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L'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch

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par Marios KENGNE
Grand séminaire Paul VI-Philosophat de Bafoussam - mémoire de fin de cycle 2002
  

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CHAPITRE PREMIER : L'EVIDENCE MORALE

La morale s'appréhende ordinairement comme l'ensemble des règles qui doivent présider l'activité libre de l'homme. Elle est la science qui enseigne les règles à suivre pour faire le bien et éviter le mal. Ce premier chapitre qui porte sur l'évidence morale, veut montrer le caractère irrécusable de la moralité de la conscience humaine. Il s'agit en fait de montrer que l'homme en tant qu'être de raison, ne peut être autrement qu'un être moral. La moralité est une caractéristique spécifique liée à la nature même de l'homme. Mais avant d'aborder la morale comme un a priori, une évidence à la nature de l'homme, ce chapitre veut d'abord présenter quelques influences qui ont déterminé la pensée philosophique de Vladimir Jankélévitch de manière générale et surtout quelques éléments qui ont stimulé la pensée morale de ce philosophe, car comme dit Schleiermacher, « tout ce qui dans un discours donné demande à être déterminé de façon plus précise, ne peut l'être qu'à partir de l'aire linguistique commune à l'auteur et à son public original. »2(*) Ceci voudrait dire que toute pensée, si originale soit-elle, est toujours influencée soit par celle de ses prédécesseurs, soit par des événements antérieurs ou contemporains à celle-ci. Telle sera la tâche de la première articulation de ce chapitre.

I. Aux sources de la pensée de Vladimir Jankélévitch

1. L'influence d'Henri Bergson

Vladimir Jankélévitch, philosophe de nationalité russe, a été plus moulé dans la culture française que la culture russe. En effet, fuyant les pogroms c'est-à-dire les massacres organisés de juifs qu'a connu l'Empire russe entre 1881 et 1921, la famille de Jankélévitch se réfugia en France. Ainsi en 1922, Jankélévitch, poursuivant ses études, entra à l'Ecole normale supérieure pour faire les études de philosophie. C'est alors qu'en 1923, il fit la connaissance d'Henri Bergson avec qui il entretint des correspondances, bien qu'il ne fût pas son étudiant. Marqué par ce dernier, Jankélévitch va lui consacrer plusieurs de ses articles ainsi que son premier ouvrage sous le titre d'Henri Bergson, paru en 1931 et dont Bergson lui-même est l'auteur de sa préface. Il est marqué par les termes centraux de la philosophie de Bergson tels que : la durée, l'intuition, l'élan vital, le rapport entre l'âme et le corps. La notion du devenir qui traverse la philosophie de Bergson va donc influencer Jankélévitch. Dans ce sens, son Traité des vertus de 1949 en est une illustration emblématique; il y envisage la vie morale sous un jour nouveau et original en faisant un rapport au temps qui est d'inspiration bergsonienne. En effet, chacune des vertus étudiées dans cet ouvrage, est avant tout, placée sous le signe de l'instant ou de la durée. Jankélévitch découvre chez Bergson la notion de l'instabilité, mieux de la futurition de la conscience humaine :

« L'homme est je ne sais quoi de presque inexistant et d'équivoque qui n'est pas seulement dans le devenir, mais qui est lui-même un devenir incarné qui est tout entier durée, qui est une temporalité ambulante ! Ni il n'est, ni il n'est pas : donc il devient [...] Il n'est pas ce qu'il est, et il est ce qu'il n'est pas, il n'est plus et il n'est pas encore, car le même devient toujours autre par altération continuée. »3(*)

Il apparaît ici que pour Jankélévitch, l'homme est un être de l'intervalle. Du point de vue de la morale, il s'agit de l'oscillation de l'homme entre le faire et l'être. L'homme vit à cheval entre le présent et le futur ; il vit dans l'instabilité.

Jankélévitch aura donc trouvé chez Bergson, la genèse d'une nouvelle approche conceptuelle de la vie, qu'il applique particulièrement à la vie morale. Sa lecture de Bergson lui permet de retracer la précarité de la conscience morale. Selon lui « le bergsonisme, veut être pensé dans le sens même de la futurition, c'est-à-dire à l'endroit. »4(*) Il se rend compte du problème de la conscience dans le temps. Du point de vue philosophique, il est reconnu comme un des grands philosophes moralistes français, car le courage, la fidélité, la sincérité, la modestie et l'humilité, la justice et l'équité, sont des vertus qui font l'objet de riches analyses dans sa pensée.

* 2 _ SCHLEIERMACHER F., Herméneutique, trad. et introduction de Mariama Simon, Génève, Labor et Fides,

1987, p. 170.

* 3 _ JANKELEVITCH V., Henri Bergson, Paris, Quadrige / PUF, 1959, pp. 36-37.

* 4 _ Ibid., p. 3.

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