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Impact de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act) sur les exportations des pays éligibles de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest)

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par Vincent KONATE
Université Ouaga II Burkina Faso - Diplome d'études approfondies en économie 2009
  

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3.2.2.2. Résultats et Interprétations

3.2.2.2.1 Analyse régionale

L'analyse de l'évolution des exportations des pays éligibles de la CEDEAO montre que celles-ci se sont annuellement accrues entre 2004 et 2008 (tableau 3.6).

Tableau 3.6 : Evolution des exportations des pays de la CEDEAO éligibles (Base 100 en 2004) Année Valeur (en miliers de dollars) Indice (en %)

2004

16

533

329

100

2005

24

509

410

148,24

2006

28

394

862

171,74

2007

33

162

820

200,58

2008

38

545

171

233,14

Source : Calcul à partir des données de l'USITC (2009)

Ce tableau 3.6 donne la valeur annuelle de l'ensemble des biens exportés par les pays éligibles de l'espace CEDEAO entre 2004 et 2008. Mais l'évolution de cette valeur s'est accélérée de façon importante depuis la mise en oeuvre de l'AGOA en 2000 ( www.usitc.gov). Cette évolution entre 2004 et 2008 peut davantage être appréciée à travers le graphique 3.1 construit à partir de l'indice de la valeur des exportations totales des pays éligibles de la CEDEAO.

Source : Calcul à partir des données de l'USITC (2009)

Le graphique 3.1 montre que les exportations totales de la CEDEAO ont augmenté de 133,14% entre 2004 et 2008. Ainsi en 2008, les exportations totales de la CEDEAO valent

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2009

 
 

plus du double de leur valeur en 2004. La problématique principale de notre analyse est alors d'identifier les sources de cette augmentation des exportations. Est-elle pleinement due à l'AGOA ou alors à la demande américaine et dans ce cas, elle serait constatée à l'absence de l'AGOA. La présente analyse à partir du modèle CMS permet de répondre à cette question.

Tableau 3.7 : Décomposition des sources de l'augmentation des exportations des pays de

la CEDEAO éligibles à l'AGOA entre 2004 et 2008.

 

2004-2008

Part

Valeur

Croissance des exportations due à :

(%)

En 1000 $ US

-la variation de la demande d'importation (a) -la composition des biens d'exportations (b) -l'effet de compétitivité « effet AGOA » (c)

32,22 69,65 -1,87

7 092 549,7

15 330 314

-411 021,64

Source : Calcul à partir des données de l'USITC (2009)

L'examen du tableau 3.7 laisse percevoir des résultats qui divergent dans une certaine mesure de ceux obtenus dans l'analyse par le modèle de gravité. Le tableau révèle que 32,22% de l'augmentation des exportations totales de la CEDEAO est dû à l'augmentation de la demande d'importation américaine. De plus, la composition des biens d'exportation de la CEDEAO est de loin le premier facteur de l'augmentation des exportations AGOA de la CEDEAO entre 2004 et 2008 et ce pour 69,65%.

La contribution de l'AGOA est de -1,87%. D'après le critère de décision par rapport au signe de (c), l'AGOA n'a pas eu d'influence particulière sur l'accroissement constaté des exportations de la CEDEAO entre 2004 et 2005 contrairement aux résultats du modèle de gravité. Ainsi l'analyse régionale révèle que l'AGOA n'a pas été globalement favorable à l'accroissement des exportations de la CEDEAO. La décomposition des sources de l'augmentation des exportations sans le Nigeria permet de comprendre ce paradoxe.

3.2.2.2.2. Analyse par pays

Une analyse discriminatoire (tableau 3.8) permet de constater que pour les pays éligibles de la CEDEAO sans le Nigeria, la demande d'importation américaine est responsable de 64,85% à l'accroissement de leurs exportations totales entre 2004 et 2008 contre 31,84% pour le Nigeria.

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2009

 
 

Tableau 3.8 : Décomposition des sources de l'augmentation des exportations des pays de la CEDEAO éligibles de la CEDEAO sans le Nigeria entre 2004 et 2008.

 

Croissance des exportations due à :

 

*La variation de la

demande d'importation Part Valeur

(%) (en 1000$ US)

*La composition des

biens d'exportation

Part Valeur

(%) (en 1000$ US)

*L'effet de la

compétitivité (AGOA)

Part Valeur

(%) (en 1000$ US)

-Pays éligibles sans le Nigeria 64,85

-Nigeria 31,94

123141 46,69

6969407 69,85

88655 -11,54

15241659 -1,78

-21907

-38911113

Source : Calcul à partir des données de l'USITC (2009)

En revanche, la structure des exportations est tributaire de 46,69% de l'augmentation des exportations des pays éligibles contre 69,85% pour le Nigeria et sur la même période. Cette proportion élevée de l'effet de la composition des biens d'exportation du Nigeria témoigne d'une forte concentration des exportations de ce pays sur certains produits fortement demandés aux USA. Pour preuve, les produits pétroliers et les carburants (SITC 3) représentent 99,50% des exportations du pays vers les USA en 2008 contre 99,78% en 2000 (annexe 10). En 2005, le Nigeria avait doublé ses exportations dans cette branche par rapport

à 200068

. Ainsi comme l'AGOA avait déjà permis au Nigeria d'accroitre vers les USA ses

exportations dans cette branche grâce à de gros investissements (Fouda, 2007), l'exportation massive réalisée depuis 2004 néglige désormais l'apport de l'AGOA. Dès lors elle considère l'augmentation des 133% des exportations vers les Etats Unis obtenue entre 2004 et 2008 (annexe 9) comme due à la demande américaine (a) et surtout aux préférences américaines pour les produits importés de la CEDEAO (b). Entre 2005 et 2008, les exportations AGOA du Nigeria ont chuté de 14,83% (annexe 9). C'est pourquoi l'effet de l'AGOA (c) est négatif (-1,78%) et cela signifie qu'en absence de la loi américaine, entre 2004 et 2008, l'augmentation des exportations totales nigérianes ne serait pas affectée autant.

Par ailleurs, le tableau 3.8 montre une part de dégradation des exportations plus importantes
de -11,54% dans le cas des pays éligibles sans le Nigeria. C'est donc dire que l'admission de
certains pays comme le Burkina Faso en fin 2004 et la Gambie en 2003 a affecté leur

procédure d'exportation

69 . A ce titre, l'annexe 9 montre que les exportations AGOA de

certains pays (Ghana, Guinée, Mali, Niger) ont beaucoup diminué. D'autres (Burkina, Cap

68 Les exportations du Nigeria en produits pétroliers et carburants se chiffraient à plus de 10,5 milliards de dollars en 2000.

69 L'exportation sous AGOA oblige une procédure administrative à suivre qui peut être plus longue pour certains pays éligibles.

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Vert, Guinée-Bissau, Sierra Leone) n'ont exporté sous AGOA qu'une seule fois. D'autres encore (Benin, Gambie) ne l'ont jamais fait depuis leur admission à l'AGOA. L'AGOA n'a donc pas eu un écho assez favorable de la part des pays éligibles. Cependant, la réduction de leurs exportations due à l'AGOA (tableau 3.7) ne représente que moins de 1% de celle du Nigeria. C'est pourquoi l'effet de l'AGOA sur les exportations de l'ensemble des 12 pays éligibles au 1er janvier 2005 (-1,87%) reste proche de celui du Nigeria (-1,78%). Toutefois dans les différents pays, l'idée qu'on a de l'AGOA varie.

Au plan national, l'annexe n°12 montre que l'AGOA est tributaire à plus de 75% de l'accroissement des exportations totales du Benin, Burkina, Sénégal et de la Sierra Léone. Ces pays ont dans une certaine mesure bénéficié l'assistance technique et de l'aide américaine à travers l'USAID et le MCC. L'AGOA a été à l'origine de seulement 19,67% de l'accroissement des exportations du Mali entre 2004 et 2005. Certains pays comme la Gambie, qui n'ont pas du tout exporté sous l'AGOA, ont toutefois connu un effet positif de l'AGOA (32,67%) dans l'accroissement de leurs exportations. Ainsi, même si un pays ne parvient pas à exporter sous l'AGOA, les avantages en matière de coopération/assistance technique, peuvent inciter les exportations ordinaires (sous aucun programme préferentiel déclaré).

Cependant au Ghana et Niger, l'effet de l'AGOA a plutôt été négatif. Ces pays il faut le dire s'étaient déjà intéressés à l'AGOA depuis leur éligibilité en 2000 mais c'est la baisse de leurs exportations AGOA (annexe n°9) qui a surtout affecté l'évolution de leurs exportations totales. Dans les pays comme le Cap Vert et la Guinée-Bissau où les exportations totales vers les USA ont beaucoup fléchi (annexe n°9), la demande américaine et surtout la composition du panier de biens d'exportation sont essentiellement responsables de cette baisse. Donc, elles ont contribué à dégrader les exportations totales dans la mesure où les exportations AGOA qui représentaient 8,8% en 2005 étaient totalement nulles à partir de 2007. Mais en considérant les produits selon la classification type du commerce international (SITC), l'analyse de l'impact de l'AGOA sur les exportations à travers le modèle CMS confirme les résultats précédents.

3.2.2.2.3. Analyse sectorielle

Le tableau 3.9 donne une évaluation de l'impact de l'AGOA sur les différents secteurs des
pays éligibles de la CEDEAO pris globalement. Il montre que dans l'ensemble, l'effet de
l'AGOA dans l'accroissement des exportations du secteur 4 est de -97%. Donc, l'AGOA n'a

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pas eu d'impact sur les exportations des huiles végétales, des graisses et cires (SITC 4). Ce résultat signifie que l'augmentation des exportations constatée dans ce secteur est attribuable uniquement (à 100%) à l'augmentation de la demande sur le marché américain.

Toutefois, le tableau 3.9 laisse constater que l'AGOA a contribué à plus de 70% à l'accroissement des exportations des produits agricoles (SITC 0), des produits bruts (SITC 2), des produits chimiques et assimilés (SITC 5), des matériels et équipements de transport (SITC 7). Si ces résultats montrent que l'AGOA a eu un impact certain sur les exportations des secteurs 0, 2, 5 et 7, le tableau révèle que l'effet de la demande américaine a été faible dans l'accroissement des exportations de ces pays. Avec les produits pétroliers (SITC 3), ces articles ont été le plus souvent beaucoup plus exportés par les différents pays vers les USA (annexe n°14). Une saisie optimale des opportunités offertes par l'AGOA pourrait entrainer davantage un accroissement des exportations totales.

Tableau 3.9 : Décomposition par produit des sources de la croissance des exportations des pays éligibles entre 2004 et 2008

Produit

Effet de la demande américaine

Valeur Part

(1000 $) (%)

Effet de la compétitivité (AGOA)

Valeur Part

(1000 $) (%)

Evolution des
exportations entre
2004 et 2008

SITC 0

14572,029

27

39750,97103

73

54323

SITC 1

484,010203

-44

-1582,010203

144

-1098

SITC 2

19174,1708

18

84356,82919

82

103531

SITC 3

22355243,4

103

-617549,3574

-3

21737694

SITC 4

1325,77305

197

-652,7730459

-97

673

SITC 5

3360,91299

3

104666,087

97

108027

SITC 6

14216,5549

-185

-21888,55493

285

-7672

SITC 7

1042,30684

14

6283,693162

86

7326

SITC 8

4475,40162

-36

-17043,40162

136

-12568

SITC 9

8969,12683

42

12636,87317

58

21606

Source : Calcul à partir des données de l'USITC (2009)

S'il a été aisé de plancher sur l'impact de l'AGOA sur les secteurs qui ont connu une augmentation de leurs exportations, il est moins évident pour les secteurs 1, 6 et 8 où les exportations ont baissé. D'après le tableau 3.9, la réduction des exportations de boissons et tabac (SITC 1), de produits manufacturés issus directement des produits bruts (SITC 6) et de produits manufacturés divers (SITC 8) est essentiellement imputable à l'AGOA. Cette réduction est estimée à 144%, 285% et 136% respectivement pour les secteurs 1, 6 et 8. Puisque ces branches exigent des normes techniques internationales rigoureuses, l'AGOA a dû entraver l'exportation de leurs produits avec la prise en compte de ces barrières non

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tarifaires. En effet même si la suppression des barrières tarifaires (notamment les droits de douane), l'entrée d'IDE et l'assistance technique constituent un atout sous l'AGOA, d'autres critères (normes sanitaires, instabilité politique, ...) peuvent conduire à la non éligibilité ou à la réduction des exportations sous l'AGOA.

Par ailleurs, une analyse sectorielle par pays (annexe 13) montre qu'à propos des pays (Ghana, Niger, Nigeria) qui exportaient déjà les produits pétroliers et carburants (SITC 3) en 2005 pour plus de 56% de leurs exportations totales nationales (annexe 10), l'AGOA n'a pas eu d'effet sur l'augmentation de ces exportations totales entre 2004 et 2008. Cela est dû au fait que dès 2001, la mise en oeuvre de l'AGOA avait redynamisé leurs relations commerciales avec les USA dans ce secteur à telle enseigne que les exportations de produits pétroliers et carburants du Ghana ont été multipliées par 3 entre 1999 et 2001 et celles du Nigeria par 4 entre 1999 et 2004. Mais quatre ans après sa mise en oeuvre (2004), les modifications imputables à l'AGOA n'ont pas eu d'effets supplémentaires pour accroître les exportations de ces pays de manière significative.

Par contre, pour les pays (Benin, Guinée, Sénégal) qui ont commencé à exporter les produits pétroliers et carburants vers les USA après 2005, l'AGOA a atteint ses objectifs. En effet pour ces trois pays, l'AGOA a contribué à 100% à l'augmentation de leurs exportations entre 2004 et 2008 (annexe 13). C'est donc dire que l'amélioration des conditions de marché due à l'AGOA a été à l'origine de l'accroissement total des exportations de produits pétroliers et carburants à telle enseigne que ces produits qui ne représentaient qu'une fine part dans les exportations totales nationales en 2004 représentent près de la moitié en 2008. Le vaste marché américain a été par conséquent un débouché pour ces pays.

L'analyse de l'impact sur les produits agricoles inclus l'élevage (SITC 0) montre à travers l'annexe (13) que l'AGOA n'a pas eu d'effet sur ce secteur en Sierra Léone. Par contre au Ghana, au Sénégal, au Cap Vert, en Guinée-Bissau et en Gambie, l'AGOA a eu impact significatif dans la mesure où elle a été responsable de l'augmentation des exportations dans ce secteur à 73%, 75%, 87% et 100% respectivement. Par contre dans les pays (Benin, Burkina, Guinée, Mali, Niger) où les exportations de produits agricoles inclus l'élevage ont baissé, la réduction a été essentiellement due à la mise en place de l'AGOA.

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