positives tant au plan physique par la régénération du milieu qu'au plan socio-économique par l'amélioration des conditions de vie des populations.

Loin de faire partie du problème, ces habitants du « dandé mayo » constituent une des solutions aux contraintes de l'ile à Morphil.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de cette réflexion, l'île à Morphil est un milieu particulier dont la diversité des ressources (eau, sol et végétation) conditionne une exploitation, qui jadis centrée autour de trois activités primaires (agriculture, élevage et pêche) se résume actuellement en seul domaine : l'agriculture irriguée.

Cette étude sur la gestion des ressources naturelles a été pour nous l'occasion de faire un diagnostic de l'état des différentes ressources du milieu et d'évaluer les exigences environnementales qui pèsent sur elles. En effet, l'île à Morphil est un milieu peu contrasté de par sa géologie et son relief, mais ont été en mesure de fournir des sols adaptés au système de culture. Le climat marqué par son irrégularité qui conditionne une végétation dégradée, est pallié par une diversité des ressources hydrique.

Toutefois, les contraintes environnementales n'ont pas épargné ce terroir aux multiples facettes dont plusieurs effets agressent (inondation, sécheresse, érosion, disparition du couvert végétal et de la faune). Ces problèmes sont à l'origine d'une crise à caractère conjoncturelle qui est une entrave au développement local avec des facteurs anthropiques et physiques aidant.

Par ailleurs, tout n'est pas perdu, les acteurs locaux, nationaux, et internationaux ont réussi à développer des stratégies défensives, à travers différents modes de GRN pour éviter une dégradation irréversible. Certaines pratiques traditionnelles ont prouvé leur efficacité et ne demandent qu'à être soutenues car bien propres au milieu (mballa, protection des eaux). Dans cette lancée, des innovations modernes sont une parfaite illustration, que cette population est ouverte à toute forme de gestion, pourvu que les impacts soient positifs.

La symbiose de ces actions de développement témoigne de la ferme volonté des populations locales d'être au summum des activités de gestion de leur terroir. Elle a favorisé l'émergence d'une nouvelle perception des problèmes environnementaux qui tiennent compte à la fois de l'évolution des écosystèmes et des systèmes de production.

Notre recommandation en vers la GRN épouse l'orientation suivante : tout appui (Etat, ONG) pour la sauvegarde de l'environnement et des RN doit prendre en compte, d'abord toutes les contraintes du milieu et associer les principaux concernés. Il faut donc un diagnostic participatif et global de la situation à l'image de celui du Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols qui a réussi à réunir autour d'une table tous les acteurs.

Pour la réussite totale des actions de développement, les populations locales doivent d'abord se sentir responsable de la dégradation des RN, concernées par les problèmes générés et les stratégies de lutte.

Elles doivent en faire leur propre affaire et « décréter la fin de l'Etat providence » et ne plus conditionner leur implication dans une quelconque action par une motivation financière. Les politiques de décentralisation et de développement local l'exigent. Elles doivent en outre renforcer le dynamisme des communautés.

L'Etat, pour sa part, a l'obligation d'accompagner la collectivité locale par une hausse du fonds de concours de la décentraliser tout en l'aidant à régler le problème de recouvrement de la taxe rurale et autres taxes ou redevances. Les partenaires au développement, devront alléger la contre partie financière demandée aux populations locales bénéficiaires et pauvres.

L'Etat, les populations et les partenaires doivent s'orienter vers la mise en cohérence de l'ensemble des interventions et militer pour une réduction de la pauvreté en milieu rural par la gestion des ressources naturelles.

BIBLIOGRAPHIE

1) Adams Adrian, 2000 «  Quel avenir pour la vallée » IIED 108p

2) ANSD - RGPH 2002 « Répertoire des localités : région de Saint Louis »

3) ANSD 2008 « Situation économique et sociale de la région de Saint Louis année 2007 »120p

4) Baechler (A), 1996 « Recherche Sahélienne : analyse d'un monde en mutation » In annales de l'Université Abdou Moumouny de Niamey N° hors série p 5-16

5) Beaud Stephen et Weber (F), 2003 « Guide de l'enquête de terrain », Edition la Découverte, Paris 356 pages

6) Berhaut Jean, 1979 « Flore illustrée du Sénégal », Ministère de développement rural, Direction des Eaux et Forêts, Tome I à V

7) Bocoum Hamady 2000, « L'Age du fer au Sénégal », coopération française IFAN 150 pages

8) Bovin ( P ), Dia ( I ), Léricollais ( A ) , Toussaint ( J.C ), Santoir ( Ch. ) , Seck ( S.M ) ,1995 « Nianga : laboratoire de l'agriculture irriguée dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal » Edition ORSTOM , Paris

9) Chavane Bruno, 1985 « Villages de l'ancien Tekrour  » Khartala, Paris centre de Recherche Africain 190 p

10) CIP - UPWARD ,2005 «  Conservation et utilisation durable de la biodiversité agricole », Guide de Référence CRDI, Philippines, Volume I, II et III 672p

11) Claval Paul, 2007 « Eau terre et Vie : communication participative pour le développement et gestion des ressources naturelles » PUL Harmattan IORC-CROI 384p

12) Code de l'environnement 2001, Ministère de la Jeunesse de l'environnement et de l'hygiène publique 70 p

13) Colombel Yves, 1998 « L'agriculture dans le monde  » Armand Colin, Paris 95p

14) Corréa Mamadou, 2005 « Fonctionnement hydrologique et évolution de la salinisation dans l'estuaire du fleuve Sénégal », Mémoire de maîtrise Géographie, 90 pages

15) CSE ; Edition 2005 « rapport sur l'état de l'environnement au Sénégal » 231p

16) Déme Alioune, 1991 « Evolution climatique et processus de mise place du peuplement dans l'île à Morphil », Mémoire de maîtrise Histoire, 86 pages

17) Dia Ibrahima, 1988 « Socio-logiques et écologie dans la problématique des aménagements hydro-agricoles dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal », ISE, thèse doctorat 3éme cycle 281 pages

18) Diagne Albert, 1995 « Les changements d'état d'un paysage de la Moyenne Vallée du fleuve Sénégal (Podor) 1989 - 1990 », Thèse de doctorat 3éme cycle, 298 pages.

19) Diatta (M.L), 2001 « Gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Kounkané » Mémoire de Maîtrise Géographie UCAD 93 p

20) Dione Mamadou et Jacques Vassal, 1998 « Gommose et rythme de production gommiére chez Acacia seyal », Article 12 pages

21) DSRPII 2007 « Gestion des ressources naturelles et environnement » in DSPR 2006-2010

22) ENEA, 2006 «  Guide Méthodologie pour l'élaboration d'un mémoire de fin d'études » 38p

23) Engelhard Philipe et Taoufik ben Abdallah, 1986 « les Enjeux de l'Après barrage : vallée du Sénégal » Enda, 636p, Paris

24) Georges Pierre, 1993 « Dictionnaire de Géographie », PUF, Paris, 268 pages

25) GIRI Jacques, 1983 « Le Sahel demain : catastrophe ou renaissance ? » Paris Khartala 325p

26) Hamd Ait Amara et Bernard Founou-Tchirigoua, 1989 «  L'agriculture Africaine en crise : dans ses rapports avec l'Etat, l'industrialisation et la paysannerie » Harmattan, 318 p

27) Institut for Developpement Anthropology (IDA), 1994 «  Suivi des activités du bassin du fleuve Sénégal »phase I rapport définitif, Paris

28) Kerbout (M), 1996 «  Condition et problèmes de mise en valeur dans la moyenne vallée du Sénégal : la région de Maghama » in Cahiers d'Outremer

29) La grande encyclopédie Larousse - Librairie Larousse 1976

30) Mané Landing, 1996 « La surface du sol de la moyenne vallée du fleuve Sénégal : contribution à l'étude de la dynamique actuelle des milieux naturels - du terrain à la télédétection satellitaire », Thèse de doctorat Géographie, 388 pages

31) Mercoiret (M.R), 1994 « L'appui aux producteurs ruraux : guide à l'usage des agents de développement et des responsables de groupements », Karthala, Paris, 464 pages.

32) Michel Pierre, 1973 « Les bassins des fleuves Sénégal et Gambie - Etudes géomorphologiques », Thèse de doctorat d'Etat 3 tomes 753 pages ORSTOM

33) Ministère de l'environnement et de la Protection de la nature : rapport sur « Le développement durable  », Conférence des Nations -Unies sur l'environnement et le développement, Brésil, Rio de Janeiro 1992, 88p

34) Nahal Ibrahim, 1998 «  Principes d'agriculture durable » Edition ESTEM, Paris 121p

35) Pélissier Paul,1966 «  Les paysans du Sénégal », Thèse de Doctorat d'Etat es Lettres 939p

36) Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), 2006 «  Travaux de synthèse sur l'avenir de l'Environnement en Afrique », 26p

37) Projet ECOSSEN, 2000 «  Ecogéographie du Sénégal subsaharienne et Developpement : dynamique des espaces ruraux des années 1950 à 2015 » IFAN, Laboratoire de Géographie 261p

38) Quiry Raymond et Luc Van Campenhoudt, 1989 « Manuel de recherche en sciences sociales », Bordas, Paris, 271 pages

39) Sagna Pascal, 2006 « Dynamique du climat et son évolution récente dans la partie Ouest de l'Afrique occidentale », Thèse doctorat d'Etat en Géographie.

40) Sall Mamadou Moustapha, 1982 « Dynamique et morphogenèse actuelle au Sénégal occidental » Thèse de doctorat d'état, Strasbourg 2 tomes, 605 pages

41) Sow Amadou Abdoul, 1984 « Pluie et écoulement fluvial dans le bassin du fleuve Sénégal », Thèse Doctorat de 3éme cycle en Géographie, 442 pages.

42) Thiao (A), 2006 «  La gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Ndiaffate » Mémoire de maîtrise Géographie 120 p

43) Tyler Stephen(R), 2006 « La cogestion des ressources naturelles : réduire la pauvreté par l'apprentissage local », CRDI 104p

44) Utting Peter, Jaubert (R), 1998 « Discours et réalités des politiques participatives de gestion de l'environnement : le cas du Sénégal », Rapport UNRISD, 135 pages

45) Vidal de Blache (P), 1922 « Principes de géographie humaine », Paris, colin

46) Yves Lacoste 2003  « De la géographie aux paysages : dictionnaire de géographie »

47) Zoundi (J.S), Butari (I), Ndikumana (J) et Adomafa (K), 2006 « Intégration agriculture - Elevage : alternative pour une gestion durable des ressources naturelles et une amélioration de l'économie familiale en Afrique de l'Ouest et du Centre » INERA, Burkina Faso, 370pages Armand Collin, Paris 413p

SOURCES INTERNET :

www.gouv.sn

www.ird. Fr/ spip

www.Diapol.enda.sn

www.Idrc.ca/fr/ev

www.agripade.ml

www.meteo.msn.com/local

www.pdm-net.org

www.unpan1.un.org

TRADUCTION DES TERMES LOCAUX

Aboji : dépression où l'eau stagne

Almamiyat : titre de noblesse religieuse

Chaino : dune de sable Ogolien

Daboundé : saison froide (novembre - février)

Diacré : dépression inondée

Diéri : terre de la vallée jamais inondée par la crue

Dougguéré : marché hebdomadaire

Falo : berge du fleuve

Féccéré fouta : division du fouta en province

Féddé aynabé : fédération des éleveurs

Féddé : classe d'âge, par extension, partisan

Fêla : sorgho blanc

Fondé : bourrelet de berge rarement inondé

Foulbé diéri : peul transhumant

Foulbé saré : peul sédentaire

Foyré : ménage

Gallé : enclos familial, par extension famille regroupant plusieurs foyré

Hakkundé majjé : zone au milieu des eaux, île à Morphil

Halpular : les toucouleurs de la vallée

Hollaldé : vertisols inondé par les crues

Houddou : petit barrage pour stagner l'eau

Ilam : crue annuelle

Jaya : variété de riz

Jéjégol : zone faisant transition entre le walo et diéri

Jiyaabé : captifs

Jom foyré : chef de ménage

Mballa : dépression où l'eau stagne

Ndougou : saison des pluies, hivernage

Niébé : haricot

Nyéenebé : artisans et griots

Rimbé : homme libre

Sammé : sorgho, gros mil

Sébbés : caste guerrière

Soubalbé : caste pécheur

Sounna : petit mil

Thiatgol : marigots de petite dimension

Tiédou : saison sèche chaude

Torodo : homme libre propriétaire terrien

Walo : lit majeur du fleuve, terres inondables cultivées en saison sèche

LISTE DES CARTES

Carte 1 : l'ile à Morphil...................................................................................7

Carte 3 : Les sols de l'Arrondissement de Cas-Cas 24

Carte 2: Situation de l'Arrondissement de Cas-Cas 12

LISTE DES PHOTOS

PHOTO 1 : Les types de poissons plus répandus dans le terroir 53

PHOTO 2 : GMP en panne à Siwré 57

PHOTO 3 : Pépinière de riz sur les PIV à Thioubalel 57

PHOTO 4 : Production agricole dans les champs ................................................ 61

PHOTO 5 : Production maraîchére 61

PHOTO 6 : Les effets du ravinement à Fondé Elimane ... 73

PHOTO 7 : L'école primaire de Dounguel emportée par l'érosion fluviale 73

PHOTO 8 : La coupe abusive des arbres .............................................................76

PHOTO 9 : L'impact des caprins sur la végétation 76

PHOTO 10 : L'exemple d'un « mballa » qui se remplit progressivement .......................90

PHOTO 11 : Le projet de pisciculture à Aram 93

LISTES DES GRAPHIQUES

Figure 1 : Evolution de l'humidité relative moyenne mensuelle la normale 1979-2008 30

Figure 2 : Evolution de la pluviométrie de 1999 à 2008 41

Figure 3 : Répartition de la production céréalière dans l'île à Morphil 62

Figure 4 : Diagramme de polarisation ....................................68

Figure 5 : Pyramide des problèmes agricoles 74

Figure 6 : La grappe des activités du GPF de Cas-Cas 80

Figure 7 : Le diagramme de Venn de Cas - Cas 87

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Les villages cibles pour le guide d'entretien 18

Tableau 2 : Les villages de l'échantillon enquête ménage 19

Tableau 3 : Sols et aptitudes culturales 26

Tableau 4 : Direction et vitesse moyenne du vent à Podor normale 1979 - 2008 28

Tableau 5 : Température moyenne mensuelle (en°C) à Podor la normale 1979 à 2008...... 29

Tableau 6: La moyenne mensuelle de l'évaporation (en mm) à Podor normale 1979 - 2008 .31

Tableau 7 : Moyenne mensuelle de l'insolation (en heure) de la période 1981 à 2000 31

Tableau 8 : Moyenne annuelle des précipitations (en mm) à Aéré lao période 1979-2008 32

Tableau 9 : Liste des plantes observées dans l'île à Morphil 35

Tableau 10 : Les forêts classées de l'Arrondissement de Cas-Cas 36

Tableau 11 : Des mares et villages polarisés 40

Tableau 12: Pluviométrie moyenne annuelle de la station de Aéré lao de 1999 à 2008 41

Tableau 13 : Répartition de la population par communauté rurale 48

Tableau 14 : La situation démographique par collectivités locales en 2007 50

Tableau 15 : Répartition socioprofessionnelle des ménages de l'île à Morphil 51

Tableau 16 : Instruments et techniques de pêche dans l'île à Morphil 54

Tableau 17 : Le calendrier agricole 60

Tableau 18 : Matrice de classification de quelques espèces végétales 66

Tableau 19 : Nature et importance de la dégradation des sols par biotope 73

Tableau 20 : La structure administrative de l'arrondissement de Cas-Cas 83

Tableau 21 : Les mesures de protection des ressources naturelles 97

ANNEXES

GUIDE D'ENTRETIEN

Région: ............................... Département : ...........................Arrondissement : ............................

Communauté Rurale : ................................. Village: .......................................

I / OCCUPATION DE L'ESPACE ET RESSOURCES HUMAINES

1- Profil historique

1- En quelle année est fondée le village / CR?

2- Quelle est l'ethnie fondatrice / premier occupant ?

3- Qui est le chef de village ou le PCR ?

4- Quelle activité s'est développée en premier lieu dans ce village ?

5- Quel est le site originel ?

6- Quelles étaient les ressources exploitées à l'époque ?

7- Y' avait-il des points d'eau permanent / localisation ?

8- La pluviométrie était - elle importante ?

9- Quels sont les événements les plus marquants en rapport avec les ressources naturelles ?

2- Occupation de l'espace

1- Quelle est la superficie du village / de la communauté rurale ?

2- Combien d'habitants compte le village ?

3- Quel est le nombre de quartiers du village ?

4- Quel est le nombre de ménages du quartier ? Nombre de personnes par ménage ?

5- Quelle est l'ethnie la plus représentée ?

6- Quels sont les types de groupements dans le village ?

7- Quels sont les atouts et les fins des types d'organisations?

8- Quelles sont les structures les plus dynamiques ?

9- Comment percevez-vous les aménagements hydro-agricoles ?

3- Niveau d'équipement en infrastructures

1- Quel est le nombre d'écoles ? De classes ? De la population scolaire ?

2- Quel est le nombre de structures sanitaires (case, poste, maternité) ?

3- Quel est le nombre de marchés (journaliers, hebdomadaire) ?

4- Quelles sont les autres infrastructures dont vous disposez ?

II / LES RESSOURCES NATURELLES : POTENTIALITES ET CONTRAINTES

1- Les ressources hydriques

1- Quelles sont les ressources en eau dont vous disposez dans la zone ? Donner leur nom ?

2- Quelle est l'importance de ces points d'eau ?

3- La pluie est - elle importante en quantité ? Quelle est la durée de la saison des pluies ?

4 -Quelle remarque faites-vous de la pluviométrie des trente dernières années ?

5- Quelle est la durée de rétention de l'eau ?

6- Quelle est la période de rétention des eaux ?

7- Quelle utilisation faites- vous des eaux du fleuve ?

8- Quelle est la qualité de l'eau ?

9- Quel est l'état de la nappe ?

10- Comment utilise t-on les eaux souterraines ?

11- Quelles sont les contraintes liées à l'eau ?

2- Les ressources pédologiques

1- Quels sont les types de sols (noms locaux) ?

2- Quelle est la qualité des sols ? Répond- elle à l'attente des agriculteurs ?

3- Y' a t-il une dégradation des sols ? Causes ?

4- Quelles sont les solutions aux problèmes de la dégradation ?

3- Les ressources végétales

1- Y 'a-t' il des forêts classées ou autres ?

2- Quels sont les types de forêts (classées- naturelles - reboisées)?

3- Quels sont les principaux peuplements forestiers ?

4- Quelle utilisation fait - on de la végétation ?

5- Avez-vous constaté une diminution du couvert végétal ? Y' a t-il des espèces qui ont disparu ?

6- Quels sont les causes de ces disparitions ?

7- Y' a t-il de nouvelles espèces ou des espèces protégées ?

8- Y' a t'il des zones où les ressources sont préservées ? Pourquoi le sont-elles ?

9- Quelles sont les espèces aquatiques rencontrées dans la zone ?

10- Quelles sont les contraintes liées à ces espèces ? Quelles sont les solutions à ces contraintes ?

4- Les ressources animalières (faunistique)

1- Qu'est- ce qui explique la toponymie « ile à Morphil » ou « hakkundé majjé »?

2- Comment était la brousse autrefois ? Avant les barrages ? Après les barrages ?

3- Quelles sont les différentes espèces sauvages ? Où se trouvent ces animaux ?

4- Quelles sont les espèces les plus représentées ?

5- Y' a t-il une diminution ? Quelles sont les causes ?

6- Quelles sont les solutions à ces problèmes ?

III/ EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES

1- L'agriculture

1- Quels sont les types de cultures pratiquées (cultures vivrières / commerciales) ?

2- Quel type d'agriculture pratiquez - vous (sous-pluie / irrigation / maraichage) ? Pourquoi ?

3- La terre est - elle productive ? Quels sont les rendements ?

4- Combien de fois cultivez - vous par an ? (calendrier)

5- Quelle est la production à l'hectare pour chaque spéculation ?

6 -Comment jugez-vous cette production au cours de ces décennies ?

7- Utilisez- vous des intrants ? Si oui, quelles sont les structures qui garantissent la distribution ?

8- Quel type de matériel utilisez-vous pour vos cultures champêtres ? Quels sont les raisons ?

2- L'élevage

1- Qui pratique l'élevage dans cette zone ?

2- Quel type d'élevage pratique t- on dans la zone ?

3- Quel est l'effectif du cheptel ?

4- Quels sont les types d'animaux élevés dans cette zone ?

5- Y' a t-il des zones de parcours pour le bétail ?

6- Comment est l'élevage avant et après les barrages ?

7- Existe encore des mouvements du cheptel ?

8- Quel type de fourrages apprécie le bétail ?

9- Quels sont les problèmes ou les maladies qui menacent le bétail ?

10- Y' a t-il des problèmes entre agriculteurs et éleveurs ?

11- Est-ce que l'élevage bénéficie d'un encadrement ?

12- Existe - il des structures d'exploitation des ressources animalières ?

13- Quel est l'avenir de l'élevage dans la zone ?

3- La pêche

1- Comment se présente la pêche dans l'ile à Morphil ?

2- Comment était la pêche avant le barrage ? Les espèces capturées à l'époque ?

3- Comment est la pêche actuellement ? A qui sont destinés les produits ?

4- La pêche occupe t- elle l'essentielle de vos activités ? Quelles sont les revenues ?

5- Quelles sont les contraintes de la pêche ?

6- Y' a t-il une gestion des ressources halieutiques ?

7- Quel est l'avenir de la pêche dans la zone ?

4- La chasse

1- Quelle est l'aire de chasse de la zone ?

2- Comment se pratique la chasse ?

3- Quelles sont les espèces chassées et / ou mises en défens ?

4- Quels sont les matériels de chasse (traditionnel / moderne) ?

5- La chasse est- elle saisonnière ou annuelle ?

6- Quelles sont les contraintes et les solutions préconisées ?

IV / GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

1- Les activités de gestion des ressources naturelles

1- Quelles sont les activités menées en vue de la fertilisation des sols ? Citez - les ?

2- Comment faites - vous pour protéger vos sols ?

3- Que faites - vous pour gérer l'eau ?

4- Comment lutter contre le manque d'eau ?

5- Comment lutter contre la salinisation des eaux ?

6- Quelles sont les activités agro-forestières et de reboisement ?

2- Cadre organisationnel

1- Quels sont les types de ressources naturelles en gestion dans le village ?

2- Quelles sont les structures qui gèrent les ressources naturelles ?

3- Comment sont- elles gérées ? Y a t-il une coordination dans la gestion ?

4- Tout le village est-il concerné ?

5- Quelles sont les formes de gestion villageoises ?

6- Y' a t-il des structures traditionnels de gestion des ressources naturelles ? Lesquelles ?

7- Quelles sont les structures ou personnes les plus dynamiques dans la gestion des RN ?

8- Quels sont vos partenaires dans la GRN ? Dans quels domaines interviennent - ils ?

9- Quelles activités alliant exploitation et gestion des RN sont développées dans la zone ?

ENQUETE - MENAGE

1- Identification

Communauté Rurale : .................................. Nom du village : .................................

Prénom et nom du chef de village : ..........................................................................

Age du chef de ménage : ............................

Sexe : masculin féminin

Ethnie : halpulaar wolof Sérére Maure étranger autres

Taille du ménage :

Nombre d'enfants :

Nombre de personnes en charge :

Nombre d'actifs :

Quel type de maladie souffre t- on le plus dans la zone ?

Bilharziose Paludisme Fièvre jaune Diarrhée Choléra Rougeole

2- Activités du chef de Ménage

Agriculteur Éleveur Pécheur Commerçant autres

Avez- vous des enfants en exode ? Oui Non

Combien ? Dans quel pays ?

Quel est le revenu mensuel du ménage ?

Avez- vous d'autres sources de revenus ? Oui Non

Citez - les par ordre d'importance ..................................................................................

Y' a t-il des revenus de transfert ? Oui Non

Les revenus sont- ils suffisants ? Oui Non

Quelle est la superficie de votre parcelle ?

Inférieur à 5 ha entre 5 et 10 ha supérieur à 10 ha

Comment avez vous obtenu ces terres ?

Héritage attribution CR Échange Prêt Location

Quel est le mode de gestion des terres du village ? Collectif individuel

Y' a t-il des conflits concernant la gestion des terres ? Oui non

Citez par ordre d'importance les spéculations pratiquées ?

Riz mil sorgho Mais Maraichage Pastèque autres

Quels sont les animaux dont vous disposez ?

Bovins Ovins Caprins Équins Asins autres

Quelles sont les contraintes de l'agriculture /de l'élevage dans le village ?

Salinité des terres sécheresse manque de terres érosion manque d'intrants

Autres

Pouvez - vous indiquer vos rendements ( t/ha) ?

Riz :......................... Mil : ...........................Sorgho :..................... Mais :................

Pastèque:................... Niébé :.....................

Avez -vous perdu des terres à cause de la salinité ? De l'érosion ?

Oui Non taille (superficie en ha)

Où pratiquez- vous de l'irrigation ?

PIV Périmètre intermédiaire périmètre privée autres

Y' a t-il une utilisation complémentaire entre le walo , le Diéri, le Falo , le Fondé ?

Oui Non

La production agricole répond - t'elle au besoin en nourriture de la famille ? Oui Non

Quelle eau consommez - vous ? Eau de forage Puits fleuves mares autres

L'eau est -elle salée ? Oui non

Si oui quel est le niveau de salinité de l'eau ? Trop avancé avancé faible

Que faites vous pour lutter contre la salinité ? Le manque d'eau ? Le manque de fourrage ? La raréfaction des ressources halieutiques ?

Quelle est la distance moyenne pour s'approvisionner en eau ? Km

Quelle est la distance moyenne pour s'approvisionner en bois ? Km

Quels sont les produits forestiers que vous exploitez ?

Appartenez - vous à un groupement ? Oui Non

Lequel ?

Que fait votre groupement pour gérer les ressources naturelles ?

Y' a t-il des partenaires qui vous appuient dans la GRN ?

Lesquels ?

Domaine d'intervention : eau sol végétation

Quels sont les résultats des différentes activités de GRN ?

Satisfaisant Peu satisfaisant Pas satisfaisant

Limites ?

Quelles sont les OCB les plus dynamiques en matières de GRN ?

Quelles sont les pratiques traditionnelles de gestions toujours en vigueur dans la zone en ce qui concernent les eaux ? Le Sol ? L'agriculture ? L'élevage ?

Table des matières

I. PROBLEMATIQUE 7

CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 12

I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE 12

II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 12

CHAPITRE II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION 14

I. LE CLIMAT 14

Périodes 15

II. LA VEGETATION 20

CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE 23

I. LES COURS D'EAU 23

II. LES RESSOURCES HYDRIQUES 23

Année 24

Table des matières 65 I. PROBLEMATIQUE 7

CHAPITRE I : LA GEOMORPHOLOGIE ET LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 12

I. L'EVOLUTION GEOMORPHOLOGIQUE 12

II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 12

CHAPITRE II : LE CLIMAT ET LA VEGETATION 14

I. LE CLIMAT 14

Périodes 15

II. LA VEGETATION 20

CHAPITRE III : L'HYDROGRAPHIE 23

I. LES COURS D'EAU 23

II. LES RESSOURCES HYDRIQUES 23

Table des matières 65

* 1 _ Mercoiret (M.R), 1994 « L'appui aux producteurs ruraux : guide à l'usage des agents de développement et des responsables de groupements », Karthala, Paris, 464 pages

* 2 _Ibrahima Nahal, 1998 « Principes d'agriculture durable », édition ESTEM, Paris 121 pages

* 3 _Albert Diagne, 1995 « Les changements d'état d'un paysage de la moyenne vallée du fleuve Sénégal (Podor) 1989-1990 », Thèse doctorat de 3éme cycle en géographie, 298 pages

* 4

_SAED : Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal

* 5 _Pascal Sagna, 2005 « Dynamique du climat et son évolution récente dans la partie Ouest de l'Afrique occidentale. », Thèse de doctorat d'Etat en géographie.

* 6 _ Données non disponible à partir de 2003

* 7 _ DM : données manquantes

* 8 _Mamadou Moustapha Sall, 1982 « Dynamique et morphogenèse actuelle au Sénégal occidental », Thèse doctorat d'Etat, Strasbourg tome 1

* 9 _ EQUESEN, 1993 « Environnement et qualité des eaux du Sénégal. » Rapport de synthèse de Gac et al projet CEE 

* 10 _Ibrahima Dia, 1988 « Socio-logiques et écologie dans la problématique des aménagements hydro-agricoles dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal », ISE, Thèse doctorat 3éme cycle, 281 pages.

* 11 _ Hamady Bocoum, 2000 « L'Age du fer au Sénégal » , Coopération française, IFAN

* 12 _ RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

* 13 _ Mballa : technique de collecte des eaux pluviales qui augmentent l'infiltration de l'eau ainsi que son stockage dans le sol.

* 14 _ Le GPF met à la disposition d'un groupe de trois femmes un veau dont elles vont se charger de l'entretien jusqu'à la maturité, ensuite le bénéficie est partagé entre ces membres et le groupement

* 15 _ Pour l'Acacia nilotica par exemple : les feuilles et le jeunes rameaux sont donnés en fourrage aux animaux, l'écorce est profondément crevassée pour exsuder une gomme rougeâtre utilisée en teinturerie. Les gousses sont employées dans le tannage des peaux. Le bois est fortement utilisé dans la construction et comme charbon de bois. Ses feuilles soignent la dysenterie.

* 16 _UDEST : Union pour le Développement Economique et Social de Thioubalel lao

* 17 _ Résilience : mot que les psychologues ont emprunté à la physique des matériaux pour décrire la capacité de certains individus à surmonter les épreuves auxquelles ils sont confrontés.






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams