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Réutilisation des eaux usées

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par Jean-Laurent Bungener
Ecole polytechnique fédérale de Lausanne - Thèse 1996
  

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1.2. Aménagements sanitaires et réutilisation des eaux usées.

Deux aspects de la réutilisation des eaux usées et de l'aménagement sanitaire seront développés. Le premier concerne l'aspect socio-économique du problème, le second son aspect technique.

1.2.1. Influence de la mise en culture et pouvoir fertilisant des eaux usées: Bilan de la recherche.

Quelles améliorations économiques et environnementales peut-on attendre de la pratique de la réutilisation des eaux usées dans les conditions que nous avons développées ? Nous orienterons la réponse à cette question dans deux directions, la première en tenant compte de l'aspect économique et la seconde en estimant les aspects sociaux.

L'avantage de pouvoir réutiliser les eaux usées sans fertilisation de complément réside tout d'abord dans la diminution des investissements nécessaires à la production. Bien que les engrais et fumures ne constituent pas les frais les plus importants du maraîchage en saison sèche, une économie est ainsi réalisée (Naef, 1992). Par la présence d'un couvert végétal bien développé on assure le maintien d'équilibres favorisant la lutte biologique sur les parcelles cultivées. Le mélange d'une production horticole à la production maraîchère semble favoriser la présence d'hyménoptères et de prédateurs tels les mantes religieuses. On a pu éprouver l'efficacité de ce contrôle biologique des parasites dans certaines situations que l'on a corroborées avec la tradition orale (utilisation de fourmis). Sans disposer d'un outil expérimental de comparaison, il est apparu que les autres maraîchers pratiquant la R.E.U. sur la rive opposée du marigot rencontraient des problèmes phytosanitaires sur leur culture.

On notera l'apparition des reptiles (serpents) sur le site expérimental. Bien que ce phénomène soit dû plus particulièrement à l'accumulation des résidus végétaux en bordure du site il ne doit pas être négligé. C'est là une des limites que l'on posera au développement de la faune sur les milieux cultivés. Des observations sont à effectuer pour déterminer s'il y a un risque potentiel de développement d'animaux dangereux.

L'autre limite est posée par les oiseaux appelés localement mange-mil qui ont causé des dégâts aux récoltes de maïs. La destruction des épis s'élevait à environ 10% des récoltes. D'après les agriculteurs, la présence d'arbres favorise la venue de ces oiseaux sur le site.

Le fait d'entretenir une végétation bien développée sur les parcelles cultivées en saison sèche
comporte ainsi des avantages et des inconvénients. Bien que cela ne concerne pas la fertilité

naturelle du système pour laquelle le développement de la végétation est un facteur positif, il faut entreprendre des études à plus long terme sur ce type de problématique.

On doit également prendre en compte qu'il est difficile pour un agriculteur de laisser se développer des adventices au milieu des cultures. L'aspect général des cultures semble peu soigné, ce qui nuit à leur réputation. D'ailleurs, il semble bien qu'en 1994 et 1995, le sarclage ait été repris sur le site expérimental. Selon le type végétal, il est possible que cette modification n'ait pas d'influence sur les paramètres microclimatiques mis en évidence dans ce travail.

En l'absence d'un bilan économique complet de l'évolution des revenus de M. Kaboré, on constate qu'il continue, malgré l'arrêt de ce travail de recherche, à effectuer des cultures sans rémunération autre que le bénéfice tiré des récoltes. On peut considérer que dans ce sens, l'objectif appliqué de la recherche est réalisé puisque la méthode est adoptée. La fertilisation obtenue grâce à l'irrigation par les eaux usées semble satisfaire l'utilisateur.

L'attribution de la parcelle à M. Kaboré, pour une période qui n'a pas été définie, pose le problème foncier présenté auparavant. Il ne semble pas y avoir eu de nouvelles implantations d'espèces fruitières sur le site. Le site de réutilisation présente à l'heure actuelle l'intérêt de fournir un exemple direct de ce qu'il est possible d'effectuer comme aménagements. Les arbres sont modérément taillés et ne présentent pas les traces habituelles de coupes sommaires. Dans les conditions avantageuses proposées à l'agriculteur, il apparaît que ses intérêts sont préservés. Il est difficile d'en extrapoler la valeur de notre expérimentation. Le mode de travail de cet agriculteur peut être uniquement la conséquence de son souci de ne pas perdre cette position privilégiée. Dans cet optique il conserverait les pratiques culturales qui lui ont été imposées sans nécessairement les avoir adoptées. A ces considérations, il faut ajouter que la moyenne d'âge des agriculteurs ne dépassait pas 25 ans. En conséquence, il est difficile de savoir si en conditions réelles, face à des individus plus âgés l'adoption des techniques proposées s'effectuerait sans problème.

Du point de vue de l'expérimentateur, on relèvera les difficultés que l'on a eues à trouver des agriculteurs puis à aménager, dans le respect des intérêts de chacun, le protocole de recherche. La première difficulté a été de trouver des maraîchers acceptant de travailler sans utiliser d'engrais minéraux et de fertilisants organiques. Après avoir essuyé le refus de quelques-uns notamment les maraîchers travaillant en bordure du site, on a trouvé grâce au personnel technique de l'E.I.E.R. des jeunes jardiniers prêts à effectuer le travail.

En raison de l'absence de salaire, il fallait trouver des plantes qui satisfassent à la fois les besoins du marché et qui puissent également être sensibles rapidement aux variations de la fertilité du milieu. Sur l'ensemble des plantes cultivées, deux ont retenu plus particulièrement l'attention de l'expérimentateur, c'est le chou et le maïs. Le chou présentait dès 1992 des colorations distinctes selon le type de traitement. Le maïs a l'avantage d'être sensible aux problèmes hydriques et, par sa croissance, il fournit un outil de mesure. Son utilisation en 1993 et 1994 a été possible grâce à la mise en place d'un système de compensations financières très faibles. Pour les agriculteurs, la tomate, les aubergines et le gombo sont plus rentables. Leurs récoltes s'effectuent progressivement ce qui permet d'obtenir un revenu étalé sur une durée plus importante. Les jeunes agriculteurs s'épargnent ainsi de difficiles négociations familiales sur le devenir de leur revenus. Par contre, pour ce type de végétaux, la fiabilité des mesures de rendement, la vitesse de croissance et la biomasse sèche produite ne sont pas des paramètres aisément mesurables.

En culture maraîchère, l'homogénéité des plantations dépend des choix de l'agriculteur. Dans le contexte de périmètres irrigués, les possibilités d'avoir un débouché assuré pour une culture conditionnent les choix du cultivateur (Naef, 1992). Dans ces conditions , il nous est difficile de déterminer si ce qui a été observé durant l'expérimentation correspond à une réalité. La stratégie adoptée par M. Kaboré depuis notre départ serait sans doute plus instructive.

L'autre différence est due aux cycles naturels des insectes. Il est facile d'observer que des explosions de l'ensemble des populations d'insectes ont lieu au mois de novembre. Des cycles de développement précis font succéder les ravageurs aux prédateurs au début de la saison des pluies (Ouedraogo M. com.pers) ce qui permet d'effectuer des traitements insecticides sans nuire aux agents du contrôle biologique. Bien que nous présentons quelques considérations sur la possibilité de lutte biologique, il est à signaler que les cultures de saison sèche restent extrêmement vulnérables aux insectes et autres parasites. Une parcelle maraîchère représente une oasis de verdure et d'humidité. Nous avions interdit l'usage des pesticides sur le site expérimental afin de ne pas compromettre les mesures des effectifs des populations animales. Par chance, les cultures ont été épargnées.

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