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Femmes fonctionnaires et éducation des enfants a Cotonou

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par Geneviève Dagbégnon SAVI
Université d'Abomey- Calavi (Bénin) - Maitrise sociologie anthropologie 2009
  

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V.5. Autres vices développés chez les enfants

Au cours des enquêtes, beaucoup de femmes se sont plaintes des comportements de leurs enfants.

En effet, elles déclarent que dès leur retour du service, au lieu de se reposer un peu, elles se mettent à recevoir des plaintes venant de la domestique, des voisins et parfois des répétiteurs.

A la question de savoir ce qui est reproché aux enfants, certaines femmes nous confient que leurs enfants font trop de pagaille à l'école comme à la maison, et ont une mauvaise compagnie, quand ils sortent de l'école peut-être à midi, ils viennent à la maison à13h voir 13h30mn. Les enfants adolescents comme petits refusent de suivre les ordres donnés par les domestiques et même par autre personne qui ne soit leur mère ou leur père. Ils disent  « tu n'es ni ma mère, ni mon père ». Quiconque leur ordonne de faire quelque chose. Les enseignants et même les répétiteurs se plaignent de la pagaille des adolescents. Une femme disait « mon enfant sort à 7h au même moment que moi et ne revient que lorsque sonne l'heure de mon retour à la maison ».

Les enfants profitent de l'absence de leurs parents surtout celui de la mère pour poser des actes indécents comme fumer, boire comme nous l'a confié bon nombre de nos enquêtées. Les enfants se donnent le luxe de mentir sur le compte de la domestique, ils volent pour satisfaire leurs caprices refoulés par leurs parents. L'absence des parents de la maison et surtout celle de la mère constitue un vide que l'enfant ressent mais qu'il transforme en une opportunité à saisir pour exceller dans l'interdit. Le drame est qu'il n'est pas seul à assumer les conséquences mais aussi les parents.

De l'analyse des points ci-dessus développés, il ressort que l'entrée des femmes sur le marché du travail a des implications sur la famille et surtout sur l'éducation des enfants. Le travail rémunérateur permet à la femme de participer aux dépenses du ménage ; mais son absence de la maison ouvre la porte à la pagaille, à la mauvaise compagnie, à la paresse et bien d'autres vices aux enfants. Au lieu de se mettre à l'étude aux heures de repos, les enfants préfèrent suivre la télévision. A ce niveau les enfants ne choisissent que souvent les feuilletons mais ne savent tirer de bonnes leçons. Enfin, du fait du manque de temps, les femmes s'entretiennent peu avec leurs enfants adolescents sur la sexualité.

SYNTHESE DES ANALYSES

Dans la tradition africaine, on dit qu'une seule personne porte la grossesse mais c'est à la société que revient l'éducation de l'enfant. L'éducation d'un enfant n'incombe donc pas à la femme seule, il y a d'autres acteurs comme le père qui joue aussi sa partition.

La modernité s'impose comme une force progressive et crée une rupture avec l'ordre familial traditionnel ancien. Les femmes qui au départ étaient à la maison, et avaient pour fonction l'éducation des enfants sont aujourd'hui absentes. Leur nombre ne fait qu'accroître sur le marché de l'emploi salarial. Ceci grâce aux nombreuses conventions et textes ratifiés visant à améliorer le statut de la femme béninoise. Au nombre de ceux-ci, il y a la loi n°98-004 du 27 janvier 1998 portant code du travail en république du Bénin : elle protège la femme enceinte en ce que son article 171 proscrit tout licenciement d'une femme en état de grossesse apparente ou médicalement constaté, sauf en cas de faute grave non imputable à la grossesse ; Cette disposition tente de concilier le droit au travail de la femme à son rôle procréateur mais la dérogation laissée à l'employeur pour les fautes lourdes peut bien lui permettre d'user des subterfuges pour remercier la femme enceinte. C'est cela même qui amène bon nombre de femmes à faire un enfant avant le premier poste de travail et celle qui doivent en faire après avoir entré en fonction attendent deux à cinq ans.

Tout analyse faite, la femme salariée consacre très peu de temps à ses enfants parce que ces derniers dans la journée sont gardés soit par la domestique soit la grande mère soit déposé dans une garderie lorsqu'ils sont en âge préscolaire. Les domestiques, ne transmettrons que l'éducation qu'elles ont reçue et non celle que les parents souhaiteraient pour leurs enfants. La femme rentre toute fatiguée, se dirige dans la cuisine où elle s'occupe des travaux ménagers en premier et ce n'est qu'après qu'elle prend soin des enfants qui parfois s'endorment si leur père ne leur tient pas compagnie en attendant leur mère. Les comportements observés aujourd'hui chez certains enfants ne sont que des conséquences directes du manque de soins dont ils ont besoin de leur mère. Ne voyons pas tout de suite un dysfonctionnement de la structure familiale parce que la femme n'est pas trop présente. Il ne faudrait pas aussi voir un manque d'envie des femmes à s'occuper personnellement de leurs enfants mais plutôt l'absence de politique pouvant leur faciliter la tâche. La belle preuve est que les femmes ne sont pas prêtes à abandonner leur désir d'enfants ou à négliger leur rôle de mère même si elles valorisent leur statut de travailleuse et désirent maintenir leur participation au marché du travail. Parfois certaines femmes qui n'ont pas atteint un niveau intellectuel élevé avant d'avoir des enfants ont du mal à continuer leurs études pour pouvoir bénéficier des postes de responsabilité. Elles ne font que remettre à demain lorsque les opportunités de poursuivre les études leur sont offertes parce qu'elles ont encore des jeunes enfants et même en âge préscolaire. Seules celles qui se donnent le courage arrive à prendre des décisions de laisser l'enfant un temps donné afin d'étudier. En effet il n'y a que l'employeur qui puisse aider la femme salariée à consacrer plus de temps à ses enfants. Dans les pays occidentaux comme le canada ou Francine Descarries et Christine Corbeil (1994), ont fait des recherches sur les femmes salariées, ces dernières ayant la charge de petits enfants travaillent à temps partiel pour pouvoir s'occuper de l'éducation de leurs enfants étant donné que lorsque l'éducation est mal orientée dès le bas âge, l'enfant ne développe que des vices auxquels toute la société fait face. Loin de bénéficier d'un temps partiel, les salariées béninoises en général et celles de la ville de Cotonou en particulier peuvent bénéficier d'un certain nombre d'avantage leur facilitant une bonne conciliation de travail et l'éducation des enfants mais pas au point de leur attribuer des postes inférieurs dans les services publics comme privés. Dans la sphère domestique pendant longtemps, il a été noté que le mari était le seul au sein de la famille qui travaillait à l'extérieur de la maison. Il avait pour rôle essentiel d'assurer l'existence de la famille. Les changements sociaux telle que l'indépendance économique des femmes, l'existence des femmes chefs de ménage renversent dans une certaine mesure cette tendance suivant laquelle seul l'homme assure l'existence de la famille au point où l'homme attend une contribution de la femme pour la survie du ménage et surtout dans les dépenses liées aux enfants.

Le salaire de la femme n'est plus un salaire d'appoint mais un salaire complémentaire à celui de l'homme dans certains foyers et le seul salaire qui assure le fonctionnement du ménage dans d'autres cas. Bien qu'il y ait ce changement, l'homme résiste aux implications telles que sa participation aux tâches domestiques. La femme est toujours seule face aux tâches domestiques, elle est parfois aidée par la domestique et ses enfants s'ils sont grands. En dépit des opinions et des motivations des femmes salariées, lorsque l'on examine plus spécifiquement leurs pratiques, il nous faut constater que les aménagements observés camouflent une certaine asymétrie entre le travail salarié et la famille et surtout l'éducation des enfants: les exigences journalières de la sphère professionnelle paraissent avoir davantage d'impact sur l'organisation de la vie familiale que l'inverse. Ce serait donc la famille qui se plie davantage aux exigences du travail que la structure de l'emploi qui s'adapte aux besoins ou aux situations familiales. Et même si, en dernière instance, la plupart des femmes salariées disent toujours finir par accorder la priorité à la famille, dans leur pratique quotidienne, ce sont les exigences de leur travail qui déterminent la répartition de leur temps et de leur énergie entre les deux sphères. Lorsque la femme est au travail à l'extérieur de la maison, dans nombre de ménage, la domestique s'occupe des enfants et même du mari s'il est présent. Cette domestique ne constitue qu'un élément externe qui vient s'ajouter à la famille et peut être à la base de malentendus. Elle peut prendre la place de femme en tant que maîtresse de maison n'assurant temporairement que le rôle de la femme titulaire. La femme salariée doit savoir faire son choix si elle veut être mère, elle doit prendre ses dispositions, développée des stratégies appropriées pour pouvoir concilier convenablement le travail salarié et la vie familiale avec une attention particulière sur l'éducation des enfants. La domestique doit être vue comme une aide et non comme une substitue à soi. Cependant il faut donner à chaque activité son importance et un moment précis, ceci pour éviter des désagréments familiaux comme la fait remarquer Ségalen (2005), en disant « qu'une mauvaise ménagère conduit la maisonnée à la ruine ». Le travail salarié de la femme n'est pas sans conséquence sur l'éducation des enfants étant donné qu'elle sort de la maison le matin et ne revient que le soir dans la majorité des cas. Parfois, comme son mari, elle ne voit pas ses enfants le matin et peut être ils s'endorment avant son retour. A l'absence des femmes de maison, les enfants s'accrochent à la télévision avec les nombreux feuilletons qui ne leur donne pas toujours de bonnes leçons de conduite ; aussi dénonçons-nous le manque d'enseignement sur la santé de reproduction qui fait que les enfants se lancent dans des aventures de risque avec leurs semblables de sexe opposé entraînant les plus jeunes dans les mêmes erreurs. Les impacts du travail salarié de la femme ne sont pas que négatifs sur l'éducation des enfants, « les femmes qui occupent un emploi représentent un modèle à suivre pour leurs enfants qui les considèrent comme des femmes compétentes. Il semblerait que non seulement leurs enfants filles sont souvent douées, indépendantes et sur d'elles mêmes, mais aussi que leurs enfants garçons endossent tout comme les filles moins de stéréotypes fondés sur les sexes et sont plus égalitaires » (Adékambi Edwige, 2003).

La présence de la femme sur le marché de l'emploi n'empêche pas les enfants d'avoir une bonne éducation puisqu'elle développe des stratégies pour y arriver. La femme travaille pour garantir un bon fonctionnement de son foyer et surtout voir ses enfants épanouis.

VERIFICATION DES HYPOTHESES

Hypothèse 1 : Les femmes salariées ont des difficultés à concilier leur profession et leur rôle de mère-éducatrice.

Cette première hypothèse est confirmée au regard de ce tout ce qui précède. En effet, les femmes fonctionnaires consacrent un peu plus de temps au travail qu'à leurs enfants même s'il ne se dessine pas un patron de corrélation entre le nombre d'heures consacré au travail salarié et celui consacré à l'éducation des enfants. Elles ne disposent pas d'assez de temps pour le soin des enfants dans la journée si ce n'est d'autres personnes qui le font à leur place. Ceci ne veut pas dire qu'elles ne sont pas soucieuses de l'éducation de leurs enfants ; elles s'emploient à transmettre les valeurs reçues aux enfants en assurant l'équilibre familial et en amenant les enfants à aimer le travail bien fait. Elles n'attendent pas forcément le père pour exiger de l'ordre dans la maison même si elles ne punissent pas beaucoup.

Hypothèse 2 : Ce double rôle engendre des implications positives et négatives notamment une insuffisance de suivi dans l'éducation des enfants.

Cette seconde hypothèse est aussi confirmée. Les femmes fonctionnaires participent financièrement aux besoins du ménage et surtout à l'entretien des enfants. Plus ces femmes sont seules à élever les enfants, leur apport financier est important. Mais le travail salarié des femmes n'est pas sans implications négatives sur l'éducation des enfants. Pour une insuffisance de suivi dans leur éducation, les enfants s'adonnent à des pratiques déviantes. Ils profitent de l'absence des parents et surtout de la mère pour exprimer leur désir refoulé.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway