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Etude de communautés de pratique et mécanismes de partage des connaissances via les réseaux numériques:le cas du Pnud

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par Félicien MAMBULU
Université Cheikh Anta Diop école des bibliothécaires archivistes et documentalistes (EBAD) - Diplome supérieur en sciences de l'information et de la communication (DSSIC) 2005
  

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4.1.3.4.2 Genèse

La notion de communauté de pratique est très récente. Elle est apparue au
début des années 90 avec l'avènement de l'Internet et de nouveaux logiciels et

outils technologiques qui ont remis en question notre rapport au savoir et à la connaissance. Ce concept a été formalisé en 1990 par Jane Lave et Etienne Wenger (1991) qui, dans leurs recherches « Theory of Commnunities of practice » définissaient une nouvelle approche de partage de connaissances.

Lave est anthropologue et Wenger est informaticien. Leur concept de LPP (Legitimate Peripheral Participation) introduit la notion de communauté de pratique permettant des relations entre des « nouveaux » et des « anciens » dans le cadre d'un apprentissage relevant toujours d'un processus d'échanges hautement socialisé entre les acteurs ; une nouvelle approche de partage de connaissances tirant parti des technologies de l'information et de communication. Ils ont publié également une étude phare sur l'importance de l'accompagnement et de l'encadrement dans l'apprentissage d'une pratique professionnelle.

Il s'agissait dès le départ de démontrer que tout débutant ou "bleu" devait transiter par des zones d'incubation lui permettant d'expérimenter diverses facettes d'une pratique, avant d'être considéré comme un professionnel. Selon Suchman (1987), ce type d'approche insiste fortement sur le contexte dans lequel se situe l'apprentissage et permet de lui donner du sens. En d'autres termes, c'est dans un environnement se rapprochant le plus d'une véritable situation professionnelle que le débutant acquiert les connaissances, les habilités et les attitudes requises dans la pratique.

Tous ces phénomènes, qui relèvent au fond du sens commun, sont bien connus des artisans et leurs apprentis, non pas en théorie mais justement en pratique, et cela au moins depuis le Moyen Age.

Lave et Wenger (1991) montrent que c'est dans l'interaction, la relation inter individuelle et la coopération qu'on observe la production des fameuses et précieuses connaissances tacites, difficiles à formaliser, donc à stocker dans un coin pour récupération ultérieure. Mais, résultat plus bénéfique encore, les connaissances produites par les individus et les groupes eux-mêmes, en situation professionnelle, seront plus facilement mobilisables lorsqu'il s'agira d'effectuer d'autres travaux.

A la même époque, la publication de la fameuse recherche de John Seely Brown et P. Duguid (1991) sur les réparateurs des photocopieurs de Xerox a donné un coup accélérateur à ce mouvement international venu des Etats-Unis et porté par les entreprises, les consultants et les universitaires. L'un des grands résultats de ces travaux consistait à montrer que pour réparer des photocopieurs Xerox (qui tombaient très souvent en panne, plus que les machines concurrentes, selon la légende), les connaissances essentielles se communiquaient de façon totalement informelle entre les techniciens de maintenance. Ce savoir informel, qui porte plus de 70% de l'information utile dans une organisation, était issu de l'expérience et de l'échange. Autrement dit, une part majeure des connaissances se construisait près des photocopieuses en réparation ou encore pendant la pause, près de la machine à café, c'est-àdire en dehors des temps et des salles de formation traditionnelle. Ces réseaux interpersonnels ont fini par donner naissance en 1996 à une communauté de pratique dénommée « Eureka » qui regroupe aujourd'hui 23.000 techniciens et 1100 experts répartis dans plus de 130 pays. Grâce à Eureka, les intuitions de chacun ont commencé à se transformer en savoirs explicites utilisables par tous. Les techniciens réalisent à quel point ils peuvent être utiles en ayant accès au savoir-faire des autres.

Cela étant, c'est toujours la figure de proue Wenger (1998) qui a fait connaître les qualités des communautés de pratique dans leur version technologique actuelle, c'est-à-dire quand l'apprentissage passe par des échanges en réseaux et du travail en ligne.

Dans ses recherches, Wenger remet en cause la domination technologique sur les efforts de gestion de savoirs qui a conduit à des accumulations malheureuses de bases de données et de connaissances inutilisées et dépassées. Il fait de la connaissance quelque chose de vivant au lieu de la réduire à la mémoire d'un ordinateur, quelque chose appartenant à des communautés aptes à maintenir, à développer et à partager ces connaissances.

C'est à peu près à la même époque que d'autres chercheurs, parmi lesquels Thomas Davenport et Larry Prusak (1998), montraient qu'une organisation devenait collectivement plus « intelligente » lorsqu'elle était capable de mettre quotidiennement en réseau tous les acteurs d'une pratique bien identifiée. Il s'agissait d'organiser des réseaux collaboratifs pour gérer, partager et construire en suivant un échéancier prescrit, des informations et des connaissances favorisant des résolutions des problèmes. La ligne de démarcation semble ainsi de plus en plus ténue entre la formation académique, dispensée par des universités qui en font métier et l'apprentissage, développé au sein même des organisations où des gens produisent.

Dans tous les cas, il faut acquérir et élaborer des savoirs, en face à face ou en ligne. Il faut aussi collaborer pour construire des connaissances. Avec les technologies de l'information et de la communication, la mise en réseau via des ordinateurs interconnectés et les outils de communication électronique, tout cela devient un facteur décisif pour ces « nouvelles formes d'organisation » fondées sur l'accessibilité, la communication et le partage des ressources.

Comme nous venons de le voir, les communautés de pratique sont donc une tentative de fusionner apprentissage et partage des connaissances. Ce concept de communauté de pratique a pris forme autour d'une problématique d'apprentissage, ce dernier étant considéré comme un processus construit dans un contexte donné, par interactions sociales entre des personnes. Ce sont ces fameux liens sociaux et ces situations professionnelles communes qui sont partagées dans les communautés de pratique. Ceux-ci font largement défaut dans les démarches complètement centrées sur les technologies et stocks d'informations qui ont caractérisé les premiers projets de Knowledge Management.

Comme le souligne Richard Mc Dermott (2003), la création de communautés de pratique permet d'identifier et de diffuser les pratiques développées par les employés d'une entreprise ou d'un domaine pour favoriser la résolution collective de problèmes difficiles ou pour susciter des idées nouvelles.

Elles sont constituées des pairs possédant de l'expertise sur une question donnée ou montrant un fort intérêt pour celle-ci. Les membres d'une communauté de pratique ne travaillent pas forcément ensemble au quotidien mais ils approfondissent leurs connaissances d'un sujet en échangeant les uns les autres sur une base continue, que ce soit lors de réunions formelles, d'activités sociales ou par l'entremise de l'internet.

Au fil des ans, les communautés de pratique ont évolué pour devenir de véritables instruments au service de la gestion des connaissances. Elles permettent de capturer, de partager et d'appliquer les actifs de savoir des organisations. Elles sont, selon plusieurs consultants, l'assise de toutes stratégies en gestion de connaissances.

A l'heure actuelle, les vrais retours d'expérience commencent à peine à être publiés, souvent venus du côté anglo-saxon. On commence aussi à les appliquer d'une part au monde de l'éducation (on parle de communautés d'apprentissage) et d'autre part à les exporter dans le monde de l'entreprise ( on parle ainsi de communautés de pratique).

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle