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Les déterminants de la structure d'endettement des PME au Tchad

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par François DECHEBA
Ngaoundéré - Master recherche 2010
  

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· B-L'influence du caractère familial des PME

Comme nous avons dû mentionner un peu plus haut, la plupart des PME sont familiales. On peut voir avec Colot (2005) dans ses recherches menées sur les PME belges qui dit que plus de 80% des PME belges sont des entreprises familiales. Ainsi, au Tchad ces entreprises contribuent en grande partie au développement de l'économie nationale.

Nous définissons l'entreprise familiale comme une unité chargée de produire et d'écouler sur le marché des biens et des services, unité appartenant à des personnes unies par des liens de consanguinité directs ou indirects usant de contrats non formalisés dont l'objectif prioritaire est l'obtention d'un profit minimal permettant la sécurisation du capital investi et la survie des membres de la famille.

Cependant, le concept des PME familiales n'est pas clair car plusieurs auteurs l'abordent différemment. Il n'existe pas de formes juridiques spécifiques ou de critères de tailles spécifiques pour définir ce concept (Colot et Mélanie, 2007). Ainsi, pour christensen (1953)38(*), une entreprise est familiale lorsqu'elle porte le nom de la famille et est imprégnée de ses valeurs et traditions. La famille doit en outre fournir des dirigeants et être (ou avoir été) propriétaire d'une grande partie des actions. Quant aux Davis et Tagiuri (1982) ; l'entreprise familiale est « une organisation dans laquelle deux ou plusieurs membres de la famille élargie influence la direction de l'entreprise à travers l'exercice de lien de parenté, des postes de management ou de droit de propriété sur le capital ». Ainsi, Stern (1986) se réfère à une entreprise détenue et dirigée par les membres d'une ou deux familles. Ronoff et Ward (1990)39(*) ont choisit une définition identique. Selon Handler (1989, l'entreprise familiale est « une organisation dans laquelle les principales décisions opérationnelles et les objectifs quant à la transmission sont par les membres de la famille impliqués dans le management ou dans le conseil d'administration ». Astrachan et Kolenko (1984)40(*) considèrent qu'une entreprise est familiale si la famille détient au moins 50% du capital pour les sociétés non cotées et 10% pour les sociétés cotées, si l'entreprise existe depuis au moins 10 années ininterrompues, si au moins deux membres de la famille sont impliqués dans l'entreprise et enfin, si le propriétaire a la volonté de transmettre l'entreprise à la génération future. Plus récemment, Floren (2002)41(*) définit qu'une entreprise est familiale si elle satisfait à au moins deux des critères suivants : la famille doit détenir au moins 50% des actions de l'entrepris ; la famille doit avoir l'influence décisive sur la stratégie de l'entreprise et sur les décisions de transmission de l'entreprise ; la majorité ou au moins deux membres du conseil d'administration ou de la direction doivent être des membres d'une famille. Les définitions de l'entreprise familiale étant non exhaustives montrent qu'elles sont nombreuses et hétérogènes. Cependant, d'après la littérature, nous retenons qu'il ya trois critères qui permettent de définir l'entreprise familiale. Ainsi, l'entreprise familiale est caractérisée par la participation active de la famille dans la gestion de l'entreprise, le contrôle du capital par la famille et la transmission de l'entreprise à la génération future. De ces trois critères, nous pouvons analyser l'influence du caractère familial des entreprises sur leur niveau d'endettement. Dans la plupart des études existantes traitant de la problématique de la structure d'endettement des PME familiales, nous retenons celles d'Hirigoyen (1982) qui met en évidence une stratégie financière prudente de la part des dirigeants d'entreprises familiales de peur de perdre le contrôle de ces dernières. Ce comportement de prudence est confirmé dans l'étude de Ward (1988) ; cette dernière montre que les entreprises familiales ont recours à des stratégies de défense de peur de perdre le contrôle familial de l'entreprise. Cette crainte serait renforcée dans les entreprises familiales dans lesquelles le dirigeant serait d'un âge déjà avancé (Tufano, 1996). Selon Donckels (1993), la famille souhaite maintenir l'indépendance financière de son entreprise afin d'en conserver le contrôle. A cet égard, l'entreprise va privilégier l'autofinancement et éviter l'endettement à long terme. Cependant, une fois la capacité d'autofinancement atteinte, la PME familiale va recourir plus facilement à l'endettement qu'à l'ouverture du capital et ce, de manière à préserver le contrôle familial de l'entreprise. Néanmoins, si le financement par dettes évite la dilution de l'actionnariat, il engendre un accroissement du risque de défaillance financière. Par conséquent, le dirigeant doit réaliser un arbitrage entre la conservation du contrôle et l'augmentation du risque. Pour Kalika (1988), les différences structurelles en termes de différenciation, de formalisation, de planification, de contrôle et centralisation qui existent entre les entreprises familiales et non familiales peuvent s'expliquer par le fait que la taille des PME familiales est généralement plus petites que celles des PME non familiales et qu'au sein des PME familiales, la direction est plus autodidacte que gestionnaire. D'après Allouche et Amann (1995)42(*), les entreprises évitent l'endettement et optent pour des stratégies à long terme plutôt que de court terme lié à un besoin de résultats rapides et ont une aversion à l'endettement. Elles pratiquent aussi plus facilement le réinvestissement des dividendes. Cette aversion et cette crainte de l'endettement sont confirmées par l'étude de Gallo et villaseca (1996) qui constate la présence d'un faible ratio dette/fonds propres au sein même de ces entreprises familiales. De tout ce qui précède, nous remarquons donc que le caractère familial des PME pourrait avoir une influence négative sur leur comportement d'endettement du fait que leurs dirigeants ont une crainte de perdre leur contrôle. Ce qui nous amène à émettre notre deuxième hypothèse suivante qui vise à tester une relation négative entre le caractère familial des entreprises et leur niveau d'endettement.

H2 : le caractère familial des PME influence négativement leur niveau d'endettement

II- L'INFLUENCE DES VARIABLES DU DIRIGEANT SUR LEUR NIVEAU D'ENDETTEMENT

A- L'influence de l'âge du dirigeant de l'entreprise

L'âge de dirigeants s'interprète par la durée de vie d'un ou des dirigeants à la tête de l'entreprise et prêt de la retraite pendant laquelle il a accumulé d'expérience. L'âge est un facteur révélateur d'expérience. Même dans la société humaine, on doit du respect aux personnes les plus âgées car ces dernières sont souvent considérées comme les plus sages à cause de leur espérance de vie menée. En effet, nous pensons qu'un dirigeant plus âgé (ou une équipe dirigeante plus âgée) est mieux à même de négocier des crédits bancaires étant donné la confiance qu'il pourrait inspirer aux apporteurs des fonds externes. Le risque de sélection adverse couru par ceux-ci se trouve amoindri ou atténué du fait de l'expérience managériale connue du dirigeant. A ce effet, on peut croire à l'inexistence des informations asymétriques basées sur la capacité ou l'incapacité managériale du dirigeant, dans une certaine mesure, les résultats passés de l'entreprise peuvent attester la capacité ou non à gérer correctement l'entreprise et à dégager les résultats positifs. Ainsi, l'âge de dirigeant pourrait être une fonction croissante de l'endettement. Cependant, selon Tufano (1996), plus le dirigeant est âgé et proche de la retraite, plus son aversion pour le risque est grande. Cela pourrait également signifier que plus le dirigeant de l'entreprise est âgé, moins il voudra endetter l'entreprise qu'il dirige et ce, afin de ne pas augmenter le risque de cette entreprise. Nonobstant, nous pensons plutôt que le dirigeant grâce à son âge avancé aurait pu présenter son ou ses remplaçants au banquier lorsqu'il doit aller à la retraite. La banque aurait pris connaissance du nouveau dirigeant pour le maintien de la confiance qu'elle avait avec l'ancien. Le dirigeant le plus âgé aurait pu pendant son existence à la tête de l'entreprise tisser de relation profonde avec son banquier. Ce qui fait que ce dernier lui accorde plus de confiance que le jeune dirigeant. Ce qui retient notre attention c'est que la relation parfaite entre le dirigeant et son banquier est basée sur la confiance qu'il pourrait lui inspirer à cause de son âge avancé exprimé par une relation longue. La durée importante du dirigeant à la tête de l'entreprise permet au banquier de connaître son comportement et là l'asymétrie informationnelle entre les deux pourrait être réduite. Ce raisonnement nous conduit à émettre notre troisième hypothèse H3 qui nous permettra de tester une relation positive entre l'âge du dirigeant et le degré  d'endettement des entreprises.

H3 : l'âge du dirigeant influence positivement le niveau d'endettement d'une entreprise.

B- L'influence de la participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise

La participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise se traduit par le rachat ou la détention d'une partie des actions de l'entreprise qu'il dirige. Cette détention des actions par le dirigeant fait de lui propriétaire de l'entreprise en plus de son statut de dirigeant et lui confère le droit de vote à l'assemblée et le droit d'être élu au conseil d'administration. En général, dans la plupart des PME et particulièrement les PME familiales, le dirigeant est souvent actionnaire majoritaire de l'entreprise qu'il gère. Etant donné que le dirigeant dispose un double statut à savoir le statut de directeur et celui d'actionnaire et bénéficie d'une double rémunération (salaire et dividende), il doit avoir une main mise sur l'entreprise et chercher à préserver l'intérêt de cette dernière car son intérêt en dépend aussi. Tandis que les dirigeants non actionnaires ont tendance à privilégier leurs propres intérêts au détriment de ceux de l'entreprise (ou actionnaires). Ces deux parties vont chercher à engager des coûts pour surveiller l'une et l'autre (Williamson, 1985). Dès lors on peut s'attendre à voir une proportion de dettes plus importantes dans une entreprise où le dirigeant n'est pas actionnaire majoritaire, notamment suite aux coûts d'agence. Cependant, le dirigeant actionnaire qui veut contrôler exclusivement son entreprise souhaiterait être indépendant de l'extérieur c'est-à-dire ne souhaiterait pas endetter pour ne pas perdre le contrôle de son entreprise. Selon la théorie de l'agence, la divergence d'intérêts entre les dirigeants et les actionnaires peut être limitée par l'accroissement de la part de capital détenue par les dirigeants. Cette solution présente plusieurs avantages, d'une part, elle modifie les arbitrages des dirigeants en faveur de la maximisation de la valeur de la firme, d'autre part, ce système incitatif permet de réduire le coût du contrôle supporté par les actionnaires car il est supposé réduire l'opportunisme des dirigeants à leur égard. D'après Jensen et Meckling (1976), l'alignement des intérêts des actionnaires et des dirigeants ne sera jamais parfait si les dirigeants ne possèdent pas la totalité du capital. Selon Albouy (1991), en tenant compte des risques réels de faillite, il n'y aurait aucun intérêt pour des actionnaires à émettre des dettes puisque dans ce cas la firme endettée serait inférieure à celle financée uniquement par fonds propres. De tout ce qui précède, nous croyons que le dirigeant qui détient une part importante du capital dans une entreprise pourrait avoir une volonté d'aligner ses intérêts et ceux de l'entreprise, car dans tous les cas, à cause de son double statut actionnaire et dirigeant, le succès de cette dernière accroîtra ses revenus. Il aimerait donc avoir le contrôle exclusif de son entreprise cause de son aversion à l'endettement. Ainsi, notre quatrième hypothèse H4 qui consistera à tester une relation négative entre la participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise et son niveau d'endettement peut être formulée de manière suivante :

H4 : la participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise a une influence négative sur son niveau d'endettement.

L'influence de la rentabilité de l'entrepriseDegré d'endettement de l'entrepriseL'influence du caractère familial de l'entrepriseL'influence de l'âge du dirigeant de l'entrepriseL'influence de participation du dirigeant dans le capital social de l'entreprise

H1+

H2-

H3+

H4-

 
 
 
 
 
 

FIGURE 1 : Modèle  de recherche proposé

Cette première partie nous a permis de passer en revue au premier chapitre les modes d'endettement à la disposition des petites et moyennes entreprises et de situer la place de l'endettement dans les modes de financement. En effet, nous avons fait mention de deux modes d'endettement à savoir les modes d'endettement formels et ceux informels. En raison des difficultés de financement que rencontrent les entreprises de petite taille auprès des institutions de financement formelles en termes soit de taux trop élevés par les banquiers soit de l'asymétrie informationnelle entre les banquiers et les entreprises, une autre alternative est possible celle de financement informel qui se fait auprès des institutions informelles dont le contact avec les entreprises est direct et dont le taux d'intérêt ne fait l'objet d'aucune réglementation. Pour ce qui est de la place de l'endettement, nous avons identifié d'abord les théories qui ont bien expliqué l'endettement à savoir la théorie d'agence, la théorie de financement hiérarchique (Pecking Order Theory) et la théorie de financement optimale (Trade-off Theory) avant de faire un point sur le rôle d'endettement. Ces théories ont expliqué le bien fondé de l'endettement sans lequel le succès de la plupart des entreprises est douteux. S'agissant de rôle, il faut noter que le rôle de l'endettement n'est plus à démontrer. L'endettement permet de créer de la valeur pour l'entreprise mais son excès crée de la faillite. Au deuxième chapitre, nous avons analysé la relation entre les variables propres aux PME et à leurs dirigeants et leur niveau d'endettement après avoir identifié quelques facteurs qui sont à l'origine des difficultés de financement des PME. En effet, nous avons mis d'abord en évidence ces différentes variables et leur explication du niveau d'endettement. A cause de la multiplicité de ces variables ne pouvant pas faire toutes l'objet de notre analyse, nous avons jugé choisir quelques quatre qu'il faut mettre en relation avec les objectifs spécifiques pour analyser leur relation avec le niveau d'endettement. Il s'agit d'une part, deux variables propres aux PME qui sont : la rentabilité et le caractère familial et, d'autre part, deux variables propres à leurs dirigeants à savoir l'âge et la participation du dirigeant dans le capital de l'entreprise. Cela nous a permis de formuler cinq hypothèses (H1, H2, H3 et H4) que nous les soumettons à l'épreuve des faits dans le contexte tchadien afin de les confirmer ou de les infirmer.

Enfin, nous avons établi notre modèle de recherche qui permet de relier les variables indépendantes (ou variables explicatives) au variable dépendante (ou variable à expliquer) par des flèches. Les flèches indiquent l'influence des variables indépendantes sur la variable dépendante et les signes indiquent le sens de l'influence de ces variables.

Dans les précédents chapitres de notre étude, nous avons passé en revue le cadre conceptuel des déterminants de l'endettement des PME. Nous avons par la suite, formulé des hypothèses à partir de la revue de littérature existante. Pour confirmer ou confirmer ces hypothèses, nous essayerons de soumettre la théorie à l'épreuve des faits à partir des outils d'analyse des données, puis de mettre en évidence les résultats qui seront assortis.

Dans cette seconde partie, nous allons d'une part, présenter la démarche méthodologique de notre étude (Chapitre III) et, d'autre part, mettre en évidence l'influence des déterminants des entreprises tchadiennes et ceux de leurs dirigeants sur leur niveau d'endettement (Chapitre IV).

Ce chapitre permet de présenter la démarche méthodologique adoptée dans le cadre de notre recherche et les outils de traitement statistique appropriés (Section I). Nous analyserons enfin, les caractéristiques des PME tchadiennes et celles de leurs dirigeants (Section II).

* 38 _ christensen (1953) , Op. Cit cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)

* 39 _ Ronoff et Ward (1990), cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)

* 40 _ Astrachan et Kolenko (1984), cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)

* 41 _ Floren (2002), cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)

* 42 _ Allouche et Amann (1995), Op. Cit, cité par Olivier C. & Mélanie C. (2007)

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle