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Décentralisation et mise en Å“uvre des stratégies de développement local: analyse du système de gouvernance territoriale du cas de Croix-des-Bouquets

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par Edy FILS-AIME
Université d'état d'Haà¯ti département des sciences du développement - Maitrise en sciences du développement 2012
  

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III.3- THÉORIES DESCRIPTIVES DE LA DÉCENTRALISATION

Si pour les théoriciens normatifs, la décentralisation contribuerait au

développement socio-économique, un éventail d'autres théories dites descriptives soutiennent et tentent de démontrer empiriquement que dans les pays en développement la décentralisation n'a pour ainsi dire aucun effet incitatif sur le développement. Selon eux, la décentralisation a compromis la stabilité macroéconomique dans les pays où les impôts et taxes, les dépenses et les emprunts infranationaux sont excessifs et que les administrations centrales n'arrivent pas à contrôler la situation. Ces pays, comme Mali, deviennent incapables de remplir leur mission de gestion macroéconomique. Les difficultés compliquent alors l'atteinte de la réalisation des objectifs de politique publique et sociale.

Une étude de l'OCDE effectuée en 2004 a montré que la décentralisation avait provoqué peu d'amélioration en termes de réduction de la pauvreté dans un tiers de pays. Les chercheurs ont constaté que dans les pays où l'État est incapable de remplir ses fonctions de base et où, au départ, les inégalités sont criantes, il existe un risque réel que la décentralisation aggrave paradoxalement la pauvreté (Jütting, et autres, 2005, p.2-3).

Des recherches empiriques- dans divers pays en développement comme au Mali et au Niger55- ont démontré que les politiques de décentralisation en cours seraient réalisées sous les contraintes des donateurs internationaux. Ces derniers imposeraient la décentralisation comme stratégie pour résoudre les problèmes politiques liés à la gestion et à la redistribution des ressources nationales, ou encore pour faire accroître la participation citoyenne dans la gestion des affaires locales ou du processus de développement.

Ces programmes de décentralisation ne prendraient rarement en considération le rôle traditionnel des communautés locales. Or dans le cadre du développement, il serait important de

tenir compte de la capacité des communautés locales étant un complément des institutions nationales. Les décisions locales peuvent être meilleures si les pouvoirs locaux adoptent une vue d'ensemble, tout comme les décisions au niveau central peuvent être meilleures si les autorités centrales prennent en compte les spécificités des réalités locales. Au fur et à mesure que la décentralisation s'effectuerait en s'alignant à la fois sur les priorités locales et nationales, elle aurait plus de capacités à devenir un vecteur capable de servir d'impulsion vers un mode de développement qui donne aux communautés locales les responsabilités qu'il faut.

Contrairement à ce que ferraient croire les puissances occidentales, la décentralisation comme instrument de redistribution des pouvoirs socio-économiques et politiques ne serait efficace que très rarement dans les pays en développement. Elle serait même de nature à causer des pertes d'économies d'échelle et d'effritement du contrôle de l'État des maigres ressources financières dans ces pays. La faible capacité administrative ou technique au niveau local des pays en développement entraînerait généralement la baisse du degré d'efficacité et de rendement dans la fourniture des services de base. Le plus souvent les responsabilités administratives sont transférées à des niveaux locaux sans les accompagnements techniques ni les ressources financières nécessaires, ce qui entrave la répartition ou la fourniture équitable des services sociaux de base. Souventes-fois la décentralisation rend même plus complexe la coordination des politiques nationales et favorise des élites locales à s'emparer du pouvoir au détriment de la majorité des citoyens et citoyennes. Dans le cadre de certains programmes de décentralisation, il est courant que les méfiances éprouvées entre les autorités locales (secteur public) et les citoyens (secteur privé, société civile) minent la coopération préexistante.

De manière générale, des recherches ont prouvé que la décentralisation apporte pleins d'effets « pervers », particulièrement dans les pays en développement où les lignes de démarcation des rôles et des responsabilités des différents échelons administratifs ne sont pas clairement définies. Il y a alors risque de dilution de responsabilités faute d'un manque de clarification des compétences à chaque niveau de l'administration. La décentralisation peut aussi créer des déséquilibres au niveau national à cause de choix politiques différents ou contradictoires et des ressources réparties inégalement ou sans équité. Ces risques auraient pour conséquence un creusement des disparités entre les différents territoires. Par exemple, dans un pays caractérisé par des disparités régionales au niveau des activités et des revenus, certaines

régions sont naturellement plus riches que d'autres et les bases d'imposition par habitant se différencient d'une collectivité à une autre. Si c'est un pays d'État centralisé, une telle situation n'aurait pas d'incidence majeure, même si les collectivités les plus riches contribuent davantage (par habitant) au budget national. Tandis que les incidences seraient lourdes dans un État décentralisé, puisque les collectivités décentralisées « mal dotées » auront d'énormes difficultés à boucler leur budget s'il n'y a pas un mécanisme de péréquation fonctionnel.

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