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Les conditions professionnelles du journaliste de la presse privée au Cameroun ( enquête)

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par Miriam Aurélie Fogoum Mawa
Siantou Supérieur sous couvert IFASIC KINSHASA - Graduat III 2009
  

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DEDICACE

A mes frères et soeurs, dont le soutien permanent me donne la force d'avancer

A mes parents pour m'avoir appris assez tôt que la vie est un éternel combat

A mes collègues et à mes amis, dont la seule pensée me donne envie de sourire

Avant Propos

Les presses privées à 90% ont à la tête des gens de la classe moyenne, qui ont d'ailleurs pour eux-mêmes, un réel problème de survie quotidienne (l'assurance des lendemains certains n'est pas garantie, beaucoup sont des aventuriers à la recherche de stabilité). Or il n'y a aucune structure financière ni étatique encore moins privée qui les soutiennent. L'Etat camerounais n'a jamais compris que ces journaux sont et demeurent des outils puissants de développement économique et sociaux ; une route ouverte pour la croissance tant recherchée, et un ferment de premier ordre pour la révolution culturelle. D'autant plus que ces journaux rendent aussi un service public. A contrario, il s'est érigé en ennemi juré à la seule cause des nuisances que les entreprises de presses privées lui apportent dans ses «hasardeuses» visions politiques et leur critique de la mal gouvernance. Des plaies cancéreuses des hauts placés, qui chaque jour davantage se noient corps et âmes dans des égoïsmes qui n'ont ni queue ni tête.

Alors faudrait-il que tout créateur de journal privé ou ceux qui y excellent depuis longtemps sachent et se ménagent en conséquence. Etant entendu qu'ils sont détenteurs d'un pouvoir très puissant dont l'homme d'en face est conscient et ne cessent de s'en méfier. A ce titre chacun doit se battre pour vivre afin de garder sa place sous le soleil.

INTRODUCTION

Les journalistes se considèrent dans le monde comme les détenteurs du « quatrième pouvoir » ; raison pour laquelle ses pratiquants s'arrogent parfois le droit de hisser un tel sur un piédestal ou de clouer un tel autre au pilori. Au Cameroun nous avons une réelle difficulté à discourir sur le journalisme. Malgré cela, nous ne pouvons ignorer la situation délicate dans laquelle ce dernier se trouve au fil des années. La libéralisation des médias en 1990 a permis une prolifération des organes écrits. Une expansion à saluer haut la main, certes, mais l'échiquier médiatique est encore secoué par une condition socioprofessionnelle des journalistes camerounais fragilisée.

On observe que les journalistes de la presse écrite privée sont mal rémunérés. Et malgré leur dévotion à effectuer leur travail, ils font face à des arriérés de salaire récurrents et à des salles de rédactions mal équipées. De plus, la non observance de la convention collective signée en 2008 par certains Directeurs de publications, n'a jusqu'alors pas été ratifiée par l'Etat et autres Instruments juridiques.

En effet, les journalistes du Cameroun réclament une rémunération qui équivaut non seulement à leur diplôme mais aussi à leur ancienneté dans le métier. L'émargement des Patrons de presses, a été vu comme une promesse de changement. Mais elle ne sera jamais tenue. Un état qui aurait pourtant servit de socle de régulation du travail et du salaire du journaliste.

Parfois pour améliorer leurs conditions de vie, certains journalistes de la presse privée se font arnaqueurs. De ce triste constat, il découle une réalité relevée par l'Union des Journalistes du Cameroun (UJC). Les informations ne sont pas rendues dans leur justesse ou alors sont quasiment erronées, voire même inventées. A titre d'illustrations : Le 28 février 2009, la déclaration de l'Union des Journalistes du Cameroun a dénoncé quelques délits de presse: Le journal  Aurore  Plus glissa dans ses colonnes une fausse information relative à la faillite de la Commercial Bank of Cameroon (CBC). Dans le quotidien Le Devoir  on annonçait que le Ministre chargé des assemblées Grégoire Owona avait perdu la mémoire lors d'une cérémonie sur le Rocher de Vimli près de Mbalmayo. Le quotidien Le Jour quant à lui, s'est empressé d'annoncer le décès de la première dame gabonaise Judith Mbongo alors qu'elle était encore en vie.

Les conditions professionnelles des journalistes de la presse écrite privée laissent poindre un manque de sérieux qui porte gravement atteinte à la crédibilité de la presse écrite camerounaise. Puisque de façon apparente il vacille dans de constantes irrégularités. La communication étant un secteur extrêmement croissant, il nous a semblé judicieux de nous pencher sur ces conditions de travail qui nuiraient à la santé de la presse écrite privée.

Problématique :


Nous voulons donc comprendre pourquoi les patrons de presse payent mal leurs journalistes et Comment le journaliste peut il être efficace alors que ses conditions de travail sont dérisoires?

Hypothèses :

- En conséquence nous posons ces hypothèses :

- L'employeur est lui-même la cause de cette mauvaise rémunération.

- Les conditions économiques depuis la dévaluation du FCFA ne favorisent pas l'épanouissement de la presse écrite privée au Cameroun.

- La subvention de l'Etat à la presse est quasi inexistante et le peu qu'elle reçoit après moult prouesses ne saurait lui permettre de fonctionner pleinement et équitablement.

- les conditions de travail du journaliste de la presse écrite sont précaires. On observe que l'absence de matériels conduit le journaliste à fournir des efforts à la limite de l'humain qui à la longue le rend moins performant.

Intérêt du thème:

Ce travail est adressé aux futurs journalistes que nous sommes. Afin qu'ils s'enquièrent de toutes les difficultés liées à la profession avant d'embrasser le métier. Pour ce faire, il va falloir cerner les avantages et les inconvénients du milieu, assimiler les embuches qui les guettent, être informés des difficultés de leur future profession.

Pour les journalistes en fonction, ils doivent développer une prise de conscience, se syndiquer et défendre leur intérêt, se former et améliorer leur rendement.

Les Directeurs de publications quant à eux ne doivent plus se comporter en homme d'affaires véreux, comportement qui détruit l'image de la presse camerounaise.

Méthodes et techniques de recherches :

Pour réaliser notre étude, nous avons opté pour la méthode dite « quête systématique ». Cette dernière repose sur une recherche conduite de manière intelligente et organisée à partir des bibliographies existantes et des répertoires accessibles. Mais également à partir des fichiers et tous outils de recherches documentaires y compris les outils informatiques.1(*) Nous avons également opté pour la méthode descriptive, en tant qu'elle est l'une des procédures logique et historique à suivre dans un travail de recherche2(*). Nous avons utilisé à l'enquête selon Philippe Gaillard : «L'enquête a pour but l'étude approfondie d'un problème et plus souvent économique, politique, social ou culturel.»3(*)

Délimitation du sujet:

Notre enquête s'adresse aux journalistes professionnels définit comme ceux qui ont pour occupation principale, régulière et rétribuée l'exercice de sa fonction dans une ou plusieurs publications périodiques, ou dans une ou plusieurs agences de presse et qui en tire l'essentiel de ses revenus. L'espace choisit est la ville de Yaoundé au Cameroun particulièrement dans le secteur du journalisme de la presse privée de 1990 à nos jours

La revue de la littérature :

- Françoise Ijoues, La Pratique du journalisme au Cameroun entre 1990 et 1994 : les difficultés des journalistes de la Presse Ecrite.

Dans ce mémoire soutenue en 1996, Françoise Ijoues, a présenté les conditions socioprofessionnelles médiocres du journaliste de la presse écrite au Cameroun. Mais elle ne s'est pas accentuée ave exactitude sur ce qui est à l'origine de cette situation. Ne présentant qu'un tableau péjoratif des employeurs. Oubliant de ce fait que la loi et la dévaluation du FCFA en 1994 peuvent également être à l'origine du mauvais sort des journalistes camerounais.

Corpus :

Notre champ d'enquête s'est étendue sur trois grands groupes de presse écrite notamment le quotidien La Nouvelle Expression, l'hebdomadaire Diapason, et le mensuel ICI Les Gens du Cameroun.

Division du travail :

Notre travail comprend deux grandes parties subdivisées en deux chapitres chacun.

La première partie met l'accent sur les conditions générales du travailleur au Cameroun. Son chapitre premier est axé autour des conditions réelles du travailleur au Cameroun. Deux sections délimitent ce chapitre. En première, nous avons les conditions prévues par le code du travail et en deuxième nous avons les conditions particulières prévues par les conventions collectives.

La deuxième partie se penche sur les difficultés d'application du cadre organisationnel. Le chapitre un est consacré à l'étude des difficultés d'ordre financière. Et son chapitre deux nous amène dans les coulisses de notre enquête effectuée sur le terrain. C'est elle qui va déterminer l'impact des conditions professionnelles sur la qualité du travail du journaliste de la presse privée.

Définition des termes

Selon le dictionnaire encyclopédique Hachette

- Une condition : peut être définie comme un ensemble d'éléments, de circonstances qui déterminent une situation.

- Professionnelle: qui a rapport à une profession notamment un corps constitué par tous ceux qui pratiquent le même métier.

- Les conditions professionnelles : désignent alors un ensemble d'éléments ou de circonstances qui déterminent une situation dans une profession. D'une manière générale, elles déterminent l'environnement dans lequel les employés vivent sur leur lieu de travail. Elles comprennent la pénibilité et les risques du travail effectué ainsi que l'environnement de travail (bruit, chaleur, exposition à des substances toxiques, les délais de production ou de ventes d'un produit, etc.).

- Le journaliste : est défini selon le dictionnaire Hachette comme celui qui informe sur l'actualité. Ce dernier collecte, traite et diffuse l'information au grand public.

- la presse : selon Hachette c'est l'ensemble des journaux.

- La presse écrite : selon le dictionnaire en ligne Wikipédia vient du latin pressus, pressé, comprimé, serré, enfoncé. Plus généralement, elle englobe tous les moyens de diffusion de l'information écrite : quotidiens, hebdomadaires et autres publications périodiques, ainsi que les organismes professionnels contribuant à la diffusion de l'information écrite. Tirant son origine de l'usage d'une presse d'imprimerie, l'expression "presse écrite" est un pléonasme. Elle sert cependant à distinguer la presse par rapport aux autres médias : radio, télévision, internet. Malgré l'invention de l'imprimerie et la Révolution française, il faut attendre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle pour assister au développement réel de la presse écrite qui atteint son âge d'or avant l'émergence de la radio puis de la télévision et plus récemment d'Internet. Les publications de la presse écrite peuvent être classées selon le rythme de parution : quotidien, hebdomadaire, mensuel, bimestriel... Le contenu peut être généraliste ou spécialisé. Quant à la nature : information, divertissement, publications scientifiques... sa zone de diffusion, peut être nationale, régionale ou locale, son modèle économique : payant ou gratuit. On distingue aussi la presse quotidienne et hebdomadaire de la presse magazine qui est plus luxueuse et en général plus ciblée.

- Privé: selon l'encyclopédie Hachette, le mot privé fait état de ce qui est intime, d'un domaine dans lequel n'intervient pas.

- La presse écrite privée : est donc définie comme tous moyens de diffusions de l'information écrite dans lequel l'Etat n'intervient pas.

Première partie :

Les conditions générales du travailleur au

Cameroun

Au Cameroun, la Loi n°92-007 du 14 août 1992 établie les modalités pour l'accomplissement personnel et professionnel du travailleur.

Chapitre I : les conditions des travailleurs au Cameroun

Les travailleurs sont protégés par le code du travail qui oriente, le type de contrat, détermine leur salaire et les conditions de travail auquel ils doivent avoir droit. Sans oublier le droit à la sécurité sociale, afin d'acquérir de ces derniers un bon rendu

Section I : Les conditions prévues par le code du travail

Le code de travail camerounais recommande des dispositions d'ensemble. Dans le cadre de ce travail nous nous appesantirons sur le contrat de travail à titre individuel.

Concernant le contrat de travail4(*) : c'est une convention par laquelle un travailleur s'engage à mettre son activité professionnelle sous l'autorité et la direction d'un employeur, en contrepartie d'une rémunération.

Il est généralement passé librement et son existence est constatée dans les formes qu'il convient aux parties d'adopter. Nous distinguons deux types de contrats :

· Le contrat à durée déterminée. Ce dernier ne peut être conclu pour une durée supérieure à deux ans et peut être renouvelée pour la même durée, dans le cadre de ce contrat la précision est de mise et les termes sont fixés à l'avance par les deux parties. Le contrat à durée déterminée des travailleurs de nationalité camerounaise ne peut être renouvelé plus d'une fois avec la même entreprise. Passée la durée, si les relations de travail se poursuivent, le contrat se transforme en contrat à durée indéterminée.

· Le contrat à durée indéterminée, ses termes ne sont pas fixés au préalable. Il peut cesser à tout instant par la volonté de l'une ou de l'autre partie, sous réserve du préavis prévu à l'article 34  « Le contrat de travail à durée indéterminée peut toujours être résilié par la volonté de l'une des parties. Cette résiliation est subordonnée à un préavis donné par la partie qui prend l'initiative de la rupture et doit être notifiée par écrit à l'autre partie avec indication du motif de la rupture ».

Toute personne dotée d'un contrat de travail a droit à une rémunération encore appelé salaire5(*). Il est défini comme suit : « La rémunération ou les gains susceptibles d'être évalués en espèces et fixés, soit par accord, soit par des dispositions réglementaires ou conventionnelles, qui sont dus en vertu d'un contrat de travail par un employeur à un travailleur, soit pour le travail effectué ou devant être effectué, soit pour les services rendus ou devant être rendus ». Aussi, un individu quel que soit son sexe, son origine, son âge, son statut, ou sa confession religieuse a droit à ses honoraires ainsi que prévu par la loi.

Au-delà de tout, certaines exigences dans son lieu de travail doivent également être réunies. Le code du travail met l'accent sur la durée du travail et dispose en son article 80 que dans tous les établissements privés non agricoles, la durée de travail ne peut durer excéder quarante heures par semaines. Des décrets, pris après avis de la Commission nationale consultative du travail, déterminent les circonstances et les limites dans lesquelles des exceptions à la durée du travail sont autorisées ainsi que les modalités d'exécution et de rémunération des heures supplémentaires donnant lieu à majoration. On peut également citer les congés6(*), car l'employé selon le contrat de travail déterminé avec son employé à droit au congé payé à raison d'un jour et demi ouvrable par mois de service effectif, à la charge de son employeur. Aussi tout travailleur doit jouir de son droit au congé après un an de service. Pour certains les frais de transports de l'employé, ainsi que de sa famille sont également pris en charge.

Pour ce qui est de la sécurité et de la santé au travail, l'article 98 alinéa 1 du code du travail ordonne que : « Toute entreprise ou tout établissement de quelque nature que ce soit, public ou privé, laïc ou religieux, civil ou militaire, y compris ceux rattachés à l'exercice de professions libérales et ceux dépendant d'associations ou de syndicats professionnels, doit organiser un service médical et sanitaire au profit de ses travailleurs ». Pour cela l'employeur doit prendre des mesures, afin de surveiller les conditions d'hygiène du travail et tout risque de contamination, en même temps ce dernier doit assurer les frais médicaux nécessaires.

Le code du travail précise encore en son article 101 qu'en cas de maladie du travailleur, de son ou ses conjoints, ou de ses enfants , l'employeur est tenu de leur fournir les soins selon la limite des moyens définis par arrêté du ministre du travail et de la Commission national de la santé et de sécurité au travail. Par ailleurs, le dirigeant est tenu d'assurer l'alimentation de tout salarié malade et hospitalisé dans l'infirmerie de l'entreprise.

Ainsi se présentent les avantages auxquels ont droit les travailleurs camerounais selon la législation, arrêtée dans le code du travail camerounais. En même temps certains compromis sont parfois effectués afin de faciliter la tâche entre employeurs et employés.

Section II : conditions particulières prévues par les conventions collectives

Les conventions collectives sont définies dans le code du travail comme tout accord permettant de régler les relations entre les employeurs et les travailleurs soit d'une entreprise ou d'un groupe d'entreprises, soit d'une ou plusieurs branches d'activités7(*). De part leur définition, elles ne définissent pas de conditions à proprement dites mais suggèrent des améliorations dans le cadre du travail. Aussi, sont-elles souvent conclues entre les représentants d'un ou de plusieurs syndicats, ou d'une union de syndicats de travailleurs.

La convention peut également venir d'une ou plusieurs organisations syndicales d'employeurs ou de tout autre groupement d'employeurs ou un ou plusieurs employeurs pris individuellement. Elles mentionnent des améliorations oubliées par la loi, en, déterminant leur champ d'application. Elles ne peuvent être publiées si elles vont en entière contradiction avec la loi, de ce fait le ministre en charge du travail peut arrêter la publication faite en général dans le journal officiel du Cameroun. Selon l'article 57 alinéa 2 du code du travail « Les accords d'établissement ont pour objet d'adapter aux conditions particulières de l'établissement ou des établissements considérés les dispositions des conventions collectives et, notamment, les conditions d'attribution et le mode de calcul de la rémunération au rendement, des primes à la production individuelle et collective et des primes à la productivité »8(*). Ces derniers peuvent prévoir des dispositions plus nouvelles voire plus favorables aux travailleurs.

Chapitre II : La situation particulière des journalistes au

Cameroun

Au Cameroun le journaliste est soumis à des conditions particulières, selon la réglementation en vigueur au Cameroun, un code de déontologie mais aussi selon l'éthique fixée par les syndicats.

Section I : les conditions prévues par la réglementation, le code de déontologie et les syndicats

La réglementation camerounaise, reconnait plus de devoirs aux journalistes que de droits. Cet aspect de la chose exclu le journaliste du cadre du travailleur commun qui a pourtant des droits et des devoirs.

1. Selon les obligations en vigueur

Selon la réglementation, ces obligations vont du général, jusqu'aux dispositions finales en passant par des devoirs de confraternité et du journaliste en matière de communication sociale. Il est précisé que le journaliste est tenu au respect de la communauté nationale et de ses institutions9(*), ce dernier ne doit en aucun cas exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre son honneur, sa probité intellectuelle et son impartialité. Il ne doit en aucun cas aliéner son indépendance professionnelle sous quelques formes que ce soit. Selon la loi, il est également interdit au journaliste de publier des informations douteuses, de déformer la vérité des faits ou d'attribuer à quiconque des paroles ou actes sans avoir vérifié son information10(*).

De plus les hommes de médias doivent entretenir des relations de confraternité. Le code de déontologie de l'Administration conclu son propos en précisant que toute violation à ces dispositions sera sanctionnée comme telle. Pourtant, la charte de Munich (Allemagne) signée le 24 et le 25 novembre 1971, reconnaît les également les devoirs des journalistes. Elle cite entre autre la recherche, la rédaction et le commentaire des événements en précisant que ceci doit respecter la vérité, qu'elles qu'en puissent être les conséquences pour le journaliste. La même charte spécifie également que les journalistes ont des droits qui doivent leur être attribués notamment celui à l'accès aux sources d'information.

2. Selon le code de déontologie de l'Union des Journalistes du Cameroun

Il faut rappeler que quand on parle de code de déontologie, on parle quelque soit le pays, d'un texte qui n'a pas force de loi. Il s'agit d'un ensemble de dispositions morales que généralement les médias/les journalistes se définissent et déclarent s'y référer pour définir leurs pratiques, les réguler et, au besoin, les défendre contre quiconque auraient l'intention d'attaquer l'expression auquel médias et journalistes tiennent si fort comme exercice libre et protégé11(*) .Le code de l'Union des journalistes du Cameroun (UJC) qui a relevé les manquements de l'administration, va certes reconnaître les devoirs des journalistes en se basant sur la charte de Munich (voir en annexe page 53) et celle de l'Union des Journalistes de Afrique de l'Ouest (UJAO) qui déclare que : « le journaliste à le devoir de refuser de prêter son concours à la promotion des intérêts contraires au bien être général », va également lui reconnaître des droit. Dans ce code, Les journalistes peuvent revendiquer le libre accès à toutes les sources d'information et ont le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en aucun cas être opposé au journaliste que par exception et en vertu de motifs clairement exprimés.

Mais aussi, Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de son entreprise, telle qu'elle est déterminée par écrit dans son contrat d'engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale.

Toujours basé sur la charte de Munich, et surtout en vue de garantir l'indépendance économique, sa sécurité matérielle et morale, le journaliste a droit comme tout travailleur à un contrat de travail, au bénéfice des avantages de toutes natures contenues dans les conventions collectives, et à une rémunération suffisante. A l'UJC de conclure dans son article 15 : « Toute violation des dispositions du présent code est considérée comme un manquement aux obligations de la profession et sanctionnée comme tel, conformément aux dispositions prévues par le statut de l'Union des Journalistes du Cameroun ».

Toutefois, une lecture comparée des deux codes déontologiques camerounais permet de relever des divergences mais également des convergences. Ces similitudes s'appliquent sur le droit à l'information, et le droit à la libre expression. Elles concernent aussi le travail du journaliste notamment : résister aux pressions de quelques pouvoirs que ce soit. En matière de confraternité, il y a également intersection car l'article 10 du code étatique prévoit que les journalistes doivent entretenir des rapports de confraternité et ne doivent pas se calomnier ou alors médire de leurs confrères.

Quant aux divergences, le code de l'Etat ne reconnaît aux journalistes qu'un seul droit celui : «De refuser d'accomplir un acte professionnel ou d'exprimer une opinion contraire à sa conviction ou de sa conscience ». Pourtant le code l'UJC influencé par la charte de Munich en prévoit 07 (droits).

On a dans le code de l'administration une kyrielle de devoirs allant des devoirs généraux, à ceux de la confraternité, jusqu'à la communication sociale12(*). L''UJC sur 15 articles en consacre 08 aux devoirs du journaliste13(*). L'autre divergence est basée sur l'accès aux sources d'information. Selon le code de l'UJC, le journaliste doit avoir libre accès à toutes les sources d'information et doit avoir le droit d'enquêter librement sur les faits de la vie publique. Par contre le code de l'Etat rétorque que la recherche ou l'obtention des informations doit se faire de manière légale14(*).

Voici, entre autres, quelques convergences et divergences qui apparaissent dans les deux codes de déontologie des journalistes.

3. selon les syndicats

Puisque la loi reconnaît aux travailleurs et aux employeurs le droit de créer des syndicats professionnels ayant pour objet l'étude, la défense, le développement et la protection des intérêts de ses membres ou adhérents, on constate l'existence au Cameroun de quelques syndicats des journalistes dont les plus connus sont : le SNJC (Syndicat National des Journalistes du Cameroun) et le SJEC (Syndicat des Journalistes Employés du Cameroun).

Ces derniers ont pour unique objet l'amélioration des conditions de vie des journalistes. Notamment l'application des salaires adoptés dans la Convention collective du 12 novembre 2008. Ils doivent veiller au payement régulier desdits salaires et l'accord des possibilités de formation, de perfectionnement et des recyclages des journalistes autodidactes (formés généralement sur le tas).

Même si leurs actions sont modestes en raison de l'absence d'un cadre juridique et de moyens financiers susceptibles de leur donner la possibilité d'agir en temps réel, Ils sont à l'origine, grâce à des actions conjuguées, de la création de la Convention Collective, qui définit de manière actuelle les salaires auxquels les journalistes au Cameroun doivent avoir droit selon leur catégorie professionnelle.

Quoique selon Léger NTIGA Rédacteur en chef adjoint au Quotidien Mutations : « Globalement, au Cameroun la culture syndicale, la culture de revendication est érodée. Ailleurs il y en a plusieurs et ils défendent les mêmes causes. Ici on a parfois un problème de leadership, et des querelles malheureuses » se référant ainsi aux incompatibilités d'humeur entre Jean Marc SOBOTH (1er secrétaire du SNJC) et Norbas TCHANA NGANTE (Président du SJEC). Tous deux anciens collègues à La Nouvelle Expression auraient transporté leurs bagarres de positionnement en entreprise dans le champ social et syndical. Il conclut : «On vit le produit de l'encadrement politisé ». Un de ses confrères qui préfère garder l'anonymat ajoute : « Les gens ont peur de militer. Le syndicaliste, même en entreprise, est perçu comme un potentiel fossoyeur de l'ordre établi. Il est en bref regardé comme un potentiel opposant au pouvoir de Yaoundé. C'est pour cela que beaucoup se comportent en victimes résignées. Ils ne croient pas en la lutte. C'est comme si le culte de la négation de soi était devenue pour eux un modus vivendi credo (mode de vie) ». Au Cameroun, les journalistes développent très peu cet esprit de corps, cette cohésion qui drainerait vers une similitude d'intérêts.

Par contre des pays tels que le Sénégal, l'Egypte et l'Afrique du Sud bénéficient d'une culture syndicale de plus de 50 ans sans interruption, et leur Convention Collective date de 1968 adoptée et ratifiée.

Toutefois, des dispositions de la présente Convention Collective des journalistes adoptée le 17 octobre 2008 au Cameroun, définissent le « travailleur », comme étant celui qui a pour occupation principale et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une agence d'Information, un service de presse publique ou une entreprise publique, privée écrite, parlée ou filmée, quotidien ou périodique, ou tout autre établissement consommant les services des professionnels de l'information et de la communication sociale

Section II : Les conditions économiques et matérielles

1- Les conditions économiques

Devant le parlement américain, le président américain Thomas Jefferson prononça une phrase qui a amplifié son prestige: `'Puisque l'information du peuple constitue le fondement de notre démocratie, et que notre mission est de bien l'informer, s'il fallait choisir entre un gouvernement sans journaux et des journaux sans gouvernement, je prendrais sans hésiter la seconde hypothèse''. L'information peut alors modifier la vision que nous avons de notre environnement, du monde qui nous entoure et la façon dont nous organisons notre vie. Elle peut transformer radicalement nos perspectives politiques, sociales et économiques. Un peuple bien informé est celui qui prend de bonnes décisions. Laisser mourir sa presse, c'est faire le choix de l'opacité, et de la pensée unique.

Au Cameroun, la presse écrite privée connait un revirement de son sort, elle qui fut au cours des années 1990 intouchable, est en baisse de forme. Il y a une dizaine d'années, elle arrivait à captiver l'attention du public en étant des plus critiques vis à vis du pouvoir. Les «grands» journaux pouvaient tirer à 80 000 exemplaires. Challenge hebdo tirait par exemple à 60 00015(*). Être patron de presse était alors une véritable entreprise lucrative, d'autant plus que malgré ces fortes ventes, les journalistes restaient très peu rémunérés.

Aujourd'hui, les tirages varient entre 2000 à 8000 exemplaires. Par exemple, Le Messager tire à 6000 au lieu de 50.000 comme en 1992, le Popoli à a peine700016(*)

En janvier 1994, la dévaluation du FCFA et la crise économique ont beaucoup réduit le pouvoir d'achat, alors que dans le même temps les journaux ont été obligés de relever leur prix de vente pour faire face à la croissance du coût des intrants. En moyenne, le prix de vente des journaux est ainsi passé de 200 à 300 FCFA au début des années 2000 et aujourd'hui il coûte 400 FCFA.

La réduction du franc CFA, implique une baisse de sa valeur. Le taux de sa parité fixe qui était de 50f.cfa pour 1 Franc français, est passé du simple au double, à savoir : 100f.cfa pour 1 Franc français (1 FF = 50 FCFA, depuis lors, 1 FF = 100 FCFA). Et comme pour le Cameroun particulièrement, cet acte de l'Etat n'était escorté d'aucun effet d'accompagnement économique et social, ce fut l'effondrement total et généralisé des fondamentaux de notre arsenal juridico-financier17(*).

Et comme tous les autres secteurs d'activité la galaxie médiatique camerounaise commence alors à décliner. Car même si la presse écrite au démarrage connait des handicaps structurels, les faits sociaux économiques ont enfoncé le clou. Ils ont perturbé un équilibre déjà précaire par les effets catastrophiques de la fameuse doctrine de l'ajustement structurel dont les objectifs visaient le redressement des économies, des états en voie de développement par la réduction du train de vie de l'Etat. Mais hélas les coûts du papier, encre, film on doublé.18(*) A cela s'ajoute l'entrée en vigueur depuis 1999 de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Les entreprises de presse doivent théoriquement reverser au Trésor public 18,7% de leurs recettes publicitaires.

Les ménages également ont subi cette forte influence de la dévaluation du franc CFA. Le pouvoir d'achat chute du fait de la baisse excessive des salaires « Un enseignant de lycée à l'époque qui touchait 250.000FCFA se retrouve avec 100.000FCFA » soutient Benjamin NYOUM enseignant d'université19(*) il continue : «Comment peut-il s'organiser pour se loger, manger, se soigner, son épouse et ses enfants avec s'il en a ?». Influence : baisse drastique des ventes de journaux, et chutes vertigineuses des recettes.

Mais le coup de massue viendra aussi de la désillusion du public face aux médias indépendants. Beaucoup n'ont pas pu s'adapter aux besoins quotidiens des citoyens La principale évolution des lignes éditoriales a été une place croissante donnée aux faits divers et au sport (football) censés plaire aux lecteurs20(*).

Tous les secteurs de la vie économique ont subi les affres de la dévaluation, et la presse avec. En 1990, 80 à 90% de ceux qui écrivent dans les journaux sont des aventuriers qui acceptent n'importe quel salaire pour survivre. Le public se fait alors méfiant à cause du manque de fiabilité des informations. Ces derniers développent la corruption dans les médias. On parlera de ce phénomène qu'est le terme gombo (nom d'une légumineuse gluante, mangée en sauce au Cameroun, et qui renvoie, métaphoriquement, dans le jargon de la scène médiatique, à une variété de pratiques de corruption des hommes de médias par tous ceux qui en obtiennent en retour, toute la bienveillance)

On constate que le secteur du journalisme a ainsi subi les angoisses d'une économie dévaluée, facteur déterminant. Elle a pour ainsi dire et à fortiori brisé l'élan exponentiel de son épanouissement tout autant matériel, financier, moral que psychique. Des valeurs qui se synthétisent de l'appropriation par l'ensemble de l'unité de production qu'est l'entreprise de presse au plan matériel.

Pourtant, les journalistes enquêtés dans la presse écrite privée déclarent sans hésitation que le manque de conditions matérielles influences négativement sur le rendu de leur travail. C'est d'ailleurs pourquoi, dans le souci de remonter une pente toujours aussi glissante, il faudrait que des conditions soient réunies.

2- conditions matérielles

Beaucoup entendrons par conditions matérielles des journalistes celles d'ordre :

· Rédactionnel, qui consistent à posséder

- Des locaux avec salle de rédaction

- Des Desktops ou des Laptops avec connexion Internet «Si on en possède pas ou pas assez, cela peut avoir une certaine influence notoirement bénéfique sur le deadline, mais ça peut aussi avoir une influence sur la production. Parfois les journalistes n'exprime pas entièrement leur potentiel dans les salles de rédaction»21(*)

- Des appareils photos qui se font rares dans les rédactions de certains quotidiens bien connus tels que : le quotidien Mutations et La Nouvelle Expression : « Il n'en reste plus qu'un seul du fait d'un certain nombre de malentendus imputables à la négligence des rédacteurs »22(*) chez les mutants : « Chacun s'équipe personnellement et place parfois ces équipements à la disposition de la rédaction »23(*)

- Des voitures de service qui serviraient aux déplacements permanents des reporters. Pour le rédacteur en chef du Quotidien Mutations Xavier Messe « Ce n'est pas un luxe de nos jours que de mettre à la disposition d'un journaliste un véhicule de service »24(*).

En raison de l'insuffisance de moyens techniques et financiers, les entreprises de média sont de plus en plus dépendantes des nouvelles obtenues dans Internet et par les agences internationales. Depuis peu, ces entreprises utilisent d'autres tabloïds ou des radios comme principales sources d'informations pour leurs nouvelles. Au Cameroun, les agences de presse ne font pas partie du paysage médiatique. Même l'agence gouvernementale CAMNEWS parait anachronique dans son fonctionnement.

Mais l'homme des médias dans l'exercice de sa profession a besoin d'un autre type d'épanouissement matérielle tel que prévu par les dispositions encore récentes de la convention collective de 2008, dont la source émane du droit du travail. Des conditions qui ont pour ambition d'assainir l'environnement actuel du travail (actuel) des journalistes.

Les exigences matérielles25(*) dont doit bénéficier le  « travailleur de presse», c'est d'abord et avant tout :

· Son contrat de travail pleinement élaboré dans le fond et la forme et conformément aux dispositions énoncées dans le code du travail en vigueur au Cameroun. Mais dans le cas spécifique du journaliste, on ne parlera pas de contrat à durée déterminée ou indéterminée. on définira plutôt le journaliste professionnel en tant que celui qui fait de l'exercice de sa profession son occupation régulière, dont il tire le principal de ses sources. Mais aussi le pigiste définit comme celui qui n'est soumis qu'à un contrat d'ouvrage et n'est soumis à aucun état de soumission à l'entreprise dans laquelle il travaille, il est maître de son temps et de son travail.

· Quant à la durée de travail, elle doit respecter celle précisée par le code du travail qui est de 40 heures par semaine. Mais même si la durée légale du travail doit autant s'appliquer aux autres salariés qu'aux journalistes, certaines nécessités propres à la profession ne permettent pas de déterminer la répartition des heures de travail, certains horaire de travail peuvent être aménagés dans la mesure où il peut exister des dérogations exceptionnels amenant l'homme des médias à travailler de jour, comme de nuit voire le dimanche ou pendant les jours fériés. L'on doit donc faire preuve d'une certaine flexibilité. Cela va sans dire qu'une majoration ainsi que prévu par le code du travail*et la convention collective*doit être appliquée. L'augmentation intervient entre 10 heures du soir et 6 heures, ce qui n'est actuellement pas le cas aujourd'hui. A La Nouvelle Expression le journaliste Lindovi NDJIO déclare : «On peut vous donner des frais de déplacement lorsque c'est un travail de nuit mais je n'ai jamais eu de majoration particulière». Cette règle s'applique également à trois de ses collègues présents, qui hoche du bonnet lorsque la question leur est posée.

La convention collective camerounaise a malgré tout limité le taux des heures supplémentaires à 20% sur la base d'un SMIG de 28 320 FCFA. Un taux que certains pourraient qualifier d'excessif alors qu'en France ce dernier s'élève à 15% sur un SMIG de 650.000 F.CFA selon la convention collective nationale de travail des journalistes du 1er novembre 1976, relevé le 27 octobre 1987, repris en parti par la convention collective des journalistes camerounais.

Tableau de la majoration des heures supplémentaires fixé par la convention collective des journalistes

Heures supplémentaires

Taux

Pour les 8 premières heures

20% du salaire horaire

Pour les 8 heures suivantes

30% du salaire horaire

Pour la 3ème tranche (jusqu'à 20 heures par semaines)

40% du salaire horaire

Pour les heures supplémentaires accomplies le dimanche

40% du salaire horaire

Pour les heures supplémentaires prestées de nuit

50% du salaire horaire

(Source : la Convention Collective des Journalistes)

A noter toutefois que la mise en oeuvre de cette disposition se fait dans le cadre des aménagements internes des horaires de travail dans l'entreprise.

· Les congés sont une autre condition matérielle importante. Précisé dans l'article 60 de la convention collective qui confirme que les dispositions du code du travail relatives au « chapitre 5 : congés et transport » sont applicables aux journalistes : « Les congés sont répartis sur toute l'année. Les dates en sont fixées par l'employeur en tenant compte des nécessités de service d'une part et des désirs des travailleurs, d'autre part » (cf.  annexes). Au Cameroun la durée de congé est de un (01) mois minimum. Ces derniers qui se sont inspirés de la convention collective française n'ont pas intégré le principe de la semaine de cinq jours avec deux jours de repos hebdomadaire ainsi que contenu dans ladite convention. Cette convention légitime le fait qu'un journaliste doit au moins avoir un jour de repos par semaine et d'un congé annuel payé, ceci depuis 1935. De plus, ils sont les premiers à bénéficier de cinq semaines de congés. Pour le cas du Cameroun, la convention collective, mentionne certains privilèges dont devraient jouir les journalistes après une durée bien déterminée ainsi qu'énoncé dans l'article 63 intitulé de la majoration des congés :

Tableaux de la majoration des congés du journaliste au Cameroun selon la convention collective

1. Pour le Travailleur âgé de plus de dix huit (18) ans ayant droit au congé dans les conditions définies ci-dessus, ce congé est augmenté de :

1 jour après 3 ans de présence dans l'entreprise

2 jours après 5 ans de présence dans l'entreprise

3 jours après 7 ans de présence dans l'entreprise

4 jours après 9 ans de présence dans l'entreprise

5 jours après 12 ans de présence dans l'entreprise

6 jours après 15 ans de présence dans l'entreprise

7 jours après 18 ans de présence dans l'entreprise

8 jours après 22 ans de présence dans l'entreprise

9 jours après 26 ans de présence dans l'entreprise

10 jours après 30 ans de présence dans l'entreprise

(Source : Convention Collective des journalistes)

2. La mère de famille bénéficie de deux (2) jours supplémentaires de congé par an pour chacun de ses enfants à charge, enregistré à l'état civil, vivant au foyer et âgé de moins de six (6) ans. Ce congé est d'un (1) jour seulement si le congé principal n'excède pas six (6) jours.

3. Le Travailleur titulaire de distinctions honorifiques nationales bénéficie d'un (1) jour supplémentaire par an, et ceci dès notification de l'attribution quelle que soit la distinction.

Il peut également y avoir des congés de circonstances :

Mariage du Travailleur :

3 jours

Naissance d'un enfant

3 jours

Décès du conjoint ou d'un descendant direct du Travailleur

3 jours

Décès d'un ascendant en ligne directe d'un collatéral privilégié ou ordinaire

2 jours

Décès du beau-père, de la belle-mère du Travailleur

1 jour

Distinctions honorifiques

1 jour

(lendemain du jour de la remise)

(Source Convention Collective des journalistes)

Selon, les journalistes signataires de la convention collective ces congés devraient également être payés

La rémunération du journaliste comprend le salaire ou autres différentes primes. Les salaires sont fixés en fonction de l'emploi occupé par le travailleur, conformément à la classification professionnelle et à la grille des salaires de la présente convention. Une rémunération qui se doit d'être mensuelle.

CLASSIFICATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES ET DES PROFESSIONNELS DES METIERS CONNEXES DU CAMEROUN

(Source : Convention Collective des journalistes)

Cat.

Ech.

Anc.

Définition

Emplois

Qualification

I

A à F

 

Catégorie I

Travailleurs exécutant des tâches élémentaires n'exigeant

ni connaissance professionnelle

ni adaptation

Manoeuvre

 

II

A à F

 

Catégorie II

Travailleurs auxquels sont confiés des travaux simples

Manoeuvre spécialisé

 

III

A à F

 

Catégorie III

Travailleurs exécutant des tâches simples et partielles avec un minimum d'instruction ou de compétence acquise par la pratique

Technicien des surfaces, coursier, vigile

C.E.P.E, titre équivalent

IV

A à F

 

Catégorie IV

Travailleurs exécutant des tâches précises exigeant une formation professionnelle de base ou une compétence pratique de même niveau

Chauffeur, magasinier, agent de bureau chargé du classement, opérateur de saisie, tireur de plans, préparateur labo, standardiste...

CEPE, titre équivalent, ancienneté de 03 ans minimum

V

A à F

 

Catégorie V

Travailleurs exécutant des tâches nécessitant une connaissance complète du métier ainsi qu'une formation théorique et pratique approfondie, sanctionnée par un diplôme ou par une expérience professionnelle

Assistant (décorateur, caricaturiste dessinateur) machiniste, éclairagiste, laborantin-photo-film, photographe de plateau ou presse

CAP, BT, BP, BEPC, ou diplômes équivalents

VI

A à F

 

Catégorie VI

Travailleurs exécutant des tâches difficiles de son métier exigeant une habileté consommée et une formation théorique et pratique très approfondie

Secrétaire, employé de bureau, comptable, caricaturiste-dessinateur, opérateur informatique confirmé, archiviste, attaché de rédaction

CAP, BT, BP, BEPC ou diplômes équivalents + expérience professionnelle

VII

A

2

Catégorie VII

Agent capable de seconder le responsable d'une tâche technique ou de rédaction sans être soumis aux mêmes contraintes que ce dernier

Journaliste débutant, assistant monteur télévision, assistant monteur, assistant cameraman 1, opérateur de prise de son, agent technique radio-télé-vidéo, maquettiste, projectionniste, vérificateur technique, documentaliste, infographe

Probatoire ou expérience prof. 5 ans min. BT,BP complet, BEP

B

4

C

6

D

8

E

10

F

12

VIII

Catégorie VIII

A

2

Agent responsable d'une tâche précise dans la quête, l'analyse, le traitement de l'information, la rédaction des articles, l'animation et la conception des équipements de production et de diffusion ainsi que de la réalisation et de la continuité de la production

Journaliste-reporter, reporter cameraman, reporter photographe, secrétaire adjoint de rédaction, script, chargé de production, contrôleur technique, régisseur général, monteur, caméraman, preneur de son niveau 2, agent technique niveau 2, adjoint chef desk

BAC

B

4

C

6

D

8

E

10

F

12

IX

 

A

2

Cadre moyen coordonnant le travail de 3 à 5 de ses collègues de la catégorie précédente et placé sous la responsabilité directe d'un cadre de la catégorie 10

Journaliste confirmé, Secrétaire de rédaction, Chef desk, Chef de rubrique ou de section, photographe principal, réalisateur, Technicien d'encadre moyen, de prise de son ou de contrôle des équipements de production, Grand reporter et chef d'enquête

BAC + 2, BTS, IUT, Ingénieur de maintenance débutant, Licence de technologie + 2 ans d'expérience

B

4

c

6

D

8

E

10

F

12

X

Catégorie X

A

2

Cadre ayant sous sa responsabilité 5 à 10 collaborateurs de la catégorie IX avec pour mission de coordonner, d'animer et de dynamiser différents services de la rédaction. Cadre de production des services techniques chargé des études, de la supervision de tâches importantes et complexes

Journaliste cadre confirmé, correspondant permanent de presse à l'étranger, rédacteur en chef, Chargé d'études, de recherche ou de programmes, ingénieur, Conseiller de presse, Secrétaire général de rédaction

BAC + 3, BAC + Maîtrise (bonification d'échelon), DSJ + 5 ans d'expérience, BAC + 3,

B

4

C

6

D

8

E

10

F

12

XI

Catégorie XI

A

2

Cadre supérieur chargé de superviser et de contrôler les secrétaires de rédaction et les rédacteurs en chef, Cadre de production expérimenté, Chargé de la supervision et du contrôle des programmes, Ingénieur conseil supervisant tous les équipements techniques et conseillant la direction

Directeur de la rédaction, Directeur des programmes, Ingénieur-conseil, Inspecteur technique

BAC + 5 + expérience prof. 10 ans min. Doctorat + bonification d'échelon

B

4

C

6

D

8

E

10

F

12

XII

Catégorie XII

A à F

 

Cadre supérieur expérimenté faisant preuve de capacité de meneur d'hommes et jouissant des dispositions particulières aux relations publiques

Directeur général d'organe de communication ou toute autre direction interne, Ingénieur général

Doctorat en communication + 15 ans d'expérience minimum

GRILLE DES SALAIRES (source Convention Collective des journalistes)

ECH

CAT

A

B

C

D

E

F

I

32865

34085

35305

36530

37755

38975

II

38975

41945

44020

46540

49065

51585

III

50680

55110

59540

63970

68400

72830

IV

69110

74175

79235

84300

89860

94420

V

89495

94690

99885

105085

110275

115475

VI

111480

117215

122955

128690

134480

140165

VII

115840

125005

134160

143325

152480

161645

VIII

161645

172420

183195

193970

204745

215515

IX

204145

222005

239870

257730

275595

293460

X

241145

254035

266625

279225

291820

304420

XI

304420

317020

329615

342210

354805

367405

XII

367405

380000

392605

405200

417795

430395

· Pour les primes, le travailleur ayant effectué deux (02) ans dans la même Entreprise bénéficie à la fin de la deuxième (2e) année d'une prime d'ancienneté de 4% et de 2% par année supplémentaire sans plafonnement suivant la réglementation en vigueur dans l'article 79 de la convention collective.

Des efforts sont encore à faire, surtout quand on sait qu'en France un journaliste professionnel débutant touche en moyenne entre 1700 € (relativement 1.105.000Cfa) et 2 300€ (1.495.000cfa). Les salaires sont très souvent fixés en fonction du coût de la vie en occident. Lorsque nous rentrons dans notre contexte camerounais le journaliste devrait également être assez bien rémunéré ou toute fois en fonction du coût de la vie et surtout de manière régulière. Le tableau ci-dessous montre ce que devrait être la rémunération de base d'un journaliste au Cameroun.

La convention collective des journalistes met également propose des formations internes pour les travailleurs. Selon la dite convention, les formations que l'employeur accorde aux employés sont en partie à la charge de l'état et les coûts sont défalqués sur les charges salariales de l'entreprise. Ces cours et ces programmes de perfectionnement ont pour but d'améliorer la vie et la qualification professionnelles, mais assurent la promotion à des emplois supérieurs du personnel en place. À noter tout de même que pendant la durée d'une telle formation, le travailleur est maintenu à sa catégorie d'emploi, sans perte de rémunération26(*).

En contrepartie le travailleur se doit d'être à l'entière disponibilité de son employeur. La norme voudrait également que le journaliste ait un avancement tous les deux (2) ans par décision de l'employeur. Cependant, après quatre (4) années d'ancienneté dans un même échelon, le passage à l'échelon supérieur est de droit pour le travailleur.

Le titre 6 du chapitre deux du code du travail sur la Santé, suivi de l'article 39 de la convention collective intitulée : de la prise en charge des accidents du travail et maladies professionnelles, précise que le travailleur perçoit une indemnité complémentaire, calculée de manière à lui maintenir son salaire. A l'exclusion des heures supplémentaires, de l'indemnité de transport, des primes de quart et de toute autre indemnité liée aux conditions de travail. L'employeur prend toutes mesures en son pouvoir pour éviter une interruption dans le versement de l'indemnité journalière.

Mais si l'accident de travail ou la maladie professionnelle entraîne une incapacité permanente totale de la part du travailleur, il est recommandé à l'employeur de prendre des mesures nécessaires pour faciliter l'installation de la victime dans son lieu de résidence. Et si le contrat doit être résilié, l'indemnisation du travailleur est assurée en fonction de l'ancienneté du travailleur dans l'entreprise au moment de la suspension du contrat conformément au tableau ci-dessous :

Moins d'un an

De 1 à moins de 5 ans

De 5 à moins de 10 ans

De 10 à 20 ans

Plus de 20 ans

1 mois

3 mois

5 mois

7 mois

9 mois

(Source : Convention Collective des journalistes)

Le journaliste entrant dans une entreprise à le devoir de se mettre à l'entière disposition de son employé sauf cas constaté de maladie attesté en plus par un certificat établi par un médecin.

Lorsque le travailleur est muté il a droit au « logement ou l'indemnité de logement, dans les conditions prévues par la législation et la réglementation en vigueur. Le transport pour lui-même, sa famille et ses bagages de manière à couvrir les frais réels du déplacement. Le maintien du salaire en l'état ou sa révision à la hausse selon la pratique en vigueur dans l'établissement de mutation. Une prime unique et forfaitaire dite prime de changement de résidence égale à : Célibataire : ½ mois de salaire catégoriel échelonné. Marié sans enfant : 1 mois de salaire catégoriel échelonné. Marié avec enfants : 1 ½ mois de salaire catégoriel échelonné ».27(*)Hormis quelques adaptations, liées à la nature de la profession, le droit et engagements des journalistes ne diffèrent plus entièrement du droit des médias.

Deuxième partie : Les Difficultés d'application du cadre organisationnel

Le journaliste Jean Vincent TCHIENEHOM dans une interview accordée au journal en ligne le journal du Cameroun.com déclare: « Je doute que cette convention soit appliquée avant longtemps! Les entreprises de presse, quand elles existent sont incapables d'en appliquer les clauses, car elles ne font pas assez de recettes. La chose à faire consiste à voir comment rendre viable la situation économique et financière de ces entreprises. C'est possible, encore faut-il que le gouvernement fasse preuve d'initiative ».

Il apparait clairement que le journalisme au Cameroun évolue dans un cadre différent de celui voulu par la convention collective des journalistes, de ses syndicats notamment Les Syndicats National des Journalistes du Cameroun (SNJC) et Syndicat des Journalistes Employés du Cameroun (SJEC), mais aussi par le code du travail. Les entreprises de presse font face aux rigueurs de la conjoncture, et aux contradictions du tissu économique ainsi que du système politique.

De plus, plusieurs entreprises de presse sont loin d'être organisées comme telle, car depuis les années 1990 la presse écrite n'a besoin que d'une simple déclaration pour naître. On remarque d'ailleurs que de 1990 à 2000 on comptabilise 1300 à existence légale28(*) et le malheur pour leurs reporters c'est qu' « au Cameroun lorsqu'on est chef, on confond la caisse avec sa poche » dénonce le journaliste EYOUM'A NTOH29(*).

Chapitre I : Les difficultés d'ordre financière

Du 16 au 19 novembre 2010, l'hôtel Hilton accueillait en son sein un forum qui avait pour thème central Le financement des médias. Reporters et directeurs de publication africains s'y sont retrouvés massivement afin de débattre sur les obstacles financiers qui empêchent aux entreprises de presse d'atteindre leur apogée. Au cours de ce forum, les panélistes n'ont pas manqué de remarqué que la presse indépendante est dans un état de régression. La presse camerounaise particulièrement est entrée dans une phase de blocage et les bailleurs de fonds n'interviennent pas en faveur des médias.

Les actions engagées par les différentes coopérations sont plutôt ponctuelles et aucune n'a encore mis en place un programme structurant d'appui aux médias. Les principales coopérations qui interviennent en appui aux médias sont les suivantes : sur le plan bilatéral, la coopération française, allemande (fondation Friedrich Ebert) et suisse. Sur le plan multilatéral, l'Agence de la Francophonie, l'UNESCO, la Banque Mondiale. On peut également souligner le soutien des Organisations Non Gouvernementales (ONG) catholiques aux médias d'obédience catholique ainsi que les interventions très actives de Reporters sans Frontières pour défendre les journalistes emprisonnés.30(*)

La presse écrite est sujette à une véritable limite. Valentin Siméon ZINGA : «En 1994, l'hebdomadaire DIKALO paraissant depuis 1991 déclarait qu'il s'arrête pour mieux se relancer. Le journal avait effectivement repris quelques semaines plus tard avec à sa tête un homme d'affaires prospère». Ce récit est significatif des difficultés de la presse très affectée en 1994 car cette année, marque celle de toutes les crises économiques de la société camerounaise et par ricochet de l'environnement médiatique.

Pourtant, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture et (UNESCO), toutes les entreprises de presse compte tenu de leur spécificité et de leur rôle de service public et de regard social, doivent être aidées dans le monde.

Section I : Les obstacles relevant des employeurs

" La convention collective est une très bonne chose. J'ai signée. En tant que patron de presse, je veux bien l'appliquer. Mais, pour l'instant, je n'en ai pas les moyens ". Ainsi s'exprimait le feu directeur général du Free media group, éditeur du quotidien Le Messager Pius NJAWE Invité vendredi 22 mai 2009 au séminaire organisé par le Syndicat des journalistes employés du Cameroun (SJEC), il faisait une communication sur les difficultés d'application de la convention collective nationale des journalistes et des professionnels des métiers connexes de la communication sociale au Cameroun.

Comme M. NJAWE, les employeurs des entreprises de presse écrite privée camerounaises avancent de nombreuses raisons qui les empêchent d'améliorer ou alors de respecter le contenu de la convention collective. On peut lire dans les colonnes du site Camerpress.be, l'ancien reporter du même quotidien Roland Tsapi déclare: «Les médias camerounais doivent d'abord exister sur le plan économique. Ce qui est loin d'être évident dans le contexte actuel. Il fait par ailleurs remarquer que la presse écrite est durement frappée par la baisse drastique des ventes de journaux et des recettes publicitaires sans compter que « les annonceurs ne paient que quand ils le veulent bien ». Les médias manquent de ce fait d'arguments nécessaires pour appliquer une telle convention collective.

Xavier Messe du quotidien Mutations apporte une forme de réponse sur les raisons de la signature de plusieurs directeurs de publication : « Il est important de créer un cadre social dans lequel s'installerait les entreprises de presse ». Pius NJAWE avait dit à ce propos: «J'ai émis des réserves car il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs ». Les patrons des organes ou des groupes de presse expliquent que l'univers médiatique est frappé par une crise globale. A les en croire, même les grands groupes de presse basée en Occident sont en proie à des difficultés d'ordre économique. Et comme témoin, l'on affiche les grèves récurrentes du personnel de Radio France International (RFI). Le prestigieux journal français quotidien Le Monde a connu des difficultés financières et a été mis en vente cette année. N'eut-été son rachat par le trio Mathieu PIGASSE, Xavier NIEL et Pierre BERGE, il aurait été mis en faillite31(*).

Pourtant, dans la plupart des cas, notamment dans le secteur privé de la presse écrite, « des patrons se comportent comme des capitalistes qui prolétarisent les employés. Les budgets de fonctionnement sont ridicules au point que les frais de reportage font parfois défaut dans certaines rédactions ».32(*) Force est de constater qu'il y a au Cameroun, des employeurs qui peuvent passer deux ou trois mois sans payer les journalistes, c'est le cas de ceux du quotidien Mutations qui depuis fin 2006 vivent des fins de mois difficiles : «En 2007, la situation s'aggrave, la crise éclate. 2008 on essaye d'apporter des modifications, et pourtant en 2009 tout s'aggrave. Nous avons passé quatre mois d'arriérés de salaire» avoue Léger Ntiga NTIGA rédacteur en chef adjoint au cours de notre entretien. Il se targue tout de même de ce que leurs journalistes sont à un salaire minimum de 144.900 FCFA et que ces derniers sont tous recrutés avec un diplôme de journalistes.

Ce qui n'est pas tout à fait exact, car au cours de notre enquête, deux journalistes sur les dix interrogés ont été formé sur le tas mais ont des diplômes supérieurs ou égal à un Bac+2. Nous faisons une analyse simple: les gages appliqués sont encore loin des attentes de la convention collective qui demande qu'un journaliste de cette catégorie ait un salaire de base de 204. 145 FCFA. Pour la rémunération, le rédacteur en chef adjoint se défend: «Il est vrai que nos prix sont loin des standards, mais ce n'est pas ce qui avait été arrêté par le patronat et le personnel. La fourchette était comprise entre 200.000 FCFA et 250.000 FCFA. Mais l'entreprise s'est enlisée ».

Dans certaines rédactions, on en trouve qui touchent moins de 100 000 FCFA tel que constaté au siège de Yaoundé du quotidien La Nouvelle Expression et de l'hebdomadaire économique Diapason. Lindovi NDJIO reporter à la Nouvelle Expression et titulaire d'un BTS en journalisme, nous avouera que son salaire n'atteint pas 100.000 FCFA depuis près trois ans d'exercice. Il déclare n'avoir jamais été en possession d'un contrat de travail : «Nous sommes assez nombreux dans cette situation » continue-t-il. Ici, cinq journalistes sur la dizaine y travaillant sont titulaires d'un diplôme de journaliste. Le patron de la rédaction de Yaoundé Valentin Siméon ZINGA explique « Il y a une espèce de réalisme à la Nouvelle Expression qui fait peut-être qu'on échappe à de longs mois sans salaire. Ce réalisme même si je me questionne parfois, repose sur un postulat qui s'assure que : ce que je dois vous payer je vous le paye, sans vous donner l'impression que je peux vous payer plus et ne pas l'assumer à un moment donné ». De plus l'affiliation à la sécurité sociale n'est pas garantie.

Le journal Diapason par le biais de son secrétaire général Antony Daka nous parlera d'une fourchette comprise entre 70.000 FCFA et 150.000. Il divulgue également que pour le cas des pigistes parfois ils ne sont pas payés, mais ne s'appesantit pas sur les montants des piges «Ca dépend vraiment du travail effectué» avance t-il d'un ton sans appel. Sauf pour les journalistes du quotidien Mutations. Sur  les dix journalistes rencontrés dans la rédaction des mutants, tous affirment avoir une couverture sociale.

Au vue d'une condition apparemment précaire des journalistes, On pourrait presque parler ici d'une traite des travailleurs des médias et ce dans un pays considéré comme un Etat de droit. Surtout quand on sait que les demandeurs d'emplois se font très nombreux au fil des ans. Ceux qui travaillent dans les journaux qui voient le jour ont pour objectifs de gérer le chômage dans lequel ils étaient installés, parfois depuis de longues années en attendant de trouver meilleur filon33(*). D'où la fuite de certains journaliste vers le fonctionnariat à la recherche d'un matricule, précieux sésame vers un salaire pas forcément meilleur mais plus régulier.

La gestion de la grande majorité des médias « laisse vraiment à désirer », sauf pour certains qui se comptent sur les doigts de la main. Christophe BOBIOKONO secrétaire général de l'UJC « Beaucoup de gens considèrent que le fait de déclarer un titre c'est avoir une entreprise de presse, ils ne prennent aucune protection. Sur celles qui existent, il y en a très peu qui ont une organisation qui tient compte de la spécificité des médias notamment la rédaction, service commerciale, les activités financières. Les activités éditoriales doivent être séparées des activités commerciales » Il prendra à exemple le journal Mutations qui a toujours eu le souci de fonctionner comme une véritable entreprise: «Elle a sa charte éditoriale, elle sépare le commerciale de l'éditorial, il y a une grille des salaires, il y a un plan de carrière mais qui n'est pas respectée à la lettre » dit le journaliste.

Au Cameroun, même si des efforts sont effectués par certaines entreprises, il existe toujours ce phénomène du « oui ...mais ». Nous pouvons presque en déduire que la situation qui prévaut actuellement est due au fait que la rentabilité est la seule préoccupation de nombreux patrons en leur qualité d'hommes d'affaires. Beaucoup d'entreprises de presse qui ont prospéré dans les années 90 sont avant tout unipersonnelles, l'initiative est un bien « originel » selon Valentin Siméon ZINGA qui explique qu'à la nouvelle expression personne n'a une part de capitale aussi elle est gérée avec ses injustices et ses incompréhensions.  Comme le disait le secrétaire national des Syndicat des journalistes du Cameroun (SJEC) Jean Marc SOBOTH: «La gestion actuelle des médias n'est pas très différente de celle d'une épicerie » encore que même celle-ci a besoin d'une comptabilité fiable pour assurer sa pérennité. De cette citation, il ressort que la comptabilité des entreprises de presse écrite est entre les mains de profanes et les dirigeants des entreprises utilisent les fonds comme bon leur semble sans se soucier du lendemain. «A un moment donné on doit tirer les bonnes leçons de gestion, le chef d'entreprise ne peut tout materner. Ce que Mutations génère comme recettes permet qu'il n'y ait pas de problèmes. Mais si elle doit aussi recouvrer ses recettes 60 jours après c'est difficile. De même, les banques ne nous accorde pas de facilités »34(*).

Par conséquent, les employés connaissent de nombreux mois d'arriérés de salaires et les licenciements sont très fréquents. De tels facteurs entravent l'indépendance des journalistes, puisque pour joindre les deux bouts ils sont obligés de recourir à des manoeuvres douteuses comme le « gombo » (du nom de cette légumineuse gluante mangée en sauce au Cameroun, qui renvoie métaphoriquement dans le jargon de la scène médiatique, à une variété de pratiques de corruption des hommes des médias par tout ceux qui en obtiennent en retour toute la bienveillance) où des nouvelles sont achetées et vendues, et à d'autres formes de chantage.

La distribution des journaux au Cameroun est mal assurée : «Les infrastructures ne permettent pas une bonne diffusion de la presse écrite, les routes sont mauvaises, les avions il y en a pas beaucoup. Internet connait des problèmes de réseaux surtout dans les zones rurales. N'est-ce pas des freins à l'émancipation ?. Si la presse écrite n'est pas suffisamment diffusée, elle ne peut être connue. Ajoutez à cela que les Camerounais ne lisent pas beaucoup».35(*)

La pauvreté ambiante est un obstacle important. Les gens luttent plus pour leur survie que pour acheter un journal dont le coût équivaut à deux baguettes de pain et plus, c'est-à-dire 400 FCFA. Malgré les dispositions prises par les éditeurs de la presse privée pour mettre en avant les journaux dans les kiosques avant leur mise en circulation,  « certains vendeurs à la criée préfèrent les louer à 50 ou 100 FCFA pour une heure maximum. Il y en a qui n'hésitent pas photocopier les pages qui les intéressent » confesse Norbert OUENDJI36(*). Au début de l'année 2006, il s'est même développé une industrie de vente de journaux photocopiés, version piratée de journaux classiques qui proposaient aux Camerounais des titres sensationnels sur des sujets comme l'homosexualité ou les pilleurs de la République.

Section II : les insuffisances liées au cadre socio économique

1. L'aide de l'Etat à la presse

La chute des ventes des quotidiens depuis les années 1990 n'a fait qu'empirer les choses. « Des journaux de pointe sont passés d'un tirage de 120 000 exemplaires par édition à 4000 exemplaires, bien que devenus quotidiens »37(*) Comme on l'a dit dans la section précédente, la dévaluation du franc CFA, la chute du pouvoir d'achat... a embrigadé le journalisme dans un marasme économique. La presse est abandonnée par un Etat qui prend plaisir à la déstabiliser : « La fragilisation voulue des médias procèdent de cette stratégie, d'autant plus que la presse privée est perçue comme un outil au service de l'opposition au régime. Le combat de la presse pour revendiquer des espaces de liberté et bâtir une puissance autonome risque d'être très long. Encore faut-il qu'il s'engage résolument »38(*)Assisterait-on à un combat publique-privée ? Jean-Marc SOBOTH du Syndicat National des Journalistes du Cameroun, (SNJC) dans ses nombreuses interventions de décrier les faveurs qui étaient prioritairement attribuées aux médias publics par le gouvernement.

En décembre 2009, le ministre de la communication Issa TCHIROMA BAKARY annonçait que l'aide publique à la presse au Cameroun passait de 150 millions à 250 millions. Il a tout de même tenu à préciser que cette aide n'inclut pas les impôts et autres taxes à prélever, ce qui pourraient réduire cette aide de quelques dizaines de millions de FCFA. Le gouvernement présente encore aujourd'hui ce geste comme un acte de « magnanimité » et de « générosité » du chef de l'Etat Paul Biya.

Pourtant, depuis son instauration il y a 9 ans, l'« aide publique à la presse privée » est boudée par plusieurs médias de premier rang, qui la considèrent comme « misérable », « mal orientée » et « contre productive ».

L'UJC était au premier rang des protestataires. Depuis de longues années cette association a tant bien que mal fait des propositions concrètes aux autorités. Ces dernières sont restées lettres mortes jusqu'à nos jours39(*). L'organisation corporatiste considère cet appui financier comme insignifiant. De plus on y retrouve également les cabinets conseils et autres imprimeries qui ne concourent guère aux missions de service public. La politique d'attribution de cette aide, selon l'Union, est loin de favoriser l'émergence d'une véritable entreprise de presse : la manipulation des espèces, les critères flous de son attribution, la complaisance de la commission chargée d'étudier les dossiers et le caractère cupide de cette commission, font que cette opération est finalement dévoyée et souvent utilisée à mauvais escient.

Par contre, l'UJC suggère l'institution d'une politique de soutien à la presse en tant qu'entité autonome, et souhaite que son budget, encore « ridicule, comparé à ce qui est fait dans des pays au niveau comparable avec le Cameroun », soit revu à la hausse et porté au moins à 2 milliards FCFA40(*). De plus, au Cameroun, depuis l'entrée en vigueur depuis 1999 de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), les entreprises de presse doivent théoriquement reverser au Trésor public 18,7% de leurs recettes publicitaires. À quoi il faut ajouter que les annonceurs, pendant toute la décennie 1990, ne se bousculaient pas spécialement au niveau des services commerciaux des entreprises de presse41(*) : « l'aide à la presse devrait s'étendre d'une manière généralisée notamment les taxes sur l'encre, le papier, les films ce qui devrait réduire le coût du journal. L'Etat ne veut pas que ça coûte moins cher. Il peut amener les opérateurs de téléphonies mobiles à revoir les prix à la baisse pour la presse, comme c'est le cas au Libéria et au Mali qui sont entre 20% et 40% de réduction »42(*). En 2001, le journal Mutations qui est encore un trihebdomadaire présente l'Etat de ses dépenses pour le mois de mars :

- Tirage hebdomadaire moyen de 7000 exemplaires à raison de 300 FCFA la pièce, pour un taux de vente autour de 44%

- Des dépenses évaluées à 14 648 000 FCFA dont 90 000 FCFA d'impôts et autres taxes

- 4 000 000 FCFA pour l'achat du papier

- 700 000 FCFA pour les frais de téléphone

Autant de dépenses effectuées en 2001, alors que le journal était encore un hebdomadaire et qu'on le connait aujourd'hui comme quotidien. A noter aussi que depuis quelques années le prix du papier à augmenter en 2010 entraînant comme on l'a dit dans les chapitres précédents une augmentation.

Aujourd'hui nous avons essayé de faire une évaluation des coûts de production d'un Tabloïd de 12 pages.

· 3 cahiers (4 pages x 3 forme = 12), papier satiné 60-80G à raison de 20 à 27 FCFA l'unité en fonction du fournisseur et les coûts de transports (fret maritime indexé sur les fluctuations des cours du pétrole)

· Quantité minimale produite 3000 exemplaires

· Flashage + infographie 100. 000FCFA

· Journal deux couleurs : magenta (rouge) et noir (R&N)

· 120 à 150 FCFA en moyenne par unité, tout dépendra du contrat si l'imprimeur veut bien faire une réduction (toujours sur une base de 3000 exemplaires)

Si nous prenons une base de 20 FCFA le papier par unité nous aurons :

· 20x 3000 exemplaires= 60000 FCFA

· Flashage (sortie typons) = 100.000 CFCA

· Impression sur la base de 120FCFA

120x3000= 360.000 FCFA

Total : 520.000 FCFA pour 3000 unités

Le pris unitaire à la sortie usine est de 173,33 FCFA et le prix de vente est de 400 FCFA. Seulement il est à noter que MESSAPRESSE du groupe Lagardère qui est le distributeur agrée retient 40% sur chaque unité de journaux vendu. Pourtant les journaux français vendus au Cameroun ne paye pas 8% pour être distribué en Afrique. Ce qui veut dire que la maison MESSAPRESSE retient 160FCFA sur le prix de vente d'un journal qui est 400FCFA ; Si l'on retient donc 160FCFA des 400FCFA, il nous reste 240 FCFA. Mais pour avoir le bénéfice des entreprises de presse privée nous ferons.

240-173, 33= 66, 67 FCFA à noter que sur les 240 FCFA nous n'avons pas retiré la part de l'éditeur qui d'habitude prend 40FCFA par unité. Auquel cas, il reste 26, 67 FCFA comme bénéfice pour l'entreprise de presse.

Les directeurs de presse pourront donc dire qu'il est difficile d'en vivre au quotidien. « Et quand on sait que l'aide de l'Etat ne relève pas du million » exprime dépité le secrétaire général du journal le Diapason Antony DAKA. Encore que, même pour l'obtenir parfois c'est un casse tête chinois. « Ils avancent parfois des prétextes qui ne tiennent pas la route, dossier incomplets, localisation... Pourtant, pour y avoir déjà eu droit, ça prouve nous avons des dossiers complets. Mais on réalise qu'il existe des magouille» confesse monsieur DAKA. Pour palier cette situation, l'hebdomadaire à postuler une aide en 2010 auprès de la francophonie ; Cette dernière lui a accordé un montant de 23.776 euros soit 15.454.400 FCFA lors de sa 22ème session tenue les 20 et 21 octobre à Chisinau en Moldavie.

En 2001, au Cameroun, le service des impôts réclamait pour certains titres une somme allant jusqu'à 800 millions de FCFA sous peine de fermeture43(*) . Le groupe Africa international Cameroun a également eu des démêlés avec le service des impôts qui lui réclamait en 2009, 06 millions de FCFA.

Par contre, Le 11 novembre 2010, l'Etat du Sénégal a effacé toutes les dettes fiscales de la presse privée et publique pour un montant de 12 milliards de FCFA (près de 240 millions de dollars), rapporte le quotidien pro-gouvernemental sénégalais Le Soleil en citant le ministre de Communication, Moustapha GUIRASSY : « C'est quand même assez important en terme de soutien à la presse ». Au Gabon voisin, la subvention de la presse est évaluée à près de 10 millions par an pour chaque journal déclaré.

« En France et autres pays occidentaux, les journaux bénéficient de l'aide de l'Etat à la presse c'est un contexte d'urgence » dit Félix ZOGO Conseiller N°1 au ministère de la communication44(*) .

L'aide de l'Etat français à la seule presse écrite est constituée de :

· Les aides directes

Les aides à la diffusion


· Les réductions tarifaires de la SNCF qui est une société de transport : l'Eta reverse 60%


· L'aide à la modernisation des diffuseurs 40 % du montant total hors taxe des dépenses prises en compte, avec un plafond fixé respectivement à 5 600 € (3.640.000FCFA) pour les projets de modernisation de l'espace de vente et à 4 500 € (2.925.000FCFA) pour les projets de modernisation informatique


· L'aide exceptionnelle au bénéfice des diffuseurs de presse spécialistes et indépendants 4 000 € (2.600.000 FCFA)


· Le fonds d'aide à la distribution et à la promotion de la presse française à l'étranger

Quotidiens et hebdomadaires (plus de 50 numéros par an) : 3 %

Seuil dérogatoire pour les quotidiens nationaux à faibles ressources publicitaires 0,1%

Publications d'une périodicité de 12 à 49 numéros par an : 9 %

Publications paraissant moins d'une fois par mois 16 %


· L'aide au portage de la presse


· Aide à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information politique et générale


Les aides concourant au maintien du pluralisme


· Le fonds d'aide aux quotidiens nationaux d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires


· Le fonds d'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces


· L'aide aux publications hebdomadaires régionales et locales


· Le fonds d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale


· Fonds d'aide au développement des services de presse en ligne

· Les aides indirectes

· Sur le plan fiscal


· Le taux réduit de TVA : La presse bénéficie d'un taux réduit de TVA de 2,10 % sur ses recettes de vente (1,05 % dans les DOM-TOM). Les recettes publicitaires sont assujetties au taux normal.

Les travaux de composition et d'impression, ainsi que la fourniture d'éléments d'information par les agences de presse, sont soumis au taux de 5,5 %.


· Le régime spécial des provisions pour investissements


· L'exonération de la cotisation foncière des entreprises (anciennement taxe professionnelle) des éditeurs et agences de presse


Sur le plan social


· Le régime dérogatoire des taux de cotisations de sécurité sociale des vendeurs- colporteurs et des porteurs de presse


· Le calcul des cotisations sociales des journalistes


· Le statut social des correspondants locaux de presse


Sur le plan postal


· Les tarifs postaux préférentiels

(Source : www.ddm.gouv.fr)

L'Union des Journalistes du Cameroun qui n'a pas la prétention d'exiger les mêmes retranchements fiscaux que la presse écrite française, émet par ailleurs le souhait de l'application rapide de la Convention de Florence, dont les dispositions portant exonération de la taxe sur la valeur ajoutée ont été intégrées dans le Code général des impôts en vigueur au Cameroun. Cette disposition touche, les opérations d'impression, d'importation et de vente des journaux et périodiques à l'exclusion des recettes de publicités, les intrants et les biens d'équipement destinés à ces opérations acquis par les sociétés de presse ou d'édition des journaux et périodiques.

2-L'environnement publicitaire

La publicité est un moyen de promouvoir un produit, une entreprise ou un Homme. Elle représente une part vitale et la principale source des recettes, pour la presse écrite. Pour ce qui est des rentrées publicitaires, l'année 2000 au Cameroun marque la période de grande affluence des réclames dans les colonnes Les journaux reçoivent en effet de plus en plus de publicité. Africa International Cameroun(AIC) producteur du magazine people  ICI Les Gens du Cameroun «vit à 90% de recettes publicitaires » affirme Gabrielle MAWANI assistante du chef de bureau de AIC. Mais les objectifs commerciaux entravent parfois le traitement libre et objectif de l'information. Ces faits sont la conséquence de la subjectivité et de la pression des partenaires commerciaux.

La presse écrite privée qui est parfois vulnérable du fait de son irrégularité, elle qui est exclusivement financée par les fonds privés, a quelquefois du mal à respecter les délais de parution. C'est le cas du produit de Africa International Cameroun, le magazine ICI Les Gens du Cameroun qui est censé être un mensuel a connu de grands retards dans sa parution en 2008 et 2009. Au lieu de douze parutions, elle n'en a eu respectivement que huit et neuf. Valentin Siméon ZINGA de la Nouvelle expression avouera que leur journal qui est un quotidien a parfois paru dans l'après-midi: «Vous imaginez, ceux qui vous attendent dans les kiosques n'achètent plus les journaux et l'objectif de l'annonceur n'est pas atteint ». Alors si l'un des critères de choix des annonceurs est bien la parution fréquente d'un journal et qu'un journal hebdomadaire comme le Diapason «fait paraitre deux ou trois numéros par mois, la même annonce publicitaire aura la chance de figurer à chaque fois dans le journal, puisque le contrat est souscrit hebdomadairement, cette situation n'aidera pas les promoteurs qui ne percevront ici que le 1/3 de ce qu'il aurait en principe été en droit d'attendre pour la même insertion publicitaire »45(*) . Cette carence accélère le vide dans la comptabilité des journaux, et ralenti les bonnes conditions de travail du journaliste camerounais.

Autre problème relevé c'est la lenteur dans les paiements par les annonceurs. Le secrétaire général de Diapason : «Nous qui travaillons parfois avec les ministères, ils cumulent parfois des factures de quatre à cinq mois, parfois ca va à un an ». Tout ceci justifie parfois les retards de paiement «car on compte aussi dessus pour régler nos factures et améliorer nos conditions de vie et de travail » chute Antony DAKA.

Valentin Siméon ZINGA démontre que c'est précisément sur le terrain de la publicité que les «canards» se sont quelque peu laissé enchaîner46(*). Il prend l'exemple du Pari mutuel urbain du Cameroun (PMUC), loterie spécialisée dans les courses de chevaux. Cette entreprise s'est installée au Cameroun depuis 1994. Il a réussi le tour de force d'acheter des espaces publicitaires dans nombre de journaux.

La plupart des titres qui jouissent d'une crédibilité certaine au sein de l'opinion, ont même pu décrocher des «contrats» pour des pages fixes dans certaines de leurs éditions. Il ajoute : «Mais des observateurs se sont inquiétés de ces rapports de la presse avec les puissances d'argent. Peut-être pas à tort». L'analyse de monsieur ZINGA montre que ces titres, qu'on a connu plus pointilleux sur des sujets du même genre, n'osent pas se hasarder à enquêter sur les conditions de travail des petits ouvriers au bas de l'échelle de la machine PMUC. « Des témoignages ne manquent pourtant pas, qui ont, par le passé, étalé des atteintes à la dignité du vendeur de tickets pour des rémunérations jugées scandaleuses comparativement aux gains faramineux réalisés par l'entreprise. Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre dans les couloirs des salles de rédaction des reporters se souvenir que leurs propositions d'enquêtes sur les jeux au Cameroun n'ont jamais obtenu l'aval de quelque directeur de publication que ce soit ».

Les annonceurs ont en partie la main mise sur les directeurs de publication qui non content de ralentir l'épanouissement matériel et économique de ses reporters, les embrigadent également dans une prison psychologique.

3- La protection des intérêts professionnels

La protection des intérêts professionnels, par les institutions de soutien est sans aucun doute la clé de voûte de la création de la viabilité des médias au Cameroun. Il existe des syndicats et des associations de journalistes, mais leurs actions sont modestes en raison de l'absence d'un cadre juridique et de moyens financiers susceptibles de leur donner la possibilité d'agir en temps réel. Quoi qu'il en soit, le contexte médiatique actuel ne pourra s'améliorer que grâce à une forte action collective.

Les journalistes ne se mobilisent pas davantage pour pouvoir trouver une solution à leurs problèmes. Au Cameroun, l'Union des journalistes du Cameroun (UJC) est créée en 1996, l'Union des journalistes libres du Cameroun (UJLC) est née en 2001, et le SNJC a été créé en 2002. Depuis, de nombreuses autres associations et, dans une moindre mesure, des organisations non gouvernementales oeuvrant en faveur de la protection des droits de l'Homme ont vu le jour. L'action de ces organisations reste cependant marginale en raison de problèmes administratifs et de l'hostilité du gouvernement. «Cette situation fait ressortir l'importance de la solidité des institutions de soutien qui protègent les intérêts des professionnels des médias», déclare OLINGA NDOA un journaliste membre du SNJC.

Chapitre II : Enquête

Section I : Procédure de l'enquête

1. Objectif de l'enquête

Pour qu'il y ait enquête, il faut au départ un problème, une rupture entre ce qu'on constate et ce qui doit être. Nous le définissons donc comme étant tout constat effectué pris en charge par des théories d'une discipline scientifique particulière. Et comme le définit également Lauriane Gaud journaliste au Canard enchaîné ajoute à ce sujet : «  Une enquête est une démarche de curiosité dans un sens critique. C'est rechercher approfondir, regrouper vérifier et étayer. ». Notre problème doit être formulé de telle sorte que les hypothèses soient émises clairement. C'est pourquoi, notre enquête s'inscrit dans la logique de notre problématique, qui cherche à démontrer que le journaliste de la presse écrite privée camerounaise ne peut être efficace en vivant des conditions de travail dérisoire et qu'il lui est difficile de joindre les deux bouts.

2. Les techniques d'approche

Pour mener à bien cette investigation, nous avons eu recourt à l'enquête proposée par Philippe Gaillard : «L'enquête a pour but l'étude approfondie d'un problème et plus souvent économique, politique, social ou culturel.»

Les techniques que nous avons utilisées pour mener à bien notre enquête sont l'observation directe. Car comme l'indique son nom, il s'agit d'une étape au cours de laquelle nous avons observé le phénomène étudié de manière spontanée après une descente sur le terrain. Puis nous avons procédé à l'interview directe : des entretiens avec le rédacteur en chef de Mutations, de même qu'avec son adjoint, de même qu'un entretien avec le rédacteur en chef de la Nouvelle Expression et monsieur Daka du journal le Diapason. Nous avons également procédé par interview indirecte. C'est une méthode qui consiste à distribuer un questionnaire aux journalistes afin de recueillir les opinions sur les différentes questions fermées. La technique peut- être définie comme : « Une opération limitée, pratique, concrètes qui fonctionnent comme dans un instrument auquel on recourt tantôt pour l'interprétation. »47(*) Une méthode qui est une combinaison de deux techniques : le questionnaire et le choix de l'échantillon.

Nous avons distribué des questionnaires aux reporters des rédactions du quotidien La Nouvelle Expression, du mensuel Ici Les Gens du Cameroun, et de l'hebdomadaire Le Diapason.

Dans notre démarche nous avons recouru à la technique de l'échantillonnage par quotas, car nous avons construit un modèle réduit de la population à interroger. Il s'agit pour nous d'interroger pour chaque organe de presse les journalistes y travaillant, leur nombre étant déjà défini à l'avance.

Notre enquête est classée en trois groupes :

- Le premier groupe correspond à celui des journalistes de La Nouvelle Expression

- Le deuxième répond à celui du magazine Ici Les Gens du Cameroun

- Et le troisième appartient à celui de l'hebdomadaire Le Diapason

Nombre des enquêtés

Quant au nombre d'interviewés nous aurons

Groupe I : 20

Groupe II : 14

Groupe III : 08

Ce qui nous donne un total de 42 personnes

3- Limites de l'enquête

Notre enquête a connu quelques résistances. Sur les quarante deux questionnaires distribués, seuls quarante nous ont été retournés notamment à La Nouvelle Expression nous n'avons eu que dix huit interviewés qui ont rendu leur questionnaire. Raison pour laquelle nous avons considéré comme neutres, les deux personnes dont nous n'avons pas eu de réponses. Nous nous sommes personnellement rendus sur le terrain pour la distribution des questionnaires et pour mener nos entretiens. Nous nous sommes également heurtés à la réticence même des journalistes à recevoir les questionnaires. Certains avançaient des cas d'indisponibilité. Il nous a fallu insister longtemps pour avoir un retour. Nous avons donc fait nos calculs sur la base de quarante au lieu de quarante deux.

4- Résultats de l'enquête

Q1- L'identification des enquêtés

Sexes

Groupe I 

Groupe II

Groupe III

Total

Ce tableau représente le nombre de personnes enquêtées par sexe. Nous constatons ici que sur 40 personnes interrogées il n'y a en que dix de sexe féminin. Nous n'avons pas mené une enquête approfondie pour savoir pourquoi les femmes sont très peu représentées, mais il se dégage clairement que les femmes sont quasi absentes dans les rédactions. Une remarque que nous avons pu faire toutefois dans ces rédactions c'est que 70% de nos enquêtés se situent dans la tranche de 26 à 45 ans.

Q2- Avez-vous déjà entendu parler du code du travail ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

18

14

08

40=40%

Non

0

0

0

0=0%

A l'analyse de ce tableau il en ressort que tous les journalistes interviewés ont déjà entendu parler du code du travail. Tous sont conscients qu'en tant que travailleur ils ont des droits définis par la loi.

Q3- L'avez-vous déjà lu ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

02

04

06

12= 30%

Non

16

10

02

28= 70%

On constate qu'en majorité, plusieurs journalistes ont certes entendu parler du droit du travail mais très peu en connaissent le contenu. Ce qui veut dire que beaucoup de journalistes ne connaissent pas réellement leurs droits en tant que travailleur.

Q4- Avez-vous déjà entendu parler de la convention collective ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

18

14

07

39=97,5%

Non

0

0

01

1= 2,5%

L'analyse des résultats à cette question montre que plus de la moitié des journalistes connaissent l'existence de la convention collective signée le 17 novembre dernier. Ladite convention est établie pour revendiquer et mettre en exergue les droits et les devoirs du journaliste, auprès de leurs employeurs et de la Loi.

Q5- L'avez-vous déjà lu ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

04

05

04

13= 32,5%

Non

14

09

04

13= 67,5%

Selon notre observation, moins de quinze personnes sur les 40 interviewés ne connaissent pas le contenu de leur convention collective. Beaucoup parmi eux ont fait fi du droit du travail. On pourrait presque en déduire que le journaliste est une des causes de sa condition de professionnelle et sociale médiocre. Puisqu'il ne connait pas ses droits, il ne peut donc les défendre et revendiquer un meilleur sort.

Q6- Connaissez-vous le rôle des Syndicats ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

18

14

08

40= 100%

Non

0

0

0

0 = 0%

Tous les journalistes interviewés sont d'avis que le rôle des syndicats est de défendre les intérêts des travailleurs dans une perspective d'amélioration des conditions et de vie et de travail. Seulement plusieurs d'entre ne sont membres d'un groupement syndicale de journalistes

Q7- Qu'est ce qui peut empêcher l'application du cadre organique (code de travail, de la convention collective)

Les Difficultés financières

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

02

05

02

09=22,5%

Les employeurs 

11

07

04

22=55%

Les deux

05

02

02

09=22,5%

Dans ce tableau on remarque que la question de l'application du code du travail ou encore de la convention collective divise ; Certains journalistes pensent effectivement que la situation qui prévaut est due à la fois aux difficultés financières et aux employeurs.

La majorité accuse les employeurs de ne vouloir assumer les effets financiers des textes. Ils expliqueront en plus que ces derniers redoutent la liberté syndicale et le pouvoir des travailleurs. Ils estiment que les employeurs sont de mauvais gestionnaires.

Pour ceux qui pensent que la situation financière n'est pas une cause, ils prennent pour exemple les fortes rentrées publicitaires qui serviraient à payer les travailleurs. Toutefois les 22,5% dont l'avis porte sur les difficultés financières avancent la faiblesse des ventes, mais aussi du marché publicitaire qui devient de plus en plus étroit. Le marché de l'emploi étant des plus ardus, le patron de presse pense donc faire une faveur aux journalistes en les employant.

Q8- le salaire d'un journaliste devrait varier entre :

Selon la convention collective

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Moins de 160.000

18

01

05

 Bac :

161645

 
 

Bac +2 :

204145

09

 

Bac + 3 et maîtrise :

241145

03

Bac +5 :

304420

 

Docteur :

367405

 
 

Plus de 400.000

 

04

 

Il ressort de ce tableau certains détails. Notamment : plusieurs journalistes pour n'avoir pas lu la convention collective ne maîtrise pas les salaires de base qui devraient leur être attribués. Cinq journalistes de la catégorie III nous ont fait comprendre qu'un journaliste loin d'avoir un plafond fixe devrait toucher 100.000 FCFA, plus inscription à la Caisse Nationale de prévoyance sociale (CNPS), et assurance comprise si possible. Seul trois journalistes de la même catégorie ont déclaré que tout journaliste indépendamment de son diplôme devrait avoir une base de 250.000FCFA.

Pour ceux du premier groupe, les journalistes quelques soient leurs diplômes devraient toucher exactement pareil. Ils mettent la barre entre 200.000 FCFA et un peu plus de 300.000FCFA.

Pour ceux de la catégorie II qui ont pris connaissance de la convention collective, ils mettent le plafond au-delà de la paye indiquée par cette dernière, estimant que le diplôme (à partir de Bac + 5) et l'expérience sont un bon prétexte pour avoir un salaire au-delà de la base fixée par la convention. Nous avons eu des difficultés à classer leurs collègues qui avec un Bac + 3 et une maîtrise réclame un salaire de base de 300.000Fcfa. Mais quelque soit le classement, il ressort que le journaliste ne saurait avoir une véritable motivation à exercer son métier, lorsque son salaire ne répond pas à ses attentes.

Q9- Arrivez- vous à subvenir à vos besoins quotidiens ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

0

04

0

O4=10%

Non 

18

03

04

25=62,5%

difficilement

0

07

04

11=27,5%

L'examen de ce tableau démontre clairement que très peu de journalistes subviennent à leur besoin. Pour 27,5 % c'est assez difficile du fait d'une famille nombreuse qu'ils ont à leur charge. Pour les 62,5%, qui font la majorité il est absolument impossible de s'en sortir avec le salaire qu'ils ont à la fin du mois et qui plus est n'est pas toujours régulier.

Q10- Qu'est ce qui peut empêcher le journalisme de s'épanouir financièrement  et matériellement?

La loi

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

03

 

02

5= 12,5%

Lui même

 

02

 

02=05%

L'employeur

03

08

 

11= 27,5%

La loi et le journaliste

 
 

02

02=05%

La loi et l'employeur

12

 
 

12= 30%

L'employeur et le journaliste

 
 

02

02=05%

Les trois

 

04

02

06= 15%

De ce tableau, on peut analyser que certains journalistes estiment que la loi, les employeurs et le journaliste sont un frein à l'épanouissement des journalistes. Les raisons avancées : la loi restreint l'accès aux sources et limite les privilèges du journaliste ; l'employeur met à sa disposition le strict minimum et redoute les syndicats et le code du travail. Quant au journaliste, il s'autocensure et se laisse très souvent manipuler par l'argent. De plus, les journalistes sont mal organisés et font face à des employeurs mal intentionnés dans un environnement juridique peu favorable. Il est donc peu probable qu'ils s'épanouissent matériellement et professionnellement.

Par contre les interviewés pensent a près de30% que l'employeur a ses parts dans le frein à l'épanouissement professionnelle du journaliste. Certains diront : «Ils veulent tout pour eux et rien pour les autres ». Après constat, on remarque que les salaires sont en dessous des standards : «Un tel traitement va forcément influencer le rendement du journaliste » déclare un enquêté.

Q11- Votre salaire est-il régulier ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

0

14

0

7= 35%

Non 

18

0

8

26=65%

En analyse de ce tableau, nous pouvons en déduire que sur les trois entreprises de presse que nous avons sondées, seule une peut prétendre offrir à ses employés des salaires réguliers. Aucun mois n'est sauté. Par contre les journalistes des groupes I et III ne subissent pas le même sort.

Q12- La dévaluation du Franc Cfa peut-elle être une cause de la crise de la presse privée ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

10

12

06

28=70%

Non 

08

02

02

12=30%

A cette question la majorité des interviewés a répondu par l'affirmative tout en rajoutant qu'elle a suscité une baisse des pouvoirs d'achat, suivie d'une pression fiscale, plus l'augmentation des prix des journaux détournent le lecteur des kiosques. Certains pensent également que la dépravation des moeurs influe sur la mauvaise santé du journalisme car l'information est biaisée. On ne la traite pas convenablement et on s'aliène devant les lecteurs, qui perdent confiance. Conséquences, le lectorat est en baisse car recherche une qualité qui n'est plus celle qu'il a connu. D'aucuns rajouteront même que « Le journalisme était mieux pratiqué il y a quarante ans ». Par contre 30% diront que la faute revient aux employeurs qui gèrent leur entreprise comme leur porte-monnaie.

Q13- Etes-vous satisfait du matériel mis à votre disposition ?

Oui

Groupe I

Groupe II

Groupe III

Total

0

0

0

o

Non 

18

14

08

40=100%

A cette question, tous les questionnés ont répondu sans hésitation « Non». Selon eux il reste beaucoup d'efforts à faire de ce côté. Les machines sont très souvent en pannes, ou il n'y en a pas suffisamment pour se déployer sur le terrain ou encore rédiger des papiers. Certains nous avoueront qu'ils se retrouvent très souvent à travailler dans des cybers café s'ils veulent tenir le date line : «C'est autant de choses qui nous ralentissent  et parfois nous démotivent un peu» avoue l'un deux.

En conclusion de cette enquête, on constate clairement que le journaliste de la presse privée ne connait pas réellement ses droits car à plus de 50% il n'a pas lu le code du travail Camerounais et ne connait pas le contenu de la Convention Collective signée en novembre 2008. Ces deux codes lui ouvrent pourtant la voie vers des revendications plus objectives sur ses conditions professionnelles notamment son salaire, son droit aux congés... et des conditions sur les lieux du travail.

Cependant, nous ne pouvons accabler seulement le journaliste face à ces conditions professionnelles qui n'évoluent pas. Au regard de notre sondage, la pierre est largement jetée sur l'employeur qui est considéré comme l'avare ne voulant mettre les moyens nécessaires en place pour relever la paye et faciliter les conditions de travail de ses employés. Même si les exigences économiques voire sociales ont influé sur la disgrâce de la presse écrite privée, l'employeur ou le directeur de publication y met du sien, manquant du même coup d'une véritable volonté pour assainir le travail de ses subordonnés.

La loi quant à elle tire la couverture de son côté et ne facilite pas l'expansion véritable des journalistes du privée et de leurs syndicats. Le journaliste Jean Vincent Tchienehom ajoute à ce propos: « Nous sommes dans un pays qui a opté pour la sublimation d'un homme fort et le maintien d'institutions ultra faibles: pas de conseil des ministres hebdomadaire comme c'est la tradition partout, un parlement transformé en chambre d'enregistrement, un Conseil économique et social en hibernation depuis 1987, un Sénat et une Cour constitutionnelle qui tardent à se mettre en place malgré leur création il y a 14 ans, etc...La fragilisation voulue des médias procèdent de cette stratégie, d'autant plus que la presse privée est perçue comme un outil au service de l'opposition au régime. Le combat de la presse pour revendiquer des espaces de liberté et bâtir une puissance autonome risque d'être très long ».48(*). L'analyse faite de ces propos nous amène à dire que le gouvernement n'est pas favorable à une force sociale qui n'est pas sous son contrôle. Un héritage du monopartisme qui est laborieux à déterrer.

Il n'est donc pas aisé pour ce « travailleur » à la situation particulière d'être plus efficace. Sa situation pourrait le pousser dans des : «Violations éthiques et déontologiques qui sont légions aujourd'hui. Sans oublier les attaques contre les personnalités, les règlements de compte, les cas de diffamation aussi » dit tristement André Naoussi journaliste du magazine Africa International. Le Rédacteur en Chef du quotidien Mutations Xavier Messe le rejoint : « Il faut qu'on soit assez bien rémunéré, car lorsqu'on n'est pas mentalement libéré, il est difficile que l'on produise bien ».

Section II : l'avenir des journalistes

Même si nous vivons dans un contexte de précarité, la crise doit nous imposer de penser à la survie de la profession. Le journalisme dans le monde de la presse indépendante a ceci de particulier qu'il permet un véritable épanouissement intellectuel. Le bémol se trouvant dans l'épanouissement matériel.

Pourtant la presse privée regorge de dynamisme, on a qu'à observer la plupart des salles de rédaction. De plein fouet on fait face à la jeunesse de leurs reporters. Norbert Ouendji dans une interview avec le journaliste Vincent Tridon le jeudi 10 août 2006 déclarait : « Il faut bien qu'un jour, on arrête avec la politique du chacun pour soi, pour regarder dans la même direction. La situation actuelle ne profite qu'au régime, qui s'en sert pour diviser davantage les journalistes et prendre des mesures liberticides contre la presse. Il y a beaucoup de journalistes imaginaires ou fantômes, qui sillonnent les salons d'hôtels et autres lieux de conférences pour racketter les organisateurs d'événements (...). La question qui se pose aujourd'hui est celle de savoir si ceux qui déshonorent ainsi le métier de journaliste méritent la solidarité de ceux qui se considèrent comme "vrais journalistes".» Alors, pour que le métier de journaliste de la presse écrite indépendante se dote d'un avenir prospère, plusieurs voies sont à explorer.

Nos hommes de médias doivent d'abord s'organiser dans les regroupements professionnels pour créer une force persuasive vis-à-vis des employeurs. Ils doivent aussi s'organiser pour améliorer les conditions d'exercice de la profession et la qualité des journaux de façon à accroitre les consommateurs des produits médiatiques. Développer un esprit de corps, une véritable conscience collective qui engendrerait une similitude d'intérêts.

Penser à faire pression sur les pouvoirs publics pour obtenir des facilités de travail pour les entreprises de presse.

Il est nécessaire pour l'Etat d'appliquer la convention de Florence et son protocole additionnel de Nairobi, afin de ne pas voir sa presse mourir. Pour cela le gouvernement travailler de concert avec le ministère de a culture et de la communication, pour alléger tout ce qui concerne l'achat du matériel nécessaire à la confection d'un journal au support papier. De plus, le pouvoir en place devrait exempt les entreprises de presse de textes et impôts ce qui permettraient aux patrons de dégager des moyens afin d'améliorer les conditions de travail et de rémunération des journalistes. L'Etat devrait également penser à réduire le pourcentage de la maison de distribution qu'est MESSAPRESSE, on observe qu'elle engloutit une grande partie des recettes et des bénéfices des entreprises de presse.

Il faudrait que les pouvoirs publics songent à réformer les textes sur la presse et faire des entreprises de presse, des entreprises à part entière, leur imposer l'application de la Convention Collective. De plus, les entreprises de presse gagneraient à recevoir davantage une aide matérielle que financière de la part des services publics ou du ministère sous tutelle.

L'on pourrait assurer une gestion rigoureuse des entreprises de presse, afin qu'il y ait des fonds de garantie pour la presse et qu'elle puisse avoir accès aux crédits bancaires. Garantir par la même occasion un équilibre dans la distribution de la publicité venant des institutions publiques et para publiques.

Ces suggestions renforceraient l'éthique, ainsi que les responsabilités des journalistes. Mais amélioreront sans conteste le cadre socio professionnel du journaliste de la presse privée au Cameroun

Conclusion Générale

Nous avions pour mission de présenter comment le journaliste de la presse écrite indépendante au Cameroun peut-il être efficace en vivant des conditions de travail dérisoires. Mais cette étude n'a pas été facile. Car, nous nous sommes heurtés aux importantes difficultés de développement et de fonctionnement de la presse écrite camerounaise. Mais aussi au mécontentement manifeste des Hommes qui y travaillent. Ce média a connu de nombreux bouleversements au fil des ans notamment la dévaluation du franc CFA, la chute des ventes et du lectorat, l'intrusion de certains profanes qui ont contribué à dénaturer la profession, le rejet de l'Etat qui semble t-il veut l'aliéner et garder dans l'ombre sa main mise sur la presse écrite dite indépendante. Puis nous avons Les directeurs de publication qui ne s'investissent également pas pour donner un coup d'accélérateur à l'épanouissement professionnel et matériel des journalistes la profession.

Les deux grandes parties que nous avons abordés particulièrement Les conditions générales du travailleur au Cameroun, mais aussi les difficultés de l'application du cadre organisationnel, nous ont permis de brosser un tableau singulier sur l'état de la presse écrite au Cameroun. Nous nous sommes axés sur trois entreprises de presse de parution différente notamment le quotidien La Nouvelle Expression, l'hebdomadaire Diapason et le mensuel people Ici Les Gens du Cameroun produit par Africa International Cameroun.

Les difficultés de ces entreprises et de son personnel en particulier traduit en quelque sorte l'état général de la société qui nous entoure. Cette dernière est malade, sans repères; la presse aussi. « La presse de caniveau » comme la dénomme Jean Vincent TCHIENEHOM est favorisée au détriment de la presse de qualité. Parce que mal payés, les journalistes ne laissent aller à débauche journalistique et jouent le jeu de « certaines classes politiques et administratives dont les membres règlent leurs comptes dans leur course échevelée dans la conquête des ressources publiques » ajoute monsieur TCHIENEHOM. La profession, doit s'organiser, pour dénoncer les dérives constatées. Et ceux qui décident d'entrer dans le métier doivent être en mesure de respecter les canons de ce métier et en mesurer les risques sans vicier le métier de journalisme. C'est pourquoi les anciens de la profession estiment que face à l'adversité les journalistes doivent envers et contre tout faire preuve d'un professionnalisme sans faille et unir leurs forces pour un combat qui promet d'être rude et de durer.

Tables des matières

Dédicace page1

Avant-propos page3

Introduction générale page 4

Première partie : les conditions générales du travailleur au

Cameroun page 8

Chapitre I : les conditions des travailleurs au Cameroun page 9

Section I : Les conditions prévues par le code du travail page 9

Section II : conditions particulières prévues par les conventions collectives page 10

Chapitre II : La situation particulière des journalistes au Cameroun page 12

Section I : les conditions prévues par la réglementation, le code de déontologie et

les syndicats page 12

1. Selon la règlementation en vigueur page 12

2. Selon le code de déontologie de l'Union des Journalistes du Cameroun

3. Selon les syndicats page 14

Section II : Les conditions économiques et matérielles page 15

1. Conditions économiques page 15

2. Conditions matérielles page 17

Deuxième partie : Les difficultés de l'application du cadre

organisationnel page 27

Chapitre I : Les difficultés d'ordre financière page 28

Section I : les obstacles relevant des employeurs page 28

Section II : les insuffisances liées au cadre socio économique page 32

1. L'aide de l'Etat à la presse page 32

2. L'environnement publicitaire page 37

3. La protection des intérêts professionnels page 38

Chapitre II : Enquête page 39

Section I : Procédure de l'enquête page 39

1. Objectif page 39

2. Techniques d'approche page 39

3. Limite de l'enquête page 40

4. Résultats de l'enquête page 40

Section II : l'avenir des journalistes page 47

Conclusion page 49

Bibliographie

- Le code du travail camerounais, du 14 aout 1992 ;

- Le Code de déontologie tel que décrété par l'administration du 24 septembre 1992

- Union des journalistes du Cameroun, Le code de déontologie au Cameroun histoire et observations Yaoundé Aout 2003, page 4-8

- Droit de la Communication, Chapitre II : Exercice de la profession du journaliste page 343-350

- La Convention Collective Nationale du Journaliste et des professionnels du métier connexe, de la communication sociale au Cameroun.

- Javeau Claude, l'enquête par questionnaire manuel à l'usage du praticien, 1971, Ed. de l'institut de sociologie de l'ULB, P. 9

- N'da Pierre Méthodologie et Guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en lettres, arts Sciences humaines et Sociales, 2007, Ed. l'Harmattan, p 98

- NDACHI TAGNE David, Textes juridiques sur la Communication au Cameroun, Chap. I : Des devoirs généraux du journaliste P 127-128

- Tsofack Jean benoit Sémio-stylistique des stratégies discursives dans la publicité au Cameroun, page 46

- Les cahiers du journalisme Cameroun : une liberté de la presse précaire. De la chape de plomb politique à l'étau économique

* 1 _ Pierre N'da Méthodologie et Guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en lettres, arts Sciences humaines et Sociales, Ed l'Harmattan, 2007, p 98

* 2 _ Bwakassa Tulu K. Cité par Nyoum Benjamin, mémoire : l'utilisation des dépêches de la PANA dans la presse Zaïroise 1992-1993, P.2

* 3 _ Bwakassa Tulu K. Cité par Nyoum Benjamin, mémoire : l'utilisation des dépêches de la PANA dans la presse Zaïroise 1992-1993, P.2

* 4 _ Code du travail du Cameroun, art 23.1, cit. p 5

* 5 _ Idem, art 61, cit. P 12

* 6 _ Code du travail du Cameroun, Art 89, cit. P 17

* 7 _ Idem, Art 52, Cit. P 11

* 8 _ Code du travail du Cameroun, Art 57, alinéa 2, cit. P 12

* 9 _David NDACHI TAGNE, Textes juridiques sur la Communication au Cameroun, Chap I : Des devoirs généraux du journaliste p 127

* 10 _ Idem

* 11 _ NTA A BITANG, journaliste principal, membre de la commission d'Ethique, Séminaire sur la déontologie et l'auto régulation des médias, Le Code de Déontologie au Cameroun histoire et observations, p.5

* 12 _ Code de déontologie tel décrété par l'Administration 24 sept 1992, Chap. I, II, III, p.1-2,

* 13 _ Code de l'UJC tel qu'adopté à Douala le 19 otobre 1996, p.1-2

* 14 _ Code de déontologie tel décrété par l'Administration, préambule, page 1

* 15 _ Elisabeth Paquot, (GRET), Séverin Cécile Abega, L'état des médias au Cameroun, Ed. Gret, P.4

* 16 _ idem, P.4

* 17 _Valentin Siméon Zinga, Les Cahiers du journalisme N°9 Automne 2001, Cameroun : une liberté de la presse précaire. De la chape de plomb politique à l'étau économique

* 18 _ Idem

* 19 _ Entretien avec Nyoum Benjamin, enseignant de journalisme à l'institut Siantou Supérieur.

* 20 _ Elisabeth Paquot, Séverin Cécile Abega, L'état des médias au Cameroun, Ed. Gret, P 4

* 21 _ Entretien avec Valentin Siméon Zinga Rédacteur en chef de La Nouvelle Expression

* 22 _ idem

* 23 _ Entretien avec Léger Ntiga Rec adjoint au quotidien Mutations

* 24 _ Entretien avec Xavier Messe, Rédacteur en chef du quotidien Mutations

* 25 _ Emmanuel Derieux, Droit de la communication, exercice de la profession du journaliste, éd. L.G.D.J page 343-344

* 26 _ Convention Collective, art 26 : de l'apprentissage, de la formation et du perfectionnement professionnel, p. 15

* 27 _ Convention Collective, art 24 : De la Mutation, p.14

* 28 _ Elisabeth Paquot, (GRET), Séverin Cécile Abega, (Institut deRecherches Socio-Anthropologiques), L'état des médias

au Cameroun, Ed. Gret, P 4

* 29 _ La pratique du journalisme au Cameroun entre 1990 et 1994 : les difficultés du journaliste de la presse écrite

* 30 _ Elisabeth Paquot, (GRET), Séverin Cécile Abega, (Institut deRecherches Socio-Anthropologiques), L'état des médias

au Cameroun, Ed. Gret, P 4

* 31 _ Source Capital.fr

* 32 _ Le journalisme avec peine au Cameroun entretien de Vincent Tridon avec Norbert N. Ouendji

* 33 _ Les Cahiers du journalisme n o 9 - Automne 2001, Cameroun : une liberté de la presse précaire. De la chape de plomb politique à l'étau économique, Valentin Siméon Zinga

* 34 _ Entretien avec Leger Ntiga, rédacteur en chef adjoint du quotidien Mutations

* 35 _ Entretien avec Christophe Bobiokono, Secrétaire général de l'UJC

* 36 _ Le journalisme avec peine au Cameroun entretien de Vincent Tridon avec Norbert N. Ouendji Bordeaux, jeudi 10 août 2006

* 37 _ Jean Marc Soboth, le statut du journaliste, édité par Gabrile Bagblo et Louis Thomasi, IFJ AFRIQUE, page 38

* 38 _Jean Vincent Tchienehom, entretien mené par Mohamadou Houmfa, Journal du cameroun.com

* 39 _ Entretien menée avec le Secrétaire général de l'UJC, Christophe Bobiokono

* 40 _ Source: Presse de la Nation

* 41 _ Valentin Siméon Zinga, Les Cahiers du journalisme, Cameroun : une liberté de la presse précaire. De la chape de plomb politique à l'étau économique

* 42 _ Entretien avec le rédacteur en chef du quotidien Mutations, Xavier Messe

* 43 _ Les Cahiers du journalisme n o 9 - Automne 2001, Cameroun : une liberté de la presse précaire. De la chape de plomb politique à l'étau économique, Valentin Siméon Zinga

* 44 _ Felix Zogo interrogé sur le plateau de « scène de presse » émission de débat sur la Cameroon Radio Télévision (CRTV)

* 45 _ Sémio-stylistique des stratégies discursives dans la publicité au Cameroun, Jean benoit Tsofack, page 46

* 46 _ Les cahiers du journalisme Cameroun : une liberté de la presse précaire. De la chape de plomb politique à l'étau économique

* 47 _ Bwakassa Tulu K. Cité par Nyoum Benjamin, mémoire : l'utilisation des dépêches de la PANA dans la presse Zaïroise 1992-1993, P.2

* 48 _ Jean Vincent Thchienehom, entretien mené par Mohamadou Houmfa, journal du Cameroun.com






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