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Sagesse et pouvoir. une herméneutique du pouvoir

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par Antoine BASUNGA Nzinga
ITCJ - Baccalauréat canonique en théologie 2010
  

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· 1. La question de la spécificité de la dignité « supérieure » de l'Homme

L'Homme possède quelque chose de noble, qui fait de lui une espèce spécifique parmi tant d'espèces qui existent dans la nature. « En vérité, l'homme ne se trompe pas lorsqu'il se reconnaît supérieur aux éléments matériels et qu'il se considère comme irréductible, soit à une simple parcelle de la nature, soit à un élément anonyme de la cité humaine. Par son intériorité, il dépasse en effet l'univers des choses : c'est à ces profondeurs qu'il revient lorsqu'il fait retour en lui-même où l'attend ce Dieu qui scrute les coeurs et où il décide personnellement de son propre sort sous le regard de Dieu » (GS 14). De plus en plus, l'Homme s'affirme par sa capacité d'organisation sociale. Il a mis en place, pour communiquer, un outil efficace qu'est le langage articulé. De plus « ... il jouit de deux prérogatives exclusives et propres à sa nature : l'intelligence et la volonté libre. Grâce à l'intelligence, il comprend l'univers et se comprend, étend son activité aux horizons illimités de l'esprit, sur la voie des domaines matériel, biologique, scientifique, esthétique, moral, religieux. [...], il accède non seulement à l'univers sensible, mais aussi au monde intelligible : il perçoit les valeurs transcendantes de vérité et de justice »49(*). L'Homme est jusqu'à nos jours, la seule créature qui se questionne au sujet de sa propre existence et pose aussi les conditions de possibilité de l'existence d'un Être suprême : Dieu. « ... L'homme est et demeure l'être de la transcendance, c'est-à-dire l'étant auquel l'infini de la réalité, disponible et silencieuse, se rend durablement présente comme mystère. C'est par là que l'homme est fait pure ouverture à ce mystère, et c'est ainsi qu'il est posé devant lui-même comme personne et sujet »50(*). La question afférente aux bases de la dignité de l'Homme peut se poser à plusieurs niveaux. Pour Axel Kahn51(*), d'un point de vue dualiste, religieux, tout est simple : si l'Homme a été créé à l'image de Dieu, la question de sa dignité supérieure est évidente. L'évidence s'impose aussi si de tout le règne vivant, l'on venait à reconnaitre à l'Homme seul le fait de posséder une âme (question très débattue en philosophie). Mais  dans une approche moniste et laïque la question est, en revanche d'une extrême complexité. Du point de vue, de la vision évolutionniste, l'Homme serait l'égalité de tous les êtres vivants qui dériveraient d'une cellule originelle apparue sur la terre il y a environ 3,8 milliards d'années. Dès lors, la question de la spécificité de la dignité « supérieure » de l'Homme se se pose : Pourquoi, s'il est vrai que tous les êtres vivants sont issus d'une même cellule originelle (cf. le mot apogonos), certaines pratiques seraient-elles moralement applicables et sont de fait appliquées à d'autres êtres vivants, mais deviendraient-elles illégitimes dans leur application à l'Homme ? La réponse à cette question fait l'objet d'un discernement chez Axel Kahn. Il souligne, outre les capacités intellectuelles, de créativité, l'aptitude au sens moral, technique et langagier dont jouit l'Homme, le rôle de la société, mieux de « l'humanisation ». Il reprend aussi l'affirmation de Karl Marx, à savoir que « l'Homme est le monde de l'Homme »52(*). Toutefois cette affirmation ne doit pas amener à la négation de l'individu dans sa communauté. La capacité qu'a l'être humain de se poser lui-même la question de sa dignité et de ses droits, en conscience et en raison, constitue un fondement essentiel de la dignité de l'Homme. Cette capacité d'auto-projection et d'auto-détermination, comme sujet de droits et de dignité, se concrétise soit en « promesse » soit par « transfert ». Dans l'ordre de la promesse, cette capacité prend en compte le cas de l'embryon, du foetus, du nouveau-né et, pourquoi pas, du « non-encore-né » dans certaines cultures. La promesse veut tout simplement dire que le foetus et l'embryon, qui n'ont pas de capacité directe de revendiquer leur dignité et leurs droits sont cependant en attente de le faire, ils en sont la promesse. Dans l'ordre du transfert, la capacité se révèle au niveau de l'intersubjectivité, quand les relations ou les traitements infligés à un alter ego sont perçus comme l'expression de soi comme être de dignité et de droits.

Au-delà de la recherche des bases de la dignité de l'Homme, l'une ou l'autre perspective, l'on se rend bien compte que l'Homme reste une énigme, mieux un mystère! La présence de l'Homme dans le monde est, en réalité, une trace de la présence divine dans laquelle toute dignité repose. C'est justement cette dignité d'essence, en tant qu'elle est fondamentale, et va au-delà du périssable que procurent les contingences existentielles53(*), qui fait l'objet de notre quête dans ce chapitre. Cette dignité, nous voulons la relire à travers l'être de l'Africain en tant qu'il est « un homme venant de Dieu ». Il s'agit là d'une affirmation qui est explicitement formulée dans la tradition africaine. A ce propos, Bujo écrit: « Dieu est un postulat qu'on ne remet pas en question, bien qu'on le mentionne assez rarement. On sait une fois pour toutes qu'il est premier et sans lui rien ne se fait et ne subsiste54(*)». A partir de là, les traditions africaines appellent à l'admiration de la merveille qu'est l'homme. Mais avant d'approfondir ce point, qu'en est-il de la conception de la dignité de l'homme par le magistère de l'Église ?

* 49 _ Mudiji Malamba Gilombe, « Interpellations culturelles et éducation morale de la jeunesse », in Etudes des Moralistes Zaïrois. Actes de la deuxième rencontre des moralistes Zaïrois de Kinshasa du 11 au 16 novembre 1985, pp. 129-139.

* 50 _ K. Rahner, Traité fondamental de la foi. Introduction au concept du christianisme, Paris, Le Centurion, 1983, p.49.

* 51 _ A. Kahn, Et l'Homme dans tout ça ? Plaidoyer pour un humanisme moderne, Paris, Nil, 2002, pp. 63-69.

* 52 _ Cf. A. Kahn, Et l'Homme dans tout ça ? Op., cit., p.68.

* 53 _ Cf. Jean -Marie Breuvart « Dignité humaines des souffrants » dans Le supplément. Revue d'Éthique et théologie morale, n°191 (1994), pp. 99-129, traitant du « concept philosophique de la dignité humaine » dans son évolution historique.

* 54 _ B. Bujo, Introduction à la théologie africaine, Fribourg, Presse Universitaire, 2008, p.128.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry