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Problématiques de conservation des collections naturelles, des parcs et jardins historiques en milieux urbanisés africains: processus de plan de gestion durable, cas du jardin des plantes et de la nature(JPN) de Porto-Novo, Bénin

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par Gbègnidaho Achille ZOHOUN
Université Senghor d'Alexandrie - Master en développement option gestion du patrimoine culturel 2011
  

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Introduction

Les espaces forestiers nationaux du Bénin, à l'instar de la plupart des sous-régions africaines, au coeur de la dynamique urbaine, se retrouvent dans une situation antinomique où leur conservation se heurte aux intérêts socio-économiques variés des acteurs (partenaire et gestionnaire). De la gestion forestière traditionnelle par les chefs traditionnels africains à l'évolution historique de la période coloniale de réglementation stricte de la protection entre 1940-1950, s'opposent deux sortes de gestion : celle de l'élection de l'espace forestier à une dimension sacrée et celle d'une gestion restrictive orientée vers l'acclimatation des plantes pour leurs intérêts économiques. Ce revirement de la gestion a quelque peu changé les donnes au lendemain des indépendances où les normes de gestion stricte se sont émoussées face aux moyens humains et matériels des administrations publiques devenues indépendantes. L'action anthropique néfaste avec la levée des contraintes du sacré, a contribué à une régression du couvert végétal et à une dégradation de la biodiversité. L'exemple du Bénin est palpable1 : « [...], environ 2.158.028 ha de forêts représentant 20% de la superficie du pays ont été classés. Aujourd'hui ce taux a considérablement diminué, suite aux effets conjugués des défrichements et des feux de brousse, il se situe à environ 10% ». Ce constat fait aujourd'hui, montre bien que ces forêts sont dans un état de dégradation avancée, mettant en péril la stabilité des écosystèmes nationaux, ce qui justifie l'élaboration de politiques et stratégies fondées sur des bases juridiques de gestion solide et de conservation durable. Au regard des dynamiques actuelles axées sur les changements climatiques et la perte de la biodiversité, on peut affirmer que cette question mérite bien une attention particulière. En effet, la dernière conférence de Cancun sur le climat, tenue le 11 décembre 2010 affiche une volonté internationale claire prévoyant la création d'un fonds vert pour les pays en développement afin de pérenniser le patrimoine écologique naturel. Des années plus tôt, en 2003, la convention africaine de Maputo, pour la conservation de la nature et des ressources naturelles, avait élaboré un cadre de protection et d'utilisation rationnelle des ressources naturelles selon les critères du développement durable. Ce cadre juridique inter-gouvernemental pour l'Afrique est par ailleurs renforcé par la convention internationale de conservation de la biodiversité, qui définit des objectifs stratégiques à même de comparer les efforts de conservation.

Ainsi donc, c'est à juste titre qu'il faut s'interroger dans ces cadres d'actions sur, le rôle des institutions muséales dans l'éducation et l'art muséographique de la nature et de sa biodiversité.

La biodiversité joue un rôle essentiel dans le bien-être humain et dans le maintien du système de la vie sur terre. C'est la raison pour laquelle, l'UNESCO, face à la perception de l'importance de celle-ci pour l'homme et la science, avait déclaré l'année 2010 comme celle dédiée à la biodiversité. Ceci conforte et renforce notre intérêt pour notre sujet de mémoire professionnel. Ce dernier qui s'intitule :

1 Citation du professeur Nestor SOKPON, de la Faculté des Sciences agronomiques de l'Université Nationale du Bénin, au cours d'un entretien (mars 1995) en prélude international du Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement.

« Problématiques de conservation des collections naturelles, des parcs et jardins historiques en milieux urbanisés africains: processus d'un projet de plan de gestion durable du jardin des plantes et de la nature (JPN) de Porto-Novo », est une appréhension du culturel pour une gestion patrimoniale de la nature.

Comme la plupart des espaces naturels urbains en régression, le Jardin des Plantes et de la Nature de Porto-Novo au Bénin est enclin à des difficultés de gestion qui proviennent de la base statutaire fragile et précaire2, de la dégradation de la biodiversité urbaine sous l'effet de la pression anthropique d'une médiation humaine sans limite, des impacts de pollution et de la prolifération de bactéries, champignons et insectes xylophages de toute sorte.

Ainsi donc, au regard des problématiques de conservation-gestion des collections naturelles du JPN par une entité culturelle, en milieu urbain, il importe de se poser les questions suivantes : Quels cadres de gestion ? Pour quelles stratégies de conservation des collections naturelles vivantes dynamiques ? Pour quelles muséographies de la biodiversité urbaine ?

Afin de répondre à ces questions, nous élaborons un cadre de réflexion préparatoire sous la forme d'un processus de plan de gestion-jardin, qui définit et évalue le cadre de sa mise en oeuvre. Pour ce faire, notre objectif-projet est de développer sous forme d'un avant-projet sommaire, le cadre technique, les charges et missions préparatoires nécessaires à la définition des bases stratégiques pour l'aboutissement d'un plan de gestion-jardin. Ce dernier étant le résultat d'un dialogue interne et interinstitutionnel créant un document stratégique, un tableau de bord de gestion durable d'un jardin, d'un parc ou d'une forêt.

Ainsi ce travail s'articule autour de trois parties :

L'identification des enjeux de gestion du patrimoine naturel par une institution culturelle à travers la présentation d'un état des lieux de gestion du jardin des plantes et de la nature du Bénin, au regard des constats, des cadres juridiques nationaux et internationaux sur l'exploitation forestière, la gestion de la biodiversité et du patrimoine naturel.

Le développement d'une approche théorique qui définit et constitue un état empirique de la question de gestion des différentes problématiques constatées dans l'état des lieux. Cette partie se base aussi sur une approche de modélisation économique de la gestion des ressources naturelles dans une perspective patrimoniale. Ce développement passe par une méthodologie de recherche qui présente le cadre global de recherche, sa délimitation temporelle, thématique et spatiale. Elle s'appuie également sur un certain nombre d'acquis professionnels relatifs à nos stages professionnels en France, aux jardins Albert-Kahn en 2010 et au département botanique et zoologique du Muséum National d'Histoire Naturelle en 2011.

La troisième et dernière partie, qui est celle de la conception du processus de plan de gestion-jardin du
Jardin des Plantes et de la Nature, élabore les différentes phases d'action et les différentes missions

2 Cf. protocole d'accord de gestion du JPN en annexe.

d'expertise nécessaires au fondement du cadre de gestion. Un travail théorique qui est adaptable à un environnement de gestion de même nature.

1. Problématique et diagnostic du Jardin des plantes et de la Nature

L'environnement et la nature sont ici l'objet de nos recherches, à cet effet, il convient dans cette partie du diagnostic général de présenter dans un premier temps, le cadre juridique de conservation des collections naturelles patrimoniales avant de se pencher sur le cas spécifique du Bénin, à travers le JPN.

1.1. Présentation du cadre juridique de protection des collections naturelles et patrimoniales dans le monde, en Afrique et au Bénin

L'homme a toujours été dans une relation d'interdépendance avec la nature, poumon de l'humanité. Insatiable, il est sans cesse à la recherche des moyens efficaces de satisfaction de ses besoins fondamentaux sous la contrainte démographique et la rareté des ressources. Mais dans cette quête effrénée, il oublie de plus en plus cette relation d'interdépendance pour s'inscrire dans un diktat de domination et d'exploitation anarchique des ressources naturelles bien souvent limitées. Ainsi, la problématique de l'équilibre écologique mondial (dans son intensité et sa densité) se retrouve de nos jours au coeur des ceintures de productions économiques et des blocs architecturaux urbains poussées par la domination d'un système fortement capitaliste. Une dynamique urbaine au regard de la poussée démographique qui embrigade et limite de façon considérable le couvert végétal des villes, pourtant indispensable à toute vie sur terre et surtout au bien-être de l'homme. Ce dernier serait-il devenu le réducteur ou le prédateur avéré de son propre bien être?

Il est clair que les évolutions climatiques récentes montrent bien que les menaces montent par rapport à la conservation de la biodiversité dont dépend l'humanité. Mais fort heureusement des voix s'élèvent de plus en plus, ce qui implique l'enjeu contemporain poussé d'un nouveau concept de développement : le développement durable, au coeur du débat et des controverses économiques "capitalistiques" nous interpelle. En effet, le rapport Meadows « Halte à la croissance » du club de Rome, lance en 1972 le premier cri d'alarme et invite les États à intégrer désormais la problématique de l'environnement dans leur politique économique. Durant cette même décennie, le rapport Brundtland en 1987, reprendra ces travaux en construisant le concept de développement durable qui nous fait prendre davantage conscience de la prise en compte de la dimension patrimoniale de la nature et de l'environnement dans tous nos systèmes de production. Ainsi donc le souci de léguer aux générations futures un patrimoine sain et durable favorable au maintien global du bien-être devient quotidien. Dans ce même élan, l'Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture - UNESCO - à la 17ème session de sa conférence générale à Paris le 16 novembre 1972 fonde à travers une convention, le cadre légitime et légal de protection du patrimoine mondial culturel et naturel. Ainsi le

thème patrimoine, qui étymologiquement signifie héritage, notion polysémique, va recouvrir à l'échelle de l'humanité un domaine de légitimation et d'application. En vertu de cette convention de 1972 sur le patrimoine culturel et naturel, sont éligibles dans le domaine du patrimoine naturel3 les monuments naturels, les formations géologiques et physiographiques et enfin les sites naturels ou les zones naturelles. Afin de rendre les moyens de protection plus efficaces, le travail de reconnaissance passe pratiquement par un inventaire qui s'accompagne des mesures nationales et internationales. Ainsi les États, parties prenantes de cette convention ou ceux qui y adhèrent, s'engagent à créer un cadre législatif de protection qui définit une politique globale d'action, à institutionnaliser des services de sauvegarde, de protection, de conservation et de mise en valeur du patrimoine culturel et naturel. Aussi doivent-ils mener et accroître les recherches scientifiques et techniques sur la connaissance efficace de l'environnement et des moyens de sa diffusion.

Aussi, prennent-ils des mesures juridico - administratives, scientifiques, techniques et financières pour accompagner les mesures de conservation et de mise en valeur du patrimoine naturel.

Partant de ces fondements et acquis internationaux (en adéquation avec les cadres et conventions évoquées ci-dessus), le conseil international des monuments et des sites - ICOMOS- faisant suite à la charte de Venise de 19644 définit en 1981 à travers la charte de Florence5, le cadre spécifique de sauvegarde des jardins historiques (un champ de protection un peu plus restreint). En effet en ses articles 1 à 9, l'ICOMOS définit clairement et amplement le domaine d'attribution des jardins historiques. Plus loin de son 10ème au 22ème article, il détermine les conditions cadre de son entretien, de sa conservation, de sa restauration et de sa restitution. Cette charte détermine également les conditions de protection légale et administrative.

Au-delà de ce contexte réglementaire mondial, les états africains s'appropriant les normes internationales et complétant certains points non débattus, élaborent à Maputo le 11 juillet 2003, la convention africaine sur la conservation de la nature et de ses ressources naturelles. Cette dernière en ses articles6 1, 2 et 3, précise le champ d'application, les objectifs et les principes d'application du régime de protection du patrimoine naturel en Afrique. Mais au regard des difficultés d'application de cette dernière convention, n'est-on pas en droit, dans le contexte spécifique africain de prolifération de végétation spontanée et de paysage naturel "sauvage", de se demander si les différents cadres institutionnels internationaux, quoique bien élaborés, suffisent à eux tous seuls pour permettre un maintien durable des espaces, forêts, jardins et sites naturels dans leurs fonctions? Les résurgences de conflits fonciers, sous la contrainte démographique et des juridictions nationales parfois inadéquates, ne sont-elles pas des menaces à la conservation du patrimoine naturel ?

3 cf. article 2 de la convention internationale de l'UNESCO de 1972 sur la protection des biens culturels et naturels.

4 cf. charte de Venise 1964 (cf. lien web dans la sitographie)

5 cf. charte de Florence (cf. lien web dans la sitographie)

6 cf. lien web sitographie de recherche : convention 2003 de Maputo sur la protection du patrimoine naturel.

En effet les différents conflits fonciers de l'Afrique portent une entorse non moins négligeable au cadre de conservation et de gestion efficiente du patrimoine paysager en perpétuel devenir, du fait de la dynamique de la vie qu'elle porte. Jadis l'arbre l'un des éléments fondamentaux du patrimoine naturel était le déterminant essentiel du régime foncier en Afrique. Il tient donc un rôle et un statut primordial dans la société, si bien qu'en matière foncière pré-coloniale africaine, on estime qu'un étranger (celui qui a migré) n'a pas le droit de planter un arbre. Autrement dit, le migrant a des droits faibles sur l'autochtone en matière foncière. Les formules de cohabitation trouvées, l'union familiale ou la servitude permettaient de gérer différents conflits fonciers qui aujourd'hui ont pris de l'ampleur du fait de la capitalisation du monde devenu village planétaire. Ces tentions foncières se justifient en effet par l'abolition des normes implicites de souveraineté ethnique des sociétés africaines établies avant la colonisation, règles qui plaçaient dans l'inconscient collectif l'arbre au coeur de la propriété foncière. Ce principe obligeait l'occupant à payer des redevances d'exploitation aux autochtones. Mais si les principes de droit basés sur l'arbre, socle matériel de la végétation en Afrique, ont été l'un des facteurs essentiels de l'évolution des régimes fonciers, il n'en demeure pas moins aujourd'hui qu'il est source importante de conflit et sujet à diverses formes d'analyses et commentaires. OUSSOUBI Touré7 dans ce cadre dira que : « [...] les conflits fonciers sont devenus une donnée constante dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne confrontés au processus de paupérisation accrue qui rendent encore plus complexe la gestion équitable des ressources naturelles»8.

Cette montée croissante des populations africaines face à la nécessité de satisfaction de leurs besoins de logement et d'habitation, l'appétit foncier doublé de la grande spéculation, font que d'importantes zones en centre-ville couvertes de végétation sont rasées pour laisser place à des habitations. Ainsi les plans urbains en Afrique peinent à intégrer de larges bandes de couvert végétal, tellement la demande est forte et oppressante et les politiques d'aménagement du genre, s'évanouissent parfois sous des galets de corruption. Les seuls rares espaces qui résistent encore dans nos centres urbains sont les anciennes forêts sacrées qui, sous l'effet de la pression urbaine s'amenuisent de plus en plus voire disparaissent intégralement. Dans les régions reculées des centres villes où l'effet de dominos se fait sentir également, les politiques nationales multiplient les initiatives et les lois pour résister. Ainsi le Bénin comme bien d'autres pays, a organisé le cadre réglementaire de gestion des massifs forestiers et de l'environnement. La loi-cadre sur l'environnement, la loi 93-009 du 02 juillet 19939 portant régime des forêts et son décret d'application n°96-271 du 2 juillet 1996, définissent les différents droits d'usage, des procédés de classement et de déclassement, les principes d'aménagement et d'exploitation du domaine forestier au Bénin. Avec une évolution des réalités de croissance en Afrique, '' plus de 50%

7 Oussoubi Touré : sociologue et spécialiste des questions pastorales au cours de l'atelier régional à l'initiative de

''Lead-Afrique'' ; du Fonds des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Groupe de recherche et d'échanges technologiques (Gret) sur le thème : « Conflits pour l'accès aux ressources en terre et en eau dans les pays arides d'Afrique subsaharienne : facteurs sous-jacents et réponses politiques. »

8 September 2006, GRET-FAO LEAD Final Report.

9 cf. lien web en sitographie : loi 93-009 du 02 juillet 1993 portant régime des forêts au Bénin et son décret

d'application n°96-271 du 02 juillet 1996.

des Africains au sud du Sahara sont aujourd'hui urbains et en l'an 2020, plus de 2/3 de la population seront urbanisées". Ainsi, notre mission tient désormais dans la responsabilisation des dégradations de notre capital naturel. Ce qui, à terme va permettre l'amélioration de notre bien-être. Dans ce cadre et dans ce creuset d'évolution permanente des rapports de l'homme à son patrimoine naturel et culturel, il convient d'analyser le cadre juridique de conservation du patrimoine naturel au Bénin, lieu spécifique de notre étude.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery