WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Quelle stratégie numérique pour les éditeurs de livres ?

( Télécharger le fichier original )
par Patricia Gendrey
Institut Léonard de Vinci - MBA marketing et commerce sur internet 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction

Nous y sommes, la révolution numérique est en marche et s'emploie à changer en profondeur le monde de l'édition. Pourtant, ces modifications ne datent pas d'hier. L'amont de la filière a modifié ces pratiques depuis plusieurs années déjà, le mode de production du livre papier ayant radicalement changé depuis plusieurs années. Ce dont on parle aujourd'hui c'est de l'aval, c'est bien ce qui fait l'objet aujourd'hui de toutes les attentions, ce livre sur support numérique qui annonce, selon Robert Chartier, une triple révolution : la révolution de la technique de production du texte, une révolution du support de l'écrit et enfin une révolution des pratiques de lecture.

Mais pourquoi entend-t-on évoquer chaque jour dans les médias un raz de marée qui modifiera en profondeur les pratiques si l'on ne parle que du livre homothétique, s'il ne s'agit que de la simple reproduction de l'ouvrage papier sur support numérique ? Parce que l'enjeu ne réside pas dans la simple action de déposer un fichier sur une plate-forme de distribution, mais il est bien plus crucial. En outre, parler de livre numérique, est-ce parler encore de livre ?

Interrogeons-nous tout d'abord sur la définition du livre. Curieusement, seule l'administration fiscale en propose une. Selon elle, « Un livre est un ensemble imprimé, illustré ou non, publié sous un titre ayant pour objet la reproduction d'une oeuvre de l'esprit d'un ou plusieurs auteurs en vue de l'enseignement, de la diffusion de la pensée et de la culture. »3 Sont donc exclus de cette définition, les produits non imprimés et par conséquent le livre numérique. Ceci peut paraître incongru à l'éditeur comme au lecteur ; « À la recherche du temps perdu » diffusé sur le FnacBook, ne serait donc pas un livre au sens de l'administration fiscale. On comprend bien là qu'il existe un vaste malentendu, et que celui-ci réside dans la confusion entre l'oeuvre de l'esprit et son support. Le travail de l'éditeur est bien de créer du contenu afin d'enrichir la connaissance, peu importe le média sur lequel il est diffusé. Il ne s'agit plus seulement, par conséquent, pour les maisons d'édition de se lancer dans la production de livres homothétiques, mais bien de permettre la diffusion de la pensée quelque soit le support (Smartphones, tablettes, ordinateurs...). Ainsi, le contenu est caméléon,

3 Bulletin officiel des impôts, Direction générale des impôts, 3 C-4-05, n° 82 du 12 mai 2005, relatif à la TVA au taux réduit et à la définition fiscale du livre

prenant différentes formes en fonction de l'appareil sur lequel il est consulté : il peut revêtir les atours d'une application de guides de voyage géolocalisée sur iPhone, d'un livre enrichi d'illustrations animées, de musique et de commentaires dans le secteur de la jeunesse pour iPad, d'une base documentaire juridique sur ordinateur ou d'un livre de littérature générale qu'il sera possible au lecteur d'annoter sur un Kindle. Les maisons d'édition doivent déterminer le support en fonction du contenu et en adapter la narration.

L'observateur pourrait trouver les éditeurs attentistes. Alors qu'ils expérimentent aujourd'hui la commercialisation de livres numérisés, ils sont encore, pour la plupart, bien loin d'être en mesure de produire des contenus numériques. Les freins sont de plusieurs ordres. Ils sont d'abord financiers. Les coûts de production d'un livre application sont sans commune mesure avec ceux générés par un ouvrage imprimé. L'équipement du marché en supports doit donc être suffisant. C'est le cas aujourd'hui pour les Smartphones, cela ne l'est pas encore pour les tablettes sur le marché français. Les sociétés sont soumises à des objectifs de rentabilité et la récente faillite de la société numérique Leezam ne devrait pas encourager les sociétés d'édition à prendre plus de risques.

Ces freins résident aussi dans la formation des équipes. Réaliser une application qui intègre du texte, de la vidéo et du son, fait appel à de nouvelles compétences qu'il convient de développer dans les maisons d'édition.

Enfin, cet attentisme est dû également à la difficulté qu'éprouvent les éditeurs à trouver leur place au sein de la nouvelle chaîne de valeur. Celle-ci se disloque. Désormais, à l'instar du monde de la musique, chaque maillon de la chaîne peut potentiellement entrer en contact avec les autres. Ce constat constitue une menace. Jadis, le lecteur n'avait de lien qu'avec le libraire, alors qu'aujourd'hui, il peut dialoguer avec l'auteur. De même, il n'y a pas si longtemps l'écrivain devait

conclure un contrat avec l'éditeur s'il voulait être publié, maintenant il lui est loisible de s'autopublier facilement, les cyberlibraires proposant maintenant des plates-formes d'autopublication. Des auteurs anglo-saxons inconnus peuvent même se targuer de vendre des millions de livres (voir plus loin, le thème consacré à l'autopublication). Les éditeurs se trouvent face à des colosses aux moyens financiers étendus qu'ils ne voient pas bien comment concurrencer.

À ces changements profonds, s'ajoutent ceux liés à la commercialisation du livre. Le web apporte aux éditeurs de nouveaux outils de promotion pour accroître les ventes d'un titre. Les éditeurs des grands groupes maîtrisent l'art et la manière de conjuguer réseaux sociaux, plates- formes de partage ou encore actions de communication sur les hubs littéraires. Pour les maisons d'édition de petite et moyenne tailles, ces techniques ne sont pas si simples à utiliser.

La présente étude ambitionne de répondre aux questions liées à la stratégie numérique à mener, mais aussi, les menaces sont-elles identifiées afin de formuler des recommandations.

Dans une première partie, il sera question d'analyser les mutations du marché du livre et de comprendre quels pourront être les modèles économiques des livres numériques, car ils sont bien pluriels.

Dans une seconde partie, l'étude livre les clés pour bâtir une stratégie numérique efficace, afin de ne pas se laisser distancer. Il s'agira tout d'abord des nouveaux moyens de promotion du livre, afin d'en dégager les bonnes pratiques. Ensuite, les pistes pour réorganiser les maisons d'édition seront abordées afin de se préparer à la révolution qui s'annonce. Enfin, la section consacrée aux nouvelles expériences de lecture constitue une approche prospective qui devrait aider à mieux comprendre ce que sera le métier de demain et à identifier les opportunités de développement.

Producteur de contenus multimédias et webmarketeur averti seront les deux compétences clés de l'éditeur. Aujourd'hui, la révolution est en marche. Il convient donc d'en comprendre les enjeux et de bâtir une stratégie numérique qui permettra de créer de la valeur dans le monde de demain qui gronde déjà à nos portes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld