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Analyses des blocages de l'introduction des langues nationales dans l'enseignement élémentaire formel au Sénégal: étude dans la commune de Fatick

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par pape samba gueye
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 1 2010
  

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Chapitre 3 : présentation de la commune de Fatick

3.1. Caractéristiques physiques

La commune de Fatick, capitale régionales et départementale, est située sur l'intersection de la route nationale N°1 et de la route départementale N°61.elle se situe à 42 km de Kaolack, à 62 km de Mbour, à 82 km de Gossas et de Guinguinéo et à 25 km de Foundiougne. La région occupe donc une position centrale et stratégique dont le développement influe sur les trois régions centrales de Kaolack, Diourbel et Thiès.

Fatick est limité au nord par la communauté rurale de Niakhar, au sud et à l'ouest par la communauté rurale de Diouroup et à l'est par le bras de mer ; le sine.

D'une superficie de 7935 km2, avec une population respectivement de 639100 et 692700 habitants en 2001 et en 2004, la ville est bâtie sur les bords du sine qui, à l'origine a été déterminant dans la définition de ses fonctions. Avec les années de sécheresse, le sine rejoint le Saloum au niveau de Foundiougne après de nombreuses sinuosités, se présente aujourd'hui comme une vallée asséchée ou viennent s'accumuler chaque année les eaux de pluie.

Cette situation géographique constitue une contrainte physique à l'évolution spatiale de la ville dont le site originel est entouré de zones inondables.

A l'intérieur de la ville, avec l'urbanisation progressive et la sécheresse, la plupart des zones marécageuses a tendance à dissiper.

Cependant certains endroits dans le Peulgha, le Darel et le Loganém, demeurent toujours des zones de prédilection des eaux stagnantes.

Par ailleurs, les tannes (sols nus salés) occupant une grande partie dans la ville, constituent aussi un facteur limitant à l'urbanisation et à l'agriculture.

Au nord de la route nationale, l'urbanisation s'est faite autour des services des eaux et forêts et des travaux publics avec la mise en pace du sous quartier `'Saigon''.

En effet, l'intégration de Poukhoum comme quartier de la commune ouvre également des perspectives d'extension.

3.2. Historique et organisation de la commune

3.2.1. Aspects historiques

L'histoire de Fatick se confond avec celle du royaume du sine dont Diakhao, situé à 15 km, était la capitale .le peuplement de la contrée par les sérères venus du Fouta Toro remonterait au 12éme et 13éme siècle, et serait antérieur à l'envahissement de la zone au 16éme siècle par les guerriers Mandingues venus du Gabou, dans l'actuelle Guinée Bisseau.

Fatick est lié au mythe de Val Pal NDIAYE .ce dernier venu du Diolof s'installa à un lieu dénommé « Jugamen » sur la rive droite du fleuve sine. Contemporain du Bour sine Wagane A MASSA, ce dernier lui accorda un droit de fait sur les terres d'une partie de l'actuelle commune de Fatick. Le village d'origine a été brûlé en 1859 par Pinet LAPRADE après la défaite du Bour.

La région a joué un rôle important dans la vie du royaume du sine .En effet, elle sera la résidence du Diaraf Thiagoune NDIAYE, commandant la zone allant de Fatick à Palmarin.

Fatick a aussi été le lieu sacré du culte de Mindiss38(*) qui se déroulait régulièrement en présence du Bour sine, ce jusqu'à la conquête française de 1859.C'est à cette date, à la suite des combats du 25 mai sur l'actuel site du marché centre, que l'emprise française sur le royaume fut effective .alors, la localité de Fatick fut cédée en pleine souveraineté à la France en 1888.

L'intérêt de Fatick aux yeux de l'administration coloniale résidait dans le fait que la région était une position stratégique .En effet, ,la position géographique idéale en faisant un port sur le bras de mer ;le sine ,constituant aussi une porte d'entrée pour la France dans le royaume ,pour y asseoir solidement sa domination tant sur le plan économique, socio -politico culturel, administratif...C'est donc à partir de 1888 que l'escale de Fatick commença à s'organiser comme un véritable centre dont le développement s'appuyait sur la production d'arachide avec la présence de quartier Maisons de fleuve.

A cette période, l'Escale comptait environ 1608 habitants répartis des trois quartiers `'indigènes'' (ndiaye-ndiaye, Loganém, Ndouck) et dans le quartier commercial appelé Escale. Les maisons commerciales tenues pour l'essentiel par des Européens, n'étaient que des succursales des comptoirs de Foundiougne .Le commerce qui a contribué à la promotion des divers métiers (manutention des arachides, commerce de détails, artisanat), traitant déjà trois à quatre mille tonnes d'arachides évacuées vers Niam Diarokh à l'embouchure du Saloum.

En 1891, la signature du traité de protectorat entre le Bour sine. Macké Ndiaye et la France et le transfert du poste du commandant français de Niakhar à Fatick en 1898, ont été des étapes décisives dans la promotion des fonctions administratives, politique set économiques de la cité de Fatick. Alors, fut construite la résidence du commandant français.

Le rapprochement de l'autorité coloniale en vue de la protection des négociants des européens, et la position de l'escale sur le fleuve ont largement contribué au développement de la ville. C'est ainsi qu'une esquisse d'urbanisation et de modernisation fut lancée avec :

-l'ouverture en 1903 d'un bureau de poste ;

-l'ouverture d'une école primaire élémentaire en 1908 ;

-la création d'un dispensaire ;

La création d'un dispensaire de l'enceinte de la résidence du commandant ;

-la création en 1911 d'un premier lotissement.

Puis, successivement, des mesures législatives et juridico-politiques vont marquer l'évolution de l'organisation et le mode de gestion de la ville, notamment.

-l'arrêté du 31 décembre 1917 du gouvernement général de l'AOF créant la commune mixte de Fatick en même temps que Foundiougne, Kaolack et Gossas. Ce statut est maintenu jusqu'en 1957.

-le décret du 17 Août 1957 érigea Fatick en commune de moyen exercice.

-la ville accède au statut de commerce de plein exercice en Février 1960 avec l'élection d'un conseil municipal au suffrage universel.

-en1984, avec la création de région et l'élection de la ville en chef lieu de région, Fatick devient commune à statut spécial à l'instar des autres capitales régionales du pays ;

- à partir de 1990, la commune retrouve le statut de droit commun avec la suppression du statut spécial.

3.2.2 Organisation de la ville

La commune compte officiellement huit (08) quartiers car l'érection du neuvième(Poukhoum) n'est pour le moment qu'un village satellite situé dans la communauté rurale de Diouroup.

La présentation des quartiers selon le rapport de l'ADM (agence de développement municipal) s'est conçue comme suit :

*Le quartier Escale :

Il est le noyau originel de la ville. Le premier lotissement en damier a été réalisé en 1911.Le quartier couvre une superficie de 65,2hectares dont 23,2 pour l'habitat, 31,4 pour la voirie et les espaces libres et 11,6 pour les équipements. Il a une faible densité de population qui s'explique par la présence de plus de 3 /5 des équipements de la ville.

*Le quartier de Ndouck :

Il fait parti du noyau originel et traditionnel de la ville. Il constitue en fait le prolongement du quartier Escale vers le nord. Son extension ne peut se faire que vers la zone de Saigon. Moyennement équipé qu'Escale, il couvre une superficie de 93,7 hectares dont 4,1 hectares occupés par les équipements, 33,5 hectares par l'habitat et 56,6 hectares par la voirie et les espaces libres.

*Le quartier Loganém

L'évolution spatiale de ce quartier traditionnel peut être considérée comme définitive. C'est le prolongement de l'Escale vers l'ouest. Sa superficie est de 30,4 hectares et est occupé par l'habitat 14, 8 hectares, les équipements (1,2hectares) et la voirie et les espaces libres (14,4hectares).Il présente la plus forte densité de population à cause de son ancienneté, de son sous -équipement et de l'occupation quasi intégrale de son périmètre.

*Le quartier Ndiaye -ndiaye 1 :

Il est constitué d'un tissu ancien et de son extension réalisée dans le lotissement de Fatick 1 : son évolution est bloquée au sud par les tannes et est compromise au sud -ouest par les verges et la présence de sources d'eau douce .Sa superficie de 51,5 hectares .L'habitat occupe les 25,6 hectares, les équipements (0,9hectares), la voirie et les espaces libres (25hectares).

*Le quartier Ndiaye-ndiaye 2 :

Un quartier traditionnel dont la seule possibilité d'extension au sud est bloquée aussi par les tannes, il couvre une superficie de 24,1 hectares .C'est un quartier dortoir (habitat 9,1 hectares) et les équipements sont de 0,9 hectare.

*Le quartier de Peulgha :

Sa partie ancienne constitue l'extension de Ndouck et de Loganém, la zone récente est en cours d'occupation. Le quartier connait des problèmes d'inondation durant les saisons de pluies. Selon les limites considérées comme définitives, sa superficie est de 82,3 hectares dont 4,4 hectares d'équipements sont réalisés.

*Le quartier Darel :

Il constitue la zone d'extension naturelle actuelle et future de ville. Dans sa configuration actuelle, son tissu urbain n'est pas encore bien défini.les limites esquissées donnent une superficie de 78,8 hectares dont 2,4 hectares d'équipements réalisés.

*Le quartier Darou Salam :

Il présente les mêmes caractéristiques que le quartier Darel. L'esquisse de son périmètre donne une superficie de 198 hectares. Il devra abriter le second pole d'équipements de la ville dont 10,4 hectares sont déjà occupés.

3.3 Les données de la commune

3.3.1. Les données géographiques

Le périmètre commercial défini par le décret de février 1960 couvrait une superficie de 1582 hectares environ. Les extensions qui ont marqué l'évolution de la ville ont poussé les autorités municipales à repousser les frontières de la commune qui atteint actuellement une superficie de 9000 hectares.

La commune est située au centre -ouest du Sénégal 30 kilomètres des iles du Saloum et à 60 kilomètres de la station balnéaire de Mbour-saly Portugal. Bâtie sur les bords du sine (bras de mer qui lui est donné son nom), la ville se trouve sur la nationale°1 à 157 kilomètres de l'est de Dakar, 42 kilomètres à l'ouest de Kaolack et 60kilométres du nord de la Gambie. La chronique et la salinité des eaux de surface ont vu les zones marécageuses asséchées être remplacées par des sols salés ou tannes.

La structure urbaine de Fatick est caractérisée par son manque d'homogénéité. L'absence de cohérence avec le schéma de développement et d'aménagement urbain(SDAU) de 1974, montre un tissu urbain en faible densité. La ville compte huit quartiers et peut être divisée en trois parties :

-villages très anciens regroupant les quartiers de ndiaye -ndiaye 1, et 2, Escale, Loganém et Ndouck ;

-les lotissements les plus récents(1992) : Peulgha, Darel et Darou Saloum ;

-les lotissements inoccupés.

L'occupation de l'espace en est lui même disparate. C'est ainsi les zones périphériques donnent l'impression d'un aménagement mi-urbain, mi-rural avec l'existence de grands vides à l'intérieur du tissu urbain des quartiers.

Cette commune exerce une faible polarisation pour les communautés environnementales qui sont plutôt tournées vers Kaolack (enseignement, santé, services, commerce écoulement des produits agricoles etc.).

Les paysans urbains de cette commune sont marqués par u habitat peu dense dans un environnement de savane de mangrove et des tannes sur les berges du sine.

Les conditions géographiques sont favorables à différentes activités économique :

Agriculture, arboriculture, pèche extraction du sel qui est l'une des principales sources de revenues de la commune.

3.3.2. Aspects démographiques

La population de Fatick est assez faible par rapport à son statut de capitale régionale. Sa population est passée de 18416habitants au général de la population et de l'habitat(RGPH) de 1988 à 23149 pour celui de 2002, soit une augmentation de 4433 habitants en quatorze ans (14 ans).

La population de la commune est estimée en 2003 à 4500 habitants et est composée majoritairement des sérères, de wolofs et de peulhs. Le tableau ci-dessous permet de suivre l'évolution de la ville. De 7190 habitants en 1961, la population est passée à 3 /4 en 1988.Ce qui consacre à la population un taux de tendanciel estimé à 5,4%.En quarante ans la population de la commune a triplé deux fois de suite.

1976

1988

Taux.1976/1988

1997

2002

200751033

2012

9478

20491

5,2%

32450

40990

 

65775

Tableau d'évolution de la population de la ville-prévisions.

Sources : projection de la direction de la prévision et de la statistique(METP).

La répartition de la population en 1997 en groupes d'âges est la suivante :

48% pour les enfants de 0 à 4 ans ; 29% pour les jeunes de 15 à 35 ans, 23% pour les adultes de plus de 35 ans.

Les immigrants proviennent beaucoup plus de Kaolack, pour les migrations récentes soit 8,3% de la population urbaine, c'est aussi la destination de prédilection des Fatickois, soit 3,1% des habitants de al ville.

La répartition par sexe donne 11051 hommes et 12098 femmes.

La répartition d'habitants par quartier est la suivante :

Quartiers

Effectifs en 2002

Effectifs en 1998

Darel

2254

_

Darou Salam

1976

_

Escale

1845

2423

Logandém

2446

3025

Ndiaye -ndiaye 1 et 2

5025

4229

Ndouck

4846

4339

Peulgha

4757

4400

3.3.3. Les données socio-économiques et culturelles

La commune de Fatick est administrée par un conseil municipal de quarante (40) membres élus, avec à leur tète le maire. La population active représente 16200 habitants, soit 47,6 % des petits commerçants, 23% de travailleurs du secteur primaire ,19% d'employés de l'administration, 12% d'artisans et 0,4% d'actifs du secteur du transport.

Dans la plupart de ces activités, les femmes sont en première ligne .A travers leurs groupements d'intérêt économique (GIE), elles interviennent dans divers domaines d'activités financières sur fonds propres ou par des intermédiaires. Mais la modicité des moyens dont elles disposent limitent leur contribution.

En effet, il n'existe pas à Fatick ni d'entreprises importantes ni d'industries à fort de main d'oeuvre. Les principales unités industrielles sont fermées .Les établissements touristiques sont pratiquement inexistants ou non fonctionnels. La capacité hôtelière est estimée à 08 lits.

Cependant la ville dispose d'une gamme de services et d'équipements nécessitant un dimensionnement. Ce qui permettant de jouer un pleinement son rôle de capitale régionale et de pole d'intègre spatiale, économique et social par rapport à son environnement.

L'eau douce n'est accessible qu'à une partie de la population, sans compter les difficultés liées aux conditions d'hygiènes plutôt défectueuses qui caractérisent sa commercialisation. L'autre partie de la partie ne dispose que d'eau saumâtre, chargée de quantité excessive de sel et de fluor. Les conséquences de sa consommation sont d'ordre dentaire et cardiovasculaire.

La bonne occupation des quartiers (nouveaux lotissements) devrait aller de pair avec une réelle politique de salubrité, d'aménagement d'espaces verts et d'assainissement de la commune de son ensemble.

Par ailleurs, le réseau culturel compte sur un piètre équipement : une grande mosquée, une église, un centre culturel, quatre dancings, un stade de deux cent places seulement, un parcours sportif etc.

Jadis très animée sur le plan culturel, Fatick, malgré la diversité des coutumes, les activités culturelles sont quasi inexistantes : pas de théâtre, pas d'ensemble instrumental, pas de cinéma, pas de salle de conférence.

Sur le plan ethno linguistique, on note la présence, en très grande partie, de sérères. Mais, se trouvent aussi les autres ethnies comme les peulhs, les wolofs, les diolas etc.

L'insuffisance des infrastructures sportives, la vétusté et l'inadaptation des locaux constituent des obstacles pour le développement du sport dans la commune. Le besoin d'organiser la jeunesse de Fatick est réelle pour permettre une éclosion de ses potentialités sportives et de hisser le sport fatickois au sommet.

3.3.4. Les données éducatives avant 2008

L'éducation dans la commune de Fatick concerne les secteurs suivants :

-l'éducation de base formelle (le préscolaire et l'élémentaire) et informelle (essentiellement composée de l'alphabétisation).

-l'enseignement moyen-secondaire

-l'enseignement technique féminin

En effet, le préscolaire présente une faible couverture, passé de 187 à 307 soit une progression de 120 enfants en quatre ans.

L'élémentaire constitue un million important du système éducatif de la commune. Le nombre total de classes est 72 avec un ratio de 65 élèves par classe, soit 4641 élèves dont 2240 filles. Le taux de scolarisation se situe autour de 80% avec 53% de garçons et 47% de filles.

Le privé compte 12 classes avec une ration de 32 élèves par classes, soit 389 élèves dont 183 filles.39(*)

Population scolarisable

Année

1998

1999

2000

2001

2002

Garçons

2079

2086

2178

2273

2374

Filles

1837

2003

2091

2184

2280

Total

3916

4089

4269

4457

4654

Taux de scolarisation

Année

1999

2000

2001

2002

2003

Garçons

126,11

134,18

133,74

127,54

123,33

Filles

137,12

134,34

132,71

128,70

119,86

Total

131,28

134,26

133,23

128,11

121,63

Evolution des effectifs

Année

1999

2000

2001

2002

2003

Garçons

2622

2799

2913

2899

2928

Filles

2519

2691

2775

2811

2733

Total

5141

5490

5688

5710

5661

Ces tableaux ci-dessus ne donne l'occasion de remarquer la carence en classes spéciales dans la commune de Fatick ne couvre que 13,9% sur le taux national estimé à 30%.

Le secteur de l'alphabétisation connaissait un dynamisme certain avec l'intervention de différents programmes y afférent, cependant son émoussement est actuellement notoire.

Au niveau du moyen secondaire, on note un déficit de mobilier scolaire, une insuffisance des moyens alloués, une quasi inexistence d'équipements informatiques, une pénurie de manuel et de matériel didactiques et une très faible implication des collectivités limant les possibilités d'amélioration de la qualité de l'enseignement. Le lycée de la commune est l'un des lycées du Sénégal qui forment moins de scientifiques.

Par ailleurs, le taux d'abandon est un phénomène jouant négativement sur le taux brut de la scolarisation et à terme sur l'objectif de l'Etat d'assurer `'l'éducation pour tous''.Ce taux d'abandon concernant les deux sexes est plus remarquable chez les filles dont les causes efficientes se résument en terme de manque de moyens, de difficultés d'hébergement des élèves venant du rural dépourvu pour la plupart d'enseignement moyen-secondaire et l'inadéquation des structures scolaires au maintien des filles à l'école.

3.3.5. Les données éducatives en 2008

Par rapport à l'éducation, en 2008 la région dans son ensemble compte 97 structures de prise en charge de la petite enfance. (Maternelle, case des touts petits, garderies)(Contre 85 en 2007) ,665 écoles d'enseignement élémentaire, 74 collèges d'enseignement moyen ,10 établissement d'enseignement général dont 8 lycées, 7 centres de formation professionnelle.

Le taux brut de scolarisation qui était de 77,49% en 2006 est passé de 88% en 2007 puis à 106,8 en 2008.La région de Fatick à un taux d'alphabétisation de l'ordre de 34,4% selon la RGPH (recensement général de la population et de l'habitat).Il est plus élevé chez les femmes (50,3%) que chez les hommes (36,4%).

Selon les dernières statistiques on compte au niveau régional 59 centres d'animation et de lecture pour un effectif de 1530 apprenants et 20 écoles communautaires de base pour un effectif de 430 apprenants.

Concernant l'enseignement élémentaire, les écoles publiques de la région sont passées de 583 en 2006  à 625 en 2007 et à 665 en 2008.Dans la même l'effectif des élèves a connu une progression en passant de 118655 élèves en 2006,126372 élèves en 2007 à 127479 en 2008.40(*)

Par ailleurs, l'enseignement élémentaire communal, enregistre un nombre important en matière d'effectif, d'infrastructure et de genre.

Posons le tableau suivant opéré par l'inspection d'académie de Fatick.

Type d'infrastructures, statuts et effectifs en 2008

Structure

type

publique

Privé

total

garçons

filles

total

 

Elémentaire

224

12

236

32293

32115

64408

 

Ecole de 3é type

 

12

12

451

350

801

Total IDEN /Fatick

 

224

24

248

32744

32465

65209

 

Elémentaire

215

2

217

17498

17195

34693

 

Ecole de 3è type

0

0

0

0

0

0

Source : inspection d'académie de Fatick

Troisième partie : présentation des résultats obtenus

Chapitre 4 : analyses et exégèses des résultats de la pré-enquête

Cette partie constitue le moment de faire le point sur les données du terrain afin de procéder à leur analyse et interprétation sociologiques pour visibiliser le fait étudié. Ainsi, dans le cadre de notre étude, par sa nature, il nous est important de recourir à l'herméneutique des acquis empiriques dans le but de décoder les sens caché du fait.

Notre observation s'est portée exclusivement sur certains anciens et actuels professionnels de l'éducation (inspecteurs, enseignants, syndicalistes ...) de la commune de Fatick. Pour nous, ces derniers, témoins des temps forts et faibles du système éducatif, sont les mieux placés pour discourir sur le comportement lié aux politiques de non ou d'introduction des langues nationales dans l'enseignement élémentaire formel.

En effet, les résultats obtenus sont d'ordre structurel, ce qui nous permet dans le cadre de l'analyse de contenue, de les interpréter sous forme de thèmes.

4.1. Synthèse générale des résultats collectés

4.1.1. De l'insuccès des classes expérimentales

Mises en application en 2002 par le Sénégal, les « classes expérimentales » sont des classes bilingues consistant à l'enseignement du français et des langues locales du territoire donné. Le but était de permettre la formalisation de l'introduction des langues nationales dans l'enseignement élémentaire formel.

Ainsi, dans le site de notre étude, où ces classes étaient au nombre de 15, selon nos enquêtes (01 classe en wolof, 01 classe en mandingue ,02 classes en puular et 11 classes en sérère), les facteurs bloquants étaient d'ordre divers.

De la gestion politique jusqu'aux mesures d'accompagnement didactique, via la carence communicationnelle avec les populations, receveuses de ce projet, les écueils ont été notoires sur tous les plans.

Ainsi, souligner ou décrire les contraintes concernant le dynamisme que devraient connaitre ces classes expérimentales, point de départ vers la formalisation des langues nationales à l'école formelle, constitue en amont le décodage ou l'analyse des blocages de l'introduction de nos langues dans l'élémentaire formel.

En effet, à travers notre empirie, les classes expérimentales prises comme une relance vers ce programme d'introduction des langues nationales dans le primaire, sont vouées à la faillite.

En tout état de cause, c'est ce qu'un de nos enquêtés, un inspecteur de l'éducation chargé des classes bilingues nous a confessé : « là  aussi c'est une expérience qui rapidement, a été pratiquement abandonnée même si, dans quelques zones des gens ont eu tant bien que mal à le faire. Elle n'est plus ce qu'elle devrait être. Nous par exemple à Fatick, nous avons pratiquement abandonné cette année, nous avions cinq classes dans cinq villages différents qui fonctionnaient jusqu'à l'année passée mais, en raison de plusieurs difficultés nous avons été amenés à les laisser tomber. Maintenant c'est fini, on a arrêté» (P.FAYE, Fatick, avril 2010.)

Ces propos stipulés par notre répondant signalent tout simplement l'insuccès du programme d'expérimentation navigué pendant huit années (2002-2010) dont l'objectif final était l'introduction des langues nationales dans l'enseignement élémentaire formel.

Les motifs d'un tel échec sont à rechercher dans les paragraphes qui suivent.

4.1.2. Introduire les langues nationales dans le système éducatif formel : y a t-il une réelle volonté politique?

En cette année, le Sénégal, à l'instar de beaucoup de pays africains, a passé cinquante ans `'sans domination coloniale''.Donc libre de choisir ou de redorer le blason du comportement son système éducatif et de son identité linguistique.

Ainsi, des `'classes télévisuelles'' (1979-1984) aux `'classes expérimentales'', le Sénégal n'arrive guère à introduire même pas une seule langue nationale dans le système éducatif de base. Quelle part de responsabilité ont les décideurs politiques ? A cette interrogation, nos enquêtes empiriques nous permettent d'en avoir une analyse plus raisonnée.

Intuitivement et logiquement, nous savons que si les décideurs avaient le ferme dessein de formaliser une, des ou les langues nationales dans le système, ils l'auront déjà réalisé dans la mesure où il est incompréhensible d'avoir mené un véridique combat pendant plusieurs décennies sans en avoir gain de cause.

Par ailleurs, il sied de reconnaitre qu'introduire une, des ou les langues nationales est loin d'être difficile que tant d'autres projets politiques asociaux réalisés pour des fins quasiment inutiles à l'endroit de la totalité sociale.

Un des enquêtés a pu confesser : « il y a un manque d'engagement politique parce que si l'Etat voulait introduire les langues, il l'aurait fait. Par exemple, il a réalisé et inauguré la statue de la renaissance » (Anonyme, Fatick, avril 2010).

En outre, cette carence d'engagement, est analysée, en d'autres termes comme le fruit d'un `'secret d'état'' qui fait que nos langues ne peuvent être insérées dans le système éducatif actuel formel.

Tout compte fait, c'est l'avis d'un ancien éducateur en retraite qui laisse entendre : « je ne sais pas pourquoi les langues nationales ne sont pas introduites dans l'enseignement (...), peut être c'est une raison d'Etat » (M. LY, Fatick, avril 2010.)

En d'autres termes, la `'raison d'Etat'' évoquée par notre répondant, s'analyse comme une silencieuse velléité d'engagement à l'endroit de nos décideurs politiques dans la mesure où ces derniers ne se donnent pas le sacerdoce de viabiliser les projets d'éducation linguistique qu'ils murmurent depuis des décennies.

Dans un autre angle, la pusillanimité de l'Etat constitue aussi un facteur de blocage de la politique d'introduction des langues sénégalaises à l'école formelle dans le fait que le non suivi des politiques linguistiques est une réalité bien existante. Signalons certains propos de nos enquêtés disant : « l'Etat n'a pas du tout suivi parce que les conclusions même de l'évaluation (des classes expérimentales) n'ont pas été exploitées (...) bon, il n' y a pas un engagement ferme de la part de l'Etat, c'est vrai il y a l'option politique mais il n'y a pas d'accompagnement », « le gouvernement prend cette introduction à la légère dans la mesure où les enseignants (expérimentateurs) suivaient une formation de trois (03) jours »

Ces propos quasi similaires énoncés par beaucoup de nos enquêtés mettent en exergue la grande part de responsabilité de l'Etat sénégalais face à ce problème socioéducatif.

En effet, cette remarque tant clamée est, par ailleurs, sous-tendue par la passivité de l 'Etat eu égard à la formation d'enseignants en langues nationales, à leur mobilité professionnelle et à l'élaboration de supports didactiques.

4.1.3. Entre absence de formation de maitres en langues nationales et faible élaboration de supports didactiques.

Si nous partons toujours des classes expérimentales, les facteurs de blocages de l'introduction des langues nationales dans l'élémentaire formel, sont à rechercher par ailleurs sur le plan professoral et didactique. Mise en corrélation avec la volonté politique stérile de l'Etat, la carence d'accompagnement de ressources humaines et de matériels pédagogiques ou didactiques, constitue un des facteurs de blocage les plus remarquables. Citons des extraits de nos enquêtes réalisées mettant en exergue cette problématique :

«  L'Etat a mis la charrue avant les boeufs dans la mesure où il y a une absence d'investigation préalable pour savoir quelle langue introduire dans quelle localité », « il y a une carence de maitres formés du fait de la non généralisation de la formation, de son accélération », « il ya des problèmes de supports, de matériels didactiques(support en calcul et en lecture)d'accompagnement .Il y a des livres au programme par exemple `'le référentiel de compétence'' traduit en wolof, en sérère...(les six premières langues codifiées) mais depuis que le ministère de la structure des langues nationales a commencé à codifier d'autres langues, il s'est posé un problèmes d'équité( ...).On a traduit certains livres comme `'Sidi et Rama'' en mettant `'Sidi ak Rama'',et on s'est rendu compte que c'était pas ça, on devrait prendre des textes purement locaux du vécu quotidien des élèves »

Selon les propos de nos répondants et lorsque nous poussons notre analyse jusqu'à son terme, il nous est force de stipuler que la politique de l'Etat d'introduire les langues locales /nationales à l'école, est velléitaire sur toutes les dimensions et structures requises pour une politique éducative. Ainsi, c'est une lapalissade d'admettre que l'accompagnement didactique ou pédagogique, la formation de professionnels en la matière etc., est en grande partie le rôle et le devoir de l'Etat en l'occurrence les décideurs.

Au demeurant, même si de piètres mesures d'accompagnement ont été notées, il apparait qu'il existait un déphasage entre manuels de procédures et environnement socioculturel (d'après les remarques sur les classes expérimentales) du fait que les manuels constitués en langues nationales n'étaient qu'une reformulation reproductive du contexte socioculturel de la société de la langue officielle(la société occidentale). En somme, les manuels traduis ont manqué de refléter le vécu social quotidien des usagers.

4.1.4. Le français comme langue de référence : un sérieux facteur de blocage

La domination du terrain linguistique par le français est le fruit d'un long processus opéré par l'administration coloniale. Depuis cette période jusqu'à nos jours, l'imaginaire collectif sénégalais considère en somme que nos langues sont loin d'être vecteur de promotion intellectuelle et sociale. Nos langues sont, tout au moins, représentées par la société comme des langues qui, en usage dans l'enseignement, constituent un facteur de régression socio intellectuelle. La société sénégalaise, dans son symbolisme linguistique, a le sentiment que seulement la langue officielle et les langues extra africaines peuvent être des médiums d'enseignement formel. Cette croyance intériorisée en la société et extériorisée par elle-même, est sans doute véhiculée et manifestée par des propos de ce type : « j'ai pas inscrit mon enfant à l'école pour qu'il apprenne le wolof ou le sérère », « a Fatick le problème se pose autrement ;beaucoup d'enseignants refusent ,en tout cas on a l'impression, de parler la langue du milieu qui est le sérère ou en tout cas ils ne font pas beaucoup d'effort pour comprendre la langue et la parler (...) ,il y a aussi le rejet des parents :il y en a certains qui trouvent que la promotion de leur enfant va se faire non pas par la langue maternelle mais par la langue française ;ils se disent qu'ils n'ont rien à gagner en apprenant cette langue »

Ces discursifs venant de certains de nos enquêtés sont en général tirés des écueils liés aux classes expérimentales. C'est pour faire, en quelque sorte, le point sur l'ancrage des valeurs linguistiques occidentales dans la conscience collective sénégalaise qui, à son tour ignore les leurs. Ceci est notoire à l'endroit des parents comme chez les enseignants. Les premiers détestent un enseignement pour leurs enfants en langue maternelle, les derniers n'ont guère l'envie et le devoir identitaire de vouloir transmettre la connaissance via nos langues. En fait, nous avons l'impression que la clôture de la promotion linguistique41(*) (des langues nationales) a vue le jour au Sénégal. Cette clôture semble y être, une croyance fortifiée voire une idéologie.

Combien de fois ai-je entendu ces suivantes expressions lors de mes observations : «  Mais boy ! Est- ce que si on introduit les langues à l'école, est- ce ça ne va pas appauvrir le système éducatif ? » .Voilà une question à laquelle ceux même qui la posent ou la suggère ne trouvent jamais dans leur discours des arguments et preuves convaincants dans la mesure où leurs dires constituent un simple mauvais sentiment.

Cette attitude de clôture en l'endroit des enseignants se prouve par les réponses tirées d'un inspecteur de l'éducation, sis au pole régional et de formation de Fatick (PRF) qui confesse : « il y a un manque de volonté de la part de certains enseignants chargés des classes bilingues du fait que d'aucuns, à l'absence de contrôle d'inspecteurs, enseignaient seulement en français (...) ,au Sénégal on a tenté une fois ,on a abandonné, puis une deuxième fois et on a abandonné et maintenant tout le monde a peur de recommencer, c'est ça  (rire)  » .(M.BA, Fatick, avril 2010).

Cette clôture de la promotion linguistique est caractérisée en grande partie par la « peur de recommencer », c'est-à-dire l'absence d'enthousiasme ou d'audace en ce qui concerne les politiques linguistiques mises en rapport avec l'enseignement élémentaire formel.

De cette clôture, est notée à l'endroit des sénégalais une certaine volonté affichée de recours aux valeurs de la langue de l'ethnie mais, il se trouve que cette volonté est contrastée avec une trop grande référence aux valeurs des langues occidentales. C'est ce que j'appelle le paradoxe de l'occidentalocentrisme et de l'ethnocentrisme de la société sénégalaise.

Ainsi, par occidentalocentrisme, j'entends un cercle de légitimation des valeurs (linguistiques) occidentales qui se présentent comme de bons prêts - à -porter nécessitant pas de diagnostic préalable. En fait, c'est l'attitude de concevoir que tout viens de l'Occident et tout y va. Il constitue le centre du monde, son dénominateur commun ou son noyau dont le contournement est impossible. Cela revient à remarquer que le marché linguistique est dominé par l'Occident avec ses langues. Est -il nécessaire de rappeler les valeurs accordées à la langue française dans et par la société sénégalaise ? Comment comprendre l'attitude de certains individus qui se contentent, à tout moment, de rappeler ou de corriger les gens commettant des fautes de français ? Qu'en est-il avec les fautes commises en langue nationale ?

Paradoxalement, l'importance tant accordée aux langues extra sénégalaises, n'exclut pas ce que j'appelle l'ethnocentrisme c'est-à-dire la conduite à faire valoir ses valeurs ethniques au détriment des autres. Cet ethnocentrisme est le plus souvent sous-tendu par la langue de l'ethnie qui marque chez certains un élément de repère ou d'identité par rapport aux langues. Au Sénégal, cet ethnocentrisme est mis en oeuvre par concurrence ou par rivalité avec les autres langues nationales mais se heurte (l'ethnocentrisme) face aux langues extra africaines. Il n'est pas rare de voir, par exemple un sérère ou un peulh s'irriter pare ce que son frère ethnolinguistique ne communique pas avec lui par le truchement de leur langue ethnique.

En effet, dans nos observations nous avons pu remarquer que l'ensemble des enquêtés, pour discourir sur les blocages de l'introduction des langues nationales dans l'élémentaire formel, ne se focalisaient que sur les valeurs de leur langue ethnique. C'est ce qui nous permet de pousser notre analyse pour arguer que la volonté de chacun à vouloir primer, parfois uniquement, sa langue vernaculaire, constitue en grande partie un argument de taille pour les décideurs politiques à consolider leurs dires lorsqu'ils mettent en exergue le plurilinguisme comme principal obstacle à la mise en application d'une langue sénégalaise comme langue officielle.

* 38 _ Ancêtre totémique et mythique de la région de Fatick

* 39 _ Sources : audit urbain, organisationnel et financier de la commune de Fatick/ groupe NDETEC-SA.

* 40 _ Situation économique et sociale de la région de Fatick, Agence nationale de la statistique et de la démographie(ANSD), édition 2008.

* 41 _ Je veux dire par cette expression que la société sénégalaise semble clore le débat sur la promotion de nos langues dans les secteurs socioéducatifs dans la mesure où,  on ne peut plus, selon les fausses croyances, faire d'elles des langues de science ou de développement socioéducatif.

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