WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de déterminants de la mortalité infanto juvénile au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Valery Martial TANKOU KAMELA
Institut Sous régional de Statistique et d'Economie Appliqué - Ingénieur Statisticien 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.1.2 Résultats économétriques et interprétations

Nous nous proposons dans cette section de commenter les résultats obtenus, après l'estimation du modèle logit au moyen du logiciel Stata 9. Nous voulons faire remarquer que les analyses qui suivent sont faites toutes choses égales par ailleurs, inutile de nous répéter.

§ L'assistance au moment de l'accouchement

Les résultats du tableau 3 à la page 72 nous montrent globalement qu'au Cameroun, les enfants qui naissent des mères assistées à l'accouchement (par un personnel de santé, ou un assistant traditionnel) ont presque 45 % de chances de plus de survivre jusqu'à l'âge de 4 ans révolus, que ceux qui naissent des mères qui ne sont pas assistées. L'assistance au moment de l'accouchement est dont un élément important qui améliore les chances de survie des enfants.

§ Le lieu d'accouchement

À côté de l'assistance, il faudra aussi s'interroger sur le lieu d'accouchement. En effet un lieu d'accouchement convenable peut garantir une assistance de qualité. Ainsi, les enfants qui naissent dans les formations sanitaires que ce soit les hôpitaux privés ou publics, ou alors les cliniques, présentent en moyenne 26 % de risques en moins de décéder avant leur 5ème anniversaire que ceux qui naissent à domicile. C'est pour cette raison qu'il faut faire appel aux personnes compétentes et aux endroits adéquats. La naissance dans un centre de santé symbolise plusieurs avantages. C'est dans les formations sanitaires que la femme reçoit des conseils pertinents pour une bonne croissance de l'enfant. Pourtant, celle qui accouche à domicile, a des difficultés à couper le cordon ombilical, et aussi à détacher l'enfant du placenta. C'est ce qui sans doute, peut entraîner une mortalité dès les premiers jours, en raison des complications qui pourront subvenir. Lorsqu'il peut dans certains accouchements se produire des complications comme des pertes de sang, des déchirures, et bien d'autres encore, les femmes qui accouchent à domicile ont alors plus de risques de décéder ou de voir leurs enfants décéder. Généralement le temps qu'il faut observer pour courir à l'hôpital est suffisant pour provoquer un décès. Il ne faudrait pas toujours derrière cela voir une volonté manifeste des femmes d'accoucher à la maison. Dans un contexte de pauvreté comme c'est le cas au Cameroun, où les régions sont très désenclavées et peu électrifiées, des urgences parfois mal fonctionnelles, il est alors difficile pour une femme qui commence à manifester des signes d'accouchement à partir d'une heure avancée de la nuit de poursuivre l'accouchement dans un centre de santé. Ceci, du fait qu'il est alors impossible pour elle de se rendre à l'hôpital à pareille heure, ou de se faire transporter dans un service d'urgence. Plusieurs femmes accouchent à domicile risquant par là leur vie et celle de l'enfant qui va naître.

§ L'utilisation d'une moustiquaire

L'utilisation d'une moustiquaire est également déterminante pour la survie de l'enfant. En effet, l'utilisation d'une moustiquaire imprégnée limite le risque de piqûre par le moustique et l'on sait qu'au Cameroun, le paludisme est la première cause de mortalité et de morbidité. Ainsi, il est tout à fait utile pour la mère de protéger l'enfant et de se protéger, ceci en dormant sous une moustiquaire. Ainsi, les enfants dont la mère utilise régulièrement une moustiquaire, ont moins de risques de décéder que ceux dont la mère n'utilise pas de moustiquaire.

§ Le rang de l'enfant

Remarquons également que le rang de l'enfant est aussi déterminant pour sa survie. Les enfants de rang élevé ont plus de risques de décéder que ceux dont le rang est faible. Plus précisément, relativement aux enfants de rang 1 (le premier enfant ou la première naissance) les enfants qui ont un rang compris entre 2 et 5 ont 10 % de risques de plus que les autres de mourir avant l'âge de 5 ans. Ce risque de décéder avant le 5ème anniversaire augmente pour les enfants dont le rang est supérieur à 6. Les familles ont tendance à accorder plus de précaution et d'assistance aux premières naissances. Les dernières naissances n'ont plus alors la même attention que les premières. Bien plus, la qualité du lait qu'une femme donne aux dernières naissances, n'est plus la même qu'elle donnait aux premières naissances. Enfin, après un certain nombre de naissances, l'organisme est fatigué et peut par conséquent lâché.

§ La gémellité

Par ailleurs, ce même tableau montre qu'au Cameroun, la gémellité est un élément déterminant de la mortalité des enfants. En effet, les enfants jumeaux ou triplés, ont dès la naissance plus de risques de décéder avant l'âge de 5 ans que leurs confrères (les singletons). Le tableau 3 montre que les jumeaux ou triplés ont deux fois plus risques de décéder avant l'âge de 5 ans que les enfants (singleton). L'une des raisons, pouvant être la capacité de prise en charge. En effet dans un contexte de pauvreté comme le nôtre, il est plus difficile pour une famille ou un ménage de s'occuper de deux ou plusieurs enfants, que de s'occuper d'un seul. Les naissances multiples sont également un coût sur le plan biologique.

§ Niveau d'instruction de la mère

Outre la gémellité et l'assistance à l'accouchement, l'instruction de la mère est très déterminante pour la survie de l'enfant au Cameroun. L'effet de l'instruction de la mère sur la mortalité des enfants, n'est significatif qu'à partir du niveau secondaire. En effet les enfants nés des femmes ayant atteint le niveau primaire ont les mêmes chances de décéder avant leur 5ème anniversaire, que ceux nés des mères n'ayant aucun niveau d'instruction. Par contre relativement aux enfants nés des femmes sans niveau d'instruction, ceux nés des femmes ayant atteints le niveau secondaire ou plus ont 41 % de chances de plus de survivre jusqu'à l'âge de quatre ans révolus. On peut donc conclure qu'au Cameroun l'instruction de la mère améliore les chances de survie des enfants, à condition que la mère atteigne le niveau secondaire au moins. Il est par conséquent plus probable, pour les enfants de survivre jusqu'à leur 4ème anniversaire, lorsque leurs mères sont instruites. Comme nous l'avons évoqué, l'instruction de la mère est un gage de santé de son enfant. À contrario, l'instruction du père est sans effet sur la mortalité des enfants. Les enfants issus des pères dont les niveaux d'instruction sont différents, ont presque les mêmes chances de décéder avant l'âge de quatre ans révolus.

§ Le milieu d'existence

Le milieu d'existence de l'enfant a un effet sur la mortalité des enfants de moins de 5 ans au Cameroun. En effet, relativement aux enfants qui vivent en milieu urbain, ceux qui vivent en milieu rural ont 64 % de chances en plus de décéder avant l'âge de cinq ans. Le Cameroun se caractérise par une inégale répartition des services de santé. En milieu rural, l'accessibilité aux services de santé est plus difficile qu'en ville. Le nombre de formations sanitaires est insuffisant en milieu rural, pour répondre à la demande de soins de santé. Et enfin en zone rurale l'utilisation même des services de santé moderne est limitée, parce que se développe également la médecine traditionnelle. Tout ceci n'est pas de nature à garantir une meilleure santé aux enfants du milieu rural. Par contre en milieu urbain, le niveau de socialisation et de culture est plus développé. Les femmes se servent plus abondamment des services de santé publics et privés. On retrouve également en milieu urbain les professionnels de la santé, des personnes qualifiées. Cette discrimination n'a des répercussions que sur l'enfant qui naît et grandit dans son milieu.

§ Le niveau de vie du ménage

De manière générale, les conditions de vie du ménage demeurent déterminantes pour la suivie de l'enfant de zéro à quatre ans révolus. En effet, les enfants qui naissent des ménages riches ont plus de chances de survivre jusqu'à l'âge de 4 ans révolus que ceux qui naissent des ménages pauvres. Ces derniers ont exactement 76 % de chances en plus, d'atteindre leur 4ème anniversaire, que ceux qui naissent dans les familles pauvres. Bien plus encore, ceux qui naissent dans les ménages de niveau de vie moyen, ont 64 % de chances en plus de ne pas décéder avant l'âge de quatre ans révolus, que ceux qui naissent dans les ménages pauvres. Cette observation montre que les enfants dès la naissance n'ont pas les mêmes chances de survivre jusqu'à l'âge de quatre ans révolus. Les ménages pauvres ne peuvent pas apporter aux enfants toute la quantité de calories et de nutriments dont ils ont besoin par jour. Bien encore, l'enfant issu d'un ménage pauvre risque de subir l'influence de l'activité de ses parents. En effet lorsque la maman se battra dans ses activités génératrices de revenus, à l'exemple du commerce, de l'agriculture, l'enfant sera mis à l'écart, abandonné à lui seul et parfois précocement sevré. Tout ceci n'est pas de nature à assurer une bonne survie de l'enfant jusqu'à l'âge de 4 ans. Dans pareilles situations, il n'est pas pertinent d'analyser la cause du décès, qui pourra être la malnutrition, mais plutôt le facteur représenté ici par le niveau de vie du ménage où vit et grandit l'enfant.

§ L'âge de la mère à l'accouchement

Le tableau 3 montre également un effet net de l'âge de la mère au moment de l'accouchement sur la mortalité des enfants. L'âge de la mère à l'accouchement, au Cameroun est déterminant pour la survie des enfants. En effet, les enfants nés des mères très jeunes (moins de 20 ans) ont moins de chances de survivre, que ceux nés des mères ayant un âge compris entre 20 et 35 ans. En revanche les enfants qui naissent des mères ayant plus de 35 ans, présentent les mêmes risques de décéder, que ceux dont la mère a moins de 20 ans au moment de l'accouchement. En effet, les femmes qui accouchent dans la tranche 20-35 ans, ont de manière générale 59 % de chances en moins de voir leur enfant décéder avant leur 5ème anniversaire, que ceux qui accouchent à moins de 20 ans. Il est donc préférable pour les femmes d'accoucher dans la tranche 20-35 ans, si elles veulent avoir moins de risques de décès infantiles. Cette surmortalité, due à l'âge précoce à l'accouchement d'une part et à l'âge très avancé d'autre part peut pourtant être évité. Ce qui permettra d'éviter inéluctablement les complications dues à une immaturité génitales et aux complications congénitales. Notons également qu'en dehors des raisons biologiques qui peuvent davantage exposées les enfants nés des mères jeunes, se cachent aussi des raisons sociologiques (leur connaissance de la vie est embryonnaire voire rudimentaire). Il est bien vrai que l'accouchement précoce est en rapport avec, le statut matrimonial.

§ Le statut matrimonial de la mère

Comme le montre le tableau 3, relativement aux enfants qui naissent des femmes non mariées, ceux qui naissent des femmes mariées présentent 25 % de chances en plus de survivre jusqu'à l'âge de quatre ans révolus. Les chances de survivre pour les enfants qui naissent des femmes divorcées ou veuves sont les mêmes que ceux qui naissent des femmes non mariées. En réalité il faut percevoir le mariage ici comme un facteur de responsabilisation, c'est-à-dire un cadre où l'enfant a la possibilité d'être très bien suivi par ses parents. À contrario, les femmes qui accouchent sans être mariées connaissent parfois des difficultés, et sont parfois naïves pour la tenue d'une bonne grossesse. En définitive le tableau 3 nous permet de constater que les enfants qui naissent des mères mariées, s'opposent (en terme de chance de survivre) au groupe d'enfants qui naissent des mères jamais mariées et des mères veuves.

§ La vaccination de l'enfant

Comme l'affirme l'UNICEF dans le rapport sur la situation des enfants 2007, plusieurs de décès des enfants auraient pu dans de nombreux cas être évités. Les enfants sont souvent victimes des maladies, à l'exemple de la poliomyélite, de la coqueluche et bien d'autres. Afin de prévenir ces différentes maladies, des techniques préventives sont alors recommandées, au premier rang desquelles la vaccination. Au Cameroun plusieurs femmes tardent encore à administrer aux enfants les 5 vaccins recommandés par l'OMS. Certaines n'administrent même aucune des ces doses de vaccins. On ne peut, dans cette situation s'attendre à une mortalité plus accrue des enfants. Ainsi comme le montre le tableau 3, un enfant qui a reçu toutes les doses de vaccins a exactement 62 % de chances en moins de décéder, qu'un enfant qui n'en a pas reçu. La vaccination est obligatoire pour tous les enfants. Comme nous l'avons mentionné au chapitre précédent, le gouvernement met sur pied plusieurs programmes permettant d'assurer une plus large couverture vaccinale, notamment à travers le PEV.

§ Le sexe de l'enfant

Ce tableau montre également que le sexe de l'enfant n'est pas déterminant pour la survie de l'enfant au Cameroun. En effet, les garçons ou les filles ont dès la naissance, les mêmes chances de survivre jusqu'à l'âge de cinq ans.

§ La parité

Notons enfin que la parité c'est-à-dire le nombre total d'enfants qu'une femme a déjà mis au monde est déterminant pour la survie de l'enfant qui vient de naître. En effet d'après le tableau 3 on se rend compte que lorsque le nombre d'enfants mis au monde par une femme augmente d'une unité, le risque de décès de l'enfant qui naît augmente de 13 %.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams